CONCLUSION :
L'objectif de cette étude était de faire un
diagnostic systémique à l'échelle micro (Union de
producteurs de riz) pour avoir à la fois une vision en miniature de la
situation actuelle de la riziculture dans le bas delta du fleuve
Sénégal mais aussi des effets engendrés par le Programme
d'Accélération de la Cadence de l'Agriculture
Sénégalaise (PRACAS).
Au sortir dudit diagnostic, les résultats obtenus
viennent démystifier les dires sur les réalisations, les faits et
les statistiques agricoles avancées à propos des résultats
du Plan Sénégal Emergent (PSE) en particulier le PRACAS.
Depuis 2014, les médias nous apprennent que dans la
Vallée du fleuve la double culture de riz (02 campagnes par an) est
effective dans les cuvettes aménagées. Or, après entretien
avec les gestionnaires de l'une des plus grandes Unions (Comité Grande
Digue Tellel) ; ces derniers nous ont fait savoir que depuis 2013
jusqu'à nos jours leur Union ne fait qu'une campagne (contre saison
chaude) dans l'année. Le peu de producteurs qui font la riziculture
durant la saison normale (hivernage), ne bénéficient pas de
l'accompagnement (entretien des canaux, les digues et l'alimentation en eau) de
l'Union. D'ailleurs, le rendement en hivernage est très faible en moyen,
il est égal à 2,5 tonnes à l'hectare contre 3,74 tonnes
à l'hectare en contre saison. Les riziculteurs qui font la campagne en
hivernage ne représentent que 6,7% des membres de l'Union.
L'acquisition des intrants (semences et engrais) constitue un
casse-tête pour les producteurs. Le problème majeur
rencontré sur les semences est la mauvaise qualité. 92,2% des
producteurs enquêtés affirment que les semences ne sont pas
productives en plus elles renferment des impuretés qui sont à
l'origine de la prolifération d'adventices très rustiques dans la
cuvette. Contrairement aux semences, la plus grande difficulté
rencontrée sur les engrais est la faible quantité, qui ne couvre
pas toutes les demandes. Parmi les enquêtés, 60% ne trouvent pas
la quantité sollicitée. En s'intéressant aux causes de
cette insuffisance d'engrais, 22,2% des producteurs pensent que cela est
liée au détournement des engrais.
L'état des infrastructures hydroagricoles est toujours
critique, malgré les efforts fournis par le gouvernement et les
partenaires de développement. 84,4% des riziculteurs de l'Union
Comité Grande Digue Tellel ont reconnu que les infrastructures sont
très vétustes.
Les niveaux d'études et de formations agricoles des
producteurs de l'Union sont très faibles et représentent
respectivement : 27,8% (avec 14,4% de niveau élémentaire) et
52,2%. Dans ces situations, il est très difficile de vulgariser
certaines technologies agricoles ou encore de faire respecter les Bonnes
Pratiques Agricoles (BPA). Cela, pourrait être à l'origine du
non-respect par 38,9% des producteurs des technologies vulgarisées dans
la zone.
Toujours, ces faibles niveaux d'études et de formations
agricoles pourraient aussi d'une part être à l'origine de la
mauvaise organisation des gestionnaires de l'Union et des groupements ;
d'ailleurs 32,2% et 18,9% des enquêtés ont remis en cause la
gestion respective de l'Union et des groupements.
L'une contraintes majeures rencontrées par les
producteurs est le financement. Etant la principale institution
financière engagée par l'Etat, la Caisse Nationale de
Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) n'est pas très
appréciée par les riziculteurs du fait de ses modalités.
67,8% des producteurs de l'Union trouvent que les modalités de
financement ne les arrangent pas et ne sont pas aussi adaptées au
contexte socio-culturel. L'intérêt élevé, la
complexité des démarches et le retard d'octroi sont
fustigés respectivement par : 52,2% ; 24,4% et 18,9% des
producteurs enquêtés.
A côté du problème de financement,
s'adjoint la problématique de l'assurance agricole. 31,1% des
producteurs enquêtés ne sont pas assurés ; la
quasi-totalité de ces derniers jugent l'assurance impertinente. Pour
eux, les composantes prises en charge par la Compagnie Nationale d'Assurance
Agricole du Sénégal (CNAAS) sont très restreintes ;
ils souhaiteraient que l'assurance intègre l'invasion aviaire et les
dégâts causés les rongeurs (souris et rats).
La baisse de la productivité agricole est un
phénomène qui devient de plus en plus récurrent dans le
delta du fleuve Sénégal. Les producteurs sont conscients de cette
situation et ne cessent de miser sur les engrais pour pallier à ce
fléau. Parmi les riziculteurs de l'Union, 87,8% des producteurs
subissent ce phénomène. Ce dernier est lié
principalement : à la salinité des sols, aux mauvaises
pratiques agricoles et à la vétusté des ouvrages
hydroagricoles.
Même si récemment, des efforts sont fournis par
l'Etat et les partenaires de développement, les infrastructures de
stockage des intrants et de la production (riz paddy) sont insuffisantes.
D'ailleurs, l'une des causes de la faible compétitivité du riz
local au riz importé est due aux défaillances notées dans
les activités post-récoltes (Battage, Décorticage et Mise
en sac).
Quelque soit les résultats obtenus (bonne production),
la finalité des producteurs c'est de parvenir à vendre le riz
paddy à bon prix. Les résultats de notre étude ont
montré que : 73,3% des producteurs ne sont pas satisfaits de
l'actuel circuit de commercialisation car ils sont toujours marginalisés
sur la fixation du prix. C'est dans ces circonstances que 93,3% des
riziculteurs sont d'avis pour une restructuration du circuit de
commercialisation du riz paddy.
Ayant la lettre de mission de l'Etat pour encadrer les
riziculteurs, la SAED doit revoir son approche (d'après 61,1% des
producteurs enquêtés). L'avis des producteurs sur l'actuel
programme agricole (PRACAS) est objectif : ils savaient depuis le
début qu'il serait très difficile (pour ne pas dire impossible)
d'atteindre l'autosuffisance en riz à l'horizon 2017. Ces producteurs
prient au gouvernement de collaborer davantage avec eux et mettre la politique
de côté pour pouvoir relever le défi.
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