4.2.2 Les bornes fontaines
Les bornes fontaines sont des dispositifs placés dans
le quartier pour permettre aux populations qui ne disposent pas d'un robinet
d'avoir de l'eau potable. Au paravent les bornes fontaines donnaient
gratuitement de l'eau aux populations et étaient gérées
par la mairie mais aujourd'hui elles sont sous la coupe de la SPEEN. Cette
dernière a confié la gestion à des personnes physiques
généralement les habitants du quartier. Ces gérants sont
chargés de vendre de l'eau et d'entretenir les bornes fontaines. Ils
paient la facture mensuelle de la SEEN et gardent le restant de la somme issue
de la vente de l'eau comme leur rémunération. Tous les
gérants de la borne fontaine affirment que c'est une activité
rentable car elle leur permet de subvenir aux besoins de leurs familles.
Garin Malam compte 14 bornes fontaines fonctionnelles pour
plus de 20 000 habitants. Ce qui correspond à une borne fontaine pour
plus de 1428 habitants. Or, l'OMS recommande une borne fontaine pour 1000
habitants. Le ratio devient très faible encore quand on se
réfère aux critères fixés par l'Etat
nigérien pour qui une borne fontaine doit alimenter 250 habitants. Au
regard de ces résultats, le ratio en borne fontaine du quartier doit
être amélioré.
L'observation de la carte n°7, montre
que les bornes fontaines sont non seulement insuffisantes et aussi mal
reparties. On constate leur concentration dans la partie centrale de Garin
Malam A. Ceci pourrait s'expliquer par l'ancienneté de ce bloc et aussi
par l'importance de sa population. Par contre dans le nord et l'est du quartier
la couverture n'est pas assez satisfaisante.
o ô
o ~
Ech. 1/5000
Source: Notre Enquète
o,
1NIC,FRN IÇ,FRltarnnbrl dnn..1510fi1201? 16 F7
o \
152 7i
4 Localisation de BF Garin Malam
~pC
|
.`
|
·
·
|
LEGENDE Limite du quartier
BF
|
ECOEE
152 700
152 7011
3
-\\
GARIM
I°
·
NEOERSA
I0
C,
152 750
CINETIERE
58
Carte n°7 : localisation de bornes fontaines dans
le quartier Garin Malam
59
L'insuffisance des bornes fontaines se traduit par des longues
files d'attente. Selon notre enquête, 70% de notre population
d'étude s'approvisionnent auprès des bornes fontaines dont 86% de
Garin Malam Zone A et 54% de Garin Malam zone B. Ces chiffres traduisent
l'importance de ce mode d'approvisionnement dans ce quartier et expliquent
aussi la concentration observée auprès des bornes fontaines
(photo n°2).
Photo n° 2: longue file d'attente auprès
d'une borne fontaine
L'un des critères retenu par l'OMS pour qu'un
ménage ait un bon accès à l'eau potable, en termes de
distance, dans les centres urbains, est sa localisation à moins de 200 m
d'un point d'eau potable. Or, selon notre enquête 37% des ménages
dans Garin Malam A et 60% dans Garin Malam B parcourent une distance
supérieure à 200 m pour avoir de l'eau potable (tableau
n°3). La distance au point d'eau est une donnée d'une
importance capitale parce qu'elle détermine en partie les
quantités disponibles pour les usages domestiques et hygiéniques
notamment. La qualité de l'eau dépend également pour une
bonne part de la distance parcourue entre la source et le lieu de leur stockage
au sein du ménage. Les risques de contamination sont
élevés entre les deux points compte tenu des manipulations
successives. Il est démontré d'ailleurs par une étude au
Bangladesh qu'au-delà de 200 mètres entre l'habitation et la
borne fontaine, l'impact sanitaire de l'adduction d'eau cesse d'être
sensible (DOS SANTOS S, 2006).
60
Tableau n°3 : distance parcourue par les
ménages pour avoir l'eau.
Distance parcourue
|
Garin Malam A
|
Garin Malam
|
Total %
|
|
(%)
|
|
|
(m)
|
|
B (%)
|
|
0 -100
|
17
|
14
|
15,5
|
100- 200
|
46
|
26
|
36
|
200 à plus
|
37
|
60
|
48,5
|
Total %
|
100
|
100
|
100
|
Source : notre enquête (mars 2011)
La distance parcourue par les ménages pour
s'approvisionner en eau potable est plus frappante pendant les périodes
de pénurie dans le quartier car ils sont obligés de se rendre
dans le quartier voisin pour en avoir, soit auprès des bornes fontaines
soit auprès des ménages branchés.
Pendant cette période, selon notre enquête, 76%
des ménages parcourent entre 200m et 1 km pour avoir de l'eau et 24%
parcourent plus de 1km.
La réglementation de la SEEN fixant le prix de l'eau
potable à la borne fontaine n'est jamais observé par les
gérants de celles-ci, qui réalisent d'importants profits au
détriment des ménages pauvres. La SEEN fixe le prix de l'eau
à 10 FCFA le bidon de 20 litres au niveau de bornes fontaines, mais nos
enquêtes du terrain ont montré que ce prix est simplement
multiplié par deux 2. Le bidon de 20 litres se vend de 20 à 25
FCFA. Il ressort de notre enquête que 97% de ceux qui s'y approvisionnent
paient l'eau à 20 FCFA, soit 1000 FCFA le mètre cube, et 3% la
paient à 25 FCFA, soit 1250 FCFA le mètre cube, contre 127 FCFA
pour celui qui dispose d'un branchement individuel et dont la consommation
mensuelle ne dépasse pas les 10 mètres cubes qui est la tranche
sociale.
Le maintien de la propreté aux alentours des bornes
fontaines est une donnée importante de la qualité de l'eau
disponible sur ces points. Une clause du contrat entre la SEEN et les
fontainiers fait obligation à ces derniers de garder leurs abords
(bornes fontaines) toujours propres. Un
61
parcours de ces points de vente d'eau montre que cette clause
n'est pas respectée : flaques d'eau et ordures susceptibles de
contaminer l'eau y sont toujours présents (photo
n°3).
Photo n°3 : ordures et pailles autour d`une borne
fontaine Garin Malam
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