1
Table des matières
Table des cartes 3
Table des tableaux 3
Table des photos 3
Table des figures 4
Sigles et abréviations 5
Dédicace 6
Remerciements 7
Résumé 8
INTRODUCTION 9
Chapitre I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
11
1.1. Revue de la littérature 11
1.2 Définition des concepts 14
1.3 Problématique 15
1.3.1 Hypothèses 18
1.3.2 Objectifs 18
1.4 Méthodologie 19
1.4.1 Recherche documentaire 19
1.4.3 Entretiens 19
1.4.4 Enquêtes 20
1.5 Les difficultés rencontrées
20
Chapitre II : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET DU
QUARTIER GARIN MALAM 21
2.1 Présentation de la zone d'étude
21
2.1.1 Historique de la communauté urbaine de Zinder 21
2.1.2 Cadre physique de la ville 22
2.2.1 Localisation du quartier 31
2.2.2. Historique 33
2.2.3 Aspects physiques du quartier 33
2.2.4 Aspects sociodémographiques 33
2.2.5 Aspects socioéconomiques 36
Chapitre III : ALIMENTATION EN EAU POTABLE DE LA
VILLE DE ZINDER 39
3.1 Le système d'adduction d'eau de Zinder
39
3.1.1 La station de Gogo 39
3.1.2 La station d'Aroungouza 43
3.1.3 Les conduites de refoulement d'eau potable 45
3.2 Le système de distribution d'eau de la ville
de Zinder 45
3.2.1 Les réservoirs d'eau potable 45
3.2.2 Le réseau de distribution d'eau potable dans la
ville de Zinder 46
3.3. Les facteurs de consommation d'eau potable dans la
ville de Zinder 49
3.3.1 L'évolution du branchement individuel 49
2
3.3.2 Les villages raccordés 50
3.3.3 Les autres facteurs de consommation 50
3.4 Le problème de disponibilité d'eau
potable dans la ville de Zinder 50
3.5 Le problème de disponibilité en eau
potable dans le quartier Garin Malam 52
Chapitre IV: DIFFICULTÉS D'ACCÈS A
L'EAU POTABLE DANS LE QUARTIER GARIN MALAM 54
4.1 Le réseau de distribution d'eau potable dans
le quartier Garin Malam 54
4.2. Les modes d'approvisionnement en eau potable du
quartier Garin Malam 56
4.2.1 Les branchements particuliers 56
4.2.2 Les bornes fontaines 57
4.2.3 Les revendeurs ambulants ou Garoua 61
4.3 Les usages de l'eau dans le quartier Garin Malam
62
4.4. La consommation d'eau potable dans le quartier Garin
Malam 62
Conclusion Générale 65
Bibliographie 67
Annexes 70
3
Table des cartes
Carte n°1 : évolution spatiale de Zinder 31
Carte n°2 : localisation du quartier Garin Malam 33
Carte n°3 : localisation de sites de pompage de la vile
de Zinder 39
Carte n°4 : station de Gogo 42
Carte n°5 : réseau de distribution d'eau potable
de Zinder 48
Carte n°6 : réseau d'adduction d'eau potable dans
le quartier Garin Malam 55
Carte n°7 : localisations des bornes fontaines dans le
quartier Garin Malam 58
Table des tableaux
Tableau n°1 : répartition des ménages selon
la taille 36
Tableau n°2 : répartitions de ménages selon
les catégories socio professionnelles 39
Tableau n°3 : distance parcourue par les ménages
60
Tableau n°4 : consommation d'eau potable selon la taille
63
Table des photos
Photo n°1 : habitant du quartier Garin Malam du retour de
recherche d'eau en mai 2011 52
Photo n°2 : longue file d'attente auprès d'une
borne fontaine 59
Photo n°3 : Ordures et paille autour d'une borne
fontaines 61
Photo n°4 : revendeur d'eau ou Garoua dans le quartier
Garin Malam 62
4
Table des figures
Figure n°1: évolution de précipitations de
1979 à 2009 24
Figure n°2 : Courbe thermique 24
Figure°3 : repartions des chefs des ménages selon
l'âge 35
Figure n°4 : repartions des ménages selon le
niveau d'instruction 37
Figure n°5 : répartition des ménages selon
les types des constructions 38
Figure n°6. : Station d'Aroungouza 44
Figure n°7 : Rendement du réseau d'eau potable
47
Figure n°8 : Evolution des branchements individuels
49
Figure n°9 : Evolution de la production d'eau potable
51
5
Sigles et abréviations
AEP: Adduction d'Eau Potable
C U Z: Communauté Urbaine de Zinder
CCFN: Centre Culturel Franco Nigérien
DRAT/DC: Direction Régionale de l'Aménagement du
Territoire et du Développement
Communautaire
DRH : Direction Régionale de l'Hydraulique
DIEPA : Décennie Internationale de l'Eau Potable et
d'Assainissement
FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines
LASDEL : Laboratoire d'Analyse des Dynamiques Sociales et du
Développement Local
IRD : Institut Recherche et Développement
IRSH : Institut de Recherche en Science Humaine
INS : Institut National de la Statistique
OMD : Objectif du Millénaire pour le
Développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PDC : Plan du Développement Communal
PVC : Chlorure de Polyvinyle
RGP/H : Recensement Général de la Population et
de l'Habitat
SEEN : Société d'Exploitation des Eaux du
Niger
SNE : Société Nationale des Eaux
SPEN : Société du Patrimoine des Eaux du
Niger
6
Dédicace
A la mémoire de ma mère, que son âme
repose en paix amen ! A mon père !
7
Remerciements
Ce travail n'aurait pu aboutir sans le concours de plusieurs
personnes que j'ai le devoir de remercier ici. Je remercie tout d'abord le Pr
MOTCHO Kokou Henri, recteur de l'université de Zinder et enseignant
chercheur à la Faculté de Lettres et Sciences Humaines, qui
malgré ses multiples charges administratives et académiques a
bien voulu encadrer ce travail. Sa disponibilité, sa rigueur, ses
conseils, ont été déterminants dans la réalisation
de ce travail.
Nous sommes reconnaissants envers tous les enseignants du
département de Géographie qui ont assuré notre
formation.
Nos remercîments vont également à
l'endroit des agents de la SEEN de Niamey et Zinder, de l'hydraulique, de la
communauté urbaine de Zinder, pour la mise à notre disposition de
données capitales pour ce travail.
Je remercie particulièrement tous les personnels de
l'Université de Zinder pour l'hospitalité qu'ils m'ont
réservée durant tous mes passages dans cette institution. Je
renouvelle mes remerciements à tous les frères qui ont eu le
plaisir de lire et d'apporter des corrections à ce travail.
Comment terminer ce mémoire sans dire merci à
toute ma famille de Zinder plus spécifiquement à la famille
Amadou Maloum qui m'a soutenu dans sa réalisation.
A tous mes amis et camarades du département de
Géographie, je dis merci, qu'Allah fasse en sorte que nos études
contribuent au développement de notre pays.
Je ne saurais terminer sans dire merci à la population
de Garin Malam qui a bien voulu répondre à nos questions. A tous
ceux qui n'ont pas vu leurs noms cités ici qu'ils sachent que je les
remercie infiniment.
8
Résumé
Ce mémoire examine l'un des problèmes les plus
importants de la ville de Zinder : l'accès à l'eau potable.
La disponibilité de cette denrée constitue une
problématique importante qui trouve son explication dans la situation
géologique de la ville, les conditions climatiques de plus en plus
défavorables et la croissance urbaine avec son corollaire qui est
l'accroissement des besoins en eau. Le quartier Garin Malam constitue un bon
exemple de problème de disponibilité d'eau dans la ville de
Zinder. En effet, dans ce quartier, les ménages pendant la saison chaude
(Mars, Avril, Mai), sont obligés de se déplacer dans d'autres
lieux pour s'approvisionner en eau potable.
A Garin Malam, même si l'eau est disponible, son
accès est un problème pour beaucoup des ménages car les
conditions d'accès au branchement individuel ne sont pas favorables aux
ménages à condition de vie précaire. Les ménages ne
disposant pas de branchement au réseau s'approvisionnent auprès
des fontainiers et Garoua. Ce qui a comme conséquences : longue distance
à parcourir, longues files d'attentes, coût élevé de
l'eau....C'est toutes ces difficultés qui empêchent certains
ménages à avoir un bon accès à l'eau potable comme
le définit l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Mots clés : Zinder, Garin Malam,
disponibilité, accès à l'eau potable,
ménages.
9
INTRODUCTION
A l'échelle mondiale, l'augmentation de plus en plus
élevée de la demande en eau engendre une forte pression sur cette
denrée devenue rare. En effet, si entre 1950 et aujourd'hui, la
population mondiale a été multipliée par trois (3), la
consommation en eau l'a été par six (6). La planète est de
plus en plus peuplée et la part de chacun en eau douce diminue. La
réserve mondiale disponible en mètres cubes par habitant connait
une régression drastique : de 16 800 en 1950 , elle est tombée
à 7 300 mètres cubes en 2000 et ne sera que de 4 800
mètres cubes en 2025. Certains pays comme le Niger se trouvent dans ce
que l'ONU qualifie de stress hydrique. Quant à l'OMS, elle
définit le minimum vital à 1000 mètres cubes par an. Cette
norme est loin d'être atteinte car 3/4 des habitants de la planète
terre ne bénéficient pas d'eau courante et 1,2 milliards n'ont
pas accès à l'eau potable. La situation est
particulièrement inquiétante dans le pays en voie du
développement où l'eau joue un rôle essentiel pour toute
activité.
L'eau constitue un moteur dans l'organisation de l'espace
urbain car depuis l'antiquité les villes naissent et grandissent autour
de l'eau. Pour celles d'Afrique tropicale, la maîtrise de l'eau
représente un enjeu capital en termes du développement durable.
En zone sahélienne où le climat se caractérise par une
importante variabilité des précipitations, la possibilité
de résoudre le problème d'eau est essentiellement liée
à la disponibilité de celle-ci.
La situation de la ville de Zinder, première capitale
politique du Niger en est une parfaite illustration. L'alimentation en eau
potable de cette ville est assurée par l'exploitation des nappes de Gogo
et d'Aroungouza situé respectivement à 25 et 30 km de la ville.
Or, la détérioration climatique enregistrée depuis la fin
des années 1960 dans l'ensemble du sahel a pour conséquence la
diminution significative des quantités disponibles, surtout pendant les
années de mauvaises précipitations. Cette situation de
modification climatique et donc de diminution des ressource en eau,
associée à une forte croissance démographique responsable
d'une augmentation des besoins en eau et d'une surexploitation de la nappe, se
traduit régulièrement par des problèmes d'alimentation
s'aggravant d'année en année. Dans la ville de Zinder les
quartiers sont différemment exposés selon leur situation
géographique et les conditions de vie de leurs habitants. Dans cette
étude nous avons pris le quartier Garin Malam pour comprendre le
problème d'eau dans la ville de Zinder.
10
Notre travail s'articule autour de quatre chapitres. Le
premier chapitre porte sur le cadre théorique et méthodologique,
le deuxième présente la zone d'étude (Zinder) et le
quartier Garin Malam, le troisième traite de l'alimentation en eau
potable de la ville de Zinder et le quatrième expose les
difficultés d'accès à l'eau potable dans le quartier Garin
Malam. Pour bien faire ce travail, nous avons d'abord élaboré un
cadre théorique et méthodologique.
11
Chapitre I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
1.1. Revue de la littérature
La reconnaissance de la dimension de la crise en eau n'est pas
récente; elle date de la conférence tenue à MAR Del Planta
(Argentine) sur l'eau potable en 1977. En effet, lors de cette
conférence, les Nations Unies ont consacré la décennie
1980 -1990 comme la décennie internationale de l'eau et de
l'assainissement. L'objectif principal de celle-ci était de fournir de
l'eau potable en quantité et en qualité suffisante à tous.
Malheureusement, les progrès réalisés sont très
insignifiants surtout en milieu urbain comme le souligne Appollinaire K.
(2007). Après cet échec, de grandes mobilisations ont eu lieu en
faveur de l'eau. Il s'agit, entre autres, de journée internationale de
l'eau douce, de la proclamation de la décennie d'action « l'eau
source de vie » (2004 2015) et récemment de l'objectif du
millénaire pour le développement (OMD). Dans le chapitre sept des
OMD, les nations unies s'engagent à réduire de moitié le
nombre de personnes qui n'ont pas accès à l'eau potable d'ici
2015.
Sur le plan scientifique, la question de l'eau potable dans
les villes en voie de développement, surtout dans les villes d'Afrique
saharienne, intéresse beaucoup les chercheurs. Plusieurs thèmes
sont abordés sur la disponibilité en eau, l'accès à
l'eau potable et à l'assainissement, la pollution de l'eau, la gestion
de cette ressource, les objectifs du millénaire pour le
développement.
Devant la croissance démographique et spatiale des
villes, c'est la question de la disponibilité en eau qui attire
l'attention des chercheurs. Selon Rayaleh O. (2004), les villes des pays en
voie de développement sont confrontées à une forte
croissance démographique qui s'accompagne d'une forte urbanisation. Ce
phénomène se traduit par la concentration des populations dans
des agglomérations où les besoins domestiques en eau sont souvent
supérieurs aux ressources en eau mobilisées. Ces villes sont
confrontées à un retard d'extension du réseau
d'alimentation en eau par rapport à leur extension spatiale et à
leur croissance démographique. Jaquelin S. (2001) pour sa part souligne
le faible taux de connexion au réseau de distribution des villes. Il est
de 43% à Cotonou, 13% à Port au Prince, 35% à Madras et
39% à Niamey. Dans le même ordre d'idées, Leray G. (1990)
soutient que les problèmes d'eau dans les villes africaines sont dus
à la croissance urbaine spectaculaire et le non accompagnement de
celle-ci par une production d'eau suffisante.
12
Layousse T. (1990) quant à lui, évoque avec
insistance les difficultés croissantes en matière d'alimentation
en eau potable de la ville de Dakar et la nécessité de trouver
d'autres sources de captage au regard du rythme de consommation de la ville.
Dans la revue sécheresse N°4, parue en 1999, Nadia B et al exposent
le risque que court la ville capitale du Niger, Niamey, à cause de sa
croissance démographique, de l'étiage du fleuve Niger et de la
pollution des nappes phréatiques. Kheren S. (1995) souligne que le
fleuve Niger constitue la principale ressource en eau potable de la ville de
Niamey avec un débit de 720m3/an. Mais, on assiste depuis quelques
décennies à une baisse de l'eau disponible due à la
détérioration des conditions climatiques. En abordant le
problème d'accès à l'eau potable dans un quartier
périphérique Koufan dans la commune urbaine de Tahoua, Moussa E.
(2006) révèle que les facteurs qui influencent et expliquent le
problème sont le surpeuplement du centre de la ville et la
vulnérabilité des ménages. Quant à Abdou M. (1995),
dans son mémoire de fin d'étude en géologie et
hydrogéologie, ayant pour champs d'investigation : Zinder (Niger) et
Bamako (Mali), il montre pour le cas de Zinder qui nous intéresse, que
les aquifères de recouvrement et d'altération du socle
(Gogo-Machaya) et les aquifères discontinues des fissures du socle
(forages de la commune urbaine) ne répondent plus aux besoins sans cesse
croissants de la ville, en raison de leur faible extension et leur
dépendance climatique. Il propose la nappe de koramas comme une
alternative pour l'alimentation en eau de la ville car, selon lui, celle-ci
reçoit des précipitations élevées et de
l'écoulement souterrain provenant du Nigeria. Pour Keita Lalo A. (1987),
le problème d'eau potable à Zinder est imputable à la
géologie de la ville et à l'ancienneté des ouvrages
hydrauliques. Il souligne que la ville voit toutes ses perspectives d'expansion
économiques freinées à cause de l'insuffisance des
ressources en eau. Cette même idée est soutenue par Aman H. (1984)
pour qui le problème d'eau de la ville empêche le
développement des activités industrielles de grandes
envergures.
Sur l'accès à l'eau potable, plusieurs
études s'intéressent à la qualité de l'eau,
à sa quantité et à l'inégalité dans
l'accès à celle-ci. C'est ainsi que Salem G. (1998) dans son
étude retient le faible niveau d'accès à l'eau potable
comme facteur du risque sanitaire à Pikine au Sénégal.
Quant à Ouedrago S (1998) qui a travaillé sur la qualité
de l'eau en milieu périurbain de Ouagadougou (kamboisé), il a
souligné que seuls 6% de points d'eau échantillonnés dans
son étude peuvent être considérés comme potables, si
l'on se repère à la norme de l'OMS en matière d'eau de
boisson. Motcho (1991), pour sa part, a choisi comme un indicateur permettant
de définir les zones à risques (santé) de Niamey, la
desserte en eau potable. Il explique cela par le fait que l'eau conditionne
l'hygiène de la nutrition, de la vie familiale et
13
collective, car l'insuffisance d'une eau potable pour la
boisson est une cause importante de la propagation de maladies
diarrhéiques.
Pour sa part, Dos Santos S. (2005) s'est
intéressé à l'inégalité dans l'accès
à l'eau potable dans la ville de Ouagadougou. Il a noté que
malgré le fort taux d'accès à l'eau potable observé
dans cette ville (97%), des inégalités s'observent en termes de
consommation dans les différents ménages.
Certains auteurs mettent l'accent sur la gestion de l'eau dans
les villes des pays en voie du développement. Dans la revue Afrique
contemporaine n°205, Janique E (2003) montre que l'amélioration des
conditions d'accès à l'eau potable dans les quartiers
défavorisés passe par l'implication accrue de différentes
catégories d'acteurs. En effet, le partenariat entre les
sociétés d'adduction d'eau, autorités locales et petits
opérateurs privés peuvent permettre l'amélioration dans un
proche avenir du niveau de desserte en eau dans les villes des pays en voie de
développement. Quant à Lise B. (2004), après avoir
établi un bilan critique des gestions dans le domaine de l'eau des pays
en voie de développement, propose un modèle de gouvernance qui
s'appuie sur un partenariat public- privé et qui accorde un traitement
spécifique aux pauvres.
D'autres chercheurs mettent plutôt l'accent sur la
situation des pays africains par rapport aux objectifs du millénaire en
matière d'accès à l'eau potable. Pour Dos Santos .S
(2005), avec le rythme actuel, l'Afrique n'atteindra pas les objectifs du
millénaire pour le développement en 2015, elle l'atteindra en
2040. Omar A. (2009). Souligne que les réalisations qui ont
été faites dans le domaine de l'hydraulique urbain à
Niamey sont en deçà des attentes des objectifs du
millénaire pour le développement et rien ne présage
l'amélioration de la situation.
De tout ce qui précède, on constate que la
question de l'eau a été abordée sous divers angles dans
les villes africaines. Mais dans les villes nigériennes peu
d'études s'intéressent à l'eau potable, la plupart de
celles qui existent concernent surtout la ville de Niamey. Pour le cas de
Zinder, les études qui ont été menées sont non
seulement très peu nombreuses mais font une large place aux facteurs
hydrologiques et hydrogéologiques pour expliquer la crise de l'eau. Pour
notre part nous estimons que beaucoup de facteurs doivent être pris en
compte pour comprendre le problème d'eau potable de Zinder. Il s'agit
entre autre de la croissance démographique et spatiale de la ville. En
effet, Zinder connait une croissance sans précédent,
14
et qui engendre des besoins sans cesse croissants. Ce
phénomène n'explique- t-il pas le problème de
disponibilité d'eau potable dans la ville ?
Même si l'eau est disponible, son accès exige
certaines conditions : avoir un robinet chez soi, ou avoir le moyen de payer
auprès de revendeurs ou bien à la borne fontaine. Toutes ces
conditions ne rendent-elles pas difficile l'accès à l'eau potable
aux ménages qui ont un niveau de vie très faible ? Toutes ces
interrogations qui n'ont jamais fait l'objet d'une étude ressortent
l'originalité de notre travail.
1.2 Définition des concepts
La définition des concepts est d'une importance
capitale. Elle présente les différentes acceptions des concepts
et nous permet de préciser celle que nous avons retenue dans le cadre de
cette étude. Ainsi les concepts suivants ont été
définis:
L'eau potable: l'OMS
définit l'eau potable comme étant celle dont la consommation est
sans danger pour la santé.
Institut National de la Statistique (INS) quant à lui,
définit l'eau potable comme une eau saine répondant à des
normes définies qui en garantissent l'innocuité pour la boisson,
la cuisine, c'est le cas des eaux de surface traitées ou non
traitées mais non polluées, comme celle des sources, des puits et
forages protégés.
Le concept d'eau potable dans notre travail fait
référence à l'eau courante du robinet, des bornes
fontaines et des forages distribuée par une société
publique ou privée.
Accès à l'eau potable
: C'est une notion désignant la
disponibilité de l'eau, du réseau d'adduction d'eau, ou d'un
point d'eau, la capacité économique et sociale des usagers
à s'en procurer sans difficulté.
En termes de distance, l'OMS définit un bon
accès à l'eau potable à moins de 200 m de point d'eau
potable. En termes de quantité, l'OMS a fixé une quantité
minimale de 20 litres par personne et par jour. Dans cette étude,
l'accès à l'eau potable sera évalué en prenant en
compte les normes définies par l'OMS.
Ménage : Pour notre travail,
nous retiendrons la définition donnée par l'INS. Ainsi, le
ménage est défini comme étant l'ensemble des personnes qui
partagent le même repas, gèrent en commun tous ou une partie de
leurs ressources et reconnaissent l'autorité d'une même
15
personne appelée chef du ménage. Le chef de
ménage est la personne déclarée et reconnue comme telle.
Il détient généralement l'autorité et le pouvoir
économique. Ce n'est pas forcément le plus âgé ou
l'homme. (INS 2009).
Précarité : c'est l'état
de ce qui est précaire, c'est à dire qui n'offre aucune garantie
de durée, qui est incertain, sans base assurée, révocable.
Dans le domaine économique et social , la précarité est
l'absence des conditions et de sécurité permettant à une
personne , à une famille , à un groupe , d'assumer pleinement
leurs responsabilités et de bénéficier de leurs droits
fondamentaux.
http://www.toupie.org/Dictionnaire/precarité.htm
Dans cette étude, la précarité des
conditions de vie des ménages sera mesurée à partir des
certaines caractéristiques du chef de ménage (le sexe, le niveau
d'instruction, l'activité principale du chef de ménage) et les
caractéristiques des ménages (l'activité de chefs du
ménages, l'habitat, la taille du ménage,
l'électricité, l'eau.).
La définition de concept nous permet aussi de bien exposer
la problématique de ce travail.
1.3 Problématique
Le Niger est un pays sahélien où l'eau constitue
un facteur limitant. Cette situation devient plus complexe dans les
régions des socles où les conditions hydrogéologiques sont
peu favorables. C'est le cas du sud Maradi, de l'Air, du Liptako et du
Damagaram Mounio.
La communauté urbaine de Zinder repose sur le socle
granitique du Damagaram Mounio. La géologie dans cette zone
composée de matériaux à base granitique constitue un
obstacle pour les ressources en eau.
Les nappes souterraines ne sont pas continues mais
localisées dans des fractures et autres altérations granitiques.
L'absence d'un cours d'eau important expose cette cité prestigieuse,
à la pénurie d'eau. Depuis la période coloniale, les
problèmes d'eau se sont posés. Selon Keita Lalo (1987), depuis
que le poste militaire de Zinder existait, la question de l'alimentation en eau
avait retenu l'attention des autorités militaires. Malgré les
comptes rendus d'études et rapports faits à ce sujet notamment
par Reformastsky (1931) et Malavoy (1932), aucune solution définitive
n'a été trouvée. En Mai 1935, Lambert prescrivait l'achat
des camions citernes destinés au transport d'eau de la source de Mirriah
à Zinder, sur une distance de 20 km. Cette eau était en fait
surtout destinée à alimenter la minorité européenne
résidente à Zinder. En 1926, la contrainte a poussé
l'autorité coloniale à déplacer la capitale de Zinder
à
16
Niamey, situé au bord du fleuve Niger. Dans les
années 1940, les camions citernes et des camions transportant des
fûts métalliques acheminaient l'eau de Kagna et Mirriah à
Zinder.
La pénurie d'eau persistante a poussé les
autorités coloniales à mener des études, c'est ainsi que
Greigert a proposé en 1953, suite aux forages de reconnaissance de Gogo,
la réalisation de 19 forages pour alimenter la ville en eau potable. Un
réseau d'adduction d'eau a ainsi pu être mis en service. Dans les
années 1970, le champ de captage de Machaya est à son tour devenu
fonctionnel, permettant ainsi une meilleure alimentation de la ville
jusqu'à dans les années 1980. A partir de cette période,
le problème d'eau s'est de nouveau posé avec acuité. La
raison souvent évoquée est la péjoration de climat avec
son influence sur les nappes. On assiste dans ce cas de figure à une
inadéquation entre la capacité de production en eau et les
besoins de la ville.
En 1993, la population de la ville de Zinder est
estimée à 161 800 (Sahel dimanche N°394, Septembre, 1992).
Les besoins moyens en eau de cette population sont de 8 358 m3/jour. La
capacité de production en année normale de Gogo et Machaya est de
7 000 m3/jour d'où un déficit théorique de 1 353m3.
Pendant cette période, en analysant les problèmes de production,
la société nationale des eaux (SNE) section de Zinder a
préconisé des mesures d'économie pour faire face à
la pénurie d'eau qui sévit dans la ville. On peut citer, entre
autres, la réduction de gaspillage observé dans les
bâtiments administratifs, l'interdiction des cultures de contre saison
avec l'eau de robinet, la réduction ou la suspension de certains
arrosages dans la zone industrielle, la sensibilisation de la population
à l'économie de l'eau et la possibilité de
réhabilitation du forage de Garin Malam pour servir d'abreuvoir aux
animaux. Elle établit en même temps un programme de distribution
d'eau par zone. Des camions citernes sont aussi utilisés pendant les
périodes des grandes canicules où les besoins en eau sont plus
importants. Dans cette situation, la nécessité de trouver une
solution s'est imposée. Ce qui fut fait en 2005 avec l'exploitation de
la nappe d'Aroungouza qui a permis l'augmentation de la capacité
d'alimentation de la ville.
A partir de la mise en service de ce champ du captage, la
disponibilité s'est améliorée à la satisfaction de
la population pendant quelques années. Mais la croissance
démographique de la ville dont les effectifs sont passés de 213
000 habitants (RGP/H, 2001), 265 628 habitants en 2010 (INS, 2010)
consécutivement à l'exode rural et à la
fécondité élevée de la ville engendre une demande
élevée en eau pour la ville mais aussi pour les 32 villages
raccordés aux conduites provenant des stations de Gogo-Machaya et
Aroungouza. Ces villages de la
17
périphérie de Zinder s'approvisionnent à
partir du réseau d'adduction d'eau potable destinée pour la
population de la ville. Le raccordement de ces villages diminue la
capacité d'alimentation de la ville en eau potable reposant à
nouveau le problème de l'eau. C'est pourquoi la relative accalmie
observée se trouve compromise. Le déséquilibre entre les
besoins en eau et l'offre en eau se crée. La croissance de la ville pose
aussi un autre problème qui est celui de l'extension du réseau
d'eau potable. En effet, plusieurs quartiers périphériques se
trouvent privés de connexion au réseau d'eau potable. Dans
certains quartiers anciens, c'est plutôt la trame
irrégulière qui constitue un obstacle important à son
développement. Là où il existe(le réseau), le
coût à supporter par un ménage pour se raccorder est trop
important pour que la majorité puisse y avoir accès.
Les ménages ne possédant pas un branchement
particuliers s'approvisionnent auprès des bornes fontaines ou
auprès de revendeurs avec tout ce que cela comporte comme
difficulté : distance, le coût élevé, mauvaise
qualité de l'eau, la longue file d'attente.
Dans ce contexte où la disponibilité en eau
potable pour la ville est problématique et l'accès au
réseau d'eau potable n'est pas à la portée des
ménages à faible revenu, le quartier Garin Malam n'est-il pas un
cas privilégié pour comprendre le problème d'accès
à l'eau potable dans la ville de Zinder ? En effet, Garin Malam est un
quartier péricentral, situé en grande partie sur la pente du
plateau qui fait plus de 450 m d'altitude, ce quartier fait partie de la zone
haute de la ville de Zinder.
Dans les années 1980, ce quartier possédait un
système d'alimentation autonome. Ceci a été mis en place
pour permettre une bonne alimentation du quartier en eau potable mais aussi
pour augmenter la capacité de la production en eau de la ville de
Zinder. En 1989, suite à une analyse physicochimique, il a
été constaté une concentration élevée en
nitrate. Ce qui est un danger pour la santé de la population. C'est
pourquoi, le système a été mis en arrêt. Depuis
lors, le quartier est alimenté par le réseau qui alimente
l'ensemble de la ville. Cette liaison du quartier au système
général d`alimentation de la ville n'est pas sans
conséquence, car le problème de disponibilité se pose avec
acuité surtout pendant les mois de Mars, Avril, Mai.
Dans ce quartier aussi la majorité des chefs de
ménage exerce dans les activités informelles précaires ;
petit commerce, cordonniers,... Ce qui fait que l'accès aux services de
base devient difficile pour les ménages. Avec plus de 20 000 habitants,
le quartier ne compte que
18
127 branchements particuliers ; 14 bornes fontaines actives. Au
vu de tout, ce qui précède, un certain nombre de questions se
pose :
Qu'est ce qui explique le problème d'eau potable dans le
quartier Garin Malam?
Quels peuvent être les impacts spatio-démographiques
sur la disponibilité en eau potable dans la ville de Zinder en
général et dans le quartier Garin Malam en particulier ?
Quel est impact de la pauvreté de ménages sur
l'accès à l'eau potable dans le quartier Garin Malam?
1.3.1 Hypothèses
y' La croissance démographique et spatiale de la ville de
Zinder accentue le problème de
disponibilité en eau potable dans la ville en
général et le quartier Garin Malam en particulier.
y' Le faible équipement en infrastructures hydrauliques et
la précarité des conditions de vie des ménages limitent
leur accès à l'eau potable.
1.3.2 Objectifs
Pour confirmer ou infirmer les hypothèses
formulées, nous avons fixé un certain nombre
d'objectifs.
1.3.2.1 Objectif principal
L'objectif principal de notre travail est de comprendre les
problèmes d'accès à l'eau
potable dans le quartier Garin Malam.
1.3.2.2. Objectifs spécifiques
y' Analyser la croissance démographique et spatiale de la
ville de Zinder ;
y' identifier les facteurs de consommation d'eau potable de la
ville de Zinder et expliquer le problème de disponibilité dans la
ville de Zinder et dans le quartier Garin Malam ;
y' identifier les difficultés d'accès à
l'eau potable dans le quartier Garin Malam ;
y' évaluer le niveau d'accès à l'eau potable
des ménages du quartier Garin Malam selon les critères
fixés par OMS.
19
1.4 Méthodologie
Ce travail a été fait dans un cadre
méthodologique qui a consisté en la recherche documentaire,
l'observation du terrain, les enquêtes, et les travaux
cartographiques.
1.4.1 Recherche documentaire
La recherche documentaire nous a permis de comprendre la
situation de l'eau de façon générale et celle de la ville
de Zinder de façon spécifique. Cette recherche s'est
effectuée dans des bibliothèques à Niamey et Zinder. A
Niamey, on peut citer la bibliothèque de la Faculté de Lettres et
Sciences Humaines, la bibliothèque centrale de l'Université Abdou
Moumouni, la bibliothèque du département de Géographie ;
à Zinder nous avons été à la bibliothèque de
l'Université de Zinder et celle de la maison de culture Abdou Salam
Adam. Nous avons aussi consulté des ouvrages dans les centres de
documentation de certains services à Niamey et à Zinder. Il
s'agit, entre autres, des archives nationales, du LASDEL, de l'IRD, de la SEEN
Zinder, de la direction de l'hydraulique de Zinder. La recherche sur Internet
nous a donné l'occasion aussi de consulter des documents concernant
notre thématique.
1.4.2 Observations du terrain
C'est une étape très intéressante. Elle
nous a permis de nous familiariser avec le terrain et de mieux saisir notre
thème de recherche. Nous avons effectué une visite guidée
avec le chef d'exploitation de la station Gogo-Machaya. Cette visite nous a
permis de comprendre comment fonctionne la station de Gogo.
Des explications très riches nous ont été
livrées par le chef du réseau distribution sur le réseau
de distribution d'eau potable, sur le mode de distribution et son impact sur le
quartier Garin Malam dans un contexte de pénurie d'eau potable.
Nous avons aussi effectué des visites dans le quartier
Garin Malam. Ces visites nous ont permis de délimiter le quartier. Cette
délimitation a été faite avec un agent de l'assainissement
de la commune II qui connait bien le quartier parce qu'étant du
quartier.
1.4.3 Entretiens
Les entretiens ont beaucoup contribué dans la
réalisation de ce travail. Ils ont été faits à
l'aide de guide d'entretiens soumis au directeur de la SEEN, au directeur de
l'hydraulique de Zinder, aux gérants de bornes fontaine, au directeur de
l'urbanisme.
20
1.4.4 Enquêtes
Celles-ci ont été effectuées à
l'aide d'un questionnaire adressé aux chefs de ménage à
défaut aux ménagères. Compte tenu de la modestie de nos
moyens, nous avons interrogé 100 ménages dans le quartier Garin
Malam. Le choix des ménages à enquêter s'est
déroulé de façon suivante:
D'abord, nous avons tiré le plan de la ville de Zinder
à partir du Google Earth pour délimiter le quartier Garin Malam.
Ensuite nous avons divisé le quartier en deux zones que nous avons
nommées : Garin Malam zone A et Garin Malam zone B. La division est
surtout motivée par le fait qu'une partie du quartier est non lotie
(Garin Malam ancien) et une autre lotie.
Après cette division, nous avons numéroté
les ilots de chaque bloc, puis nous avons tiré de façon
aléatoire cinq ilots de chaque bloc : et enfin dans chaque ilot, nous
avons enquêté 10 ménages dont un ménage par
concession :
Le traitement et l'analyse des données recueillies ont
été faits à l'aide du logiciel sphinx, ce qui nous a
permis de faire le tri à plat et croisé.
1.5 Les difficultés rencontrées
Dans le cadre de ce travail de recherche nous avons
rencontré plusieurs difficultés.
D'abord, la plupart des données que nous avons eues
sont incomplètes. Cela est dû à
l'irrégularité des rapports et ou à leur mauvaise gestion.
Les données telles que la consommation de l'eau potable par quartier, le
nombre des abonnées par quartier, nous ont manqué, malgré
l'explication que nous avons donnée aux agents de la SEEN sur leur
importance. Ces données, si nous les avions eues, auraient permis de
démontrer davantage le problème d'eau potable à Garin
Malam.
Les données démographiques récentes nous
ont aussi manquées, nous nous sommes juste contentés des
données de notre enquête.
Une autre difficulté majeure que nous avons
rencontrée est due au fait que la carte de la ville de Zinder n'est pas
géo référencée. Au début, la carte de la
ville de Zinder nous a manqué. La plus grande difficulté est
surtout due à la non maîtrise des outils cartographiques, ce qui
nous a beaucoup retardé mais avec l'appui des autres personnes nous
avons pu surmonter cette difficulté.
21
Chapitre II : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET DU
QUARTIER GARIN MALAM
Dans le premier point de ce chapitre, nous allons
présenter notre champ d'investigation qui est la ville de Zinder (son
histoire, son aspect physique, et sa croissance). Puis dans le second point
nous présentons le quartier d'étude : Garin Malam.
2.1 Présentation de la zone d'étude
La présentation de la zone d'étude vise à
présenter la ville de Zinder dans son ensemble : histoire, cadre
physique et humain
2.1.1 Historique de la communauté urbaine de
Zinder
Le nom Zinder vient du nom d'un chasseur venu du Bornou
dénommé Zindirma. Il créa un village sur le site actuel de
Birni, sous l'appellation de zindir. Ce nom a subi par la suite la
déformation des colonisateurs français pour donner Zinder. Quant
au Damagaram nom souvent donné à la ville vient d'une phrase en
langue kanouri « Damaagrimi » qui veut dire « c'est de la viande
que tu manges ? ». Après, les haoussas ont déformés
cette interrogation du chasseur posé à son compagnon pour donner
Damagaram.
Avant l'arrivée des colonisateurs Zinder était
la capitale de cité- état du Damagaram. En 1898, après le
débarquement de la mission coloniale dirigée par Cazemazou dans
le Damagaram, la France installa un poste militaire à Zinder pour mieux
contrôler le territoire conquis. A cette occasion, Zinder devient un
centre important de décision pour l'administration coloniale et se voit
attribuer le rôle de capitale de la colonie française du Niger
jusqu'en 1926, date à laquelle ce rôle fut transféré
à Niamey pour de raison de difficulté de ravitaillement en eau.
Zinder devient donc ensuite un chef-lieu du cercle jusqu'en 1954, date à
la laquelle la ville fut érigée en commune mixte. En 1976, la
commune de Zinder devient commune de plein exercice et plusieurs villages
périphériques lui sont rattachés. En 2002, dans le cadre
de la décentralisation, la commune de Zinder fut programmée pour
être une communauté urbaine divisée en 5 communes.
22
2.1.2 Cadre physique de la ville
Il s'agit ici d'analyser le relief, le climat et
hydrogéologie de la ville de Zinder et leur impact sur les ressources en
eau.
2.1.2.1 Le relief de la ville de Zinder
La ville de Zinder se présente sous la forme d'un
plateau creusé par de nombreuses cuvettes constituées des mares
pendant la saison de pluie. Les points les plus culminant dépassent 450
m, et sont localisés dans le quartier Birni (emplacement du
château et au nord-est du quartier Garin Malam.
Ce relief repose sur un socle granitique épais
affleurant et peu perméable. On retrouve quelques collines
constituées de graviers de granites, offrant ainsi d'énormes
potentialités en matériaux de constructions auxquelles il faut
ajouter du banco de très bonne qualité provenant des nombreuses
carrières.
2.1.2.2 Le climat
2.1.2.2.1 Les précipitations
Après les années 1960, on assiste à une
dégradation de la pluviométrie dans la ville de Zinder. L'un des
éléments les plus significatifs de cette dégradation est
la descente des isohyètes vers le sud. En effet, la ville de Zinder qui
se trouvait entre 400 à 500 mm de pluie, se situe aujourd'hui entre 350
à 400mm. Cette situation peut s'expliquer par le changement climatique
intervenu dans le monde.
L'observation de la courbe ci-dessous (figure
n°1) nous montre que la moyenne pluviométrique est de 400
mm ; Les précipitions sont marquées par une variation
interannuelle dans la ville de Zinder. Ainsi, les années
excédentaires succèdent aux années déficitaires.
Or, les années déficitaires signifient pour la ville de Zinder un
problème d'eau, car les nappes ne se rechargent pas bien et le barrage
de Machaya ne se remplit pas aussi.
23
Figure n°1 : Evolutions des précipitations
dans la ville de Zinder 1979-2009
400
600
500
300
200
100
0
annuelle
interannuelle
de 5ans
Source : Direction régionale de la
météorologie
2.1.2.2.2 Les températures
moyenne
moyenne
moy mobile pas
L'observation de la courbe thermique 1990-2002 (figure
n°2), montre que les températures sont marquées par
une grande variation mensuelle. Les moyennes mensuelles maximales sont
observées pendant le mois d'Avril et de Mai où elles peuvent
atteindre jusqu'à 40°C. Les températures moyennes mensuelles
minimales sont observées pendant le mois de Décembre, Janvier et
Février et peuvent descendre à 15°c.
Figure n°2 : courbe thermique de la ville de
Zinder
Source : direction de la
météorologie
Les températures élevées engendrent une
forte évaporation des eaux superficielles et augmentent la consommation
des ménages.
24
2.1.2.2.3 L'évaporation
L'évaporation mesurée entre 1979- et 2009 indique
que la moyenne annuelle est de
4851, 31mm au niveau de la station de Zinder (Sandao, 2009).
La moyenne mensuelle de l'évaporation directe est toujours
élevée à Zinder à cause des températures
élevées et de la faible humidité de l'air. Les valeurs
faibles sont obtenues pendant la saison des pluies, période de basses
températures et les maxima entre les mois de Mars et Avril pendant la
saison sèche.
2.1.2.2.4 Le vent
Le régime du vent est caractérisé par
l'alternance de la mousson, vent humide et porteur
des précipitations qui souffle de mai à
septembre suivant la direction Sud-Ouest nord -Est et l' Harmattan vent
dominant de direction Est-Ouest.
Le vent accentue l'évaporation et donc le tarissement
de cours d'eau. Il contribue à l'ensablement des cours d'eau. Il agit
également sur la qualité de l'eau en transportant des
débris et en les déposants sur les récipients non couverts
contenants de l'eau.
2.1.2.3 Hydrogéologie
Il s'agit ici pour nous de faire un diagnostic de ressources
en eau de Zinder pour montrer leur impact sur l'alimentation en eau de la
ville.
2.1.2.3.1 Les nappes souterraines
La nappe du socle
Le Damagaram monio, secteur dans lequel se trouve la ville de
Zinder, repose sur le substratum granitique. Il correspond au socle
précambrien constitué de schistes, de quartz et de granite. La
conséquence fondamentale est la réduction du potentiel
hydrogéologique. En effet, les roches du substratum, ne favorisant
aucune infiltration, provoquent de ce fait des aquifères discontinues.
On ne peut, dans ce cas, parler des formations d'aquifères que dans les
zones d'altérations de fracturations de la roche saine. C'est dans ces
dernières que certains forages urbains avec de très faibles
débits ont été installés. Les prospections des
fractures qui constituent le mur des nappes captives s'avèrent
difficiles et onéreuses. Les résultats sont
généralement négatifs. C'est pourquoi un captage à
Gogo à 25 km de Zinder, région des nappes alluviales, fut
préféré pour alimenter la ville.
25
Nappes du recouvrement du socle
Malgré, l'insuffisance des ressources hydrologiques aux
alentours de Zinder, des prospections pour l'approvisionnement en eau potable
furent effectuées à Gogo et Machaya à une vingtaine de
kilomètres au sud de la ville. Ces cites reposent sur des
aquifères des massifs dunaires et leurs nappes sont classées dans
la nomenclature des nappes phréatiques (Lalo, 1987). Ces deux
vallées du quaternaire font partie des aquifères isolés
associés au socle. Le mur de l'aquifère est constitué du
socle altéré ou fissuré
La nappe du continental intercalaire
Cet aquifère est représenté par des
grès plus ou moins argileux. Il est composé des formations du
Crétacé inférieur (Farak et Tégama) et
supérieur (formations du Continental Hamadien) du bassin des
Iullemenden. Du point de vue hydrogéologique ces deux formations
constituent une seule unité. Cet aquifère est phréatique
sauf dans le Damergou, où il est rendu captif par une couverture
argileuse du Crétacé marin des séries du Damergou (les
argiles de Gangara, Béréré et Dan Banza). La coupe Tanout
- Zinder ne montre aucune discontinuité de cet aquifère, mais on
constate un biseau presque sec au contact du socle du Damagaram-Mounio
(Aroungouza n'est pas loin du lieu de contact). Les débits des forages
vont de 4 à 40 m3/h et les profondeurs varient entre 120 et 972 m. Le
plus profond est situé dans la ville de Tanout où il traverse une
épaisse couche de formations argileuses du Damergou sur plus de 300m.
Les ouvrages à faible profondeur (100 m) et qui captent la nappe des
grès argileux du Farak ont généralement des débits
très faibles. La frange aquifère de cette province est d'environ
100 m. La profondeur moyenne du niveau piézométrique est de 50,35
m. On enregistre seulement 5 villages où il dépasse les 100 m
(Goundawa 106, Dan-Azoumi 101, Gamdou 102m, Tanout-Ville 102m, Zidiram II 102
m). La nappe des grès de Tégama à un niveau d'eau plus
élevé que celui du Farak bien que cet aquifère soit en
dessous de celui du Farak. Son écoulement est Nord -Sud avec une
déviation au contact du socle du Damagaram-Mounio (vers le fleuve Niger
et le Lac Tchad). Cette déviation est-ouest est due à la ligne
Nord-Sud de partage des eaux (Ibrahim Adedé, 2010). Les eaux du
Continental Intercalaire sont de très bonne qualité. Plus de 329
ouvrages exploitent ce système aquifère et la ville de Zinder est
connectée à ce grand aquifère pour une production
d'environ 4 500m3/jour au niveau des champs de captage de Aroungouza.
26
2.1.2.3.2 Les eaux de surface
La ville de Zinder se caractérise par une carence en
grands cours d'eau (fleuve, mare, rivière) susceptibles de
l'approvisionner en permanence. Elle possède tout de même de cours
d'eau temporaires (ruisseau, mares interurbaines).
Le ruisseau de Gogo
Ce ruisseau nait sous les collines de Dadin sarki près
de l'aéroport. Il a une longueur de plus d'un kilomètre, et est
entouré de dunes. Son fond est couvert d'une couche continue de sables
éoliens. Le sable dunaire de ce ruisseau repose directement sur les
arènes granitiques entrainant une forte infiltration et un
assèchement précoce du ruisseau en début de saison
sèche. Ce ruisseau charrie les eaux de pluie de la ville de Zinder, du
village de Babantapki... pour les acheminer vers la station de Gogo. Au niveau
de la station trois cuvettes ont été aménagées pour
retenir ces eaux. Celles-ci ainsi retenues s'infiltrent peu à peu pour
renforcer la nappe.
Les mares intraurbaines
La ville de Zinder possède quelques mares
situées dans des dépressions naturelles ou des carrières.
La faible capacité de rétention de ces mares est liée
à la faiblesse à la structure lithologique du terrain,
phénomène qui explique l'infiltration. C'est pourquoi, la mare
« Dankaro », « Kagna », à fond argileux, ne gardent
pas l'eau toute l'année. Mais celles de Tchakoua et Meladouaram sont
semi- permanentes par le fait qu'elles sont situées dans des
dépressions naturelles assez profondes; elles sont constituées de
grès compact à gros grain, ce qui explique leur faible
imperméabilité.
Les eaux de ces mares ne sont pas utilisées pour la
boisson. Elles le sont pour servir dans les constructions ou pour les cultures
maraîchères.
2.1.3 La croissance urbaine
La croissance urbaine se définit comme la croissance de
la ville sur le plan démographique et sur le plan spatial.
27
2.1.3.1. La croissance démographique
Selon la Banque Mondiale, les villes nigériennes
croissent de façon accélérée. La population urbaine
au Niger représentait 5 % de la population nationale en 1960, 12% en
1977, 16% en 1988 et de 26% en 2005. Elles augmentent actuellement au rythme de
4 à 5% par an et elle double tous les 15 ans. Ce qui représente
un rythme d'accroissement environ deux fois plus rapide que celui de la
population totale de l'ensemble du pays (Motcho, 2005).
Zinder, deuxième ville du pays en terme de poids
démographique, connaît une croissance démographique sans
précèdent. En effet, de 1960 à 2010, la ville a presque
quadruplé sa population, passant ainsi de 61 000 à 265 628
habitants. Cette croissance s'est effectuée de façon
régulière dans l'ensemble.
Cependant, de 1936 à 1951, la décroissance du
nombre d'habitants qui fut observée peut avoir plusieurs causes : une
forte mortalité, des périodes de sècheresses qui avaient
provoqué des famines, la fuite des hommes valides pour échapper
à l'imposition coloniale. Ce recul pourrait être occasionné
dans les années 1920 par la perte du statut de capitale au profit de
Niamey.
A partir des années 1950, la croissance a repris de
façon spectaculaire. Cette reprise peut être expliquée par
la mise en place des institutions qui entraîneraient sans doute
l'arrivée de fonctionnaires. L'exode rural et le progrès
sanitaire ont joué un rôle non négligeable dans cette
croissance car la ville donnait plus opportunités aux jeunes ruraux.
Au recensement de 1977, plus de 28 villages proches de Zinder
ont été rattachés à la commune de Zinder. Ces
villages qui comptaient 8 336 habitants ont augmenté la population de la
commune.
Au recensement de 2001, la population de la ville est
estimée à 206 000habitants. Selon l'institut national de la
statique la population de la ville est de 265 628 habitants en 2010 avec un
taux d'accroissement de 3 %. Tous ces chiffres, bien qu'ils soient officiels,
ne reflètent pas la réalité, car beaucoup des personnes ne
se font pas recenser, et après la récolte la ville reçoit
des ruraux qui ne sont pas pris en compte dans le recensement de la population
de la ville et donc dans la disponibilité en l'eau potable.
La croissance démographique a un impact réel sur
la disponibilité en eau potable. En effet, chaque année la
population de la ville augmente mais la production en eau reste
stationnaire,
28
depuis 2005 date de la mise en service de Aroungouza la
production n'a guère dépassé 11 500 mètres cubes
par jour.
2.1.3.2 La croissance spatiale de la ville
A l'instar, des autres villes d'Afrique subsaharienne, Zinder
connait une croissance spatiale sans précèdent.
Avant 1800, la ville de Zinder se limitait au seul quartier
Birni qui signifie cité fortifiée. Ce dernier qui est le plus
vieux quartier de Zinder abrite le sultanat et l'aristocratie kanouri venu du
Bornou. Durant le règne de Tanimoune, pour des raisons
stratégiques, ce quartier qui constituait la ville à
l'époque, fut entouré par une muraille qui lui servait de
bouclier contre les agressions extérieures notamment celles des
touaregs.
La situation géographique de la ville fait d'elle un
carrefour de routes transsahariennes Alger -Tamanrasset - Agadez en direction
de Lagos (Nigeria) et l'axe du Niger-ouest-Lac Tchad à destination du
Bornou. Ces caravaniers (généralement touareg),
considérés comme des étrangers, reçurent
l'autorisation de rester en dehors du quartier du sultan à quelques
kilomètres pour échanger leurs produits avec les habitants de la
ville. C'est ainsi que fut créé le quartier Zengo (quartier des
étrangers).
Pendant la période coloniale la ville a commencé
à s'étendre en raison de la construction de certains
bâtiments et des résidences des colons. La mise en place de FIDES
(fonds d'investissement pour le développement économique et
social) dans les années 1940 a permis la création des
écoles et de l'hôpital national.
Pendant que Zengo s'agrandissait, un autre noyau se
développait aussi au Nord -Est de celui-ci, C'est le quartier Garin
Malam (village du marabout). Donc, avant l'indépendance la ville
était constituée de trois noyaux : Birni, Zengo et Garin
Malam.
En 1960, les surfaces bâties ont augmenté avec
l'installation de certains services et institutions notamment entre Birni et
Zengo. Les trois noyaux (Birni, Zengo, Garin Malam) tendent à se souder
et en même temps on assiste, au sud de la ville, à la
création de l'aérogare et d'un camp militaire.
29
Dans les années 1970, de nouveaux lotissements sont
effectués. Les quartiers Sabongari, N'wala et Dispensaire sont
créés. Les trois noyaux (Birni, Zengo, Garin Malam) se soudent et
forment un tissu urbain continu.
Dans les années 1980, la crise du monde rural a
engendré un exode massif vers la ville. Ces populations rurales ont
créé des quartiers spontanés : Karkada, Chare Zamna,
augmentant de façon significative la population de la ville mais aussi
l'aire urbaine.
Jusqu'en 2001, La superficie de la ville de Zinder a
augmenté au rythme de la croissance démographique. A partir de
cette période, une augmentation remarquable de la superficie
urbanisée est observée. Ce fait s'explique d'une part, par
l'avènement de la décentralisation qui a donné aux
communes une autonomie dans la gestion foncière et la terre est devenue
la source principale de revenu pour les communes ; et d'autre part la mise en
service du champ de captage de Aroungouza qui a permis la levée de la
restriction au branchement qui était de 10 branchements par an seulement
depuis 1986. La ville de Zinder dépasserait de loin ce qu'elle est
aujourd'hui, s'il n'y avait pas cette mesure de limitation de branchement au
réseau d'eau qui a implicitement agi sur le développement de la
ville (Carte n°1).
Un autre facteur important de la croissance spatiale est le
développement horizontal de la ville. En effet, comme les autres villes
d'Afrique, Zinder se caractérise par son développement horizontal
dévoreur d'espace.
L'étalement de la ville pose un problème
important qui est celui de l'extension du réseau. En effet, le
réseau de distribution d'eau potable ne suit pas le rythme de la
croissance spatiale de la ville. Dans plusieurs zones
périphériques, le réseau est faible ou inexistant.
30
Carte n°1 : évolution spatiale de
Zinder
31
2.2 Présentation du quartier Garin Malam
2.2.1 Localisation du quartier
Garin Malam est limité au Nord par le quartier Jaguindi,
au sud par le quartier Sabon
Gari et Kara- Kara, à l'Est par un plateau et à
l'Ouest par le quartier Dispensaire (carte n°2).
32
Carte n°2 : localisation du quartier Garin
Malam
33
2.2.2. Historique
Ce quartier est fondé avant la période coloniale
par un marabout venu de la région de Maradi (PDC commune II). C'est le
plus ancien quartier de la communauté urbaine de Zinder après
Birni et Zengo. Il conserve encore ses traits anciens par la sinuosité
de ses rues et par la typologie de ses constructions, surtout dans le noyau
ancien que nous avons nommé Garin Malam zone A. Sa morphologie n'est pas
parfois favorable au développement des services de base comme
l'adduction d'eau potable. Garin Malam est le plus grand quartier de la commune
II, en termes de poids démographique.
2.2.3 Aspects physiques du quartier
Le relief du quartier se caractérise par un plateau qui
s'étend du nord au sud de la limite Est du quartier; la
quasi-totalité du quartier se situe sur la pente de ce plateau.
Pendant la saison de pluie, on constate un important
écoulement sur le versant ouest du plateau (dans le quartier). Ce qui
donne lieu à des ravins. Ces derniers se jettent dans l'unique mare du
quartier.
2.2.4 Aspects sociodémographiques
En 2006, la population du quartier est de 20 483 habitants,
répartis dans 3 712 ménages (PDC, 2006). La population haoussa
est majoritaire suivie des kanouri.
Les caractéristiques sociodémographiques nous
donnent un aperçu sur les conditions de vie des ménages. Ne
disposant pas de données officielles sur les caractéristiques
sociodémographiques pour l'ensemble du quartier, nous avons
utilisé celles de notre enquête qui montre que l'âge du chef
de ménage varie entre 20 et 60 à plus (Fig
n°3).
L'âge du chef de ménage peut influencer sur les
conditions de vie. En effet, l'âge détermine aussi bien
l'entrée en activité économiques que la période
à laquelle les facultés de production et services
s'amoindrissent. L'âge moyen du chef de ménage est de 47,57ans
dans l'ensemble du quartier, ce qui signifie que les chefs de ménages
sont des adultes.
34
Figure n°3 : répartition du chef des
ménages selon l'âge
Source : notre enquête
Dans l'ensemble du quartier 14% des chefs de ménage
sont du sexe féminin ; dont 12% dans la zone A et 16% dans la zone B ;
les chefs de ménage du sexe masculin constituent 85% ; dont 86% dans la
zone A et 84% dans la zone B. Le sexe du chef de ménage a une influence
sur l'accès à l'eau potable, car dans certains cas, les
ménages dirigés par les femmes sont plus exposés au
problème d'eau.
La taille du ménage
Dans le quartier Garin Malam, selon les résultats de
notre enquête, 27% de ménages ont une taille comprise entre 0 et 5
; 65% entre 6 et15 (dont 50% entre 6 et 10, 15% entre 11 et 15 et 8% entre 16
et 20 (tableau n°1).
La taille moyenne de ménages qui est de 8,91 personnes,
est supérieure à la moyenne nationale : 6,1 (EDSN, 2006). Cette
grandeur de la taille du ménage peut s'expliquer par le contexte
socioculturel de la ville. En effet, ce contexte marqué par l'entraide
et l'aide familiale, oblige de fois les chefs de ménages à
prendre à sa charge plusieurs personnes, cousins, neveux, petits
frères, pour des raisons diverses. L'importance de la taille du
ménage se traduit par la promiscuité des ménages du
quartier. Elle exacerbe aussi la précarité de leurs conditions de
vie. En effet, plusieurs personnes se partagent une latrine, une chambre. Ce
qui n'est pas sans conséquence sur la santé. L'impact de la
taille du ménage sur l'accès à l'eau potable n'est pas
à démontrer car le chef de ménages à faible revenu
ne peut pas toujours garantir le minimum d'eau nécessaire à son
ménage.
35
Tableau n°1 : répartition des
ménages selon la taille
Taille du ménage
|
Garin Malam A
|
Garin Malam B
|
Total(%)
|
0 -5
|
22
|
32
|
27
|
6-10
|
50
|
32
|
50
|
11-15
|
16
|
48
|
15
|
16- 20
|
10
|
14
|
8
|
total
|
100
|
100
|
100
|
Source : note enquête
? Le niveau d'instruction
Le niveau d'instruction détermine dans une certaine
mesure les conditions de vie des ménages. En effet, la qualification de
chef du ménage dépend largement de son niveau d'instruction.
Selon l'enquête sur le profil de pauvreté au Niger, à
chaque pallier supplémentaire de l'éducation scolaire, il y a une
baisse importante de la pauvreté. Par exemple, le taux de
pauvreté est 10 fois moins important dans les ménages dont le
chef a fait des études supérieures par rapport à ceux dont
le chef à un niveau d'études primaires. Selon cette enquête
les ménages dont les chefs n'ont aucun niveau d'instruction et ceux dont
les chefs ont un niveau coranique constituent 85% de ménages pauvres.
Or, dans le quartier Garin Malam 11% n'ont aucun niveau d'instruction et 64%
ont un niveau coranique (fig n°4). La prédominance
des chefs de ménage qui ont un niveau coranique s'explique par le rejet
de l'école moderne dans ce quartier jusqu'à une date
récente. Seuls 2% de chefs de ménage ont un niveau
supérieur. Ces deniers sont tous dans Garin Malam A. Ces
résultats traduisent dans une certaine mesure les faibles conditions de
vie des ménages dans ce quartier.
36
Figure n° 4: repartions des ménages selon le
niveau d'instruction
Source : notre enquête
2.2.5 Aspects socioéconomiques La
typologie de l'habitat
L'habitat est un élément important qui nous
renseigne sur le niveau de vie des populations. En effet, le type de
construction et les matériaux utilisés sont des
éléments révélateurs des conditions de vie de
ménages car ils dépendent du revenu des ménages. Dans le
quartier Garin Malam, les maisons sont dans la plupart de cas construites en
banco. Il est rare de rencontrer une maison construite en dur ou en semi dur.
Sur les 100 ménages que nous avons enquêtés 73% sont dans
une construction en banco dont 88% dans la zone A et 58% dans la zone B ; 26%
habitent une maison en semi dur dont 12% dans la zone A et 40% dans la zone B.
Pour la construction en dur on a seulement deux ménages qui sont dans la
zone B (Fig n°5). Ainsi cette situation nous
édifie sur la faiblesse du niveau de vie de la population de notre zone
d'étude. Cependant, on constate une petite différence au sein du
quartier entre la zone A et la zone B.
37
Figure n°5 : repartions des ménages selon
les types des constructions
Source : notre enquête
La plupart de chefs ménages sont propriétaires
de leurs maisons dans le quartier Garin Malam. Cette situation s'explique par
le fait que les terrains ou les parcelles ont été acquises par
héritage. Dans l'ensemble de notre population enquêtée, 90%
sont propriétaires de leurs maisons dont 92% dans Garin Malam A et 88 %
dans Garin Malam B. Les locataires sont relativement peu nombreux de l'ordre de
9% des chefs de ménages dont 3% dans Garin Malam Zone A et 6% dans Garin
Malam Zone B. Le seul ménage restant loge gratuitement.
Le taux de raccordement au courant électrique est
très faible dans notre zone d'étude. Or,
l'électricité est un élément essentiel dans la vie
d'un citadin ; son manque explique dans la plupart de cas la
précarité de vie d'un ménage. Selon notre enquête,
seuls 14% dans Garin Malam zone A et 36% dans Garin Malam zone B
possèdent l'électricité.
Les catégories socioprofessionnelles
La majorité de la population exerce dans le secteur
informel très précaire (PDC, 2006). La population n'a pas une
source de revenu certaine. Les activités exercées par les chefs
de ménage sont principalement constituées, selon notre
enquête, de l'artisanat de service (coiffeurs, cordonniers, menuisiers)
(41,5%), de petits commerces (35,5%), des gros commerces (9%) et des
agriculteurs (4%). Les chefs de ménage ayant un salaire sont rares car
ne représentent que 8%. Il existe 4% de chômeurs et tous sont du
sexe féminin, ce qui explique la vulnérabilité des
ménages dirigés par des femmes (tableau
n°2).
38
Tableau n°2 : répartitions de chefs des
ménages selon les catégories socioprofessionnelles
CSP
|
Chômeurs
|
Agricult eurs
|
Artisans
|
Petits commerce
s
|
Commer ces
|
Salariés
|
Retraités
|
Total
|
Garin M
(A)
|
2
|
4
|
47
|
41
|
6
|
0
|
0
|
100
|
Garin M
(B)
|
4
|
4
|
36
|
30
|
12
|
8
|
6
|
100
|
Moyenne
|
3
|
4
|
41,5
|
35,5
|
9
|
4
|
3
|
100
|
Source : notre enquête
Conclusion partielle
Zinder est une ville pauvre en eau car son sous-sol
bétonné ne favorise pas la formation de nappes de grande
envergure. Les nappes du recouvrement (Gogo- Machaya) sont limitées et
très sollicitées ; les précipitations qui les
régénèrent sont de plus en plus irrégulières
et insuffisantes. En effet, depuis les années 1970, le volume des
précipitions est en chute. Ce qui a des conséquences
néfastes sur la vie des hommes et des animaux. A ce handicap physique
vient s'augmenter une croissance urbaine sans précédent qui
augmente les besoins en eau.
Le quartier Garin Malam zone de notre étude se
caractérise sur le plan physique par un plateau de plus de 450 m. La
quasi-totalité du quartier se situe sur la pente de ce plateau. Ce qui a
des conséquences sur l'approvisionnement en eau potable du quartier,
dans une ville où la production est insuffisante et les besoins sont
croissants. L'analyse des conditions de vie de ménages à travers
les caractéristiques des chefs de ménage montre que les
conditions de vie sont faibles dans les ménages de ce quartier.
39
Chapitre III : ALIMENTATION EN EAU POTABLE DE LA VILLE
DE ZINDER
Il s'agit ici de décrire comment la ville de Zinder est
alimentée en eau potable. Ensuite analyser les facteurs de consommation
d'eau potable de la ville de Zinder et enfin expliquer le problème de
disponibilité en eau de la ville de Zinder et du quartier Garin
Malam.
3.1 Le système d'adduction d'eau de Zinder
Le système d'adduction d'eau de la ville de Zinder est
composé de la station Gogo Machaya, de la station Aroungouza et des
conduites de refoulement d'eau de la station à la ville.
Carte n°3 : localisation de sites de pompage de la
ville de Zinder
Source : Direction de l'hydraulique Zinder
Réalisation : Adam Elh Saidi Aboubacar
3.1.1 La station de Gogo
La station de Gogo est située à environ 33 km au
sud de la ville de Zinder. Elle a été mise en
place en 1956 pour l'alimentation en eau de la ville. Elle est
composée de deux champs de
40
captage (champs de Gogo et Machaya), avec une capacité
théorique de 7 000 mètres cubes par jour. Elle fournit plus de 65
% de l'eau potable consommée dans la ville de Zinder.
3.1.1.1 Le champ de captage de Gogo
Le champ de captage de Gogo est le premier composant de la
station de Gogo, mis en place en 1956. Ce champ de forages a une superficie de
10 km2. Dans ce secteur, la roche granitique s'encaisse sous une
sorte d'alluvions et des sables dunaires d'une épaisseur de 20m environ.
La majorité de forages n'atteint pas le socle granitique. Cette zone est
drainée pendant la saison de pluie par le ruisseau de Gogo.
Le champ est exploité par 8 forages avec une
capacité de 80 mètres cubes par heure au début. Mais
aujourd'hui ces forages n'ont qu'une capacité de 45 mètres cubes
par heure due à l'épuisement progressif des nappes
phréatiques et à la baisse des volumes des
précipitations.
Ce champ de captage est doté de 32
piézomètres qui assurent le suivi du niveau de la nappe.
3.1.1.2 Le champ de captage de Machaya
Devant l'incapacité de la station de Gogo à
répondre aux besoins en eau de la ville, une étude
complémentaire a été réalisée par les
allemands (GKW) pour renforcer la capacité de celle-ci. C'est ainsi que
la vallée de Machaya a été retenue en 1974 avec la
réalisation de 6 forages d'exploitation. Aujourd'hui 15 forages assurent
l'exploitation de cette nappe et 32 piézomètres renseignent sur
son niveau. Ces forages ont une capacité de 200 m3/h. Du fait de
l'épuisement de la nappe, un système pour sa
régénération a été mis en place avec la
création d'un barrage de retenue d'eau de Machaya.
Le barrage de retenue d'eau
Ce barrage a été mis en place en 1978 afin de
retenir 1,5 millions de m3 d'eau du ruisseau de Machaya qui a un
écoulement éphémère. Mais des études
topographiques réalisées en avril 1990 ont
révélé une réduction de la capacité de
stockage du bassin à seulement 1,2 millions de m3. Les dimensions du
bassin de retenue sont :
Largueur de crête=100 m Profondeur maximale= 2,8 m Longueur
= 4150 m.
41
La station de pompage de Machaya
L'eau stockée dans le barrage est
précipitée dans un puits avec en son fond des machines de pompage
grâce à un petit canal à vanne. L'eau est puisée des
limons et des gros déchets au moyen d'une grille. Les installations de
pompage se composent de 2 pompes submersibles montées en
parallèle dans un des deux compartiments du puisard de tranquillisation
et d'une troisième qui est montée dans le second. Les pompes
installées reprennent l'eau pour la refouler dans les cuvettes
d'infiltration au moyen de 2 conduites de refoulement DN 400 mm. Ils peuvent
refouler jusqu'à 11 880 m3 en 20 heures d'activité.
Les cuvettes d'infiltration
Les 6 cuvettes d'infiltration, sortes des mares artificielles,
couvrent une superficie de 42 000 m2. Ces cuvettes ont
été placées de sorte que l'eau infiltrée arrive peu
à peu au champ de forage de Machaya. L'eau y coule par gravité au
moyen d'un canal et d'une conduite DN 250 mm pouvant acheminer 400 m3/h. Le
temps d'écoulement a été mesuré de 2 à 8
mois selon l'emplacement des cuvettes. Elles ont été
créées pour permettre l'infiltration de 1,5 ou 1,2 millions de m3
pendant une période d'infiltration de 90 jours. L'eau brute arrive aux
cuvettes par le biais d'ouvrage en béton armé situé sur la
berge. La quantité à l'arrivée est mesurée à
l'aide d'un compteur. L'eau sort de la conduite par un petit réservoir
de tranquillisation équipée d'un déversoir. Elle passe
ensuite par un autre déversoir pour déboucher sur un talus en
ferré maçonné et s'écoule ainsi dans le bassin. Le
trop plein est construit latéralement à l'ouvrage
d'entrée. A la fin de la période d'infiltration toutes les
cuvettes sont curées à cause du colmatage du sol (formation de
croûte réduisant la capacité d'infiltration). Ces travaux
sont effectués manuellement.
42
Carte n°4 : station de Gogo
43
3.1.2 La station d'Aroungouza
Cette station a été mise en place en juin 2005
grâce à la coopération sino nigérienne. Elle a une
capacité de production de 4 500 mètres cubes par jour
(figure n°3).
3.1.2.1Le champ de captage d'Aroungouza
En 1997, une mission chinoise a entrepris des recherches dans
la partie nord de la ville de Zinder en vue de trouver un nouveau champ de
captage. Trois champs de captage ont été identifiés dans
le continental intercalaire. Il s'agit du champ de forage d'Aroungouza avec une
production de 5 000 mètres cubes par jour, la zone de Ganaram avec une
production de 10 000 mètres cubes et le champ de chichewa dont la
production est de 6 000 mètres cubes. En 2001, cette mission a
approfondi ses études dans la zone d'Aroungouza sur la base de la
première recherche. C'est ainsi que 10 forages ont été
réalisés suivi de deux autres en 2003. Actuellement, 12 forages
exploitent la nappe phréatique d'Aroungouza. Ces forages d'une
profondeur variant entre 60 et 115 mètres, n'ont pas la même
capacité. On comptabilise 25 mètres cubes par heure pour le
forage le plus puissant et performant contre 12 mètres cubes par heure
pour le forage de faible capacité.
3.1.2.2 La station de pompage d'Aroungouza
L'eau issue par des forages d'exploitation est refoulée
dans les deux bâches d'une capacité de 300 mètres cubes
chacune où elle subit un traitement au chlore avant d'être
refoulée par quatre pompes jusqu'au château de Karkada
communément appelé château chinois.
44
Figure n°6 : Station d'Aroungouza
Source : Direction de l'hydraulique de Zinder
45
3.1.3 Les conduites de refoulement d'eau potable
Pour la station de Gogo, les conduites de refoulement sont en PVC
avec un diamètre compris
entre 100 à 500 millimètres. Elles ont un
revêtement en ciment et assurent l'acheminement de l'eau du champ de
captage de Machaya et Gogo jusqu'au château d'eau Tanimoune en passant
par la station de traitement et de pompage de Gogo. Les conduites de
refoulement de Aroungouza sont en fonte mais de même diamètre que
Gogo (100 à 500 mm). Elles refoulent l'eau du champ d'Aroungouza en
passant par la station de traitement et de pompage et en fin le château
karkada (R3).
3.2 Le système de distribution d'eau de la ville
de Zinder
Le système de distribution d'eau potable de Zinder est
constitué des réservoirs d'eau et du réseau de
distribution d'eau potable.
3.2.1 Les réservoirs d'eau potable
La ville possède trois réservoirs : le
réservoir de Birni, le réservoir Tanimoune et celui de
karkada.
Le réservoir de Birni
Le plus grand réservoir d'eau de Zinder fut construit
en 1956, par les autorités coloniales avec une capacité nominale
de stockage de 2 000 mètres cubes. Au début, c'était le
terminus de la conduite de refoulement DN 250 mm de Gogo. Ce réservoir
est situé sur un massif granitique en face du quartier Birni à
481 m d'altitude et est encastré dans le bloc granitique. Malgré
son ancienneté, ce château est en bon état et se compose de
deux chambres d'eau comportant des trous d'aération permettant une bonne
circulation de l'air. Il existe deux conduites pour l'arrivée de l'eau
et deux autres pour la sortie d'eau : l'une est destinée pour la ville
(notamment le quartier de basse altitude) et l'autre appelée « le
retour de Gogo » approvisionne les villages se trouvant sur la conduite de
Gogo.
Le réservoir Tanimoune
Situé à 483 m d'altitude, ce réservoir a
une capacité de 1050 mètres cube. Il est construit en 1974 dans
le cadre du programme d'alimentation en potable de Zinder phase II, en
même temps que la station de Machaya. Ce château d'eau qui alimente
la zone haute de Zinder est relié au château d'eau de Birni par la
conduite DN 250 millimètres.
46
Le réservoir de karkada
Il a été construit en 2005 grâce à
la coopération sino nigérienne. Ce réservoir d'eau, d'une
capacité de 2000 mètres cubes, est situé à 463 m
d'altitude. Il reçoit l'eau traitée à la station
d'Aroungouza.
Au total, les trois réservoirs ont une capacité
de 5 050 mètres cubes. En somme, on peut dire que le nombre de
château d'eau est très insuffisant par rapport au besoin de la
ville. Leur situation géographique est très défavorable
pour de quartier comme Garin Malam.
3.2.2 Le réseau de distribution d'eau potable dans
la ville de Zinder
Le réseau de distribution d'eau potable a connu une
évolution ces dernières années. En effet, il était
de 199 999 mètres linéaires en 2007, 307 427 mètres
linéaires en 2009 et 310 218 mètres linéaires en 2011,
tous diamètres confondus. Cette augmentation qu'a connue le
réseau de distribution est en relation avec les travaux de
réfection et des poses des conduites de près de 103 km qui ont
été effectuées par les chinois mais aussi par les
ménages. Tout de même, l'observation de la carte n°5
montre que le réseau de distribution d'eau potable de la ville
de Zinder est faible dans l'ensemble. Cette faiblesse est accentuée dans
les quartiers anciens tels que Birni et Zengo où c'est la trame urbaine
irrégulière qui ne permet pas le développement du
réseau. Dans les quartiers périphériques nouvellement
lotis, le réseau est presque inexistant. C'est le cas des lotissements
Charé zamna extrême sud, sud Birni, nord Jagindi et nord-est Garin
Malam. L'inexistence du réseau d'eau oblige les ménages à
parcourir de distances importantes pour avoir de l'eau potable.
47
Figure n°7: rendement du réseau de
distribution d'eau potable
Qtités (m3)
4000000 3500000 3000000 2500000 2000000 1500000 1000000 500000
0
|
|
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008
Années
Productions Consommations
Source : Direction de la SEEN de Zinder
La figure n°7 nous donne le rendement du
réseau qui est le rapport entre l'eau produite et l'eau
consommée. Ainsi, on observe qu'il existe un écart entre l'eau
produite et celle consommée due aux pertes qui surviennent sur les
conduites et les branchements. Ces fuites sont dues à la
vétusté des conduites. A titre d'exemple en 2008, la SEEN a
comptabilisé 1 393 fuites et 1 388 en 2010 sur les conduites. Ce qui est
préjudiciable à la disponibilité de l'eau dans une
ville.
48
Carte n°5 : réseau de distribution d'eau
potable de Zinder
49
3.3. Les facteurs de consommation d'eau potable dans la
ville de Zinder
Il s'agit de l'évolution des branchements individuels,
des villages raccordés et d'autres facteurs tels que les
constructions...
3.3.1 L'évolution du branchement individuel
L'observation de la figure n°8 montre
qu'en 19 ans le nombre d'abonnés dans la ville de Zinder est
passée de 3 000 à près de 12 000 avec un pic entre 2007 et
2009. Cette évolution récente s'explique par la levée de
restriction de raccordement au réseau d'eau potable. En effet, à
Zinder, compte tenu de la pénurie d'eau constatée, le
gouvernement à travers le Ministère de l`hydraulique a
fixé à dix branchements seulement par an pour toute la ville
depuis 1986 (SEEN). Cette mesure a fait stagner le nombre de branchements des
ménages au réseau d'eau potable jusqu'en 2005. A partir de cette
année, avec la réalisation de la station de Aroungouza et la
privatisation de la société d'exploitation des eaux du Niger, il
est permis à tous ceux qui veulent se raccorder de le faire. Cette
nouvelle donne a fait accroître le nombre des abonnés. La
politique de branchements sociaux a aussi permis à beaucoup de
ménages de se raccorder. En effet, la Banque Mondiale à travers
son programme d'aide aux populations défavorisées a
réalisé plus de 682 branchements sociaux en 2009. Cependant,
selon certains agents de la SEEN, il faut noter que l'aide n'est pas parvenue
aux populations cibles car, beaucoup de bénéficiaires ne sont pas
des démunis.
Figure n°8 : évolution des branchements
individuels
14000
12000
10000
4000
2000
8000
6000
0
Evolution des branchements
individuels
Années
Branch ind
Source: SEEN/ Zinder
50
3.3.2 Les villages raccordés
Le réseau d'alimentation en eau de la ville de Zinder
ravitaille aussi 32 villages jalonnant les conduites de refoulement d'eau des
stations de production vers Zinder. L'eau qui est en principe
réservée aux citadins, est distribuée à ces
villages qui ne possèdent pas un système d'adduction d'eau
potable du fait de la géologie de leur site.
La distribution des villages selon leur source
d'approvisionnement est la suivante : la Station de Gogo alimente 17 villages
et Aroungouza 15 villages. Ces villages s'alimentent à travers des
bornes fontaines. Selon la SEEN, ils consomment près de 2 000
mètres cubes par jour. L'importance de la consommation des villages
s'explique surtout par l'afflux important des éleveurs pour abreuver
leur bétail. Toute cette consommation non prévue par la SEEN
diminue la quantité destinée à la consommation de la
ville.
3.3.3 Les autres facteurs de consommation
Zinder est une ville où les ressources en eau sont
insuffisantes. Les quelques mares qui existent dans la ville s'assèchent
précocement ces dernières années et certaines tendent
même à disparaître. Or, ces mares sont souvent des lieux de
production de briques adobes destinées à la construction des
logements. Cette situation pousse la population à recourir à
l'eau potable pour confectionner les briques et bâtir leur maison. Ainsi,
avec l'ampleur des constructions consécutive à la l'augmentation
rapide de la population, la consommation tend donc à augmenter. La
situation est aussi exacerbée par les besoins de l'industrie notamment
la tannerie et l'abattoir qui sont de grandes consommatrices d'eau.
3.4 Le problème de disponibilité d'eau
potable dans la ville de Zinder
La production d'eau potable évolue en dents de scie au
fil des années dans la ville de Zinder (figure
n°9). De 1956 à 1974, la ville est alimentée par la
station de Gogo qui traite l'eau des forages de Gogo. Cette station avait une
capacité maximale de 1 000 mètres cubes par jour. Mais la
croissance de la ville a créé très vite un
déséquilibre entre la production et la demande en eau de la
ville. C'est ainsi qu'en 1974 la création du barrage de Machaya a
été effectuée dans le cadre du projet de renforcement
d'alimentation en eau de Zinder phase II. Ce barrage a été mis en
place pour renforcer la nappe de Gogo. Des forages ont été
installés pour exploiter cette nappe, et en même temps certains
ouvrages ont été rénovés et dimensionné pour
répondre à la demande de la ville, la production est alors
passée de 1 000 mètres cubes à 7 000 voire 7 500
mètres cubes les années de bonnes pluviométries. Cette
station est au maximum de son
51
exploitation. Malgré tout la ville a continué de
s'accroitre de façon rapide, les besoins en eau aussi. A partir de 2005,
avec la mise en service de la station d'Aroungouza, la production a atteint les
11 500 mètres cubes par jour. La courbe ci-dessous montre que la
production n'a évolué que lentement en 18 ans. Les raisons de
cette évolution sont entre les faibles capacités des nappes
exploitées et leur dépendance à la pluviométrie. A
tout cela, il faut ajouter un manque d'investissement conséquent de la
part de l'Etat pour exploiter des nappes découvertes au nord
d'Aroungouza (continental Intercalaire).
Figure°9 : évolution de la production d'eau
potable de Zinder
4000000
2500000
2000000
3500000
3000000
1500000
1000000
500000
Evolution de la production d'eau potable de
la
ville de Zinder
0
productions
Années
Source : SEEN Zinder
En 2010, la SEEN a évalué à 15 000
mètres cubes les besoins de la ville. La quantité d'eau mise
à la disposition des citadins tourne au tour de 11 500 mètres
cubes ; dans lesquels il faut enlever près de 2 000 mètres cubes
pour les villages qui jalonnent depuis Gogo et Aroungouza. Ceci montre qu'il y
a un déficit d'à peu près 5 000 mètres cubes
à combler. La situation de disponibilité en eau est
inquiétante surtout quand on sait que les besoins de la ville augmentent
toujours. Pendant la période chaude, la SEEN est obligée de faire
une distribution tournante pour satisfaire le besoins minimaux des citadins.
Malgré cet effort, le problème de disponibilité se pose
avec acuité dans certains quartiers, c'est le cas du quartier Garin
Malam.
52
3.5 Le problème de disponibilité en eau
potable dans le quartier Garin Malam
Le système de distribution d'eau potable de la ville de
Zinder est gravitaire. L'eau est distribuée selon le principe de vase
communiquant. La pression de l'utilisation de l'eau diminue avec la baisse du
niveau de l'eau dans les châteaux. En effet, dès que le niveau de
remplissage des châteaux est bas l'eau perd toute la pression qui lui
permet de ravitailler l'ensemble de la ville. Or, dans la ville de Zinder,
compte tenu des besoins élevés, très souvent, l'eau
refoulée des stations transite seulement dans les châteaux pour
être distribuée immédiatement dans la ville, sans donc
permettre le remplissage des trois châteaux. Le quartier Garin Malam qui
est situé sur la pente d'un plateau de plus de 450 m d'altitude, se
trouve souvent confronté à un problème de
disponibilité de l'eau potable car l'eau n'arrive pas à remonter
pour atteindre les ménages situés sur la pente. Pendant le mois
de Mars, Avril, Mai et souvent Juin, la situation dans ce quartier se
caractérise par l'arrêt régulier de l'eau. Les bornes
fontaines et les robinets individuels deviennent généralement
secs. C'est pourquoi lors de notre enquête, 42% des ménages citent
comme principaux problèmes : le manque d'eau, la coupure et la baisse de
pression. Selon un gérant de borne fontaine du quartier, en 2010, sa
borne fontaine n'a presque pas donné l'eau d'Avril à Juin. Un
autre, affirme que dès que la saison chaude commence, il ferme sa borne
fontaine et s'adonne à d'autres activités pour subvenir aux
besoins de sa famille. Pendant cette période, les ménages sont
obligés de se déplacer dans un autre quartier pour avoir le
minimum pour leur consommation (photo n°1).
Photo n°1 : habitant du quartier Garin Malam du
retour de la recherche d'eau en mai
53
Conclusion partielle
La production d'eau potable se fait à partir des
stations Gogo-Machaya et Aroungouza. L'analyse de cette production montre
qu'elle a connu une lente évolution et de façon
épisodique. Or, la consommation en eau potable de la ville est
croissante avec l'évolution de branchements particuliers, des besoins
pour activités économiques (industrie, constructions). Cela se
traduit par un problème de disponibilité en eau potable dans la
ville. Dans le quartier comme Garin Malam la situation se pose avec
acuité car Garin Malam est situé sur la pente du plateau. Dans
certaine période l'eau n'a pas assez de pression pour remonter et
alimenter celui-ci. Les ménages de ce quartier sont obligés de
recourir à d'autre bornes fontaines de la ville pour se ravitailler en
eau.
54
Chapitre IV: DIFFICULTÉS D'ACCÈS A L'EAU
POTABLE DANS LE QUARTIER GARIN MALAM
Ce chapitre aborde les difficultés d'accès
à l'eau potable. Il s'agit de montrer comment le manque d'infrastructure
et les conditions de vie des ménages limitent un bon accès
à l'eau potable selon la définition de l'Organicien Mondiale de
la Santé.
4.1 Le réseau de distribution d'eau potable dans
le quartier Garin Malam
L'observation de la carte n°6 montre que
le réseau d'adduction d'eau potable du quartier Garin est faible. Dans
certaines parties (le nord-est et la bande sud), on constate une inexistence de
celui-ci (réseau). Ce qui ne favorise que très peu l'accès
direct des ménages au branchement particuliers. En effet, les
ménages qui n'ont pas d'accès direct sur les grandes voies et qui
sont situés au-delà de 20 m ne peuvent prétendre qu'a un
accès par extension au réseau d'eau de la SEEN. Ce qui n'est pas
facile compte tenu de la situation économique de ceux-ci.
55
56
Carte n°6 : réseau de distribution d'eau
potable du quartier Garin Malam
56
4.2. Les modes d'approvisionnement en eau potable du
quartier Garin Malam
A Garin Malam, on distingue trois modes d'approvisionnement en
eau potable : les
branchements particuliers, les bornes fontaines et les revendeurs
ou Garoua.
4.2.1 Les branchements particuliers
Les branchements particulières est le mode le plus
confortable pour un bon accès à l'eau
potable. Pour l'ensemble du quartier Garin Malam, on compte
127 ménages branchés au réseau de la SEEN, sur plus de 3
742 ménages du quartier. Ce chiffre est révélateur du
faible niveau d'accès à l'eau potable dans le quartier.
Sur les 100 ménages que nous avons
enquêtés, seuls 18 ménages disposent de branchements
particuliers dont 16 branchements pour Garin Malam B et 2 branchements pour
Garin Malam A. Les résultats de notre enquête
révèlent que les ménages dont les chefs ont comme
activité le commerce et ceux dont les chefs ont un salaire constituent
72,22% de ménages branchés. Ils sont suivis de ceux dont les
chefs exercent dans les secteurs artisanaux (menuiserie, mécanicien
...etc.) et les petits commerces avec 27,7 %.
Interrogés sur les raisons de leur non branchement au
réseau, plus de 97% des ménages affirment n'avoir pas les moyens
de le faire. Le restant des ménages évoque plutôt
d'autres
raisons (maison en location, manque du réseau d'eau
). En effet, les conditions d'accès au
branchement ne
correspondent pas aux moyens financiers d'un grand nombre des ménages.
Le devis d'un branchement à la canalisation de la SEEN distant de 6
mètres, qui est la distance minimale pris en compte par la SEEN,
s'élève à 105 000 FCFA, dont 15 000 FCFA versés au
titre de la police, qui est une caution versée au client en cas de
résiliation du contrat d'abonnement avec la SEEN. Ce devis tient aussi
compte de l'état du terrain (dur ou non dur).
Pour permettre à un grand nombre des ménages de
se raccorder, des branchements sociaux ont été entrepris en 2007,
le cout de ce branchement est de 22 000 FCFA. Ce genre de branchement est
réservé aux ménages situés à une distance
inferieur ou égale à 6 mètres de la canalisation. C'est
pourquoi beaucoup des ménages sont écartés, car ils n'ont
pas, comme nous l'avons dit plus haut, un accès direct aux canalisations
de la SEEN.
57
4.2.2 Les bornes fontaines
Les bornes fontaines sont des dispositifs placés dans
le quartier pour permettre aux populations qui ne disposent pas d'un robinet
d'avoir de l'eau potable. Au paravent les bornes fontaines donnaient
gratuitement de l'eau aux populations et étaient gérées
par la mairie mais aujourd'hui elles sont sous la coupe de la SPEEN. Cette
dernière a confié la gestion à des personnes physiques
généralement les habitants du quartier. Ces gérants sont
chargés de vendre de l'eau et d'entretenir les bornes fontaines. Ils
paient la facture mensuelle de la SEEN et gardent le restant de la somme issue
de la vente de l'eau comme leur rémunération. Tous les
gérants de la borne fontaine affirment que c'est une activité
rentable car elle leur permet de subvenir aux besoins de leurs familles.
Garin Malam compte 14 bornes fontaines fonctionnelles pour
plus de 20 000 habitants. Ce qui correspond à une borne fontaine pour
plus de 1428 habitants. Or, l'OMS recommande une borne fontaine pour 1000
habitants. Le ratio devient très faible encore quand on se
réfère aux critères fixés par l'Etat
nigérien pour qui une borne fontaine doit alimenter 250 habitants. Au
regard de ces résultats, le ratio en borne fontaine du quartier doit
être amélioré.
L'observation de la carte n°7, montre
que les bornes fontaines sont non seulement insuffisantes et aussi mal
reparties. On constate leur concentration dans la partie centrale de Garin
Malam A. Ceci pourrait s'expliquer par l'ancienneté de ce bloc et aussi
par l'importance de sa population. Par contre dans le nord et l'est du quartier
la couverture n'est pas assez satisfaisante.
o ô
o ~
Ech. 1/5000
Source: Notre Enquète
o,
1NIC,FRN IÇ,FRltarnnbrl dnn..1510fi1201? 16 F7
o \
152 7i
4 Localisation de BF Garin Malam
~pC
|
.`
|
·
·
|
LEGENDE Limite du quartier
BF
|
ECOEE
152 700
152 7011
3
-\\
GARIM
I°
·
NEOERSA
I0
C,
152 750
CINETIERE
58
Carte n°7 : localisation de bornes fontaines dans
le quartier Garin Malam
59
L'insuffisance des bornes fontaines se traduit par des longues
files d'attente. Selon notre enquête, 70% de notre population
d'étude s'approvisionnent auprès des bornes fontaines dont 86% de
Garin Malam Zone A et 54% de Garin Malam zone B. Ces chiffres traduisent
l'importance de ce mode d'approvisionnement dans ce quartier et expliquent
aussi la concentration observée auprès des bornes fontaines
(photo n°2).
Photo n° 2: longue file d'attente auprès
d'une borne fontaine
L'un des critères retenu par l'OMS pour qu'un
ménage ait un bon accès à l'eau potable, en termes de
distance, dans les centres urbains, est sa localisation à moins de 200 m
d'un point d'eau potable. Or, selon notre enquête 37% des ménages
dans Garin Malam A et 60% dans Garin Malam B parcourent une distance
supérieure à 200 m pour avoir de l'eau potable (tableau
n°3). La distance au point d'eau est une donnée d'une
importance capitale parce qu'elle détermine en partie les
quantités disponibles pour les usages domestiques et hygiéniques
notamment. La qualité de l'eau dépend également pour une
bonne part de la distance parcourue entre la source et le lieu de leur stockage
au sein du ménage. Les risques de contamination sont
élevés entre les deux points compte tenu des manipulations
successives. Il est démontré d'ailleurs par une étude au
Bangladesh qu'au-delà de 200 mètres entre l'habitation et la
borne fontaine, l'impact sanitaire de l'adduction d'eau cesse d'être
sensible (DOS SANTOS S, 2006).
60
Tableau n°3 : distance parcourue par les
ménages pour avoir l'eau.
Distance parcourue
|
Garin Malam A
|
Garin Malam
|
Total %
|
|
(%)
|
|
|
(m)
|
|
B (%)
|
|
0 -100
|
17
|
14
|
15,5
|
100- 200
|
46
|
26
|
36
|
200 à plus
|
37
|
60
|
48,5
|
Total %
|
100
|
100
|
100
|
Source : notre enquête (mars 2011)
La distance parcourue par les ménages pour
s'approvisionner en eau potable est plus frappante pendant les périodes
de pénurie dans le quartier car ils sont obligés de se rendre
dans le quartier voisin pour en avoir, soit auprès des bornes fontaines
soit auprès des ménages branchés.
Pendant cette période, selon notre enquête, 76%
des ménages parcourent entre 200m et 1 km pour avoir de l'eau et 24%
parcourent plus de 1km.
La réglementation de la SEEN fixant le prix de l'eau
potable à la borne fontaine n'est jamais observé par les
gérants de celles-ci, qui réalisent d'importants profits au
détriment des ménages pauvres. La SEEN fixe le prix de l'eau
à 10 FCFA le bidon de 20 litres au niveau de bornes fontaines, mais nos
enquêtes du terrain ont montré que ce prix est simplement
multiplié par deux 2. Le bidon de 20 litres se vend de 20 à 25
FCFA. Il ressort de notre enquête que 97% de ceux qui s'y approvisionnent
paient l'eau à 20 FCFA, soit 1000 FCFA le mètre cube, et 3% la
paient à 25 FCFA, soit 1250 FCFA le mètre cube, contre 127 FCFA
pour celui qui dispose d'un branchement individuel et dont la consommation
mensuelle ne dépasse pas les 10 mètres cubes qui est la tranche
sociale.
Le maintien de la propreté aux alentours des bornes
fontaines est une donnée importante de la qualité de l'eau
disponible sur ces points. Une clause du contrat entre la SEEN et les
fontainiers fait obligation à ces derniers de garder leurs abords
(bornes fontaines) toujours propres. Un
61
parcours de ces points de vente d'eau montre que cette clause
n'est pas respectée : flaques d'eau et ordures susceptibles de
contaminer l'eau y sont toujours présents (photo
n°3).
Photo n°3 : ordures et pailles autour d`une borne
fontaine Garin Malam
4.2.3 Les revendeurs ambulants ou Garoua
Les revendeurs d'eau ou Garoua en haoussa sont
généralement des saisonniers. Ils quittent leur milieu (village)
après la récolte pour s'installer en ville. Certains d'entre eux
arrivent à s'installer de façon définitive en faisant de
la revente d'eau pour activité principale.
Certains revendeurs possèdent leurs propres
pousse-pousse. Ceux qui ne possèdent pas, louent auprès de
certains ménages qui en possèdent à 200 FCFA la
journée.
Les revendeurs constituent un mode d'approvisionnement non
négligeable des ménages. Selon notre enquête 6% des
ménages de Garin Malam A et 3% de Garin Malam B s'approvisionnent
auprès de Garoua (photo n°4).
Leurs abonnés sont généralement des
ménages de classe moyenne (salarié et commerçants). Ils
constituent 57,2% de ceux qui font recours au Garoua. Ceci s'explique
généralement par le fait que ces ménages ont loué
les maisons qu'ils habitent et que ses maisons ne possèdent pas de l'eau
courante.
Les revendeurs achètent les 12 bidons de 20 litres
à 100FCFA pour le vendre à 300FCFA voire plus selon la saison et
la distance du lieu de leur approvisionnement. La saison chaude est reconnue
pour la cherté de l'eau due à son manque. Les revendeurs vont
s'approvisionner dans les quartiers voisins et vendre à un prix
prohibitif. Tous les revendeurs que nous nous rencontrés lors de notre
enquête affirment que la revente d'eau est une activité rentable
car elle leur permet de subvenir à leur besoins.
62
La qualité de l'eau n'est pas garantie car l'entretien
des bidons n'est pas une préoccupation pour les revendeurs.
Photo n°4: revendeur d'eau ou Garoua dans le
quartier Garin Malam
4.3 Les usages de l'eau dans le quartier Garin
Malam
Dans le quartier Garin Malam, l'eau du robinet est la seule
eau utilisée pour toutes les activités domestiques : boisson,
lessive, vaisselle, aussi bien par les ménages raccordés que par
les ménages non raccordés. Mais, pendant la saison de pluie 16%
des ménages de Garin Malam A et 5% dans Garin Malam B affirment
recueillir l'eau de pluies. Cependant, il faut noter que ces eaux ne font pas
l'objet de consommation humaine. Elles sont utilisées pour la lessive,
les toilettes et pour l'abreuvage des animaux.
4.4. La consommation d'eau potable dans le quartier
Garin Malam
La consommation par habitant nous permet de mesurer le
problème d'accès à l'eau potable dans le quartier Garin
Malam. Elle permet d'identifier les facteurs qui influencent la consommation
des ménages.
Pour les ménages raccordés au réseau, la
quantité d'eau consommée par individu que nous avons
relevée à partir de leurs factures mensuelles de la SEEN montre
que celle-ci est très satisfaisante. Elle est de 70 litres à 100
litres pour les ménages de Garin Malam B et de 49 à 69 pour Garin
Malam A. C'est donc une évidence que le branchement au réseau est
le mode d'approvisionnement le plus confortable.
63
Pour les ménages non raccordés, selon notre
enquête, la quantité d'eau moyenne consommée est de 25 ,01
litres par individu et par jour. Elle est de 24,64 litres pour la zone A et
25,38 pour la zone B. Au vu de cette moyenne, on peut dire que la
quantité d'eau consommée par individu est appréciable car
supérieure aux normes fixées par l'OMS qui est de 20 litres par
individu et par jour. Mais, ces moyennes cachent des disparités car 38%
des ménages enquêtés dans la zone A et 24% dans la zone B
consomment une quantité bien inférieure aux 20 litres.
La taille de ménages influence également sur la
quantité d'eau consommée par individu dans le ménage. Plus
la taille du ménage est grande plus la quantité consommée
par individu est réduite dans la plupart des cas pour les ménages
sans robinet. Pour les ménages possédant un robinet, la taille du
ménage constitue un facteur de consommation élevée
(tableau n°4).
Tableau n°4 : consommation d'eau par individu selon
la taille du ménage
Taille du ménage
|
0 -5
|
6 -10
|
11 - 16
|
16 -20
|
Garin Malam A
|
28l
|
21,32l
|
22l
|
17,5 l
|
Garin Malam B
|
32l
|
22,7l
|
19,86l
|
15l
|
total
|
30l
|
22,01l
|
20,93l
|
16,25l
|
Source : notre enquête
La quantité d'eau consommée varie selon le sexe
du chef des ménages. En effet, selon notre enquête la
quantité d'eau consommée par les ménages dont les chefs
sont des femmes est de 19,61 l par personne et par jour donc en dessous de la
norme fixée par l'OMS. Ceci est vrai car généralement,
c'est des ménages dont le mari (le chef du ménage) est
décédé laissant ainsi toute la charge à la femme
qui ne pratique, dans la plupart des cas, aucune activité.
La quantité d'eau consommée par individu varie
aussi selon la distance parcouru 39,28% de ménages qui parcourent plus
de 200 m ont une consommation inférieure à 20 litres, dont 50%
des ménages de Garin Malam A et 28,57% de Garin Malam B; 26,98% des
ménages qui parcourent de 0 à 100 m et 46, 15 qui parcourent 100
à 200 mètres consomment aussi en dessous de 20 litres. Même
si la diminution de la quantité d'eau n'est pas régulière
selon la distance parcourue par les ménages on peut conclure selon les
deux extrémités (26,98% et 39,28%) que la distance à un
impact sur la quantité d'eau consommée dans les
ménages.
64
Pendant la période de pénurie,
généralement en saison chaude (Mars, Avril, Mai), la
quantité d'eau consommée par individu diminue de façon
significative et même pour les ménages raccordés qui sont
privés d'eau lors des coupures plus ou moins longues. Ils sont
obligés de faire recours aux bornes fontaines du quartier qui en
disposent ou aux revendeurs d'eau. Selon notre enquête la moyenne d'eau
consommée dans l'ensemble du quartier est de 18,96 L par personne et par
jour dont 18,03 pour Garin Malam A et 19,89 pour Garin Malam B. Ces volumes
sont en dessous de la norme de l'OMS. Cette situation s'explique par le fait
que la distance à parcourir pour avoir l'eau est longue, le coût
de l'eau auprès de Garoua augmente de 50 FCFA à plus le bidon de
20 litres. Il n'est pas rare de voir des personnes parties chercher l'eau
revenir bredouilles.
Conclusion partielle
Le quartier Garin Malam est conforté à plusieurs
difficultés liées à l'accès à l'eau potable.
En effet sur les 100 ménages que nous avons enquêtés seuls
18 ménages ont un robinet dont 2 ménages à Garin Malam
zone A. Les autres font recours aux bornes fontaines et aux revendeurs d'eau.
Ils subissent des problèmes tels que la longue distance, le coût
élevé de l'eau. La quantité d'eau consommée par
individu est de 25,01 litres par personne et par jour dans l'ensemble du
quartier. Elle est supérieure aux normes de l'OMS. Cependant, plus de
38% dans la zone A et 24% dans la zone B des ménages consomment en
dessous des normes de l'OMS.
65
Conclusion Générale
Le présent mémoire a permis de comprendre le
problème d'eau potable dans la ville de Zinder.
Il ressort de l'analyse des données que la ville de
Zinder à un problème de disponibilité en eau potable. Les
deux stations, à savoir Gogo exploitées depuis 1956 et Aroungouza
(2005), avec une capacité maximale de 11 500 mètres cubes par
jour, ne couvrent plus les besoins en eau de la ville. Cette situation
s'explique par la croissance de la ville et le raccordement de 32 villages sur
les deux conduites de refoulement avec une consommation estimée à
près 2 000 mètres cubes par jour. Tous ces facteurs engendrent
une consommation élevée. En 2010, la SEEN a évalué
les besoins moyens en eau de la ville de Zinder à 15 000 mètres
cubes d'où un déficit moyen de 3 500 mètres cubes par
jour.
Dans ce contexte d'insuffisance en eau potable et avec un
système de distribution gravitaire où la pression de l'eau
dépend du contenu des châteaux, le quartier Garin Malam est
exposé au problème d'eau potable.
La précarité des conditions de vie dans les
ménages est apparue aussi comme un facteur limitant l'accès
à l'eau potable à Garin Malam. En effet, les conditions
d'accès aux branchements excluent les ménages à faible
revenu. Dans l'ensemble du quartier 127 ménages seulement sur plus de 3
742 ménages sont branchés au réseau d'eau potable. Sur les
100 ménages que nous avons enquêtés dans le quartier, 18
seulement possèdent des branchements au réseau d'eau potable dont
2 dans Garin Malam A et 16 dans Garin Malam B. Les autres s'approvisionnent
auprès des bornes fontaines ou de revendeurs. La quantité moyenne
consommée par les ménages sans robinet est de 25,01litres par
personne et par jour. Cette quantité est supérieur aux normes de
l'OMS qui est de 20 litres par j/ personne. Mais, elle cache des
disparités car 38 % des ménages enquêtés dans la
zone A et 24% zone B consomment en dessous de 20 litres par jour.
La quantité d'eau consommée par individu se
dégrade surtout pendant la période de pénurie (Mars,
Avril, Mai). Pendant cette période la quantité moyenne
consommée descend à 19,01 litres. La distance parcourue par les
ménages pour avoir de l'eau augmente de façon significative plus
de 24% de ménages parcourent entre 200 et 1000 mètres.
66
Le besoin en eau de la ville de Zinder atteint un ordre de
grandeur qui nécessite une surveillance technique spécifique plus
intensive que ce n'était le cas jusqu'ici. La résolution du
problème d'eau dans le quartier Garin Malam passe nécessairement
par celui de la ville de Zinder tout entière. Dans ce cas, il est urgent
que l'Etat investisse pour augmenter la capacité de la production de la
ville en exploitant la nappe du continental intercalaire qui est la grande de
la région.
67
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70
Annexes