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Approvisionnement de la ville de N'Djamena en bois-énergie. Ses influences sur le milieu naturel.

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par Man-na Djangrang
Université de Bangui - Maîtrise 2002
  

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B. Les facteurs naturels

Les exigences écologiques des formations végétales sont liées par la combinaison des apports lumineux, thermiques, pluviométriques, hygrométriques et anémométriques (DAJOZ, 1972 ; RIOU et al., 1997). Ces facteurs en association, interagissent et caractérisent les paysages forestiers.

1. Le climat et l'écologie forestière

La recherche du lien entre l'évolution du climat et la dégradation régressive du couvert végétal doit en réalité considérer un milieu à végétation homogène, c'est-à-dire constitué que d'essences forestières d'une même famille. Or le bassin d'approfondissement est pourvu d'espèces hétérogènes adaptées au rythme pluviométrique. DELWAULLE (1981) fait comparer les exigences écologiques d'essences forestières aux apports minimal, moyen et maximal du paramètre climatique. Suivant son principe, nous avons dressé le tableau suivant mettant en corrélation les exigences écologiques et apports climatiques pour le bassin d'approvisionnement de la ville de N'Djaména.

Tableau 16: Exigences écologiques et apports climatiques

Paramètres climatiques

Exigences écologiques

Apports climatiques

N'Djaména

Bongor

Température

(°C)

Température moy.annuelle

26-32°c

28,7°

26,7°

Température moy.men. Max.

Min.

30-37°

24-28°

33,3°

24,0°

32,4°

21,1°

Précipitation (mm)

Précipitation annuelle Min. . Moy.

Max.

400

226,1

462,9

900

568,5

805,O

1200

990,1

1135,1

Durée des saisons 100 mm.

< 30 mm.

2 à 4

2

3

6-8

8

7

Insolation

(heures)

Minimale

Optimale

Maximale

1,8

6,7

5,9

8-9

8,8

8,2

12

10

10

Vitesse de vent (m/s)

Minimale

Optimale

Maximale

0,3-1,5

1,8

-

8-20,7

2,3

-

28,5-36,9

2,9

-

Source : DELWAULLE (1981a) Complétée et mise en tableau DJANGRANG MAn-na, Décembre 2002.

Faisons remarquer que les végétaux s'adaptent beaucoup plus aux réalités quotidiennes qu'aux moyennes du climat, car, une variation journalière aura moins de conséquences sur les paysages végétaux que si elle dure dans le temps. Ne disposant pas de données climatiques à ces pas de temps, nous nous sommes contentés des moyennes annuelles et mensuelles. Notons au passage que ces données difficilement utilisables en raison de leur aspect général, faiblement significatif, ne donne qu'une idée théorique de la manifestation du climat qui ne serait suffisamment fin pour que l'on puisse déduire une évolution régressive du milieu naturel dans le bassin.

En effet, les séries pluviométriques postérieurs à 1973 que nous avons analysé précédemment, indiquent non seulement une réduction de l'ordre de 200mm, mais aussi, une plus grande variabilité spatio-temporelle. La principale variation constatée est la diminution de la pluviosité d'Août. Ce qui réduit par conséquent la fréquence habituelle de l'excédent du bilan hydrique (P-ETP) d'Août. En conséquence, les réserves en eau du sol ont une grande difficulté à se recharger. Ce qui laisse présager une faible productivité de la strate herbacée et un mauvais développement des ligneux.

Aux échelles mensuelle (durée moyenne des saisons) et annuelle (pluviosité, température, humidité relative etc.), les relations entre les paramètres climatiques et les exigences écologiques révèlent une situation controverse (Tableau 16) par exemple, la moyenne pluviométrique annuelle (226,1m) est presque deux fois moins les exigences écologiques (400mm) de nombreuses essences de la savane. Il y a donc risque de dépérissement. Cependant, la normalisation apparente27(*) de la pluviosité pendant la décennie 1990 n'a t-il pas amélioré l'équilibre écologique ?

KENNET (1986) faisait remarquer que même pendant les années déficitaires, c'est-à-dire celles où les moyennes pluviométriques annuelles sont inférieures à la moyenne de la série, le régime annuel des pluies est toujours humide. Pour lui, les années de sécheresse qui ont sévi, n'ont pas eu d'incidence majeure sur le régime pluviométrique en domaine sahélien. Cette thèse paraît se justifier, puisque l'indice d'aridité calculée à partir de la formule de MARTONE (i =P/T+10) relève des valeurs favorables à la persistance d'humidité (Tableau 17). Ainsi, le seuil d'alarme de l'aridité absolue (i<5) n'a été atteint qu'en 1984.

Tableau 17: Indice d'aridité calculé selon la formule de MARTONE

Années

Précipitations (mm)

Température (°C)

Indice d'aridité

1973

314,7

29,3

8

1983

376,1

29,3

9

1984

226,1

29,1

5

1985

341,7

28,7

8

1990

329,2

27,2

8

Source : DJANGRANG MAN-NA, Décembre 2002

Ces années réputées exceptionnellement sèches ont des valeurs très hautes. Mais, lorsqu'on examine la courbe de tendance sur le graphique d'anomalies centrées et réduites (figures 17 et 18), on se rend compte que le climat dans le bassin d'approvisionnement énergétique de la ville de N'Djaména évolue vers l'aridité.

Figure 17 : Anomalies centrées et réduites et tendance (N'Djaména - 1950-2000) d'après les données de D.R.M

Figure 18 : Anomalies centrées et réduites et tendance (Bongor - 1950-2000) d'après les données de D.R.M

Aussi, en adoptant le calcul d'indice climatique de THORNTWAITE (i - 0,1645 (P/T+12,2)10/9 (DAJOZ, 1972) qui a l'avantage de cerner de plus près la réalité, nous sommes arrivé au même résultat avec des valeurs faibles (Tableau 18).

Tableau 18: Indice climatique calculé selon la formule de TORNTWAITE des années déficitaires

Années

Précipitations

Températures

Indice climatique

19973

314,7

29,3

1,5

1983

376,1

29,3

1,9

1984

226,1

29,1

1,3

1985

341,7

28,7

1,7

1990

329,2

27,2

1,7

Source : DJANGRANG Man-na, Décembre 2002.

Or, en écologie, la répartition des pluies revêt un caractère essentiel car elle permet de connaître la période « humide » et partant la durée de la saison favorable à la croissance des végétaux (CORNET, 1976). Telle n'est le cas pour le bassin d'approvisionnement. Pour la station de N'Djaména, nous constatons que :

· Les années 1964, 1965, présentent le maximum d'irrégularité avec une pluie précoce en Mars, une longue période de sécheresse et une pluie tardive en Octobre ;

· Pour deux années recevant une même quantité d'eau (1955, 1998), la répartition des pluies diffère considérablement.

Ainsi, une telle variation de pluviosité qui conditionne l'évolution des sols ne permet certes pas un développement conséquent du couvert végétal.

* 27 Tendance générale de l'évolution pluviométrique annuelle est à la baisse.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe