UNIVERSITE
DE BANGUI REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Unité - Dignité -
Travail
********
FACULTE DES LETTRES ET
SCIENCES HUMAINES ********* DEPARTEMENT DE
GEOGRAPHIE
B. P : 1037
MEMOIRE DE MAITRISE DE GEOGRAPHIE
OPTION : Géographique Physique
APPROVISIONNEMENT DE LA VILLE DE N'DJAMENA EN
BOIS-ENERGIE : SES INFLUENCES SUR LE MILIEU NATUREL
Présenté et soutenu par :
Sous la direction de :
DJANGRANG Man - na Dr. NDJENDOLE Sylvain, Maître
Assistant de Géographie à l'Université de
Bangui.
ANNEE ACADEMIQUE
2001-2002
Résumé
N'djamena, capitale de la République du Tchad, est
située dans la zone sahélienne. De 1921 à 2000, sa
population est passée de 21000 à 900000 habitants avec une
densité de 128,5 habitants à l'hectare. Les conflits armés
et les famines, causes des mouvements migratoires, sont responsables de son
accroissement. Les difficultés d'accès aux sources
d'énergies modernes obligent la population à utiliser le
bois-énergie. Plus de 92,7% de ses besoins énergiques domestiques
sont couverts chaque année par l'exploitation des ressources ligneuses
(155 667 m3) dans un bassin d'approvisionnement de 72 900
km². Le mode de production traditionnelle et la variabilité
pluviométrique interannuelle ont entrainé une régression
de la couverture végétale et la dégradation d'état
de surface. Les conséquences sont entre autres la disparition des
ressources fauniques, la modification du micro climat et la perte de la
fertilité des sols. Pour freiner ce désastre écologique,
des mesures proposées vont de la modification
structuro-économique d'approvisionnement à l'intégration
et la vulgarisation d'autres sources d'énergie.
Mots clés : N'Djamena,
énergie domestique, milieu naturel, état de surface.
Summary
N'Djamena, the capital of the Republic of Chad is situated
in the sahelian zone. From 1921 to 2000 its population increased from 21000 to
900000 inhabitants with a density of 128,5 inhabitants per hectare. Armed
conflicts and famine, causes of migratory movements, are responsible for its
growth. Difficulties for access to the modern sources of energies compel it to
use wood-energy (for fire wood). More than 92,7 percent of its domestic energy
needs are met each year by the exploitation of ligneous resources (155667
m3) from a supplying basing of 72900 km². The traditional
method of production and the change rainfall variability have led to the
decline of vegetation and degradation of the surface area state. Consequences
are among other things. The disappearance of faunal resources, the modification
of micro climate and the loss of the fertility of the soils. To check this
ecological disaster, proposed measured range from the structure economic
modification of supply to the integration and vulgarisation of other sources of
energy.
Keys words: N'Djamena, domestic
energy, natural milieu, surface area state
Sommaire
RÉSUMÉ
I
SUMMARY
I
DÉDICACE
III
REMERCIEMENTS
IV
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
PREMIERE PARTIE
8
L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE
8
CHAPITRE 1 : L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE
ET LA MOBILITE DE L'ESPACE URBAIN
9
CHAPITRE 2 : LES FACTEURS DU MILIEU
19
DEUXIEME PARTIE
37
CHAPITRE 3 : LES BESOINS
ÉNERGÉTIQUES
39
CHAPITRE 4. LES FACTEURS DE LA MUTATION DU MILIEU
NATUREL DU BASSIN D'APPROVISIONNEMENT DE LA VILLE
58
CHAPITRE 5 : INFLUENCES DE DÉBOISEMENT
SUR LE MILIEU NATUREL ET LA CARTOGRAPHIE DES ÉTATS DE SURFACE
65
LES ENJEUX DE LA POLITIQUE FORESTIÈRE ET LES
MESURES A PRENDRE
76
CHAPITRE 6 : LES ENJEUX DE LA POLITIQUE
FORESTIÈRE ET LA PRODUCTION DU BOIS ÉNERGIE POUR LA VILLE DE
N'DJAMENA
78
CHAPITRE 7 : LES MESURES A PRENDRE
86
CONCLUSION GÉNÉRALE
93
BIBLIOGRAPHIE
97
ANNEXE I
101
ANNEXE II
104
ANNEXE III
105
DÉDICACE
A mes enfants,
Ce travail est le fruit du courage de votre père, qu'il
vous serve d'exemple et que vous pussiez faire mieux que papa.
Remerciements
L'élaboration de ce mémoire est rendue possible
grâce à l'apport de plusieurs personnes dont le degré de
participation de chacun relève du rôle précis qu'elle a
joué dans cette circonstance combien historique dans notre vie. Leur
contribution tant technique, morale et matérielle constitue pour nous
une dette morale. Ainsi, avant de présenter ce mémoire aux
lecteurs, qu'il nous soit permis de leur adresser toute notre gratitude.
Nos remerciements sont d'abord adressés à M.
Sylvain NDJENDOLE, Enseignant chercheur, Directeur Général des
Bourses, de la Formation et des Analyses Sociales qui, malgré ses
lourdes charges administratives, a bien voulu accepter nous guider tout le long
de l'élaboration de ce travail. Qu'il veuille accepter ici l'expression
de nos reconnaissances toutes particulières.
Je remercie vivement Marcel KEMBE, Assistant de
Géographie pour l'accueil bienveillant qu'il m'a réservé
à chacune de mes visites et pour les conseils qu'il m'a prodigués
dans mes recherches.
Je témoigne une profonde reconnaissance à M.
Jean-Claude BOMBA, Marcel KOKO de leurs enseignements dispensés lors des
séminaires de notre année d'étude. Je les remercie aussi
d'avoir su, par la suite, continuer à me prodiguer des conseils et
inculquer leur foi et leur enthousiasme.
Je remercie Pierre RANDAH, consultant à l'Environnement
à la CEMAC (Communauté Economique Monétaire de l'Afrique
Centrale) avec qui j'ai eu des fructueuses discussions sur le changement
climatique.
Je rends également hommage à mes anciens
maîtres : M. Alain BEAUVILAIN, NGARASSEM NGOLTOBO, tous,
Maîtres de Conférences à l'Université de
N'Djaména qui ont contribué à ma formation lorsque
j'étais élève à l'Université du Tchad.
J'exprime ma gratitude à M. Babakar MATAR,
ingénieur en foresterie, M. NATODJIM Maurice, bibliothécaire au
Centre de documentation à l'Alliance Française de Bangui, M.
AHMAT AGALA, Directeur de la Protection des forêts et de la lutte contre
la désertification pour m'avoir permis l'utilisation de leurs fonds
documentaires. Je remercie tout particulièrement leurs collaborateurs
respectifs qui ont participé aux recueils des données
climatologiques, écologiques, etc.
Je dois une reconnaissance toute spéciale à M.
Guy Florent ANKOGUI MPOKO, Chef de Département de Géographie
à l'Université de Bangui, Bertin OUAKANGA, maître en
Géographie et Technicien en Géomatie qui m'ont aidé
à la réalisation des cartes et figures illustrant cet ouvrage
ainsi que Clément DJAOUSSOU et AGOLOM D. Isaac qui ont assuré la
dactylographie du texte.
Je remercie également M. Paul GUEDERGUE,
Ingénieur Adjoint en Travaux Publics qui m'a aidé dans certaines
recherches et aussi dans les films des images lors des enquêtes de
terrain.
C'est aussi l'occasion de dire toutes nos reconnaissances
à M. Moussa TELET, Me Béchir MADET, Moïse VALANSA et Mme
Solange KADMIEL pour leur apport financier, moral et spirituel, sans lesquels
ce travail ne verra le jour.
Introduction
générale
1. Contexte
Depuis plus de trois décennies, le Tchad, à
l'instar des autres pays du Sahel, connaît deux contraintes majeures qui
entravent son développement socio-économique. Il s'agit d'une
part d'une crise conjoncturelle politique depuis les premières
années de son indépendance et d'autre part d'une crise climatique
quasi-permanente qui entravent le fonctionnement des activités
agro-sylvo-pastorales. Ces deux contraintes, tout en déstabilisant
l'organisation d'ensemble des activités de développement et des
structures de l'Etat, ont occasionné d'importants mouvements de masse de
la population vers des régions jugées accueillantes et plus
sécurisantes : les villes et les périphéries
urbaines.
Dans les années 80, les migrations (54% venus des
campagnes et 34% des autres villes) (BOURDETTE, 1998) ont atteint leur niveau
le plus élevé avec la grande sécheresse de 1983-1984.
Dès lors, une zone de concentration1(*) est créée autour de la ville de
N'Djaména qui constitue un pôle d'attraction important pour les
ruraux espérant une vie meilleure. Mais la succession des
sécheresses et l'inadaptation de la structure socio-économique
défavorable ont eu pour conséquences d'énormes
difficultés pour les paysans : déficit alimentaire et
budgétaire, déséquilibre financier, etc. Ces
difficultés ont engendré une concentration démographique
à N'Djaména.
L'évolution de la croissance de la population est
aussi marquée par le développement de la ville. Les gains
périphériques sont si importants que chaque année 88,1
hectares en moyenne2(*) des
terres sont gagnées sur le milieu naturel.
La concentration de la population a créé une
forte demande de bois-énergie. La consommation du combustible ligneux
à N'Djaména, comme énergie domestique n'est pas un choix,
mais une nécessité, car sur le plan de disponibilité et
coût, il reste le plus accessible. D'après les statistiques
d'Energy Secteur Management Progres (ESMAP, 1993), le bois de chauffe et le
charbon de bois couvrent plus de 97% des besoins énergétiques.
L'Agence pour l'Energie Domestique et l'Environnement (EDE, 2001) estime ces
besoins à environ 464 589,61 m3. Pour satisfaire cette forte
demande d'énergie qui semble dépasser les ressources disponibles
immédiates, un secteur économique s'est constitué ;
il met en relation les professionnels divers et les consommateurs urbains. La
pression exercée sur les « massifs forestiers »
existants par les exploitants se traduit par l'existence de nombreuses poches
de déforestation dans les zones péri-urbaines et de plus en plus
dans les zones rurales d'exploitations. Le phénomène semble
s'accélérer à cause de l'augmentation de la population
pauvre en ville venue des campagnes. Pour LESTER (1998), « les
questions d'environnement et de développement de la population sont
extrêmement liées ». La pauvreté semble
être un facteur de dégradation écologique, puisque les
pauvres doivent se tourner vers des ressources naturelles fondamentales
dont-ils dépendent.
En fait, la dégradation du milieu naturel du bassin
d'approvisionnement de la ville en bois-énergie implique une occupation
et une exploitation irrationnelle de l'espace dont certains
éléments explicatifs pourraient trouver leurs fondements dans
l'intrusion de l'économie dite marchande dans les systèmes de
production fondamentalement traditionnels. L'exploitation des ressources
naturelles à des fins d'énergie domestique n'est pas un fait
récent, mais « la pression avec laquelle elle est
produite aujourd'hui comme si elle était une société en
liquidation » DAILY (1998), doit interpeller le monde paysan et
l'Etat à une gestion des ressources ligneuses liée à la
« somme des comportements individuels, mais aussi des agents
économiques » (LESSOURD et al., 1994).
Le prélèvement en nombre croissant de
bois-énergie sur « la forêt » par des nouveaux
acteurs économiques de plus en plus nombreux et très peu
organisés, constitue une menace de taille : l'épuisement du
patrimoine forestier, appauvrissement des sols et par endroits
dégradation de la végétation tendant vers la
« désertification ». Ce qui laisse supposer une
tendance vers une crise spécifique au bois-énergie dans l'avenir.
Pour assurer l'approvisionnement de la population de N'Djaména en bois
de chauffe et de charbons de bois dans des conditions écologiquement
suffisantes, des efforts et des moyens doivent être
déployés par le gouvernement. A travers les différents
projets forestiers et les actions d'économies d'énergie,
lancés par l'Etat, depuis quelques années, aucun signe
d'inversion des tendances à la consommation de bois-énergie n'est
perceptible. Ainsi, les difficultés d'approvisionnement commencent
à se faire sentir.
2. Problématique
Les tendances à la dégradation écologique
sont perceptibles ; les « forêts » se
rétrécissent, le « désert » gagne du
terrain vers le Nord et l'érosion ronge le sol. Nous espérons que
seul un effort de tous, c'est-à-dire, de la population rurale et
urbaine, puis de l'Etat peut arrêter la détérioration du
bassin et permettre de sauvegarder cette ressource naturelle. Pour ce faire
faut-il que le gouvernement puisse dégager quelques ressources pour le
reboisement, ralentir la croissance démographique tant rurale qu'urbaine
et mettre au point de modes de production d'énergie qui permettront de
stabiliser la dégradation du milieu naturel ? A cet effet, l'objet
principal de ce travail qui s'intitule
« Approvisionnement de la ville de N'Djaména en
bois-énergie et son influence sur le milieu
naturel » ambitionne d'élucider les questions
suivantes.
· Si les combustibles ligneux ne doivent plus alimenter
la population, par quoi seront-ils remplacés ?
· Si la consommation de bois énergie mène
à l'épuisement des ressources, c'est-à-dire à la
dégradation du couvert végétal, comment la population de
N'Djaména pourrait-elle satisfaire ses besoins
énergétiques ?
Une analyse des interactions entre ces divers
éléments que sont la démographie, l'alimentation en
énergie domestique de la population de N'Djaména, le climat et la
dégradation de l'environnement, constitueront l'essentiel de ce travail
subdivisé en trois grandes parties.
3. Plan
Dans la première partie, nous analyserons le contexte
socio-politique, historique et climatique comme éléments
explicatifs de la mutation du milieu naturel.
La seconde partie présente la situation
énergétique du bassin d'approvisionnement, puis donne une analyse
des consommations d'énergies modernes et des ressources
disponibles ; ensuite, les incidences de la collecte de
bois-énergie sur l'état des surfaces par des moyens
cartographiques.
La dernière partie porte sur ce qu'il convient
d'appeler la « crise du bois-énergie » : les
mesures à prendre dans la lutte contre les abus sur les
« massifs forestiers ».
4. Données et
méthodologies
Pour l'étude des relations entre le climat,
l'écologie forestière et le prélèvement de
bois-énergie pour l'approvisionnement énergétique de la
population de N'Djaména, deux types de données ont
été utilisées : les données qualitatives et
les données quantitatives.
a. Les données
qualitatives.
Les données qualitatives sont nécessaires
à la connaissance du passé écologique et climatique de
notre zone d'étude et du mode de vie de la population de
N'Djaména à travers les récits de ladite population et
ceux des autorités administrative et politique. Ainsi nous avons pu
faire le point de la situation géographique du milieu pour en relever
les potentialités et les contraintes par la recherche documentaire et de
terrain. Ceci a nécessité un séjour dans la zone
d'approvisionnement précédé d'un certain nombre de travaux
préparatoires :
· L'élaboration de deux guides d'entretien
(annexe I) : l'un adressé aux producteurs - exploitants dans la
zone de production de bois de chauffe et de charbon de bois ; l'autre
destiné aux commerçants - vendeurs des produits ligneux en ville.
En ville, les quartiers enquêtés étaient Chagoua et
Dembé : deux quartiers représentatifs de la situation
d'échanges commerciaux. L'un des buts qui a motivé notre choix
est aussi leur situation. Le quartier Chagoua constitue un point de contact
avec le monde rural et est traversé par un axe porteur d'intenses
activités humaines. Quant au quartier Dembé ; il est le lieu
de dépôts importants de ventes des produits ligneux.
· L'élaboration d'une cartographie du bassin
d'approvisionnement à partir des images satellitales LANDSAT (mai 2001).
La couverture cartographique a permis la localisation géographique des
ressources forestières, l'analyse des états de surface pouvant
servir de base à un suivi écologique. Le but était de
déterminer dans le bassin des ensembles homogènes des formations
végétales susceptibles d'avoir connu une mutation.
b. Les données
quantitatives.
Les données quantitatives concernent les données
climatologiques : la pluviométrie, la température,
l'humidité relative de l'air, le vent, l'insolation et
l'évapotranspiration potentielle, l'écologie, etc.
Ces données ont été recueillies au pas de
temps mensuel et annuel à la Direction des Ressources en Eau et de la
Météorologie (DREM) à N'Djaména. Il s'agit des
données de la station de N'Djaména et de Bongor situés
dans le bassin d'approvisionnement énergétique de
N'Djaména. Même si on note des lacunes dues à
l'irrégularité des mesures (suite à la guerre), les
données disponibles sur plus de quatre décennies nous permettent
d'analyser la situation climatique.
Les données écologiques intéressent
l'inventaire forestier, la répartition des aires des domaines
végétaux, le coefficient d'occupation du sol des espèces
végétales, les potentialités de production, etc. Ces
données écologiques ont été recueillies
auprès des différents services : Agence pour l'Energie
Domestique et l'Environnement (AEDE), le Ministère des Eaux et
Forêts et de la Protection de l'Environnement (MEFPE).
5. Analyse des données
L'une des étapes préalables à l'analyse
de ces données quantitatives est l'examen de leur fiabilité.
Parmi les multiples méthodes de vérification de la
fiabilité des données, nous avons adopté celle du double
cumul. Cette méthode a pour but de vérifier les erreurs qui
peuvent surgir dans les données soit à la mauvaise méthode
d'observation (agent non qualifié), soit à la qualité des
instruments ou encore à l'emplacement de ceux-ci. Dans les deux
stations, les erreurs observées étaient dues non à
l'exposition des appareils, ni à leur qualité, mais aux
relevés par des agents de l'administration publique (station de Bongor)
et les conflits politico-militaires qui ont occasionné des interruptions
dans les enregistrements.
Pour les données climatologiques, les lacunes qui
correspondent soit à des données manquantes, soit à des
données erronées sont inférieures à 5% et donc ont
été corrigées par la méthode d'interpolation
linéaire.
Par contre, la plupart des données écologiques
et les statistiques ont été obtenues grâce au traitement
informatique des cartes et d'enquêtes de terrain.
L'étude des données climatiques au pas de temps
mensuel et annuel a été faite sur une période
d'observation allant de 1950 à 2000. Les résultats des analyses
sont présentés sous la forme des tableaux, figures et cartes
réalisés au moyen des logiciels Excel et MapInfo Professionnel
5.0 du Laboratoire de Cartographie et d'Etudes Géographiques (LACEG) du
Département de Géographie de l'Université de Bangui. Ils
résument les moyennes annuelles, mensuelles et journalières d'un
certains nombres d'éléments climatologiques et
écologiques.
6. Difficultés.
Comme tout travail de recherche, quel que soit sa nature, il
est lié à un certain nombre de difficultés qui peuvent
influencer positivement ou négativement la qualité du travail.
Ils étaient de plusieurs ordres : socio-culturelles,
matérielles et financières.
Dans le bassin d'approvisionnement, la société
est fortement hiérarchisée. L'attitude de certaines personnes,
pourtant mieux indiquées pour fournir des informations et qui se sont
montrées circonspectes et réticentes à notre égard,
ne nous a pas permis de collationner les informations et réaliser des
photos comme on le voulait.
Aussi, dans une certaine mesure, nous étions
considéré comme un agent forestier. Cet état de fait a
rendu plus difficile la collecte des informations dans les zones de
productions. Toute fois, notre présence sur le site pendant plusieurs
jours a permis de les rassurer.
La plus grande difficulté est celle rencontrée
lors de comptage au poste de contrôle forestier à Walia. Les
agents forestiers ont refusé qu'on fasse place à
côté d'eux. Mais l'intervention du Délégué
régional a permis de les remettre à l'ordre deux jours plus
tard.
De plus, il s'est posé le problème
d'accès aux fichiers informatiques sur les images satellitaires. Nous
avons pu surmonter cette difficulté grâce à l'appui de
BABAKAR Matar de l'Agence pour l'Energie Domestique et l'Environnement (AEDE)
qui a mis à notre disposition ; matériel informatique et la
scène satellitaire LANDSAT TM acquise en 2001.
A celles là, viennent s'ajouter les difficultés
financières, matérielles et notre mauvais état de
santé lors de nos travaux de terrains.
Figure 1: Carte de
localisation de la zone d'étude (Bassin d'approvisionnement de la ville
de N'Djaména en bois-énergie)
PREMIERE PARTIE
L'ENVIRONNEMENT
SOCIO-ECONOMIQUE
Chapitre 1 : L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE ET LA
MOBILITE DE L'ESPACE URBAIN
Un secteur ne peut être mieux analysé que
lorsqu'on le situe dans son environnement socio-économique. Le bassin
d'approvisionnement de N'Djaména situé entre la zone soudanienne
au sud et le domaine saharien au Nord, couvre une superficie de 72 900
km2. Ce secteur renferme une proportion importante des migrants. Le
dernier Recensement Général de la Population de 1993,
dénombre 776 939 habitants, soit une densité de l'ordre de 10,6
habitants au km2. La concentration de la population dans cet
environnement écologiquement fragile s'est traduite par la mutation du
milieu naturel tant en zone rurale qu'urbaine. Ainsi, pour appréhender
le fonctionnement du milieu physique d'une part et les rapports
socio-économiques qu'entretiennent les différents acteurs avec la
ville de N'Djaména d'autre part, nous sommes amené à
travailler à différents stades : Le stade régional
(le bassin d'approvisionnement, (figure 1) et local (la ville
de N'Djaména, (figures 2 et 3)).
A. La ville de N'Djaména : une localisation
préférentielle héritée de l'histoire.
1. Le cadre historique.
D'après les travaux de BOURDETTE (1998), le Tchad, avec
un taux d'urbanisation de 21,4%, apparaît comme l'un des pays les moins
urbanisés de la sous région d'Afrique Centrale. Son réseau
urbain est composé de 44 villes de moins de 5 000 habitants et de 40
villes de plus de 5 000 habitants.
En l'absence d'une véritable politique d'urbanisation
et d'aménagement du territoire, il s'en est suivi une urbanisation
accélérée, anarchique, largement alimentée par
l'exode rural. Ce mouvement migratoire est provoqué par
l'insécurité grandissante, l'appauvrissement de la population et
les sécheresses récurrentes en milieu rural.
N'Djaména3(*), la capitale, anciennement Fort-Lamy, est
créée en 1900 par le commandant DESTENAVE le 22 Avril de la
même année après la bataille de Kousseri qui l'avait
opposé à Rabah4(*). DESTENAVE installe alors son poste de commandement
face à Kousseri, au confluent du Logone et du Chari, sur l'emplacement
d'anciens villages disparus. Il donne à ce poste le nom de Fort-Lamy.
Jusqu'en 1920, Fort-Lamy ne fut donc qu'une
« bourgade » qui se développa peu à peu sans
dépasser le cadre d'un gros village vivant de sa garnison. Erigé
en commune mixte en 1920, lors de la séparation du territoire du Tchad
de l'Oubangui (BOUQUET, 1982), Fort-Lamy deviendra en 1940, à l'occasion
de la deuxième Guerre Mondiale, la plaque tournante de l'Afrique
centrale pour les communications terrestres et aériennes des
Alliés5(*).
Lors de la proclamation de la République du Tchad en
1958, puis de l'indépendance en 1960, Fort-Lamy, devint naturellement la
capitale du Tchad. Elle sera rebaptisée en 1973,
N'Djaména6(*) par le
Président NGARTA TOMBAL BAYE.
La ville de N'Djaména est une agglomération
où se mélangent toutes les ethnies, les religions et les langues.
Elle comptait jadis quatre quartiers : Djambal-Ngato, Gardolé et
Bololo. Pour les besoins de la guerre, on construisit tout d'abord des
casernes, des logements, des dépôts, etc. Puis ce fut le
début de l'exode rural et les constructions en terres
s'étendirent progressivement vers le Nord. Après la guerre, les
rues furent tracées et Fort-Lamy se développa dans tous les
domaines et de nouveaux quartiers naquirent comme en témoigne la
figure 2. Ceux à vocation administrative, commerciale,
« industrielle » et d'autres résidentielles. Des
magasins et des banques s'implantèrent, les rues furent bitumées,
un château élevé, mais c'est surtout après
l'indépendance que la ville connut un essor considérable.
2.
Un croît démographique accéléré et une
mobilité spatiale du bâti.
A. a. Un croît démographique
accéléré.
Selon le recensement général
démographique et de l'habitat de 1993, la population du Tchad
était repartie de la façon suivante (tableau 1) :
Tableau 1:
Répartition de la population de N'jaména selon les sexes en
1993
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
N'Djaména (urbain)
|
287 030
|
244 525
|
529 555
|
Tchad
|
3 035 915
|
3 252 347
|
6 288 261
|
Source : BCR (1993)
Si la croissance démographique était faible au
début de l'époque coloniale, la situation a évolué
après l'indépendance pour aboutir aujourd'hui au doublement de la
population. Les ordres de grandeur connus confirment ce constat (tableau 2 et
figure 3).
Tableau 2 : Evolution de la
population de N'Djaména de 1921 à nos jours
Années
|
Effectifs de la population en nombre d'habitants
|
Chiffres officiels
|
Estimations administratives
|
1921
|
2 100
|
-
|
1930
|
9 540
|
-
|
1940
|
12 100
|
-
|
1954
|
32 783
|
34 600
|
1960
|
90 600
|
-
|
1968
|
123 180
|
-
|
1975
|
219 436
|
-
|
1993
|
529 555
|
-
|
2000
|
-
|
900 000
|
2010
|
-
|
1 700 000
|
Source : BCR (1993)
Figure 2: Carte de
l'évolution de l'espace bâti à N'Djaména de 1921
à nos jours
Figure 3: Courbe
d'évolution de la population de la ville de N'Djamena de 1921 à
2000
D'après les chiffres du tableau n° 2, la
population a été multipliée par 9,9 de 1960 à 2000.
Pour cette dernière année, les habitants de N'Djaména
représentent plus de 10% de la population totale. Deux facteurs
expliquent ce phénomène : la baisse de la mortalité
due aux meilleurs soins et les mouvements migratoires qui drainent vers la
ville des jeunes ruraux. Une telle concentration a entraîné une
occupation anarchique de l'espace.
B.
b. Une évolution de l'espace bâti liée à la
croissance de la population.
C'est surtout durant les années 50 que la ville s'est
étendue vers l'Est avec la création des quartiers de Chagoua et
Ridina. Proclamée capitale du Tchad, la ville a connut une réelle
progression à partir de 1974 comme présenter à la
figure 3 et au tableau 3 ci-après.
Tableau 3 :
Évolution de l'espace bâti dans la ville de N'Djaména de
1921 à 2000
Années
|
Superficie (ha)
|
Population (estimation)
|
Population moy. Par ha
|
Extension moy.an. (ha)
|
1921
|
38,3
|
2 100
|
54,8
|
-
|
1930
|
144,8
|
9 540
|
65,9
|
11,8
|
1968
|
1 129,6
|
117 135
|
103,7
|
25,9
|
2000
|
7 000
|
900 000
|
128,6
|
183,4
|
Source : d'après le BCR et le Cadastre,
complété par l'auteur.
Figure 4 : Chronogramme
d'évolution de l'espace bâti en rapport avec la population
à N'Djaména d'après les données de BCR et du
Cadastre complétées par l'auteur.
Cette figure montre une nette extension spatiale de la ville
après les années qui suivirent l'indépendance,
malgré la première et deuxième bataille de
N'Djaména de 1979 à 1980 qui ont vidé la ville de ses
habitants. Ils ne revinrent que dans les années 1982-19837(*) après la prise de pouvoir
par Hissen Habré qui tenta de réorganiser les affaires
administratives. On assista dès lors à une extension rapide de la
ville qui se développe très fortement vers l'Est (Chagoua,
Dembé, Abena) et moins à l'Ouest (Farcha, Milezi). La crainte
d'un nouveau conflit civil à N'Djaména est l'une des causes qui
explique cette préférence d'une part, et d'autre part, le
coût des loyers (3000 à 4000 F.Cfa une pièce) et le prix
élevé des matériaux de construction obligèrent
alors les nouveaux arrivants à s'installer dans la
périphérie pour y ériger des habitats précaires.
Près du tiers de la population s'installa donc à l'Est, hors de
la voie de contournement dans les terrains particulièrement inondables.
La ville se développa de façon spontanée et parfaitement
anarchique à l'Est et de manière plus légale et plus
ordonnée à l'Ouest et au Nord-Est, sous la forme de grands
lotissements mis en oeuvre par la Direction de l'Urbanisme et du cadastre
(figure 2).
Aussi, les bas-fonds et les risques d'inondations dues
à la pluie font qu'il existe de très fortes contraintes
urbanistiques (figure 5). Ainsi, le logement, la santé,
l'alimentation en eau, l'enlèvement des ordures,
l'électrification et même son approvisionnement en
bois-énergie sont autant de problèmes qui se posent, comme le
déplorait NABIA B. (1997) : « Le manque de structures
pour évacuer l'eau fait que la plupart des habitations en terre ne
résistent pas à la pluie et offrent au milieu des
éboulements, des eaux usées et des pistes crevassées, un
spectacle pitoyable ».
L'extension de la ville, constitue en elle-même un autre
type de difficultés car l'aéroport et les installations
militaires qui sont situées à la périphérie,
bloquent tout développement vers le Nord-Ouest.
Répartie aujourd'hui en huit arrondissements, la ville
de N'Djaména tente donc de s'étendre de façon plus
méthodiquement vers l'Ouest où est prévue l'implantation
d'un nouveau quartier industriel (figure 5) avec en
complément, les installations d'hydrocarbures, les abattoirs de Farcha,
le marché de poisson de Milezi, le jardin d'essai, la
pépinière et les sous produits de l'élevage.
Rappelons que la ville est située sur une plaine
alluviale (294-298m). Les fortes crues du Chari qui peuvent atteindre 9 m par
rapport au niveau d'étiage, sont contenues par endiguements
artificiels. Aussi, les risques d'inondations en cas de crues
décennales, voire centenaires (BILLON et al, 1974) subsistent, d'autant
plus que les extensions de la ville se sont orientées vers des zones
plus basses et, donc plus vulnérables aux inondations.
Il existe en revanche à N'Djaména des zones
réservées telles que le « champ de fils »
pour l'équipement de l'Office National de Postes et
Télécommunication (ONPT), Télécoms, Agence de
Sécurité et de la Navigation Aérienne en Afrique et
Madagascar (ASECNA), France Câble, Radio Tchad, ainsi qu'une bande
prévue pour les espaces verts où les populations se sont
spontanément installées. Cette occupation anarchique fut à
l'origine d'un ordre de déguerpissement en Août 1986. Suite
à cette mesure, les constructions illégales de ces quartiers ont
été rasées et il s'en est ainsi suivi plus de 3000
demandes de parcelles. Celles-ci ont été agrées
grâce à l'acquisition depuis la fin de l'année 1994
d'autonomie financière de la Mairie. Depuis cette date, d'importants
projets visant à orienter l'extension de la ville à l'Ouest, vers
des zones plus saines, en limitant l'extension spontanée vers l'Est ont
vu le jour. Parmi ces projets, on peut retenir la percée de la voirie
à Chagoua, Abéna (quartiers Est) pour restructurer les
communications entre les quartiers, la création des voies primaires au
centre ville selon un axe Nord-Sud, pour créer un autre
itinéraire, une grande voie structurale ; véritable digue
destinée à protéger la ville des inondations du fleuve en
même temps qu'une limite stricte au développement de
l'urbanisation.
Figure 5: Carte des
principaux facteurs de croissance urbaine de N'Djaména
(2000)
L'implantation de la population à N'Djaména
n'était pas au début guidée par un plan d'occupation. Les
quelques tentatives d'organisation d'espace urbain se sont soldées par
des échecs du fait d'ordre sociologique8(*). Au moment où l'administration tente de lotir
des terrains à l'Ouest, les populations venant du Sud, s'implantent
anarchiquement en dehors de la voie de contournement, limite stricte au
développement de l'urbanisation à l'Est. Tout ceci se fait aux
dépens du paysage naturel qui subit une double pression : l'une
relative à l'implantation des nouveaux immigrants qui cherchent à
s'abriter (gain d'espaces sur le milieu naturel), l'autre tient au fait de la
croissance grandissante de la population urbaine avec son corollaire
l'augmentation des besoins en énergie de bois de chauffe et ses
dérivés.
La dégradation du paysage naturel n'est pas à
mettre à l'actif seulement de la croissance de la population, mais tient
aussi en partie des facteurs du milieu qu'il est nécessaire
d'étudier.
Chapitre 2 : LES FACTEURS DU MILIEU
Le but de ce chapitre est de décrire notre zone
d'étude, du point de vue milieu naturel et climatique. Plusieurs travaux
y ont déjà été consacrés (PIAS, 1970, GOUDET
1961, BILLON et al., 1974, CABOT, BOUQUET 1973,..). Aussi
reprendrons-nous très rapidement les principales données
relatives au relief et à l'étude pédologique des sols en
relation avec la végétation. Nous examinerons les
caractéristiques climatiques tout en insistant sur la
pluviométrie qui en zone sahélienne joue un rôle
prépondérant dans l'évolution du peuplement ligneux.
A. Le milieu naturel.
1. Le relief et
l'hydrographie.
Notre zone d'étude se situe dans le bassin du lac
Tchad. Il est séparé du bassin du Congo par la dorsale
« centrafricaine » qui constitue une ligne des partages des
eaux des deux bassins (BILLON, 1974). Son relief est rigoureusement plat, mais
présente une succession de dépressions inondées pendant
les hautes eaux par le Logone et le Chari. Ces deux cours d'eau appartiennent
au bassin hydrographique du Chari (600.000 Km2) (BOULVERT, 1996).
Le Logone, long de 1000 km, prend sa source dans les plateaux
de l'Adamaoua (Cameroun). Il reçoit de part et d'autre de son cours,
des eaux de la Mbéré, la Lim et de la Pendé qui
grossissent son cours supérieur. Son régime est
caractérisé par une crue qui débute avec le commencement
de la saison des pluies (mai-juin). Le Logone connaît ses plus hautes
eaux en Juillet-Août. C'est pendant cette période que la grande
partie des trafics de bois et charbon de bois est réalisée par
radeaux et pirogues. La décrue est régulière dès la
fin de Novembre. L'étiage se situe en Mars-Avril. Pendant la plus
forte crue, le Logone inonde les plaines environnantes par ses
déversements qui serviront de champs de culture de décrue
(béré-béré) lors des descentes des eaux et
d'exploitation de bois-énergie.
Par contre le Chari, résulte de la jonction de
plusieurs rivières venant de la République Centrafricaine
(Gribingui, Bamingui, Bangoran), dont la plus importante est Ouham. A partir de
N'Djaména, le Chari recoupe le Logone et coule en direction du
Lac-Tchad. Comme le Logone, son régime y est sensiblement identique.
La crue débute en Juin pour atteindre son maximum en Octobre-Novembre
(2500 à plus de 4000m3/s suivant l'année
considérée à N'Djaména). La décrue est
régulière à partir de Novembre et l'étiage a lieu
en Avril-Mai (moins de 150m3/s). Pendant la saison sèche, son
défluent le Bahr-Erguig n'est qu'une succession des mares
Malgré leur courte période de navigation, le
Chari et le Logone constituent à partir de N'Djaména des zones
d'intenses activités de pêche. Ils permettent en outre,
l'acheminement de bois de chauffe (par radeau) et charbon de bois à
N'Djaména.
Sur ce relief où la pente s'incline du Sud vers le
Nord, on a des sols qui présentent toutes les caractéristiques
physiques chimiques et biologiques des régions sahéliennes (PIAS,
1947).
2. Les sols et les formations
végétales
L'étude des sols était réalisée
par PIAS (1947). La répartition et la nature de ces sols sont
liées au climat, à la végétation et au
modelé. D'après les travaux de MARIUC et al., (1961) et
BOCQUIER (1973), les sols évoluent selon une toposéquence allant
du sommet au centre de dépression. Ils constituent l'expression de la
zonation du couvert végétal.
D'après les divisions phytogéographiques de
GRONDARD (1964), le Tchad appartient à la région du domaine
tropical subdivisé en trois sous domaines (soudanien, sahélien et
désertique). Notre zone d'étude se situe dans le secteur
sahélien. Les limites de ce secteur coïncident avec l'aire des
épineux au Nord et l'aire des Combretum glutinosum au Sud.
PIAS (1960) en étudiant les paysages naturels du Tchad,
distingue trois formations végétales dans le bassin
d'approvisionnement énergétique de la ville de
N'Djaména : les savanes arborées denses, les savanes
arbustives et les savanes arbustives très clairsemées des sols de
« naga ». Elles appartiennent à des formations sur
sols sablo-argileux à argilo-sableux au groupement à
Balanites aegyptiaca (Hidjelidj) parsemées de Boscia
senegalensis. Ces derniers sont menacés de disparition à
cause de leur importance au besoin de bois de feu.
C.
a. Les sols des zones exondées : domaine de la savane
arborée et arbustive.
La savane arborée couvre tout le sud du bassin
d'approvisionnement de la ville de N'Djaména en bois-énergie. Le
peuplement ligneux comprend quelques arbres de taille moyenne (8 à 12 m)
et surtout les arbres n'atteignant guère plus de 16m de hauteur. Il
présente quelques espèces consignées dans le tableau 4.
Cette savane arborée a subi ces dernières années un
défrichement abusif (mise en place des champs) laissant apparaître
des clairières où on voit naître la savane arbustive dans
des zones inondables semi-inondables ou bas-fonds.
Tableau 4: Principaux
essences inventoriées selon leur famille dans le bassin
Famille
|
Nom scientifique
|
Nom en français
|
Nom en arabe
|
Rubiacée
|
Migragyna inermis
|
-
|
-
|
Bombacées
|
Bombax costatum
|
kapokier
|
Toulouma (Marba)
|
Mimosacées
|
Acacia seyal
Acacia millefera
Acacia raddiana
|
Gommier
Gommier
Épineux
|
Talha
Kittir azrak
Saïal
|
Césalpiniacées
|
Tamarindus indica
Bauhinia rufescens
|
Tamarinier
-
|
Ardep
-
|
Combretacées
|
Combretum glutinosum
Guiera senegalensis
|
-
-
|
Habil
Abesh
|
Source : Auteur, Mogrom et Guelendeng, avril 2002
Ce tableau laisse apparaître l'importance
spécifique de trois familles ; les Mimosacées, les
Césalpiniacées et les Combretacées
caractéristiques du domaine sahélien parmi lesquelles les
familles dites Mimosacées et Combretacées sont
les plus sollicitées pour les besoins en énergies domestiques et
bois d'oeuvre.
Dans le bassin, subsistent en outre d'espèces
soudaniennes : khaya Senegalensis-Calcedrat-(Mouraï
en arabe), Anogeïssus leiocarpus-Guetch-(ddira en sarh).
Ces espèces dominent nettement la strate arbustive et sont souvent
regroupées autour des dépressions qui sont peut-être des
« vestiges de la végétation forestière
primitive » (GRONDARD, 1964). Elles servent le plus souvent à
la fabrication des pirogues et comme bois d'oeuvre pour la charpente des
bâtiments (DOUR-DOUR).
D.
b. Les sols des zones inondables : domaine de la végétation
arbustive très clairsemée et du couvert herbacé
La savane arbustive se localise à la limite nord de la
savane arborée dans la zone d'étude. Elle fait la transition
entre cette dernière et la pseudo-steppe. En fonction des sols qui la
portent et de leur régime hydrique, la savane arbustive est, en
général, formée d'une végétation basse de
petits arbres ou arbustes facilement pénétrables. L'ensemble de
cette végétation est formé de Tamarindus indica
(Ardep), Balanites aegyptiaca (Hidjilidj), Hyphaene
Thebaïca (Palmier doum) et les Acacia, accompagné de
haut tapis graminéen d'androponées (Cymbopogon
proximus) sollicités pour la fabrication des seccos. Dans le
bassin, des formes plus basses buissonnantes existent. Elles correspondent
à des anciennes jachères que nous observons au Nord de
N'Djaména. Hyphaena thebaica est
l'élément dominant, mais souvent associé aux Acacia
scorpioïdes var adstringens (épineux).
D'une manière générale, en fonction de la
topographie, on a pu déterminer quatre types de
végétations :
· sur les buttes en élévation par rapport
aux dépressions, s'élève la pseudo-steppe à
Cymbopogon proximus sur sols sableux ;
· sur les pentes, se constitue une savane arborée
à arbustive sur sable aux espèces indiquées
précédemment auxquelles s'ajoutent Anogeïssus
leicocarpus, Lannea humilis. Le Tapis graminéen est
constitué d'Aristidées divers ;
· en bas de pente, ou trouve la végétation
très clairsemée sur un sol sablo-argileux à
argilo-sableux. Les espèces sont ici les suivantes : Acacia
seyal, Balanites aegyptiaca, Lannea humilis, etc. Le Tapis
graminéen est ras et discontinu ;
· sur les sols inondés ou proches d'inondation, on
note une raréfaction d'arbres et d'arbustes, mais fréquemment
ceinturés par une végétation très clairsemée
caractéristique de la « naga ». Il s'agit d'une
végétation qui se réduit à quelques arbres et
arbustes généralement malingres et clairsemés,
séparés par des grands espaces nus. Ce type de
végétation ne résulte pas des facteurs climatiques, mais
celui des facteurs pédologiques particuliers (PIAS, 1960). La monotonie
de ce paysage est parfois interrompue par une végétation dense
(galerie forestière) qui longe les cours d'eau (Chari et Logone). Les
sols sont limono-argileux ou argilo-limoneux.
Le bassin d'approvisionnement de la ville de N'Djaména
en bois-énergie bénéficie des conditions
pédologiques peu favorables au développement du couvert
arboré. A cela s'ajoute une pluviométrie variable très
importante d'une année à une autre.
B. Le climat
Sans avoir la prétention d'étudier à fond
le fonctionnement de la circulation atmosphérique, tiré des
travaux de DHONNEUR (1985), JANICOT (1990) JANICOT et al., (1993),
genèse de mise en place des climats, nous avons pensé rappeler
seulement les mécanismes généraux qui gouvernent les
précipitations dans notre zone d'étude.
1. Les mécanismes et le
déroulement des climats
La circulation atmosphérique dans notre zone
d'étude a une apparence simple : convergence des Alizés et
mousson vers la zone de convergence intertropicale le long du Front
Intertropical suivant les saisons comme présentée dans la
figure 6. Pendant l'hiver boréal, l'harmattan chaud et
sec, marquant la saison, descend plus au Sud du bassin d'approvisionnement,
devient brumeux. Pendant cette période, le cycle végétatif
des plantes est au ralenti et, c'est pendant cette période que les
paysans procèdent aux défrichements culturaux puis au ramassage
de bois morts et à la production de charbon de bois qui seront
acheminés plus tard en ville. La tendance anticyclonique permanente qui
règne sur l'atlantique sud (anticyclone de Sainte-Hélène)
et la présence de la dépression continentale (dépression
de Libye) oriente les déplacements de l'air de l'océan vers le
continent. L'Alizé du sud-est est attiré par la dépression
continentale et devient la mousson après avoir traversé
l'Equateur météorologique responsable de la mise en place du
Front intertropical (FIT) et déterminent en même temps les types
de climats et les végétations y afférentes.
Figure 6: Principaux flux de
masse d'air responsable du mécanisme pluviogène en Afrique
d'après OLIVRY et al., ( 1996)
Au nord de N'Djaména, la zone connaît rarement le
flux de mousson et la végétation qui s'y développe est de
type steppe et brousse à épineux.
Au sud, la mousson est la plus épaisse (les principaux
utilisateurs de cette humidité sont les lignes de grains9(*)). La végétation y
est de type savane, plus ou moins fournie.
Ainsi en dépit des différences d'altitude
relativement faible et de son étalement en latitude plus important, le
bassin d'approvisionnement jouit globalement d'un climat sahélien.
2. Le climat du bassin
d'approvisionnement
Le bassin est actuellement soumis en grande partie à
un régime sub-aride. Les deux stations (N'Djaména et Bongor)
reçoivent en moyenne des précipitations comprises entre 800 et
400mm par an. Selon la classification de AUBREVILLE (1948), leur climat est
donc du type sahélien dont les caractéristiques
saisonnières sont liées aux déplacements du Front
Intertropical (FIT) dont on a parlé dans les pages
précédentes. De Novembre à Mars, le FIT est situé
très loin au Sud du bassin. L'harmattan règne et la saison
sèche assez longue s'installe. A partir du mois d'Avril, le FIT
commence à remonter vers le Nord. Des petites précipitations
apparaissent en Mai et Juin. Le FIT atteint sa position la plus septentrionale
vers le 20è parallèle en Juillet et Août. Les trois quarts
environ des précipitations annuelles tombent pendant ces deux mois dans
le bassin. Le recul vers le Sud du FIT entraîne la mise en place de la
saison sèche qui s'installe dès la fin du mois de Septembre.
Ainsi, fonction du balancement saisonnier du FIT, les
températures moyennes annuelles sont variables (24° à
32°C). Les maxima peuvent atteindre à partir du mois d'Avril
40° à 50°C. Les minima interviennent
généralement en Janvier et Février. Ce qui permet de
déterminer dans l'année quatre saisons thermiques. Une saison
chaude, une saison relativement chaude, une saison fraîche et une autre
relativement fraîche. Aussi, l'humidité relative y est faible
durant une longue période de l'année sous un ensoleillement de
plusieurs heures par jour.
Le bassin présente deux sous ensembles : le Sahel
pastoral avec plus de 75% du cheptel bovin et caprin et le Sahel agro-pastoral
où on pratique un élevage sédentaire, prédateur du
milieu naturel et une agriculture pluviale traditionnelle (agriculture
itinérante sur brûlis) consommatrice d'espace. Ces deux
activités économiques, dépendantes de la bonne
pluviosité, font que les hommes du bassin, pendant les années de
sécheresse, se livrent à la coupe du bois et à la
production du charbon de bois pour subvenir aux besoins essentiels de leur
famille.
La répartition des pluies, dans le bassin,
extrêmement variable dans le temps et dans l'espace joue un rôle
déterminant dans la bonne production ligneuse. Pour mieux
l'appréhender, il nous a paru nécessaire d'étudier sa
répartition spatiale et la quantité moyenne qui l'accompagne.
C. Climat et variabilité
pluviométrique dans le bassin d'approvisionnement
Etudier l'évolution du climat, c'est tenir compte des
variations de la pluviométrie, température, vent,
évapotranspiration potentielle, etc. Parmi ces éléments
climatiques, la pluviométrie constitue un facteur capital qui
détermine la zonation du couvert ligneux et leur évolution
(MURAT, 1937). Cette étude s'inscrit dans le cadre des fluctuations des
valeurs réelles de la pluviométrie autour de la moyenne qui ne
sont d'ailleurs pas statiques d'une année à l'autre.
1. La répartition
géographique des hauteurs de pluies.
Malgré l'interruption accidentelle (crises
politico-militaire), des relevés au niveau des deux stations
(N'Djaména et Bongor) sont satisfaisants. Elles permettent en tout cas
d'analyser une tendance de l'évolution de la pluviométrie
actuelle dans le bassin d'approvisionnement. Pour ce faire, nous utilisons le
coefficient de variation qui est le rapport entre l'écart-type de la
série à la moyenne de ladite série. La variation autour de
la moyenne serait grande si ce coefficient est élevé.
Ces coefficients de variation sont compris entre 17 et 20%.
Ils sont relativement faibles, leur répartition spatiale montre une
certaine hétérogénéité à une
latitude. Apparemment donc, il n'existe pas d'influences de la latitude, mais
la présence de végétation qui reste un facteur discret
du climat, agit sur la pluviosité par l'évapotranspiration et la
convection thermique. Dans les deux cas, la pluviométrie est
très variable autour de la moyenne.
En effet, l'analyse de courbe pluviométrique de Bongor
(figure 7) montre une tendance à la hausse de la
pluviosité moyenne à partir de la grande sécheresse de
1983-1984, alors qu'elle était à la baisse en 1950 et 1983 au
niveau de N'Djaména (figure 8). Cette bonne
pluviométrie s'est poursuivie jusque dans les années 1965-1967.
Par contre l'analyse des moyennes mobiles de la pluviométrie sur dix
années contredit les affirmations sur la baisse de la
pluviométrie au cours de la dernière décennie avec de
nombreuses variables locales.
Toutefois, les deux stations pluviométriques indiquent
globalement que le bassin d'approvisionnement énergétique de
N'Djaména était bien arrosé jusqu'à la
décennie 1960, puis une chute brutale et persistante des hauteurs de
pluies est enregistrée. Elle varie de 226,1mm (1984) à 990,1 mm
(1959) à N'Djaména contre 462,9 mm (1984) à 1135 mm (1960)
pour la station de Bongor. Cette baisse s'est ensuite accentuée pendant
les décennies 1970-1980 tombant en deçà de la normale
(567,1mm pour N'Djaména et 805,05 mm pour Bongor). Toutefois, quelques
disparités apparaissent au niveau de chaque station. Ainsi, observe t-
on une baisse très sensible de la pluviométrie à la
station de N'Djaména en 1970 et 1990, alors qu'on note une tendance
à l'amélioration au niveau de la station de Bongor, située
plus au Sud.
Contrairement aux pessimismes populaires et même aux
propos alarmistes de nombreux chercheurs relatifs à la baisse
régulière des hauteurs pluviométriques (prouvées
jusqu'en 1985), on assiste depuis cette date à une remontée des
totaux pluviométriques annuels.
La succession des anomalies positives et négatives dans
le temps autour de la moyenne stationnelle d'une année sur l'autre est
mesurée statistiquement par le calcul d'autocorrelation (BOUROCHE et
al.,) 1980) :
R (x) = 1/N Ó 2 (ni-1-X) (xi -Vx)
Où N est le nombre d'observations,
X sa moyenne et Vx la variance.
Ce calcul nous a permis de connaître la succession des
précipitations dans les deux stations qui sont tout à fait
persistante. Cette fluctuation des précipitations dans le temps,
présente des profils différents dans l'espace.
Figure 7: Évolution de la pluviométrie
annuelle et moyenne mobile sur 5 ans (Bongor : 1950-2000) d'après les
données de D.R.M.
Figure 8: Évolution de la pluviométrie
annuelle et moyenne mobile sur 5 ans (N'Djaména: 1950-2000)
d'après les données de D.R.M.
2. Evolution
saisonnière et le régime moyen de la pluviométrie
Pour caractériser le cycle saisonnier des
précipitations, plusieurs auteurs ont proposé différentes
approches selon les objectifs et les résultats attendus. Parmi ces
méthodes, NDJENDOLE, S. (2001) estime que le diagramme pluvio-thermique
de BAGNOULS et GAUSSEN (1953) repris par BIROT (1973) permet de
« fixer le début et la fin des « saisons aux
intersections des courbes des valeurs mensuelles de la pluviométrie et
de la température qui traduit une réalité
bioclimatique » : P=2T ou
P=4T. Cette relation jugée empirique a
été améliorée par BIROT (1990) qui précise
la classification des mois secs ou humides par les relations
suivantes :
- Si P < 2T, le mois est écologiquement
sec ;
- Si 2T < P <3T, le mois est écologiquement
sub-sec ;
- Si 3T < P <4T, le mois est écologiquement
sub-humide ;
- Si P> 4T, le mois est écologiquement humide.
Avec P égale à la pluie et
T correspondant à la température.
C'est cette méthode que nous avons utilisée pour
l'analyse de l'évolution des saisons pour l'espace tchadien en
général et notre zone d'étude en particulier. Elle traduit
à notre avis les réalités bioclimatiques.
L'analyse de la pluviométrie moyenne mensuelle de 1950
à 2000 de N'Djaména et de Bongor (figure 9)
montre que le cycle saisonnier des précipitations se déroule
selon le déplacement méridional du FIT (Front intertropical). A
partir de la formule de BIROT (1990), nous avons pu déterminer pour le
bassin d'approvisionnement, deux saisons : une saison sèche et une
saison humide. Ainsi, est considérée comme saison sèche,
une période où il y a absence ou insuffisance de pluies (BOKO,
1992). HERNANDEZ et al., (1998) prend en compte une valeur seuil de
pluie enregistrée dans le mois.
P < 50 mm, le mois est sec ;
P > 100 mm, le mois est humide.
En appliquant ces critères, on constate que la saison
sèche est centrée sur plusieurs mois (d'Octobre à Mai) qui
représente le moment auquel les alizés du nord-est soufflent sur
l'espace tchadien un vent chaud et sec. Durant cette saison, les rares
advections d'air humide amènent le plus souvent des pluies
éparses dont le volume recueilli ne représente presque rien dans
le total annuel des précipitations. A la station de N'Djamena par
exemple, le volume pluviométrique enregistré au cours de 8 mois
secs représente environ 9,8% du total annuel. A la station de Bongor, on
compte 7 mois secs dont le volume pluviométrique total représente
6,9 %.
Figure 9: Régime
moyen mensuel de la pluviométrie de 1950-2000 d'après les
données de D.R.M
Par contre, la saison des pluies correspond à la
remontée du front intertropical plus au nord de l'espace tchadien. Elle
se manifeste timidement par le passage de l'isohyète 50mm. A
N'Djaména, la saison des pluies commence en Juin, alors qu'à la
station de Bongor située plus au Sud, la saison s'est installée
depuis le mois de mai. Dans les deux stations, le maximum de
précipitation est recueilli en Août, au moment où, le flux
de la mousson est puissant et, où le FIT se trouve plus au Nord. Le
total pluviométrique représente plus de 90% à 95% du total
annuel, bien que la répartition d'un mois à un autre, soit
très variable. Aussi, le passage de la saison des pluies à la
saison sèche est assez brutal.
NDJENDOLE (2001) estime que la répartition
saisonnière des précipitations permet de suivre globalement la
reconstitution progressive de la réserve hydrique du sol, capitale au
développement de la végétation ligneuse.
La répartition de la pluviométrie moyenne
mensuelle, fonction des mécanismes pluviogéniques et de la
végétation montre que le régime pluviométrique dans
le bassin est uni modal (figure 9). Il correspond au climat
sahélien. La saison des pluies s'étale sur quatre mois allant de
Juin à Septembre à N'Djaména et de cinq mois (mai à
septembre) à Bongor. Le maximum est relevé dans les deux cas en
Août. A partir de Septembre, les pluies se raréfient
progressivement pour devenir nulle en novembre. La saison sèche,
très longue, commande l'évapotranspiration des
végétaux.
3. L'Évapotranspiration
potentielle (ETP)
L'ETP se définit comme la perte par évaporation
et transpiration d'un couvert végétal actif bien alimenté
en eau. Cette donnée pratiquement indépendante du type de plante,
est liée directement à l'énergie disponible et au climat
(RIOU et al., 1964). L'ETP constitue donc une étape
préalable du bilan de l'eau à l'échelle locale ou
régionale. Elle permet d'estimer les besoins en eau d'une plante. C'est
à RIOU (1975) que reviennent les premiers travaux pour la ville de
N'Djaména. Les résultats obtenus sont repris dans la
figure 10. Sur cette figure, on observe que l'ETP passe par
deux maxima, l'un en fin de saison chaude (Mars-Avril) et l'autre plus
réduit en Novembre. Pendant la saison des pluies, l'ETP diminue
nettement pour donner des valeurs presque comparables à la
pluviosité mensuelle. L'ETP moyenne annuelle de 1950 à 2000 est
de l'ordre de 2274 mm. Ce chiffre comparé à la
pluviométrie moyenne annuelle qui est de l'ordre de 568,4 mm fait
apparaître un énorme déficit annuel. En revanche, durant la
saison des pluies, il arrive que le total pluviométrique mensuel
dépasse la valeur mensuelle de l'ETP. C'est le cas par exemple des mois
d'août, de juillet et de septembre qui représentent le coeur de la
saison des pluies. A partir d'octobre, mois qui correspond grosso modo au
retrait du FIT vers le sud, le déficit hydrique (P-ETP) s'installe.
Sans entrer dans le bilan de l'eau, on remarque
néanmoins à la station de N'Djaména que, même
pendant la saison des pluies, l'excédent de pluies sur l'ETP ne
dépasse guère 100 mm.
Figure 10: Evapotranspiration potentielle moyenne
mensuelle de 1950-2000 d'après les données de D.R.M
4.
Bilan hydrique potentiel (P - ETP)
Les matières ligneuses, principales sources de revenus
pour beaucoup des ruraux et énergies domestiques pour la plupart des
urbains, dépendent exclusivement des ressources du climat, notamment de
la pluviométrie. Comme précédemment étudiée,
l'étude de la pluviométrie a révélé une
variabilité spatio-temporelle importante donc difficile à
interpréter pour la bonne production des matières ligneuses. De
ce fait, l'utilisation du bilan hydrique en fonction d'un certain nombre
d'hypothèses (réserve utile, comportement hydrique de plantes)
permet de calculer en sortie de modèle des indices de stress hydriques
(CHOISNEL, 1992). L'étude du bilan hydrique permet d'évaluer
l'impact des contraintes pluviométriques sur la production ligneuse non
seulement en tant que facteur limitant du rendement (production) mais aussi en
tant facteur contraignant pour la mise en oeuvre des techniques de reboisement
et d'aménagement des « massifs forestiers ».
Dans ce travail, nous étudierons le bilan climatique
(BHP). Il est établi à partir des données de ETP (demande
climatique) et de pluviométrie (offre) en appliquant la relation
suivante :
BHP = P - ETP
Ce bilan n'est qu'une approche élémentaire
à la connaissance de la demande en eau de l`atmosphère.
Toutefois, il permet de caractériser le cycle de l'eau dans
l'échange entre le sol et l'atmosphère et d'en déduire les
déficits hydriques. Il convient de rappeler que le déficit
hydrique est ici exprimé par rapport à l'ETP. Ce
bilan n'intègre pas les notions liées au sol. Les relations
suivantes permettent alors d'apprécier l'intensité des
déficits ou d'excédents hydriques à l'échelle
mensuelle.
Si P - ETP < 0, le bilan
est dit déficitaire ;
Si P - ETP > 0, le bilan est
excédentaire. Ici l'eau n'est plus une contrainte en terme de carence,
l'eau en abondance permet non seulement au ligneux de satisfaire leur besoin,
mais d'approvisionner la réserve utile du sol ;
Si P - ETP = 0, le bilan est nul donc
équilibré. Cette dernière relation peut être
considérée comme une situation intermédiaire entre deux
saisons (saison sèche ou saison des pluies) (NDJENDOLE, 2001). NDJENDLE
l'a utilisé dans le cadre de l'espace centrafricain, notamment le nord
qui s'apparente au sud du Tchad. C'est dans cette optique que nous appliquons
ladite méthode.
Toutefois, il peut y arriver que le bilan s'équilibre
au sein d'une même saison. Pour le bassin d'approvisionnement, le BHP
annuel est établi sur la saison humide au cours de laquelle la
végétation est soumise aux variations pluviométriques. A
cette échelle, l'évolution du BHP est globalement
déficitaire dans la station de N'Djaména. En effet la demande
climatique en vapeur d'eau est largement supérieure à l'offre.
L'offre mensuelle à la station de N'Djaména très variable
ne suffit pas à combler la forte demande climatique. Ce qui
témoigne l'aridité relative. Sur la figure 11,
on peut remarquer sur 5 mois humides (mai - juin - juillet - août -
septembre), seul le mois d'août dispose d'un excédent de 63,7 mm.
A partir de septembre, les déficits sont enregistrés et
augmentent graduellement pour stationner autour de 196 mm en novembre. Pendant
la saison sèche, les déficits sont naturellement très
élevés à cause de la forte insolation et des vents
apportés par l'harmattan. Cette forte évapotranspiration induit
certainement un stress aux plantes qui après avoir épuisé
la réserve utile du sol finissent par flétrir. Cela contribue
à la diminution notable de la production ligneuse, matière
première énergétique des urbains
Figure 11: Bilan hydrique potentiel moyen mensuel de
1950-2000 d'après les données de D.R.M
Le bilan
hydrique potentiel relève une situation très controverse de
l'apport pluviométrique pour la bonne production des
végétaux du bassin d'approvisionnement en bois énergie de
la ville de N'Djaména. Il n'est pas le seul indicateur climatique,
d'autres paramètres permettront de mettre en évidence les
difficultés ressenties par les végétaux.
D. Les autres paramètres
du climat
1. L'insolation
L'insolation est la durée pendant laquelle le soleil
est réellement observé. Elle intervient directement dans l'apport
calorique émanant du soleil (DUBIEF, 1959. in. NDJENDOLE, 2001). Elle
est la source du développement de la production ligneuse. Contrairement
à la pluviométrie, l'insolation n'est pas un facteur limitant
pour la production des végétaux pour l'espace tchadien. A la
station de N'Djaména, les variations annuelles de l'insolation sont
assez fortes. Elles sont de l'ordre de 3000 à 3212 heures. A la station
de Bongor, les valeurs annuelles atteignent 2993 heures. Cette
différence d'insolation est liée non seulement à la
position latitudinale plus élevée de N'Djaména, mais
plutôt à la présence du couvert ligneux assez fourni
(savane boisée et savane arborée)
A l'échelle saisonnière (tableau 5), les
variations d'insolation ne sont pas très marquées dans les deux
stations. Toutefois, on constate au tableau 5 que pendant l'été,
la durée d'insolation est de l'ordre de 7 à 6 heures en moyenne
par jour respectivement pour la station de N'Djaména et Bongor. Les plus
hautes sont enregistrées vers la fin de l'automne (novembre : 10
heures en moyenne par jour). En hivers, elles descendent pour osciller autour
de 9 heures à la station de N'Djaména et de 8 heures à la
station de Bongor. Cette baisse est favorisée par la
nébulosité.
Tableau 5: Insolation moyenne
journalière (en heures)
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
Jt
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Moy.
|
N'Djaména
|
9,7
|
9,7
|
9,1
|
9,1
|
9,1
|
8,7
|
7,0
|
6,7
|
7,7
|
9,3
|
10
|
9,8
|
8,8
|
Bongor
|
9,5
|
8,9
|
8,7
|
8,0
|
8,5
|
7,2
|
5,9
|
6,2
|
7,9
|
8,9
|
10
|
9,7
|
8,2
|
Source: Direction des Ressources en Eau et de la
Météorologie (D.R.M.)
L'insolation conditionne la température et maintient
l'évapotranspiration.
2. Les variations
saisonnières et annuelles des températures
Comme l'insolation, la température est un
paramètre climatique très important et intervient dans la
détermination des aires végétales (DAJOZ, 1972). Il
convient de noter que très souvent, ce sont les températures
extrêmes plutôt que les moyennes qui jouent le rôle essentiel
(facteur limitant).
Dans le bassin d'approvisionnement énergétique
de N'Djaména, les maxima diurnes peuvent varier de 39° à
42°C à N'Djaména et 37° à 39° C à
Bongor. Aux deux stations, les maxima sont réalisés en Avril et
Mars. Les valeurs minimales sont observées en décembre et
Janvier avec en moyenne 17°C à Bongor et 9°C à
N'Djaména.
L'observation des moyennes mensuelles de 1950 à 2000
reproduites sur les figures 12 et 13 nous permet de
déterminer des périodes fraîches
(Décembre-Février), relativement fraîche (Juillet -
Septembre), chaude (Octobre - Novembre) et très chaude (Mars - Juin).
Dans le bassin, les minima et les maxima dépassent les seuils
critiques de 2°C à 50°C. Ce qui est encore tolérable
pour les ligneux observés.
Les fluctuations inter annuelles (1950-2001) pour la station
de N'Djaména, montrent qu'il n'existe pas une évolution majeure
à la hausse. Toutefois, une tendance à la hausse des maxima
permet de confirmer l'augmentation de la température globale comme au
Sahel pendant ces dernières décennies. Ce réchauffement
peut être imputé à la dégradation du milieu naturel
autour de N'Djaména pour les besoins énergétiques.
Figure 12: Evolution moyenne mensuelle de
températures à N'jaména d'après les données
de D.R.M
Figure 13: Évolution moyenne mensuelle de
températures à Bongor d'après les données de
D.R.M
Notre
zone d'étude est marquée par une double variabilité
spatiale et temporelle, se manifestant à différents
niveaux :
· Dans la pluviométrie. Les variations
aléatoires sont de deux ordres : variations spatiales dues aux
caractères orageux des précipitations et la variation inter
annuelle très marquée par des sécheresses
récurrentes;
· Dans le paysage végétal également
caractérisé par une diversification des formations liées
à la présence des formations pédologiques.
De fait, notre zone d'étude se trouve situer dans une
zone écologique dont on a tant parlé depuis la sécheresse
de 1972-1973 au sahel. Le devenir des formations végétales au
dynamisme attesté est à mettre aussi à l'actif des
activités humaines, notamment la coupe du bois pour l'énergie
domestique que nous analyserons dans les pages suivantes.
DEUXIEME PARTIE
SITUATION ENERGETIQUE ET CARTOGRAPHIE DES ETATS DE
SURFACE DANS LE BASSIN D'APPROVISIONNEMENT.
Au Tchad, les problèmes d'approvisionnement en source
d'énergie constituent une préoccupation nationale. NDJAFFA (2001)
pose la problématique de l'énergie en ces termes :
« Pour mesurer l'importance de l'énergie, nous devons avoir
à l'esprit que la disponibilité et l'utilisation des ressources
énergétiques a toujours été un sujet de
préoccupations, car toutes les formes que revêt l'activité
humaine - depuis la cuisson des aliments jusqu'au transport et à
l'industrie - exigent le recours à une certaine forme
d'énergie ».
LESSOURD et al., (1994), relève que le
degré d'utilisation entre l'énergie domestique10(*) et l'énergie
moderne11(*) constitue en
lui-même un indicateur du niveau de développement d'un Etat. Entre
ces deux types d'énergies, N'Djaména apparaît comme
consommatrice de l'énergie domestique traditionnelle. Une des
conséquences, c'est l'atteinte portée au milieu naturel.
L'objet de cette partie est de présenter le taux de
consommation, ses influences sur le milieu naturel après avoir
passé en revue les facteurs naturels.
Chapitre 3 : LES BESOINS ÉNERGÉTIQUES
Le bois énergie couvre environ 97 % (ESMAP, 97) de
l'ensemble des besoins énergétiques du pays. Il reste un
combustible irremplaçable en milieu rural et satisfait la majeure partie
des besoins des ménages à N'Djaména (92,7%). Les
statistiques sus-citées sont suffisantes pour avoir une connaissance
globale des besoins en énergie. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet
engouement : la pauvreté de la population, le mode de vie, les prix
et leur perception par les ménagères.
A. La pauvreté, le mode de vie, les prix et la
perception des combustibles utilisés
NGOUKOUROU et al.,(1992), dans leur ouvrage,
définissent ainsi le pauvre : « Est
généralement considéré comme pauvre toute personne
ne possédant pas de bien et pas de sources régulières des
revenus décents, et qui doit dès lors lutter pour satisfaire
à ses besoins fondamentaux (et à ceux des personnes dont elle a
la charge) ». Au Tchad, BOURDETTE (1998) estime que plus de 73% des
habitants du milieu rural ont un niveau de vie situé en dessous du seuil
de pauvreté (1 dollar par jour) contre 59,6% pour l'ensemble des
tchadiens. Ces paysans pauvres sont soumis à des contraintes
socio-économiques qui les incitent fortement à surexploiter les
ressources naturelles dont le bois et à sous évaluer la
détérioration de l'environnement. Étant donnés
qu'ils sont très pauvres, ils ont constamment besoin d'argent et lorsque
ce besoin dévient critique (mauvaise récolte, insuffisance
d'autres revenus, etc.), ils n'ont d'autres ressources que de couper le bois
pour vendre et s'auto approvisionner.
La pauvreté des habitants du bassin d'approvisionnement
est étroitement liée aux problèmes de famine,
causée par les sécheresses récurrentes de ces
dernières années. Pour des paysans qui n'ont plus à
manger, l'exploitation du milieu naturel pour se procurer du bois de chauffe et
la production de charbon de bois qui seront ensuite vendus à
N'Djaména est souvent le seul moyen de subsistance. Cette
prédation du milieu naturel devient pour les ruraux une chance de
survie.
En ville, la faiblesse des revenus familiaux et le manque
d'autres sources d'énergie pour la population urbaine les obligent
à faire recours au du bois pour la cuisson des aliments.
Le mauvais état de santé est une autre
caractéristique de la pauvreté dans le milieu rural qu'urbain
tchadien en général et plus précisément dans le
bassin d'approvisionnement en particulier. Il ôte aux individus une
partie de leur énergie productive, réduit les revenus des
familles. Comme partout ailleurs, l'hygiène de l'eau, des aliments et du
corps pour ne citer que ceux-là, est moins connue et moins
appliquée. Le fait que l'eau potable manque dans le bassin
d'approvisionnement et que la population ne consomme que l'eau de source et de
puits cause souvent des maladies. Ainsi, pour faire face à ce mauvais
état de santé, les paysans sont obligés de couper le bois
et vendre pour avoir d'argent afin de se soigner et les citadins à ne se
contenter que du bois pour la cuisson de leurs aliments.
En ville, des différences de comportement en
matière d'utilisation de bois de feu et de charbon de bois subsistent
entre les différents groupes ethniques et classes sociales.
Pour certains ménages que nous avons rencontré
(plus de 89%), le bois en premier lieu, est utilisé pour la cuisson des
aliments. Ensuite, viennent le chauffage de l'eau et des maisons durant la
saison fraîche. Pour ces derniers, le charbon est utilisé comme
énergie d'appoint pour le repassage des habits, la petite cuisine
(préparation de thé, chauffage de l'eau, etc.).
Le bois est également utilisé par divers
professionnels et collectivités : Restaurateurs, boulangers,
prisons, casernes, etc. Les ménages à N'Djaména cuisinent
au bois soit avec des foyers traditionnels en banco, soit des
« foyers 3 pierres ».
Le charbon de bois est surtout utilisé par d'autres
ménagères de classe sociale moyenne et aisée. Le charbon
représente la première source d'énergie domestique.
L'instrument utilisé est le brasier métallique (ganoune en
arabe).
Le niveau de consommation et les types de combustible
utilisé dépendent de nombreux facteurs tels que la taille de la
famille, les ressources énergétiques et les types d'utilisations
finales
A N'Djaména, une famille de 5 personnes consomme en
moyenne 1,6 stères, soit 560 Kg de bois de chauffe par an avec un foyer
traditionnel. Par contre, la consommation de charbon est de l'ordre de 8,7 soit
3045 kg de stères. L'opinion des ménagères est
avancée comme facteur déterminant de l'appréhension de la
problématique bois-énergie (SOW, 1990). Les différences
proviennent selon l'échelle de la richesse ou de modernisme des
ménagères. Elles peuvent se résumer selon trois points de
vue :
· D'abord, l'attachement immuable de la femme à un
mode de vie et des comportements encore très ruraux. Elle ne
connaît que le bois, avec lequel elle fait la cuisine ;
· Ensuite, le rejet de la femme évoluée.
Plus aisée, sa vie s'est améliorée dans certains domaines,
mais peu dans la cuisine. Pour elle, le bois est d'une utilisation peu
agréable : il dégage beaucoup de fumées, salit,
fatigue puisqu'il faut surveiller la cuisson, et qu'il nécessite des
efforts pour allumer.
· Enfin, la catégorie de la femme aisée et
moderne. Elle connaît les inconvénients du bois, mais ne se sent
pas concernée. Elle a d'autres modes de cuisson (gaz et charbon), et
souvent c'est le domestique qui fait la cuisine.
Ces particularismes, d'origine ethnique ou sociale
s'accentuent plus encore en mesure que nous passons d'un quartier à un
autre.
En dehors de ces contraintes précédemment
citées, on peut ajouter l'équipement nécessaire à
la cuisson (Tableau 6).
Tableau 6: Equipements et
combustibles utilisés
Combustibles utilisés
|
Équipements nécessaires
|
Coût (FCFA)
|
Bois de chauffe
|
3 pierres
|
Néant
|
Charbon de bois
|
Brasier
|
750 à 2.750
|
Pétrole lampant
|
Réchaud
|
5.000 à 12.000
|
Gaz butane
|
Réchaud avec détenteur simple
-cuisinière 1 feu (ganoune gaz)
-cuisinière 5 feux
Bouteille de gaz (recharge)
-« - 12,5 Kg
-« - 6 Kg
|
14.000
204.000
10.000
3.500
|
Source : Djangrang Man-na, Avril 2002
Il apparaît donc nettement du tableau 6 que le bois et
le charbon de bois sont les seuls combustibles immédiatement utilisables
par la majorité de la population. Le pouvoir d'achat réel et
surtout les ressources financières liquides courantes disponibles pour
la plupart des ménages12(*) empêchent l'utilisation d'autres sources
d'énergie dont le coût d'équipement apparaît
très élevé pour un budget familial déjà
déficitaire.
B. Les besoins réels
en énergie : Une préoccupation nationale
Le Tchad est un pays enclavé au coeur de l'Afrique, ce
qui rend plus coûteux et difficile son approvisionnement en produit de
toute nature et en particulier en énergie. Le bois énergie
constitue actuellement le seul combustible produit localement. Les produits
pétroliers : gas-oil, essence, gaz butane, pétrole lampant
sont importés de l'étranger (Nigeria, Cameroun, Libye etc.). Au
plan national le, BAD/FAD (1997), estime que 97% des ménages utilisent
cette source d'énergie. Cette étude donne non seulement la
mesure de son importance, mais montre aussi son impact sur l'environnement.
Pour l'ensemble du Tchad le Ministère du Plan et de la
Coopération estime à 91.000m3 par an la consommation
de butane, d'essence, de pétrole lampant, de gas-oil et de fuel, alors
que celle de bois, principale source d'énergie pour une majorité
de la population à environ 3,5 millions de mètre cube par an. Le
tiers de cette consommation est destinée à N'Djaména.
En l'absence des données fiables13(*) sur la consommation des
combustibles ligneux, nous allons nous contenter de l'estimation de la
consommation de BAD/FAD (1997). Le tableau 7 donne quelques
éléments sur le bilan énergétique alors que le
tableau 8 présente les différentes sources d'énergies
utilisées pour la cuisson pour la même année.
Tableau 7: Bilan
énergétique simplifié de combustibles
Types de combustibles
|
Quantité consommée en TEP
|
%
|
Bois
|
876 503
|
88,32
|
Produits pétroliers
|
103 053,7
|
10,42
|
Electricité
|
7 310
|
0,74
|
Total
|
986 869,70
|
100
|
Source: BAD/FAD. DT N° EE.20/97
Tableau 8: Consommation
d'énergie en milieu rural et urbain
Catégorie
|
Bois
|
Charbon
|
Pétrole
|
Gaz
|
Total
|
% consommation
totale
|
N'Djaména
Autres urbains
|
41 595
62 685
|
15 739
23 685
|
481
723
|
300
-
|
58 116
87 007
|
7
10
|
S/Total urbain
|
104 195
|
39 425
|
1 204
|
300
|
145 123
|
17
|
S/Total rural
|
732.884
|
-
|
-
|
-
|
732 884
|
83
|
Total
|
837 079
|
39 424
|
1 204
|
300
|
878.007
|
100
|
%
|
95,30
|
4,50
|
0,10
|
0,10
|
100
|
100
|
Source: BAD/FAD, 97
L'évaluation des besoins énergétiques
à N'Djaména en bois de chauffe et de charbon de bois nous impose
une certaine prudence en raison de nombreuses incertitudes :
· Évaluation de la population peu
prévisible (6,8 à 7%) ;
· Rythme d'élévation du niveau de vie peu
connu ;
· Possibilité de substitution du bois par d'autres
sources d'énergie (pétrole lampant, gaz, etc.) ;
· Instabilité du taux de consommation par
tête (3,4 stères par an par habitant en 1976 et 2,06 stères
par an et par habitant en 2001).
Toutefois, le résultat que nous disposons dans les
tableaux 9 et 10 paraît d'autant plus vrai si on estime à moins de
2% le nombre des citoyens qui utilisent d'autres sources d'énergies
comme le gaz butane dans leur foyer. Même dans ces ménages dits
nantis, le charbon de bois intervient constamment pour pallier les
fréquentes pénuries d'énergie électrique. Le
tableau 9 illustre parfaitement la situation de consommation des
différentes sources énergétiques selon les
différentes catégories socio-économiques à
N'Djaména.
Tableau 9: Consommation des
différentes sources d'énergie par ménage selon les
différentes catégories socio-écomoniques sur 245
enquêtés
Groupe
socio-économique
Types de combustibles
|
Aisé
%
|
Moyen
%
|
Modeste
%
|
Bois de chauffe
|
45,2
|
77,2
|
87,3
|
Charbons de bois
|
33,4
|
22,8
|
12,1
|
Pétrole
|
0
|
0
|
0,6
|
Gaz butane
|
19
|
0
|
0
|
Electricité
|
2,4
|
0
|
0
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
Total des enquêtés
|
5
|
83
|
157
|
Source : Djangrang M. Avril 2002
La forte consommation de bois et de charbon de bois s'explique
en partie par le coût très élevé de l'énergie
thermique (150 à 200 FCFA) le kilo watt-heure et du gaz butane (10.000
à 12.000 FCFA) le rechargement d'une bouteille de 12,5 Kg ; mais
aussi par le mode de vie (5 personnes en moyenne par ménage).
Les prévisions de la consommation future de ces
énergies seront basées sur les estimations de 7 jours
d'enquêtes dans les quartiers Chagoua et Dembé
présentés dans le tableau n° 9 ci-après :
Tableau 10: Estimation de
consommation de bois-énergie
Type de combustibles
|
Quantité estimée
|
%
|
Stères
|
Mettre cube
|
Bois de chauffe
|
555,3
|
2403,8
|
15,55
|
Charbon de bois
|
30171
|
13061
|
84,45
|
Total
|
35723,3
|
15464,8
|
100,00
|
Source : Djangrang Man-na, Avril 2002
Une extrapolation sur un an des chiffres obtenus sur 7 jours
d'enquête apparaît logiquement admissible, soit environ 1857611
stères. Cette estimation correspond pour une population de 900 000
habitants en 2001 à 2,06 stères par habitants et par an14(*). Pour satisfaire à
cette demande, un secteur économique s'est constitué mettant en
relation, divers professionnels (exploitants, bûcherons, transporteurs,
etc.) et consommateurs urbains.
C. L'exploitation du
bois-énergie : Une économie extractive
L'émergence et l'entrée de la filière
bois-énergie15(*)
dans l'économie trouvent leur explication dans la
nécessité pour des millions de personnes à satisfaire
leurs besoins en énergie domestique. Pour mieux l'appréhender, il
nous a paru intéressant de passer en revue, le bilan de l'offre et de la
demande
1. Le bilan de l'offre et de la
demande
L'essor de la filière bois-énergie dans le
système commercial de l'énergie constitue en soi une
donnée importante de la crise environnementale. BABAKAR (2002) estime
que le bois constitue le pétrole du pauvre. La gravité de la
situation réside dans le fait qu'une modification des données est
loin de s'opérer à court et moyen terme. C'est pourquoi, il faut
en faire une politique nationale de l'énergie.
L'exploitation dépend en premier lieu des
disponibilités de la ressource. En dépit de quelques inventaires,
les ressources forestières restent encore mal connues. Les essences les
plus recherchées pour le bois de feu sont les combratacées et
les Mimosacées16(*) et pour le charbon de bois, le propopis
africana, les acacia etc.
Le choix des zones d'exploitation dépend de la
disponibilité de la ressource et des logiques des différents
acteurs. Dans les années 1980, l'exploitation était
réalisée dans un rayon de moins de 25 km pour le bois de chauffe
et un peu plus pour le charbon de bois. L'exploitation dans les sites de
production de charbon de bois (figure 14) que nous avons
visité (Linia : 50 Km, Kalgoa : 93 Km) est effectué en
général par trois groupes d'acteurs : les bûcherons
salariés, les petits exploitants non motorisés et les paysans.
Les bûcherons sont souvent des paysans résidents
soit dans les villages proches du site d'exploitation, soit ceux venus à
la ville à la recherche de travail saisonnier. Le plus souvent cette
activité se pratique pendant la saison morte, c'est-à-dire en
dehors de la saison agricole. Ils sont employés par les grossistes et
ou transporteurs par équipe de 5 à 7 personnes qui en les
installant sur un site, leur fournissent, nourriture et autres produits de
première nécessité (sucre, thé, etc.). Pour ne pas
avoir d'opposition avec la population riveraine du site de coupe, les
employeurs offrent cadeaux et autres présents aux chefs de village. Cet
accord obtenu permet aux employés de procéder à la coupe
des branches, des troncs d'arbres jusqu'à l'épuisement des
ressources sur le site. Malheureusement, aucun signe de reboisement n'a
été observé. Les techniques utilisées sont
archaïques : coupes des branches ou des troncs avec des haches de
fabrication locale. La productivité des bûcherons est très
variable. Elle dépend d'autres facteurs tels que la
disponibilité, de la ressource des conditions physiques des acteurs et
surtout de l'amabilité de leur employeur. Nous avons estimé
à 1,2 tonne par exploitant et par jour pour Kalgoa et de 0,8 tonne par
exploitant et par jour à Linia.
Les revenus dépendent strictement des quantités
de bois coupés. Ils varient en moyenne de 27.000 F.CFA à 53.000
FCFA par mois dans les deux cas.
La situation est tout à fait différente pour le
charbon de bois. D'abord, du fait, des zones d'exploitation bien
éloignées de N'Djaména (Mogroum : 129 Km,
Gueledeng : 156 Km, Dourbali : 103 Km) et du fait ensuite, d'une plus
grande professionnalisation du secteur.
La coupe et la carbonisation à des fins de
commercialisation sont dominées aujourd'hui par quelques exploitants
agréés venus de N'Djaména, qui emploient les charbonniers
dans les villages proches des sites d'exploitation. A Mogroum, nous avons
rencontré quelques exploitants particuliers opérant à leur
propre compte. Leur produit étalé le long de la route, est vendu
aux camionneurs et autres particuliers de retour des provinces du Sud.
En dehors des bûcherons, il existe aussi des petits
exploitants ruraux, sans moyens de transport, qui n'ont pas d'employeurs, mais
plusieurs clients : camionneurs, transporteurs en charrette et les
citadins qui se servent tous les week-ends. Les rayons d'actions des petits
exploitants que nous avons rencontré se situent rarement au-delà
de 50 Km. Ainsi, leur activité devient plus destructrice pour le milieu
naturel que les grands bûcherons généralement
implantés dans des zones plus boisées.
Les paysans constituent le dernier groupe d'acteurs
d'exploitation du bois énergie. Ils vivent dans les villages
péri-urbains, le long de la route nationale (N'Djaména-Bongor) et
jouent un rôle plus important en matière de rationalisation de
l'approvisionnement. L'exploitation intéresse toute la famille. Les
hommes se chargent de la coupe et du débitage des grosses bûches.
Quant aux femmes, elles s'occupent de la vente qui leur apporte un revenu
important : 40.000 à 120.000 F.CFA par an.
Figure 14: Carte de la zone d'exploitation du
bois-énergie de la ville de N'Djaména
La principale raison qui conduit les paysans à
exploiter la forêt tient à la faiblesse des revenus agricoles par
rapport aux besoins croissants17(*) nous disait MAHAMAT AHMAT HACHIN18(*). Pour lui « le
commerce du bois est une activité sûre. La ressource est
disponible, nul n'a besoin de la semer et de dépendre des pluies pour
les récoltes. Ensuite c'est une activité qui est exercée
à une période où on n'a pas grand chose à faire au
village ».
D. Le commerce et le circuit de
distribution du bois-énergie à N'Djaména
Le commerce du bois de chauffe et du charbon de bois
relève du secteur informel de l'économie du marché.
L'organisation du commerce et de ces filières présente de
nombreuses analogies avec celles du commerce traditionnel, à la seule
différence qu'elle intègre les besoins des populations urbaines.
Ainsi, elle fait intervenir une multitude d'acteurs opérants soit pour
leur propre compte, ou soit pour une coopérative installée en
ville.
1. Les différents
intervenants dans le commerce de bois-énergie
Il est difficile de déterminer avec exactitude les
différents intervenants dans le commerce de bois-énergie.
Toutefois, l'enquête de terrain nous a permis de distinguer les
catégories socioprofessionnelles diverses qui s'intéressent
à cette filière. On y rencontre des paysans, des
ouvriers-charbonniers, des intermédiaires, des commerçants
grossistes et des agents de l'administration, notamment ceux du domaine de la
protection de l'environnement par personnes interposées. Ce dernier
groupe s'y intéresse à cause du profit excessif que procure ce
commerce, car ils bénéficient de leur situation pour ne pas
payer les taxes y afférentes19(*).
L'exploitation des ressources forestières à des
fins énergétiques fait vivre de nombreuses personnes. DJANGRANG
(1991) estimait ce nombre à 9000 personnes par an dont 6000 au
service de collecte du bois et de carbonisation. Il prévoit qu'en 2000,
le nombre d'employés avoisinerait 15.000 personnes. Ce nombre semble
être trop élevé, car si on y regarde de près, la
filière bois-énergie est détenue par des groupes d'acteurs
indépendants ou semi-indépendants opérant en chaîne.
Il en découle ainsi des intermédiaires comme les
commerçants transporteurs, les grossistes, les détaillants et les
micro- détaillants.
En campagne on note trois groupes d'acteurs dans le commerce
de charbon de bois et de bois de chauffe :
· Les producteurs indépendants qui se contentent
d'alimenter une clientèle fixe sur la base de négociations
préalables au prix unitaire du sac de charbon ;
· Les ouvriers-producteurs travaillant pour le compte des
commerçants installés à N'Djaména et ayant
pratiquement le monopole du commerce. Une partie de ceux-ci sont quelquefois
loués par les agents de l'administration. Ils sont installés en
pleine brousse où ils n'ont qu'une seule mission, couper et carboniser
moyennant un salaire préalablement négocié ;
· Dans le dernier groupe, on retrouve les paysans
isolés qui ne sont pas intégrés dans le circuit global du
commerce et des centres des décisions de la carbonisation. Ils se
contentent de produire et d'évacuer leur production sur la voie
bitumée pour y être écoulée.
A N'Djaména, le circuit commercial du charbon de bois
est très bien stratifié et organisé selon la
figure 15 ci-après.
En ville, on note des dépôts
éparpillés entretenus par des commerçants et même
des fonctionnaires de l'Etat qui confient la gestion à leurs proches
parents.
De la figure 15 on constate que
l'approvisionnement se fait à partir des sites de carbonisation
privés en campagne où le sac de 42 Kg coûte entre 1.000
FCFA à 1500 FCA. Quelquefois à l'entrée de la ville (Pont
de Chagoua) des cargaisons entières de camion Peugeot Pick-up 404 ou
Mini-bus (photo 3) sont négociés au prix de 2.000 à 2.500
FCFA par sac. Ces mêmes sacs sont vendus en ville entre 3.750 F à
4250, voire 5.000F.CFA selon les saisons.
Figure 15: Circuits de distribution de charbon de bois
à N'Djaména, Source: Auteur, enquête, avril
2002
A partir des grossistes, s'est développé un
autre réseau de commercialisation du charbon de bois : les
revendeurs ambulants (photo 1). Ils sont des jeunes désoeuvrés
(garçons) qui sillonnent la ville. Ces jeunes exercent
indépendamment leur activité de commerçants grossistes.
Ils sont soit en charrette mue par un cheval ou pousse-pousse (photo 1)
contenant cinq à six sacs de charbon. Ils louent le
« pousse-pousse » à 500 FCFA par jour et
négocient le prix unitaire du sac de charbon avec les commerçants
grossistes. Généralement, ils bénéficient d'un
achat à crédit auprès des grossistes qui après
revente, remboursent la totalité de la valeur du crédit
d'achat.
Aussi, depuis quelques années, s'organisent et se
développe parallèlement aux vendeurs ambulants, un commerce de
micro-détaillant de charbon de bois. Les tenants de ce commerce sont des
boutiquiers et certaines ménagères opérant devant leur
maison.
Pour les premiers, il s'agit de diversifier leurs
activités commerciales alors que les seconds (surtout les femmes) se
contentent de cette activité pour améliorer le quotidien
alimentaire familial.
Les tenants de commerce de micro-détail des produits
ligneux, achètent des sacs de charbon aux grossistes ou
détaillants ambulants. Ils procèdent au conditionnement par
petits emballages noirs communément appelés
« leda ». Un « leda » pesant à
peine 500 grammes est vendu entre 50 à 100 FCA. Le conditionnement d'un
sac de charbon permet d'obtenir environ 75 à 100
« leda ». Ce qui rapporte entre 3.750 à 5.000 FCFA.
Ce commerce est tellement prospère que ces derniers n'hésitent
plus à faire de conditionnement de charbon pour un prix de 100 à
200 FCFA voire 250 FCFA en saison des pluies.
L'enquête dans les quartiers de Chagoua et Dembé
consignée dans le tableau 11 permet de confirmer que ce petit commerce
procure aux micro-détaillants un revenu moyen de l'ordre de 950 à
1.850 FCFA/jour soit 28.500 à 55.500 F.CFA par mois. Ce qui
dépasse de loin le niveau du salaire Minimum Inter-Garanti (SMIG), soit
20.000 F.CFA au Tchad.
Tableau 11:
Bénéfice moyen tiré des ventes des produits ligneux dans
les quartiers Chagoua et Dembé sur 45 enquêtés
(détaillants)
|
Bénéfice moyen selon les types de combustibles
|
Lieux de vente
|
Nombre des enquêtés
|
Charbon
|
Bois de feu
|
Chagoua
|
33
|
946,6
|
1725
|
Dembé
|
12
|
957,14
|
1990
|
Total
|
45
|
951,65
|
1857,50
|
Source :Djangrang Man-na, Avril 2002
Dans la ville, les détaillants sont très
nombreux : plus d'un millier. L'activité est fluctuante à
cause de sa pratique facile. A côté des détaillants
permanents, on compte de nombreuses revendeuses occasionnelles qui abandonnent
l'activité au profit d'autres opportunités de gains plus
élevés (vente de poissons par exemple) ou des contraintes
familiales.
La distribution de bois de feu est généralement
plus simple que le charbon de bois. Elle est assurée par des grossistes
et des multiples détaillants.
Les grossistes constituent les professionnels permanents du
secteur. Ils sont le plus souvent transporteurs. Le commerce de bois de feu
qui intéressé très peu des commerçants, semble
être paradoxalement beaucoup plus lucratif que le charbon de bois. Cela
s'explique par la complexité des opérations de transformation et
de reconditionnement des produits par des transporteurs-revendeurs. La
deuxième raison viendrait du fait que les différences entre les
grossistes et les semi-grossistes ou détaillants ne sont pas bien
marquées. Le plus souvent, un seul commerçant multiplie les
points de vente pour écouler le plus vite ses produits.
Le bois de feu est généralement
transporté à N'Djaména par des camions porteurs d'une
contenance d'environ 12 tonnes.
Les prix du bois de feu varient selon plusieurs
facteurs : la saison, la nature du bois vendu et le mode de
commercialisation. Par exemple, les prix augmentent de 12 à 22% durant
la saison des pluies. Dans ces conditions, il est difficile d'avancer des
« prix fixe » observés dans les quartiers. A
Chagoua20(*) et à
Dembé, le prix est de 50FCFA une assiette (tas de trois fagots fendus).
D'après le tableau 12, l'évolution des prix d'une assiette du
bois de feu de mai à décembre 2002 a été la
suivante.
Tableau 12:
Évolution des prix de bois à N'Djaména
Mois
|
Mai
|
Jui
|
Juil
|
Août
|
Sept
|
Oct
|
Nov
|
Déc
|
Prix FCFA
|
50
|
50
|
60
|
75
|
50
|
50
|
80
|
100
|
Source : Auteur, enquête : quartiers Chagoua
et Dembé, 2002
En Avril 2002, nos enquêtes ont relevé une hausse
substantielle des prix : 150 à 200 FCFA, le même tas de
trois fagots fendus. On remarque en terme général que la hausse
intervient en Août et Décembre, respectivement en période
de fortes pluviosités et de fraîcheur. Dans cette incertitude de
fluctuation et des fréquences d'approvisionnement, la vente de bois de
feu rapporte théoriquement une somme de 78.650 F.CFA21(*) aux tenants. Le tableau 13
donne des indications sur la structure des prix de bois de feu et le tableau 14
sur le charbon de bois.
Tableau 13: Structure du
prix du bois sur 45 enquêtés (12 tonnes)
Rubriques
|
Montant en CFA pour 12 tonnes.
|
%
|
Taxe forestière
|
1500
|
0,5
|
Coût d'achat en brousse
|
150.000
|
50,8
|
Coût de transport
|
65.900
|
22,2
|
Marge vente en gros
|
47.400
|
16,0
|
Prix de vente en gros
|
265.300
|
|
Frais de revente
|
18.500
|
6,2
|
Marge bénéficiaire au détail
|
12.750
|
4,3
|
Prix de vente au détail
|
296.550
|
100,00
|
Source : Djangrang Man-na, Avril 2002
Tableau 14: Structure du
prix d'un sac de charbon de bois sur 45 enquêtés à
N'Djaména
Rubriques
|
Montant pour 1 sac de 42 kg
|
%
|
Droit et taxes
|
100
|
2,9
|
Extraction et carbonisation
|
500
|
14,5
|
Transport
|
500
|
14,5
|
Manutention
|
100
|
2,9
|
Marges bénéficiaires en gros
|
1300
|
37,7
|
Prix de vente en gros
|
2500
|
-
|
Marge bénéficiaire au détail
|
950
|
27,5
|
Prix de vente au détail
|
3450
|
100,00
|
Source : Auteur, enquête, Avril 2002
Ces tableaux relèvent la faiblesse des taxes
forestières (0,5% et 2,9%) pour la trésorerie de l'Etat
malgré un chiffre d'affaire assez élevé, l'importance du
coût de transport (22,2%) et des marges bénéficiaires
à la vente en gros (16,0% 37,7%).
Les principaux clients sont les vendeuses de boissons
locales, les vendeurs de grillade et les familles.
2. Les moyens de distribution du
bois-énergie.
La multiplicité des formes de conditionnement du bois
de feu et de charbon de bois, la distance de la zone caractérisent une
organisation différente de chacun des cas pour son acheminement en
ville. Parmi ces moyens, on peut citer les camions, les pirogues, les
ânes et en ce dernier temps les charrettes. La voie de communication la
plus utilisée est la route où les comptages sont possibles. Mais,
certains transports peuvent emprunter une multitude de chemins
différents qu'il est impossible de contrôler. Un deuxième
facteur important d'incertitude sur les résultats est les transports
complémentaires. Il s'agit des transports de bois opérés
de manière annexe. Par exemple, un camion chargé de mil peut
transporter en plus de sa cargaison un ou quelques bottes de fagots. On peut
ajouter à ces contraintes des transports, opérés
discrètement (surtout de nuit) de façon à éviter
les contrôles (Taxes forestières qui s'y rattachent).
Il n'est pas aisé de spécifier les principaux
utilisateurs des moyens de transport à cause des multiples fonctions que
ces derniers peuvent adopter.
Les camions avec remorque ou semi-remorque peu,
employés en raison de leur contenance très élevée
(12 tonnes), appartiennent aux revendeurs grossistes. Lors de l'enquête
au poste de contrôle de Walia, aucun mode de ce transport n'a
été effectué. Une des caractéristiques dominantes
de ces véhicules est leur vétusté qui s'inscrit dans une
logique économique (frais de transport le plus bas par rapport aux
véhicules en bon état qui sont destinés au transport des
marchandises coûteuses et aux hommes), vendre son produit en ville
à un prix compétitif. Généralement, ces gros
véhicules sont destinés au transport de bois de feu. Tel n'est
pas le cas pour des camionnettes, type Peugeot 404 bâchés (Photo
2) utilisées spécialement pour le transport de charbon dont la
charge utile moyenne est comprise entre 800 et 1250 kg, soit 19 à 3O
sacs de 42 kg. Mais en règle générale, nous avons
constaté qu'elle pouvait transporter jusqu'à 60 sacs soit le
double de la charge utile. Les opérateurs transporteurs sont soit des
Bornou, soit des Kotoko, ou encore les Zagoua (nouveaux venus dans le
circuit commercial de charbon). Quelque fois, les détaillants louent aux
coûts de 45.000 à 58.000 FCFA le transport des sacs de charbon
achetés préalablement dans les villages situés à
plus de 100 Km de N'Djaména. Dans les zones les plus proches (moins de
50 km), le transport soit à dos d'âne ou par des charrettes mues
par le cheval.
Les charrettes : Il s'agit des charrettes tractées
soit par un âne ou cheval comme à Ouagadougou. Son emploi demeure
exceptionnel et très limité à des distances très
courtes (environ 50 Km). La charge transportée est estimée entre
650 à 850 kg. Leur utilisation reste le domaine des producteurs ruraux.
En ville, ces producteurs deviennent des détaillants ambulants.
Les ânes (Photos 4) portent deux ou trois bottes de
fagots de bois ou encore 2 à 3 sacs de charbon de bois. Ces moyens de
transport très réguliers dans les années soixante dix qui
assuraient le trafic quotidien à partir des villages proches de
N'Djaména (Linia, Am Djamena, Klessoum, Gaoui etc.) tendent à
disparaître aujourd'hui en raison de la rareté de bois morts. La
plupart de ce trafic est clandestin, car il emprunte des sentiers loin des
axes routiers et demeure difficile à apprécier. De même que
les utilisateurs de charrettes, les âniers sont
généralement des producteurs paysans habitant les villages. On
estime que la charge utile de bois portée à chaque voyage par
âne est de 100 à 120 kg.
Les piroguiers et les bateaux métalliques
(baleinières) : Ce mode de transport revêt un
caractère saisonnier. Il est limité à la courte
période (septembre, octobre, novembre) où le fleuve Chari est
navigable. Au cours de l'enquête, aucun transport de bois n'a
été enregistré en raison de l'étiage très
prononcé du chari.
Le comptage que nous avons effectué en deux jours au
poste de Walia donne les chiffres suivants selon les moyens de transport et les
lieux de provenance au tableau suivant :
Tableau 15: Comptage de
bois-énergie au poste de contrôle forestier de Walia selon les
moyens de transport en deux jours
Moyens de transport
|
Trafics
|
Charge unitaire moyenne
|
Répartition du trafic
|
Charbon (sac)
|
Bois de feu (kg)
|
Camionnette 404
|
27
|
58
|
1566
|
-
|
HIACE (minibus
|
9
|
50
|
360
|
-
|
Transports
|
7
|
9
|
360
|
|
Complémentaire
|
14
|
50
|
-
|
700
|
Total
|
1989
|
700
|
Source : Auteur, enquête, Avril, 2002
Pendant deux jours d'enquêtes, nous avons
comptabilisé 1989 sacs soit 83.538 kg et 700 kg de bois de chauffe, soit
un total de 84.238 Kg. Cette enquête n'aurait montré qu'une
infime partie des ressources ligneuses énergétiques qui entrent
régulièrement dans la ville. Une vérité certes,
mais qui cache la réalité. L'extrapolation du présent
résultat (84.238 Kg) en 7 jours et rapporté aux 8 postes
d'entrées en ville nous donnerait un total de 2.358.664 kg.
Figure 16 : Planche I (Photos
1, 2, 3 et 4)
Photo 1 : Un revendeur ambulant sillonnant la ville de
« pousse-pousse chargé de sacs de charbon de bois. A
l'arrière plan, d'autres ambulants s'apprêtent. Cliché de
l'auteur, mai 2002
Photo 2: Un Mini bus à l'entrée de
N'Djaména. Un nouveau mode de transport de charbon de bois et de bois de
chauffe. La cargaison est négociée par une femme
détaillante. Cliché de l'auteur, mai 2002
Photo 3 : Un ânier au poste de contrôle de
Koundoul (21 km). Il est un paysan - producteur - transporteur - vendeur.
Cliché de l'auteur, avril 2002
Photo 4 : Une camionnette type Peugeot 404 chargé de
plus de 40 sacs de charbon en provenance de Mandelia. Le transport - grossiste
suit un contrôle de routine en ville. Cliché de l'auteur, avril
2002
Les forêts servent en effet à satisfaire les
besoins directs de la population rurale. Celle-ci s'approvisionne d'abord
elle-même (auto-approvisionnement) en bois combustibles surtout, et dans
une moindre mesure en bois de service (pêche).
La croissance de la ville a engendré le
développement du commerce du bois de feu, de charbon de bois et leur
consommation qui s'est traduite par le déboisement de zones
environnantes. Ainsi, il faut aller de plus en plus loin pour satisfaire
la clientèle qui devient plus nombreuses. Les quantités totales
prélevées sont loin d'être négligeables puisque nous
estimons l'ensemble de la récolte à 155 667 m3
22(*) par an. Ce volume
représente en terme de surfaces déboisées23(*) par an de 709 hectares de
forêts claires ou 9 481 hectares de savanes boisées ou encore 22
238 hectares de savanes arbustives.
Dans cet état de fait, il est urgent de modifier le
comportement des citadins en matière de consommation d'énergie
traditionnelle, des ruraux, dans leurs activités de production de bois
et de charbon de bois, puis les pratiques culturales qui ne respectent pas les
exigences écologiques déjà confrontées aux
changements climatiques que nous étudierons au chapitre suivant.
Chapitre 4. LES FACTEURS DE LA MUTATION DU MILIEU NATUREL DU
BASSIN D'APPROVISIONNEMENT DE LA VILLE
L'analyse de la dynamique du milieu naturel du bassin
d'approvisionnement de la ville de N'Djaména en bois énergies que
nous allons entreprendre s'articule sur deux grands axes, d'une part, les
facteurs naturels (climat, relief et les sols) (PIAS, 1970, CHAMARD, 1989) et
d'autre part, l'action anthropique de l'homme (Banque Mondiale, 1985 ;
BONFILS, 1987).
A. Les facteurs anthropiques.
Nous les rappelons brièvement, car ils ont
été largement débattus au chapitre
précédent :
La plupart des auteurs (CCE, BNZ, GTZ, 1986) s'accordent
à dire que l'amenuisement du couvert végétal est
causé par l'homme et qu'elle est le résultat de l'interaction
entre celui-ci et un environnement difficile et changeant. Elle est souvent
imputée à la surpopulation. Toutefois, une population excessive
n'est pas la cause unique et, dans beaucoup de cas, elle n'est même pas
la cause principale24(*).
Dans le bassin d'approvisionnement, nous avons pu relever que ce sont des
influences extérieures, sociales, économiques et technologiques
qui ont contribué à une utilisation des sols et de la
végétation aboutissant à la mutation du milieu naturel
par trois processus :
· D'abord le développement des surfaces
cultivées résultant de leur fertilité moyenne et de
l'augmentation des densités de la population qui pratique l'agriculture
itinérante sur brûlis. Il s'en est suivi une course à la
terre fertile réduisant considérablement les surfaces
boisées.
· Ensuite, la pratique des feux
généralisés en fin de saison sèche. Elle aboutit
à un pénéclimax25(*) de substitution des formations originelles qui a un
faible niveau de potentialité ne permet pas à la
végétation de bien résister à des agressions
liées à la sécheresse, à la surexploitation.
· Même surexploité, le bois est
considéré par les paysans ruraux comme une ressource
inépuisable et gratuite. Cette situation aboutit à une
dégradation souvent irréversible des peuplements ligneux. Cela
est particulièrement vrai en zone péri-urbaine (figure
18). Il n'est pas que la situation de N'Djamena. Des exemples
existent dans la sous région (pays sahéliens)26(*). Le cas de
l'agglomération de Bamako (Niger) est parlant. Ses besoins en
énergie s'élevant en moyenne à 400.000 tonnes sont
couverts par l'exploitation d'une surface de 550.000 hectares de forêts
et jachères arborées (GOUDET, 1990). Une des conséquences
selon l'auteur, est le déboisement systématique en
auréoles et en bandes le long des voies de communication dans un rayon
de 100 Km.
Il n'est pas que l'action anthropique pour expliquer la
régression du couvert végétal. L'analyse des facteurs
naturels en donne une nette explication.
B. Les facteurs naturels
Les exigences écologiques des formations
végétales sont liées par la combinaison des apports
lumineux, thermiques, pluviométriques, hygrométriques et
anémométriques (DAJOZ, 1972 ; RIOU et al., 1997).
Ces facteurs en association, interagissent et caractérisent les paysages
forestiers.
1. Le climat et l'écologie
forestière
La recherche du lien entre l'évolution du climat et la
dégradation régressive du couvert végétal doit en
réalité considérer un milieu à
végétation homogène, c'est-à-dire constitué
que d'essences forestières d'une même famille. Or le bassin
d'approfondissement est pourvu d'espèces
hétérogènes adaptées au rythme
pluviométrique. DELWAULLE (1981) fait comparer les exigences
écologiques d'essences forestières aux apports minimal, moyen et
maximal du paramètre climatique. Suivant son principe, nous avons
dressé le tableau suivant mettant en corrélation les exigences
écologiques et apports climatiques pour le bassin d'approvisionnement de
la ville de N'Djaména.
Tableau 16: Exigences
écologiques et apports climatiques
Paramètres climatiques
|
Exigences écologiques
|
Apports climatiques
|
N'Djaména
|
Bongor
|
Température
(°C)
|
Température moy.annuelle
|
26-32°c
|
28,7°
|
26,7°
|
Température moy.men. Max.
Min.
|
30-37°
24-28°
|
33,3°
24,0°
|
32,4°
21,1°
|
Précipitation (mm)
|
Précipitation annuelle Min. .
Moy.
Max.
|
400
|
226,1
|
462,9
|
900
|
568,5
|
805,O
|
1200
|
990,1
|
1135,1
|
Durée des saisons 100 mm.
< 30 mm.
|
2 à 4
|
2
|
3
|
6-8
|
8
|
7
|
Insolation
(heures)
|
Minimale
Optimale
Maximale
|
1,8
|
6,7
|
5,9
|
8-9
|
8,8
|
8,2
|
12
|
10
|
10
|
Vitesse de vent (m/s)
|
Minimale
Optimale
Maximale
|
0,3-1,5
|
1,8
|
-
|
8-20,7
|
2,3
|
-
|
28,5-36,9
|
2,9
|
-
|
Source : DELWAULLE (1981a) Complétée
et mise en tableau DJANGRANG MAn-na, Décembre 2002.
Faisons remarquer que les végétaux s'adaptent
beaucoup plus aux réalités quotidiennes qu'aux moyennes du
climat, car, une variation journalière aura moins de
conséquences sur les paysages végétaux que si elle dure
dans le temps. Ne disposant pas de données climatiques à ces pas
de temps, nous nous sommes contentés des moyennes annuelles et
mensuelles. Notons au passage que ces données difficilement utilisables
en raison de leur aspect général, faiblement significatif, ne
donne qu'une idée théorique de la manifestation du climat qui ne
serait suffisamment fin pour que l'on puisse déduire une
évolution régressive du milieu naturel dans le bassin.
En effet, les séries pluviométriques
postérieurs à 1973 que nous avons analysé
précédemment, indiquent non seulement une réduction de
l'ordre de 200mm, mais aussi, une plus grande variabilité
spatio-temporelle. La principale variation constatée est la diminution
de la pluviosité d'Août. Ce qui réduit par
conséquent la fréquence habituelle de l'excédent du bilan
hydrique (P-ETP) d'Août. En conséquence, les
réserves en eau du sol ont une grande difficulté à se
recharger. Ce qui laisse présager une faible productivité de la
strate herbacée et un mauvais développement des ligneux.
Aux échelles mensuelle (durée moyenne des
saisons) et annuelle (pluviosité, température, humidité
relative etc.), les relations entre les paramètres climatiques et les
exigences écologiques révèlent une situation controverse
(Tableau 16) par exemple, la moyenne pluviométrique annuelle (226,1m)
est presque deux fois moins les exigences écologiques (400mm) de
nombreuses essences de la savane. Il y a donc risque de
dépérissement. Cependant, la normalisation apparente27(*) de la pluviosité
pendant la décennie 1990 n'a t-il pas amélioré
l'équilibre écologique ?
KENNET (1986) faisait remarquer que même pendant les
années déficitaires, c'est-à-dire celles où les
moyennes pluviométriques annuelles sont inférieures à la
moyenne de la série, le régime annuel des pluies est toujours
humide. Pour lui, les années de sécheresse qui ont sévi,
n'ont pas eu d'incidence majeure sur le régime pluviométrique en
domaine sahélien. Cette thèse paraît se justifier, puisque
l'indice d'aridité calculée à partir de la formule de
MARTONE (i =P/T+10) relève des valeurs favorables
à la persistance d'humidité (Tableau 17). Ainsi, le seuil
d'alarme de l'aridité absolue (i<5) n'a
été atteint qu'en 1984.
Tableau 17: Indice
d'aridité calculé selon la formule de MARTONE
Années
|
Précipitations (mm)
|
Température (°C)
|
Indice d'aridité
|
1973
|
314,7
|
29,3
|
8
|
1983
|
376,1
|
29,3
|
9
|
1984
|
226,1
|
29,1
|
5
|
1985
|
341,7
|
28,7
|
8
|
1990
|
329,2
|
27,2
|
8
|
Source : DJANGRANG MAN-NA, Décembre 2002
Ces années réputées exceptionnellement
sèches ont des valeurs très hautes. Mais, lorsqu'on examine la
courbe de tendance sur le graphique d'anomalies centrées et
réduites (figures 17 et 18), on se rend compte que le
climat dans le bassin d'approvisionnement énergétique de la ville
de N'Djaména évolue vers l'aridité.
Figure 17 : Anomalies
centrées et réduites et tendance (N'Djaména - 1950-2000)
d'après les données de D.R.M
Figure 18 : Anomalies
centrées et réduites et tendance (Bongor - 1950-2000)
d'après les données de D.R.M
Aussi, en adoptant le calcul d'indice climatique de
THORNTWAITE (i - 0,1645 (P/T+12,2)10/9 (DAJOZ,
1972) qui a l'avantage de cerner de plus près la réalité,
nous sommes arrivé au même résultat avec des valeurs
faibles (Tableau 18).
Tableau 18: Indice
climatique calculé selon la formule de TORNTWAITE des années
déficitaires
Années
|
Précipitations
|
Températures
|
Indice climatique
|
19973
|
314,7
|
29,3
|
1,5
|
1983
|
376,1
|
29,3
|
1,9
|
1984
|
226,1
|
29,1
|
1,3
|
1985
|
341,7
|
28,7
|
1,7
|
1990
|
329,2
|
27,2
|
1,7
|
Source : DJANGRANG Man-na, Décembre
2002.
Or, en écologie, la répartition des pluies
revêt un caractère essentiel car elle permet de connaître la
période « humide » et partant la durée de la
saison favorable à la croissance des végétaux (CORNET,
1976). Telle n'est le cas pour le bassin d'approvisionnement. Pour la station
de N'Djaména, nous constatons que :
· Les années 1964, 1965, présentent le
maximum d'irrégularité avec une pluie précoce en Mars, une
longue période de sécheresse et une pluie tardive en
Octobre ;
· Pour deux années recevant une même
quantité d'eau (1955, 1998), la répartition des pluies
diffère considérablement.
Ainsi, une telle variation de pluviosité qui
conditionne l'évolution des sols ne permet certes pas un
développement conséquent du couvert végétal.
2. Les facteurs
édaphiques
Les facteurs édaphiques interviennent et servent
à la localisation des espèces et déterminent en même
temps la répartition des groupes végétaux (LACOSTE et al
1999). En effet, les travaux de PIAS et al., (1964) font
apparaître que les facteurs édaphiques et leurs
caractéristiques physico-chimiques dans le bassin d'approvisionnement
énergétique de la ville de N'Djaména sont ceux
définis par la pédologie forestière donc moins fertiles
Les sols sont de types sableux, argilo-sableux à
argileux à nodules calcaires, argilo- sableux, argileux des prairies
inondées au Sud de N'Djaména et sols bruns subarides de la marge
Sud du Lac Tchad. En même temps que les conditions climatiques deviennent
plus arides, les sols halomorphes occupent une plus grande place et les
phénomènes de salinisation gagnent de nombreux types de sols.
Cependant, les phénomènes d'induration
(« naga ») sont nombreux et proviennent de la disparition
du couvert végétal, suite à l'exploitation
effrénée du couvert végétal et de décapage
des horizons superficiels.
Ainsi, sous l'effet d'intense rayonnement, se produit une
évapotranspiration (267,4% au mois de Mars) qui assèche le sol
dénudé et fait transpirer les végétaux. Lorsqu'une
trouée est faite dans le couvert végétal à partir
des coupes de bois, l'éclairement plus fort du sol entraîne une
régénération du paysage. Au fur et à mesure que
l'exposition dure dans le temps, la composition floristique se modifie et la
savane arbustive est remplacée par la savane herbeuse, puis le
« désert ». La désertification commence
généralement par la destruction de la végétation
dont la cause principale est probablement le besoin de bois de chauffage
(SABADELL, 1982 in. CCE BMZ, GTZ 1986).
Les interactions climatiques, édaphiques et biologiques
influent dans une large mesure sur la répartition et les
caractéristiques du paysage végétal du bassin
d'approvisionnement énergétique de la ville de N'Djaména.
Du fait de son caractère xérophyte (adapté au climat
aride), la végétation dans le bassin d'approvisionnement
s'intègre à des formations très corrélées
non seulement avec les facteurs climatiques, mais aussi à l'action de
l'homme que la cartographie des états de surface aura à mettre en
évidence.
Chapitre 5 : INFLUENCES DE DÉBOISEMENT SUR LE
MILIEU NATUREL ET LA CARTOGRAPHIE DES ÉTATS DE SURFACE
L'objet du présent chapitre est l'analyse des
influences de la mutation du milieu naturel sur les états de surface
à partir des cartes de végétation du bassin
d'approvisionnement énergétique de la ville de N'Djaména
multidatées.
A. Méthodologie d'analyse
de l'évolution des états de surface
Après avoir choisi notre zone d'étude qui est le
bassin d'approvisionnement de la ville en bois-énergie (72.980
Km2), nous nous appuyons sur les travaux de GRONDAR (1964), PIAS
(1960) et deux autres séries des données
complémentaires :
· Des observations de terrain : description de
transects (sols, états de surface, végétation, etc.), et
la cartographie d'état de végétation de 1960 et de
1964 ;
· Des interprétations de la carte de
végétation produite à partir d'images satellitales Landsat
(Mai 2001) en cinq scènes dont la carte de position des images
satellitales présentées en annexe II.
ü P 184 RO53 couvrant la zone de Bongor ;
ü P 183 RO52 couvrant la zone de Massenya ;
ü P 183 RO53 couvrant la zone de Bousso ;
ü P 184 RO52 couvrant la zone de
N'Djaména ;
ü P 184 RO51 couvrant la zone de Massakoy.
L'objectif est de réaliser une confrontation de ces
sources d'information entre elles et avec les facteurs supposés de
l'évolution. Ces données sont de qualités inégales.
Toutefois, on peut les utiliser pour l'interprétation du couvert
ligneux, de l'occupation du sol et de leur évolution des zones
exondées et de zones inondables.
B. La dynamique des états
de surface des zones exondées.
Les zones exondées correspondent aux terres
émergées sablo-limoneuses des sommets cuirassés.
Très peu cultivées dans les années 60, où on
pouvait enregistrer 990,1 mm de précipitations par an, les états
de surface correspondaient à une savane arbustive homogène et
à des fourrés et steppes à mimosacées
très fournies d'arbustes (acacia, sieberiana, Acacia senegalensis,
combretum glutinosum, etc.). au nord du 12ème
parallèle (à la limite de N'Djaména). Au Sud, une
forêt claire et boisée à combrelacées
(Anogeissus, Terminalia, avincennioïdes, etc.) s'y installaient
jusqu'au sud de Bongor sur une ligne Bongor-Am-Timan.
Même si, sur la figure 19, des sommets
cuirassés n'apparaissent pas, la mémoire collective des anciens,
fait mention des surfaces nues appelées « naga ». Le
terme de « naga » utilisé par les arabes et dont
l'équivalent en fufulbé est « Hardé »
désigne cet aspect de paysage et caractérise donc aussi le sol
que la végétation qu'il porte (PIAS), 1970). La monotonie de ce
paysage est parfois interrompue par la végétation dense qui
longe les cours d'eau où occupent les multiples petites mares en eau
pendant la saison des pluies. Ces surfaces s'élargissent le plus souvent
aux abords immédiats des voies de communication, des champs de village
ou de brousse et autour de la ville de N'Djaména
Sur la carte de 2001, ces états de surface se
répartissent en deux groupes en fonction de la distance aux habitations
(tableaux 19 et 21).
Tableau 19: Inventaire
forestier du bassin par formation végétale (année
2001)
|
Distance sélectionnée
|
Formation végétale
|
Superficie totale
ha %
|
< 50 Km
ha %
|
< 100 Km
ha %
|
< 150 Km
ha %
|
Savane boisée
|
675.000
|
0,93
|
0
|
0,00
|
5625
|
0,47
|
22.500
|
1,11
|
Savane arborée
|
1659375
|
22,76
|
5625
|
1,25
|
101.250
|
8,43
|
410265
|
20,30
|
Savane arbustive
|
2784375
|
38,19
|
67.500
|
15,00
|
54.000
|
4,49
|
1293750
|
64,01
|
Arbres isolés
|
360.000
|
4,94
|
28125
|
6,25
|
67.500
|
5,62
|
151875
|
7,51
|
Plantation
|
5625
|
0,08
|
0
|
0,00
|
0
|
0,00
|
0
|
0,00
|
Surfaces vides
|
2413125
|
33,10
|
348750
|
77,50
|
973125
|
80,99
|
142875
|
7,07
|
Total
|
7290000
|
|
450000
|
|
1201500
|
|
2021265
|
|
Source : Auteur, enquête, avril-mai 2001
En comparaison avec l'inventaire forestier du paysage de 2001,
on constate au tableau 20 suivant une évolution régressive des
formations végétales de l'ordre de 6,20% pour la savane
boisée, 1,46% pour la savane arborée et de 0,24% pour les savanes
arbustives.
Tableau 20: Inventaire
forestier du bassin par formation végétale ( année
1960)
Formation végétale
|
Superficie
|
Taux de régression
|
Ha
|
%
|
Savane boisée
|
4186700
|
57,4
|
6,20
|
Savane arborée
|
2429900
|
33,3
|
1,46
|
Savane arbustive
|
673400
|
9,3
|
0,24
|
Source: Djangrang Man-na
Figure 19 Carte de la végétation du
bassin d'approvisionnement de la ville de N'Djaména en
bois-énergie en 1960
Figure 20: Carte de la végétation du
bassin d'approvisionnement de la ville de N'Djaména en
bois-énergie en 2001
Tableau 21: Inventaire
forestier, sous total formation forestière selon les
distances
Distance
|
Surface (ha)
|
%
|
< 50 Km
|
73125
|
1,00
|
< 100 Km
|
646875
|
8,87
|
< 150 Km
|
1726875
|
23,69
|
TOTAL
|
4516875
|
-
|
Source : Auteur, enquête, avril-mai 2002
Jusqu'en 2001, la formation forestière n'a
trouvé refuge que dans les fourrés denses aux limites circulaires
qui doivent leur existence à une situation privilégiée
(mise en défens). Par ailleurs, la relative fermeture de ces couverts
denses, les protège d'une exploitation abusive, de même que la
situation hydrique favorable améliore la résistance aux
sécheresses.
Dans les petites dépressions, où subsistent des
plages d'horizon A encroûté (croûte structurale), un tapis
de petites graminées vivaces (sporobolus festivus) se maintient
en saison pluvieuse, parfois associé à un arbuste rabougri
(combretum micranthum ou guiera senegalensis). Alors qu'on
pouvait compter de centaines de millier de couronnes de ces grands arbustes
à l'hectare en 1964 (GRONDAR, 1964), on ne trouve en 2001 que 426
à l'hectare de survivants dont la couronne est réduite à
quelques branches. La dégradation du bilan hydrique des sols
encroûtés et érodés, ainsi que la surexploitation
par émondage et pour le besoin de bois de feu est la cause de cette
disparition des arbres, laissant ainsi les sols sans protection.
Dépourvus de végétation, ces sols subissent une
érosion linéaire intense sous la forme des ravins.
Les sommets cuirassés très
dégradés posent donc deux problèmes majeurs :
· La production d'un ruissellement intense, dû aux
croûtes grossières et d'érosion éolienne et
pluviale ;
· Et l'absence de production végétale
suffisante proche de N'Djaména entretenu par les nouveaux acteurs
économiques de plus en plus nombreux.
Dans les zones les plus éloignées (150 Km de
N'Djaména vers le sud), les états de surface actuel à
couvert arbustif sont peu différents de ceux de 1964. Toutefois, on voit
apparaître sur la figure12, des sols nus.
Ainsi, au fur et à mesure que les besoins en
énergie domestique se font pressants, les dommages causés sur les
massifs forestiers actuels, grandissants, les surfaces nues subissent des
processus d'érosion plus marqués que par le passé. Il faut
prendre en compte la faible capacité en eau des sols, l'existence et des
sécheresses successives.
En conclusion, les formations des sommets cuirassés
n'ont qu'une faible capacité de résistance face à une
exploitation intense comme la coupe du bois accouplée d'une situation de
sécheresse. Là où elles sont dégradées, il
apparaît illusoire d'envisager leur réhabilitation avec les moyens
actuels de l'Etat.
C. La dynamique des états
de surface des zones inondables
Vers le Sud de N'Djaména, le long de la route
principale (N'Djaména-Bongor), les cuirasses, vastes plaines sont
recouvertes par un sol très argileux à horizon hydromorphe. La
végétation est une savane herbeuse piquetée de quelques
arbustes. La fonction de cet espace est le pâturage de saison
sèche (CLANET 1989), la culture de Béré béré
(sorgho blanc de décru) et autres cultures pluviales.
Depuis le début des années quatre vingt, la
sécheresse, le surpâturage, le défrichement et les coupes
abusives de bois de feu ont entraîné la réduction et la
modification de la flore et du couvert végétal ligneux qui se
confinent désormais dans les cuvettes. Pendant les années
très sèches, comme 1984 (226,1m), 1973 (314,7m3) les sols sont
restés nus. Marqués par des croûtes structurées
28(*) et d'érosion,
les sols nus détériorent les conditions d'installation de
végétation boiseuses et herbeuses, vite coupés et/ou
détruits par les animaux de plus en plus nombreux.
D. Interprétation
Après avoir établi une typologie des formations
forestières, il est possible de suivre l'évolution des
différentes unités par relation aux faits physiques (climatiques
et édaphiques) et anthropiques suivant les figures 19 et
20. Aujourd'hui, l'aspect de la plupart de ces formations est
modifié.
La savane arborée est devenue une steppe arbustive
entrecoupée de la strate herbeuse. Les coupes de bois et les
défrichements ont redoublé d'intensité aux dépens
du couvert végétal ligneux dense. Ces actions se signalent par
des regroupements d'arbustes séparés, par des espaces vides
(savanes parcs). Dans les années 1960, les zones dénudées
ne se localisaient que sur certains milieux particuliers : aires de
pâturage à proximité des points d'eau et des puisards. En
2001, on constate une progression importante du sol nu souvent en
périphérie des habitats (mise en culture et exploitation de bois
de feu). Les seuls espaces encore peu touchés sont les bas-fonds, les
cuvettes qui ne sont pas en situation de recevoir d'intenses ruissellements,
sensibles à l'érosion pluviale.
En effet, toutes les formes de dégradation de
l'environnement que nous avons observé dans le bassin ont des effets
nocifs sur la production alimentaire, car, on constate que l'érosion des
sols est en train de miner lentement la productivité des surfaces
cultivées.
Dans les zones d'irrigation, la saturation en eau (par
irrigation) et l'excès de salinité (par évaporation
intense due à un ensoleillement très élevé) font
chuter les rendements. Nous ne pourrons pas présenter un tableau
détaillé de ces pertes, car ces données n'existent pas. Au
moins espérons-nous que cet exposé aidera à attirer
l'attention sur les caractères dangereux pris par les effets de
l'érosion du sol sur la production agricole si des mesures de protection
ne sont pas adoptées.
La culture itinérante sur brûlis (jachère
prolongée), pratiquée traditionnellement par les paysans du
bassin d'approvisionnement énergétique de la ville pour garder au
sol une certaine fertilité ne plus respectée sous la pression des
densités de la population toujours plus fortes. Aujourd'hui, les paysans
remettent la même parcelle en culture tous les 5 à 10 ans.
Autrefois ils attendaient de 20 à 25 ans (CLANET, 1982).
Comme le cycle de mis en jachère se raccourcit et que
le couvert végétal diminue, l'érosion et la
dégradation des sols s'accélèrent.
Aussi, le déboisement a des effets négatifs de
diverses sortes. Il affecte directement les cycles hydrographiques en
favorisant le ruissellement de l'eau et perturbant le recyclage de l'eau de
pluie. Les effets de ce processus ont été illustrés, en
1988, lorsque les régions riveraines du Chari et du Logone se sont
retrouvées plusieurs jours engloutis sous les eaux. Cette inondation
devrait détruire des cultures pluviales.
Avec la poursuite du déboisement, le bois de chauffe va
être de plus en plus rare. Les villageois devront donc brûler
davantage de bouses de vache séchées et des résidus des
récoltes, ce qui privera le sol, non seulement d'éléments
fertilisants, mais aussi des matières organiques utiles pour maintenir
une bonne structure du sol.
De tous les changements que les paysans du bassin
d'approvisionnement ont déclenchés, celui du climat est le plus
perturbateur. Il fait certes suite à une succession des phases
contrastées constatées depuis la dernière ère
géologique : Pendant le quaternaire, (Il a duré environ 3
millions d'années) de nombreux épisodes de glaciations se sont
alternés depuis 400.000 ans. Elles correspondaient dans les
régions tropicales à de succession des phases plus sèches
entrecoupées des phases humides (SCHNEIDER et al., 1991). Les
climats anciens du bassin d'approvisionnement sont intégrés dans
le système paléo climatique de l'Afrique Centrale. Les travaux de
CHAPELLE (1986) sur les variations climatiques au Tchad et leur
conséquence sur l'implantation des peuplements tchadiens, le fait
correspondre aux trois transgressions de la mer paléo-tchadienne
à partir du 18è siècle.
Au cours de la moitié du 18è siècle, le
Bahr el Gazal coulait jusqu'au Koro-Toro. La période allant de 1851
à 1874 était particulièrement humide au cours des
années 1920 et 1930. Pour CHAPELLE, les phases humides sont
entrecoupées de nombreuses phases sèches. Nous retenons entre
autres :
· La sécheresse de 1828 à 1831 qui a
entraîné la famine dans le Ouaddaï
géographique ;
· Celle de 1896, baptisé l'année de
soif ;
· Enfin celles de 1967-1968, 1973-1974, 1983-1984
survenue au Sahel avec l'assèchement de ¾ de la superficie du
Lac-Tchad (13.000 Km2 aujourd'hui).
La baisse de la pluviométrie au cours des
sécheresses a atteint des niveaux exceptionnels en 1973 à
N'Djaména (314,7 mm, soit 50% de moins que la normale).
L'isohyète 800mm a enregistré un déplacement de l'ordre de
150 Km en zone soudanienne et l'isohyète 200mm à plus de 300 Km
en zone sahélienne avec des conséquences sur le couvert
végétal, les sols et les hommes (morts d'hommes et de
bétail, famine, migration, etc.). BOUQUET (1974). Ces observations
confirment celles de COUREL (1984) qui conclut que d'une manière
générale, l'évolution de la pluviométrie
après le début du siècle a été
marquée par la succession de périodes excédentaires et
déficitaires d'inégales. Les travaux de GIRAUD et ROSSIGNOL
(1973), GODARD, TABEAUD (1993) ont montré que les déficits ou les
excédents ne sont pas périodiques, mais récurrents.
Utilisant des sources très diverses, BRUEL avait
esquissé une carte pluviométrie et considère le territoire
tchadien comme recevant une hauteur des pluies variant de 1000mm au sud
à 200mm jusqu'à la latitude de 15° Nord. La carte
d'isohyètes de DARNAULT préfigure les cartes actuelles avec une
décroissance régulière des isohyètes de 1000 m
à Fort-Archambault (Sarh) à 500 mm au Nord de Fort-Lamy
(N'Djaména). Au même moment, AUBREVILLE (1948) distingue pour le
Tchad, trois types de climat (Figure 21) : climat
sahélien (0-3-9) au nord, climat sahélien (4-3-5) au centre et le
climat soudanien (4-1-7). Cette subdivision mérite aujourd'hui
d'être rectifié quant on tient compte du décrochage depuis
les années 1970 des isohyètes de 50 à 180 mm vers le sud,
malgré quelques légères améliorations
observées au cours de la décennie 1990. Cette tendance est
illustrée par trois normales pluviométries établies par
la Direction des ressources eau et de la météorologie (DREM)
(Figure 22). Il s'agit des normales de 1960 (1931-1960), 1975
(1946-1975) et de 1990 (1961-1990). Une des conséquences de cette
régression des précipitations est la caractérisation du
territoire tchadien en trois zones bioclimatiques qui constituent autant des
domaines climatiques que des zones d'expression différentielles du
phénomène de la mutation du milieu naturel et l'augmentation de
températures globales à N'Djaména observée pendant
ces dernières années.
La conjonction des facteurs climatiques (sécheresses
récurrentes et les mauvaises répartitions des pluies dans le
temps et, anthropiques (croissance des besoins en terres arables agricoles et
en produits ligneux, surpâturage, etc.) ont entraîné de
sérieuses dégradations du milieu naturel du bassin et un
changement climatique marqué par un réchauffement global des
températures.
Pour sauver ce milieu, quelques actions doivent être
entreprises. L'examen de ces mesures est consigné dans le chapitre
suivant.
Figure 21 : Carte des secteurs bioclimatiques
actuels
Figure 22: Variabilité spatio-temporelle de la
pluviométrie moyenne annuelle de 1931-1990
TROISIÈME PARTIE
LES ENJEUX DE LA POLITIQUE
FORESTIÈRE ET LES MESURES A PRENDRE
Dans cette troisième partie, il ne s'agit pas de
revenir sur l'ensemble des actions envisagées par l'Etat, mais de
proposer des solutions susceptibles d'économiser le bois-énergie
qui se fait déjà rare et cher.
Chapitre 6 : LES ENJEUX DE LA POLITIQUE FORESTIÈRE
ET LA PRODUCTION DU BOIS ÉNERGIE POUR LA VILLE DE N'DJAMENA
La menace qui pèse sur la
« forêt » est connue de tout, et pourtant sa
destruction s'accélère. C'est que la pauvreté et la faim
sont des facteurs premiers de cette déforestation. Toute solution doit
s'attaquer à ces deux maux. Mais nous ne y reviendrons pas.
L'objet du présent chapitre est de proposer les
possibilités de modification structurelle d'approvisionnement de la
ville de N'Djaména en bois-énergie sans grand dommage sur le
milieu naturel. Nous pensons qu'elle passe par une politique publique de
cogestion forestière, d'aménagement des forêts naturelles,
de la promotion des plantations communautaires et de la possibilité de
modification structurelle de consommation.
A. La politique publique
forestière
1. Le rôle de l'État
dans la gestion forestière
Jusqu'aux années récentes, une politique
forestière existait au Tchad. Elle était liée
essentiellement à la phytogéographie basée sur le
reboisement grâce aux aides extérieures. Ainsi, 3000 hectares ont
été boisés dont 1000 hectares autour de N'Djaména
L'objectif de cette politique forestière est de créer une
ceinture verte autour de la capitale. Son rôle serait de :
· Améliorer le cadre de vie de N'Djaménois,
notamment en protégeant leur habitation contre les méfaits des
vents de sables soulevés par les tornades et en leur offrant des lieux
de récréation ;
· Lutter contre l'érosion éolienne et
fluviale en fixant les sols et non jamais procurer de bois comme source
d'énergie domestique.
Dans cette condition, seules les forêts naturelles
servent largement à satisfaire les besoins directs de la population
rurale d'abord (auto-approvisionnement) ; ensuite l'approvisionnement de
la ville s'y ajoute.
Les prélèvements correspondants sont d'autant
plus destructeurs qu'il est nécessaire d'induire une notion de gestion
durable des milieux naturels aux populations rurales principales productrices
de bois-énergie pour la ville de N'Djaména. En fait, qu'est ce
qu'une gestion durable. Selon la FAO (1990), la gestion forestière
est durable, c'est lorsqu'elle «vise à la fois à conserver
et à produire ». Une telle politique au Tchad existe, mais on
remarque une désarticulation notoire entre les différents
partenaires (Etat et usagers) dans l'application des décisions. Cet
état de fait interpelle l'Etat à jouer pleinement son rôle.
Dans le bassin d'approvisionnement, l'Etat intervient à
plusieurs titres.
· D'abord comme expression de la puissance publique qui
secrète des réglementations qui ont pour but de limiter la
destruction d'une ressource jugée indispensable ;
· Ensuite, comme régisseur, garant à long
terme et représentant de l'ensemble des intérêts de la
collectivité nationale, chargée de gérer les
forêts.
Ces interventions de l'Etat ci-haut citées sont
justifiées théoriquement29(*).
Au moment où cette politique se met en place, la
forêt est essentiellement une source de combustible aux ménages de
la ville et sert en même temps qu'à l'approvisionnement
énergétique des briqueteries et autres activités :
« industrie » de boissons locales, grillades des viandes
tout le long des axes, etc. Aucune intervention musclée n'et
observée du côté de l'État pour inverser la tendance
à l'utilisation de cette ressource qui fait vivre de centaines de
milliers des paysans.
Même si son apport à l'économie n'est pas
très visible comme l'agriculture, l'élevage et aujourd'hui le
pétrole, l'espace boisé doit tout de même être
géré au service des besoins de la collectivité
présente et future. C'est aussi ça qui devrait justifier la mise
en place des règles et des lois appliquées et applicables par
l'Etat.
2. La règle et son
application
L'intervention forestière étatique au moyen
d'outils réglementaires et administratifs, a toujours été
en débat. Conçue comme le remède à un moment
où la pression sur les ressources ligneuses ne se faisait guère,
elle se trouve aujourd'hui remise en cause au moment même où la
pression des usagers s'accélère. Alors, la
nécessité d'établir des prescriptions nécessaires
s'impose.
a.
Une réglementation spéciale
Exception à la règle, la forêt est donc
tributaire d'une règle d'exception au Tchad comme partout d'ailleurs.
La législation est d'abord particulière. Le contrôle de
l'accès aux bois fait partout l'objet de lois
forestières30(*) de
portée nationale et concernent l'ensemble des problèmes
forestiers traités comme un tout.
Les règles restrictives de l'accès au bois sont
mises en place par une administration forestière (Ministère des
Eaux et Forêts et de la protection de l'environnement) dont les agents
sont en partie formés aux techniques de gestions correspondantes. Ce
corps très bureautique tient sa force de sa compétence technique
particulière et cadres juridiques que ses membres partagent pour
l'exercice de leur fonction.
Considéré du point de vue de la
définition qu'ils donnent de la nature, du temps, de l'autorité
ou encore de la collectivité, l'ensemble des valeurs partagées
par les agents forestiers a pu apparaître à certains moments comme
une véritable idéologie. S'affirmant les seuls
dépositaires des intérêts supérieurs de la nation,
se posant comme leurs garants, les agents forestiers ont largement
contribué à donner aux politiques forestières leur rigueur
et leur sévérité31(*).
Dans un contexte de contrôle étatique, le
rôle de l'appareil forestier ne se limite pas à la simple mise en
oeuvre des dispositions réglementaires concernant le secteur. Son action
en matière d'orientation des décisions de politique
forestière peut être aussi importante sinon plus. Dans un domaine
aussi spécialisé, il est difficile de se passer de la
compétence des fonctionnaires qui, mieux que quiconque, connaissent les
problèmes à résoudre et les réponses à
apporter. Ils sont donc mieux placés pour pouvoir guider les choix
publics.
Ce que nous observons est tout à fait le contraire.
L'on coopte parmi les militaires en retraite (ou en déflation) pour en
faire d'eux des agents forestiers (photo n° 7). Ne connaissant aucun
dogme de ce secteur sensible, ils se laissent entraîner par la loi du
marché tant par les agents économiques et des usagers. Pour une
affaire de quelques 1000 FCFA, des surfaces boisées importantes sont
soumises à une exploitation répressive.
Cette exaction est entretenue par une demande accrue de
bois-énergie en milieu urbain. La « duocomplicite »
des acteurs économiques et « agents forestiers
mafieux »32(*) a
donné lieu à ce que nous voyons aujourd'hui :
Déforestation sur plus de 50 Km aux alentours de la ville de
N'Djaména et le long des grands axes (N'Djaména-Nguelendeng). Ce
qui laisse supposer que l'administration forestière gérant de
l'équilibre biodiversité d'antan, est aujourd'hui en panne.
L'évaluation qui peut être faite de nos jours de
la politique de contrôle de l'espace forestier donne lieu à des
schémas contrastés qu'il faut restructurer, peut-être en
cédant une partie du pouvoir au secteur privé ou à la
collectivité locale.
b.
Le recours à la collectivité locale
La mutation de la fonction de l'administration
forestière en ces dernières années a donné lieu
à des débats entre les forestiers (certains pensent qu'il faut
privatiser ce secteur, d'autres préfèrent qu'il doit continuer
à jouer son rôle d'antan). D'abord plus contraint que volontaire,
mais soucieux de gagner par-là une légitimité sociale qui
lui avait fait défaut lorsque l'Etat avait confisqué la
liberté locale, le personnel forestier est amené à
coopérer avec la collectivité locale en matière de gestion
forestière.
Ce qui suppose en fait que des actions doivent être
entreprises et des groupements créés dans les sites
d'exploitation. Ces groupements seront appelés à jouer le
rôle d'intermédiaire entre les zones de production (milieu rural)
et les zones de consommation (milieu urbain).
En milieu rural, il s'agit d'induire dans l'esprit des
paysans-collecteurs de bois-énergie le concept de
désertification : « le désert avance »,
d'ici quelques années, ils risquent de se retrouver dans des zones de
plus en plus déboisées. Pour éviter cela, il faut
gérer les ressources disponibles actuellement.
Cette politique de cogestion devra avoir des
conséquences salutaires. Aussi faut-il que cette politique soit suivie
et même accompagnée d'un plan d'activité annuel
rigoureusement établi et suivi comme nous le présentons dans le
tableau 22.
Tableau 22 : Plan
d'activités annuelles d'exploitation
N°
|
Activités
|
Indicateurs
|
1
|
Marquage des arbres à couper
|
Nombre d'arbres coupés
|
2
|
Exploitation de bois
|
Stères de sacs de charbons produits
|
3
|
Carbonisation
|
Nombre des meules montées
|
4
|
Évacuation de bois vers le marché
|
Transport assuré
|
5
|
Collecte de semence
|
Quantité de semence
|
6
|
Préparation de paillis par le semi-direct
|
Paillis réalisés
|
7
|
Ouverture des tranchés pare-feu
|
Longueur du tranché ouverte
|
8
|
Entretien des tranchés pare-feu
|
Longueur du tranché entretenu
|
9
|
Ouverture de nouvelles pistes
|
Longueur des pistes rurales
|
10
|
Entretien des pistes de débardage
|
Longueur des pistes entretenues
|
11
|
Mise en défens
|
Respect de la mise en défens
|
12
|
Lutte contre les feux de brousse
|
Nombre de feux de brousse combattus
|
13
|
Matérialisation de la parcelle par la peinture
|
Limite des parcelles marquées
|
14
|
Matérialisation de la parcelle par plantation
|
Limite des parcelles plantées
|
15
|
Surveillance paysanne (arbres coupés)
|
Nombre de délits constatés
|
Source : DJANGRANG Man-na, avril 2002
Nous pensons qu'une telle organisation si elle est
acceptée par les paysans, pourra sauver des centaines de millier
d'hectares de savanes boisées qui s'écroulent sous l'oeil des
agents forestiers.
En milieu urbain, il est question de promouvoir d'autres
sources d'énergie dites énergies de remplacement et
équipements y afférentes. Il s'agit de gaz butane, foyer
amélioré, énergie solaire etc. Même si l'utilisation
de ces sources d'énergie semble résoudre en partie le
problème, il est hors de question de penser approvisionner N'Djamena
par celles-ci, car difficile de les avoir sur le marché et à un
prix abordable. Il faut donc rationaliser les formations naturelles, soit en
procédant à leur aménagement et ou à des
plantations communautaires.
B. L'aménagement des
formations naturelles
En zone péri-urbaine, l'aménagement de la
formation naturelle comme le présente la photo 6 complétée
par les plantations à croissance rapide (Eucalyptus
nicrotheca ; cette essence n'est pas à conseiller pour une
grande exploitation. Elle peut entraîner le tarissement de la nappe
phréatique. La plantation des essences locales : les
`'Acacia'', adaptées aux dures conditions climatiques seraient
souhaitables) peut permettre de résoudre en partie, le problème.
Mais, le cas de très grande agglomération comme N'Djaména
doit pousser les décideurs à faire recours à des
énergies de substitution.
Dans les sites de production de charbon de bois et de la
collecte de bois de feu, l'aménagement doit intégrer les
peuplements arborés ou arbustifs, aménagés sous forme des
« forêts communales » (collectivité
locale) ; cependant, des peuplements végétaux dans les
environs immédiats de N'Djaména manquent pour satisfaire ce
souhait. D'où la difficulté de développer une culture de
rente, si on ne réorganise pas les filières de commercialisation.
Les ressources actuelles en produits ligneux proviennent en totalité de
formations naturelles situées à plus de 100 km de la ville de
N'Djaména. Les peuplements naturels restent la principale source
d'approvisionnement dont on ignore leur production, leur évolution est
fonction de la pluviométrie. La ville de N'Djaména étant
située sous l'isohyète 500 mm, la production des formations
ligneuses serait comprise entre 0,5 à 1 m3 par hectare et par
an33(*). Ce qui semble
être très intéressant si les techniques de productions sont
maîtrisées.
Ces chiffres concernent les formations non
dégradées par une surexploitation ligneuse, un pâturage
intensif ou des feux tardifs annuels systématiques. Or nous savons qu'il
est présentement difficile de trouver de massifs forestiers non
dégradés proches ou au-delà de 150 Km à partir de
la ville de N'Djaména. Ainsi, l'importance de procéder à
leur aménagement et ou promouvoir des plantations communautaires et ou
individuelles s'avère nécessaire.
Figure 23 : Planche II (Photos
5, 6 et 7)
Photo
5 : Agents forestier en poste à la sortie sud de N'Djaména
Photo 6 : Aménagement d'un massif forestier d'Acacia
seyal (talha) et Acacia milefera (kittir azrak ou gommier
noir).
Photo 7 : Plantation d'Eucalyptus, vieille de plus
de 50 ans sur sols argileux de dépression à Walia
C. La promotion des
plantations communautaires et ou individuelles
« Les plantations (phot 7) peuvent constituer un
complément à l'utilisation des formations naturelles »
PELTIER (1990). Au Tchad, aucune politique de promotion de plantation aux
objectifs de production de bois-énergie n'existe. Jusqu'à une
époque récente, elle était liée à la
phytogéographie sous le proverbe chinois :
« Celui qui n'a pas planté un arbre avant de
mourir, a vécu inutilement ». Suit à cet
appel, des milliers d'hectares ont été reboisés, mais le
plus souvent, proche des grandes agglomérations34(*). Si l'on considère des
expérimentations menées dans d'autres pays d'Afrique
(Sénégal, Mali et Burkina Faso), d'espèces utilisables en
plantation peuvent constituer à court terme une source de revenu ou
d'autoconsommation. Mais la faible productivité35(*) de telles plantations en zone
Sahélienne et de leur coût de mise en place très
élevé (plusieurs milliers de francs CFA par hectare
planté) nous oblige à ne conseiller l'aménagement des
formations naturelles et l'utilisation des autres sources
d'énergie : les énergies de substitution.
Si la population de la ville de N'Djaména en
particulier et celle du bassin d'approvisionnement en bois-énergie en
générale, veut surmonter l'une des crises les plus graves de son
histoire moderne « Crise de bois-énergie », elle
doit impérativement envisager la réalisation d'économies
d'énergies (utilisation des foyers améliorés
amélioration de la production du charbon de bois et la production
d'énergie de remplacement (énergie solaires, énergie
éolienne et utilisation des gaz butanes). Ces actions constituent pour
nous des mesures à prendre que nous développerons dans le
chapitre suivant.
Chapitre 7 : LES MESURES A PRENDRE
Les mesures d'économie d'énergies doivent
être prises urgemment pour inverser la dégradation du milieu
naturel. Malgré les hausses de prix des produits ligneux, sa
consommation intérieure continue de croître à un rythme
rapide. Le gouvernement est appelé à prendre des mesures
d'économie beaucoup plus sévères. Augmentation de la
fiscalité forestière, la subvention et la vulgarisation des
foyers améliorés, l'introduction d'une technique nouvelle de
carbonisation et surtout la subvention et la vulgarisation de l'utilisation de
gaz butane. Mais la perception populaire autour et sur ces dernières
mesures constitue un frein à leur utilisation.
A. La carbonisation :
l'utilisation du four casamançais
Dans le bassin d'approvisionnement énergétique
de la ville de N'Djaména, le charbon de bois est fabriqué
après carbonisation partielle de bois secs ou verts empilés et
complètement embrasés (photo 8). Quand on juge la
température suffisante, la pile est recouverte de feuilles ou de mottes
de gazon, puis de terres de façon à exclure pratiquement tout
arrivée d'air, mais en laissant des ouvertures pour que la fumée
puisse s'échapper et assurer une carbonisation contrôlée.
Lorsque le charbonnier estime la carbonisation complète, toutes les
ouvertures sont hermétiquement fermées, et on laisse refroidir la
pile. Dans cette méthode, une partie du bois est brûlée
pour fournir la chaleur nécessaire à la carbonisation. Le
rendement est faible et le charbon de bois contient beaucoup de terres et de
cendres. Le rendement de la meule traditionnelle utilisée que nous avons
observé est d'environ 15% alors qu'une carbonisation efficace devrait
permettre d'atteindre 25% environ et même plus.
Il est donc manifeste que si les charbonniers se
décidaient à utiliser des installations d'un type moderne, la
production annuelle pourrait à quantité de matière
première égale, passer de 155 667m3 à 259 445
m336(*). C'est le cas du
four tranchant portatif. Il est en acier. Son rendement sur bois sec est
compris entre 23 et 26% (tableau 23). Il y a là de toute évidence
un progrès considérable par rapport à la meule
traditionnelle, aussi bien en termes de rendement que de durée du
processus. Une des difficultés majeure est son emploi qui
nécessite le recours à des opérateurs qualifiés
pour le faire fonctionner, et son coût élevé alors que les
meules traditionnelles en terre ne nécessitent aucun investissement en
argent.
Tableau 23: Rendement moyen
de carbonisation de bois pour une corde37(*) selon les types de fours
Bois
|
Temps de carbonisation
|
Rendement en charbon de bois
|
Type de fours
|
Volume en corde
|
Nombre de sacs par corde
|
Bois vert %
|
Bois sec %
|
Four tranchant
|
1
|
50
|
7
|
149
|
19,1
|
Meule traditionnelle
|
3,75
|
180
|
2,1
|
4,2
|
5,9
|
Source : DJANGRANG Man-na, avril 2002
Du moment où la demande du charbon de bois
dépasse l'offre, il y a lieu de recherche un rendement meilleur.
Remarquons que le rendement de certaines espèces de bois peut atteindre
en poids jusqu'à 30 à 50% (Tableau 24)
Tableau 24: Les principaux
espèces de bois les plus sollicitées en
carbonisation
Nom scientifique
|
Nom local (arabe)
|
Français
|
Acacia seyal
Acacia raddiana
Acacia mellifera
Balanites aegyptiaca
Guiera senegalensis
|
Talha
Saïal
Kittir azrak
Hedjilidj
Abesh
|
Epineux
-
Gommier
Savonnier
-
|
Source : DJANGRANG Man-na, avril 2002
L'expérimentation dans le bassin d'approvisionnement en
bois-énergie de la ville de N'Djaména (la meule
casamançaise) d'une meule traditionnelle serait bénéfique
et est à encourager. Elle est de type traditionnel, mais modifié
par la présence d'une cheminée, des évents et d'un puits
d'allumage permettant un tirage inversé. Son rendement (25 à
30%) pourrait diminuer l'exploitation des ressources ligneuses de 25%.
B. Les foyers
améliorés
La crise du bois intervient en même temps que la crise
de l'énergie sur le plan mondial. Elle constitue un problème
particulier pour N'Djaména. Si nous pensons les causes se situent en
partie sur place, les solutions devraient se trouver au même endroit.
Pour les causes, il y a la sécheresse et les
activités de l'homme. Ce sont des données fondamentales qu'il
faudra maîtriser. Parmi les remèdes, il apparaît exclu de
rétablir un équilibre durable pour l'importation d'énergie
non renouvelable. Il faut se réorienter sur la seule source
d'énergie actuelle (le bois) qui est à la portée de tous
les habitants. Très peu des gens s'imaginent qu'il est impossible
d'économiser le bois de feu, c'est-à-dire de faire la même
cuisine avec moins de bois. L'utilisation de foyer amélioré
(Photo 10) semble être en partie une solution. Certains tests avancent
des résultats de 40 à 50% d'économie de bois (SOW,
1990).
Au Burkina Faso par exemple, l'introduction des foyers
améliorés a fait baisser la consommation de bois de 50% (GOUDET,
1990). Ce résultat peut être réalisé pour la ville
de N'Djaména, si sa vulgarisation devient efficace même s'il est
difficile de modifier d'un seul coup les habitudes culinaires et les structures
qui existent. Cependant, nous pensons que les difficultés
d'approvisionnement dans l'avenir et la hausse des prix actuels, inciteront les
citadins à accepter les innovations indispensables ; celles
d'utiliser le gaz butane, à la survie de la
« forêt ».
C. Utilisation du gaz butane (Photo 9)
Pour tenter de réduire la consommation du bois de feu
et du charbon de bois, cause de déboisement, le Tchad, membre du
Comité Inter-Etat de Lutte contre la sécheresse dans le Sahel
(CLLSS) a institué un programme d'utilisation de gaz butane comme
combustible de substitution. Ce programme se situe dans une stratégie
globale fondée sur le maintien des équilibres
socio-écologiques en tenant compte de la nécessité de
satisfaire les besoins essentiels des populations dans un environnement
préservé.
Si dans certains pays membres de CILSS comme le Burkina-Faso,
un véritable succès en milieu urbain (en matière de
vulgarisation de gaz butane), a été possible, ce projet a
été un échec au Tchad. Aujourd'hui, moins de 3% de la
population à N'Djaména utilise cette source d'énergie. Les
fonds ont servi à renflouer les poches des particuliers qu'à la
politique énergétique.
Le tableau 25 donne le prix à la consommation d'une
bouteille de 12,5 Kg (10.000FCA et de 6Kg 3.500FCFA) de gaz butane à
N'Djaména dont la durée d'utilisation très variable (3
semaines à plus d'un mois est fonction de mode de vie des habitudes
culinaires).
Tableau 25: Structure de
prix de gaz butane à N'Djaména
N°
|
Paramètres
|
Vrac (tonne)
|
Bouteille 12,5Kg
|
BOUTEILLE 6KG
|
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
|
Prix départ (Ngaoundéré hors taxe
Douanes et transit Cameroun
Transport Ngaoundéré-N'Djaména
Taxe B.N.F 14%
Passage Pont Uélé
Débours
Assurances 1% de (1)
Coulage transport 2% de (1à4)
Transit entré
Prix de revient entré dépôt
Passage dépôt
Entretien et amortissement dépôt
Coulage dépôt 2% de (10)
Entretien bouteille
Amortissement bouteille
Frais généraux 6,65% de (10)
Frais financiers stock outils 1,5%
Prix de revient (sortie dépôt)
Redevance statistique 1% de (10)
Prix de revient (sortie dép. en TTC)
Frais financiers clients 1,5% (18)
Frais livraison ville
Marge de gros 20% de (20)
Prix de cession revendeur
Marge revendeur 10% de (24)
Prix de vente structure
|
288 000
15 037
90 000
12 600
1 000
750
2 080
8 148
600
419 015
40 000
43 730
8 380
13 760
39 200
27 864
6 285
598 235
4 190
602 425
8 974
15 000
110 591
736 989
73 699
810 388
|
3 600
188
1 125
158
13
9
36
102
8
5 238
500
547
105
172
490
348
80
7 478
52
7 530
112
188
1 382
9 121
921
10 134
|
1 725
90
539
75
6
4
17
49
4
2 509
240
262
50
82
235
167
38
3 582
25
3 607
54
90
662
4 413
441
4 854
|
27
|
Prix de vente consommateur
|
800 000
|
10 000
|
3 500
|
Source : TOTAL-TCHAD, Mai 2002
A la lumière du tableau 25, le prix à la
consommation du gaz butane n'est pas pour inciter à l'utilisation de
cette forme d'énergie. En comparaison avec le Burkina-Faso, la recharge
d'une bouteille de gaz butane de 12,5 Kg et 6 Kg coûte respectivement
3125 et 1500 Kg.
Pour BOURDETTE (1998), la solution réside dans le
projet « pétrole-électricité » qui
devrait permettre à la fois, à partir d'une production nationale
de brut, de désenclaver le marché tchadien, de développer
la consommation domestique de gaz butane et d'électricité
à des tarifs susceptibles de substituer le bois-énergie dont
l'exploitation intense accroît les problèmes de
désertification. D'autres sources peuvent être utilisées.
C'est le cas de l'énergie solaire.
Figure 24 : Planche III
(Photos 8, 9 et 10)
Photo 8 : Meule traditionnelle de carbonisation :
Ici la mise à feu de bois préalablement coupés et
entassés. Cliché de DJIMADOUM-YAN KAYAMOUNOU (2001)
Photo 9 : Foyer à gaz ou « ganoune
gaz » amélioré surmonté d'un support de forme
circulaire prêt pour accueillir la marmite. Cliché de l'auteur,
mai 2002
Photo 10 : Foyer amélioré à charbon
de bois fait en métallique. Cliché de l'auteur, mai 2002
D. Les perspectives de l'énergie solaire
Le Tchad occupe un vaste territoire où
l'énergie solaire est abondamment disponible. Ce territoire qui couvre
une superficie de 1.284.000 Km2, est entièrement situé
dans l'hémisphère Nord où l'insolation y est suffisante (8
à 9 heures par jour).
Si l'énergie solaire doit être appelée
à jouer quelques rôles dans l'approvisionnement
énergétique au Tchad, c'est bien à N'Djaména que le
développement de son utilisation doit être envisagé en
priorité. Les raisons sont nombreuses :
· D'abord, N'Djaména bénéficie d'un
potentiel gisement solaire de l'ordre de 3212 heures par an. La
température journalière moyenne est d'environ 22,6°C en
hivers et 32,4°C, ce qui est capable de générer environ 1,3
watt-crête38(*).
Ainsi un modèle classique de 36 cellules (30cmx30cm) de 30-35
watt-crête produira environ 100 watts heure par jour (Courant continu de
12 volts) à N'Djaména au mois de Janvier, ce qui est suffisant
pour alimenter trois points d'éclairage pendant trois heures (SOLAR,
2002)39(*).
· Ensuite, le revenu mensuel moyen par ménage est
inférieur aux dépenses.
Le gouvernement tchadien doit sérieusement
s'intéresser à cette nouvelle source d'énergie, en
créant dans le cadre de ses services de planification une commission
chargée d'étudier toutes les possibilités de recours
à cette source d'énergies de remplacement. Le plan solaire
devrait prendre tous ces facteurs en considération et recommander en
conséquence un certain nombre d'actions pour lesquelles des
crédits soient dégagés : installation des plaques
photovoltaïques pour éclairage. L'Etat devrait encourager
l'installation de ces unités solaires par la subvention des coups qui
paraissent assez élevés (450.000 à 675.000 F.CFA) pour
l'éclairage domestique et de plus de 1.125.000F.CFA pour les kits
d'éclairage équipés de lampes fluorescentes.
La productivité de savanes boisées du bassin
d'approvisionnement énergétique de N'Djaména peut
être accrue en améliorant les conditions d'exploitation et
d'aménagement de ces formations naturelles dans la perspective d'une
production durable. Les plantations ne doivent constituer qu'une source
complémentaire des produits plus particulièrement pour les
bois d'oeuvre, car leur productivité en milieu sahélien est
faible. Faut-il donc se tourner vers d'autres sources d'énergie :
les énergies renouvelables (pétrole et gaz) et aujourd'hui
l'énergie solaire.
CONCLUSION
GÉNÉRALE
Le bois-énergie constitue la principale source
d'énergie (plus de 92,7% de la consommation). Il est utilisé
par la grande majorité des ménages urbains et la totalité
des ménages ruraux pour la cuisson de leurs aliments. Cette consommation
va très fortement augmenter dans les prochaines années à
cause de l'accroissement de la population et de sa concentration en milieu
urbain. Dans dix ans il n'y aura plus d'un dixième de la population
nationale soit 1 700 000 habiteront N'Djaména. Déjà
d'importantes zones déboisées entourent la capitale. Si rien
n'est fait pour inverser les tendances actuelles, N'Djaména va
certainement vers des situations critiques pour son approvisionnement en
bois-énergie de ses populations et pour la préservation de son
fragile équilibre écologique. Un autre drame en
perspective ? La cause est à chercher dans l'analyse des facteurs
multidimensionnels de la déforestation.
La déforestation est ici causée par les facteurs
climatiques (sécheresses récurrentes) contre lesquels peu de
choses peuvent être entreprises. Dans le bassin d'approvisionnement de la
ville de N'Djaména en bois-énergie, ce sont les hommes qui sont
eux-mêmes à la base de la disparition du patrimoine forestier. Les
causes que nous avons pu relever diffèrent selon que nous sommes en
milieu rural ou urbain.
En milieu rural, le phénomène trouve son origine
dans la crise des systèmes de production traditionnelle. Crises en ce
sens que ces systèmes n'ont pas pu s'adapter à l'évolution
de la société. Pour faire face à la croissance
démographique et à la demande urbaine, les techniques de
productions traditionnelles auraient dû être
améliorées, l'agriculture et l'élevage intensifiés
afin d'augmenter leur productivité. Au lieu de cette mutation, la
réponse des paysans a été une surexploitation de ses
ressources naturelles : les défrichements ont été
intensifiés, les temps de jachère réduits, les
surpâturages accélérés, les feux de brousse mal
contrôlés.
Ces pratiques agropastorales à productivité
constante sinon régressive, se sont traduites par la disparition
d'énormes superficies boisées. Elles constituent avec les
sécheresses, la première cause de la dégradation du milieu
naturel du bassin. Ces facteurs humains et climatiques ont pour
conséquences l'existence d'importants gisements d'arbres morts. Les
besoins d'énergie en milieu rural sont généralement
satisfaits par l'auto collecte de ces arbres morts.
Il est important de retenir que, d'une façon
générale, il ne se pose donc pas de difficultés majeures
pour l'approvisionnement en bois-énergie des populations rural du
bassin, mais un problème global de raréfaction d'arbres vivants,
dû à l'inadaptation des systèmes de production
traditionnels. Il y a lieu de parler de crise en milieu rural. Elle concerne
globalement les ressources naturelles. Une crise complexe au centre de laquelle
se trouve l'arbre, d'abord en tant que facteur de production (protection des
champs contre l'érosion pluviale et éolienne, reconstitution de
la fertilité des sols, etc.), ensuite comme produit
énergétique, sans oublier ses autres usages nutritionnels
(fruits, parfois aliments pour bétail) et médicinaux.
En milieu urbain, la concentration des populations a
créé une forte demande de bois-énergie. Cette forte
croissance s'est traduite par une consommation de bois-énergie par
tête de 2,06 stères par habitant et par an. Le
phénomène va s'accélérant. Pour satisfaire à
cette demande, un véritable secteur économique s'est
constitué mettant en relation, divers professionnels (exploitants,
bûcherons ruraux ou urbains, transporteurs et revendeurs) et
consommateurs urbains.
Cette forte consommation se traduit en terme de surfaces
déboisées par an de 709 hectares de savanes boisées, soit
9481 hectares de savanes arborées ou encore de 22238 hectares de savanes
arbustives autour de N'Djaména.
De tous les changements que le paysan du bassin a
déclenchés, celui du climat est le plus perturbateur. Nous
constatons :
· Un réchauffement global du climat de la
région durant les 50 dernières années de l'ordre de
1°C ; un réchauffement particulièrement important
depuis les années 80, en particulier à N'Djaména et une
forte baisse des précipitations totales annuelles et un accroissement
significatif de la fréquence des sécheresses depuis les
années 90. La sécheresse et les températures excessives
qui ont fait tomber la récolte de céréales de 1993-1994 en
dessous du seuil de la consommation national, ont illustré les dangers
que peuvent courir à l'agriculture le changement climatique ;
conséquence : mise en place de famine. En retour le paysan se livre
à l'exploitation du milieu naturel qui ne peut plus fournir le
même rendement qu'avant pour survivre. Ainsi une « spirale
descendante auto-entretenue de pauvreté économique et de
dégradation de l'environnement s'instaure. » (ALAN, 1990).
· Une baisse significative des écoulements des
eaux du Chari et du Logone de l'ordre de 10% entre 1990 et 2000, donc un
régime hydrologique saisonnier modifié avec des
conséquences sur les aménagements en agriculture et la
disparition des ressources halieutiques, donc une menace certaine pour
l'activité de la pêche (qui aurait pu résoudre en
partie les difficultés financières des ménages);
· Une augmentation de l'évapotranspiration
conduisant à une augmentation de déficit hydrique du sol, donc un
flétrissement des arbres ;
· Un niveau des nappes phréatiques qui baisse avec
des risques de salinisation pour les puits servant à l'alimentation des
bétails (responsable de transhumance);
· Une érosion plus forte avec une plus grande
dégradation des sols lors des orages ou des fortes pluies ;
· Une réduction de la durée des cycles
végétatifs.
De ce qui précède, nous pensons qu'il faut
induire des actions urgentes pour sauvegarder le milieu naturel du bassin
déjà dégradé. Pour des raisons d'urgences, nous
avons arrêté des mesures suivantes :
· D'abord ralentir le déboisement : C'est une
priorité de première grandeur. Cela exige de l'Etat qu'il
supprime les avantages financiers qui incitent les producteurs locaux et les
spéculateurs à empiéter sur les ressources ligneuses. Pour
détourner le désir que procure le gain de ce secteur, le
gouvernement et les organismes internationaux de développement doivent
s'employer activement à soutenir financièrement des projets de
développement viable, telles que les parcelles boisées,
l'aménagement des massifs forestiers ou des surfaces
agro-forestières, qui permettent aux populations rurales de vivre de
leur milieu encore sur pied plutôt que de l'abattre pour la production de
bois-énergie ;
· Enfin dans le pire des cas, concentrer les actions sur
la gestion de l'offre. Elle passe d'abord par la réorganisation du
commerce bois-énergie et la responsabilisation des producteurs ruraux au
regard de la ressource disponible. L'imposition d'une taxe forestière
beaucoup plus contraignante est une priorité essentielle. Cette taxe
sensibiliserait les producteurs ruraux et les consommateurs urbains à la
dégradation de l'environnement dont l'utilisation de bois de feu et de
charbon de bois est responsable. Elle inciterait les habitants tant ruraux
qu'urbains à choisir des combustibles en partie sur la base de leur
responsabilité respective dans le processus de réchauffement
climatique du bassin d'approvisionnement. Le charbon de bois serait le plus
lourdement taxé, par contre le gaz butane et le pétrole
subventionnés. Ces derniers se présentent aujourd'hui comme des
sources d'énergie fiables et écologiquement saines.
Pour atteindre ces objectifs, l'action des pouvoirs publics
(organisation d'une semaine nationale de sensibilisation sur le
déboisement : ses impacts sur le milieu naturel) doit porter sur la
sensibilisation et l'information en matière d'économie
d'énergie domestique pour sauver le milieu végétal qui se
dégrade au jour le jour sous les yeux des pouvoirs publics, paysans
producteurs et des consommateurs urbains.
Nous sommes convaincu que la prise en compte de ces
inquiétudes permettra de donner une nouvelle vie à
l'écologie déjà vigoureusement menacée. Mais tout
n'est pas fini ; la réalisation d'études de
sensibilité, de vulnérabilité et d'adaptation des
ressources fauniques aux changements climatiques et actions anthropiques du
bassin d'approvisionnement de la ville de N'Djaména en
bois-énergie s'avèrent nécessaire et reste
notre prochain objectif de recherche.
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ANNEXE I
QUESTIONNAIRE
« A »
Enquête auprès des exploitants des bois de chauffe
et de charbon de bois dans la zone de production en vue de la
réalisation d'un mémoire de maîtrise sur le
thème : « approvisionnement de la ville de
N'Djaména en bois-énergie : ses influences sur le milieu
naturel »
Date / /
Questionnaire n° / Lieu d'exploitation
I. Identification de l'exploitant
1. Sexe : F ? M ?
2. Age /
3. lieu de naissance :
4. groupe ethnique :
5. profession :
- Principale :
- Secondaire :
6. revenu mensuel :
- Principal : FCFA
- Secondaire : FCFA
II. II. Caractéristiques de l'exploitation des
bois -énergies
6. Lieu d'exploitation :
7. motifs d'exploitation :
- Sociaux
- Economiques
- Autres
8. Aire d'exploitation (superficie en
ha)
9. quantité de bois exploités
(kg)
-Par jour /
-par semaine /
-Par mois /
5. Espèce de bois exploités (par ordre
d'importance)
a)
b)
c)
d)
6. organisation du travail
a) Mode d'exploitation :
- Directe
- Indirecte
- Main d'oeuvre
b) Caractère d'exploitation :
- Exploitation permanente jours / semaine
- Exploitation périodique jours / semaine
c) Forme d'exploitation :
- En association de personnes
- Société dénommée
- Individuelle
d) Coût d'exploitation (par mois)
- Main d'oeuvre / FCFA
- Transport / FCFA
- Autres / FCFA
III. Écoulement de bois-énergie
1. Moyens de transport utilisés :
a) Automobile Personnelle Louée
b) Pousse - pousse Personnelle Louée
c) Pirogue Personnelle Louée
d) Autres
2. Modalités d'écoulement :
a) vente sur place
b) sur les marchés
QUESTIONNAIRE
« B »
Enquête auprès des revendeurs des bois de chauffe
et de charbon de bois dans la zone de production en vue de la
réalisation d'un mémoire de maîtrise sur le
thème : « approvisionnement de la ville de
N'Djaména en bois-énergie : ses influences sur le milieu
naturel »
Date / /
Questionnaire n° / Lieu d'exploitation
I. Identification de l'exploitant
1.Sexe : F ? M ?
2.Age /
3.lieu de naissance :
4.groupe ethnique :
5.profession :
a) Principale :
b) Secondaire :
6. Revenu
a) quotidien du fait de la vente du bois FCFA
a) hebdomadire du fait de la vente du bois FCFA
c) Autres FCFA
II. Caractéristiques de la vente du
bois
1. Modalité d'achat :
a) Gros Comptant
c) Détail Crédit
2. Lieu d'approvisionnement
3. Mode de transport
4. Prix d'achat / FCFA
5. Prix de vente / FCFA
6. Marge bénéficiaire / FCFA
7. Modalité de vente :
a) Gros
b) Détail
c) Micro-détail
8. Autres modalités
9. Lieux d'écoulement :
a) Marchés de la place :
b) Autres lieux
10. Principaux acheteurs
ANNEXE II
Carte de positionnement des images
satellitales.
ANNEXE III
TAXE FORESTIERE
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Répartition de la population de
N'jaména selon les sexes en 1993
11
Tableau 2 : Evolution de la population de
N'Djaména de 1921 à nos jours
11
Tableau 3 : Évolution de l'espace
bâti dans la ville de N'Djaména de 1921 à 2000
13
Tableau 4: Principaux essences inventoriées
selon leur famille dans le bassin
21
Tableau 5: Insolation moyenne journalière (en
heures)
34
Tableau 6: Equipements et combustibles
utilisés
41
Tableau 7: Bilan énergétique
simplifié de combustibles
43
Tableau 8: Consommation d'énergie en milieu
rural et urbain
43
Tableau 9: Consommation des différentes
sources d'énergie par ménage selon les différentes
catégories socio-écomoniques sur 245 enquêtés
44
Tableau 10: Estimation de consommation de
bois-énergie
44
Tableau 11: Bénéfice moyen tiré
des ventes des produits ligneux dans les quartiers Chagoua et Dembé sur
45 enquêtés (détaillants)
51
Tableau 12: Évolution des prix de bois
à N'Djaména
52
Tableau 13: Structure du prix du bois sur 45
enquêtés (12 tonnes)
53
Tableau 14: Structure du prix d'un sac de charbon de
bois sur 45 enquêtés à N'Djaména
53
Tableau 15: Comptage de bois-énergie au poste
de contrôle forestier de Walia selon les moyens de transport en deux
jours
55
Tableau 16: Exigences écologiques et apports
climatiques
60
Tableau 17: Indice d'aridité calculé
selon la formule de MARTONE
61
Tableau 18: Indice climatique calculé selon
la formule de TORNTWAITE des années déficitaires
62
Tableau 19: Inventaire forestier du bassin par
formation végétale (année 2001)
66
Tableau 20: Inventaire forestier du bassin par
formation végétale ( année 1960)
67
Tableau 21: Inventaire forestier, sous total
formation forestière selon les distances
68
Tableau 22 : Plan d'activités annuelles
d'exploitation
82
Tableau 23: Rendement moyen de carbonisation de bois
pour une corde selon les types de fours
87
Tableau 24: Les principaux espèces de bois
les plus sollicitées en carbonisation
87
Tableau 25: Structure de prix de gaz butane à
N'Djaména
89
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Carte de localisation de la zone
d'étude (Bassin d'approvisionnement de la ville de N'Djaména en
bois-énergie)
7
Figure 2: Carte de l'évolution de l'espace
bâti à N'Djaména de 1921 à nos jours
12
Figure 3: Courbe d'évolution de la population
de la ville de N'Djamena de 1921 à 2000
13
Figure 4 : Chronogramme d'évolution de
l'espace bâti en rapport avec la population à N'Djaména
d'après les données de BCR et du Cadastre
complétées par l'auteur.
14
Figure 5: Carte des principaux facteurs de
croissance urbaine de N'Djaména (2000)
17
Figure 6: Principaux flux de masse d'air responsable
du mécanisme pluviogène en Afrique d'après OLIVRY et
al., (1983)
24
Figure 7: Évolution de la pluviométrie
annuelle et moyenne mobile sur 5 ans (Bongor : 1950-2000) d'après les
données de D.R.M.
27
Figure 8: Évolution de la pluviométrie
annuelle et moyenne mobile sur 5 ans (N'Djaména: 1950-2000)
d'après les données de D.R.M.
27
Figure 9: Régime moyen mensuel de la
pluviométrie de 1950-2000 d'après les données de D.R.M
29
Figure 10: Evapotranspiration potentielle moyenne
mensuelle de 1950-2000 d'après les données de D.R.M
31
Figure 11: Bilan hydrique potentiel moyen mensuel de
1950-2000 d'après les données de D.R.M
33
Figure 12: Evolution moyenne mensuelle de
températures à N'jaména d'après les données
de D.R.M
35
Figure 13: Évolution moyenne mensuelle de
températures à Bongor d'après les données de
D.R.M
35
Figure 14: Carte de la zone d'exploitation du
bois-énergie de la ville de N'Djaména
47
Figure 15: Circuits de distribution de charbon de
bois à N'Djaména, Source: Auteur, enquête, avril 2002
50
Figure 16 : Planche I (Photos 1, 2, 3 et 4)
56
Figure 17 : Anomalies centrées et
réduites et tendance (N'Djaména - 1950-2000) d'après les
données de D.R.M
62
Figure 18 : Anomalies centrées et
réduites et tendance (Bongor - 1950-2000) d'après les
données de D.R.M
62
Figure 19 Carte de la végétation du
bassin d'approvisionnement de la ville de N'Djaména en
bois-énergie en 1960
67
Figure 20: Carte de la végétation du
bassin d'approvisionnement de la ville de N'Djaména en
bois-énergie en 2001
68
Figure 21 : Carte des secteurs bioclimatiques
actuels
74
Figure 22: Variabilité spatio-temporelle de
la pluviométrie moyenne annuelle de 1931-1990
75
Figure 23 : Planche II (Photos 5, 6 et 7)
84
Figure 24 : Planche III (Photos 8, 9 et 10)
90
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ
I
SUMMARY
I
DÉDICACE
III
REMERCIEMENTS
IV
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
1. Contexte
1
2. Problématique
3
3. Plan
3
4. Données et méthodologies
4
a. Les données qualitatives.
4
b. Les données quantitatives.
5
5. Analyse des données
5
6. Difficultés.
6
PREMIERE PARTIE
8
L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE
8
CHAPITRE 1 : L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE
ET LA MOBILITE DE L'ESPACE URBAIN
9
A. LA VILLE DE N'DJAMÉNA : UNE
LOCALISATION PRÉFÉRENTIELLE HÉRITÉE DE
L'HISTOIRE.
9
1. Le cadre historique.
9
2. Un croît démographique
accéléré et une mobilité spatiale du
bâti.
11
a. Un croît démographique
accéléré.
11
b. Une évolution de l'espace bâti
liée à la croissance de la population.
13
CHAPITRE 2 : LES FACTEURS DU MILIEU
19
A. LE MILIEU NATUREL.
19
1. Le relief et l'hydrographie.
19
2. Les sols et les formations
végétales
20
a. Les sols des zones exondées :
domaine de la savane arborée et arbustive.
21
b. Les sols des zones inondables : domaine
de la végétation arbustive très clairsemée et du
couvert herbacé
22
B. LE CLIMAT
23
1. Les mécanismes et le déroulement
des climats
23
2. Le climat du bassin d'approvisionnement
24
C. CLIMAT ET VARIABILITÉ
PLUVIOMÉTRIQUE DANS LE BASSIN D'APPROVISIONNEMENT
25
1. La répartition géographique des
hauteurs de pluies.
26
2. Evolution saisonnière et le régime
moyen de la pluviométrie
28
3. L'Évapotranspiration potentielle
(ETP)
30
4. Bilan hydrique potentiel (P - ETP)
31
D. LES AUTRES PARAMÈTRES DU CLIMAT
33
1. L'insolation
33
2. Les variations saisonnières et annuelles
des températures
34
DEUXIEME PARTIE
37
CHAPITRE 3 : LES BESOINS
ÉNERGÉTIQUES
39
A. LA PAUVRETÉ, LE MODE DE VIE, LES PRIX ET
LA PERCEPTION DES COMBUSTIBLES UTILISÉS
39
B. LES BESOINS RÉELS EN
ÉNERGIE : UNE PRÉOCCUPATION NATIONALE
42
C. L'EXPLOITATION DU BOIS-ÉNERGIE : UNE
ÉCONOMIE EXTRACTIVE
45
1. Le bilan de l'offre et de la demande
45
D. LE COMMERCE ET LE CIRCUIT DE DISTRIBUTION DU
BOIS-ÉNERGIE À N'DJAMÉNA
48
1. Les différents intervenants dans le
commerce de bois-énergie
48
2. Les moyens de distribution du
bois-énergie.
53
CHAPITRE 4. LES FACTEURS DE LA MUTATION DU MILIEU
NATUREL DU BASSIN D'APPROVISIONNEMENT DE LA VILLE
58
A. LES FACTEURS ANTHROPIQUES.
58
B. LES FACTEURS NATURELS
59
1. Le climat et l'écologie
forestière
59
2. Les facteurs édaphiques
63
CHAPITRE 5 : INFLUENCES DE DÉBOISEMENT
SUR LE MILIEU NATUREL ET LA CARTOGRAPHIE DES ÉTATS DE SURFACE
65
A. MÉTHODOLOGIE D'ANALYSE DE
L'ÉVOLUTION DES ÉTATS DE SURFACE
65
B. LA DYNAMIQUE DES ÉTATS DE SURFACE DES
ZONES EXONDÉES.
66
C. LA DYNAMIQUE DES ÉTATS DE SURFACE DES
ZONES INONDABLES
70
D. INTERPRÉTATION
70
TROISIÈME PARTIE
76
LES ENJEUX DE LA POLITIQUE FORESTIÈRE ET LES
MESURES A PRENDRE
76
CHAPITRE 6 : LES ENJEUX DE LA POLITIQUE
FORESTIÈRE ET LA PRODUCTION DU BOIS ÉNERGIE POUR LA VILLE DE
N'DJAMENA
78
A. LA POLITIQUE PUBLIQUE FORESTIÈRE
78
1. Le rôle de l'État dans la gestion
forestière
78
2. La règle et son application
79
a. Une réglementation
spéciale
80
b. Le recours à la
collectivité locale
81
B. L'AMÉNAGEMENT DES FORMATIONS
NATURELLES
83
C. LA PROMOTION DES PLANTATIONS COMMUNAUTAIRES ET
OU INDIVIDUELLES
84
CHAPITRE 7 : LES MESURES A PRENDRE
86
A. LA CARBONISATION : L'UTILISATION DU FOUR
CASAMANÇAIS
86
B. LES FOYERS AMÉLIORÉS
88
C. UTILISATION DU GAZ BUTANE (PHOTO 9)
88
D. LES PERSPECTIVES DE L'ÉNERGIE SOLAIRE
91
CONCLUSION GÉNÉRALE
93
BIBLIOGRAPHIE
97
ANNEXE I
101
ANNEXE II
104
ANNEXE III
105
* 1 La zone de concentration
(72 900 km2) constitue la zone d'intenses activités
génératrices de revenus (pêche, agriculture,
élevage, etc.) et le bassin d'approvisionnement de la ville de
N'Djaména en bois-énergie.
* 2 Cette moyenne est
calculée à partir des chiffres de 1921 (38,3 hectares). Il s'agit
ici de l'espace bâti.
* 3 N'Djaména vient de
Am Djaména, nom de l'un des villages arabes situés dans le
périmètre urbain (projet de loi du 19.02.1966). Le préfixe
« Am » indique en arabe un nom de lieu et
« Djaména », un arbre donnant de l'ombre ( Ficus
bongoensis = Figuier ) : un « arbre de paix et
repos » sans doute (CHAPELLE, 1986).
* 4 Rabah était un
aventurier esclavagiste soudanais. Après avoir séjourné
durant sept ans sur le territoire de l'actuel Centrafrique, il
pénétra au Tchad en 1893 dans la région de Bousso. Il
battit Gaourang II, le Sultan de Baguirmi, chassa Hachem du Bornou puis
s'installa à Dikoa. Ce n'est qu'en 1900 qu'il fu vaincu et tué
par les troupes du Commandant Lamy, lui aussi décédé lors
du combat (Gentil, 1971 in Bouquet, 1982).
* 5 N'Djaména a servi
comme point de départ des bataillons de marche de la colonne Leclerc qui
ont combattu au côté de la France en Syrie, Libye, Somalie,
Turquie, etc.
* 6 Dans les années
1972-1973, intervint au Tchad la « Révolution Culturelle et
Sociale » qui prônait le retour vers une culture authentique.
La première mesure appliquée fut le changement de noms. Les noms
chrétiens et français sont bannis (CHAPELLE, 1986).
* 7 Durant ces années,
il y a eu la normalisation de la vie politique (prise de pouvoir en juin 1982
par HISSEN HABRE) et des sécheresses
* 8 Problème de
cohabitation entre les différents groupes ethniques de la population
venant du Nord et celle du Sud.
* 9 Les lignes de grains sont
des intrusions du flux d'Est (Harmattan) dans le flux de mousson, soulevant
l'air humide en un front mobile le long duquel se produisent orages et
averses.
* 10 Par énergie
domestique, on entend le bois de chauffe, le charbon de bois, les
déchets végétaux et animaux et l'énergie
animale.
* 11 Les énergies
modernes englobent les produits pétroliers, l'électricité,
les technologies renouvelables.
* 12 72% des ménages
à N'Djaména disposent d'un revenu mensuel de 187.897 F.CFA. Les
dépenses excédent les revenus de 12.880 F.CFA, (BOURDETTE,
1998).
* 13 La comptabilisation des
bois de feu et de charbon de bois est très difficile à
apprécier en raison de nombreux inconnus des voies d'entrée, de
la mauvaise déclaration au poste de contrôle de la quantité
transportée par les commerçants pour échapper à la
fiscalité.
* 14 Si nous déduisons
de 900 000 habitants, 2% de ceux considérés, utilisent d'autres
sources d'énergie, le taux de consommation annuelle par habitant
à N'Djaména serait à 1,9 stères soit 665 Kg.
* 15 On entend par
énergie domestique, la forme d'énergie la plus
élémentaire dont l'unité familiale à constamment
besoin.
* 16 Voir les pages suivantes
pour les autres essences sollicitées
* 17 Les besoins dont ils font
allusion sont : achat de céréale en cas de mauvaise
pluviométrie, habits, frais de scolarisation des enfants ;
acquisition des matériels agricoles ou loisirs.
* 18 Un paysan du village de
Kalgoa interrogé le 22 Avril 2002 (Djangrang Man-na).
* 19 Les taxes d'abattage,
taxe forestière (annexe III) ; et autres avantages (Ne pas payer
les pourboires de 100 FCFA par sac par poste de contrôle forestier).
* 20 Chagoua est
considéré comme le port à bois
* 21 Si l'opération est
répétée (deux le mois), on estime à 157.300 F.CFA,
le bénéfice mensuel. Ce montant correspond au total de la marge
(vente en gros + frais de revente et de la masse vente au détail) :
(12.750 + 18.500 + 47400 =78650 F.CFA
* 22 1 stère= 2,31
m3=350 Kg ; 2358664 Kg est égale à 155667
m3
* 23 1 m3 de bois
correspond à 4,510 ha de forêts claires
déboisées.
1 m3 de bois correspond à 6,0910 ha de
savanes boisées déboisées.
1 m3 de bois correspond à 1,4210 ha de
savanes arbustives déboisées.
* 24 La dégradation du
milieu naturel est imputée en partie au changement climatique
(confère l'analyse sur la variabilité pluviométrique aux
pages précédemment sur le climat.
* 25 Appauvrissement de la
végétation. GEORGE (1990)
* 26 Les pays sahéliens
membres du CLLSS sont : TCHAD, Sénégal, Cap-vert,
Burkina-Faso, Niger, Mali, Mauritanie et Gambie.
* 27 Tendance
générale de l'évolution pluviométrique annuelle est
à la baisse.
* 28 Une croûte
structurale est une formation plus ou moins durcie dans le sol.
* 29 Dans la pratique, il se
trouve qu'il est impossible de protéger efficacement des domaines aussi
vastes (des centaines de milliers de forêts accessibles) même en
renforçant les moyens des services.
* 30 La législation
forestière aujourd'hui en vigueur est inspirée de celle de
l'administration coloniale, en particulier du décret du 4 Juillet 1935
de l'Afrique Occidentale Française (AOF)
* 31 Des amendes
forfaitaires très élevées (10.000 à 100.000 FCFA
suivant les cas sont infligés aux braconniers incendiaires et
bûcherons surpris en flagrant délit
* 32 Face à un tel
comportement, il a été mis en place ces dernières
années des brigades mobiles forestières qui par moment tentent de
régler cette situation en procédant aux contrôles
inopinés des taxes forestières auprès des
commerçants de bois-énergie. Des produits sont saisis quand une
fraude est constatée et ledit commerçant amendé.
* 33 Par analogie à
l'estimation de la production des formations ligneuses faite au Mali (GOUDET,
1990)
* 34 L'objectif d'une telle
politique est consigné dans le sous chapitre 1, relatif au rôle
de l'Etat dans la gestion forestière
* 35 Sous isohyète 600
mm, la productivité des espèces à croissance rapide
(Eucalyptus) est de 1,5 à 3m3/ha/an, (Mémento
forestier, 1998).
* 36- 155.667m3 est
l'estimation actuelle de la production de charbon de bois et de bois Elle
correspond à 15% du total de la matière première
- 259.445m3 est la production qu'on devrait avoir
si les charbonniers utilisaient le four moderne dont le rendement est de 25% de
la matière première
* 37 1 corde est égale
à 3,6 m3
* 38 Le watt-crête est
la puissance d'un panneau photovoltaïque obtenue à 25°C sous
un ensoleillement de 1kw/m2 (Christopher ANDREW B, 1990).
* 39 Source : Entretien
oral
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