IV.3.7. Les causes de la
croissance démographique à Lubumbashi
Ici il est question d'expliquer les causes naturelles et
migratoires de cette croissance démographique. Retenons que comme
partout en République Démocratique du Congo, dans la ville de
Lubumbashi l'enfant reste un don de Dieu. Lorsqu'une femme ne parvient pas
à accoucher, la faute n'est jamais attribué à
l'époux car la stérilité ne peut être que
féminine. De ce fait donner à son époux une descendance
nombreuse lui confère une certaine respectabilité et une garantie
dans la famille de l'époux. Ainsi la femme n'a qu'une seule alternative
qui est de procréer, de faire un maximum d'enfants tant qu'elle peut.
Dans nombreuses cultures africaines, les familles nombreuses
sont prisées car elles permettent d'assurer la descendance et
revêtent un prestige considérable. Dans ces cultures, faire
entrave à une naissance peut empêcher le retour d'un
ancêtre. Les familles nombreuses dans cette société sont
constituées sans tenir compte du cout économique d'enfant.
Enfin dans cette société souvent patriarcale,
les décisions sont rarement prises en couple. Ces sociétés
sont de ce fait des sociétés à forte croissance
démographique s'expliquant et se distinguant à deux
niveaux : la fécondité et la natalité
élevées, et sa moyenne d'âge très basse.
Le nombre élevé d'enfant par femme à
Lubumbashi s'explique par le manque et ou les couts élevés des
moyens de contraception voire par l'altitude d'une catégorie des femmes
à l'égard des méthodes contraceptives.
Il s'observe cependant des différences de comportements
de procréation entre les femmes dans différents communes et
quartiers de la ville de Lubumbashi. Ces différences sont liées
aux facteurs démographiques (âge moyen au mariage, durée
moyenne du mariage) et socio-économique (fréquence des rapports
sexuels au cours des cycles menstruels, durée de l'allaitement de
l'enfant au sein maternel, niveau d'instruction de la femme et de l'homme,
niveau de revenu du foyer, usage des méthodes de contraception,...).
Pour les causes migratoires, notons qu'au cours des
dernières années, le conflit a accéléré un
mouvement d'exode rural déjà amorcé depuis des
décennies mais s'est développé à un rythme et dans
des conditions effroyables. Les populations rurales poussées par la
violence et la peur, sont venues s'agglutiner dans la ville déjà
surchargées, sans activités économiques ou infrastructure
suffisante pour les accueillir. La surpopulation dans la ville de Lubumbashi
n'est donc pas un événement passager, mais bien un
phénomène durable, qui est appelé à s'aggraver
encore avec la poursuite d'exode.
Somme toute, retenons que l'accroissement de la population
s'explique par le fait que :
Ø Beaucoup de personnes continuent à vouloir des
enfants, quel que soit le nombre de ceux qu'ils ont
déjà ;
Ø La paternité et la maternité sont le
symbole de la virilité et de la féminité ;
Ø Cet accroissement est lié à des
conditions et niveaux socio-économiques ;
Ø De la méfiance de certains à
l'égard des moyens contraceptifs.
Il y a aussi d'autres causes telles que :
a) Les causes culturelles : elles
concernent l'organisation familiale en République Démocratique du
Congo et dans la ville de Lubumbashi. Celle-ci a longtemps été
dominée par le concept de la famille élargie et le statut
réservé à ceux ayant déjà
procréé.
La famille élargie repose sur le fait que les enfants
n'appartiennent pas seulement aux parents, mais à une lignée
lointaine qu'il faut pérenniser. Cela fait que les enfants qui en soient
issus appartiennent aussi à tous les multiples parents vivants, membres
de la lignée.
a) Les causes socio-économiques :
elles concernent l'environnement socio-économique qui caractérise
la ville de Lubumbashi. Ce dernier est marqué par un taux de
chômage élevé surtout chez les jeunes et en milieu
urbain.
Parmi les causes, on peut citer la structure des
économies qui sont pour la plupart rentières, et l'afflux massif
des demandeurs d'emplois compte tenu de la structure par âge de la
population qui est constituée en grande partie de potentiels demandeurs
d'emplois(plus de 16ans au sens du B.I.T.).
Sachant que notre pays ne dispose pas d'une couverture sociale
universelle. Dans la plupart des cas, seuls les travailleurs des
sociétés privées d'une certaine envergure disposent d'une
couverture sociale avec quelque fois une extension aux membres de leurs
familles.
Dans un environnement pareil, les concernés se replient
vers des communautés affinitaires auprès desquels ils pourront
trouver un réconfort affectif ou matériel en cas de sinistre. La
famille étant le regroupement affinitaire de base et celui auquel l'on
est naturellement proche, avoir un nombre d'enfants non négligeable est
un gage de sécurité affective et plus tard de
sécurité matérielle quand ceux-ci commencent à
participer aux dépenses de la famille. Pour certains les enfants
constituent une certaine assurance vieillesse en l'absence de
sécurité sociale.
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