2.4.2. La notion d'évaluation
économique
L'économique s'intéresse à la
rationalisation des programmes ou projets dans leur évaluation. Ainsi,
«évaluer, c'est comprendre l'action dans la rationalité
de son orientation et dans la souplesse de son adaptation et c'est
intégrer cette compréhension accrue à
l'amélioration de l'action» (Zunga 1994, p 67). Il s'agit
donc, en analyse économique, de comparer les différentes
alternatives permettant de faire face à un problème de
santé en termes de leurs conséquences, mais également de
leurs coûts pour la collectivité, et d'éclairer les limites
des actions menées (Castiel, 1994). L'évaluation
économique d'un programme ou projet de santé compare, entre
autres, les ressources consommées par ce programme (les coûts)
avec l'amélioration de l'état de santé engendrée
par ce même programme.
D'après Auray (1990), les études
économiques réalisées dans le domaine médical sont
le plus souvent destinées à l'aide à la décision.
Elles privilégient le plus souvent l'intérêt collectif par
opposition à l'intérêt d'un agent économique
particulier (Drummond, 1987). Le type d'évaluation est défmi
comme étant l'objet sur lequel porte le jugement de l'évaluateur
(Ridde et Dagenais, 2009). Plusieurs types d'évaluation existent, mais
les principaux sont l'évaluation des besoins, de la pertinence, du
processus, de l'efficacité, de l'efficience et de l'impact. Ces diverses
catégories de classement des évaluations sont établies
essentiellement en fonction du moment auquel elles interviennent et de leur
objet. Ainsi, en fonction du moment, c'est-à-dire suivant les
étapes du cycle du projet on peut distinguer trois sortes
d'évaluation : l'évaluation ex-ante, l'évaluation
continue et l'évaluation ex post,
2.4.2.1. L'évaluation ex-ante
Elle correspond à la première étape de la
phase d'étude du projet ou du programme, et se fait après
l'identification du projet. L'évaluation ex-ante est
menée avant la mise en oeuvre, en principe pour évaluer le besoin
d'une action ou pour établir une ligne de base (Commission
Européenne, 2004). Elle permet aux financeurs potentiels de
l'intervention tout comme aux partenaires et aux promoteurs de juger de la
qualité du projet et de la possibilité de modifier sa
programmation. Par exemple, si on a plusieurs programmes avec un fmancement
donné, il est nécessaire de mener une évaluation
ex-ante pour discriminer ces programmes et faire un choix judicieux.
Elle permet de rendre compte de la cohérence, de la pertinence et de
l'utilité des
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programmes. Elle identifie les variables extérieures
à l'exécution du projet ou du programme et ayant une influence
directe sur ces opérations.
En analyse économique, cette évaluation se fait
soit par l'analyse Coût-Efficacité, soit par l'analyse
Coût-Utilité ou par l'analyse Coût-Avantage.
2.4.2.1.1. L'analyse coût-efficacité
C'est un outil d'évaluation permettant d'émettre
un jugement en termes de rentabilité. Les études
coût-efficacité sont destinées à relier les
coûts d'une action médicale à ses conséquences
exprimées en unités physiques (années de vie
sauvées, nombre de maladie évitée, etc.) (Beresniak et
Duru, 1994). Elles utilisent une procédure d'agrégation dont la
nomenclature est composée d'un critère non monétaire
(critère d'efficacité) et de critères dont les
unités s'expriment en quantité de monnaie. Les critères
monétaires sont agrégés en un seul critère qui est
le gain de la stratégie à étudier par rapport à une
stratégie de référence. A chaque stratégie est
associé son gain d'efficacité par rapport à la situation
de référence.
La méthode cout-efficacité permet par exemple de
répondre à la question : en dépensant x millions de francs
pour vacciner la population, a-t-on un effet médical positif, à
savoir évite-t-on une mortalité infantile ? Si oui, combien
coûte le fait de sauver une vie ?
2.4.2.1.2. L'analyse coût-utilité
L'utilité peut être définie en termes
d'effets positifs apportés à un individu dans des conditions
idéales (Velten., 2009,). En d'autres termes, l'analyse
coût-utilité permet de rapporter le coût du programme
à un résultat particulier : le gain en années de vie.
Les études coût-utilité relient les
coûts d'une action médicale à ses conséquences
exprimées en variables qualitatives. Elles font intervenir plus d'un
critère non monétaire. « C'est le cas par exemple
lorsqu'au nombre d'années de vie gagnées, on souhaite
également associer la qualité de vie associée à ces
années gagnées » (Beresniak et Duru, 1994, p122).
L'analyse coût-utilité propose donc de construire
une fonction d'utilité cardinale sur le couple (nombre d'années
de vie, qualité de vie au cours de ces années).
Lorsque la fonction d'utilité est construite, l'analyse
coût-utilité se ramène à l'analyse
coût-efficacité ; les niveaux d'efficacité étant
alors seulement remplacés par des niveaux d'utilité.
Il existe plusieurs méthodes d'application mais la plus
connue est la méthode qui consiste à déterminer le nombre
d'années de vie ajustée par la qualité dite Quality
Adjusted Life Years (QUALY).
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2.4.2.1.3. L 'analyse coût-avantage
L'analyse coût-avantage est un outil permettant
d'évaluer les avantages de l'intervention du point de vue de l'ensemble
du groupe cible, et sur la base d'une valeur monétaire attribuée
à toutes les conséquences de l'intervention. Cette méthode
relie les coûts d'une action médicale à ses
conséquences exprimées en unités monétaires
(Beresniak et Duru, 1994). Elle met en oeuvre une nomenclature qui traduit tous
les critères en termes monétaires. Pour chacun de ces
critères, est calculée la valeur absolue de la différence
entre la modalité possédée par la situation de
référence et celle possédée par la stratégie
qui est évaluée (Beresniak, Duru, 1994).
Le coût de la stratégie est obtenu en effectuant
la somme des valeurs absolues de la différence entre la modalité
possédée par la situation de référence et celle
possédée par la stratégie qui est évaluée
pour les critères dont la situation de référence est
connue. La méthode coût-avantage fait appel à deux
procédures dites d'agrégation : l'agrégation
coût-bénéfice absolue et l'agrégation
coût-bénéfice relative. L'agrégation
coût-bénéfice absolue consiste à
préférer la stratégie qui procure le gain le plus
élevé, c'est-à-dire la différence la plus
élevée entre le bénéfice et le coût.
L'agrégation coût-bénéfice relative consiste
à préférer la stratégie pour laquelle le quotient
coût sur bénéfice est le plus petit.
2.4.2.2. Evaluation continue ou évaluation
à mi-parcours
L'évaluation continue est la deuxième
étape de la phase d'exécution des projets/programmes, tout juste
après l'étape de programmation. Elle est menée pour
procéder à l'ajustement des interventions et des objectifs
«en cours de route». (Commission Européenne, 2004). Elle
consiste à répérer le plus rapidement possible des lacunes
survenues dans la mise en oeuvre et à poser un bon diagnostic.
L'évaluation à mi-parcours mesure objectivement la pertinence et
le succès du projet en cours de mise en oeuvre.
2.4.2.3. Evaluation ex post
L'évaluation ex post englobe toute la
période d'intervention, habituellement en mettant l'accent sur les
résultats finals de l'intervention, dans le but d'apporter une
contribution pour les actions futures. Lorsque le programme est
déjà choisi et exécuté, on fait une
évaluation pour apprécier son efficacité, son efficience
ou son impact. Apprécier l'efficacité d'un programme c'est
mesurer le degré de réalisation des objectifs fixés. C'est
une façon de voir les effets produits dans les conditions réelles
d'application. (OMS, 1981)
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Lorsqu'on dépasse l'étape d'efficacité,
pour en plus mesurer les ressources financières utilisées pour
atteindre ce degré de réalisation, on parle d'efficience.
L'évaluation ex post se base sur des
indicateurs qui sont des variables ou des instruments aidant à mesurer
indirectement ou directement les changements d'une action (OMS, 1981). Dans ces
cas, les techniques les plus utilisées sont la méthode de tirage
au sort de groupe avec une méthode d'analyse par grappe (Velten, 2009).
La méthode de tirage au sort ou méthode probabiliste est une
sélection de l'échantillon par tirage aléatoire dans la
population-mère. Chaque individu statistique doit avoir exactement la
même chance que les autres de participer à l'enquête (Le
Maux B., [s.d]). C'est la seule méthode qui assure un caractère
représentatif de l'échantillon.
La méthode d'analyse par grappe permet de limiter les
zones géographiques qui font l'objet d'enquête. Elle consiste
à choisir un échantillon de m grappes et à réaliser
une enquête dans chacune des m grappes par un sondage à deux
degrés : un échantillon de localités et un
échantillon de personnes, de ménages (Desabie, 1963).
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