1
UNIVERSITE Félix HOUPHOUËT
BOIGNY
COTE D'IVOIRE-ABIDJAN-COCODY
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE INFORMATION,
COMMUNICATION ET ARTS
DEPARTEMENT DES SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA
COMMUNICATION
MEMOIRE DE MAITRISE
SOUTENU PUBLIQUEMENT LE 25 JUIN 2013
DEVELOPPEMENT LOCAL ET POPULATIONS : QUELLES
PARTICIPATIONS ?
CAS DU DEPARTEMENT DE GRAND-BASSAM
ANNEE UNIVERSITAIRE 2012-2013
Présenté par Sous la Direction de :
GNAKO Topra Guy-Venance Dr KRA Kouassi Raymond
Licencié ès lettres en Communication Maitre
Assistant
Option Développement
DEVELOPPEMENT LOCAL ET POPULATIONS :
QUELLES
PARTICIPATIONS ?
CAS DU DEPARTEMENT DE GRAND-BASSAM
2
Présenté par Sous la Direction de :
GNAKO Topra Guy-Venance Dr KRA Kouassi Raymond
Licencié ès lettres en Communication Maitre
Assistant
Option Développement
3
« ...Si le développement était une
étoffe
tissée par les activités de millions
de
personnes, la communication serait le fil
qui les relie ensemble. »
Colin Fraser et Jonathan Villet, FAO, 1994
4
REMERCIEMENTS
Cette page de remerciements est l'occasion pour nous de
témoigner notre reconnaissance à tous ceux qui d'une
manière ou d'une autre ont contribué à notre formation de
base en communication, mais également remercier tous ceux qui ont permis
à notre travail de recherche de connaitre un aboutissement.
Il n'y a pas de transmission de connaissances sans maitre,
c'est pourquoi nos pensées vont vers :
- Mon Directeur de mémoire, le Dr KRA Raymond,
Maître assistant, spécialiste de la communication des
collectivités, chef du Département communication à
l'UFRICA.
- Le Dr Angeline Nanga ADJAFFI, mon Professeur de
spécialité et qui a bien voulu me confier au Dr Kra pour mon
encadrement
- Tous les enseignants de l'UFRICA particulièrement aux
enseignants du CERCOM qui ont mis tout en oeuvre pour le bon déroulement
de notre formation.
Nous remercions également toutes les
collectivités locales, toutes les institutions traditionnelles et toutes
les associations qui nous ont ouvert leur porte et leur coeur. Nous pensons
particulièrement :
- A la Direction général de la
décentralisation et du développement local
- Au conseil général de Grand-Bassam
- A la mairie de grand-Bassam
- A la mairie de Bonoua
- A la fédération des femmes de Grand-Bassam
(FEDERAF)
- A l'union des jeunes de Grand-Bassam
- A la plate forme des ONG du SUD-COMOE
Mais spécialement :
- A la royauté des Abourés ÊHÊ de
Moossou
- A la royauté des Abourés EHIVET de Bonoua
- A la royauté des N'ZIMA KÔTÔKÔ de
Grand-Bassam
5
SIGLES ET ABREVIATIONS
SIGLES
|
SIGNIFICATIONS
|
REFERENCES
|
BNETD
|
Bureau National d'Etude et de
Développement.
|
p.66
|
CAMPC
|
Centre Africain et Malgache de
Perfectionnement des Cadre.
|
p.35
|
CCC
|
Communication pour le Changement de Comportement.
|
p.20
|
COMDEV
|
Communication pour le
Développement
|
p.20
|
DSRP
|
Document Stratégique de relance du Développement et
de Réduction de la Pauvreté.
|
pp.7, 20
|
FOA
|
Fond des Nations Unies pour
l'Agriculture
|
pp.8,21,31,34,36,37,39
|
FNUAP
|
Fond des Nations Unies pour la
population
|
p.37
|
FPI
|
Front Populaire Ivoirien
|
p.33
|
IEC
|
Information Education
Communication
|
pp.20,38
|
INPHB
|
Institut National Polytechnique
Houphouët Boigny
|
p.65
|
INS
|
Institut National de la Statistique
|
p.8
|
ISTC
|
Institut des Sciences et Technique de la communication
|
p.65
|
NTIC
|
Nouvelle technologie de l'Information et de la
communication.
|
p.65
|
OMD
|
Objectifs du millénaire pour le
Développement ;
|
p.66
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale.
|
p.44
|
ONU
|
Organisation des Nations Unies.
|
p.1
|
PAS
|
Plan d'Ajustement structurel.
|
p.28
|
PNUD
|
Programme des Nation Unies pour le Développement.
|
p.62
|
SIC
|
Sciences de l'Information et de la Communication.
|
p.9
|
SIDA
|
syndrome d'immunodéficience acquise
|
p.30
|
UNESCO
|
Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et
la Culture.
|
p.41,57
|
VIH
|
Virus de l'Immunodéficience
Humaine.
|
p.30
|
6
SOMMAIRE
PARTIES
|
TITRES
|
PAGE
|
|
INTRODUCTION
|
1
|
CHAPITRE 1
|
SPECIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE
|
5
|
1-1-
|
Justification du choix du sujet
|
5
|
1-2-
|
Identification et formulation du problème de recherche
|
8
|
1-3-
|
Objectifs et Hypothèses de recherche
|
13
|
CHAPITRE 2
|
APPROCHE THEORIQUE ET CONSIDERATION METHODOLOGIQUE
|
14
|
2-1-
|
Approche théorique
|
14
|
2-2-
|
Présentation de l'espace de recherche
|
35
|
2-3-
|
Considération méthodologique
|
37
|
CHAPITRE 3
|
PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
|
40
|
3-1-
|
Présentation des résultats
|
40
|
3-2-
|
Analyse et interprétation des résultats
|
54
|
|
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
|
65
|
|
BIBLIOGRAPHIE
|
67
|
|
ANNEXES
|
72
|
|
TABLE DES MATIERES
|
96
|
7
AVANT -PROPOS
Le 7 août 1960, la Côte d'Ivoire accède
à la souveraineté nationale et internationale. Mais dans sa
gestion, elle garde les reflexes et le modèle de fonctionnement
étatique de la période coloniale. En effet, son système
politique et administratif reste très centralisé,
c'est-à-dire que le pouvoir politique reste le maître d'oeuvre de
toute la politique de développement. C'est lui qui décide du
lieu, du moment et de la manière dont seront élaborés et
mis en oeuvre les programmes et projet de développement.
En 1978, avec la loi N°78-07 du 9 janvier 1978 portant
institution des communes de plein exercice, le pays fixe les premiers contours
de la décentralisation. Des efforts seront faits dans ce sens si bien
qu'en 1998 le pays se retrouve avec 197 communes. Malgré les efforts
étatiques dans l'optique d'une plus grande décentralisation, le
bilan reste relativement faible. En effet, les localités
appartenant à un secteur communal ne représentent que 15 % du
territoire national et concernent 55 % des populations. Cela signifie que 45 %
des populations ivoiriennes ne bénéficient pas des
investissements publics et ne participent pas à la politique de
développement.
En 2001, la Côte d'Ivoire franchit une nouvelle
étape sur la voix de la responsabilisation et de la participation des
populations au développement. En effet, elle se dote de la loi
N°2001-476 du 9 aout 2001 portant orientation sur l'organisation
générale de l'administration territoriale. Cette loi va consacrer
le département comme collectivité territoriale. La loi
N°2003-208 du 7 juillet 2003 fixe les domaines de compétences de
cette nouvelle collectivité.
Les deux lois sus citées viennent donner une nouvelle
dynamique à la politique de décentralisation et de
développement local. Elles confèrent plus
8
d'autonomie et plus de participation aux populations. Les
premières élections pour l'installation des conseils
généraux ont eu lieu en juillet 2002.
La préoccupation qui est la nôtre, est de savoir
si les nouvelles autorités locales ont pris la pleine mesure de leur
responsabilité. En effet, le développement local c'est d'abord et
avant tout l'approche participative.
Il ne s'agit pour nous de faire le bilan de la
décentralisation mais seulement de faire comprendre aux gouvernants
locaux qu'il n'y a pas de développement sans participation. Vouloir
développer sans la participation des populations concernées
revient à vouloir faire le bonheur d'un individu sans savoir de quoi il
a réellement besoin.
Enfin, travailler sur les collectivités territoriales
à la vieille des élections locales n'a pas été
aisé pour nous. Certains dirigeants locaux, certaines équipes
municipales sentant leur règne s'achever n'avaient plus le coeur
à l'ouvrage et même parler du travail qu'ils ont eu à
accomplir devenait une tâche ardue.
9
INTRODUCTION
Du point de vue politique, c'est le 20 Janvier 1949, lors de
son discours sur l'état de l'union1 que le
Président Américain, HARRIS TRUMAN va sortir une formule qui
deviendra la charte du développement : « Il nous faut
lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de
notre avancée scientifique et notre pensée industrielle au
service de l'amélioration et de la croissance des régions
sous-développées. Plus de la moitié des gens de ce monde
vivent dans des conditions voisines de la misère.....Les Etats-Unis
occupent parmi les Nations une place prépondérante quant au
développement des techniques industrielles et scientifiques.
» Dans ce discours HARRIS TRUMAN plante le décor
entre pays développés et pays sous développés.
A partir des années 50, les Universitaires
Américains vont se saisir des deux notions afin de les conceptualiser et
les opérationnaliser pour en faire une notion scientifique. C'est de
là que vont partir toutes les recherches sur le développement
dans le monde. Mais aussi, c'est de là que partirons les recherches sur
la communication pour le développement.
Que pouvons-nous dire du développement et de la
communication pour le développement?
En réalité, le développement et la
communication sont deux notions qui sont très liés. En effet, il
n'y a pas de développement sans transfert de technologie, sans
participation des populations donc sans communication. Le Secrétaire
Général de l'ONU (1997-2006) KOFI Annan le disait : «
Si
1 Discours annuel de politique
générale du président des Etats-Unis, C'est une tradition
américaine énoncée dans la constitution. Le premier
discours sur l'état de l'union remonte en 1790 avec le Président
Georges WASHINGTON.
10
l'information et les connaissances sont un
élément central de la démocratie, elles sont les
conditions du développement. »2
Les nombreuses recherches effectuées dans les domaines
du développement nous permettent d'identifier trois grandes
étapes3 du développement international. A
chaque étape du concept de développement est associé un
modèle de communication approprié.
La première étape, c'est le développement
comme processus de modernisation. Dans ce paradigme du
développement, l'indicateur majeur, était la croissance
économique. Le modèle de communication associé à ce
paradigme est le diffusionnisme. Dans ce modèle on
considère que le processus de communication se fonde sur des messages
allant d'un émetteur vers un récepteur. On se limite à
informer les populations sur les projets, à expliquer les avantages des
projets et on incite les populations à les soutenir.
La deuxième étape, le paradigme de la
dépendance. Cette théorie du
développement est née de la prise de conscience de certaines
élites des pays du tiers-monde. Pour les théoriciens ayant
participé à ce courant comme Samir Amin, André
Günter, Fernando Henrique Cardoso, les problèmes du
sous-développement ne sont attribuables à un quelconque retard
des peuples aux mentalités dites primitives mais à des facteurs
externes, en particulier à la façon dont les pays du SUD
s'insèrent dans le système économique mondial. Le
modèle de communication préconisé dans ce paradigme est
l'approche communautaire. Cette approche communicationnelle
favorise le développement des médias de proximité ou
médias communautaires. En effet, contrairement au modèle
diffusionniste qui fait l'option de la création de grand groupe de
medias avec pour objectif de diffuser le modèle de développement
et la culture des pays développés, le modèle communautaire
encourage la création
2 Allocution à la conférence de la
Banque mondial-Global Knowledge-1997
3 Jean-Paul Lafrance, Cinquante ans
d'histoire du développement international selon trois grands paradigmes
de communication in Place et rôle de la communication dans le
développement international, Presse universitaire du Québec,
2006, pp.10-24
11
de petits médias (pas trop lourds) qui seront
chargés de transmettre aux populations des modèles de
développement propres aux pays du tiers-monde.
La troisième étape concerne le nouveau
développement ou le développement durable. Dans
le paradigme du développement durable, l'économie n'est plus le
seul indicateur de développement. Mais il ya un ensemble d'indicateurs
dont : L'économie, le social, l'environnement et les droits de l'homme.
Le modèle de communication souhaité dans le développement
durable est une combinaison des médias de masse, des médias
communautaires et des médias interpersonnels. Cette option permet une
meilleure participation des populations dans le processus de
développement.
La Côte d'Ivoire, pour son développement
économique et social, a fait l'option du développement local
à travers la politique de décentralisation. Cette politique de
décentralisation a connu une évolution remarquable. D'abord,
dès 1978, la Côte d'Ivoire se dote d'une législation qui va
instaurer le cadre juridique de la communalisation. Ensuite, en 1980 une autre
loi sera votée afin de régir l'organisation municipale. C'est
deux lois vont permettre à notre pays d'avoir en 1998, 197 communes donc
197 pôles de développement.
Après l'adoption de la constitution de la
deuxième république en Août 2000, la Côte d'Ivoire se
dote d'une loi d'orientation4 sur l'organisation de
l'administration. Cette loi va réorganiser le paysage administratif
ivoirien en cinq échelons de collectivité territoriale à
savoir :
- Le District
- La Région
- Le Département
- La Ville
- La commune
4 Loi N° 2001-476 du 09 Aout 2001 Portant orientation sur
l'organisation générale de l'Administration territoriale en Cote
d'Ivoire.
12
Dans le cadre de notre recherche, ce qui nous
intéresse, ce n'est pas l'organisation administrative en tant que telle.
Mais c'est le fait que ces entités décentralisées soient
de véritables pôles de développement. La loi N°
2003-208 du 07 Juillet 2003, portant transfert et répartition des
compétences de l'Etat aux collectivités territoriales stipulent
en son article 1 : « Les collectivités territoriales
concourent avec l'Etat au développement économique, social,
sanitaire, éducatif, culturel et scientifique des populations et de
manière générale à l'amélioration constante
de leur cadre de vie... »5 L'article 10 de cette
même loi fait référence aux compétences que l'Etat a
bien voulu concéder aux collectivités territoriales.
A travers cet article 1 de la loi N° 2003-208 du
07 Juillet 2003, nous sommes de plain pied dans ce qui fait l'essence
de notre travail de recherche. En effet, Si l'objectif des collectivités
décentralisées est de concourir avec l'Etat au
développement économique, social [...] des populations, la
question de fond est de savoir comment se fait ce développement ? Se
fait-il avec les populations ou pour les populations ?
Notre objectif, en choisissant le sujet de recherche
intitulé: Développement Local et Populations : Quelles
Participations ? n'est pas de faire le bilan de la
décentralisation et du développement local. Nous n'en avons
d'ailleurs pas les capacités. Mais simplement de poser la
problématique de la communication dans la gouvernance locale en Cote
d'ivoire.
Ce travail s'articulera autour de trois grands chapitres. Le
premier chapitre traitera de la spécification de la
problématique, le deuxième sera consacré à
l'approche théorique et aux considérations méthodologiques
et enfin au troisième chapitre nous présenterons nos
résultats avec les analyses et les interprétations
afférentes.
5 Loi N° 2003-208 du 07 Juillet 2003 portant transfert et
répartition de compétences de l'Etat aux collectivités
territoriales.
13
CHAPITRE 1
SPECIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE
1-1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
1-1-1- Pertinence personnelle
D'abord, en nous inscrivant à l'UFRICA (Unité de
Formation et de recherche en Information, Communication et Arts), notre
objectif est de rester en contact avec les études mais surtout explorer
d'autres domaines de la connaissance scientifique. Cela permet d'éviter
les visions stéréotypées sur les phénomènes
ou les questions qui seront soumises à notre appréciation. La
communication étant au carrefour de plusieurs sciences, cela permettra
d'élargir nos champs de connaissance et de réflexion.
Ensuite, travailler sur la problématique de la
communication dans le développement et spécifiquement dans le
développement local est toujours important surtout dans nos pays en voie
de développement. Ce travail sera notre contribution dans l'optique
d'accompagner notre pays sur l'épineux chemin du développement.
Notre souhait est de voir, d'ici une décennie, la Côte d'Ivoire
être comptée parmi les pays émergents du monde. Ce
rêve ne peut être possible sans la contribution de tous.
1-1-2- Pertinence sociale
Il s'agit ici de répondre à la question
suivante : Qu'apporte notre travail de recherche à la
société ivoirienne ?
Depuis au moins vingt (20) ans, la Côte d'Ivoire
traverse des zones de turbulence. Cela se caractérise par des crises
à répétition qui vont aboutir en 2010-2011 à une
guerre effroyable. Toute cette période d'incertitude sociale a
sapé les fondements de l'essor économique de notre nation.
14
Selon l'Institut National de la statistique (INS)
48,9 % de personnes vivent avec moins de 661 F CFA par jour en 2008 alors que
ce taux était de 38,4 % en 2002. La situation est plus
préoccupante en milieu rural. Toujours selon l'INS sur
quatre (4) personnes pauvres, trois (3) sont issues du milieu
rural.6
Devant toute cette désorganisation et cette
pauvreté ambiante, le développement local se présente
comme une alternative louable afin
d'amorcer une reconstruction cohérente. En proposant le
développement local comme alternative il serait important d'en
connaître les fondements et les principes. Notre étude se propose
donc de donner des pistes de réflexion sur
les grands principes de la décentralisation et du
développement local. L'un de ces principes c'est la participation des
populations et la condition de la
participation est la communication.
Selon JOHN MONVO (Sous Directeur Général pour le
développement durable à la FAO) :
« La communication pour le développement est au coeur d'un
défi majeur, associer les populations pauvres au processus de prise de
décision qui influent sur leurs vies. Quand elle atteint ses objectifs,
la communication pour le développement est un outil puissant qui
contribue à la réduction de la pauvreté et de la faim tout
en encourageant des processus démocratiques et des changements sociaux
dans de nombreux pays, particulièrement dans le secteur de l'agriculture
et du développement rural. »7
1-1-3- Pertinence scientifique
Le domaine des sciences de l'information et de la
communication (SIC) reste un champ vaste et varié pour la recherche
scientifique. Philippe BRETON8 le mentionne
très bien dans ce passage : « la communication est une
6 Institut National de la Statistique(INS),
Enquête sur le niveau de vie des ménages (ENV), 2008
7 Guide méthodologiqued'élaboration
d'une stratégie de communication multimédia, FAO, Niamey 2002.
P6
8 Philippe BRETON : L'utopie de la communication, la
decouverte/essaie. 1993. P11
15
notion d'apparition très récente, au moins
dans le sens que nous lui connaissons aujourd'hui. Le mot est certes
utilisé depuis longtemps, son emploi est attesté dans l'ancien
français...mais, il faut attendre le milieu du XXème
siècle pour que les territoires couverts par sa signification commencent
véritablement à s'agrandir. » A lire ces mots nous
pouvons dire que la communication reste un domaine favorable à la
recherche scientifique notamment la communication dans la problématique
du développement local. En effet, dans le développement local, il
s'agit d'abord de communiquer sur des programmes et projets de
développement mais aussi trouver des stratégies adéquates
pour une meilleure participation des populations. Du point de vue scientifique,
il y a des précisions et des délimitations à faire.
C'est en cela que nous rejoignons Jean Pierre ILBOUDO
qui dit que « Le constat général dans les
projets et programmes de développement est que l'on trouve des plans
médias en lieu et place de véritable stratégie
communication.»9
A travers l'intervention de Jean Pierre
ILBOUDO, nous pouvons dire que les recherches en communication pour le
développement sont ouvertes notamment dans la définition des
concepts qui environnent ce domaine, mais surtout dans l'élaboration des
stratégies de communication dans l'optique d'accompagner
véritablement les projets de développement.
Des travaux de recherche ont été produits sur le
thème de la communication dans le développement local. Ces
travaux nous ont servi de boussole. Le nôtre est une contribution pour la
délimitation des concepts et aider à l'élaboration de
stratégie de communication en milieu rural.
9 ILBOUDO,Jean-Pierre : Guide méthodologique
d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia,
préface. FAO, Niamey 2002.
16
1-2- IDENTIFICATION ET FORMULATION DU
PROBLEME DE RECHERCHE
1-2-1- Le problème de recherche
François PARTANT10
conçoit le développement comme « La réalisation
progressive d'un double potentiel : D'une part, le potentiel que
représente toute collectivité humaine et tous les individus qui
la composent, d'autre part, celui que constitue le milieu physique dans lequel
se trouve cette collectivité, un milieu qu'elle utilise pour assurer son
existence et celle des générations à venir. »
Quelle politique imaginer qui puisse incarner cette vision de
François PARTANT sinon la politique de la décentralisation et du
développement local. En effet, le développement local se
caractérise par l'approche participative. C'est-à-dire associer
les populations rurales à l'identification des problèmes
liés au développement, à l'élaboration des projets
et enfin à leurs mises en oeuvre. Pour la FOA
(1995)11 « l'approche participative est
fondée sur l'établissement d'un dialogue permanent entre
population et agent technique, sur le respect mutuel et le principe du
partenariat, ainsi que sur la reconnaissance du savoir- faire local. A ce
titre, elle doit être considérée comme une
méthodologie privilégiée d'intervention en milieu rural
qui permet la prise en charge progressive et concertée des actions de
développement. »
Cela signifie concrètement que les gouvernants locaux
ne doivent pas se prendre pour des individus omniscients et omnipotents. Ils
doivent plutôt être de véritables animateurs,
c'est-à-dire des personnes qui catalysent les énergies et
regroupent les populations autour du concept de développement. C'est ici
que la communication prend tout son sens.
10 François PARTANT, La fin du
développement : naissance d'une alternative, la découverte. 1983.
P28
11 FAO, Approche participative, communication et
gestion des ressources forestières en Afrique Sahélienne : Bilan
et perspective, Rome, 1995
17
Lorsque nous lisons la presse et regardons la
télévision que constatons-nous ?
Voici quelques morceaux choisit extrait des quotidiens
ivoiriens : Le Maire de Koumassi offre un site moderne aux
ferrailleurs12 ; Lutte contre la pauvreté à
Treichville : le Maire offre le permis de conduire à 500
jeunes13 ; Anyama : le district d'Abidjan à offert une
ambulance à l'Hôpital général14.
Et régulièrement nous lisons et entendons que
tel président de tel conseil général a offert un centre de
santé à tel village, tel maire de telle commune a offert un point
d'eau potable ou une école primaire à telle localité.
L'impression que tout cela donne, c'est que les projets de développement
dont bénéficient les populations sont le fait de la
générosité des gouvernants locaux. Que deviennent ces
projets quelques années après ? Soit les centres de santés
sont laissés à l'abandon, soit l'établissement primaire
est peu fréquenté ou le point d'eau potable est
délaissé au profit de la rivière du village.
Le second constat, c'est que la politique, non pas dans le
sens noble du terme, mais la politique perçue comme outil de domination
et de contradiction sociale gangrène nos structures qui ont en charge le
développement local (Mairies, Conseils généraux). En
effet, pour des problèmes d'appartenance politique, des cadres, des
intelligences, des techniciens dans divers domaines qui peuvent bien apporter
leur contribution à l'essor socio-économique du
département sont royalement ignorés. C'est ce que dénonce
Dr KOFFI Ehui Bruno, Enseignant chercheur, dans une libre contribution dans le
quotidien ivoirien le Nouveau Réveil en ces termes : « Les
conseils généraux actuels sont des prolongements des partis
politiques. Conclusion, des hommes et des femmes capables
12 Le Nouveau Réveil N° 2270 du Jeudi 16
Juillet 2009,P.9
13 Fraternité Matin N° 13287 du Mardi 24
Février 2009, P.6
14 Fraternité Matin N° 13267 du
1er Février 2009, P.14
18
de contribuer au développement de leur
département sont complètement écartés parce qu'ils
ne sont pas de même bord politique que le président du conseil
général. »15
Les deux constats que nous venons de faire, posent
fondamentalement deux problèmes qui en réalité plombent la
politique de développement local en Côte d'Ivoire.
Le premier problème, c'est la problématique de
la participation des populations au processus de développement.
Très souvent, nos gouvernants locaux, confinent les populations dans un
rôle de spectateur du développement. Normand LAUZAU et Laurent
BOSSARD l'on fait remarquer dans une communication lors de l'atelier
régional Afrique de l'ouest organisé par le club du sahel en
disant que : « Le scepticisme des populations s'explique par beaucoup
de promesses non tenues et trop peu d'actions concrètes susceptibles de
changer leur vie. En outre, les collectivités locales n'impliquent pas
encore suffisamment les populations dans l'identification de leurs
priorités tant en services qu'en infrastructures. Le secteur
privé est en général peu écouté et peu
valorisé dans la gestion locale. Il joue pourtant un rôle
fondamental dans le développement local et pourrait largement contribuer
au bien être commun ».16
Guy BESSETTE (2004) fait la même observation en disant
que dans plusieurs pays en voie de développement, la participation
de certaines catégories sociales aux actions de développement est
limitée.
Cette attitude peut s'expliquer par le fait que, dans un
premier temps, les animateurs du développement local ne sont pas
formés aux principes élémentaires de la gouvernance
locale. Lors de la cérémonie d'ouverture du
15 Dr KOFFI, Ehui Bruno :La décentralisation
en Côte d'Ivoire :de la préparation à la
précipitation in Le Nouveau Réveil du Jeudi 20 Novembre
2008,pp4,5.
16 Normand LAUZAU et Laurent BOSSARD : Processus de
décentralisation et de développement local en Afrique de l'ouest.
Atelier régional Afrique de l'ouest, Bruxelle, 7 septembre 2005.
(Disponible sur le net
http://www.ocde.org/dataocde/30/51/38417588.pdf
19
FORUM EUROPE-AFRIQUE DES COLLECTIVITES (26,27
novembre 2008), le Directeur Général adjoint de la
décentralisation et du développement local en Côte
d'Ivoire, a d'abord mis le doigt sur la professionnalisation des agents des
collectivités en insistant sur la nécessité des formations
initiales et formations continues des animateurs du développement local.
En plus il n'a pas caché sont dépit face au manque
d'intérêt pour la formation des élus locaux pour
leurs
agents.17
Ensuite, les populations elles- mêmes, ne sont pas
sensibilisées à leurs rôles dans le processus de
développement. Dans un cas comme dans l'autre, il se pose le
problème de l'information, de la formation et de la sensibilisation des
dirigeants et des masses en ce qui concerne la problématique du
développement local. Tant que cette trilogie ne trouvera pas une
réponse adéquate, nos Etats dépenseront beaucoup
d'énergie et beaucoup d'argent mais obtiendront peu de résultat.
En réalité, pour qu'un projet soit viable, il faut un minimum au
niveau du degré d'appropriation du projet chez les populations
concernées. Car ce sont elles seules qui peuvent assurer sa
pérennité. D'où la problématique de la
communication dans le concept de développement.
Le deuxième problème, c'est la faible
utilisation voire même la non utilisation des compétences locales
en vue d'impulser le développement. Pourtant, l'un des principes
primordiaux de la décentralisation, est l'utilisation de tout ce que le
territoire local a comme compétence au plan humain dans quelque domaine
que ce soit. « Ceci est d'autant plus vrai que le développement
est un tout. En tant que tel, il doit faire appel à toutes les personnes
valides du département, à toutes les connaissances, à tous
les sachants et savoirs, en un mot à toutes les mains de tous les
habitants du département pour un développement harmonieux et
durable. »18
17Franck A. ZAGBAYOU, La professionnalisation des
agents gage de performance des collectivités, in Fraternité Matin
N° 13214 du Jeudi 27 Novembre 2008. P17
18 Dr KOFFI, Ehui Bruno :La décentralisation
en Côte d'Ivoire :de la préparation à la
précipitation in Le Nouveau Réveil du Jeudi 20 Novembre
2008,pp4,5.
20
Nous pouvons donc conclure notre problématique avec
cette réflexion de Guy BESSETTE (1996) : « Grace à la
communication, les populations cessent d'être des
bénéficiaires d'interventions de développement qui leur
sont extérieurs pour prendre en main leur développement. »
19
Les constats susmentionnés et les problèmes qui
en découlent nous conduisent légitimement à plusieurs
interrogations. Toutes ces questions et les hypothèses qu'elles
induisent seront exposées dans les points suivants.
1-2-2- Questions de recherche
Lorsque nous observons de façon empirique comment nos
collectivités locales sont gérées et fonctionnent cela
nous interpelle et nous amène à nous poser les questions
suivantes :
- Les collectivités territoriales ont-elles des
stratégies de communication afin de mobiliser les populations autour du
développement ?
- Les populations elles-mêmes sont-elles
sensibilisées à leur rôle dans la politique de
développement local ?
- Les populations locales sont-elles associées à
l'identification et à la mise en oeuvre des projets de
développement ?
19 Guy BESSET et C.V rajasunderam, la communication
participative pour le développement : un agenda ouest Africain ; 1996
21
1-3- OBJECTIFS ET HYPOTHESES
1-3-1- Objectifs de recherche
Notre travail poursuit plusieurs objectifs à savoir :
- Identifier les stratégies de communication mises en
oeuvre par les
collectivités afin de mobiliser les populations autour
du développement. - Mesurer le niveau de sensibilisation des populations
aux principes du
développement local.
- Mesurer le niveau réel d'implication des populations
dans l'identification et la mise en oeuvre des projets de
développement.
1-3-2- Hypothèses de recherche
Après la formulation de notre problématique et
les constats qui nous ont permis de la faire nous pouvons émettre les
hypothèses suivantes :
- La mise en place d'une politique de communication est la
condition de la mobilisation des populations.
- La sensibilisation des populations sur leur rôle dans
le développement local est le gage de leur participation effective.
- La réussite des projets de développement est
intimement liée à la participation des populations.
22
CHAPITRE 2
APPROCHE THEORIQUE ET CONSIDERATION
METHODOLOGIQUE
2-1- APPROCHE THEORIQUE
2-1-1- Eclairage notionnel
Pour une meilleure compréhension de notre travail de
recherche nous trouvons judicieux de donner des éclairages sur certaines
notions qui visiblement vont structurer notre recherche. L'éclairage
notionnel s'articulera autour des notions suivantes :
- Communication
- Communication pour le développement
- Collectivité territoriale
- Décentralisation
- Développement
- Développement local
Communication
La communication est une notion d'apparition très
récente, au moins dans le sens que nous lui connaissons aujourd'hui. Le
mot est certes utilisé depuis longtemps, mais il faut attendre le milieu
du XXème siècle pour que les territoires couverts par sa
signification commencent véritablement à s'agrandir. Les
nombreuses littératures dans ce domaine l'attestent formellement. Les
territoires couvets par sa signification sont tellement larges que vouloir la
définir
23
devient une oeuvre harassante. En effet, utilisé dans
des milieux différents, le même mot sert à designer des
réalités bien distinctes, souvent
hétérogènes selon Philippe
BRETON20. Pour lui, la
communication est tantôt identifiée exclusivement aux
médias, tantôt il permet de nommer, tout aussi exclusivement, le
secteur des nouvelles technologies de communication, appelées parfois en
raccourci les NTIC. Philippe BRETON poursuit sa démonstration pour dire
que dans un tout autre domaine, la communication est l'apanage des
ingénieurs en télécommunication. Son sens dans ce
contexte, est très lié à la théorie de
l'information, aux techniques de transmission, à la
téléphonie et aux nouveaux moyens de communication à base
d'électronique et d'information. Mais au-delà de l'aspect
polysémique du concept de communication, nous convenons avec notre
auteur que « communiquer veut toujours dire, simplement, s'adresser
à son voisin ».
Dans le cadre de notre recherche, nous nous
intéresserons à la communication comme un outil d'aide à
la participation, c'est-à-dire, la communication comme moyen de
mobilisation, d'adhésion et de sensibilisation. Dans ce contexte, Hugues
KONE21 définit la communication comme
une interaction ou interrelation qui s'établit entre un individu ou
un groupe d'individus et un autre sous forme de message par un moyen naturel ou
technique.
Pour Dominique WOLTON22 :
« la communication est l'un des symboles les plus brillants du
XXème siècle. Son idéal, rapprocher les hommes, les
valeurs, les cultures... » C'est dans cette logique que la
communication se positionne comme un élément important dans tout
programme de développement.
20 Philippe BRETON : L'utopie de la communication, la
découverte/essais.1993. p11
21 Hugue KONE, les sciences de la communication :
objet et place dans l'univers des sciences in KASA BYA KASA, revue ivoirienne
d'anthropologie et de sociologie, Abidjan N°5 Janvier-Février-Mars
1985, P138
22 Dominique WOLTON, Penser la communication,
Flammarion. Mars 2008. P36
24
La communication pour le
développement
Communication pour le changement de comportement (CCC),
Information éducation communication (IEC) ou Communication pour le
développement (comdev) ou encore communication participative pour le
changement social sont des notions ou des terminologies qui ramènent
à une même réalité c'est-à-dire comment
mettre les atouts de la communication au service du développement. La
communication pour le développement date des années 50. Elle est
une science relativement nouvelle. L'histoire de la communication pour le
développement se confond avec l'histoire du développement
international. En effet les deux notions sont intimement liées. C'est en
cela que John MONYO cité par Sébastien
FROGER23 dira: « Aujourd'hui, le
développement d'un pays ne se conçoit pas sans la mise en place
d'une politique de communication tant au niveau national qu'au niveau local.
»
La FAO24 (2002) définit la communication
pour le développement comme : « l'utilisation de façon
planifiée et organisée des techniques et des moyens de
communication (Médiatiques et non médiatique) pour promouvoir le
développement, à travers un changement d'attitude et/ou de
comportement, en diffusant l'information nécessaire et en suscitant la
participation active et consciente de tous les acteurs, y compris des
bénéficiaires au processus. »
Dans cette même détermination Guy
BESSET25 conçoit la communication pour le
développement comme : « une action planifiée,
fondée d'une part sur les processus participatifs et d'autre part sur
les médias et la communication interpersonnelle, qui facilite le
dialogue entre différents intervenants réunis autour d'un
problème de développement ou d'un but commun, afin d'identifier
et de mettre en oeuvre une initiative concrète visant à
solutionner le problème ou atteindre le but fixé, et qui soutient
et accompagne cette initiative. »
23 Sébastien FROGER, La communication
participative communautaire au sénégal, Université
Stendhal Grenoble 3, institut de le communication et des médias,
Mémoire Master 2 communication. In
www.memoireonline.com
24 Guide méthodologique d'élaboration
d'une stratégie de communication multimédia, FAO, Niamey 2002.
25 Guy BESSET, communication et participation
communautaire : guide pratique de communication pour le développement.
Les presses de l'université Laval, 2004, p10
25
La communication pour le développement est donc un
processus dynamique au cours duquel un émetteur et un récepteur
échange et partage des informations, des idées, des opinions, des
sentiments ou des réactions dans le but de produire un changement
favorable au développement.
En conclusion, nous pouvons dire que la communication pour le
développement a pour fonction de faire en sorte que dans une approche
participative, les populations soient acteur et bénéficiaire des
projets et programmes de développement.
Collectivité territoriale
Qu'est ce qu'une collectivité territoriale ? Pour
répondre à cette question, nous allons à nouveau
solliciter René CHAPUS26 : «
Constituant des unités administratives personnalisées et
autonomes, elles ont leurs représentant élus, chargés de
régler leurs affaires, sous la surveillance (et non l'autorité)
des représentants de l'Etat. Elles disposent de personnels, de service
et de biens qui leur sont propre. Elles ont leur propre budget. Chacune a un
nom, un territoire, une population. »
Le lexique des termes juridiques définit la
collectivité locale ou territoriale comme : « une expression
générique désignant des entités de droit public
correspondant à des groupements humains géographiquement
localisés sur une portion déterminée du territoire
national, auxquels l'Etat a conféré la personnalité
juridique et le pouvoir de s'administrer par des autorités élues
[...] »
26 René CHAPUS, Droit administratif
général, tome1, 9è édition, 1996, p222
26
Selon loi N° 2001-476 du 9 aout 2001
portant orientation sur l'organisation générale de
l'administration territoriale, le paysage administratif de la Cote d'Ivoire est
réorganisé en cinq (5) échelons de collectivité
territoriale qui se présente comme suit selon un ordre
décroissant :
- La région
- Le district
- Le département
- La ville
- La commune
La loi N°2003-208 du 07 juillet 2003
portant transfert et répartition de compétences de
l'Etat aux collectivités territoriales stipule en son article premier,
titre premier que les collectivités territoriales concourent avec l'Etat
au développement économique, social, sanitaire, éducatif,
culturel et scientifique des populations et, de manière
générale à l'amélioration constante de leur cadre
de vie. A cet effet elles jouissent d'une compétence
générale et de compétences spéciales
attribuées par les lois et règlements.
De ce qui précède, nous pouvons déduire
que les collectivités territoriales sont des outils de
développement que l'Etat met à la disposition des populations
afin de se prendre en charge en puisant dans leur imagination afin de
promouvoir le développement économique et social de leur
territoire.
27
La décentralisation
La décentralisation est une notion à la fois
administrative et politique. Du point de vue administratif, la
décentralisation est définie comme : « un système
d'administration consistant à permettre à une collectivité
humaine de s'administrer elle-même sous le contrôle de l'Etat en
les dotant de la personnalité juridique, d'autorité propre et de
ressource. »27
Pour Réné
CHAPUS28, la
décentralisation se traduit par le transfert d'attributions de l'Etat
à des institutions (territoriales ou non) juridiquement distinct de lui
et bénéficiant, sous la surveillance de l'Etat, d'une certaine
autonomie de gestion. A ce niveau, il faut faire la distinction entre
décentralisation et déconcentration. En effet, dans la
déconcentration, il n'y a pas d'autonomie de gestion. René CHAPUS
le souligne si bien en notant ceci : « l'autorité
déconcentrée est sous la dépendance d'un supérieur
hiérarchique aux instructions duquel elle doit obéissance et qui
déteint de plein droit le pouvoir d'annuler ses décisions...
»
Au plan politique, la décentralisation s'affirme dans
le développement local. Ici les populations sont appelées non
seulement à élire leur représentant dans les institutions
décentralisées (Conseils municipaux, conseils
généraux) mais aussi à être des acteurs importants
dans le processus décisionnel pour la mise en oeuvre des projets de
développement. La décentralisation permet donc de promouvoir la
démocratie à la base. René CHAPUS dira que «
Faire des communes, des départements et des régions des
collectivités décentralisées, c'est créer autant de
démocratie locale »
La décentralisation forme donc les populations à
la démocratie. Elles apprennent non seulement à choisir librement
leurs représentants mais aussi à se prendre en charge
économiquement et socialement. Laurent N'guessan ZOUKOU29
dira :
27 Lexique des termes juridiques, 12è édition,
1999, p169
28 René CHAPUS, Droit administratif
général, tome1, 9è édition, 1996, p356
29 Laurent N'guessan ZOUKOU, Région et
Régionalisation en Côte d'Ivoire, L'harmattan, Paris, 1990, p8
28
« ...plus que jamais, la Région c'est la
démocratie vraie, mettant à la disposition des populations les
moyens de gérer leurs affaires en toute liberté.
Développement
Dans le cadre de notre recherche, ce qui nous intéresse
c'est le développement en tant que concept politique et non la
définition telle que énoncée par les dictionnaires. Dans
cette perspective Pierre-Jean ROCA30
entrevoit : « le Développement avec grand D, autrement
dit le développement sans qualificatif a été, en quelque
sorte inventé dans le sillage de la recomposition du monde qui commence
à se dessiner quand les nord-américains sortent vainqueurs de la
seconde guerre mondiale. Le développement était alors
assimilé au progrès scientifique et aux grands
aménagements, dans un effort de rattrapage des pays
sous-développés, favorisé par les grands pays bailleurs
d'aide, ces derniers contrôlant par là même, leur zone
géopolitique d'influence. »
Face à cette vision du développement nous nous
interrogeons ! Le développement est-il synonyme de croissance
économique, de richesse ou d'amélioration des conditions
matérielles et sociales des populations ?
La réponse à cette interrogation est
donnée par Odile CASTEL31 en ces termes :
« Le développement qui peut être défini comme la
satisfaction des besoins fondamentaux de l'homme est un processus cumulatif de
long terme ayant une finalité. » le développement n'est
donc pas un phénomène spontané mais une oeuvre de longue
haleine qui se construit patiemment.
Pour Odile CASTEL (2000), le
développement à une dimension économique (la croissance)
mais aussi une dimension sociale. F. Perroux cité par
notre auteur le dit si bien : « Le développement est le fait
que les hommes se
30 Pierre-Jean ROCA, Le développement local
et les associations : gouvernance et subsidiarité in Les acteurs du
développement local durable en Algérie : comparaison
méditerranéenne. Acte de colloque. Oran 12, 13, 14 Mai 2003.
31 Odile CASTEL, Journée de formation. Les
projets de solidarité internationale : de l'idée à la
réalisation, Maison des cytoyens du monde, 20 Mai 2000, Nantes, 5page
29
nourrissent mieux, se soignent mieux, s'instruisent mieux,
c'est donc l'évolution au cours de laquelle les besoins fondamentaux de
l'homme sont progressivement satisfaits. »
En plus des deux dimensions du développement, il faut
noter que le concept obéit à des conditions :
- La stabilité politique :
les pouvoirs publics doivent être capables de
créer et de maintenir un environnement stable pour les entreprises
modernes, que celles-ci soient publiques ou privées. Au minimum il faut
éviter la guerre civile, une insurrection prolongée ou une
invasion hostile.
- L'indépendance politique :
...à elle seule la stabilité de l'environnement
ne suffit pas. En général, les nations sous autorité
coloniale ont joui d'une grande stabilité, et souvent pendant de
très longues périodes... pourtant, pratiquement aucune colonie
européenne ou japonaise n'a connu un développement soutenu. Cela
s'explique par le fait que l'environnement stable créé ne
bénéficiait fréquemment qu'a un petit nombre de
négociants et d'investisseurs du pays colonisateurs, alors que les
ressortissants des colonies eux-mêmes ne recevaient qu'un soutien
minimum...Dès lors dans la majorité des cas,
l'indépendance politique a constitué un préalable
indispensable à la possibilité d'une croissance économique
moderne.
- Les moyens politiques de l'action publique en
faveur du développement : l'accès à
l'indépendance, la cessation de la guerre civile et des autres menaces
à la stabilité gouvernementale ne forment que la première
étape sur la voie d'un contexte politique au développement
économique. Tous les gouvernements, même stables et
indépendants voient leurs actions entravées par de multiples
freins politiques. A l'origine, le mot politique signifiait art du
gouvernement... une politique économique néfaste peut
empêcher le démarrage de la croissance.32
32 Malcoln Gillis, Michael Roemer, Dwight H.
Perkins, Donald R. Snodgrass, Economie du développement, 2è
Edition, de Boeck, 1998. pp31, 32
30
Développement local
Développement local, développement
endogène, développement à la base, développement
participatif, toutes ces notions, tous ces concepts ramènent à
une même réalité, celle d'amener les populations locales
à définir leurs propres priorités en termes de
développement et de trouver les voies et moyens de leurs mises en
oeuvre.
Pour Odile CASTEL (2000), le
développement à la base se définit comme étant un
processus par lequel une société, à un moment de son
histoire, s'organise pour une meilleure mobilisation et une meilleure
utilisation des ressources et forces dont elle dispose, en vue d'atteindre un
état jugé meilleur par elle-même conformément
à ses aspirations et ses normes culturelles. Le
développement local peut être perçu comme la voie royale
permettant à une société de connaitre l'essor
économique et social car c'est un développement centré sur
les besoins fondamentaux des populations et sur leur capacité
d'organisation.
Alexandre KOUAME et Jean-Marie
AKPOUE33 soutiennent : « le
développement local est une dynamique local fondée sur la
mobilisation locale des ressources et du savoir-faire, il met l'accent sur le
développement des initiatives, le renforcement des solidarités
intercommunautaires, la prise en compte des aspirations et des besoins des
populations dans les domaines économique, social et culturel. Il permet
un saut qualitatif par une pleine responsabilisation des acteurs locaux dans
l'exercice de leurs rôles politiques, économiques, sociaux et
culturels, capacité collective à définir une
stratégie cohérente d'actions de développement...
»
33 Alexandre Kouamé et Jean-Marie AKPOUE,
Politique de gouvernance urbaine en Cote d'Ivoire in développement local
et gouvernance territorial : Enjeux et perspectives, Ed Karthala, Dec 2008
31
GREFFE X cité par Pierre-Jean ROCA34 estime
que le développement local est un processus de diversification et
d'enrichissement des activités économiques et sociales sur un
territoire à partir de la mobilisation et de la coordination de ses
ressources et de ses énergies.
En conclusion nous pouvons dire que le développement
local est la capacité d'une population habitant sur un territoire
à se donner la main afin de relever tous les défis qui se
présentera à elle, que ce soit en terme économique, social
mais aussi culturel et environnemental.
2-1-2- Revue de littérature
Le développement local comme moteur de l'essor
économique,
social et culturel d'une nation
Dans nos Etats africains, nombreux sont les projets qui ont
été parachutés soit par les organisations internationales
vers nos Etas (P.A.S-Plan d'Ajustement Structurel) ou soit de nos Etats vers
les communautés rurales. Cette façon de concevoir le
développement ne prend pas en compte les paramètres culturels et
les aspirations réelles des populations.
Judi Aubel (2006)35 le fait
remarquer si bien en notant : « Au cours des cinquante
dernières années, des programmes d'aide au développement
ont été lancés sur une grande échelle. Cependant la
plupart des programmes communautaires, dans différents secteurs, ont
prêté peu d'attention et d'importance aux réalités
et ressources culturelles locales.»
Pourtant, la contribution des populations et la prise en
compte de leurs besoin est un gage de réussite des projets.
Selon Judi Aubel (2006) de nombreux avantages peuvent
être tirés des programmes de développement fondés
sur des
34 Pierre-Jean ROCA, le développement local
et les associations : gouvernance et subsidiarité in les Acteurs du
développement local durable en Algérie : comparaison
Méditerranéenne. Actes du colloque ORAN 12, 13,14 Mai 2003.p21
35 Judi AUBEL, Utilisation d'une ressource
culturelle négligée dans les programmes de développement :
le réseau des Grad-Mères et la communication participative pour
le développement. Conférence mondiale sur la communication pour
le développement, Rome : 25-27 Octobre 2006 disponible sur
www.grandmothertherproject.org/?page_id=43&lang=fr
32
valeurs et des structures culturelles existants. Les
programmes implantés sur des bases culturelles sont plus
appropriés aux communautés, et ceci tend à augmenter aussi
bien leur sentiment d'appartenance que leur participation à de tels
programmes. En outre, les programmes culturellement appropriés
augmentent la confiance de la communauté en ses propres ressources et en
ses propres capacités à progresser et à se
développer. En effet, pour Rogers cité par Jiang
Wang36 chaque société a sa propre
force et porte ses propres faiblesses ancrées dans sa culture. Chaque
culture vivante réagit aux changements de son environnement.
C'est ici que le développement local prend toute son
importance. En effet, le sommet de Montréal
(2002)37 sur le développement local définit
ce concept comme : « un processus grâce auquel la
communauté participe au façonnement de son propre environnement
dans le but d'améliorer la qualité de vie de ses résidents
[...] Cette approche est avant tout un phénomène humain où
les projets et l'action, plus que les institutions et les politiques,
mobilisent l'ensemble des intervenants de la communauté. »
Si l'objectif du développement est la satisfaction des
besoins des populations tant sur le plan de l'alimentation, de la santé
que de l'éducation et du cadre de vie, cela ne peut se faire sans la
participation des populations concernées. Notre pays, la Côte
d'Ivoire, a beaucoup à faire dans le domaine du développement. Il
suffit seulement de lire le point 22 du DSRP 2009 pour comprendre l'ampleur de
la tâche. Le document dit ceci : « Au terme des concertations
dans les pôles de développement et des consultations
thématiques sectorielles les problèmes ci-après ont
été relevés : le capital de confiance entre les
populations vivants en Côte d'Ivoire s'est considérablement
détérioré, de nombreuses infrastructures publiques ne sont
plus fonctionnelles, les populations sont confrontées à une
insécurité grandissante, les performances macroéconomiques
sont soumises à des pesanteurs
36 Jiang WANG, Place et role de la communication
dans le développement international, PartieIII ;Chap 6 :vers le nouveau
développement le cas de la chine et de l'inde, p87
37 Sommet de montréal sur le
développement local, 9 Avril 2002 disponible sur
www.ville.montréal.qc.ca/pls/portal/docs/.../developpement
local.pgf
33
récurrentes l'emploi est également
précaire et les demandeurs d'emploi éprouvent
des difficultés d'insertion, le système
éducatif est désorganisé, le niveau
d'encadrement, les
ressources financières et l'accessibilité aux services de
santé sont faibles. »
Voici l'état de développement dans lequel se
trouve notre pays. C'est dans cet atmosphère
délétère que nous devons satisfaire à l'horizon
2015 aux OMD qui sont au nombre de 8 (Huit) :
1- Réduire l'extrême pauvreté et la
faim
2- Assurer l'éducation primaire pour tous
3- Promouvoir l'égalité des sexes et
l'autonomisation des femmes
4- Réduire la mortalité des enfants de moins
de 5 ans
5- Améliorer la santé maternelle
6- Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres
maladies
7- Assurer un environnement durable
8- Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement
Face à tous les défis que nous venons
d'énumérer, la participation de toutes les filles et de tous les
fils de la communauté devient une nécessité. Le
développement local se présente donc comme une alternative
souhaitable et louable. En effet, le sommet de Montréal (2002)
définit ses objectifs comme suit :
- Le développement local vise à
améliorer le cadre de vie des populations de la communauté pour
qu'elles puissent profiter d'un environnement sain et agréable.
- Il vise également à améliorer leur
milieu de vie pour qu'elles puissent s'épanouir dans une
communauté qui leur offre plusieurs occasions sociales et
culturelles.
34
- Il cherche à augmenter le niveau de vie afin que
chacun dans la communauté puisse travailler et donc gagner un revenu
pour pouvoir profiter des avantages de la communauté (création
d'emploi et répartition de la richesse)
Ensuite, l'outil privilégié du
développement local est l'approche participative. Elle permet
l'association active et responsable des populations. Pour la FAO (1995),
l'approche participative est fondée sur l'établissement d'un
dialogue permanent entre population et agent technique, sur le respect mutuel
et le principe du partenariat, ainsi que sur la reconnaissance du savoir-faire
local. A ce titre, elle doit être considérée comme une
méthodologie d'intervention en milieu rural qui permet la prise en
charge progressive et concertée des actions de développement.
Avec la politique du développement local et de
l'approche participative, les projets de développement ne sont plus des
cadeaux qu'un prétendu père Noel offrirait aux populations mais
plutôt une action concertée dont la réalisation est la
conjugaison des efforts et de l'intelligence des gouvernants locaux et des
populations. Le rapport mondial sur le développement humain de 2003 dit
ceci : « La participation des populations dans le développement
devient le problème central de notre époque. »
Pour que le développement local se déroule dans
un environnement paisible où aucun conflit de compétence ne
vienne perturber les actions des gouvernants locaux, les pouvoirs publics se
doivent de mettre en place un cadre législatif et juridique
adéquat.
35
La décentralisation comme cadre juridique et
réglementaire
du développement local.
Parler de développement local sans faire allusion
à la décentralisation est un leurre. En effet la
décentralisation administrative et politique se présente comme
l'architecture législative et juridique idéale pour un
développement local réussi. Rosnert Ludovic ALISSOUTIN
(2008) le dit si bien à travers ces mots : « Vouloir
appréhender le développement local, sans intégrer dans
l'analyse la décentralisation territoriale, qui est une donnée
juridique tangible, conduirait à une analyse incomplète. Les
collectivités locales, actrices incontestables du développement
local sont le résultat de la mise en oeuvre de la politique de
décentralisation et ont vocation à concevoir, à programmer
et à mettre en oeuvre les projets de développement
économique, éducatif, social et culturel dans l'espace
décentralisé. »38
La décentralisation est selon le Pr René
DEGNI-SEGUI cité par Dr KOFFI Ehui Bruno « le
procédé technique qui consiste à conférer des
pouvoirs de décision à des organes locaux, autonomes, distincts
de ceux de l'Etat. Ces organes locaux, appelés autorités
décentralisées, règlent des problèmes
d'intérêt local, tandis que l'autorité centrale prend en
charge ceux présentant un intérêt national. Ainsi, les
problèmes intéressant la commune ou le département sont
réglés par leurs propres représentants que sont
respectivement le Maire ou le Président du conseil
général. La décentralisation appelle l'idée
d'autonomie [...] cette autonomie se matérialise dans la
personnalité juridique reconnue à la collectivité
décentralisée et qui implique un transfert de pouvoir à
une personnalité publique, autre que l'Etat et inférieur à
celui-ci. »
Nos Etats africains ont très souvent rusés avec
la décentralisation, ce qui par moment crée des tensions entre le
gouvernement central et les gouvernants
38 Rosnert Ludocic ALISSOUTIN, Les
défis du développement local au Sénégal, CODESRIA,
2008 (Disponible sur
http://www.codesria.org/img/pdf/o-défis-du-developpement.pdf
)
36
locaux. L'observatoire de la décentralisation fait
cette remarque en ces termes : « Les mandatures municipales des
années 2000 ont donné à voir des échanges
dynamiques et parfois rudes entre les gouvernements centraux et les
gouvernements locaux sur la question des transferts de compétence et de
ressources »39
Pourtant, la décentralisation a ses règles, ses
principes et ses exigences. En effet, pour le
FPI40, la décentralisation repose sur des
organes élus ayant des compétences propres dotées d'une
personnalité juridique et d'une autonomie financière qui
réduisent la pesanteur de la tutelle. Le FPI continue pour dire que la
décentralisation repose donc sur quatre (4) piliers importants à
savoir :
- Les collectivités locales ou territoriales,
- Le transfert effectif de compétence aux
collectivités territoriales,
- L'autonomie financière,
- La réduction de la pesanteur de la tutelle.
La décentralisation consiste donc à
transférer certains aspects du pouvoir central vers des
collectivités locales qui seront à leur tour chargées par
leur génie d'impulser le développement local. Mais comme le fait
si bien remarquer Laurent N'guessan ZOUKOU41 :
« il ne s'agit pas pour le peuple d'abdiquer tous ses pouvoirs entre les
mains de quelques individus quels que soient leur dynamisme et leur bonne
volonté. Le peuple doit participer de très près à
la gestion de ses propres affaires. »
La décentralisation a pour rôle à travers
le développement local de créer une saine émulation entre
les différentes régions du pays et contribuer efficacement
à la réduction des disparités. Pour cela la participation
des populations devient une problématique essentielle. C'est seulement
la participation des populations qui peut garantir la pérennité
des projets.
39 Observatoire de la décentralisation,
état de la décentralisation en Afrique, Karthala Ed. 2007, p20
40 Laurent GBAGBO, Gouverner autrement la Cote
d'Ivoire, L'harmattan, Paris, 1999. p26
41 Laurent N'guessan ZOUKOU, région et
Régionalisation en Cote d'Ivoire, l'Harmattan, Paris, 1990, p15.
37
Si nous concevons que le développement local
participatif est la clé de tout essor économique et social, la
communication est la condition de la participation.
Le rôle de la communication dans le
développement
local participatif.
Nous commencerons cette partie par une réflexion de la
FOA(1998) : « Elément essentiel du
développement d'un pays, la communication ne pouvait demeurer dans la
léthargie dans laquelle la plongeait certains gouvernants qui
l'utilisaient avant tout comme instrument de propagande politique, comme griot
du pouvoir. »
La communication a été pendant longtemps
utilisée par nos gouvernants comme un moyen privilégié
pour faire le culte de leur personnalité. Et pourtant, cet outil
important devrait d'abord et avant tout être mis à la disposition
du développement. Nos populations africaines sont très souvent
spectatrice du développement parce que ne sachant exactement ce que
recouvre ce concept.
La communication pour le développement selon la FAO
(1998)42 est un processus social destiné à
établir un dialogue véritable et permanent entre les
différents acteurs du développement, à susciter, appuyer
et accompagner les initiatives prises par consensus afin de jeter les bases
d'une gestion concertée indispensable à la réussite des
projets. Les médias sont donc considérés comme des outils
servant à déclencher et à accompagner ce
processus.
42 Mali : Politique national de communication pour le
développement, FAO, Rome, 1998, p.2
38
Quel est donc le rôle de la communication dans
un programme de développement ?
Selon les résultats d'un atelier organisé par le
CAMPC en juillet 2009, la communication joue plusieurs
rôles dans le développement à savoir :
- Identifier les besoins de la communauté
- Motiver la communauté à prendre part aux
activités
- Combattre les rumeurs
- Faire un choix informé
- Utiliser correctement les méthodes et pratiques
recommandées
- Assurer la continuité
- Permettre la réadaptation du programme durant son
déroulement
- Renforcer les acquis
La communication doit se bâtir autour d'une
stratégie, avec des outils communicationnels pour
accompagner efficacement le processus de développement.
? La stratégie de communication pour le
développement
En matière de développement, pour que la
communication soit efficace, il est nécessaire voir impérieux
d'élaborer une stratégie. Il ne s'agit pas de faire deux ou trois
communiqués à la télé, à la radio ou dans la
presse écrite pour dire qu'on fait de la communication.
Jean Pierre ILBOUDO nous le fait très bien remarquer en
disant que « le constat général dans les projets et
programme de développement est que l'on trouve des plans média en
lieu et place de véritable stratégie de
communication.»43
43 Guide méthodologique d'élaboration d'une
stratégie de communication multimédia, FAO, Niamey 2002,
préface.
39
En communication pour le développement, la
stratégie est selon la FAO (2002) : « un plan-cadre comprenant
une combinaison d'interventions de communication capable de susciter les
changements nécessaires en matière de connaissance, d'opinion,
d'attitude, de croyance ou de comportement au niveau de la population
visée en vue de résoudre un problème de
développement, selon un calendrier donné et compte tenu des
ressources disponibles. Elle constitue un engagement et une boussole permettant
de mobiliser et d'orienter les actions et les énergies des
différents partenaires.»44
Une stratégie en communication pour le
développement débute par une bonne recherche. Cette recherche
permettra de recueillir des données quantitatives et qualitatives sur la
croyance des populations, leur culture, leur pratique et leur mode de
communication. En somme, la recherche nous permettra une meilleure connaissance
de notre population cible. C'est à partir de ces données que l'on
établira les objectifs de communication et toute la stratégie
dont fait partie le plan média. Le plan média n'est qu'une partie
de la stratégie de communication elle n'est pas la stratégie.
Silvia BALIT (2004)45 citant Anyaegbunam,
Mefalopoulos et Moetsabi (1998) le mentionne si bien en ces termes : «
La recherche pour la conception et la production de programmes de communication
devient un processus interactif, permettant à la communauté
d'exprimer ses problèmes et d'apprendre sur elle-même. Cela
garantit que le processus de développement initié
reflètera les perceptions et les réalités de la
communauté rurale, encourageant ainsi la durabilité de
l'innovation en matière de développement. »
La stratégie de communication se
distingue également d'une politique de communication et
d'une campagne de communication. En effet pour la FAO (2002)
une politique de communication est un document écrit qui fixe les
finalités, les grandes lignes directrices et les standards devant guider
l'utilisation
44 Op cit, p22
45 Silvia BALIT, La communication pour les groupes
isolés et marginalisés ; 9ème table ronde des
Nations Unies sur la communication pour le développement. Septembre
2004, Rome Italie.
40
et l'organisation de la communication pour atteindre les buts
de développement. La campagne de communication quant à elle est
un ensemble coordonné d'activités de communication
médiatique et non médiatique menées de manière
intensive sur une période relativement courte et dans un espace
donné en vue d'atteindre des effets précis.
La stratégie de communication est un processus et une
planification bien cohérente. Plusieurs modèles de planification
existent. Nous allons présenter trois modèles :
Le processus en onze étapes de Sylvie COHEN
(FNUAP, 1993)46
1- Identifier les objectifs de communication et ceux du
programme
2- Sélectionner les groupes d'auditoires, par ordre
de priorité
3- Identifié les changements souhaités pour
chaque cible
4- Identifier les facteurs du milieu favorables ou
défavorables aux changements souhaités
5- Déterminer les types d'activités d'IEC
nécessaire pour provoquer les changements
6- Exposer les grandes lignes de message clés et
des stratégies de message
7- Déterminer la gamme des canaux de
communication
8- Identifier des stratégies d'organisation et de
gestion (y compris suivi et évaluation)
9- Calculer le montant des ressources nécessaires
pour mener les activités
10- Prévoir des délais réalistes
pour les actions à mener ainsi que leur chronologie
11- Examiner la stratégie, l'adapter et la faire
adopter
46 Guide méthodologique
d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia,
FAO ; Niamey 2002, p9
41
Le Processus P47
1- Analyse
2- Conception de la stratégie
3- Développement de message et de
matériel
4- Gestion, mise en oeuvre et suivi
5- Evaluation d'impact
Guy BESSETTE (2004) en dix
étapes48
1- Etablir une relation avec la communauté et approfondir
sa compréhension du contexte local;
2- Faire participer la communauté;
3- Identifier les groupes communautaires et les autres
intervenants concernés par le problème et l'initiative de
développement;
4- Déterminer les besoins et établir les objectifs
et les activités de communication;
5- Choisir les outils de communication appropriés;
6- Préparer et pré tester les contenus et le
matériel de communication;
7- Faciliter la mise en place de partenariat et réviser
la planification;
8- Etablir un plan de suivi et de mise en oeuvre;
9- Assurer le suivi et l'évaluation de la
stratégie de communication;
10- Mettre au point une stratégie d'utilisation des
résultats.
En conclusion nous pouvons dire que l'élaboration d'une
stratégie en communication pour le développement requiert
rigueur, professionnalisme, travail d'équipe, participation et
créativité. Elle demande aussi une bonne connaissance des outils
de communication.
47 Guide méthodologique d'élaboration d'une
stratégie de communication multimédia, FAO ; Niamey 2002, p8
48 Guy BESSETTE, Communication et participation communautaire
: guide pratique de communication pour le développement, presse de
l'université de laval 2004, p22.
42
? Les outils de communication.
Pour Alain KIYINDOU (2006)49, ces outils sont les
différentes composantes des médias. La FAO (1998) les listes
comme suit :
- Les médias de masse
- Les médias de proximité ou médias
interpersonnels - Les médias rural ou médias
communautaires
Guy BESSET (2004)50 quant à lui insiste sur
les critères qui doivent prévaloir dans le choix des outils de
communication : « Trois critères semblent
particulièrement utiles dans le choix des outils de communication : leur
utilisation réelle dans la collectivité, le coût de leur
utilisation et les contraintes qui en découlent, ainsi que leur
polyvalence. Dans la mesure du possible, il faudrait compter d'abord sur les
outils de communication déjà utilisés dans la
collectivité locale pour échanger de l'information et des
idées, ou sur les outils avec lesquels les gens se sentent le plus
à l'aise. Avant de prendre une décision, il faut aussi tenir
compte de facteurs liés aux coûts et à la
durabilité, ainsi qu'aux différents types d'utilisation.
»
49 Alain KYINDOU, De l'usage des médias alternatives
pour le développement in place et rôle de la communication dans le
développement international, presse de l'Université du
Québec, 2006, p. 65.
50 Guy BESSET, Facilité le dialogue,
l'apprentissage et la participation en gestion des ressources naturelles,
9ème table ronde sur la communication pour le développement, FAO,
Septembre 2004 ; Rome Italie
43
2-2- PRESENTATION DE L'ESPACE DE RECHERCHE
2-2-1- Aspect géographique et administratif
Le département de Grand-Bassam s'étend sur
environ 1 390 Km2 pour une population estimée à 136 989 habitants
dont 51 % d'Hommes et 49 % de Femmes.
Les limites territoriales du département de
Grand-Bassam se présentent comme suit : Au Nord et à l'Ouest par
le District d'Abidjan, Au Sud par le golf de guinée, à l'Est par
le département d'Aboisso. Il est peuplé d'Abouré, de
N'zima, de Bétibé et de Ehoutilé.
Au plan administratif, le département de Grand-Bassam a
été érigé en chef lieu de département par le
décret N° 97-15 du 15 Janvier 1997. Il est composé de trois
(3) grandes entité sous-préfectorale à savoir :
- La sous-préfecture de Grand-Bassam
- La sous-préfecture de Bonoua - La sous-préfecture
de Bongo
NB : Les données sus mentionnées
proviennent de la préfecture de Grand-Bassam.
2-2-2- Aspect historique
Grand-Bassam est une ville hautement historique pour
l'histoire de la Cote d'Ivoire. En 1893, la Cote d'Ivoire devient une colonie
Française et Grand-Bassam sa première capitale
(1893-1900). L'architecture de type colonial du quartier
France le montre si bien. Le caractère historique de la ville a
été reconnu par l'UNESCO. En effet depuis le 29
juin 2012 à SAINT
44
PATERSBOURG, la ville de GRAND-BASSAM a
été inscrite au patrimoine historique mondial de cette
prestigieuse institution.
2-2-3- Potentialité économique
Grand-Bassam présente d'énormes
potentialités économiques :
- Au plan touristique : la ville de
Grand-Bassam a une grande capacité hôtelière avec une gamme
très variée. La gamme part des hôtels quatre (4)
étoiles aux hôtels pour les bourses moyennes. Trois grands types
de tourisme s'y pratiquent. D'abord le tourisme balnéaire parce que la
ville a une bonne façade maritime. Ensuite le tourisme de
congrès. En effet il ne se passe pas de jour sans que la ville n'abrite
de séminaire. Enfin le tourisme culturel. La ville possède un
marché d'art avec une gamme de produits très variés,
plusieurs festivals culturels dont les plus célèbres sont
l'Abissa des N'zima Kôtôkô, le Popo carnaval des
Abouré Ehivet de Bonoua et la fête de génération des
Abouré ÊHÊ de Moossou. Tout ce flux de personnes permet aux
Hommes et Femmes d'affaire de Grand-Bassam d'engranger de nombreuses
devises.
- Au plan de l'Agriculture :
la pratique de la pèche est une activité florissante à
Grand-Bassam. En effet la ville est arrosée par la mer, la lagune
Ebrié et le fleuve comoé. Du point de vue des produits agricoles,
on y trouve un peu de tout : de grande plantation d'hévéa, de
palmier à huile et d'ananas mais également du cacao, du
café et de nombreuses cultures vivrières notamment le manioc.
45
2-3- CONSIDERATION METHODOLOGIQUE
Dans le cadre de notre recherche, nous avons fait une
étude qui a utilisé deux instruments :
- Un instrument quantitatif - Un instrument qualitatif
2-3-1- Etude quantitative
Taille de la population
La population sur laquelle va porter notre étude est
estimée à 136 989 personnes reparties sur une superficie de 1 390
Km2. Cette population de 136 989 personnes se compose de 51% d'Hommes et de 49%
de femmes. Administrativement elle couvre trois sous-préfectures
à savoir :
- La sous-préfecture de Grand-Bassam
- La sous-préfecture de Bonoua
- La sous-préfecture de Bongo
Taille de l'échantillonnage
Pour notre travail de recherche nous nous sommes
appuyés sur un échantillon de trois cents (300) personnes. Trois
cent (300) personnes parce que nous estimons que cela est
représentatif.
46
Instrument de collecte de
données
Pour recueillir les informations sur le terrain nous avons
utilisé le questionnaire. Ce questionnaire a été
administré à l'échantillon de la population
préalablement défini.
2-3-2- Etude qualitative
Populations concernées
La population qui nous a intéressés dans notre
étude qualitative se compose
comme suit :
- Les Royautés
- Les associations de jeunes
- Les associations de femmes
- Les élus
- Les responsables de communication des collectivités
locales
- Les ONG
Taille de l'échantillon
Nous ne pouvons raisonnablement interroger tous les groupes
formels, pour se
faire nous avons pris un échantillon qui se
présente de la façon suivante :
- Trois royautés
- Une association de femmes
- Une association de jeune
- Un responsable d'ONG
- Un élu
- Deux responsables de communication des collectivités.
Au total nous avons eu neuf (9) entretiens à faire.
47
Instrument de collecte de données
Pour la collecte de nos donnée, nous
avons élaboré trois (3) guides
d'entretien que nous avons administré aux entités
suivantes :
- Un guide à l'attention des Elus locaux
- Un guide à l'attention des responsables de
communication
- Un guide à l'attention des groupes formellement
constitués (Royauté,
Association de femmes, Association de jeunes, ONG)
2-3-3- Difficultés rencontrées
Dans la conduite de notre travail de recherche, nous avons
rencontré deux (2) difficultés majeures :
- D'abord nous sommes dans un pays qui sort de crise, les
populations sont traumatisées par la guerre qui s'est
déroulée entre Décembre 2010 et Avril 2011. Pour eux la
politique est la cause de tout ce désordre. Comme notre questionnaire a
trait aux conseils généraux et aux mairies, du coup pour eux il
s'agit encore de revenir faire la politique. Nombreux sont ceux qui
déjà à la lecture des premières questions sortait
cette phrase générique « MOI JE NE FAIS PAS POLITIQUE »
et poliment déclinait notre demande.
- Ensuite, nous sommes en pleine période de
précampagne électorale pour les élections locales. A
Grand-Bassam nous sommes dans une configuration telle qu'à la mairie,
l'ancienne équipe dirigeante ne compétit pas à sa propre
succession. Quant au conseil général, il n'existera plus et sera
absorbé par le conseil régional. Cette atmosphère
entraîne une grande démotivation. Avoir un rendez-vous dans ces
conditions devient une oeuvre difficile, à fortiori un entretien pour
parler de développement local car les esprits ne sont plus à
l'ouvrage.
48
CHAPITRE 3
PRESENTATION ET ANALYSE
DES RESULTATS
3-1- PRESENTATION DES RESULTATS
Les résultats que nous présentons sont issus du
dépouillement du questionnaire que nous avons administré aux
populations du département de Grand-Bassam, mais également une
analyse de contenu des entretiens que nous avons eu avec les différentes
personnes ressources.
3-1-1- Présentation des résultats
quantitatifs
Tableau 1 : Participation des populations aux
réunions du conseil général
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
58
|
37.90
|
95
|
62.09
|
Femme
|
147
|
37
|
25.17
|
110
|
74.82
|
Total
|
300
|
95
|
31.66
|
205
|
68.33
|
Les résultats montrent qu'environ un (1) tiers des
populations a une fois assisté aux réunions du conseil
général. A ce niveau les hommes sont plus actifs que les
femmes
49
Moyens utilisés par le conseil
général pour informer les populations
Courrier Invitation Téléphone
Bassam FM Radio N'nowé Presse Ecrite
7%
42%
12%
14%
5%
20%
Graphique 1 : Graphique d'utilisation des outils de
communication par le conseil général
Le graphique 1 montre que les courriers et les radios locales
sont les outils de communication les plus utilisés par le conseil
général de Grand-Bassam.
Tableau 2 : Participation des populations aux
réunions des conseils municipaux
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
28
|
18.30
|
125
|
81.69
|
Femme
|
147
|
15
|
10.20
|
132
|
89.79
|
Total
|
300
|
43
|
14.33
|
257
|
85.66
|
Nous constatons une faible participation des populations
aux réunions du conseil municipal.
Moyens utilisés par les conseils municipaux pour
informer les populations
Bassam FM Radio N'nowé Courrier telephone
51%
5%
19%
25%
Graphique 2 : Graphique d'utilisation des outils de
communication par les conseils municipaux
50
A l'image du conseil général, les conseils
municipaux du département de Grand-Bassam utilisent prioritairement
comme outils de communication les courriers et les radios locales.
Tableau 3 : Lecture ou audition des
communiqués du conseil général
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
39
|
25.49
|
114
|
74.50
|
Femme
|
147
|
24
|
16.32
|
123
|
83.67
|
Total
|
300
|
63
|
21.00
|
237
|
79.00
|
Seulement 63 personnes sur 300 interrogées, soit 21
% des populations, ont une fois lu ou entendu un communiqué du conseil
général.
L'objet des communiqués du conseil
général
Objets des communiqués
|
Cible atteinte
|
Remise de château d'eau
|
11
|
Inauguration de pont
|
5
|
Don de groupe électrogène à
l'hôpital général
|
7
|
Remise de prix aux meilleurs
élèves
|
6
|
Inauguration des nouveaux locaux du conseil
général
|
8
|
Assemblée général du conseil
général
|
10
|
Remise d'un bâtiment au collège moderne de
Bassam
|
4
|
Remise d'un bâtiment au lycée municipal de
Bonoua
|
7
|
Enquete de comodo et d'incomodo
|
5
|
Les objets des communiqués du conseil
général peuvent être scindés en deux groupes selon
la stratégie communicationnelle à savoir :
- La communication participative au
développement
- La communication publicitaire ou marketing
politique
Le graphique ci-dessous nous montre la proportion de chaque
stratégie communicationnelle.
76%
24%
Communication
participative au
développement
Marketing politique
Graphique 3 : Graphique montrant la proportion de chaque
stratégie communicationnelle du conseil général de
Grand-Bassam
51
Le graphique 4 montrent que la part du marketing politique
est importante au détriment de la communication participative au
développement. Pourtant dans le développement local la
communication participative au développement devait occuper une place
prépondérante.
Tableau 4 : Lecture ou audition des
communiqués des conseils municipaux
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
29
|
18.95
|
124
|
81.04
|
Femme
|
147
|
19
|
12.92
|
128
|
87.07
|
Total
|
300
|
48
|
16.00
|
252
|
84.00
|
Seulement 48 personnes sur 300 interrogées, soit 16
% ont une fois lu ou entendu un communiqué de leur conseil
municipal.
Les objets des communiqués des conseils
municipaux
Objets des communiqués
|
Cible atteinte
|
Opération ville propre
|
4
|
Sensibilisation au VIH-SIDA
|
3
|
Transformation d'attiéké
|
1
|
Inauguration d'école
|
7
|
Remise d'ambulance
|
7
|
Remise de prix aux meilleures
élèves
|
8
|
Enquête de commodo et d'incommodo
|
2
|
Extension électrique
|
1
|
Assemblée générale
|
8
|
Fête des mères
|
5
|
Campagne de vaccination
|
2
|
Les objets des communiqués des conseils municipaux
peuvent être également scindés en deux groupes selon la
stratégie communicationnelle à savoir :
- La communication participative au
développement
- La communication publicitaire ou marketing
politique
56%
44%
Communication
participative au
développeement
Marketing politique
52
Graphique 4 : Graphique montrant la proportion de chaque
stratégie communicationnelle des conseils municipaux de
Grand-Bassam
Au niveau des conseils municipaux, les proportions entre le
marketing politique et la communication participative au développement
sont légèrement équilibrées contrairement au
conseil général.
Tableau 5 : Participation des populations aux
séances de sensibilisation pour la réalisation d'un
projet
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
12
|
07.84
|
141
|
92.15
|
Femme
|
147
|
9
|
06.12
|
138
|
93.87
|
Total
|
300
|
21
|
07.00
|
279
|
93.00
|
Les résultats montrent que les collectivités
territoriales n'expliquent pas aux populations les raisons de leurs choix pour
tel ou tel projet et le bien fondé de ces projets.
Tableau 6 : Participation des populations aux
enquêtes d'opinion
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
15
|
09.80
|
138
|
90.19
|
Femme
|
147
|
4
|
02.72
|
143
|
97.27
|
Total
|
300
|
19
|
06.33
|
281
|
93.66
|
Nous avons seulement 06.33 % des populations qui ont une
fois participé à une enquête d'opinion pour la
réalisation d'un projet. Cela montre que les dirigeants locaux ne
sondent pas assez les populations dans leur choix.
53
Tableau 7 : Participation à un
séminaire sur le développement local.
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
29
|
18.95
|
124
|
81.04
|
Femme
|
147
|
14
|
09.52
|
133
|
90.47
|
Total
|
300
|
43
|
14.33
|
257
|
85.66
|
Seulement 14.33 % des populations
interrogées ont une fois participé à un séminaire
sur le développement local.
Tableau 8 : Participation à une
conférence sur le développement local ou la
décentralisation.
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
55
|
35.94
|
98
|
64.05
|
Femme
|
147
|
21
|
14.28
|
126
|
85.71
|
Total
|
300
|
76
|
25.33
|
224
|
74.66
|
La proportion des populations interrogées
(25.33 %) qui a assisté à une conférence
sur le développement local ou la décentralisation est faible mais
nettement meilleur à celle qui a assisté à un
séminaire.
Tableau 9 : Participation à une
réunion sur le développement local ou la
décentralisation
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
47
|
30.71
|
106
|
69.28
|
Femme
|
147
|
23
|
15.64
|
124
|
84.35
|
Total
|
300
|
70
|
23.33
|
230
|
76.66
|
Nous dénombrons 70 sur 300
personnes interrogées soit 23.66 % qui ont une
fois assisté à une réunion quelconque sur la
décentralisation ou le développement local
Tableau 10 : Lecture d'un document parlant de
décentralisation ou de développement local
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
62
|
40.52
|
91
|
59.47
|
Femme
|
147
|
35
|
23.80
|
112
|
76.19
|
Total
|
300
|
97
|
32.33
|
203
|
67.66
|
Un tiers des populations interrogées a une fois
pris connaissance d'un document parlant de décentralisation et de
développement local.
54
Tableau 11 : Visionnage ou
audition d'émission sur la décentralisation ou le
développement local
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
78
|
50.98
|
75
|
49.01
|
Femme
|
147
|
66
|
44.89
|
81
|
55.10
|
Total
|
300
|
144
|
48.00
|
156
|
52.00
|
Environ 50 % des personnes interrogées ont une fois
assisté à une émission sur le développement local
ou la décentralisation.
Le support sur lequel l'émission à
été suivie
|
Bassam FM
|
Radio N'nowé
|
Radio CI
|
RTI 1
|
RTI 2
|
Effectif
|
144
|
11
|
21
|
43
|
51
|
18
|
%
|
100
|
07.63
|
14.58
|
29.86
|
35.41
|
12.50
|
Les médias d'Etat sont ceux qui proposent le plus
d'émission sur le développement local et la
décentralisation.
Le graphique ci-dessous va nous montrer les médias
où les enquêtés ont suivi les émissions, en fonction
de leur typologie.
8%
14%
78%
Radio privée non commerciale
Médias d'Etat
Radio communautaire
Graphique 5 : Graphique montrant les médias
où les enquêtés ont suivi les émissions sur le
développement local en fonction de leur typologie.
Les médias d'Etat, comparativement aux radios
privées non commerciale et aux radios communautaires sensibilisent plus
les citoyens sur la problématique de la décentralisation et du
développement local.
55
Tableau 12 : Identification des projets
réalisés par les collectivités territoriales
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
103
|
67.32
|
50
|
32.67
|
Femme
|
147
|
61
|
41.49
|
86
|
58.50
|
Total
|
300
|
164
|
54.66
|
136
|
45.33
|
Nos résultats montrent que les populations
(54.66 %) connaissent largement les projets
réalisés par les collectivités territoriales.
Tableau 13 : Participation des populations
à l'élaboration des projets
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
12
|
07.84
|
141
|
92.15
|
Femme
|
147
|
1
|
0.68
|
146
|
99.31
|
Total
|
300
|
13
|
04.33
|
287
|
95.66
|
Les populations ne sont presque pas associées
à l'élaboration des projets de développement.
Tableau 14 : Participation des populations
à la mise en oeuvre des projets
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
14
|
09.15
|
139
|
90.84
|
Femme
|
147
|
00
|
00.00
|
147
|
100
|
Total
|
300
|
14
|
04.66
|
286
|
95.33
|
La précédente observation s'applique
également ici. Les populations ne sont pas associées à la
mise en oeuvre des projets de développement.
Tableau 15 : Proposition de projets aux
collectivités territoriales par les populations
|
Effectif
|
oui
|
%
|
Non
|
%
|
Homme
|
153
|
26
|
16.99
|
127
|
83.00
|
Femme
|
147
|
9
|
06.12
|
138
|
93.87
|
Total
|
300
|
35
|
11.66
|
265
|
88.33
|
C'est seulement 35 enquêtés
sur 300 soit 11.66 % qui ont une fois
proposé un projet aux collectivités territoriales.
56
3-1-2- Présentation des résultats
qualitatifs
La présentation des résultats qualitatifs va
consister à faire une analyse de contenu des différents
entretiens que nous avons eu avec les populations, les responsables de
communication des collectivités territoriales et les élus. Il
s'agira, dans cette analyse de contenu, de regrouper les questions de
façon thématique afin de les présenter.
Tous les entretiens que nous avons eu à faire est
disponible dans l'annexe 5,6 et 7.
Connaissance des collectivités
territoriales
De façon générale, les populations ont
une vague connaissance des collectivités territoriales et de leur
rôle:
Cour royale de Bonoua : « oui, je
connais le conseil général, mais son rôle, personnellement,
je n'ai aucune idée. »
Fédération des femmes : « oh,
vaguement »
Plate forme des ONG : « nous connaissons
plus ou moins le conseil général. »
Par contre le rôle de la maire est un peu plus connu
surement par sa proximité avec les populations :
Plate forme des ONG : « la mairie nous
connaissons mieux car avec elle, nous avons mené des activités.
»
Le véritable problème se pose dans la confusion
au niveau des compétences dévolues à chaque entité
décentralisée. Les populations n'arrivent pas à
établir une ligne de démarcation entre les compétences du
conseil général et celles de la mairie.
Royauté de Moossou : « Nous en
avons entendu parlé, il y a eu des élections, mais quand il
s'agit de réaliser des projets, on nous dit que Moossou n'est pas sous
la compétence du conseil général, cela fait que nous
n'avons pas trop de rapport avec le conseil général. »
Association des jeunes : « ils ont
pratiquement le même rôle, la mairie pour la ville et le conseil
général pour les villages. »
57
Sensibilisation et formation des populations, des
responsables de
communication et des élus
La sensibilisation et la formation de tous les acteurs
(populations, responsables de communication, élus) aux principes du
développement local et da la décentralisation est un
élément important pour la réussite du développement
local. Les entretiens que nous avons menés montrent que la
sensibilisation et la formation des acteurs sont le maillon faible dans la
chaine de mise en oeuvre du développement local.
Les populations ne sont pas assez sensibilisées sur la
politique de décentralisation. Les énoncées suivants nous
le montre :
Royauté de Moossou : Nous avons
été conviés aux assemblées générales
annuelles du conseil général mais à part ça nous
n'avons jamais assisté à une réunion ou une
conférence sur le développement local.
Association des jeunes : Oui, une
réunion sur la décentralisation au ministère de la
jeunesse. Le thème était ... (hésitation) je pense que les
collectivités locales et jeunesse : quel rôle quelque chose comme
ça.
Plate forme des ONG : De façon
générale non, nous n'avons jamais assisté à une
conférence, un séminaire qui avait pour objet la
décentralisation ou le développement local.
La question de la formation se pose également au niveau
des responsables de communication des collectivités territoriales et des
élus du département de Grand-Bassam.
Responsable communication Conseil
général : Malheureusement nous n'avons pas eu de
formation depuis que nous sommes là, nous avons participé
à des rencontres mais pas de formation.
Responsable communication Mairie de Grand-Bassam
: Nous avons fait des demandes dans ce sens mais les décisions
n'ont pas encore été prises.
Maire de Bonoua : Nous avons eu une
séance de formation à la demande du conseil municipal et pendant
deux (2) jours. Les gens nous ont entretenus sur les attributions du conseil
municipal. Nous avons eu une seule formation.
58
Les outils de communication utilisés par les
collectivités territoriales
Les entretiens montrent que les collectivités
territoriales du département de Grand-Bassam utilisent une gamme
variée d'outil de communication. Selon les populations nous avons les
courriers, le téléphone, le bouche à oreille, les radios
de proximité.
Les élus et les responsables de communication ajoutent
à cette liste internet et les journaux édités par les
collectivités elles même.
Prise en compte des besoins des
populations
L'un des principes du développement local, c'est
permettre aux populations de définir ses besoins et d'y apporter des
solutions. Cela passe nécessairement par la mise en place d'une bonne
politique de communication. Les populations à travers les entretiens
montrent que ce grand principe du développement local n'est pas mis en
pratique. En effet, les projets prioritaires des populations n'ont quasiment
pas été pris en compte par les gouvernants locaux :
Royauté Moossou : C'est l'ouverture de
l'embouchure. Si l'embouchure est ouverte vraiment... maintenant on nous parle
de l'autoroute Abidjan-Bassam. On ne nous a jamais invités à
parler de l'ouverture de l'embouchure. C'est une fois il y a eu une
enquête environnementale sur l'autoroute organisée par une
structure mais pas la mairie ou le conseil général.
Royauté des N'zima Kôtôkô
: Le gros projet qui nous tiennent à coeur c'est l'ouverture de
l'embouchure. Mais il faut bien ouvrir pour ne pas qu'il ait des
dégâts. Le ministre de l'environnement nous a annoncé le
début des travaux. Donc on pense que si s'est bien fait avec des
granites et autre, cela peut faire reculer la mer, parce que si ça
continue de ronger la terre nous pouvons être délogés
d'ici. Nous avons discuté de cela avec la mairie mais pas le conseil
général.
Fédération des femmes : Nous
avons un projet qui nous tient à coeur. C'est un projet sur
l'alphabétisation. Puisque une étude montre que 80 % des femmes
de Grand-Bassam sont analphabètes. Notre souhait serait d'avoir un
centre d'écoute pour les femmes où sera logé un centre
d'alphabétisation.
59
Nous avons discuté de cela avec la mairie, nous avons
fait une stratégie de communication que nous avons déposée
à la mairie. D'entrée de jeu, ils sont partants. Mais comme on
connait les problèmes des mairies et des collectivités de Cote
d'Ivoire, c'est un problème de moyens, on nous oppose toujours les
moyens.
Association des jeunes : Nous avons de
multiples projets qui nous tiennent à coeur. Avec le président du
conseil général nous avons parlé d'une grande ferme
où les jeunes pourraient se prendre en charge. Avec la mairie aussi nous
parlons aussi de nos projets, mais vous savez ici tout est politisé donc
c'est difficile. Par exemple dégagé 10 à 15 million pour
la jeunesse afin de se prendre en charge, ça parait un gros chiffre,
mais pour moi ce n'est rien. Pour la jeunesse on peut le faire.
Les élus estiment qu'ils prennent en compte les besoins
des populations, le problème se situe au niveau des priorités et
des fonds disponibles :
Maire de Bonoua : Au fait, à la fin de
l'année nous allons vers les villageois, nous avons trois quartiers et
dans les échanges ils nous font part de leurs besoins. Après
ça, nous rencontrons les jeunes. Nous avons plusieurs sous quartiers
où nous avons mis les jeunes et nous les rencontrons sur leur base et
là également ils peuvent nous faire des doléances. Les
conseillers également vont dans les différents quartiers
où ils habitent, ils reçoivent des besoins exprimés par la
population. Après ça le conseil se réunit, on met ensemble
les besoins exprimés par les uns et les autres et on choisit les projets
par priorité.
Participation à l'identification des projets
de développement
Les populations dans leur ensemble, sinon celles que nous
avons interrogé estiment qu'elles ne sont pas associées à
la phase d'identification des projets de développement et elles
l'expriment clairement :
Royauté de Moossou : ça
vraiment, ils ne nous ont jamais consultés, mais les projets qu'ils
réalisent sont dans l'intérêt des populations donc nous
n'avons pas à discuter.
Royauté de Bonoua : S'ils nous
invitent, nous venons mais généralement les programmes de
développement ne sont pas soumis à l'appréciation de la
notabilité. Ni au niveau de la mairie ni au niveau du conseil
général. Chaque
60
année, le conseil général fait un projet
de développement de la région alors ils invitent la
notabilité pour demander leur avis, mais le plus souvent notre avis
n'est pas pris en compte. Même quand le travail est mal fait qu'on les
interpelle ils ne reprennent pas. Cela fait que les projets ne durent pas. Donc
généralement après cinq ans on ne peut pas faire le bilan
parce que toutes les réalisations sont abimées.
Royauté des N'zima Kôtôkô
: au choix des projets ? Nous n'avons jamais été
associé à quelque chose, que ce soit la mairie ou le conseil
général. La preuve c'est qu'aucun jeune du quartier France n'a eu
à bénéficier de quoi que ce soit.
Fédération des femmes : Je peux
dire oui, surtout au niveau de la mairie, la mairie décline tout ce
qu'elle veut faire, donc on peut dire que nous sommes associés.
Association des jeunes : Du coup je dis non,
ils arrivent avec leur programme, vous aussi, vous avez vos projets et à
un moment donné vos idées divergent. Quand vous insistez trop ils
pensent que vous les combattez donc nous sommes moins associés. Les
élus nous donnent des projets tout faits. Non, il ne faut pas penser
à la place des jeunes, c'est ça qui fait la collectivité
territoriale [....] Aujourd'hui il y a des jeunes qui font des projets de
savons et autres, mais ce ne sont pas leur projet de coeur, c'est la mairie qui
l'a initié et a choisi des jeunes à installer. Comme chacun
cherche un peu de pain, des jeunes l'ont accepté, donc dire que nous
sommes associés, je dis non. C'est vrai, avant on donnait de l'argent
aux jeunes et certains fuyaient avec. Mais aujourd'hui, qu'on laisse les jeunes
concevoir leur projet et ils suivent. C'est ce qu'il faut faire au lieu de
penser à la place des jeunes.
Mais les élus et les responsables de communication
énoncent un avis contraire. En effet, pour eux, les populations sont
parfaitement associées à toutes les phases des cycles de projet
:
Maire de Bonoua : Comme je l'ai dit, chaque
quartier exprime ses besoins, les jeunes aussi. Nous organisons
également des réunions à la mairie où la population
est invitée, là également, ils nous font des propositions
de projet que nous prenons en compte par rapport à nos moyens
financiers.
Responsable communication du Conseil
Général : Cela dénote d'une vision, ailleurs
ça ne se fait pas mais de plus en plus ça devient important. Ce
sont les
61
populations qui savent ce qu'il faut pour elles. Je vous
explique un cas, nous sommes allés dans un village où
l'accès est difficile, l'accès se fait par pirogue. Tout de suite
quand nous sommes arrivés, nous avons projeté fait un pont pour
désenclaver le village, le dossier était avancé mais
après les populations nous ont approché pour dire que le pont est
bon mais leur besoin réel n'était pas un pont mais
l'électrification.
Responsable communication de la Mairie de Grand-Bassam
: Comme je le disais, je me souviens qu'il y a un groupe de femmes qui
voulaient être formées à la fabrication de savons, c'est
leur besoin qu'elles ont fait monter au niveau du conseil municipal et c'est le
conseil qui a trouvé des formateurs. D'une façon ou d'une autre
les populations sont impliquées dans l'identification des projets. Le
maire met en oeuvre les projets en fonction des priorités des
populations. Si les gens disent qu'ils veulent une école alors que le
conseil a prévu l'électrification, tout de suite on
réalise l'école. Le maire reçoit les demandes des
populations.
Les positions totalement antagonistes exprimées par les
populations et les gouvernants locaux montrent si besoin en était qu'il
se pose un véritable problème de communication.
62
3-2- ANALYSES ET INTERPRETATIONS DES RESULTATS
L'analyse et l'interprétation des résultats vont
se structurer autour de nos objectifs et de nos hypothèses de recherche.
Nous nous appuierons sur nos deux études de terrain pour apporter les
justificatifs nécessaires, mais nous nous appuierons également
sur nos recherches documentaires.
3-2-1- Identification des stratégies de
communication des collectivités territoriales.
La communication des territoires est multiforme et
variée. Elle se décline en communication interne et externe mais
aussi en marketing politique et en communication participative au
développement. C'est cette dernière approche qui nous
intéresse dans notre travail de recherche car elle permet de mobiliser
les populations autour d'un idéal commun : le développement
socio-économique du territoire.
Identifions ensemble les outils et les approches
communicationnelles utilisés par les collectivités territoriales
du département de Grand-Bassam afin de mobiliser les populations autour
du développement. Le tableau ci-dessous fait un état
récapitulatif des outils de communication utilisés. Les
données qui nous permettent d'élaborer ce tableau proviennent des
résultats de nos études quantitatives et qualitatives.
63
|
Etude quantitative
|
Etude qualitative
|
Medias de masse
|
Radio, Presse écrite
|
Radio, Presse écrite,
internet
|
Medias interpersonnels
|
Téléphone, courrier,
bouche à oreille
|
Courrier, téléphone,
réunion
|
Médias traditionnels
|
Néant
|
Néant
|
Au vu du tableau, presque tous les outils de communication
sont utilisés. Mais la question c'est de savoir, malgré cette
gamme variée d'outils de communication utilisés par les
collectivités territoriales, pourquoi les populations ne se sentent pas
associées au développement de leur territoire ?
La réponse se trouve dans ce résultat :
42 % (Graphique1,p.41) au niveau du conseil
général et 51 % (Graphique 2, p.41) au niveau de
la mairie des personnes qui ont été informées et ont
assisté à une réunion convoquée par les
collectivités territoriales du département de Grand-Bassam l'ont
été par courrier. L'interprétation que nous pouvons donner
à cela est que les collectivités s'intéressent beaucoup
plus aux structures formelles. En effet, on n'adresse des courriers qu'à
des groupes bien organisés. Que fait-on alors des autres membres de la
population. Pourtant, l'objectif du développement local est d'associer
le plus grand nombre de citoyens à l'identification et à la
résolution des problèmes locaux de développement. Il
serait donc intéressant de trouver des outils de communication plus
mobilisateurs.
La deuxième analyse que nous voulons faire concerne la
stratégie de communication déployée avant l'identification
des projets. Les résultats de l'étude montre clairement que les
collectivités ne sondent pas et ne sensibilisent pas les populations
avant la réalisation des projets.
64
Le résultat suivant nous interpelle : seulement
06.33 % (Tableau 6, p44) des personnes interrogées ont
une fois participé à une enquête d'opinion pour la
réalisation d'un projet de développement, et 07.00 %
(Tableau 5, p44) ont assisté à une séance de
sensibilisation dans le même but.
Les propos du responsable de communication du conseil
général viennent confirmer notre analyse. En effet il dit ceci :
« Je vous explique un cas, nous sommes allés dans un
village où l'accès est difficile, l'accès se fait par
pirogue. Tout de suite quand nous sommes arrivés, nous avons
projeté faire un pont pour désenclaver le village, le dossier
était avancé. Mais après les populations nous ont
approché pour dire que le pont est bon mais leur besoin réel
n'était pas un pont mais l'électrification.
»
En voulant nous expliquer que les populations participent
effectivement à la phase d'identification des projets, il montre que les
collectivités n'ont aucune stratégie de communication afin de
connaitre les vrais besoins des populations. Si un travail préalable
avait été fait, le conseil général saurait que le
vrai besoin des populations de cette contré était
l'électrification et non un pont. Le conseil général s'est
basé sur un simple à priori et un constat simpliste. Parce que la
zone est difficile d'accès, on arrive à la conclusion qu'il faut
un pont. Vous débarquez chez un citoyen, il est assis à
même le sol la tête entre les mains, automatiquement, sans rien lui
demander vous allez lui prendre des chaises. Qu'est ce qui va vous permettre de
savoir que le monsieur a besoin d'une chaise ou autre chose. Le plus facile,
c'est de lui demander. C'est ce qu'on appelle une enquête.
En matière de stratégie de communication pour le
développement, l'enquête est très importante. En effet,
pour Silvia BALIT (2004) l'enquête ou la recherche :
« ...permet à la communauté d'exprimer ses
problèmes et
65
d'apprendre sur elle-même. Cela garantit que
le processus de développement initié reflètera les
perceptions et les réalités de la communauté rurale,
encourageant ainsi la durabilité de l'innovation en matière de
développement. »
La troisième analyse que nous faisons, c'est que les
collectivités territoriales font plus d'activité de marketing
politique que d'élaborer des stratégies de communication dans le
but de connaitre les besoins des populations et de les associer à la
réalisation. Notre analyse se fonde sur les résultats de notre
étude de terrain. Les graphiques 3 et 4 respectivement
à la p42 et 43 le montre clairement.
Lorsque nous analysons de très près l'objet des
communiqués des collectivités territoriales du département
de Grand-Bassam, nous constatons que ce sont des communiqués qui
appellent à des manifestations où seront étalées
les réalisations des gouvernants locaux afin de dire aux populations
voyez-vous nous travaillons pour vous. Cette stratégie est porteuse car
54 % (tableau 12, p.47) des enquêtés identifient
clairement les projets réalisés par les collectivités
territoriales. Est-ce que les réalisations pour lesquelles les
populations sont appelées à assister à leur inauguration
reflètent leurs besoins ? C'est cela la question fondamentale. C'est
pourquoi nous parlons de marketing politique. En effet le marketing politique
est vu comme une variante de la communication marketing qui consiste à
promouvoir un homme ou un projet politique. Il joue plus sur l'aspect
émotionnel. De ce point de vue il rejoint parfois la manipulation. Nous
ne condamnons pas les activités de marketing politique mises en place
par les collectivités. Les gouvernants locaux sont élus à
partir du suffrage des populations. Il est donc indiqué qu'elles
déploient des stratégies de marketing politique afin de
séduire le peuple et bénéficier de ses voix le moment
venu. Ce que nous déplorons, c'est le fait que les activités de
marketing
66
politique soient l'essentielle des stratégies de
communication des collectivités du département de
Grand-Bassam.
La dernière analyse que nous voulons faire, consiste
à reconnaitre les efforts des collectivités à s'entourer
de professionnels dans le domaine de la communication. Nos deux
enquêtés à savoir le responsable communication du conseil
général de Grand-Bassam et celui de la mairie sont sortis
d'école de formation en communication (Annexe 6,
p89).
Mais la fausse note réside dans le fait que les
collectivités territoriales n'assurent la formation continue de leurs
agents (Annexe 6, p89).
Pourtant, en matière de communication les choses
évoluent, surtout au niveau des méthodes d'élaboration des
stratégies de communication.
En conclusion nous pouvons dire que nos
collectivités territoriales élaborent certainement des
stratégies de communication mais dans des domaines autres que celles qui
ont pour objet d'associer et de mobiliser les populations autour du
développement. Ce qui vient confirmer malheureusement notre
hypothèse de départ qui se décline de la façon
suivante : Les populations ne sont pas mobilisées autour du
développement parce que les collectivités territoriales n'ont pas
de stratégies cohérentes de communication.
67
3-2-2- Sensibilisation des populations aux principes du
développement local.
La mise à disposition de l'information est une
condition importante de la participation. En effet, comment savoir ce que fait
si vous n'êtes pas informés ou sensibilisés à cela ?
Comment les populations locales peuvent-elles connaitre leur rôle dans le
développement local si elles ne connaissent pas ce qu'on appelle une
collectivité territoriale, un conseil général, une mairie
?
La réponse à la question connaissez vous
le conseil général et son rôle est symptomatique
de l'état d'esprit des populations.
La plupart des personnes interrogées dans le cadre de
notre étude qualitative n'ont pas une claire idée du conseil
général dans son fonctionnement et dans son rôle
(Annexe 5, pp79-80).
Toutes les réponses des notables et de la
société civile nous interpelle, mais analysons celle du notable
des N'zima Kôtôkô : « oui, je connais le
conseil général, il s'occupe de développement hors de la
commune ». Il commence sa réponse par
«oui » pour montrer qu'il n'a aucun doute mais la
suite de la réponse nous montre qu'en réalité, il n'a
qu'une connaissance vague et parcellaire des conseils généraux.
En effet, le conseil général s'occupe de développement
dans le département y compris dans la commune. Seulement, dans la
commune les compétences sont partagées avec le conseil municipal
qui est aussi un outil de développement51.
En réalité, les populations montrent une
certaine indifférence face aux problèmes de développement
parce qu'elles n'ont pas l'information du fait que les collectivités
c'est d'abord l'affaire des populations. Ces collectivités ont
été
51 Guide pratique de l'élu, institution local,
ministère de l'intérieure et de la décentralisation, 2008,
p9.
68
crées pour leur donner le pouvoir de satisfaire
à leur besoin en faisans des choix libres.
Le constat aujourd'hui c'est que les collectivités
territoriales sont essentiellement l'affaire des gouvernants locaux, qui
surement se plaisent dans cette position. Car profitant de la
naïveté des populations, ils s'arrogent tous les pouvoirs faisans
la pluie et le beau temps, distribuant les projets comme des cadeaux de
noël.
La réponse de la royauté de moossou
(Annexe 5, p80) à la question de savoir : Le
conseil général vous a une fois convié à une
réunion pour parler de développement du département
? Nous donne une idée de ce qui se passe sur le terrain.
Tous ces comportements sont possibles parce que les
populations elles même ne connaissent pas leur rôle dans la
politique de développement local.
A qui revient ce rôle de sensibilisation des populations
? Pour nous, le rôle revient d'abord à l'Etat. En effet, c'est lui
qui crée ces collectivités. On ne peut pas créer des
outils sans expliquer aux populations à quoi ils servent, comment ils
fonctionnent...
En observant le graphique 5, p47, on dira
peut-être que l'Etat joue pleinement son rôle. Car 78 %
des enquêtés qui ont suivi une émission sur la
décentralisation et le développement local l'ont fait sur les
médias d'Etat. Mais la réalité c'est que les populations
ne se sentent pas concernées par le développement local. Soit les
supports de communication (médias de masse) choisit par l'Etat ne sont
pas efficaces, ou les messages véhiculés lors de ces
émissions ne sont pas pertinents.
69
Les choses ne sont pas faites pour que la situation
s'améliore dans le sens d'une plus grande sensibilisation des
populations afin qu'elles s'approprient le développement local.
A la question de savoir : Le 21 Avril prochain ce sont
les élections locales c'est-à-dire Mairies et conseils
régionaux : avez-vous été sensibilisé aux conseils
régionaux ?
Les réponses des institutions traditionnelles, des
associations de femmes et de jeunes mais également les ONG peuvent
s'apparenter à de la révolte (Annexe 5, pp87-88).
En effet, pour eux, le conseil général qui était
plus proche des populations n'a pas donné les résultats
escomptés. Pourquoi alors créer une collectivité qui sera
plus loin des populations et cela sans en expliquer les motivations, mais
également sans expliquer le rôle du conseil régional.
En conclusion, nous pouvons dire que
l'information et la sensibilisation doivent être les maîtres mots
de l'Etat quand il crée les collectivités. En effet, on aura beau
créer des collectivités mais si les populations
bénéficiaires ne sont pas sensibilisées, ce sera une vaine
entreprise. Les résultats de nos deux études viennent confirmer
notre hypothèse qui est libellé comme suit : Les
populations locales ne connaissent pas leur rôle dans la politique de
développement local car elles ne sont pas sensibilisées dans ce
sens.
70
3-2-3- Connaissance du niveau réel d'implication
des populations dans la phase d'identification et de mise en oeuvre des projets
de développement.
La participation des populations dans les phases
d'identification et de mise en oeuvre des projets, voire même la
participation au suivi-évaluation est un gage de réussite des
projets de développement. Lorsque les populations sont à la base
du projet et participent à toutes les étapes jusqu'à sa
mise en oeuvre, elles sont beaucoup plus aptes à oeuvrer pour sa
réussite et surtout pour sa pérennité.
Que constatons-nous avec nos collectivités
territoriales ? Le constat est que les populations locales ne sont pas
suffisamment associées aux phases d'identification et de mise en oeuvre
des projets. L'étude quantitative que nous avons faite sur le terrain
nous le confirme aisément.
Les résultats de notre étude quantitative montre
que 95.66 % (Tableau 13, p.47) des populations
interrogées n'ont jamais participé à l'identification d'un
projet et 95.33 % (Tableau 14, p.47) à la mise en
oeuvre.
Les résultats de l'étude qualitative sont encore
plus éloquents. Effet, les propos de la royauté de Moossou, de
Bonoua, des N'zima et celui de l'association des jeunes viennent confirmer la
faible participation des populations à la phase d'identification et de
mise en oeuvre des projets de développement (Annexe 5,
pp86-87).
Le président de l'association des jeunes de
Grand-Bassam explique dans ces propos (Annexe 5, p86) les
conflits perpétuels qui existent entre les couches sociales et les
gouvernants locaux. Des entités qui devraient normalement conjuguer leur
intelligence afin d'identifier les projets viables de développement sont
en conflit parce que les centres d'intérêts diverges.
71
Pourtant, comme le dit si bien Philipe DELANNE
cité par COULIBALY Souleymane : « Le
développement doit pouvoir créer un environnement dans lequel les
individus puissent développer pleinement leur potentiel et mener une vie
productive et créative en accord avec leurs besoins et leurs
intérêts. »52
Comment mener une bonne vie productive et créative dans
une société en perpétuel conflit d'intérêt.
Or la clé de la réussite, mais surtout de la
pérennité des projets se trouve dans la mobilisation de tous.
Lorsque les populations ne sont pas associées à l'identification
et à la mise en ouvre des projets, elles sont moins enclins à
assurer sa pérennité. Les propos du notable de la cours royal de
Bonoua le confirment bien. (Annexe 5, p86)
Comment pouvons-nous expliquer le fait que les
gouvernants locaux n'associent pas assez les populations à
l'identification et à la mise en oeuvre des projets de
développement ?
La réponse à cette question se trouve dans les
propos du responsable de la communication du conseil général de
Grand-Bassam en répondant à la question : Etes-vous
satisfait du niveau de participation des populations dans l'oeuvre de
développement ? mais également dans les propos du
président de la plate forme des ONG du Sud-Comoé
(Annexe5, p87).
Nous déduisons de ces propos que la cause
principale de ces conflits réside dans le positionnement
politique.
En effet, les gouvernants locaux voient en certaines franges
de la population des potentiels adversaires politiques. Mais également
certains cadres souhaitent que l'élu échoue afin qu'il soit
diabolisé et puisse voir l'émergence d'une personne qui lui est
proche. Ce jeu trouble auquel se livrent cadres et élus ne permet pas
52 COULIBALY Souleymane, Philippe Delanne prône
la diversification de la production in fraternité Matin N°13404 du
jeudi 16 Juillet 2009, p4.
72
d'avoir une atmosphère propice au développement.
Il faut comprendre que certain domaine comme le développement doivent
échapper aux guéguerres politiques. Le Président Laurent
Gbagbo le disait le Mardi 25 novembre 2008 lors de l'ouverture du FORUM
EUROPE-AFRIQUE des collectivités : « Il y a des sujets
qui doivent échapper à la campagne électorale. Il y a des
thèmes et des sujets qui doivent échapper aux débats
politiciens. Le thème de la décentralisation est l'un des ces
thèmes- là. »53 Tout dans un pays
ou dans une nation ne peut pas être politique, il y a des moments
où chacun tue en lui son appartenance politique pour servir une cause
commune.
Comme conclusion, nous voulons lancer un appel aux gouvernants
locaux afin qu'ils associent plus les populations dans le cycle des projets de
développement car cela est un cage de réussite et de
pérennité des projets. Une fois encore notre hypothèse de
travail se confirme. En effet La réussite des projets de
développement est intimement liée à la participation des
populations.
53 DIARRASSOUBA Sory, Rencontre Europe-Afrique des
collectivités territoriales in le Nouveau Réveil N° 2080 du
Mercredi 26 Novembre 2008, p8.
73
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
Le développement en général et plus
particulièrement le développement local est une oeuvre de
participation. Les gouvernants locaux doivent de plus en plus associer les
populations à l'édification de cette oeuvre. Mais
également, les populations elles mêmes ne doivent pas abandonner
le défis du progrès économique et social du territoire
entre les seules mains des dirigeants locaux. En effet, la politique de
décentralisation qui a pour finalité le développement
local est un processus participatif. C'est la conjugaison des efforts de tous
qui va créer la dynamique sociale, condition de tout progrès.
Nous sommes tous convaincus que les collectivités
territoriales sont de véritables outils de développement. Mais
comme le souligne si bien le président de la plate forme des ONG du
Sud-comoé : « Une chose est de les créer et
l'autre chose c'est qu'elles soient effectivement au service des populations.
Si nous construisons des projets à partir de la participation des
populations nous pouvons arriver, si nous construisons autour des aspirations
profondes des populations nous pouvons créer des synergies. Si nous nous
écartons de cela nous ne pouvons pas espérer arriver loin. Pour
moi ce sont des principes fondamentaux à respecter. C'est comme
ça je vois l'utilité de ces instruments. Il faut que ces outils
soit au service des populations, qu'ils répondent aux besoins
réel des populations... »
Dans l'optique de conduire nos collectivités
territoriales à plus de participation et d'efficacité nous
voudrions faire les suggestions suivantes :
74
1-Relever les défis de la formation.
C'est-à-dire former les gouvernants locaux aux principes de base du
développement local, leur donner la culture du développement. Il
faut également former les agents de nos collectivités à
savoir les responsables de communication, les secrétaires
généraux... En effet le premier atout d'une organisation
réside dans la qualité de ces ressources humaines. Les
élus ne peuvent pas être spécialistes dans tous les
domaines qui environnent le développement local. Ils doivent donc
être entourés d'hommes et de femmes de valeur, capables de
diagnostiquer un problème et d'en trouver les solutions idoines.
2-Relever les défis de la
sensibilisation. Les propos du notable de la cour royal de Bonoua nous
interpellent : « ... le maire lui-même doit savoir les
besoins des populations. Par exemple, je suis notable, ce ne sont pas les
populations qui doivent me dire ce que je dois faire. C'est dans mes actes que
les populations vont savoir que je suis notable... » En
effet, tant que les populations ne seront pas sensibilisées à
leur rôle dans le développement local, elles continueront
d'être de simples spectateurs du développement. Il faut ôter
de la tête des populations que ce sont les élus locaux qui feront
leur bonheur à leur place.
Les résultats de notre travail de recherche ont
montré qu'il n'y a pas une grande participation entre les populations et
les collectivités territoriales. Qu'en est-il des relations entre les
collectivités territoriales en tant structures
décentralisées et les entités déconcentrées
de l'Etat ?
75
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES GENERAUX
1. Amadou DIOP, - Développement local et
gouvernance territoriale : Enjeux et perspectives,
Karthala, 2008, 230p
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communication, Flammarion, Paris, 1997, 400p.
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l'Afrique, Ed Odile Jacob, 1988.
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développement : Naissance d'une alternative, la
découverte, 1983.
5. Guy BESSETTE, Communication et participation
communautaire : guide pratique de communication pour le
développement, les presses de l'Université Laval,
2004, 156p.
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contrat de
développement, L'harmattan,
Paris, 1999.
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développement durable en Afrique, PUCI, 1995, 409p.
8. Jean Marc SAURET,- Le management
post-moderne, L'harmattan, Paris, 2003.
9. Jean-Noel JEANNENEY, - Une histoire des
médias, des origine à nos jour, Ed. du Seuil,
Paris, 1996, 374p.
10. Jean-Paul LAFRANCE, Anne-Marie LAULAN, Carmen Rico de
SOTELO,- Place et rôle de la communication dans le
développement international, Presse de l'Université
du Québec, 2006, 167p.
11. Laurent GBAGBO, - Gouverner autrement la Cote
d'Ivoire, L'Harmattan, Paris, 1999, 108p.
12.
76
Laurent N'guessan ZOUKOU,- Région et
Régionalisation en Cote d'Ivoire, L'harmattan, Paris,
271p.
13. Malcolm GILLIS, Micheal ROEMER, Dwight H. PERKINS, Donald
R. SNODGRASS,- Economie du développement,
2è Edition, de Boeck, 1998, 784p.
14. Philippe BRETON,- L'utopie de la
communication, la découverte, essais, 1993.
15. René CHAPUS,- Droit administratif
général, Tome 1, 9è Edition, 1996,
1251p.
16. René DUMONT,- L'Afrique
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17. René DUMONT et Marie France MOTTIN, -
L'Afrique noire est mal partie, Seuil, 1966.
18. Richard BERGERON, -
L'anti-développement : Le prix
du
libéralisme, L'Harmattan, Paris, 1992, 271
p.
OUVRAGES DE METHODOLOGIE
1. Jean-Luc Michel, - Le mémoire de
recherche en information-communication, ellipses, 2è
Edition, 2006, 157 p.
2. Lacina YEO, - Le guide méthodologique du
jeune chercheur, EDUCI, Abidjan, 2005, 69 p.
3. Mathieu Guidère, - Méthodologie
de la recherche, ellipses, Paris, 2005, 127p.
4. Paul N'DA, - Méthodologie de la
recherche de la problématique à la discussion des
résultats, Abidjan, PUCI, 3è Edition, 2006, 157
p.
5. Pierre N'DA, - Méthodologie et guide
pratique du mémoire de recherche et de la thèse de
Doctorat, L'Harmattan, Paris, 2007, 240 p.
77
ACTES DE COLLOQUES, ARTICLES ET REVUES
1. FAO, - Guide méthodologique d'une
stratégie de communication multimédia, FAO, Niamey,
2002, 44p.
2. FAO, - Approche participative, communication et
gestion des ressources en Afrique sahélienne : Bilans et
perspectives, FAO, Rome, 1995, 105p
3. FAO, - Mali : Politique nationale de
communication pour le développement, FAO, 1998, 30p
4. Guy BESSET, - Faciliter le dialogue,
l'apprentissage et la participation en gestion des ressources
naturelles, 9ème table ronde des Nations
Unies sur la communication pour le développement, FAO, Rome, Italie, 6-9
Septembre 2004.
5. Hugues KONE, - Les sciences de la communication
: objet et place dans l'univers des sciences in Kasa bya Kasa,
Abidjan, N°5 Janvier-Février-Mars 1985
6. Jan SERVAES et Patchanée MALIKHAO, -
Communication et développement durable,
9ème table ronde des Nations Unies sur la communication pour
le développement, FAO, Rome, Italie, 6-9 Septembre 2004.
7. Observatoire de la décentralisation, -
Etat de la décentralisation en Afrique,
Karthala, Ed. 2007.
8. Odile CASTEL, -Les projets de solidarité
internationale : de l'idée à la réalisation,
Journée de formation, Maison des citoyens du monde, 20 Mai 2000, Nantes,
5p.
9. Omar DERRAS, - Les acteurs du
développement local durable en Algérie. Comparaison
méditerranéenne, Acte de colloque, Oran,
1213-14 Mai 2003
78
10. Silvia BALIT, - La communication pour les
groupes isolés et marginalisés lier l'ancien et le
nouveau, 9ème table ronde des Nations Unies sur
la communication pour le développement, FAO, Rome, Italie, 6-9 Septembre
2004.
QUOTIDIENS
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moderne aux ferrailleurs, in le Nouveau Réveil N°2270 du Jeudi 16
juillet 2009
2. Franck A. ZAGBAYOU, Lutte contre la pauvreté : La
mairie offre le permis de conduire à 500 jeunes in Fraternité
Matin N°13287 du Mardi 24 Février 2009.
3. Dr KOFFI Ehui Bruno, la décentralisation en Cote
d'Ivoire : de la préparation à la précipitation in le
Nouveau réveil N° 2075 du Jeudi 20 novembre 2008.
4. Franck A. ZAGBAYOU, La professionnalisation des agents
gage de performance des collectivités, in Fraternité Matin
N° 13214 du Jeudi 27 Novembre 2008.
5. COULIBALY Souleymane, Philippe Delanne prône la
diversification de la production in fraternité Matin N°13404 du
jeudi 16 Juillet 2009.
6. DIARRASSOUBA Sory, Rencontre Europe-Afrique des
collectivités territoriales in le Nouveau Réveil N° 2080 du
Mercredi 26 Novembre 2008.
79
SITOGRAPHIE
Sommet de Montréal sur le développement local, 9
Avril 2002 disponible sur
www.ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/.../developpementlocal.pdf
Consulté le 13-02-2013
Rosnert Ludocic ALISSOUTIN, Les défis du
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sur
http://www.codesria.org/spip.php?article1372
Consulté le 10-30-2013
Judi AUBEL, Utilisation d'une ressource culturelle
négligée dans les programmes de développement : le
réseau des Grand-mères et la communication participative pour le
développement. Conférence mondiale sur la communication pour le
développement, Rome : 25-27 Octobre 2006
disponible sur
www.grandmothertherproject.org/?pageid=43&lang=fr
Consulté
le 09-01-2013
Sébastien FROGER, La communication participative
communautaire au sénégal, Université Stendhal Grenoble 3,
institut de le communication et des médias, Mémoire Master 2
communication. In
www.memoireonline.com
Consulté le 16-05-2013.
80
ANNEXES
ANNEXE 1
QUESTIONNAIRE
Ce questionnaire a pour objectif de connaitre le
niveau de participation des populations dans le développement local.
Répondre aux questions ne vous causera aucun préjudice sinon
simplement contribuer à l'oeuvre de développement dans notre
pays.
|
I- IDENTIFICATION DU
QUESTIONNÉ
Sexe : M
Age : 18-30 ans
|
F
31-45 ans
|
46-60 ans
|
61 ans et +
|
|
Niveau d'étude :
Primaire Profession : Sans emploi
Cadre
|
Secondaire
Ouvrier
Cadre supérieur
|
Supérieur
Agent de maitrise
|
|
II- IDENTIFIER LES STRATEGIES DE COMMUNICATION
MISES EN OEUVRE PAR NOS COLLECTIVITES AFIN DE MOBILISER LES POPULATIONS AUTOUR
DU DEVELOPPEMENT
1-Avez-vous une fois assisté à une
réunion publique de votre Conseil Général ? Oui
Si oui, comment avez-vous été informé ?
Radio Bassam FM dio Noé de Bonoua
RTI
|
Presse écrite
|
Autre (Précisez)
|
|
|
2-Avez-vous une fois assisté à une
réunion publique de votre conseil municipal ? Oui
Si oui, comment avez-vous été informé ?
Radio Bassam FM adio Noé de Bonoua
RTI
|
Presse écrite
|
Autre (Précisez)
|
|
|
3-Avez-vous lu ou entendu un communiqué
de votre Conseil Général ? Oui Non
12-Sur quelle chaine ? Radio Bassam FM
|
Radio Noé de Bonoua
|
TI
|
Si oui, le communiqué parlait de quoi
4-Avez-vous lu ou entendu un communiqué
de votre Conseil Municipal ? Oui on
Si oui, le communiqué parlait de quoi ?
Non
Non
Non
5-Avez-vous uns fois participé à
une séance de sensibilisation organisé par le Conseil
Général ou
Ou la Mairie pour la réalisation d'un projet ? Oui
|
Non
|
6-Avez-vous une fois participé à
une enquête d'opinion réalisée par le conseil
général ou la mairie
pour la réalisation d'un projet de développement ?
Oui Non
III- SAVOIR SI LES POPULATIONS SONT SENSIBILISÉES
AUX PRINCIPES DU
DEVELOPPEMENT LOCAL
7-Avez-vous une fois assisté à un
séminaire sur le développement local ou la
décentralisation
8-Avez-vous une fois pris part à une
conférence publique sur le développement local ou la
décentralisation ? Oui
9-Avez-vous une fois assisté à une
réunion quelconque sur le développement local ou la
décentralisation ? Oui
10-Avez-vous une fois lu un document qui parle
de développement local ou de décentralisation ?
11-Avez-vous une fois suivi une émission
sur le développement local ? Oui
81
82
IV- CONNAITRE LE NIVEAU REEL D'IMPLICATION DES POPULATIONS
DANS
L'IDENTIFICATION ET LA MISE EN OEUVRE DES
PROJETS.
13-Connaissez-vous un projet
réalisé par le Conseil Général ou la Mairie ?
Oui
|
Non
|
14-Avez-vous une fois participé à
l'élaboration d'un projet conduit par le Conseil Général
ou
la Mairie ? Oui
|
Non
|
Si oui, lequel
|
|
|
|
|
15-Avez-vous une fois participé à
la mise en oeuvre d'un projet conduit par le Conseil Général
ou
le Mairie ? Oui
|
Non
|
Si oui, lequel
|
|
|
|
|
16-Avez-vous une fois proposé un projet
de développement au conseil général ou à la
mairie
83
ANNEXE 2
GUIDE D'ENTRETIEN N°1
Ce guide est destiné aux corps constitués
de la population du département de Grand-Bassam.
1- Pouvez-vous vous présenter ?
2- Connaissez -vous le rôle du conseil
général ?
3- Connaissez-vous le rôle de la mairie ?
4- Avez-vous une fois été convié à
une formation sur la décentralisation ? Quel était le
thème ?
5- Le conseil général vous a une fois
convié à une réunion pour parler de développement
du département ?
6- La Mairie vous a une fois conviée à une
réunion pour parler de développement de la commune ?
7- Comment êtes-vous informés lorsqu'il y a une
réunion ?
8- Quel est aujourd'hui le projet de développement qui
vous tient à coeur ? Avez-vous discuté de cela avec la mairie ou
le conseil général ?
Quelle a été leur réaction ?
9- Pouvez-vous identifier des projets mis en oeuvre par le
Conseil Général ?
10- Pouvez-vous identifier des projets mis en oeuvre par la
Mairie ?
11- Est ce que vous êtes associé aux choix des
projets?
12- Est-ce que vous êtes associés à la mise
en oeuvre des projets ?
13- Etes-vous satisfait du travail effectué sur le
terrain par le conseil général et la mairie.
14- Le 21 Avril prochain ce sont les élections locales
avec l'élection des conseils municipaux et des conseils
régionaux, avez-vous été sensibilisés au rôle
du conseil régional ?
84
ANNEXE N°3
GUIDE D'ENTRETIEN N°2
Ce guide est destiné aux responsables de
communication des collectivités.
1-/ Pouvez-vous vous présenter ?
2-/ Quelle formation avez-vous suivi ? dans quelle structure ?
3-/ Selon vous quel est le rôle d'un responsable de
communication dans
une structure de développement ?
4-/ Avez-vous bénéficié de séminaire
de formation sur votre fonction ?
5-/ Combien de fois ?
6-/ Quel était le ou les thèmes?
7-/ Avez-vous une fois entendu parlé de la communication
pour
le développement ?
8-/ Si oui, que savez-vous de la communication pour le
développement ?
9-/ Dans votre structure comment se fait l'identification des
projets ?
10-/ Est-ce que les populations interviennent dans la phase
d'identification
des projets ? si oui comment ?
11-/ Est -ce que les populations interviennent dans la phase de
mise en
oeuvre des projets ? si oui, comment ?
12-/ Etes-vous satisfait du niveau de participation des
populations dans l'oeuvre
de développement ?
13-/ Si oui, à quel niveau se situe votre satisfaction
?
13-/ Si non, comment pouvez-vous expliquer ce faible niveau de
participation ?
14-/ Avez-vous une fois organisé une réunion dans
le sens de sensibiliser
les populations sur leur rôle de la politique de
décentralisation.
15-/ Quelle sont les outils de communication que vous utilisez
pour rester
au contact des populations.
85
ANNEXE N°4
GUIDE D'ENTRETIEN N°3 :
Guide destiné aux élus locaux
1-/ Pouvez-vous vous présenter ?
2-/ Depuis combien de temps êtes-vous dans cette structure
?
3-/ Selon vous quelle est le rôle d'une collectivité
décentralisée ?
4-/ Avez-vous bénéficié de séminaire
de formation sur le rôle des collectivités
décentralisées et leur mode de fonctionnement ? Combien de fois ?
Et quel était le thème
5-/ Dans votre structure comment se fait l'identification des
projets ?
6-/ Comment les populations participent-elles à la phase
d'identification des projets ?
7-/ Comment les populations participent-elles à la phase
de mise en oeuvre des projets
8-/ Etes-vous satisfait du niveau de participation des
populations dans l'oeuvre de développement ?
9-/ si oui, a quel niveau se trouve votre satisfaction.
10-/ si non, comment interprétez-vous cela et que fait
vous afin d'améliorer cet état de fait.
11-/ Avez-vous une fois organisé une réunion dans
le sens de sensibiliser les populations sur leur rôle dans la politique
de décentralisation.
12-/ Quelle sont les outils de communication que vous utilisez
pour rester au contact des populations.
13-/ Avez-vous un département de communication dans votre
structure ? 14-/ Si oui, quelles sont les taches du responsable de la
communication.
ANNEXE N°5
Présentation des personnes
ressources
Nom et Prénoms
|
Date de l'entretien
|
N'GUESSAN Bohi Faustin Maire de la commune de
Bonoua
|
19-03-2013 à 12H35
|
DEDOU Angbeni Dominique Notable à la cour
royale de moossou
|
14-03-2013 à 08H37
|
ADIKO Ehoulan Pierre
Natable à la cour royale de Bonoua
|
19-03-2013 à 14H15
|
KOUAO Daniel
Notable à la cour royale des N'zima
|
24-03-2013 à 14H55
|
Mme DAGO Leontine
Présidente de la fédération des
associations de femmes (FEDERAF)
|
07-03-2013 à 20H32
|
ELLOH Kanga Anicet
Président de l'Union des jeunes de Grand-Bassam
|
09-03-2013 à 09H42
|
KOUASSI Mathias
Président de la plate forme des ONG du Sud
Comoé
|
11-03-2013 à 18H30
|
YEDAGNE Alexandre
Responsable communication du conseil général
de Grand-Bassam
|
09-03-2013 à 11H03
|
Mlle KACHY Elisabeth
Responsable communication de la Mairie de Grand-Bassam
|
11-03-2013 à 15H58
|
86
87
ANNEXE 6
Entretien avec les composantes de la
population
Connaissez-vous le conseil général et
son rôle ?
Royauté de Moossou : Nous en avons
entendu parlé, il y a eu des élections mais quand il s'agit de
réaliser les projets, on nous dit que Moossou n'est pas sous la
compétence du conseil général, cela fait donc que nous
n'avons pas trop de rapport avec le conseil général.
Royauté de Bonoua : Oui, je connais le
conseil général, mais son rôle, personnellement, je n'ai
aucune idée de son role.
Royauté N'zima Kôtôkô
: Oui, je connais le conseil général, il s'occupe de
développement hors de la commune.
Fédération des femmes : oooh
vaguement, le conseil général est un outil de
développement mis à la disposition de la population.
Association des jeunes : Oui, globalement on
connait le rôle que joue le conseil général
Plate forme des ONG : Nous connaissons plus ou
moins le conseil général.
Connaissez-vous la mairie et son rôle
?
Royauté de Moossou : Moossou est sous
la compétence de la mairie donc nous voyons les oeuvres de la mairie.
Royauté de Bonoua : La mairie ça
son rôle je connais un peu.
Royauté des N'zima Kôtôkô
: La mairie c'est tout ce qui est communal.
Fédération des femmes : La
mairie est une entité plus petite que le conseil général
et participe aussi au développement.
Association des jeunes : ils ont pratiquement
le même rôle, la mairie pour la ville et le conseil
générale pour la ville.
88
Plate forme des ONG : La mairie nous
connaissons mieux car avec elle nous avons mené des actions.
Avez-vous une fois été convié
à un séminaire, une formation, une réunion sur la
décentralisation et le développement local ? Quel était le
ou les thèmes ?
Royauté de Moossou : Nous avons
été conviés aux assemblées générales
annuelles du conseil général mais à part ça nous
n'avons jamais assisté à une réunion ou une
conférence sur le développement local.
Royauté de Bonoua : Sur la
décentralisation non, mais sur le développement local nous avons
participé à une réunion du conseil
général.
Royauté des N'zima Kôtôkô
: Plusieurs réunions sur le développement local mais en
rapport avec l'UNESCO. Le thème était Bassam classé en
tant que ville historique de l'UNESCO quel apport pour les jeunes.
Fédération des femmes : Oui,
j'ai participé à une formation sur la décentralisation et
le développement. Cette conférence a été
animé par le Directeur général de la
décentralisation et du développement local d'alors M. Coulibaly
Gervais. Le thème était.... (Elle réfléchit) je
crois le rôle de la décentralisation dans le développement
d'un pays.
Association des jeunes : Oui, une
réunion sur la décentralisation au ministère de la
jeunesse. Le thème était ... (hésitation) je pense que les
collectivités locales et jeunesse : quel role quelque chose comme
ça.
Plate forme des ONG : De façon
générale non, nous n'avons jamais assisté à une
conférence, un séminaire qui avait pour objet la
décentralisation ou le développement local.
Le conseil général vous a une fois
convié à une réunion pour parler de développement
du département ?
Royauté de Moossou : Parler de
développement ? Chaque fois que nous évoquons le problème
ils disent qu'on ne fait pas partie intégrante des activités du
conseil général parce que nous sommes dans la mairie. Lors des
votes, ils nous sollicitent mais quand il s'agit de développement on
nous dit que nous ne faisons pas partie du conseil général.
89
Royauté de Bonoua : Oui, mais tout ce que
la royauté a relevé comme projet, rien n'a pas été
pris en compte.
Royauté des N'zima Kôtôkô
: Non, le conseil général ne nous a jamais invité
à une réunion pour parler de développement.
Fédération des femmes : Peut
être une ou deux fois nous avons participé à leur session
mais parler de développement non.
Association des jeunes de Bassam : En tant que
tel non, nous avons assisté à leur session annuelle, mais nous
inviter en tant que entité de jeunesse pour parler de
développement non.
Plate forme des ONG : Non.
La Mairie vous a une fois convié à
une réunion pour parler de développement de la commune ?
Royauté de Moosou : Nous faisons
partie de la mairie donc elle nous invite aux réunions, à ses
sessions, avec la mairie nous avons plus de relation.
Royauté de Bonoua : Bon
personnellement on ne nous a jamais associé aux projets de
développement de la mairie. Le maire nous informe des projets qui sont
en cours de réalisation ou les projets réalisés, mais nous
inviter pour discuter afin qu'on l'oriente non.
Royauté des N'zima Kôtôkô
: La mairie, c'est toujours dans le cadre de la ville historique. Le
maire est le président de la commission de l'inscription de Bassam au
patrimoine historique mondial et nous faisons partie de cette commission.
Sinon, ni avec la mairie, ni le avec conseil général nous n'avons
parlé de développement.
Fédération des femmes : Avec la
mairie oui, puisque notre fédération est affiliée à
la mairie donc tout ce qui est réunion au niveau de la mairie nous
sommes associées.
Association des jeunes : La mairie oui, nous
sommes une entité sous tutelle de la mairie, nous sommes les premiers
partenaires de la mairie. C'est quelques fois un argument du conseil
général pour nous fuir et ne pas répondre à nos
préoccupations.
Plate forme des ONG : Avec la mairie oui,
puisque avec la mairie nous sommes des partenaires techniques dans un projet de
coopération décentralisée
90
91
92
93
avec une ville Italienne. Les activités vont de
l'alphabétisation des adultes à l'installation d'activités
économiques, l'octroi de financement, la mise en place de bonne
fontaine. C'est un vaste projet de développement que nous avons
mené ensemble.
Comment êtes-vous informé lorsqu'il y
a une réunion au conseil général ou à la mairie ?
Royauté de Moossou : Nous sommes
informés par courrier.
Royauté de Bonoua : Le maire
lui-même vient à la cour royale. En fait il vient informer la cour
de ce qu'il va faire, il ne demande pas l'avis de la population.
C'est-à-dire quant il y a un projet, il en parle juste pour informer la
population, quant à l'exécution la population ne participe
pas.
La royauté des N'zima kôtôkô
: Concernant la mairie c'est la secrétaire qui nous informe ou
par courrier.
Fédération des femmes : pour la
mairie ou le conseil général c'est par courrier.
Association des jeunes : Par le biais du
socioculturel pour la mairie, le service communication pour le conseil
général. Par moment la radio locale, mais ce n'est pas tout le
monde qui a sa radio allumée. Et puis il utilise surtout la radio pour
leur publicité. Mais quand c'est urgent il utilise le
téléphone et le courrier.
Plate forme des ONG : Par voix de courrier
pour la mairie, en ce qui concerne le conseil général je ne me
rappelle pas avoir été une fois invité. Par contre une ou
deux fois ils ont utilisé nos locaux (le carrefour jeunesse de
grand-bassam) pour des réunions avec les populations. Sinon jamais nous
n'avons eu de réunion dans les locaux du conseil général.
Nous entendons quelques fois des communiqués sur la seule radio de
Bassam.
Quel est aujourd'hui le projet qui vous tient
à coeur ? Avez-vous discuté de cela avec la mairie ou le conseil
général ?
Royauté Moossou : C'est l'ouverture de
l'embouchure. Si l'embouchure est ouverte vraiment... maintenant on nous parle
de l'autoroute Abidjan-Bassam. On ne nous a jamais invités à
parler de l'ouverture de l'embouchure. C'est une
fois il y a eu une enquête environnementale sur
l'autoroute organisée par une structure mais pas la mairie ou le conseil
général.
Royauté de Bonoua : La construction de
la cité royale et les moyens de déplacement des notables. Nous
n'avons pas discuté de cela avec la mairie ou le conseil
général. Ils viennent avec un programme. Le maire lui-même
doit savoir les besoins des populations. Par exemple, je suis notable, ce ne
sont pas les populations qui doivent me dire ce que je dois faire. C'est dans
mes actes que les populations vont savoir que je suis notable. Donc le maire
n'a pas été approché, le président du conseil non
plus. Les gens laissent libre le maire pour administrer sa commune comme il
l'entend.
Royauté des N'zima Kôtôkô
: Le gros projet qui nous tiennent à coeur c'est l'ouverture de
l'embouchure. Mais il faut bien ouvrir pour ne pas qu'il ait des
dégâts. Le ministre de l'environnement nous a annoncé le
début des travaux. Donc on pense que si s'est bien fait avec des
granites et autre, cela peut faire reculer la mer, parce que si ça
continue de ronger la terre nous pouvons être délogés
d'ici. Nous avons discuté de cela avec la mairie mais pas le conseil
général.
Fédération des femmes : Nous
avons un projet qui nous tient à coeur. C'est un projet sur
l'alphabétisation. Puisque une étude montre que 80 % des femmes
de Grand-Bassam sont analphabètes. Notre souhait serait d'avoir un
centre d'écoute pour les femmes où sera logé un centre
d'alphabétisation.
Nous avons discuté de cela avec la mairie, nous avons
fait une stratégie de communication que nous avons déposée
à la mairie. D'entrée de jeu, ils sont partants. Mais comme on
connait les problèmes des mairies et des collectivités de Cote
d'Ivoire, c'est un problème de moyens, on nous oppose toujours les
moyens.
Association des jeunes : Nous avons de
multiples projets qui nous tiennent à coeur. Avec le président du
conseil général nous avons parlé d'une grande ferme
où les jeunes pourraient se prendre en charge. Avec la mairie aussi nous
parlons aussi de nos projets, mais vous savez ici tout est politisé donc
c'est difficile. Par exemple dégagé 10 à 15 million pour
la jeunesse afin de se prendre en charge, ça parait un gros chiffre,
mais pour moi ce n'est rien. Pour la jeunesse on peut le faire.
Plate forme des ONG : L'un des projets qui me
tient à coeur, c'est la réalisation d'espace de loisir pour les
jeunes. Vous voyez le carrefour jeunesse, à cette heure (18H30
passé), il est bondé de jeunes. Il faut que les jeunes qui n'ont
pas trouvé de place dans le circuit éducatif normal puissent
trouver leur voie à travers les activités sportives ou
culturelles. Tout le monde ne peut pas devenir bureaucrate. Avec la mairie nous
avons identifié les lieux pour la création de ces espaces dans le
cadre du projet ville nuevo Africa. Il y avait le phare (au pied du phare), du
coté de moossou et à belleville. L'espace de belleville a
été réalisé mais très mal fait.
En ma qualité d'acteur de développement, nous
n'avons jamais été conviés à une réunion
même dans le domaine où nous avons l'expertise nécessaire
pour parler de développement.
Pouvez-vous identifier des projets
réalisés par le conseil général ou la mairie ?
Royauté de Moossou : C'est un peu
délicat, ils ont fait des choses à l'hôpital et au
lycée de Bassam. Je ne peux pas dire avec exactitude mais à
l'hôpital et au lycée ils ont travaillé là-bas.
Au niveau de la mairie, beaucoup d'écoles primaires ont
été construites, le préau qui est là-bas en face de
l'église c'est la mairie, les nids de poule dans la ville ont
été fermés, le quai lagunaire de moossou et d'Ebrah, le
bitume dans la ville tout ça c'est la mairie. La mairie à fait
beaucoup de chose.
Royauté de Bonoua : Il ya des projets
qu'ils ont réalisé, mais ce n'est pas suffisant et il faut
reprendre beaucoup. Ils travaillent mais avec peu de qualité, peut
être ce sont les problèmes de moyens. On ne peut leur demander
plus, les moyens sont limités. Si quelqu'un n'a pas milliard, il ne faut
pas lui demander de faire travail de milliard, ça fait que après
5 ans tout est gâté et il faut tout reprendre.
Royauté des N'zima Kôtôkô
: Concernant le conseil général, dans la commune, je ne
sais pas quel projet, ce que nous savons c'est qu'ils ont acquis un
bâtiment qui leur sert de siège, c'est tout. Au niveau de la
mairie, elle a fait énormément de chose, parce que le maire s'est
beaucoup investi pour l'inscription de Bassam au patrimoine historique mondial
de l'UNESCO, il y a aussi le ramassage des ordures même si ce n'est pas
parfait.
Fédération des femmes : Le
conseil général quand on prend la route pour aller vers Aboisso
dans le village d'Assé on voit une hydraulique villageoise où
c'est mentionné fait par le conseil général. Au niveau de
la mairie on n'en voit beaucoup plus, puisque nous trouvons la mairie plus
proche des populations, nous voyons le ramassage des ordures, les profilages de
routes, les réfections de bâtiments...
Association des jeunes : Le conseil
général a réalisé beaucoup de projets mais pas dans
la ville, c'est plutôt dans les villages. En allant vers Bonoua et Bongo,
il y a des châteaux d'eau et beaucoup d'autres choses. Le conseil
général c'est le rural. Mais ils ont fait aussi quelque chose au
niveau de l'hôpital et du lycée mais surtout au niveau des
villages qu'ils sont intervenus. Chaque fois que nous sommes allés vers
eux, ils disent qu'ils interviennent dans les villages.
Au niveau de la mairie, il y a beaucoup de projets qui ont
été montés, par exemple un projet du PNUD qui a
été financé à hauteur de 200 million pour
l'installation des jeunes dans divers domaines juste quand on arrivait à
la tète de l'union. Dans la ville, il y a certains endroits qui sont
électrifiés, le bitumage, le ramassage des ordures. Bassam est
l'une des villes les plus propres et aussi l'inscription de Bassam au
patrimoine historique mondial de l'UNESCO.
Etes-vous associé à l'identification des
projets ?
Royauté de Moossou : ça
vraiment, ils ne nous ont jamais consulté, mais les projets qu'ils
réalisent sont dans l'intérêt des populations donc nous
n'avons pas à discuter.
Royauté de Bonoua : S'ils nous
invitent, nous venons mais généralement les programmes de
développement ne sont pas soumis à l'appréciation de la
notabilité. Ni au niveau de la mairie ni au niveau du conseil
général. Chaque année, le conseil général
fait un projet de développement de la région alors ils invitent
la notabilité pour demander leur avis, mais le plus souvent notre avis
n'est pas pris en compte. Même quand le travail est mal fait qu'on les
interpelle ils ne reprennent pas. Cela fait que les projets ne durent pas. Donc
généralement après cinq ans on ne peut pas faire le bilan
parce que toutes les réalisations sont abimées.
94
Royauté des N'zima Kôtôkô
: au choix des projets ? Nous n'avons jamais été
associé à quelque chose, que ce soit la mairie ou le conseil
général. La preuve c'est qu'aucun jeune du quartier France n'a eu
à bénéficier de quoi que ce soit.
Fédération des femmes : Je peux
dire oui, surtout au niveau de la mairie, la mairie décline tout ce
qu'elle veut faire, donc on peut dire que nous sommes associés.
Association des jeunes : Du coup je dis non,
ils arrivent avec leur programme, vous aussi, vous avez vos projets et à
un moment donné vos idées divergent. Quand vous insistez trop ils
pensent que vous les combattez donc nous sommes moins associés. Les
élus nous donnent des projets tout faits. Non, il ne faut pas penser
à la place des jeunes, c'est ça qui fait la collectivité
territoriale [....] Aujourd'hui il y a des jeunes qui font des projets de
savons et autres, mais ce ne sont pas leur projet de coeur, c'est la mairie qui
l'a initié et a choisi des jeunes à installer. Comme chacun
cherche un peu de pain, des jeunes l'ont accepté, donc dire que nous
sommes associés, je dis non. C'est vrai, avant on donnait de l'argent
aux jeunes et certains fuyaient avec. Mais aujourd'hui, qu'on laisse les jeunes
concevoir leur projet et ils suivent. C'est ce qu'il faut faire au lieu de
penser à la place des jeunes.
Plate forme des ONG : oui, elles (les
collectivités) associent les populations d'une certaine manière.
Je pourrais le dire aisément, de façon générale au
temps de Jean Michel MOULOD, il associait les personnes de tout bord, de tout
champ politique. Par contre je suis au regret de le dire et je l'assume, au
niveau du conseil général, le président associe les hommes
et les femmes de son bord politique.
Nous avons constaté que pour les projets
exécutés par le conseil général, nous n'avons vu
que les jeunes et les femmes proches de son bord politique, nous en avons les
preuves et les témoignages.
Etes-vous associé à la mise en oeuvre
des projets ?
Royauté Moossou : Non,
Royauté de Bonoua : non.
Royauté des N'zima Kôtôkô
: je n'ai pas connaissance de cela, je ne pense pas, nous n'avons
jamais été associé. C'est quand vous êtes
informés d'un projet que
95
96
vous pouvez dire si vous êtes associés ou pas
alors que nous ne connaissons pas les projets réalisés.
Fédération des femmes : Non, on
voit les réalisations dans la ville mais dire que nous sommes
associés à la mise en oeuvre, non.
Association des jeunes : c'est ce que je
disais, quand vous avez un projet et que l'on vient faire autre chose, vous ne
vous sentez pas concerné. Aujourd'hui on a identifié par exemples
des bas-fonds où les jeunes veulent faire du riz, c'est ceux là
qu'il faut aider, ça devient une activité pour eux. Il ne faut
pas faire des projets parce qu'il faut faire des projets. Il faut demander aux
jeunes ce qu'ils veulent faire.
Plate forme des ONG : c'est la même
situation.
Le 21 Avril prochain ce sont les élections
locales c'est-à-dire Mairie et conseils régionaux : avez-vous
été sensibilisé aux conseil régionaux ?
Royauté de Moossou :
Déjà même nous n'avons pas vu les effets du conseil
général qui était près de nous. Les conseils
régionaux, nous n'en savons rien. On ne nous a jamais expliqué
les tenants et les aboutissants du conseil régional. Quand on
décide de créer ce genre d'entité on vient expliquer
ça aux populations. On nous demande simplement d'aller voter, mais on
vote quoi ? Pour faire quoi ? Pour qui ?
Royauté Bonoua : Non, on ne sait pas.
On ne connait pas le conseil général d'abord, nous les voyons
travailler mais leur rôle, nous n'en savons rien. Est-ce que c'est
différent du conseil général on ne sait pas. Les gens qui
ont créé ça doivent venir nous expliquer ce que c'est que
le conseil régional.
Royauté des N'zima Kôtôkô
: On a été sensibilisé juste un peu à
savoir que le président du conseil régional sera le
président de tout le Sud comoé donc on comprend que entre le
conseil général et le conseil régional il y a une grande
différence, ils seront dotés de gros budgets donc ils pourront
faire de grandes réalisations : goudron, construire des hôpitaux,
des écoles, des usines voire même des universités. En fait
ce sont les candidats qui nous ont briefés un peu sinon ce n'est pas la
presse ou l'Etat ou les démembrements de l'Etat.
Fédération des femmes :
Déjà même le conseil général était
loin des populations et on parle de conseils régionaux, je me pose des
questions. Le
conseil général était à un pas de
nous, on ne voyait pas trop ce qu'il faisait. J'ai posé la question de
savoir que sera les sièges des conseils généraux. On ne
sait pas grand chose et nous nous posons des questions. Les personnes proches
des candidats m'ont répondu qu'il aura une forme de
décentralisation dans les grandes villes.
Plate forme des ONG : Il ne suffit pas de
changer de dénomination ou augmenter des attributions. Mais je me dis il
faut que les populations soient bien informées du rôle des
collectivités. C'est toujours une bonne chose que de mettre des
instruments de développement au service des populations. Une chose est
de les créer et l'autre chose c'est qu'elles soient effectivement au
service des populations. Si nous construisons des projets à partir de la
participation des populations nous pouvons arriver, si nous construisons autour
des aspirations profondes des populations nous pouvons créer des
synergies. Si nous nous écartons de cela nous ne pouvons pas
espérer arriver loin. Pour moi ce sont des principes fondamentaux
à respecter. C'est comme ça je vois l'utilité de ces
instruments. Il faut que ces outils soient au service des populations, qu'ils
répondent aux besoins réels des populations. Sinon ça ne
sert à rien qu'on met en place ces structures là et qu'elles
soient là de nom sans moyen.
97
ANNEXE 7
Entretien avec les responsables de communication des
collectivités Quelle formation avez-vous suivi et dans quelle
structure ?
Conseil général : DES
communication à l'ISTC
Mairie de Grand-Bassam : j'ai
été formé à la communication à l'INPHB de
Yamoussoukro.
Selon vous quel est le role d'un responsable de
communication dans une structure de développement ?
Conseil général : Accompagner
les mesures des responsables, sensibiliser les populations autour des
activités qui sont entreprises par cette structure, c'est à dire
porter l'information au fin fond du département concernant les
activités du conseil général afin que les populations
sachent ce que leurs élus font pour elles.
Mairie de Grand-Bassam : permettre à
la population d'avoir une idée de ce que le conseil municipal fait et de
faire remonter des informations sur les besoins des populations
Avez-vous bénéficié de formations
continues sur votre fonction ?
Conseil général :
Malheureusement nous n'avons pas eu de formation depuis que nous sommes
là, nous avons participé à des rencontres mais pas de
formation.
Mairie de Grand-Bassam : Nous avons fait des
demandes dans ce sens mais les décisions n'ont pas encore
été prises.
Avez-vous une fois entendu parlé de
communication pour le développement ?
Conseil général : Oui, plusieurs
fois. Mairie de Grand-Bassam : oui.
Si oui, que savez-vous de la communication pour le
développement ?
98
99
Conseil général : Je pense que
la communication pour le développement est une approche qui permet
d'utiliser la communication pour amplifier les activités de
développement. A mon niveau, je dois avoir lu un document de Bruno KONE
sur la communication pour le développement. C'est un précieux
document qui permet d'avoir une vision sur ce que la communication peut
apporter au développement.
Mairie de Grand-Bassam : Pour le peu que je
sais la communication pour le développement a rapport avec l'information
pour impliquer la population, les aider à sortir de la pauvreté,
c'est en rapport aussi avec les OMD. C'est tout ce qui est mis en oeuvre au
niveau communicationnel afin de sortir les populations de la
pauvreté.
Dans votre structure, comment se fait l'identification
des projets ?
Conseil Général : Au niveau des
collectivités c'est devenu la mode, chaque collectivité fait ce
qu'on appelle les états généraux avec le soutien technique
du BNETD, cela permet de mobiliser tous les sachants, toutes les forces vives
du département autour des projets de développement qu'on peut
identifier dans tous les secteurs. C'est ce que nous avons fait, tous les
responsables de mutuelles, tous les cadres ont été
mobilisés. Cela constitue une boussole pour nous.
Mairie de Grand-Bassam : Pour ce que je sais
quand le conseil municipal est élu, il a un projet à l'endroit
des populations. Il y a donc ces projets qui existent. Mais pour s'assurer que
ces projets sont en phase avec les besoins des populations, il y a des
rencontres qui sont organisées avec les populations pour la mise en
oeuvre des projets.
Est-ce que les populations participent à la
phase d'identification des projets ?
Conseil Général : Cela
dénote d'une vision, ailleurs ça ne se fait pas mais de plus en
plus ça devient important. Ce sont les populations qui savent ce qu'il
faut pour elles. Je vous explique un cas, nous sommes allés dans un
village où l'accès est difficile, l'accès se fait par
pirogue. Tout de suite quand nous sommes arrivés, nous avons
projeté fait un pont pour désenclaver le village, le dossier
était avancé mais après les populations nous ont
approché pour dire que le pont est bon mais leur besoin réel
n'était pas un pont mais l'électrification.
Mairie de Grand-Bassam : Comme je le disais,
je me souviens qu'il y a un groupe de femmes qui voulaient être
formées à la fabrication de savons, c'est
leur besoin qu'elles ont fait monter au niveau du conseil
municipal et c'est le conseil qui a trouvé des formateurs. D'une
façon ou d'une autre les populations sont impliquées dans
l'identification des projets. Le maire met en oeuvre les projets en fonction
des priorités des populations. Si les gens disent qu'ils veulent une
école alors que le conseil a prévu l'électrification, tout
de suite on réalise l'école. Le maire reçoit les demandes
des populations.
Est-ce que les populations interviennent dans la
phase de mise en oeuvre des projets ?
Conseil Général : Dans
l'identification comme dans la mise en oeuvre, les populations sont
associées parce que si nous avons un projet dans un village
identifié, ce sont les villageois qui reçoivent nos hôtes
et même quelques fois c'est dans le village que nous recrutons la main
d'oeuvre pour réaliser telle ou telle activité et pour nous
ça se passe bien.
Mairie de grand-Bassam : Une fois que les
projets sont identifiés, les populations participent à la mise en
oeuvre. Vous savez les élus aiment les actions d'éclats donc la
population est invitée pour la mise en oeuvre. Pour Bassam, il y a le
conseil de gestion des quartiers et village, c'est en général eux
qui ont le rôle de suivi des projets.
Etes-vous satisfait du niveau de participation des
populations dans l'oeuvre de développement ?
Conseil général : Je pense que
les populations sont sensibilisées et concernées. Mais vous savez
la politique quelque fois prend le pas sur le développement et ça
c'est vraiment dommage. Quand la politique politicienne prend un petit pas les
gens se retiennent et c'est un peu malheureux. Lorsque nous organisons les
assemblées générales les populations viennent, posent des
questions, nous amènent des courriers et tout ça montre qu'elles
s'impliquent.
Mairie de Grand-Bassam : On peut dire oui,
puisque le conseil municipal tient toujours compte des besoins des populations
avant de faire une action. Qui connait Bassam connait les difficultés de
Bassam. Voici un quartier, Belleville, derrière le lycée qui est
très fréquentée mais dont les voies d'accès sont
difficiles. Les populations ont fait remonter cela vers le maire qui a
décidé de faire du profilage pour le bonheur des populations.
Donc les populations participent bien.
100
ANNEXE 8
Entretien avec les élus
Depuis combien de temps êtes-vous à la
tête de cette structure ? Maire de Bonoua : Depuis le 05 Mai
2001
Selon vous quel est le rôle d'une
collectivité décentralisée ?
Maire de Bonoua : Liberté des
lotissements, il s'occupe de l'environnement de sa commune, l'entretien de la
voirie, ramassage des ordures ménagères, le maire a pour
rôle de construire les écoles primaires, les maternités et
les dispensaires dans sa commune et mettre à la disposition des
personnels de santé si les moyens le permettent des logements. Le maire
a pour rôle social de s'occuper de la jeunesse et bien d'autre chose.
Voila en quelque sorte ce que le maire doit faire pour la population.
Avez-vous bénéficié de
séminaire de formation sur le rôle des collectivités
décentralisées et leur mode de fonctionnement ? Combien de fois ?
Et quels étaient les thèmes ?
Maire de Bonoua : Nous avons eu une
séance de formation à la demande du conseil municipal et pendant
deux (2) jours. Les gens nous ont entretenus sur les attributions du conseil
municipal. Nous avons eu une seule formation.
Dans votre structure comment se fait l'identification
des projets ?
Maire de Bonoua : Au fait, à la fin de
l'année nous allons vers les villageois, nous avons trois quartiers et
dans les échanges ils nous font part de leurs besoins. Après
ça, nous rencontrons les jeunes. Nous avons plusieurs sous quartiers
où nous avons mis les jeunes et nous les rencontrons sur leur base et
là également ils peuvent nous faire des doléances. Les
conseillers également vont dans les différents quartiers
où ils habitent, ils reçoivent des besoins exprimés par la
population. Après ça le conseil se réunit, on met ensemble
les besoins exprimés par les uns et les autres et on choisit les projets
par priorité.
Comment les populations participent-elles à
la phase d'identification des projets ?
101
Maire de Bonoua : Comme je l'ai dit, chaque
quartier exprime ses besoins, les jeunes aussi. Nous organisons
également des réunions à la mairie où la population
est invitée, là également, ils nous font des propositions
de projet que nous prenons en compte par rapport à nos moyens
financiers.
Comment les populations participent-elles à
la phase de mise en oeuvre des projets ?
Maire de Bonoua : Une fois le projet a
été identifié et le conseil adopte cela et l'a mis sur son
budget, avant sa réalisation nous allons vers la population pour
expliquer que pour l'année en cours voilà les projets qui seront
exécutés donc les gens sont informés. Après le
reste c'est l'Etat qui s'occupe du suivi. La plupart de nos projets c'est par
appel d'offre donc ce sont les entreprises sélectionnées qui font
la mise en oeuvre.
Etes-vous satisfait du niveau de participation des
populations dans l'oeuvre de développement ?
Maire de Bonoua : La population joue sa
partition, la mairie également. Je pense que nous sommes en parfaite
synergie
A quel niveau se trouve votre satisfaction
?
Maire de Bonoua : Au niveau de
l'adhésion des populations. Quand les projets sont identifiés et
les populations adhèrent et quelques fois vous disent de vive voix
qu'elles sont satisfaites de nos projets. Nous donnons l'exemple du gros canal
ou la population dans son ensemble a approuvé et félicite la
mairie, il y a également le marché qui se met en place, les
écoles et d'autres projets encore.
Avez-vous une fois organisé une
réunion dans le sens de sensibiliser les populations sur leur
rôle dans la politique de décentralisation ?
Maire de bonoua : Nous le faisons à
travers notre radio locale, il y a des temps d'antenne que nous accordons aux
populations pour expliquer les projets aux populations. C'est donc à
travers la radio locale que nous expliquons nos projets.
Quels sont les outils de communication que vous
utilisez pour rester au contact des populations ?
Maire de Bonoua : En son temps on avait un
journal que nous avons édité 2 ou 3 fois mais pour des
problèmes de moyen nous avons dû arrêter et puis nous allons
dans les quartiers où nous rencontrons la population pour
échanger, donc
102
dans l'ensemble nous avons la radio, le journal et les
rencontres avec la population.
Avez-vous un département communication dans
votre structure ? Maire de bonoua : Oui, j'ai un service
communication
Quelles sont les taches du responsable de la
communication ?
Maire de Bonoua : Il est censé
informer les populations sur l'ensemble des initiatives que nous prenons pour
le bien de la population. Le chargé de communication est tenu d'informer
et d'éclairer la population sur les projets que nous devons
réaliser.
103
ANNEXE 9
LOI N° 2003-208 DU 07 JUILLET 2003
PORTANT TRANSFERT ET REPARTITION DES COMPETENCES
DE L'ETAT
AUX COLLECTIVITES TERRITORIALES
TITRE II : LES COMPETENCES ATTRIBUEES AUX
COLLECTIVITES TERRITORIALES
ARTICLE 10 : Les attributions dans les
matières ci-après sont dévolues aux collectivités
territoriales
1- Aménagement du territoire
2- Planification du développement
3- Urbanisme et Habitat
4- Voie de communication et réseaux
divers
5- Transports
6- Santé, Hygiène publique et
qualité
7- Protection de l'environnement
8- Sécurité urbaine et Protection
civile
9- Enseignement, Recherche scientifique et formation
professionnelle et technique
10- Action sociale, culturelle et promotion
humaine
11- Sports et Loisirs
12- Promotion du développement
économique
13- Promotion du tourisme
14- Communication
15- Hydraulique, assainissement et
électricité
16- Promotion de la famille, de la femme, de l'enfant,
des handicapés et des personnes du troisième
âge.
104
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS II
SIGLES ET ABREVIATIONS IV
SOMMAIRE V
AVANT-PROPOS VI
INTRODUCTION 1
CHAPITRE 1 : SPECIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE
5
1-1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 5
1-1-1- Pertinence personnelle 5
1-1-2- Pertinence sociale 5
1-1-3- Pertinence scientifique 6
1-2- IDENTTIFICATION ET FORMULATION
DU PROBLEME DE RECHERCHE 8
1-2-1- Problème de recherche 8
1-2-2- Questions de recherche 12
1-3- OBJECTIFS ET HYPOTHESES 13
1-3-1- Objectifs de recherche 13
1-3-2- Hypothèses de recherche 13
105
CHAPITRE 2 : APPROCHE THEORIQUE ET CONSIDERATION
METHODOLOQIQUE 14
2-1- APPROCHE THEORIQUE 14
2-1-1- Eclairage notionnel 14
2-1-2- Revue de littérature 23
2-2- PRESENTATION DE L'ESPACE DE RECHERCHE 35
2-2-1- Aspect historique 35
2-2-2- Aspect géographique et administratif 35
2-2-3- Potentialité économique 36
2-3- CONSIDERATION METHODOLOGIQUE 37
2-3-1- Etude quantitative 37
2-3-2- Etude qualitative 38
2-3-3- Difficultés rencontrées 49
CHAPITRE 3 : PRESENTATION ET ANALYSE
DES RESULTATS 40
3-1- PRESENTATION DES RESULTATS 40
3-1-1- Présentation des résultats quantitatifs
40
3-1-2- Présentation des résultats qualitatifs 48
3-2- ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
54
3-2-1- Identification des stratégies de communication
des collectivités territoriales 54
3-2-2-
Sensibilisation des populations aux principes
du développement local 59
3-2-3- Connaissance du niveau
réel d'implication des populations dans
la phase d'identification et de mise en oeuvre des projets 63
CONCLUSION ET SUGGESTIONS 65
BIBLIOGRAPHIE 67
ANNEXES 72
TABLE DE MATIERE 96