CONCLUSION
Il était question pour nous dans ce chapitre de notre
analyse de montrer les différentes techniques avec lesquelles les
populations de l'interzone développent les activités. Les
résultats que nous avons obtenus montrent que certaines activités
comme l'agriculture sont développées avec des outils
rudimentaires et des techniques traditionnelles ce qui réduisent leurs
impacts sur la conservation. On assiste à l'extension des surfaces
agricoles, mais elle se concentre encore autour des zones habitées. Bien
qu'elle utilise parfois les outils interdits par la loi, la chasse des
populations locales quant à elle concerne essentiellement les rongeurs
et les petits animaux. Les changements des techniques de chasse notés
dans certaines localités où la sensibilisation est effective nous
permettent de dire que les populations locales peuvent se détourner un
peu de la chasse s'il y a les alternatives. Les autres activités comme
la pêche et l'exploitation minière utilisent des techniques qui
peuvent s'avérer néfastes pour la conservation de la zone.
109
CHAPITRE IV : PROJETS DE CONSERVATION, ATTENTES
DES POPULATIONS LOCALES ET PERSPECTIVES
INTODUCTION
L'objectif de la conservation de l'interzone, pour être
atteint, nécessite une implication de toutes les parties
concernées. Les populations locales étant déjà
informées des projets de conservation, il revient aux promoteurs desdits
projets de mettre en place des mesures qui leur permettront d'atteindre cet
objectif. Ces projets font naitre diverses réactions au sein des
populations locales. Ils se superposent aux projets d'exploitation
minière. Ces derniers qui à leur tour seront accompagnés
des projets infrastructurels comme le chemin de fer, la route...entraineront
sans doute une dynamique dans la zone. Il sera question pour nous dans ce
chapitre d'analyser les points de vue des populations sur la conservation de la
zone et les moyens mis en place par les promoteurs de la conservation pour
atteindre leurs objectifs afin de dire si la conservation est une partie
gagnée dans la zone. Il sera également question pour nous
d'étudier l'impact possible que pourra avoir les nouvelles
infrastructures sur l'avenir de la zone.
I BREF APERCU DE L'ADHESION DES POPULATIONS LOCALES
AUX PROJETS DE CONSERVATION DE LA ZONE.
Les projets de conservation de l'interzone visent à
assurer la connectivité entre les aires protégées de la
TRIDOM et une amélioration des conditions de vie des populations
locales. Ces projets sont le fruit des accords signés entre le
gouvernement du Cameroun, les ONG de conservation de la nature et les bailleurs
de fonds. Au vu de la richesse écologique et de l'importance de ce
massif forestier en ce qui concerne le stockage du carbone,
l'intérêt de la conservation de cette zone dépasse
largement les frontières du pays. La conservation des ressources
naturelles nécessite une implication de toutes les parties
concernées. En d'autres termes, pour ce qui concerne notre zone
d'étude, les projets de conservation ne sauraient se limiter entre le
gouvernement et ses partenaires. Cette forêt qui est conservée est
un espace vital, un espace ressource pour de nombreuses populations de la zone.
Elles doivent être impliquées dans la conservation et
informées ; car elles sont les premières personnes à
être affectées par les projets et c'est par elles que l'objectif
de conservation peut être atteint. La participation de la population
locale s'avère donc capitale pour la réussite de la
conservation.
110
I.1. Projets de conservation de l'interzone
Réserve du Dja-parc national de Nki et les populations locales.
L'enquête réalisée auprès des
populations des localités retenues pour l'enquête nous a permis
d'avoir leurs opinions par rapport aux projets de conservation de la zone. Nous
avons d'abord voulu savoir si elles étaient au courant du projet TRIDOM.
Sur 140 personnes que compte notre échantillon, 74 soit 53 % des
enquêtées sont au courant de ce projet. Ceux qui ne sont pas au
courant dudit projet représentent 43 %. Ensuite par rapport à
l'interzone qui est l'objet de notre étude dans le présent
travail, les points de vue ont été récapitulées
dans le tableau suivant.
Tableau N°18 : Points de vue des
enquêtés sur l'existence des projets de conservation.
Village
|
Messok
|
Ngoy- la
|
Zou- labot1
|
Nkon- dong1
|
Dja- dom
|
Etékess ang
|
Zou- labot2
|
Nkon- dong2
|
Bare- ko
|
Totaux
|
Oui
|
11
|
33
|
7
|
5
|
4
|
11
|
4
|
3
|
1
|
79
|
Non
|
37
|
7
|
5
|
1
|
2
|
2
|
7
|
0
|
0
|
61
|
Totaux
|
48
|
40
|
12
|
6
|
6
|
13
|
11
|
3
|
1
|
140
|
|
Source : enquête de terrain,
Août-septembre 2011.
NB : Les informations qui figurent dans ce tableau ont
été obtenues en Août-septembre lorsque la sensibilisation
était à ses débuts à Ngoyla. En décembre
lorsque nous sommes allés pour compléter nos informations sur le
terrain, la sensibilisation était au quotidien dans toutes les
localités de l'interzone. Ce tableau se traduit par le graphique suivant
:
44%
56%
OUI
NON
Source : enquête de terrain, Août-septembre 2011.
Figure N°17 : Points de vue des
enquêtés sur l'existence des projets de conservation de
l'interzone.
111
Il ressort de ce graphique que 56 % des personnes
enquêtées savent qu'elles sont dans l'interzone. Celles qui
affirment qu'elles ne connaissent pas qu'elles sont dans l'interzone
représentent 44 %. Elles sont plus nombreuses à Messok et
à Zoulabot 2. En effet, 77 % des personnes enquêtées
à Messok, soit 37 sur 48, ne savent pas qu'elles sont dans l'interzone.
A Zoulabot 2, ces personnes représentent 64 % des personnes
enquêtées. Ces forts taux se justifient par le fait que le WWF
n'avait pas encore initié la sensibilisation dans ces localités.
Les autres localités où on rencontre plus ceux qui ne connaissent
pas le statut de leur zone sont Zoulabot 1 (42 % des personnes
enquêtées) et Djadom (33 %). Dans les autres localités, la
majorité, soit plus de 80 % des personnes enquêtées savent
qu'elles sont dans une zone de conservation. Ces localités sont Ngoyla,
Nkondong 1 et 2, Etékessang. Ceux-ci affirment que le WWF et les
écogardes sillonnent leurs villages pour la sensibilisation et la
répression.
Cette enquête nous a également permis d'avoir
leur opinion sur la conservation de leur massif forestier. Les populations de
notre zone d'étude vivent essentiellement de l'exploitation des produits
forestiers. Elles connaissent l'importance de la conservation des ressources de
la forêt. A cet effet, un habitant de Ngoyla nous dit « l'homme
Djem a toujours su conserver sa forêt. Nous conseillons à nos
enfants que notre pharmacopée et nos aliments se trouvent là et
qu'ils doivent conserver. Ceux qui pillent nos forêts viennent
d'ailleurs.» Les points de vue des populations enquêtées
sur la conservation des massifs forestiers sont représentées
à travers le graphique suivant :
21%
6% Bien
Non
Sans avis
73%
Source : enquête de terrain, Août-septembre
2011.
Figure N° 18 : Points de vue des
enquêtés sur la conservation de l'interzone.
On constate que 73 % des personnes enquêtées
pensent que conserver les forêts est une bonne chose. Selon eux, ils
doivent perpétuer leurs traditions et coutumes. Il faudrait que leurs
descendants jouissent aussi de ces ressources. Ceux qui pensent que la
conservation de
112
leur forêt n'est pas une bonne chose
représentent 21 %. Selon eux, l'Etat voudrait les priver de tous ce
qu'ils ont (terre et animaux). La forêt est le seul lieu où ils
tirent leurs ressources vitales. Les personnes qui n'ont pas de point de vue
représentent 6 %.
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