Ethnicité et pouvoir politique en côte d'Ivoire.( Télécharger le fichier original )par Harkité Hippolyte SIB Université Générale Lansana Conte/Conakry - Master II 2015 |
SECTION II : L'ANALYSE DE LA CONQUETE DU POUVOIR PAR LES LEADERS POLITIQUES77 Mémoire de Master 2. Thème : Ethnicité et
Pouvoir Politique en Côte d'Ivoire. SOUS SECTION I : LA CRISPATION ETHNIQUE (1999-2000)L'arrivée du Général Robert Gueï à la présidence s'explique par le faible nombre de Généraux issus des groupes Mandé et Voltaïque. C'est ce qui explique pourquoi ces soldats qui vivaient mal l'ethnocratie Akan ont rendu le pouvoir au Général Robert Gueï. En outre, la nomination des conseillers nordistes du nouvel homme fort explique le fait que celui-ci voulait récompenser les jeunes soldats, qui constituaient sa nouvelle clientèle. Le procès de l'ivoirité, l'ethnocratie Akan et la nouvelle politique clientéliste du nouveau Président s'expliquent par le fait que celui-ci voulait d'une part prouver l'échec de l'ethnocratie Akan en leur démontrant que d'autres groupes ethniques possédaient des valeurs et qualité leurs permettant aussi de diriger le pays et d'autre part gagner la confiance des groupes Mandé, Voltaïque et Kru en leur montrant qu'ils ont été longtemps opprimés par les Akan. C'est ainsi que le Général Robert Gueï a décrispé l'atmosphère ethno-politique. On peut logiquement dire que ce clientélisme a été moins Akan mais favorable à une inclusion plus large en regroupant les groupes ethniques du Sud, du Centre, du Nord et de l'Ouest. C'est dans cette perspective que Pengnuo (1970 ; 35) affirmait: Le clientélisme est une réponse politique à travers des intérêts octroyés [....] au Président, à des fins de récompenses pour leurs soutiens à son élection et leur mobilisation permanente face aux éventuels conflits. Il [....] utilise enfin plusieurs ethnies lorsque celles-ci sont potentiellement aptes à conduire le leader à la présidence. Le revirement politique du Général Robert Gueï au mois de Mars 2000 à l'encontre des populations du Nord et son discours tenu à Aboisso s'explique par le fait que celui-ci voulait briguer la magistrature suprême. Or pour y arriver, le Général devaient non seulement exclure ses adversaires potentiels en l'occurrence Alassane Ouattara qui à le soutient des groupes Mandé et Voltaïque tout en capitalisant des voix pour ne pas fragiliser les résultats des élections. Le rapprochement du Président des dignitaires Akan explique le seul moyen qui lui aurait permis d'assurer une victoire éclatante aux élections. C'est dans ce contexte que le Général s'est lui-même porté candidat, alors qu'il était censé juste assurer la transition. Les populations du Nord ont vécus ces comportements d'exclusion ethnique à leur égard comme des frustrations qui sont des sources de crispations ethniques. Le référendum du 23 Juillet 2000 qui a favorisé l'adoption de l'art 35 et les nouvelles charges judiciaires à l'encontre d'Alassane Ouattara s'explique par le fait que le Général Robert Gueï ait 78 Mémoire de Master 2. Thème : Ethnicité et
Pouvoir Politique en Côte d'Ivoire. mis à jour son ambition d'accéder à la présidence. Pour ce faire, cet art 35 a permis d'écarter définitivement Alassane Ouattara de la course à la présidence. En effet pour le Général, la non participation d'Alassane Ouattara à la présidence favoriserait l'abstention de ses militants en cas de vote. Ainsi, le Général Robert Gueï pensait capitaliser à lui seul les voix des groupes Kru et Akan ce qui lui aurait permis d'évincer Laurent Gbagbo qui ne peut obtenir que le soutien d'une minorité Kru aux élections. Ce qui a été considéré comme un « hold-up électoral » canalisé, par l'art 35 de la constitution issu du referendum. La justification de la nationalité ivoirienne d'Alassane Ouattara s'explique par le fait qu'il a prouvé qu'il est ivoirien et montrer son ambition d'accéder à la présidence en se portant candidat. Mais par des jeux clientélistes il a été disqualifié de la course à la présidence pour la deuxième fois en 2000. La défaite du Général Robert Gueï aux élections du 22 Octobre 2000 face à Laurent Gbagbo, s'explique par le fait que les Akan ayant mal vécus le déclin de l'ethnocratie Akan par un membre du groupe Kru, aurait probablement voulu venger cette défaite humiliante en accordant leurs voies à Laurent Gbagbo et non au Général qui selon eux a occasionné la destitution de leur prééminence ethnocratique. La victoire de Laurent Gbagbo tient au fait, qu'il a bénéficié du soutient d'une minorité Kru et Akan pour accéder à la Présidence. On peut logiquement dire que le Général Robert Gueï et Laurent Gbagbo ont mobilisé le vote de leurs entités ethniques et de leurs clientèles politiques pour faire barrage à Alassane Ouattara avant les élections présidentielles. Le conflit post électoral s'explique par le fait que certains militants du RDR vivant mal les effets de ce clientélisme électoral auraient voulu en découdre avec le chef de la junte qui a éliminé leur candidat par des manoeuvres clientélistes et décrier la victoire de Laurent Gbagbo. Les autres militants du FPI auraient quant à eux estimé que les militants du Général Robert Gueï et d'Alassane Ouattara revendiquaient la victoire à leur candidat Laurent Gbagbo, qui aurait appelé à son tour, ses militants à une « résistance par tous les moyens ». C'est ce conflit ethno-politique qui explique le "charnier de Yopougon" qui fit 57 morts parmi les partisans du RDR. |
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