Le rôle et la place de la position géostratégique de la république démocratique du Congo dans le développement de l'Afrique des grands lacs.( Télécharger le fichier original )par Didier UKANE ASSUMANI Université officielle de Bukavu (UOB) - Relations Internationales 2011 |
II.2. CONTEXTE SOCIAL ET ECONOMIQUELa RDC occupe une position géostratégique dans cet ensemble régional. Son territoire partage neuf frontières avec les 10 autres pays de la région. Cette situation, très spécifique, constitue un atout potentiel régional majeur dans un environnement qui favorise le développement économique et social de la région, notamment dans la perspective de l'émergence des bassins transfrontaliers de développement aux aires périphériques. Les dix pays qui partagent les frontières avec la RDC, cinq dont la RCA, au Nord ; l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi, à l'Est et la Zambie, au Sud, sont des pays enclavés et que la RDC, elle-même, vaste de 2.345.000 km2, est semi-enclavée. A l'Ouest, la RDC n'est pas un pays enclavé, mais toute la zone dite « cuvette congolaise » est enclavée. Le Soudan n'est pas enclavé mais toute la partie de son territoire frontalière à la RDC l'est. La Tanzanie ne l'est pas, mais la partie de son territoire longeant le lac Tanganyika et frontalier à la RDC est enclavée. L'Angola ne l'est pas, seulement la partie de son territoire frontalière à la RDC l'est. L'enclave de Cabinda, partie du territoire angolais ceinturant entièrement le noyau central de la RDC est ainsi confronté à une situation quasi permanente d'asphyxie économique résultant de son enclavement42(*). Cette proximité géographique entre les Etats de la région explique ainsi une certaine cohésion sociale et une interdépendance économique devant être renforcée à travers une réelle intégration régionale. L'essentiel des ressources économiques de la région est concentré dan cette zone périphérique et ce noyau central. Les ressources pétrolières et forestières sont localisées dans la partie Ouest (enclave de Cabinda, Congo-Brazzaville, partie Ouest de la RDC) ; les ressources forestières et minérales, pierres précieuses notamment au nord de la RCA et au Sud-ouest du Soudan ; les ressources agricoles à l'Est (Ouganda, Burundi, et à l'Est de la RDC), véritable grenier de la région confronté au taux le plus élevé de la pression démographique de la région (la densité de plus de 250 habitants au Km2 au Rwanda et au Burundi) ; les ressources minérales et pétrolières les plus importantes de la région se trouvent dans la bande Ouest (Cupper Belt en Zambie et dans la partie Sud-ouest de la RDC, diamant et pétrole en Angola) ainsi que les immenses potentialités économiques43(*). Bien que la région disposant d'importantes ressources économiques, celles-ci ne sont pas exploitées à leur juste valeur et font l'objet de divergence entre les Etats de la région. Certains Etats en tirent profit et d'autres subissent l'influence des autres et ces ressources demeurent virtuelles. Cette situation a comme conséquence que la région est toujours sous-développée car les efforts sont dispersés en l'absence d'une ferme volonté de tous les Etats à travailler pour l'intérêt régional. Cependant, des revendications sociales et politiques de la population face à leur exclusion politique et économique, la mauvaise gestion des équilibres ethniques, les frustrations et l'instrumentalisation de l'identité nationale ont alimenté l'escalade des crises, vers l'expression violente transformée en conflits armés. Cette situation a plus retardé le processus de développement régional. Les conséquences humanitaires de la crise se font encore ressentir avec un bilan qui reste un de plus lourd au monde (près de 1,5 millions de déplacés internes en RDC, malgré l'augmentation des retours ces dernières années, 400.000 refugiés congolais ayant fui la guerre entre 1996 et 2003 sont encore présents dans les pays frontaliers de la RDC et 250.000 refugiés burundais sont encore présents en Tanzanie)44(*). Les conséquences économiques et sociales du conflit continuent de peser sur le redémarrage économique et le développement de la région. La crise a par ailleurs généré une économie de guerre d'un type nouveau caractérisée par un phénomène de pillage des ressources naturelles dans lequel les pays voisins à la RDC ont été parties prenantes45(*). * 42 A. SHYAKA (S/dir.), La résolution des conflits en Afrique des grands lacs, Butare, UNR, 2004, p.24. * 43 E. REMACLE et V. ROSOUX (S/dir.), L'Afrique des grands lacs. Des conflits à la paix, Bruxelles, PIE Peler Lang, 2007, p. 25. * 44 Idem, p. 29. * 45 J. LUNANGA BUSANYA, Géopolitique et conflits identitaires en RDC, Kinshasa, éditions Compodor, 2009, pp. 28-32. |
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