INTRODUCTION
1. OBJET, CHOIX ET INTERET
DU SUJET
Ce travail porte sur le rôle et la
place de la position géostratégique de la RDC dans le
développement de l'Afrique des grands lacs. Nous voulons étudier
l'importance de la RDC du fait qu'elle a des atouts naturels susceptibles de
lui permettre de contribuer efficacement au développement de la
région et proposer ainsi des mécanismes liés à
cette vocation naturelle et stratégique pour faire face aux défis
qui menacent la région et promouvoir son développement.
Le choix de notre sujet n'est pas un fait du hasard. Nous
voulons étudier les questions de développement qui constituent
une grande priorité dans la région et penser aux solutions
idoines pour son relèvement.
Notre travail présente un triple
intérêt :
Ø L'intérêt
personnel : cette étude nous permettra d'approfondir les
théories suivies dans différentes branches de notre formation.
Elle nous aidera également à comprendre que les atouts naturels
dont dispose un Etat peuvent lui conférer un leadership et des
influences dans la région pour y restaurer la paix et promouvoir le
développement s'il est capable de bien les exploiter ;
Ø L'intérêt
scientifique : cette étude est une contribution à
la documentation sur les enjeux de développement en Afrique en
général et dans la région des grands lacs en particulier.
Les analyses et réflexions dans cette étude seront certes mises
à la disposition des chercheurs pour s'informer ou nous
compléter ;
Ø L'intérêt social :
les conclusions de cette étude permettront aux décideurs et
entrepreneurs de comprendre la valeur ajoutée de la RDC dans la
dynamique de paix, de sécurité et de développement en
Afrique et dans le monde.
2. DELIMITATION DE
L'ETUDE
Cette étude se focalise
essentiellement sur la région des grands lacs, c'est-à-dire la
partie située entre l'Afrique centrale, l'Afrique australe et l'Afrique
orientale. Cela suppose qu'il s'agit de la région constituée de
l'Angola, du Burundi, de la République Centrafricaine, de la
République Démocratique du Congo, du Kenya, de l'Ouganda, du
Rwanda, du Soudan, de la Tanzanie, de la République du Congo et de la
Zambie1(*).
Nous avons choisi cette région après avoir
constaté qu'elle a été longtemps
déstabilisée et secouée par des conflits, crises, guerres
et tensions qui ont retardé son développement. Etant membre de
cette région, la question nous a fortement touché.
La période couverte par cette étude est de 2006
à 2011. Nous sommes parti de 2006 du fait que c'est l'année
marquant la signature du pacte sur la sécurité, la
stabilité et le développement dans la région des grands
lacs par les 11 Etats membres de la Conférence Internationale sur la
Région des Grands Lacs (CIRGL)2(*).
Nous nous sommes limité à 2011, c'est
l'année qui marque la fin du deuxième cycle de notre formation
universitaire sanctionnée par la rédaction de ce travail.
L'intervalle de 2006 à 2011 représente aussi les cinq ans que
nous avons pu passer à l'université.
3. PROBLEMATIQUE
François
DEPELTEAU définit la problématique comme étant une
question de départ ou une interrogation écrite qui précise
le sujet de la recherche. Elle permet non seulement de préciser
l'interrogation qui « travaille » l'esprit du chercheur,
mais en plus elle détermine l'étendue de la recherche et
évite ainsi un enlisement décourageant, un gaspillage
d'énergie et une perte de temps3(*).
En effet, le problème du
sous-développement demeure une préoccupation majeure pour la
région des grands lacs africains qui a connu tant de guerres, conflits,
tensions et troubles qui ont retardé son développement. La
relation entre développement et pauvreté est réciproque.
Le sous-développement et la pauvreté sont causes de tensions et
des conflits comme les tensions et les conflits sont à leur tour des
causes de la pauvreté et du sous-développement4(*).
Les différents conflits qui
ont déchiré la région ont retardé le processus de
son développement. Les Etats de la région ont dû, pendant
longtemps, s'occuper des questions de la paix et de la sécurité
avant de penser aux questions de développement du fait que le
développement dont il est question ne peut être effectif que dans
une région stable, débarrassée des conflits, crises,
guerres ou tensions. C'est en 2006, lors du 2ème sommet de la
CIRGL, que fut adopté un pacte sur la stabilité, la
sécurité et le développement dans la région des
grands lacs. La conférence Internationale sur la Région des
Grands Lacs est elle-même une initiative des chefs d'Etats mise en oeuvre
avec la facilitation des Nations Unies et de l'Union Africaine sur
recommandation pressante de ces deux organisations.
Les Etats concernés en
premier lieu par la recherche des solutions à la crise des grands lacs
étaient au départ le Burundi, l'Ouganda, la RDC et le Rwanda.
Cependant, il est vite apparu que
la paix, la sécurité et le développement dans la
région dépendaient en grande partie de la RDC, un Etat
susceptible de jouer un rôle économique important dans
l'intégration régionale5(*).
En effet, depuis le 18
février 2006, date marquant l'avènement de la troisième
République en RDC, ce pays a inauguré une nouvelle dynamique dans
le monde diplomatique. Sa diplomatie laisse à penser qu'il y a lieu que
se concrétisent des meilleures relations extérieures pour la RDC.
Une diplomatie des droits de l'homme et de développement se cristallise
et devra permettre à la RDC, après toutes les affres de la
guerre, de redevenir une nation acceptable sur la scène
internationale. Etant donné que la plupart
d'Etats de la région sont en situation de sous-développement, ils
veulent ainsi à tout prix promouvoir, soit individuellement, soit
conjointement leur développement.
Faisant ainsi partie de la
région, bien que instable et pauvre avec des problèmes de
gouvernance, la RDC présente toutefois des atouts
géostratégiques susceptibles de servir au développement de
toute la région.
Pour mettre en oeuvre les
idées de la Conférence Internationale sur la Région des
Grands lacs, les Etats de la région se sont lancés et continuent
à fournir des efforts pour relever les défis qui menacent la
région et retardent son développement.
Ainsi, il ressort de ce qui
précède les interrogations suivantes :
Ø Pourquoi la RDC est
considérée comme un pôle susceptible de promouvoir le
développement dans la région des grands lacs ?
Ø De quelle manière
ce pays peut-il réellement jouer son rôle ?
4. HYPOTHESES
D'après QUIVY et
CAMPENHOUDT L.V., les hypothèses se présentent sous forme des
propositions des réponses aux questions que se pose le chercheur. Elles
constituent des réponses provisoires et relativement sommaires qui
guideront le travail de recueil et d'analyse des données et devront, en
revanche, être testées, corrigées et approfondies par la
suite6(*).
En effet, la RDC est
considérée comme un pôle susceptible de promouvoir le
développement dans la région des grands lacs du fait qu'elle
présente des atouts naturels considérables (située au
centre de l'Afrique, grandeur du pays, diverses ressources naturelles) pouvant
lui permettre de jouer un rôle important dans l'intégration
régionale qui est un moyen pour promouvoir une vision partagée de
développement régional.
La RDC ne peut réellement
jouer son rôle dans la région que si elle est refondée pour
d'abord sa stabilité et son développement. Cela suppose la mise
en place d'une diplomatie agissante et dynamique d'une part. Il faut aussi la
reforme du secteur de la sécurité et de la bonne gouvernance
d'autre part. Certes, la quête de la
puissance est très importante pour lui permettre d'intervenir
efficacement dans le règlement des problèmes s'érigeant en
obstacle au développement, redynamiser la coopération
régionale en vue de consolider l'intégration régionale et
se lancer dans la recherche des solutions aux défis majeurs de la
région.
5. ETAT DE LA QUESTION
Dans le but de mieux mener notre
étude, nous avons fouillé sélectivement des travaux
antérieurs en rapport avec notre thème de recherche afin
d'éviter de reprendre ce qui a déjà été
fait.
En effet, BYOSHIBINJA CHIBIKWA
Devin7(*), dans son
étude sur le transculturalisme et les perspectives de paix dans la
sous-région des grands lacs, fait une analyse systématique sur
les facteurs transculturels capables d'occasionner l'instabilité dans la
sous-région. Du point de vue politique, il
évoque la colonisation, les réfugiés d'avant 1959 et le
contentieux de l'identité (nationalité).
Sociologiquement, il fait allusion
aux stéréotypes ethniques qui sont imposés comme des
fléaux moteurs de l'instabilité dans la sous-région.
Sur le plan historique, la
création de la CEPGL s'est avérée comme un atout
indispensable et un pas de géant dans la stabilisation de la
sous-région.
Et sur le plan économique,
le commerce transnational et l'emploi à l'étranger se sont
présentés comme un lien de rapprochement entre peuples. Il a
insisté sur le fait que les facteurs transculturels peuvent contribuer
à la paix et à la sécurité de la sous-région
des grands lacs s'ils sont bien appliqués et selon la capacité
des Etats à prendre conscience d'un vouloir vivre collectif.
L'auteur pense que la refondation
de l'Etat par l'instauration d'une vraie démocratie, une bonne
gouvernance, une justice et une administration équilibrée, la
reforme de l'armée républicaine, la diplomatie efficace et
créative sont d'autres atouts indispensables, accompagnés de ces
facteurs transculturels intégrationnistes pouvant contribuer au
rétablissement de la paix et de la sécurité dans la
sous-région des grands lacs.
BALAGIZI BYAMUNGU Serge8(*) , dans son étude sur
« les nouvelles dimensions de sécurité collective dans
les grands lacs», choisit la période allant de 1994 en 2010, sur la
zone de la CEPGL constituée respectivement du Rwanda, du Burundi et de
la RDC. Il constate que pour faire face au problème de
sécurité dans la région, les dirigeants des Etats de
celle-ci devraient avant tout chercher le bien être de leurs populations
en instaurant une vraie démocratie et une bonne gouvernance, en
abolissant les inégalités sociales, en luttant contre la
pauvreté et en instaurant une justice redistributive.
C''est ainsi que la refondation de
l'Etat en Afrique des grands lacs devra partir de l'instauration d'une
démocratie positive qui implique un Etat de droit et la bonne
gouvernance.
KARHAGALA MUSHI Fiston9(*) , dans son étude sur
« les mécanismes de sécurité collective des
Nations Unies et les conflits politiques dans la sous-région des grands
lacs», traite de la question d'efficacité ou d'inefficacité
des mesures de sécurité collective initiée par l'ONU dans
les conflits politiques qui ont ensanglanté la sous-région des
grands lacs.
Il pense que les réactions
de l'ONU envisagées dans le cadre de la sécurité
collective vis-à-vis des conflits politiques dans la sous-région
ont été dénudées de toute efficacité
à cause de la standardisation stratégique et des enjeux d'acteurs
impliqués directement ou indirectement dans les conflits.
Par son pouvoir de constatation,
le conseil de sécurité peut faire recours à une commission
d'enquête ou peut prendre simplement acte de la gravité de la
situation. La qualification de la situation par le conseil de
sécurité est une décision importante car elle
représente un constat officiel qui s'impose à tous les Etats.
Cependant, les grandes puissances protègent régulièrement
leurs intérêts et ceux de leurs protégés, ce qui
constitue souvent un obstacle à la qualification qui précise la
nature des opérations et les options dans le déploiement de la
mission ou de la force.
Il ajoute que les Nations unies
devraient se montrer plus impliquées dans la résolution des
conflits observés dans la sous-région des grands lacs non
seulement par l'adoption d'une pertinence des résolutions du conseil de
sécurité mais également en appliquant à celle-ci
des moyens nécessaires en guise de stratégies, par rapport
à la spécificité sur terrain pour concrétiser les
décisions du conseil de sécurité et donner un poids aux
mécanismes de sécurité collective.
MAKALA KIRHERO Floribert a
analysé des conflits armés et les conditions nécessaires
pour promouvoir le développement dans la région des grands
lacs10(*).
Il constate que les conflits ont
contribué à l'augmentation des migrations à
l'intérieur en réaction à l'insécurité,
à la pauvreté, à l'absence des perspectives d'avenir et
à la mauvaise administration.
Les conflits armés ont
conduit à une augmentation non seulement des veuves et orphelins, veuves
mais également du taux de la non scolarisation des enfants, et de la
prostitution des jeunes filles dans toute la région. Ces
conséquences ont un impact significatif sur la productivité des
facteurs dans le moyen et le long termes : baisse de la
productivité des travailleurs du fait des Infections sexuelles
transmissibles, accroissement de la mortalité, exode rural. Le manque de
dialogue politique sur le plan extérieur se manifeste et
déstabilise toute la région. La région devrait donc
déployer tant d'efforts et être axée davantage sur la
prévention et la maîtrise des conflits, la reconstruction et la
promotion de la stabilité en poursuivant la coopération
structurelle qui vise la réduction de la pauvreté.
En effet, pour aborder cette
situation, l'auteur souligne que toute politique ou tout programme d'action
devrait d'abord relever les défis économiques, politiques,
sociaux, culturels et diplomatiques pour bien se lancer dans le processus de
développement.
Il ressort de ces travaux que le
développement de la région des grands lacs ne peut réussir
sans la synergie des Etats en mettant un accent particulier sur le maintien de
la sécurité, condition nécessaire pour le progrès
économique. Cependant, ces travaux ne
précisent pas l'apport ou le rôle de chaque Etat de manière
individuelle dans cette dynamique de développement. C'est ainsi que notre étude porte
essentiellement sur le rôle que peut jouer la RDC dans cette dynamique de
développement régionale du fait qu'elle dispose des atouts
naturels considérables.
6. METHODOLOGIE
6.1. Méthode
Selon Roger PINTO et Madeleine
GRAWITZ, la méthode est l'ensemble des opérations intellectuelles
par lesquelles une discipline cherche à atteindre les
vérités qu'elle poursuit, les démontre et les
vérifie11(*).
Nous nous sommes servi de la
méthode géopolitique de François THUAL pour atteindre nos
objectifs. Cette méthode consiste à poser une série de
questions face à un événement (tension, crise, conflit,
négociation, sous-développement).
Il s'agit notamment de
pourquoi ?, qui veut quoi ?, quand ?, avec qui ? Ce qu'il
faut c'est identifier les acteurs, analyser les motivations, décrire
leurs intentions, repérer les alliances en gestation, ou au contraire,
les alliances en voie de déconstruction que ce soit au niveau local,
régional, continental ou international12(*).
Grace à cette
méthode, nous comprenons le rôle et la place de la RDC dans la
région par rapport à d'autres acteurs en présence tout en
retenant que les motivations liées à sa vocation naturelle sont
indispensables pour ainsi justifier l'élaboration et l'application d'une
bonne politique étrangère susceptible de décrire les
intentions d'une quête de puissance en recourant aux alliances ou aux
mésalliances afin que la RDC soit considérée comme un
véritable pole de développement dans la région.
6.2. Techniques
Les techniques
sont des procédés opératoires rigoureux bien
définis, transmissibles, susceptibles d'être appliqués
à nouveau dans les mêmes conditions adaptées aux genres des
problèmes et phénomènes en cours13(*).
C'est grâce aux techniques de récolte et d'analyse des
données que nous avons trouvé des réponses à notre
préoccupation.
6.2.1. Techniques de
récolte des données
Deux techniques
nous ont permis de récolter les données à savoir les
techniques documentaires et celles d'entretien.
6.2.1.1. La technique
documentaire
La technique
documentaire s'occupe de l'étude des preuves muettes qui sont des textes
écrits ou des oeuvres produites par les hommes, en bref des
documents14(*). Cette technique nous a permis d'accéder aux
informations se trouvant dans les ouvrages, revues, journaux et à
l'Internet.
6.2.1.2. La technique
d'entretien
Madeleine GRAWITZ15(*) définit l'entretien
comme un procédé d'investigation scientifique utilisant un
processus de communication verbale pour recueillir des informations en relation
avec le but fixé.
Ainsi, nous avons eu des
entretiens avec des étudiants de dernier cycle, des professeurs, chefs
des travaux et assistants en relations internationales, en sciences politiques
et administratives ou en sociologie pour une meilleure compréhension de
notre thème.
L'Internet nous a permis d'avoir
des entretiens instantanés sur facebook avec au moins deux personnes
dans chaque Etat de la région à part la RDC où nous avons
pris dix personnes se retrouvant dans cette catégorie de
référence. L'effectif des personnes avec qui nous nous sommes
entretenus s'élève à 30 personnes.
6.2.2. Technique d'analyse
des données
Pour analyser
les données, nous avons utilisé la technique d'analyse du contenu
que François DEPELTEAU considère comme étant une
méthode de classification ou de modification, dans diverses
catégories, des éléments du document analysé pour
en faire sortir les différentes caractéristiques en vue d'en
mieux comprendre le sens exact et précis16(*). C'est grâce
à cette technique que nous avons dépouillé, analysé
et interprété les données afin de tirer des conclusions
objectives.
7. DIFFICULTES
RENCONTREES
Durant nos
recherches, nous avons fait face à des difficultés d'ordre
financier qui ne nous ont pas permis de circuler dans toute la région et
de nous rendre à Kinshasa au Ministère des affaires
étrangères pour avoir des données plus fiables. Nous avons
utilisé la technique documentaire qui nous a permis de nous ressourcer
dans les ouvrages et à l'Internet pour aboutir au résultat.
8. SUBDIVISION DU
TRAVAIL
Ce travail est
subdivisé en trois chapitres à part l'introduction et la
conclusion. Dans le premier chapitre, nous abordons
les considérations générales qui contiennent les cadres
théorique et conceptuel. Le second consiste en une présentation
de la région des grands lacs. Dans le troisième, nous parlons de
la position de la RDC dans la région des grands lacs et de son
rôle.
CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE
ET CONCEPTUEL
Dans cette
partie, nous définissons les concepts avant de nous focaliser sur le
cadre théorique. Nous définissons les concepts pour une meilleure
compréhension de ce travail en évitant des conceptions
lacunaires. Ainsi, nous définissons les concepts développement,
le développement durable, intégration, la
géostratégie.
I.1. DEFINITION DES
CONCEPTS
I.1.1. Le
développement
Le
développement, sur le fond, consiste en l'amélioration, par les
hommes et les femmes de leur capacité à réaliser leur
potentiel humain, individuel et collectif, ou en d'autres termes :
l'amélioration des avoirs, des savoirs et des pouvoirs.
Le développement
présente une transformation de la société, le passage des
relations traditionnelles, de modes de pensée, de façon
traditionnelle de traiter la santé et l`éducation, des
méthodes traditionnelles de production vers des approches plus
modernes17(*).
La clé des changements est
l'évolution vers des modes de pensée scientifiques
repérant les variables qui influent de façon déterminante
sur la production, s'efforçant de faire des déductions
fondées sur des données fiables et sachant reconnaître ce
qu'on sait et ce qu'on ne sait pas.
Le concept
« développement » est diversement compris selon les
personnes qui l'utilisent ou le reçoivent et en fonction des
critères dont elles se servent ou qu'elles se représentent pour
définir le contenu. Dès lors, il existe plusieurs conceptions du
développement :
a) Conception courante ou
vulgaire
Habituellement,
écrit CHIRISHUNGU18(*), les individus voient dans le concept
« développement » les acquisitions
matérielles d'une population donnée. Ils assimilent ou
évaluent le développement à la quantité ou à
la qualité d'une catégorie de biens matériels, notamment
les biens manufacturés et de haute technologie dont dispose une
population.
La conception courante ou vulgaire
du développement a pour base et assise, certains aspects voyants
matériels de l'environnement socio-économique et, dès
lors, porte en elle une grande possibilité de vérification.
Elle ne cherche pas les sources
profondes des richesses qu'elle prend comme critères ni les causes
premières de la misère matérielle qu'elle constaterait par
ailleurs.
b) Conceptions
économiques, scientifiques et opératoires du
développement
L'intellectuel,
contrairement à l'homme de la rue, ne se contente pas des seules
impressions extérieures, de la réalité palpable.
Il cherche des critères
plus opératoires. Aussi, les sciences économiques tentent de
saisir et proposent elles aussi, des critères du développement
à travers deux conceptions à savoir la conception globaliste ou
thèse de croissance et la conception analytique ou thèse des
équilibres sectoriels.
Selon la thèse globalisante
du développement ou thèse de la croissance, le degré de
développement d'un pays par rapport à la quantité des
biens économiques disponibles, à leur valeur mathématique
(ou statistique) absolue.
Aussi, sera dit pays
développé qu'un autre, celui qui atteint des records
économiques (records de production et de consommation) plus importants
que cet autre. En d'autres termes, le pays qui présente plus de poids
dans l'échelle de production des biens et services et de consommation
sera considéré comme plus développé que celui qui
pèse moins que lui en la matière. Ce critère est celui
constamment utilisé dans les statistiques sur le développement
notamment les statistiques comparatives internationales et s'exprime souvent en
terme de revenu par habitant ou de produit intérieur brut (PIB)19(*).
Et selon la conception analytique
ou la thèse des équilibres sectoriels, cet instrument de mesure
ne suffit pas à distinguer un pays développé d'un autre.
Car, estime-t-elle, il ne suffit pas de battre des records, il faut encore que
ces records se trouvent suffisamment distribués, repartis non seulement
entre les différents secteurs d'activités économiques mais
également et surtout entre les différentes composantes sociales
de la population du pays en question20(*).
Ainsi énoncée, la
thèse des équilibres sectoriels ne contredit pas celle de la
croissance économique. Elle la parfait. Dès lors, toutes deux
demeurent des thèses essentiellement économiques quoique, et tel
est son mérite, la thèse des équilibres sectoriels apporte
à la première une grande dimension sociale. Le social, à
coté de l'économique pur, étant considéré
comme un des secteurs des équilibres qu'elle prône et qui rentrent
dans le domaine du développement.
c) La thèse des
spécificités des modèles et des critères du
développement ou conception culturelle
Le courant de la
négritude, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et le courant de
l'authenticité proclamée au Zaïre par l'autorité
politique dès les années 1970, servent pour bien des chercheurs
de piste d'investigation en vue de la définition du concept de
développement. Pour bien d'entre eux, le
développement répondrait d'une logique, d'une adéquation
interne des acteurs régissant les équilibres
socio-économiques et culturels prévalant dans une
société donnée21(*).
C'est la thèse empirique de
l'harmonie socio-économique au sein d'une société et selon
laquelle le développement n'est point une donnée
extérieure à un système social, faite d'importations,
notamment culturelles, mais une sécrétion harmonieuse de
multiples équilibres au sein d'un système social donné.
La conception culturelle ou
thèse de la spécificité interne des systèmes
sociaux ayant comme critère l'harmonie socio-économique et
culturelle, est une démarche qui, en réalité, tente de
corriger l'essence même du concept du
« développement ». En effet, elle le présente
comme habituellement étriqué et tendant à imposer aux
nouveaux Etats une forme d'organisation socio-économique
fondamentalement soucieuse de seules performances économiques et
technologiques, au détriment des équilibres et des harmonies
socio-écologiques et culturelles qui engendrent des
sociétés d'une grande harmonie, plus épanouissantes pour
la personne humaine.
I.1.2. Développement
durable
Selon la formule
consacrée, le développement durable est celui qui répond
aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre à leurs
propres besoins. Le succès de la notion de
développement durable tient au fait qu'elle prétend concilier
l'inconciliable22(*).
I.1.3. Intégration
Par
intégration, il faut entendre le processus par lequel une partie entre
dans un tout, tout en préservant la cohésion.
L'intégration est généralement présentée
comme un processus positif, comme une réussite. Certes, une
intégration parfaite comprend nécessairement une centralisation
optimum, mais elle implique fondamentalement une réalité plus
vaste. Elle comporte une adéquation parfaite de tous les moyens au but
poursuivi23(*).
Au niveau le plus abstrait,
l'intégration peut être considérée avec MYRDALL
comme la réalisation d'un idéal, plus précisément
comme la réalisation du vieil idéal occidental de
l'égalité des chances.
A ce niveau, l'intégration
économique se définit comme l'équilibre des structures au
sein d'un ensemble économique.
Mais dans un sens plus concret, le
même mot « intégration » sert souvent à
designer le processus par lequel l'idéal en question tend à se
réaliser. Et comme le vieil idéal occidental de
l'égalité des chances ne se conçoit que dans un
développement toujours plus grand de chaque homme en particulier,
l'intégration économique apparaît comme un moyen de
progrès et, pour la CEE, comme le moyen de progresser plus rapidement
par la mise en commun des ressources et énergies24(*). L'intégration peut
être un but, un processus ou un moyen de développement.
a) Intégration comme
but
Dans ce sens,
l'intégration économique désigne une situation de
cohérence totale et représente donc l'équilibre des
structures au sein d'un ensemble économique. Par définition
encore, elle implique d'abord que chaque partie du tout, du fait de sa
participation à l'oeuvre commune, possède une efficience plus
grande qu'antérieurement, mais aussi que le tout, par la perfection des
relations en son sein, acquiert l'efficience la plus grande qui soit compatible
avec les données de base.
Le degré de
réalisation de l'intégration projetée dépendra donc
d'une part des talents d'organisation orientés vers des structures plus
ou moins complexes, d'autre part de la stabilité des conditions de
départ25(*).
b) Intégration comme
processus
Le terme
« intégration » est aussi à designer le
processus par lequel on tend à s'approcher de l'idéal
d'équilibre structurel. Ce processus existe au niveau de tous les
ensembles caractérisés par une unité de but. Pour
TINBERGEN, l'état d'intégration économique peut être
défini comme la politique économique qui montre un optimum de
centralisation.
TINBERGEN conçoit donc
l'intégration d'abord comme un processus et plus
précisément comme une politique. L'élément
idéal se retrouve toutefois dans la nécessité pour cette
politique de montrer ou de tendre vers l'optimum26(*).
En géopolitique, on peut
en effet considérer que la construction européenne est un
processus d'intégration puisque, au niveau national, il y a abandon dans
certains domaines de la souveraineté économique, puis peut
être de la souveraineté politique au profit d'une nouvelle
entité souveraine commune, l'Europe.
Sur le plan politique,
l'intégration crée des entités régionales
politiquement homogènes et solidaires ayant une position solide sur la
scène internationale27(*).
c) L'intégration
régionale comme processus
L'intégration régionale est le processus
par lequel la régularité et l'intensité des interactions
entre Etats et entre certaines sociétés s'accroissent, permettant
la constitution d'une communauté de sécurité, d'une
interdépendance économique accrue, d'une identité
partagée favorisant, dans une aire géographique
particulière, le développement d'actions collectives
institutionnalisées pouvant aller jusqu'à l'unification
politique. Trois critères permettent de définir un
sous-système régional : la proximité
géographique, la régularité et l'intensité des
interactions et la perception partagée qu'il existe bien une
région.
Pour Karl DEUTSCH, une
région est un groupe de pays en situation de forte
interdépendance dans un grand nombre de domaines différents. La
densité et la nature des transactions politiques et
socio-économiques permettent de différencier le groupe de pays en
question d'autres groupes comparables. Cependant, les régions ne sont
pas faits géographiques, mais des créations politiques.
La perception des identités
collectives contribue à expliquer la formation des régions et
leur degré d'institutionnalisation28(*).
d) L'intégration
régionale comme moyen de développement
On recommande
souvent aux pays moins développés de recourir à une
intégration régionale. L'objectif de l'intégration
régionale est l'industrialisation. On pense que les marchés
nationaux sont trop étroits et qu'un marché régional est
mieux à même à soutenir un secteur industriel moderne. Les
difficultés sont considérables. Du point de vue
économique, le pays qui est en retard craint que l'ouverture
complète de son marché à ses partenaires ne lui permette
jamais de fonder une industrie quelconque. La réalité est que
malgré leur proximité géographique, les pays moins
avancés ne sont pas unifiés au plan économique. De manière caractéristique, ils sont
plus concurrents que complémentaires et ces intérêts
concurrents font qu'il leur est difficile de former une
communauté29(*).
I.1.4. Intégration
régionale
Les
régions et les intégrations régionales, notamment depuis
1945, constituent un aspect significatif des réalités
internationales. Partout des Etats, s'associent, des accords
d'intégration plus ou moins formalisés voient le jour qui,
lorsqu'ils sont suivis d'effets, influencent les relations qui se nouent entre
de nombreux acteurs publics et privés.
Toutefois, la nature même des intégrations régionales,
leurs objectifs, les méthodes utilisées pour les mettre en place
et leurs résultats font l'objet de désaccord30(*).
L'intégration
régionale peut revêtir plusieurs formes (intégration
politique, économique, sociale, culturelle,...). Dans le cadre de notre
étude, nous évoquons deux types (intégration
politico-institutionnelle et intégration économique) qui peuvent
être à la base d'autres intégrations (culturelles,
sociales, religieuses,...) s'ils réussissent dans la pratiques.
Il existe un lien profond entre
les dimensions économiques et politico-institutionnelles dans les
processus d'intégration régionale. Ainsi, il faut distinguer
l'intégration économique régionale de l'intégration
politico-institutionnelle régionale.
a) L'intégration
économique régionale
Du point de vue
économique, plusieurs conceptions sont couramment avancées. Le
premier courant s'inspire d'un rationalisme volontariste à visée
stato-centratique plaçant l'économie politique de la nation dans
son environnement débouchant ainsi sur un mode d'intégration sur
un système interétatique. Le second
consiste en un constructivisme qui insiste plutôt sur les formes de
coopération volontaire (adhésion) des Etats qui construisent
mutuellement les dispositifs économiques et institutionnels de
l'intégration31(*).
b) L'intégration
politico-institutionnelle régionale
Quant à
l'intégration politico-institutionnelle régionale, deux
conceptions sont généralement postulées : une
institutionnaliste, une autre diplomatique.
Selon la première orientation, la conception
institutionnaliste consiste en la mise en place d'un système commun de
règles de la part des pouvoirs publics en relation avec les acteurs
privés. Les règles et procédures concernent ainsi par
exemple l'harmonisation des fiscalités, l'instauration des lois uniques
d'assurance, du droit des affaires, du droit social régional, des
valeurs sur la démocratie, la gouvernance et les élections,
etc.
Selon la deuxième
conception appelée politique ou diplomatique, l'intégration
régionale se traduit par des transferts de souveraineté et par
des objectifs de prévention des conflits. Les convergences
d'intérêts économiques sont une manière de
dépasser les rivalités et antagonismes politiques entre
Etats32(*).
I.1.5.
Géostratégie
Le terme de
« géostratégie » et les usages qui en sont
faits soulignent l'importance, dans certains rapports de forces, de
configurations géographiques qui sont alors considérées en
tant que telles comme des enjeux tout à fait majeurs, et ce, même
en cas de victoire, pour des périodes de temps particulièrement
longues.
La géostratégie est
un processus d'élaboration des décisions capitales sur l'avenir
d'un Etat-Nation, à partir de la vision combinée des facteurs
géographiques et des facteurs humains que peuvent avoir ses
dirigeants33(*).
Toutes les actions significatives
d'un Etat, en dehors du cadre de ses frontières, ne servent pas
essentiellement les intérêts de toute la nation, parfois elles
constituent, simplement un leurre, c'est-à-dire servir à
détourner l'opinion publique nationale des problèmes internes
qu'il rencontre (polariser les medias et l'opinion pendant des mois sur un
objectif qui fait oublier les préoccupations quotidiennes : aire
culturelle, doctrines, impérialisme et
néo-impérialisme).
Les préoccupations
géostratégiques ne sont pas seulement fonction des configurations
géographiques qui sont, en tant que telles, des enjeux permanents,
compte tenu des ressources rares au plan mondial. Il faut aussi tenir compte
des représentants.
C'est ainsi que le schéma
de MACKINDER distinguant dans le cadre de l'Eurasie, une partie centrale, le
« Heartland » et une périphérie
dénommée le « Rimland » a fait par exemple
apparaître l'occupation de l'Afghanistan en 1980 par l'armée rouge
comme une poussée géostratégique majeure de l'union
soviétique vers les mers chaudes34(*).
Le terme de
géostratégie est un plus récent que celui de
géopolitique, mais ils relèvent l'un et l'autre du même
champ sémantique : deux signifiants pour une même
catégorie de signifié.
La géopolitique, de
manière générale, est une analyse de l'interaction du
rôle de l'espace géographique dans la manifestation des faits
politiques majeurs. Parce que les régions du monde ne sont pas
également dotées des ressources minérales, humaines et
scientifiques, l'action des puissances diplomatiques obéit aux lois de
la géopolitique.
La géostratégie est
une stratégie de l'espace de même la géopolitique se veut
une politique de l'espace. Son objectif est la conquête de l'espace.
Ainsi, présenter la géostratégie comme une
stratégie de l'espace revient à dire que le
géo-stratège est un type de stratège qui organise sa
pratique stratégique pour transformer l'espace au mieux de ses
intérêts. Il rêverait de contrôler des positions
géostratégiques, des forteresses, des ports, des îles, des
canaux, des bases sur les grandes voies de communication et
d'approvisionnement. La géostratégie travaille à
conquérir pour le stratège un espace-temps qui lui permet
d'optimiser ses décisions.
I.2. CADRE THEORIQUE
Pour mieux expliquer les faits et mieux
présenter les résultats, nous nous fondons sur les
théories de la coopération, de l'intégration et de la
stabilité hégémonique
I.2.1. Les théories de
la coopération et de l'intégration
GROTIUS sert de
référence aux théoriciens de la coopération et de
l'intégration. Il arrive alors à considérer que le droit
naturel et le droit positif instaurent progressivement une
société des Etats, lesquels conviennent de respecter dans leurs
rapports mutuels un certain nombre d'obligations librement consenties car
mutuellement avantageuses.
Les théories de
l'intégration et de la coopération se résument dans quatre
éléments à savoir : le fonctionnalisme, le
néo-fonctionnalisme, le fédéralisme participatif et
l'intergouvernementalisme
a) Le fonctionnalisme
L'école
fonctionnaliste se présente comme une tentative originale de concilier
les intérêts des Etats.
David MITRANY, qui publia
dès 1943 « A working peace system » incarna cette
école de pensée.
La deuxième caractéristique du fonctionnalisme
réside dans la transformation des objectifs de l'action internationale,
puisque celle-ci doit permettre en priorité aux nations de vivre
harmonieusement entre elles, plutôt que de fonder leurs rapports mutuels
sur la peur perpétuelle35(*).
Aux critères de la
l'intérêt et de la sécurité, MITRANY substitue donc
les critères de paix, de bien être et de participation comme
objectifs ultimes de l'action internationale. Ceux-ci correspondent à
des fonctions précises, il était envisageable de
développer le rôle et les attributions d'organisations
internationales fonctionnelles, seuls acteurs en mesure de remplacer la
confrontation par la coopération.
L'habitude de la
coopération qui en résulte et les avantages retirés par
cette mise en commun de moyens obligatoirement limités permettent
d'envisager un élargissement progressif à d'autres domaines de
compétence et le passage graduel à une intégration
politique, conséquence d'une intégration économique.
b) Le
néo-fonctionnalisme
Dans
« The uniting of Europe », Ernest HAAS définit cette
nouvelle approche comme un processus par lequel les acteurs politiques de
plusieurs communautés nationales sont déterminés à
réorienter leurs allégeances, leurs aspirations et leurs
activités politiques vers un nouveau centre dont les institutions
demandent ou possèdent la juridiction sur les Etats nationaux
préexistants. Le résultat final d'un tel processus est la
création d'une nouvelle unité politique coiffant les
unités préexistantes36(*).
Le néo-fonctionnalisme
envisage de créer un super Etat de type fédéral sur une
base territoriale élargie, tout en préservant les
souverainetés d'origine.
Il se caractérise ainsi par
trois traits distinctifs :
Ø Comme le fonctionnalisme,
il considère que l'intérêt partagé est le plus
solide ciment de la coopération internationale ;
Ø L'intégration est
conduite de manière technicienne par les élites politiques,
administratives, syndicales ou industrielles convaincues de sa
nécessité ;
Ø L'idéal n'a pas de
place dans cette vision de la vie internationale.
L'intégration doit donc
être menée fonction après fonction, de manière
pragmatique. Une fois lancée, le processus d'intégration est
élargi, au gré des opportunités, à des domaines
nouveaux par un effet décrit la progression mécanique de
l'intégration. L'intégration est, à l'origine,
envisagée dans le domaine technique. Au
gré des opportunités, de nouveaux domaines sont ensuite
intégrés. Au fur et à mesure
de la progression de l'intégration surgissent de nationaux :
fonctionnaires, lobbies, régions,...
Les stratégies des acteurs
concernés ne sont dès lors jamais identiques mais simplement
convergentes (principe de consensus) selon cette théorie, les
bénéfices que tirent les Etats de l'intégration les
conduiraient à élargir mécaniquement les
compétences des autorités supranationales. L'union politique
serait la résultante de l'union politique.
c) Le
fédéralisme participatif
Comme le
néo-fonctionnalisme, le fédéralisme accorde une place
prépondérante aux élites qui tirent le processus et
trouvent les solutions nécessaires pour désarmer les
résistances à l'intégration.
Parmi les très nombreuses
études sur le fédéralisme, nous retiendrons ici le concept
de « fédéralisme participatif »,
étudié par Jean-Louis QUERMONNE et Maurice CROISAT.
L'originalité de cette approche réside dans l'analyse des
modalités pratiques de la cohabitation entre les autorités
fédérales et fédérées (Lânder,
cantons, régions, ...)37(*).
Le fédéralisme
intergouvernemental peut se définir comme un mode de gouvernement qui
repose non seulement sur l'autonomie des communautés
fédérées et leur participation aux institutions et
instances fédérales mais surtout sur la coopération entre
gouvernements pour atteindre des buts communs par des ententes, des programmes
et des financements conjoints.
Le fédéralisme
intergouvernemental est donc une méthode de gestion concertée
entre les niveaux fédéral et fédéré, qui
accorde plus d'attention à la pratique qu'aux textes constitutionnels
obligatoirement très rigides. Entre
« les compétences exclusives » des
autorités locales et les compétences partagées des
autorités fédérales, il existe des domaines mixtes (les
tâches communes) repartis selon le principe de subsidiarité.
d)
L'intergouvernementalisme
Initié
dès les années 60 par Stanley HOFFMANN, ultérieurement
Robert KEOHANE s'associa à lui pour analyser
l'accélération de l'intégration européenne dans les
années 80.
Cette théorie vise à
comprendre les mécanismes par lesquels les Etats sont conduits à
s'associer pour répondre plus efficacement à des besoins communs.
La coopération interétatique, par le biais des organisations
internationales, est donc envisagée comme un procédé
rationnel destiné à optimiser l'emploi des moyens mis en commun
par les Etats. Les organisations internationales institutionnalisent donc la
négociation-marchandage entre Etats. Leurs décisions se
présentent dès lors comme le plus petit dénominateur sur
lequel se sont accordés les Etats. Dans cette négociation
permanente, le rôle des grandes puissances demeure
prépondérant. Les organisations internationales disposent d'un
pouvoir d'influence mais celui-ci est insuffisant pour résister aux
demandes des Etats. Leur « pouvoir de dire » est
supérieur à « leur pouvoir de faire ».
Andrew MORAVCSIK qui, pour sa
part, parle de l'intergouvernementalisme libéral qui se présente
comme une méthode pour analyser les procédures par lesquelles les
Etats s'associent en vue de répondre aux attentes de leurs
populations38(*).
Dans cette perspective, les
organisations internationales sont perçues comme des instruments
placés à la disposition des Etats pour faciliter l'adoption
d'accords internationaux et assurer le respect des engagements pris.
Concernant le contrôle des
accords, le rôle des organisations internationales ne doit pas être
envisagé sous l'angle de pouvoir de police ; les organisations
internationales se contentent en fait de favoriser la
réciprocité, ce qui conduit les Etats (même les plus
puissants) à respecter leur parole pour s'assurer que les autres Etats
se comportent de la même manière.
I.2.2. La théorie de la
stabilité hégémonique
Cette
théorie consiste à affirmer que la présence d'une
puissance hégémonique libérale est la condition sine qua
none de l'existence d'une économie internationale.
Elle a été
attribuée à l'économiste américain Charles
KINDLEBERGER, bien que celui-ci emploie le terme de leadership et non
d'hégémonie. Analysant la crise économique de 1929,
KINDLEBERGER constate que celle-ci coïncide avec l'absence d'un pays
dominant l'économie internationale et l'inexistence des règles
communément admises en matière de régulation commerciale
et monétaire39(*).
KINDLEBERGER déduit une
relation de causalité : « pour que l'économie
mondiale soit stabilisée, il faut un stabilisateur, un seul
stabilisateur (a stabilizer, on stabilizer). Cela
parce que seule une puissance dominante, dont les ressources
matérielles (contrôle des matières premières,
accès aux sources de financement et aux marchés, avantages
compétitifs dans la production des biens à haute valeur
ajoutée) excédent de façon significative celles de tous
les autres pays, peut exercer un leadership bienveillant en supportant les
coûts que représentent la mise sur pied d'une infrastructure
économique mondiale et le comportement de passager clandestin (free
rider) auquel ont recours les puissances secondaires qui tient tout au profit
de ces biens collectifs internationaux que la puissance dominante
elle-même.
A l'inverse, lorsque fait
défaut un tel hégémon, ou même lorsque sa
prépondérance en ressources matérielles est en
déclin, il y a plus aucun pays susceptible de prendre en charge les
coûts de la fourniture des biens collectifs internationaux que sont le
bon fonctionnement et du libre-échange et le maintien de la
stabilité monétaire, et d'une phase de croissance,
l'économie internationale passer en phase de crise.
Publiée au début des
années 1970, l'étude de KINDLEBERGER a connu un extraordinaire
écho. Suite au rattrapage économique des Etats-Unis par la
communauté européenne et le Japon, les crises financières
(1971) et énergétiques (1947) se multiplient dans un
environnement international en proie à l'instabilité.
KINDLEBERGER en déduit logiquement que le déclin relatif des
Etats-Unis annonce une remise en cause des régimes économiques
internationaux mis sur pied après la seconde guerre mondiale, à
commencer par le FMI et le GATT.
Etant donné que ces
régimes avaient été créés et maintenus par
les Etats-Unis disposant d'une prépondérance en ressources
matérielles, il faut s'attendre à ce qu'ils perdent leur
effectivité, vu que les ressources matérielles mondiales sont
dorénavant distribuées de façon plus
équilibrée entre tous les Etats. Le danger auquel nous faisons
face n'est pas celui de « trop de puissance, mais celui de pas
assez ; non pas celui d'un excès de domination, mais celui de trop
de passagers clandestins ». C'est cette
prédiction qui assurera la postérité à l'analyse de
KINDLEBERGER, qualifiée a posteriori de théorie de la
stabilité hégémonique par Robert KEOHANE.
Constatant que les institutions du
GATT (General Agreement on Trade and Tarifs) et du FMI (Fonds Monétaire
International) surviennent aux tensions des années 70, KEOHANE et les
néolibéraux institutionnalistes s'efforceront de montrer que les
régimes internationaux et donc la coopération
post-hégémoniques sont possibles.
CHAPITRE II. PRESENTATION
DE LA REGION DES GRANDS LACS
Cette partie est
consacrée à la région des grands lacs. A son sein, les
contextes géographique, économique, social et politique sont
présentés.
II.1. CONTEXTE
GEOGRAPHIQUE
A l'instar des
célèbres grands lacs d'Amérique du Nord, les grands lacs
d'Afrique sont un système de lacs localisés plus en Afrique de
l'Est. Orienté dans le sens Nord-Sud, cet ensemble couvre la partie
méridionale de la Rift Valley.
Les grands lacs d'Afrique
sont40(*) :
Ø Le lac Tanganyika, 32.900
km2 et une profondeur de 1433 m ;
Ø Le lac Victoria, 68.100
km2 et 32 m de profondeur ;
Ø Le lac Malawi, 30.900
km2 et 706m de profondeur ;
Ø Le lac Albert, 527
Km2 et une profondeur de 51 m ;
Ø Le lac Edouard, 2.150
km2 et 117m de profondeur ;
Ø Le lac Kivu, 2.700
km2 et 485 m de profondeur. Constatons que le lac Tanganyika est le
lac le plus profond de la région des grands lacs d'Afrique.
Les Etats qui composent la
région des grands lacs sont ceux qui s'étendent aux environs de
ces lacs. Il s'agit de l'Ouganda, du Kenya, de la RDC, du Rwanda, de la
Tanzanie, de la Zambie, du Malawi et de la Mozambique.
Cependant, les crises et les
conflits qui ont traversé la région des grands lacs ont
contextualisé le cadre géographique de la région d'une
autre manière. C'est ainsi que nous nous referons à la
qualification retenue par la conférence internationale sur la
région des grands lacs identifiant 11 Etats et qui sont membres de la
CIRGL41(*). Les onze Etats
membres sont liés soit directement, soit indirectement par voisinage
avec les pays concernés par les graves conflits ayant secoué la
région au cours de la dernière décennie. Il s'agit de
l'Angola, du Burundi, de la République Centrafricaine (RCA), de la RDC,
de la République du Congo, du Kenya, de l'Ouganda, du Rwanda, du Soudan,
de la Tanzanie et de la Zambie.
Les Etats concernés en
premier lieu par la recherche des solutions à la crise des grands lacs
étaient au départ le Burundi, l'Ouganda, la RDC et le Rwanda.
Mais il est vite apparu que la paix et le développement dans la
région dépendaient en grande partie de la RDC comme Etat central
et moteur économique de l'intégration régionale, et que
par conséquent, les conditions prévalant dans tous ces pays
voisins, notamment le Congo-Brazzaville, la RCA, l'Angola et le Soudan, avaient
tout autant de l'influence sur sa stabilité. D'autre part, la Tanzanie,
le Kenya et la Zambie qui ont subi de plein fouet les effets collatéraux
des crises de quatre pays centraux, ne serait-ce qu'en termes de flux des
réfugiés, trouvaient en cette initiative l'occasion
d'allégement de la charge sociale qu'ils avaient à supporter.
Tous ces éléments ont dicté par conséquent
l'impératif de l'élargissement géographique du cadre de
recherche de paix, de stabilité et de développement de la
région.
II.2. CONTEXTE SOCIAL ET
ECONOMIQUE
La RDC occupe
une position géostratégique dans cet ensemble régional.
Son territoire partage neuf frontières avec les 10 autres pays de la
région. Cette situation, très spécifique, constitue un
atout potentiel régional majeur dans un environnement qui favorise le
développement économique et social de la région, notamment
dans la perspective de l'émergence des bassins transfrontaliers de
développement aux aires périphériques.
Les dix pays qui partagent les
frontières avec la RDC, cinq dont la RCA, au Nord ; l'Ouganda, le
Rwanda et le Burundi, à l'Est et la Zambie, au Sud, sont des pays
enclavés et que la RDC, elle-même, vaste de 2.345.000
km2, est semi-enclavée.
A l'Ouest, la RDC n'est pas un
pays enclavé, mais toute la zone dite « cuvette
congolaise » est enclavée. Le Soudan n'est pas enclavé
mais toute la partie de son territoire frontalière à la RDC
l'est. La Tanzanie ne l'est pas, mais la partie de son territoire longeant le
lac Tanganyika et frontalier à la RDC est enclavée. L'Angola ne
l'est pas, seulement la partie de son territoire frontalière à la
RDC l'est. L'enclave de Cabinda, partie du territoire angolais ceinturant
entièrement le noyau central de la RDC est ainsi confronté
à une situation quasi permanente d'asphyxie économique
résultant de son enclavement42(*). Cette proximité
géographique entre les Etats de la région explique ainsi une
certaine cohésion sociale et une interdépendance
économique devant être renforcée à travers une
réelle intégration régionale.
L'essentiel des
ressources économiques de la région est concentré dan
cette zone périphérique et ce noyau central. Les ressources
pétrolières et forestières sont localisées dans la
partie Ouest (enclave de Cabinda, Congo-Brazzaville, partie Ouest de la
RDC) ; les ressources forestières et minérales, pierres
précieuses notamment au nord de la RCA et au Sud-ouest du Soudan ;
les ressources agricoles à l'Est (Ouganda, Burundi, et à l'Est de
la RDC), véritable grenier de la région confronté au taux
le plus élevé de la pression démographique de la
région (la densité de plus de 250 habitants au Km2 au
Rwanda et au Burundi) ; les ressources minérales et
pétrolières les plus importantes de la région se trouvent
dans la bande Ouest (Cupper Belt en Zambie et dans la partie Sud-ouest de la
RDC, diamant et pétrole en Angola) ainsi que les immenses
potentialités économiques43(*).
Bien que la région
disposant d'importantes ressources économiques, celles-ci ne sont pas
exploitées à leur juste valeur et font l'objet de divergence
entre les Etats de la région. Certains Etats en tirent profit et
d'autres subissent l'influence des autres et ces ressources demeurent
virtuelles. Cette situation a comme conséquence que la région est
toujours sous-développée car les efforts sont dispersés en
l'absence d'une ferme volonté de tous les Etats à travailler pour
l'intérêt régional.
Cependant, des revendications
sociales et politiques de la population face à leur exclusion politique
et économique, la mauvaise gestion des équilibres ethniques, les
frustrations et l'instrumentalisation de l'identité nationale ont
alimenté l'escalade des crises, vers l'expression violente
transformée en conflits armés. Cette situation a plus
retardé le processus de développement régional.
Les conséquences
humanitaires de la crise se font encore ressentir avec un bilan qui reste un de
plus lourd au monde (près de 1,5 millions de déplacés
internes en RDC, malgré l'augmentation des retours ces dernières
années, 400.000 refugiés congolais ayant fui la guerre entre 1996
et 2003 sont encore présents dans les pays frontaliers de la RDC et
250.000 refugiés burundais sont encore présents en
Tanzanie)44(*).
Les conséquences
économiques et sociales du conflit continuent de peser sur le
redémarrage économique et le développement de la
région. La crise a par ailleurs généré une
économie de guerre d'un type nouveau caractérisée par un
phénomène de pillage des ressources naturelles dans lequel les
pays voisins à la RDC ont été parties prenantes45(*).
II.3. CONTEXTE
POLITIQUE
La région
des grands lacs a connu des guerres et crises qui ont comme soubassement
l'inégale répartition des ressources naturelles. Les Etats moins
riches convoitent les ressources des autres. Ces conflits, à leur tour,
ont généré une situation de sous-développement
accentuée. Certes, il y a également le problème de la
gouvernance et de la distribution du revenu national.
La plupart des pays de la
région ont ainsi connu des crises politiques qui ont
dégénéré soit en conflits armés, soit en
guerre civile de durée inégale, avec comme point de chute des
changements violents des régimes politiques. Il s'agit de l'Angola, de
la République du Congo, de la RDC, de l'Ouganda, du Rwanda et de la
RCA.
Ces crises ont eu comme paroxysme
le génocide rwandais et la guerre en la RDC que d'aucuns ont
appelé « la première guerre mondiale
africaine ». La région des grands lacs, depuis plus de 15 ans,
est un foyer de tensions déstabilisatrices pour l'ensemble de l'Afrique
centrale. Elle a été le théâtre d'un des conflits
armés les plus meurtriers depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La région connaît une sortie de crise
progressive, mais des fragilités demeurent. La crise a eu des effets
déstabilisateurs sur l'ensemble de l'Afrique centrale entre
1993-2002.
La crise commence au début
des années 90 avec la guerre civile au Burundi (octobre 1993) et le
génocide rwandais (avril-juillet 1994). Elle se nourrit de tensions
politiques et ethniques internes aux différents pays de la
région. Ses répercussions atteignent l'Est de la RDC, qui devient
l'épicentre du conflit, lorsqu'en 1997, les troupes de Laurent DESIRE
KABILA renversent le général Mobutu avec le soutien de l'Ouganda,
du Rwanda et du Burundi. Se noue autour de la RDC un complexe jeu d'alliances
impliquant jusqu'à neuf pays de la région. Dans cette optique, la
première guerre du Congo, de 1996 à 1997, au-delà des
raisons évoquées (le démantèlement des camps des
refugiés, la protection des minorités rwandaises), peut
être interprété comme la mise en oeuvre d'un ambitieux
projet régional, sinon comme une tentative pour redessiner la carte de
l'Afrique. Colette BRAECKMAN écrit à
ce sujet que Kigali, à cette époque, ne faisait pas
mystère de son ambition : transformer le Kivu en zone tampon afin
de sécuriser sa frontière, en zone de peuples pour ses nationaux
vivant à l'étroit dans un pays où la densité
démographique est l'une des plus élevées au monde,
dépassant quelque fois les 300 habitants au Km2, mais aussi
en zone d'exploitation économique. Quant
à l'Ouganda, qui invoquait la présence dans le nord-est du Congo
de rebelles menaçant la stabilité des régions
frontalières, il nourrissait également des ambitions
économiques régionales.
Après le
déclenchement des opérations, à l'initiative, donc, du
Rwanda et de l'Ouganda, d'autres pays africains s'engouffrèrent dans la
brèche : l'Angola, le Zimbabwe, l'Afrique du Sud, chacun
doté d'un agenda particulier.
Si Luanda privilégiait la
neutralisation des forces de Jonas SAVIMBI, et cherchait à mettre un
terme au trafic de diamants organisé dans les régions limitrophes
au bénéfice du chef rebelle, pour le Zimbabwe, le Congo
représentait un investissement à long terme, un
débouché pour ses industries de défense ou
manufacturières et pour son savoir-faire minier.
Quant à l'Afrique du Sud,
nouvelle puissance régionale, le Congo incarnait l'étape ultime
du grand trek vers le Nord. Dans les cartons des
entreprises sud-africaines dormaient par ailleurs des plans de restauration et
d'exploitation des capacités de production hydroélectrique du
barrage d'Inga, des projets de remise en état du chemin de fer reliant
le Katanga aux grands ports sud-africains.
Colette BRAECKMAN46(*) fait remarquer que, lors de la
première guerre du Congo, l'idée d'une mise sous tutelle d'un
pays fragmenté, composé de quatre parties distinctes, plus ou
moins supervisées par leurs voisins respectifs, avait fait chemin. Ce
projet de répartition déguisée, porté par des
intervenants africains, était appuyé par certaines
multinationales occidentales, qui estimaient sans doute que l'accès aux
ressources du pays serait, dans ces conditions, rendu plus facile au
dépens des Etats de la région, utilisés comme plate-forme
et dotés de bons systèmes de communication et de transfert.
Désireux de rétablir
son pays dans sa souveraineté, Kabila entendait secouer au plus
tôt la tutelle de ses alliés, refuser le contrôle à
distance, conjuguer le risque de partition.
En 1998, Laurent
Désiré KABILA rompt avec ses anciens alliés qui
interviennent militairement en RDC et soutiennent la formation des rebellions
congolaises. Parallèlement, le Zimbabwe, l'Angola, le Tchad et la
Namibie soutiennent militairement Kinshasa47(*).
Ces interventions se traduisent par une occupation de fait de
plus de la moitié du territoire congolais. Le gel des positions
amène les belligérants à constater l'impossibilité
d'une victoire militaire et des négociations, formalisées par
l'accord de paix de Sun City en avril 2002, mettent fin aux combats. Les
accords de paix entre la RDC et le Rwanda (juillet 2002) puis la RDC et
l'Ouganda (septembre 2002) permettent alors le départ des troupes
étrangères stationnées sur le territoire congolais.
Depuis le règne de Joseph
KABILA , l'on constate l'instauration d'une dynamique nouvelle de dialogue et
de coopération entre les Etats de la région, marquée
notamment par la signature du pacte pour la paix, la sécurité et
le développement dans la région des grands lacs en
décembre 2006 à Nairobi et l'émergence des nouvelles
enceintes de coopération régionale (Commission tripartite plus
CEPGL). La réouverture des ambassades entre la RDC et ses voisins est
également observée ces dernières années.
La conférence
internationale sur la région des grands lacs se présente ainsi
comme une opportunité de renaissance de la région fondée
désormais sur ce pacte qui est assorti des protocoles, et des
mécanismes de coopération et d'intégration
régionale.
CHAPITRE III. LA POSITION
DE LA RDC DANS LA REGION DES
GRANDS LACS
Dans cette partie, nous
présentons la RDC avant d'aborder la question liée à sa
position géostratégique dans la région et analyser les
défis à relever par la RDC pour jouer pleinement son
rôle.
III.1. PRESENTATION DE LA
RDC
La RDC a une
superficie de 2.345.000 Km2 et représente plus de quadruple
de celle de la France, environ 80 fois celle de la Belgique, l'ancienne
puissance coloniale. Elle est aussi le plus grand Etat de la région avec
étendue aussi considérable48(*). La RDC présente plusieurs ressources aussi
bien minières, forestières, agricoles, aquatiques
qu'énergétiques. Elle comprend également une
diversité culturelle exceptionnelle.
Qualifiée
de « scandale géologique » au début du
20ème siècle par un géologue belge, Jules
CORNET, la RDC est un pays nanti des ressources minières, dans la
quasi-totalité de ses provinces49(*). Parmi les plus connues,
il y a lieu de citer le cuivre, le cobalt, l'or, le diamant, le
manganèse, l'étain, le platine, le zinc, la cassitérite,
le coltan, le fer, le nickel, etc.
Aux ressources minières
s'ajoutent les ressources agricoles, aquatiques, forestières et
énergétiques dont il n'existe pas encore un inventaire exhaustif,
même s'il est de bon d'afficher quelques produits phares, liés
à l'exploitation, figurant parfois dans les statistiques.
Par ailleurs, la RDC dispose de
plus de 120 millions d'hectares de terres arables, propices à
l'activité agricole durant toute l'année et de plus de quatre
millions de terres irrigables, à ce jour inexploités.
La diversité climatique est
couplée avec un immense réseau hydrographique articulé
autour du fleuve Congo, de ses affluents et des lacs, permettant dans l'absolu,
3 à 4 récoltes par an des cultures vivrières. Le potentiel
de pèche dans les eaux intérieures est estimé à
plus d'un milieu de tonnes par an. Ses vastes plateaux, montagnes et plaines de
l'Est, constituant un environnement propice à l'élevage.
Les potentialités
énergétiques et hydrauliques sont énormes et encore
inexploitées. Grâce au fleuve Congo dont le débit est de
40.000 m3 par seconde (soit 2ème fleuve du monde
après l'Amazone), la RDC dispose du barrage d'Inga dont la
capacité globale est de 44.000 Mw, soit une puissance susceptible
d'alimenter en électricité toute l'Afrique et au-delà.
Cependant laissé à l'abandon et en piteux état, le barrage
d'Inga n'est que l'ombre de son gigantisme.
Somme toute, la RDC
plongée dans le chaos depuis 1960 cause de la myopie politique de ses
dirigeants et des interventions étrangères, toutes ces richesses
sont virtuelles. D'où la désespérance des congolais qui,
las des promesses fallacieuses, considèrent que ces ressources sont
devenues un boulet qu'ils traînent au fil du temps, c'est-à-dire
sources de tous les malheurs qui accablent le pays depuis
l'indépendance.
En effet, ignorant
l'intérêt général et le bien public, les dirigeants
congolais et les élites à leur dévotion pillent, avec
complicité de leurs alliés étrangers (Etats,
multinationales, mafias, seigneurs de guerre, trafiquants de tout acabit),
chaque jour la RDC, au point de plonger ses populations dans un cycle de
paupérisation sans précédent.
La RDC n'est pas
seulement un scandale géologique, elle est également un
« scandale de diversité ethnique, culturelle, identitaire et
biologique ». Cette diversité est la première richesse
de la RDC dont il est urgent d'assurer la défense et de promouvoir les
intérêts au nom du principe de l'unité dans la
diversité50(*).
Il s'agit d'un pari sur le futur,
pour inventer la République « cosmopolite » que nous
appelons de nos voeux, sous forme e l'Etat multinational.
III.2. LA POSITION
GEOSTRATEGIQUE DE LA RDC DANS LA REGION
Outre ses
ressources agricoles, minières, forestières, aquatiques, etc.,
c'est la position géostratégique de la RDC au centre de l'Afrique
qui amplifie plus son attractivité au monde que bien d'autres pays de la
région tel que le Soudan. Avec ses 2.345.000
Km2, la RDC a les allures d'un sous-continent. Telle une plaque
tournante, elle partage sa frontière avec neuf pays, à savoir la
République du Congo, l'Angola, la Zambie, la Tanzanie, le Rwanda, le
Burundi, l'Ouganda, le Soudan, la République centrafricaine. Pôle structurant, elle appartient à
quatre polarités ou sphères d'influence différentes :
l'Afrique centrale, la région des grands lacs, l'Afrique australe et le
golfe de guinée. De ce fait, la RDC est la
jonction de l'Afrique minière (du cap à Libreville) ; de
l'Afrique pétrolière (de Luanda à Lagos) ; de
l'Afrique forestière, centre du bassin du Congo, elle couvre 45% de
l'Afrique de savane dite agricole et pastorale (de Dar-es-Salam à
Asmara)51(*).
Stratégique de par sa
position géographique, la RDC l'est aussi par l'abondance et la
variété de ses richesses naturelles. Elle recèle non
seulement la moitié des réserves mondiales de cobalt,
métal hautement prisé dans l'aéronautique, mais s'impose
comme l'un des quatre principaux producteurs de diamant brut avec le Botswana,
l'Australie et la Russie.
C'est la mine de Shinkolobwe au
Katanga que provient l'uranium qui servit à la fabrication des bombes
atomiques de Nagasaki et d'Hiroshima. A ces atouts
s'ajoutent la fertilité de ses sols abondamment arrosés et la
détention du pactole de l'eau, de ses fleuves convoitée du Nord
au Sud du continent avec comme corollaire la possession d'un potentiel
hydroélectrique considérable.
Cet Etat affaibli qui est devenu
le Congo occupe cependant une position géostratégique clé
au centre de l'Afrique. Non sans raison,
l'écrivain Frantz FANON avait présenté ce pays comme la
gâchette du continent. De la stabilité du Congo dépend
celle de neuf pays voisins, parmi lesquels deux producteurs importants
d'hydrocarbures : le Congo-Brazzaville et surtout l'Angola.
Riche et
faiblement peuplée par rapport à ses trois voisins des grands
lacs (Rwanda, Burundi et Ouganda), la RDC attire, depuis l'indépendance,
des migrations en provenance de ces pays surpeuplés, où
l'accès à la terre est un problème majeur.
Pour l'Afrique australe qui
souffre de sécheresses chroniques et d'un déficit
énergétique, les ressources en eau et le potentiel de houille
blanche que recèle le Congo représentent également un
enjeu majeur. Pour la plupart de ses voisins, les richesses du Congo ont
largement contribué à motiver leur engagement militaire durant
les deux conflits qui ont endeuillé le pays (1996-1997 et 1998-2003).
La taille du
pays et sa localisation centrale sur le continent africain explique
également la raison pour laquelle la RDC est considérée
comme un acteur clé de l'intégration politique et
économique africaine même s'il est encore loin d'être en
mesure de jouer pleinement son rôle.
Depuis 1976, la RDC est en effet
membre, avec deux de ses voisins de l'Est, le Rwanda et le Buruni, de la
communauté économique des pays des grands Lacs (CEPGL), dont il
héberge le siège de la Banque à Goma. Depuis la fin, en 2003, du conflit qui les a
opposés, les trois pays tendent de relancer la coopération
régionale.
La RDC est aussi fondatrice d'une
organisation régionale, plus vaste, créée en 1983 :
la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) qui, outre
ces trois Etats, regroupe l'Angola, le Cameroun, la Centrafrique, le
Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée-Equatoriale ainsi que le Sao
Tomé e Principe.
En septembre 1997, elle
adhère à la communauté de développement de
l'Afrique australe (SADC), dont la coopération recouvre, outre les
aspects économiques (énergies, commerce, transports, eau) des
aspects politiques et sécuritaires. Cet espace comprend, outre la RDC,
l'Angola, l'Afrique du Sud, le Botswana, le Lesotho, le Malawi, l'île
Maurice, le Mozambique, la Namibie, le Zimbabwe. L'adhésion de la RDC
à la SADC se justifie également par le fait qu'en raison de
détérioration progressive de la voie nationale, la plus grosse
partie des exportations minières provenant du Katanga est
évacuée par chemin de fer vers les ports sud-africains de Durban
et port-Elisabeth, voire par celui de Beira au Mozambique.
Le Congo, en raison de ses
ressources en eau et en électricité, est un partenaire important
de la stratégie des organisations sectorielles créées par
la SADC tels que le Southern African Power Pool (SAPP) ou le Southern African
Transport Communications Committee (SATCC).
La RDC, sous la présidence
de Laurent Désiré KABILA, a accueilli le 29 juin 1998 la
troisième conférence, une conférence à
caractère essentiellement commercial du marché commun de
l'Afrique australe et orientale (COMESA). Il regroupe une partie des Etats
membres de la SADC (Angola, RDC, Malawi, Maurice, Namibie, Swaziland, Zambie et
Zimbabwe) ainsi que Djibouti, Egypte, Erythrée, Ethiopie, Kenya,
Madagascar, Ouganda, Rwanda, Seychelles et Soudan, soit 18 pays au
total52(*).
III.3. LE DEFI A RELEVER
PAR LA RDC DANS LA REGION
III.3.1. Les défis
L'un des
défis majeurs auxquels la RDC fait face dans la région est
l'absence d'une puissance douce (soft power) tel qu'envisagée par Joseph
NYE devant l'aider à résoudre les problèmes du
sous-développement et à jouer pleinement et efficacement son
rôle dans la région.
Joseph NYE formalise le concept de
« soft power » qu'il oppose au « hard
power » traditionnelle, constitué par l'usage des moyens
classiques de coercition. Il s'attache ainsi à démontrer que
l'exercice de la puissance brute (encore appelée Hard power) se
révèle dorénavant beaucoup plus couteux que l'exercice du
« soft power » par lequel une nation parvient à
faire partager ses options à travers l'acceptation d'un ensemble de
valeurs allant de l'attirance culturelle à l'idéologie53(*).
C'est ce qu'il appelle le principe
de cooptions défini comme la capacité pour une nation de se
montrer capable de structurer une situation de telle sorte que les autres pays
fassent des choix ou définissent des intérêts qui
s'accordent avec les siens propres. Ce thème amène Joseph NYE
à considérer que la culture et l'idéologie d'un Etat
dominant sont attirantes, les autres nations adoptent volontiers. L'universalité de la culture d'un pays et sa
capacité de fixer un ensemble de règles et d'institutions qui lui
sont favorables représentent d'importantes sources de puissance.
L'absence d'une puissance
régionale dont devait disposer la RDC réduit ainsi son influence
et son rôle de pôle de développement dans la
région. La puissance douce pourra permettre
à la RDC de bien contrôler l'espace régional et de
maintenir les enjeux régionaux dans une perspective de
développement.
En effet, s'arrêter
seulement sur l'une de neuf frontières internationales parait non
seulement réducteur mais aussi biaisé. Les ressources
minières de la RDC font désormais l'objet de
préoccupations diplomatiques dans nombre de ses relations
bilatérales avec des pays voisins à l'Est et à l'Ouest de
la République.
Et si chacune de ses neufs
frontières constitue un espace transfrontalier, la question de la
gestion des ressources minières dans les espaces transfrontaliers de la
RDC devrait bénéficier d'une approche globale.
Pour le cas de ses
frontières internationales orientales, la RDC a désormais des
problèmes avec le Rwanda avec lequel elle partage les ressources
énergétiques dont le gaz méthane du lac Kivu et l'Ouganda
avec lequel la RDC partage une nappe commune du pétrole du lac Albert.
En outre, il y a la Tanzanie avec laquelle la RDC partage le
port de Kigoma dans l'océan indien qui ouvre la RDC au Moyen-Orient et
en Asie du Sud-est ainsi que les eaux et les ressources du lac Tanganyika sans
taire les eaux du Nil avec le Soudan et les autres pays littéraux. A l'ouest par l'océan atlantique, la RDC
partage avec l'Angola le pétrole et les autres ressources halieutiques
auxquelles il faut ajouter le diamant. Ce dernier est à la base des
disputes actuellement autour de la localité frontalière de
Kahemba.
Avec le Congo-Brazzaville,
l'île de Mbulambemba fait problème entre les deux Etats.
L'intérêt de cette présentation est à rechercher
dans le lien qu'il convient d'établir entre le contexte de guerre de la
région des grands lacs en RDC et l'exploitation de toutes les
ressources. Par ailleurs, il apparaît clairement qu'à cet
égard les espaces frontaliers de la RDC avec ses multiples voisins sont
constitués par les lacs, les fleuves et les océans, et que
là où l'exploitation minière ferait l'objet des projets
communautaires, l'enjeu devient la contestation des frontières.
C'est le cas pour les mines de
diamant avec l'Angola, de mines d'or avec l'Ouganda et de mines de
cassitérite, de coltan et de l'or avec le Rwanda à
l'intérieur des frontières de la RDC dans l'espace
désormais transfrontalier du déroulement de la guerre de grands
lacs et des autres guerres du Kivu, mais aussi de la présence des forces
négatives rwandaises, occupants illégaux et criminels de triste
mémoire54(*).
Ainsi, l'intégration
régionale dans le contexte de la mondialisation demeure une voie de
reconfiguration de l'Etat là où les contraintes externes
entravent son affirmation et sa présentation à la puissance. Certes, l'intégration économique et ses
doctrines fonctionnalistes ou néo-fonctionnalistes est avant tout une
théorie politique et non une théorie économique et sa mise
en oeuvre passe par l'organisation avant tout de la coopération en vue
des interdépendances d'une ou des relations commerciales55(*).
L'adoption d'une nouvelle vision
stratégique est un atout pour la RDC afin de travailler ou refaire le
retard pris par rapport au temps régional et mondial.
Naturellement, le développement régional
réel passe par la mise en place des structures efficientes, à
savoir :
Ø La restructuration organique en réorganisant
la structure des affaires étrangères ; c'est l'exemple de
l'institutionnalisation d'un ministère de l'intégration
régionale, la création du vice-ministre des congolais à
l'étranger, la mise sur pied de l'académie diplomatique ;
Ø La redéfinition de la relation avec les
partenaires, l'ouverture aux investisseurs étrangers, la normalisation
des relations avec les pays limitrophes, la présence aux fora
internationaux.
Contrairement à l'époque de la deuxième
République où les objectifs de la politique extérieure de
la RDC étaient clairs et définis sur base d'un environnement
stable, ces objectifs sont actuellement flous car l'environnement
géopolitique de la RDC est incertain et les ressources allouées
à la défense du pays du pays sont moins importantes. La seule
certitude pour la RDC reste sa position comme grand pôle de
développement situé au centre de l'Afrique56(*).
Dans cette perspective, l'enjeu principal de notre diplomatie
est avant tout économique et incline à ce que nous subissions la
région mais par contre que nous puissions conquérir la
région en douceur au moyen de « smart diplomacy »
(la diplomatie intelligente). La réforme de la politique
étrangère de la RDC s'impose par le devoir national de prendre en
compte le nouvel environnement régional, qui a additionné aux
contours et défi du nouveau contexte, oblige la RDC à
définir et à se déterminer par rapport à cette
nouvelle histoire et géopolitique régionale.
La
problématique de la gestion coopérative des ressources
transfrontalières en Afrique des grands lacs ne laisse pas de
côté l'intention d'une nouvelle économie politique. Elle
pose ainsi en raison du besoin général de reconfiguration de
l'Etat dans le nouveau contexte de l'économie mondiale. Naturellement
dans le cadre de la CEPGL, il existe des projets communautaires comme la
SINELAC principalement pour la RDC, le Burundi et le Rwanda. Mais le fait de
travailler sur le projet commun n'empêche pas aux Etats de soutenir les
rebelles et autres gangsters dans la région.
Avec l'Angola, la RDC avait
établi de zones d'exploitation commune du pétrole alors que
n'étaient pas encore tracées ses frontières maritimes.
Cela n'aura pas suffi à faciliter les travaux de délimitation du
plateau continental et aussi des frontières maritimes de la RDC57(*).
Le pacte de Nairobi conclu dans le
cadre de la CIRGL sous l'égide de l'ONU par les 11 Etats de grands lacs
africains et du champ et qui crée une zone commune de paix et de
développement autour des projets intégrateurs n'aboutit pas
à l'émergence d'une économie régionale. Le constat
est que l'abondance et l'immensité des ressources naturelles ne
créent pas les conditions de l'intégration économique
régionale mais plutôt la rationalisation des politiques
économiques des Etats à vocation de constituer et de servir des
marchés régionaux. Tout est fonction de la création d'une
division régionale du travail tenant compte de la spécialisation
des économies de l'espace capable d'engendrer un commerce
interrégional. Il y a également la stratégie de la
sécurité économique collective régionale face
à la concurrence ou à la compétition mondiale des
entreprises multinationales. La recherche de la puissance demeure ainsi
cruciale pour déterminer l'influence de la RDC en matière de
politique économique à l'échelle régionale et
neutraliser tous les acteurs ou circonstances défavorables au
développement régional.
NGOIE
TSHIBAMBE58(*) pense qu'il
est important pour imprimer une orientation à sa politique
étrangère. Dans son schéma qui découpe l'Afrique en
trois cercles concentriques, il dégage que chaque entité a des
priorités spécifiques et cela exige un pouvoir de
coopération ou de séduction (soft power) capable de restructurer
la région. La zone concentrique A qui est une zone de haute
sensibilité stratégique est celle qui regroupe les Etats
frontaliers de la RDC. Celle-ci présente des priorités
économiques et sécuritaires. Cependant, dans ces seconde et
troisième zones, les priorités seront d'ordre économique.
La promotion de la coopération bilatérale et multilatérale
entre la RDC et ses partenaires extérieurs est un objectif prioritaire.
Au-delà des priorités d'ordre économique, la RDC ne peut
pas se passer de jouer un rôle politique en Afrique. La recherche d'exercer un contrôle
calculé sur d'autres Etats africains devient une priorité car
l'influence politique implique une nécessité pour ce pays de
soigner son image et d'avoir une politique active dans des organisations
internationales. La coopération
bilatérale permet de relancer les échanges frontaliers
après rupture avec les voisins.
De nos jours, les zones
frontalières du Congo avec les Etats limitrophes sont l'objet d'intenses
échanges transfrontaliers qui s'effectuent sous le régime de
commerce informel. Des commissions mixtes avec chacun des pays limitrophes sont
importantes pour le règlement, la facilitation et l'encadrement des
échanges sur le plan économique. La
maitrise des interactions économiques permet d'éviter que le
territoire d'un Etat limitrophe qu'offre comme un sanctuaire aux opposants pour
déstabiliser d'autres Etats. D'où, l'intérêt des
accords en matière de sécurité. Les potentialités économiques et la
dimension géographique de la RDC prédestinent ce pays à
devenir un Etat leader. Cela suppose, pour la RDC, des reformes aussi de
l'administration (gouvernance) que du secteur de la sécurité.
a) Reforme de la
gouvernance
Par reforme de
la gouvernance, il faut entendre une administration qui passe par des
paperasses au réalisme, une administration qui met au plus au point
l'intérêt général et qui ne tolère pas le
détournement. La démocratie et le respect des droits humains ne
sont que des principes à respecter.
En effet, les causes internes des
conflits en RDC ont été identifiées59(*). Il s'agit de la faiblesse de
l'Etat, de la crise de légitimité du pouvoir politique, de
l'absence de la démocratie participative et de l'Etat de droit, bref de
la mauvaise gouvernance. Cependant, la décentralisation est
perçue comme la reforme majeure destinée à refonder l'Etat
autour de la quête de la construction de la puissance nationale en vertu
des agressions armées subies et dans le but de renforcer
l'intégrité territoriale par le renforcement et la surveillance
des frontières.
La décentralisation permet
également de mieux assumer la géographie, de crédibiliser
la démarche diplomatique et de justifier les options économiques
et sécuritaires dans une région rivale et compétitive
où toutes les politiques des Etats obéissent au triple
impératif du destin géographique, de l'obligation identitaire et
de la guerre des ressources naturelles.
b) La reforme du secteur de
la sécurité
Le processus
d'interaction consiste à l'identification, la sélection, le
brassage et le recyclage des éléments éligibles dans le
cadre de la mise sur pied d'une nouvelle armée nationale pouvant
faciliter la création des conditions de sécurité
indispensables.
La structure militaire d'intégration (SMI)
créée par le décret n°04/014 du 26 janvier 2004 et
rendue opérationnelle en 2004 par le décret n°4/039 du 13
mai 2004 fut instauré pour la reforme de l'armée. Dans cette
optique, le lancement de la reforme a connu une année de retard à
ses débuts et celui-ci s'est répercuté sur la suite des
activités. La SMI collaborait avec le Ministère de la
défense et la commission nationale du désarmement, de la
mobilisation et de la réinsertion (CONADER)60(*).
L'observation de l'état de
lieu de la reforme du secteur de sécurité en RDC met en
évidence des progrès accomplis mais aussi à relever. Parmi
ces derniers, quatre méritent une attention particulière dans la
perspective de garantie démocratique : la nécessité
d'accélérer le processus de brassage, et de mettre fin aux
structures de commandement parallèles, l'amélioration des
conditions de vie et de travail des soldats, le renforcement de la
cohérence et de la coordination des appuis extérieurs, adopter
une approche globale du secteur de la sécurité.
La stratégie militaire est l'un des facteurs de la
puissance d'un Etat pour permettre la survie du principe de coexistence
pacifique entre les Etats dans cette catégorie où figurent les
Etats qui sont en mesure de jouer un rôle régional et
sous-régional, c'est-à-dire d'intervenir dans toutes les parties
de la région ou de la sous-région selon le cadre de besoin. Il
peut s'agir d'interventions militaires, mais aussi bien d'interventions
politiques ou diplomatiques, économiques ou idéologiques. La sécurité implique ainsi
l'armée, la police, la justice, le renseignement et les maisons
carcérales (prisons). En RDC, ces secteurs sont en état de
précarité et méritent ainsi d'être reformés
pour mieux permettre à l'Etat de relever et devenir un Etat de droit.
CONCLUSION
Notre
étude a porté sur « le rôle et la place de la
position géostratégique de la RDC dans le développement de
l'Afrique des grands lacs ». Il a été question
d'étudier l'importance de la RDC du fait qu'elle a des atouts naturels
susceptibles de lui permettre de contribuer efficacement au
développement de la région. Notre souci était de savoir
pourquoi la RDC est considérée comme un pôle susceptible de
promouvoir le développement dans la région des grands lacs.
Certainement, nous voulions comprendre de quelle manière ce pays peut
réellement jouer son rôle dans la région des grands lacs.
Nous avons utilisé la
méthode géopolitique pour atteindre nos objectifs. La technique
documentaire et la technique d'entretien nous ont permis de récolter les
données. Ainsi, pour analyser les données, nous avons
utilisé la technique d'analyse du contenu.
A l'issue de
l'interprétation des données, nous avons retenu que la RDC est un
pôle important pour le développement dans la région des
grands lacs. Ses potentialités sont notamment sa situation
géographique au centre de l'Afrique, la diversité des ressources
naturelles, énergétiques, culturelles, aquatiques et
agricoles.
Cependant, nous avons
remarqué que tous ces atouts ne sont que virtuels ou non
exploités et par conséquent, la RDC ne joue pas réellement
son rôle de pôle de développement.
Dès lors, la recherche
d'une puissance douce, de séduction ou de coopération (soft
power) est capitale pour permettre à la RDC
de jouer effectivement son rôle dans la région. Toutefois, cette
puissance suppose la refondation de l'Etat à
travers une bonne gouvernance et la reforme du secteur de la
sécurité pour assurer la paix et la sécurité, gage
du développement régional. La mise en
place des structures efficaces prenant en compte la restructuration organique,
la structure des affaires étrangères et la redéfinition de
la relation avec les partenaires, l'ouverture aux investisseurs
étrangers, la normalisation des relations avec les pays limitrophes et
la présence aux fora internationaux sont des enjeux très
importants dans cette dynamique.
Eu égard à ce qui
précède, nous constatons que nos hypothèses sont
vérifiées. Toutefois, nous n'avons pas exploité la
problématique de la pauvreté dans la région des grands
lacs. Nous invitons ainsi d'autres chercheurs à se pencher sur cette
question pour nous compléter.
BIBLIOGRAPHIE
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1. ALBERTINI J., Les
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économique, Paris, éditions ouvrières, 1967.
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la République (S/dir.), La RDC à l'heure de la
reconstruction, Kinshasa, 2007.
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Organisation politico-administrative et développement : cas de
la République du Zaïre, éditions Bushiru, Kinshasa,
1993.
4. CROSS M. F. et MISSER F.,
Géopolitique du Congo (RDC), Bruxelles, éditions Complexe,
2006.
5. DEPELTEAU F., La
démarche d'une recherche en sciences humaines : de la question de
départ à la communication des résultats,
Québec, De Boeck, 2000.
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Dictionnaire de sociologie, Paris, 3ème
édition, Arman Colin, 2002.
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Paris, Dalloz, 2001.
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Dictionnaire de géopolitique, Paris, Flammarion, 1993.
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Economie internationale, Paris, 7ème édition,
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10. LUKUNDA VAKALA, La
conférence internationale sur la paix, la sécurité, la
démocratie et le développement dans la région des grands
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redécollage de la RDC, Kinshasa, éditions CEDS, 2004.
11. LUNANGA BUSANYA J.,
Géopolitique et conflits identitaires en RDC, Kinshasa,
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12. MWAYILA TSHIYEMBE, Etat
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politique, Paris, L'Harmattan, 2001.
13. NGOIE TSHIBAMBE G., La RDC
dans les relations interafricaines. La trajectoire d'une impossible quête
de puissance, Lubumbashi, éditions Laboratoire des Sciences Sociales
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recherche scientifique en éducation, Academica-Louvain, s.a.
15. NORRO M., Le rôle du
temps dans l'intégration économique, Louvain, Nauwelaerts,
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16. PINTO R. et GRAWITZ M.,
Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, tome 1, 1964.
17. QUIVY R. et CAMPENHOUDT,
Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, 1988.
18. REMACLE E. et ROSOUX V.
(S/dir.), L'Afrique des grands lacs. Des conflits à la paix,
Bruxelles, PIE Peler Lang, 2007.
19. RFI, Afrique des grands
lacs. Comprendre la crise, Paris, éditions IPP, 2003.
20. ROCHE J.J., Théories
des relations internationales, Paris, Montchrestien, 6ème
édition, 2006.
21. SHYAKA A. et RUTEMBESA
(S/dir.), Afrique des grands lacs : sécurité et paix
durable, Butare, éditions UNR, 2004.
22. SMOUTS M. et alii, Dictionnaire des relations
internationales, Paris, Dalloz, 2006.
II. TRAVAUX SCIENTIFIQUES
II.1. MEMOIRES ET TRAVAIL DE
FIN DE CYCLE
1. BALAGIZI BYAMUNGU S.,
Nouvelles dimensions de sécurité collective dans les grands
lacs, Mémoire en RI, Inédit, UOB, 2009-2010.
2. BYOSHIBINJA CHIBIKWA, Le
transculturalisme et les perspectives de paix dans la sous-région des
grands, Mémoire en EI, Inédit, UOB, 2009-2010.
3. KARHAGALA MUSHI, Les
mécanismes de sécurité collective des nations Unies et les
conflits politiques dans la sous-région des grands lacs,
Mémoire en RI, Inédit, UOB, 2009-2010.
4. MAKALA KIRHERO F., Les
conflits armés et le défi de développement des pays des
grands lacs, TFC en RI, Inédit, UOB, 2007-2008.
5. NTUMBA BUKASA E., La RDC et
le processus d'intégration des pays des grands lacs comme voie de sortie
de la crise sécuritaire régionale, Mémoire de Master
en Administration publique, Promotion Willy Brandt, 2007-2009.
II.2. REVUE ET ARTICLE
1) LUKIANA MABONDO M.,
« Les influences étrangères en Afrique centrale. Un
facteur de stabilité régionale et d'une paix durable »
in conditions d'une paix durable en Afrique centrale, Faculté de
droit, éditions UPC, 2003.
III. ACTES ADMINISTRATIFS
1. CIRGL, Pacte sur la
sécurité, la stabilité et le développement de la
région des grands lacs, RDC, CNP, 2007.
IV. SITE INTERNET
1. www.dachary.org/geopolitique.htm
TABLE DES MATIERES
Epigraphe.................................................................................................I
In memoriam
.........................................................................................................
.....II
Dédicace..............................................................................................
.... III
Remerciements........................................................................................
IV
Sigles et
abréviations...............................................................................................VI
INTRODUCTION
1
1. CHOIX ET INTERET DU SUJET
1
2. DELIMITATION DE L'ETUDE
1
3. PROBLEMATIQUE 2
4. HYPOTHESES 4
5. ETAT DE LA QUESTION
5
6. METHODOLOGIE 8
6.1. Méthode 8
6.2. Techniques 8
6.2.1. Techniques de récolte des
données 9
6.2.1.1. La technique
documentaire 9
6.2.1.2. La technique
d'entretien 9
6.2.2. Technique d'analyse des
données 9
7. DIFFICULTES RENCONTREES
10
8. SUBDIVISION DU TRAVAIL
10
CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE ET
CONCEPTUEL
11
I.1. DEFINITION DES CONCEPTS
11
I.1.1. Le développement
11
a) Conception courante ou
vulgaire
11
b) Conceptions économiques,
scientifiques et opératoires du développement
12
c) La thèse des
spécificités des modèles et des critères du
développement ou conception culturelle
13
I.1.2. Développement
durable
14
I.1.3. Intégration
14
a) Intégration comme
but
14
b) Intégration comme
processus
15
c) L'intégration régionale
comme processus
15
d) L'intégration régionale
comme moyen de développement
16
I.1.4. Intégration
régionale
26
a) L'intégration économique
régionale 17
b) L'intégration
politico-institutionnelle régionale 17
I.1.5. La
géostratégie 18
I.2. CADRE THEORIQUE 19
I.2.1. Les théories de la
coopération et de l'intégration 19
a) Le fonctionnalisme
20
b) Le
néo-fonctionnalisme
20
c) Le fédéralisme
participatif 21
d) L'intergouvernementalisme
22
I.2.2. La théorie de la
stabilité hégémonique
23
CHAPITRE II. PRESENTATION DE LA REGION DES
GRANDS LACS 25
II.1. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE
25
II.2. CONTEXTE SOCIAL ET
ECONOMIQUE 26
II.3. CONTEXTE POLITIQUE
28
CHAPITRE III. LA POSITION DE LA RDC DANS LA
REGION DES GRANDS LACS
31
III.1. PRESENTATION DE LA RDC
31
III.2. LA POSITION GEOSTRATEGIQUE DE LA RDC
DANS LA REGION 33
III.3. LE DEFI A RELEVER PAR LA RDC DANS LA
REGION 35
a) Reforme de la gouvernance
39
b) La reforme du secteur de la
sécurité 40
CONCLUSION 42
BIBLIOGRAPHIE 44
TABLE DES MATIERES 47
ANNEXES
* 1 RFI, Afrique des grands
lacs. Comprendre la crise, Paris, éditions IPP, 2003, p.92.
* 2 CIRGL, Pacte sur la
sécurité, la stabilité et le développement de la
région des grands lacs, RDC, CNP, 2007, pp. 3-4.
* 3 F. DEPELTEAU, La
démarche d'une recherche en sciences humaines : de la question de
départ à la communication des résultats,
Québec, De Boeck, 2000.
* 4 A. SHYAKA et RUTEMBESA
(S/dir.), Afrique des grands lacs : sécurité et paix
durable, Butare, éditions UNR, 2004, p.267-269.
* 5 CIRGL, Op. Cit., p.3.
* 6 QUIVY et L.V., Manuel de
recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, 1988, p. 104.
* 7 D. BYOSHIBINJA CHIBIKWA,
Le transculturalisme et les perspectives de paix dans la sous-région
des grands lacs, Mémoire en RI, UOB, 2009-2010, Inédit.
* 8 S. BALAGIZI BYAMUNGU,
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