1.3 Problématique
Le Niger est un pays sahélien où l'eau constitue
un facteur limitant. Cette situation devient plus complexe dans les
régions des socles où les conditions hydrogéologiques sont
peu favorables. C'est le cas du sud Maradi, de l'Air, du Liptako et du
Damagaram Mounio.
La communauté urbaine de Zinder repose sur le socle
granitique du Damagaram Mounio. La géologie dans cette zone
composée de matériaux à base granitique constitue un
obstacle pour les ressources en eau.
Les nappes souterraines ne sont pas continues mais
localisées dans des fractures et autres altérations granitiques.
L'absence d'un cours d'eau important expose cette cité prestigieuse,
à la pénurie d'eau. Depuis la période coloniale, les
problèmes d'eau se sont posés. Selon Keita Lalo (1987), depuis
que le poste militaire de Zinder existait, la question de l'alimentation en eau
avait retenu l'attention des autorités militaires. Malgré les
comptes rendus d'études et rapports faits à ce sujet notamment
par Reformastsky (1931) et Malavoy (1932), aucune solution définitive
n'a été trouvée. En Mai 1935, Lambert prescrivait l'achat
des camions citernes destinés au transport d'eau de la source de Mirriah
à Zinder, sur une distance de 20 km. Cette eau était en fait
surtout destinée à alimenter la minorité européenne
résidente à Zinder. En 1926, la contrainte a poussé
l'autorité coloniale à déplacer la capitale de Zinder
à
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Niamey, situé au bord du fleuve Niger. Dans les
années 1940, les camions citernes et des camions transportant des
fûts métalliques acheminaient l'eau de Kagna et Mirriah à
Zinder.
La pénurie d'eau persistante a poussé les
autorités coloniales à mener des études, c'est ainsi que
Greigert a proposé en 1953, suite aux forages de reconnaissance de Gogo,
la réalisation de 19 forages pour alimenter la ville en eau potable. Un
réseau d'adduction d'eau a ainsi pu être mis en service. Dans les
années 1970, le champ de captage de Machaya est à son tour devenu
fonctionnel, permettant ainsi une meilleure alimentation de la ville
jusqu'à dans les années 1980. A partir de cette période,
le problème d'eau s'est de nouveau posé avec acuité. La
raison souvent évoquée est la péjoration de climat avec
son influence sur les nappes. On assiste dans ce cas de figure à une
inadéquation entre la capacité de production en eau et les
besoins de la ville.
En 1993, la population de la ville de Zinder est
estimée à 161 800 (Sahel dimanche N°394, Septembre, 1992).
Les besoins moyens en eau de cette population sont de 8 358 m3/jour. La
capacité de production en année normale de Gogo et Machaya est de
7 000 m3/jour d'où un déficit théorique de 1 353m3.
Pendant cette période, en analysant les problèmes de production,
la société nationale des eaux (SNE) section de Zinder a
préconisé des mesures d'économie pour faire face à
la pénurie d'eau qui sévit dans la ville. On peut citer, entre
autres, la réduction de gaspillage observé dans les
bâtiments administratifs, l'interdiction des cultures de contre saison
avec l'eau de robinet, la réduction ou la suspension de certains
arrosages dans la zone industrielle, la sensibilisation de la population
à l'économie de l'eau et la possibilité de
réhabilitation du forage de Garin Malam pour servir d'abreuvoir aux
animaux. Elle établit en même temps un programme de distribution
d'eau par zone. Des camions citernes sont aussi utilisés pendant les
périodes des grandes canicules où les besoins en eau sont plus
importants. Dans cette situation, la nécessité de trouver une
solution s'est imposée. Ce qui fut fait en 2005 avec l'exploitation de
la nappe d'Aroungouza qui a permis l'augmentation de la capacité
d'alimentation de la ville.
A partir de la mise en service de ce champ du captage, la
disponibilité s'est améliorée à la satisfaction de
la population pendant quelques années. Mais la croissance
démographique de la ville dont les effectifs sont passés de 213
000 habitants (RGP/H, 2001), 265 628 habitants en 2010 (INS, 2010)
consécutivement à l'exode rural et à la
fécondité élevée de la ville engendre une demande
élevée en eau pour la ville mais aussi pour les 32 villages
raccordés aux conduites provenant des stations de Gogo-Machaya et
Aroungouza. Ces villages de la
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périphérie de Zinder s'approvisionnent à
partir du réseau d'adduction d'eau potable destinée pour la
population de la ville. Le raccordement de ces villages diminue la
capacité d'alimentation de la ville en eau potable reposant à
nouveau le problème de l'eau. C'est pourquoi la relative accalmie
observée se trouve compromise. Le déséquilibre entre les
besoins en eau et l'offre en eau se crée. La croissance de la ville pose
aussi un autre problème qui est celui de l'extension du réseau
d'eau potable. En effet, plusieurs quartiers périphériques se
trouvent privés de connexion au réseau d'eau potable. Dans
certains quartiers anciens, c'est plutôt la trame
irrégulière qui constitue un obstacle important à son
développement. Là où il existe(le réseau), le
coût à supporter par un ménage pour se raccorder est trop
important pour que la majorité puisse y avoir accès.
Les ménages ne possédant pas un branchement
particuliers s'approvisionnent auprès des bornes fontaines ou
auprès de revendeurs avec tout ce que cela comporte comme
difficulté : distance, le coût élevé, mauvaise
qualité de l'eau, la longue file d'attente.
Dans ce contexte où la disponibilité en eau
potable pour la ville est problématique et l'accès au
réseau d'eau potable n'est pas à la portée des
ménages à faible revenu, le quartier Garin Malam n'est-il pas un
cas privilégié pour comprendre le problème d'accès
à l'eau potable dans la ville de Zinder ? En effet, Garin Malam est un
quartier péricentral, situé en grande partie sur la pente du
plateau qui fait plus de 450 m d'altitude, ce quartier fait partie de la zone
haute de la ville de Zinder.
Dans les années 1980, ce quartier possédait un
système d'alimentation autonome. Ceci a été mis en place
pour permettre une bonne alimentation du quartier en eau potable mais aussi
pour augmenter la capacité de la production en eau de la ville de
Zinder. En 1989, suite à une analyse physicochimique, il a
été constaté une concentration élevée en
nitrate. Ce qui est un danger pour la santé de la population. C'est
pourquoi, le système a été mis en arrêt. Depuis
lors, le quartier est alimenté par le réseau qui alimente
l'ensemble de la ville. Cette liaison du quartier au système
général d`alimentation de la ville n'est pas sans
conséquence, car le problème de disponibilité se pose avec
acuité surtout pendant les mois de Mars, Avril, Mai.
Dans ce quartier aussi la majorité des chefs de
ménage exerce dans les activités informelles précaires ;
petit commerce, cordonniers,... Ce qui fait que l'accès aux services de
base devient difficile pour les ménages. Avec plus de 20 000 habitants,
le quartier ne compte que
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127 branchements particuliers ; 14 bornes fontaines actives. Au
vu de tout, ce qui précède, un certain nombre de questions se
pose :
Qu'est ce qui explique le problème d'eau potable dans le
quartier Garin Malam?
Quels peuvent être les impacts spatio-démographiques
sur la disponibilité en eau potable dans la ville de Zinder en
général et dans le quartier Garin Malam en particulier ?
Quel est impact de la pauvreté de ménages sur
l'accès à l'eau potable dans le quartier Garin Malam?
1.3.1 Hypothèses
y' La croissance démographique et spatiale de la ville de
Zinder accentue le problème de
disponibilité en eau potable dans la ville en
général et le quartier Garin Malam en particulier.
y' Le faible équipement en infrastructures hydrauliques et
la précarité des conditions de vie des ménages limitent
leur accès à l'eau potable.
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