La littérature économique distingue deux
définitions de la liquidité : une définition
étroite appelée « liquidité de financement » et
une définition plus large qui renvoie beaucoup plus à la «
liquidité des marchés ».
Au sens étroit, la notion de liquidité recouvre
les espèces ou les actifs susceptibles d'être convertis rapidement
en espèces et détenus à cet effet pour satisfaire les
demandes de retraits de fonds à court terme émanant des
contreparties, ou pour couvrir leurs opérations. Dans cette approche, la
liquidité est principalement liée à l'activité de
transformation traditionnellement pratiquée par les banques.
Au sens large, la liquidité correspond à la
capacité des banques à liquider un actif non
monétaire, par exemple un titre d'investissement acquis à
l'origine pour être détenu jusqu'à
l'échéance, dans le cadre d'une opération de refinancement
en monnaie banque centrale. La liquidité des marchés est au coeur
des préoccupations de stabilité financière des banques
centrales. L'absence de liquidité des marchés peut non seulement
engendrer une inefficience des marchés, mais sa disparition soudaine sur
un marché peut aussi dégénérer en crise
systémique.
Réalisé par OUONOGO Souleymane 8
ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE DANS
L'UEMOA
? La liquidité de
financement10
La liquidité de financement se réfère
à la liquidité nécessaire pour honorer les demandes de
retrait à court terme des contreparties, ou pour couvrir leurs
opérations (VALLA &al, 2006). Selon cette acception, un
établissement bancaire est dit liquide s'il dispose de
disponibilités, ou de possibilités de mobilisation rapide,
permettant de couvrir ses exigibilités suivant leur
échéance durant une période donnée, souvent
inférieure à trois mois. Ce papier fait référence
à cet aspect de la liquidité au sein des banques de l'UEMOA. Il
est lié à la particularité de l'industrie bancaire. Cette
particularité s'explique par son exposition au risque de transformation.
En fait, les banques procèdent souvent à des financements de long
terme par la mobilisation des ressources de court et/ou moyen terme(s). Ce
faisant, elles prennent le risque de s'exposer aux demandes de retrait
imprévues de leur clientèle. La détention d'une certaine
quantité de liquidité par une banque est donc nécessaire
pour faire face au risque susmentionné. Le problème est que cette
détention peut se révéler, dans certaines circonstances,
contradictoire avec l'objectif de rentabilité des banques. Aussi, on
parle de « gaspillage de liquidité » quant un
établissement bancaire détient une quantité de
liquidité au-delà du nécessaire pour couvrir les
opérations de sa clientèle et sans motivation stratégique.
La gestion de la liquidité est ainsi rendue délicate puisqu'elle
conduit à une ambivalence entre nécessité de prudence et
objectif de rentabilité. Ce phénomène a très
tôt attiré l'attention du législateur car, une panique
bancaire, une ruée suite à la faillite ou à
l'illiquidité d'une banque, peut avoir des répercussions sur
l'ensemble du système financier et remettre en cause la stabilité
financière. Ainsi, la mise en place d'une réglementation
prudentielle, notamment en ce qui concerne la gestion de la liquidité
bancaire, s'est avérée nécessaire afin de sauvegarder le
système financier de la prise de risque excessive d'une banque
donnée. Néanmoins, les dispositifs prudentiels, aussi
nécessaires soient-ils, ne permettent pas de réduire le risque de
liquidité bancaire à néant. Cela résulte, d'une
part, de l'incertitude qui règne sur les marchés, incertitude qui
accentue les liens entre les deux dimensions de la liquidité et qui
révèle le caractère relatif de la liquidité d'un
actif et, d'autre part, de l'asymétrie d'information entre le
législateur et le banquier. La récurrence des crises bancaires et
financières ne peut que valider cette assertion. De ce fait, l'existence
des Banques centrales, pourvoyeuses de la liquidité ultime, est une
nécessité absolue du système. Encore faudrait-il que
celles-ci, dans leur fonction de prêteur en dernier ressort, fassent
la
10 Doumbia,2009.p.4.
Réalisé par OUONOGO Souleymane 9
Réalisé par OUONOGO Souleymane 10
ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE DANS
L'UEMOA
différence entre illiquidité et
insolvabilité. Par conséquent, le concept de liquidité
bancaire peut bien se référer à l'éléphant
de Joan Robinson, facile à reconnaître, mais difficile à
définir et à appréhender.
? La liquidité des marchés
Le concept de liquidité de marché était
au coeur de la crise des subprimes où certains compartiments
des marchés financiers ont été brutalement
affectés. Avant de l'aborder, il convient d'abord de définir la
liquidité d'un actif financier. Celle-ci se réfère
à la rapidité avec laquelle cet actif peut être
échangé contre la monnaie sans perte de valeur. La
liquidité de marché en est un concept proche. Elle désigne
la capacité du marché à absorber des transactions sur un
volume donné d'actifs ou de titres sans effet significatif sur leurs
cours11. Le degré de liquidité d'un marché peut
être appréhendé selon trois critères (BERVAS, 2006)
: - La largeur de l'écart (ou fourchette) entre cours acheteur et cours
vendeur qui mesure les
coûts de transaction liés à la
détention de l'actif considéré ;
- La profondeur du marché qui se réfère
au volume des transactions pouvant être immédiatement
exécuté sans décalage du prix à la meilleure limite
;
- La résilience du marché i.e. la
rapidité avec laquelle les cours retrouve leur niveau d'équilibre
à la suite d'un choc aléatoire dans le flux des transactions.
Cependant, cette définition de la liquidité de
marché n'est pas la seule dans la littérature bancaire. En fait,
le concept de liquidité de marché est de plus en plus
utilisé pour désigner la capacité d'une banque à
négocier rapidement, sans délai et ni perte en capital, un actif
non monétaire contre la liquidité ultime par excellence qui est
la monnaie Banque centrale. Cette seconde définition met plutôt
l'accent sur la capacité du détenteur de l'actif à s'en
défaire moyennant un prix décent. L'idée sous-jacente est
que la banque peut, à un moment donné, avoir besoin de monnaie
centrale pour une raison ou une autre. Or, il se trouve que tous ses actifs
n'ont pas le même degré de liquidité et que le
marché, sur lequel s'échange ces actifs, peut être plus ou
moins liquide selon les circonstances. La liquidité de marché est
donc un concept relatif car une banque pourrait être dans
l'incapacité de se procurer de la monnaie centrale compte tenu de la
nature des actifs qu'elle détient et/ou de l'état de la
liquidité du marché. Dans ce papier, le terme «
liquidité de marché » sera utilisé dans ce dernier
sens. En revanche, la liquidité de marché n'est pas l'objet de
cette
11 Revue de la stabilité
financière,op.cit.p.I
Réalisé par OUONOGO Souleymane 11
ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE DANS
L'UEMOA
étude, mais on ne peut pas non plus se passer de ce
concept en raison du lien entre les deux acceptions de la liquidité
bancaire12.