2- L'analyse
herméneutique transversale
La lecture des trois entretiens a permis de dégager
deux (02) catégories générales d'analyses à
savoir :
ü La réinterprétation de la rente
foncière comme une ressource idéologique de la persistance des
conflits fonciers.
ü La compétition comme une ressource sociale qui
accentue les conflits.
A présent, il est question de faire dans l'étape
qui suit, l'éventail de ces différentes thématiques.
2-1-La
réinterprétation de la rente foncière comme une ressource
idéologique de la persistance des conflits fonciers
Nous retrouvons plusieurs formesd'idéologies similaires
et divergentes mobilisées de part et d'autre par les trois acteurs qui
traduisent une réinterprétation de la rente foncière.
En ce qui concerne les idéologies similaires, il s'agit
de l'idéologie du mythe comme le recours aux ancêtres pour
justifier l'appropriation de la terre que nous retrouvons du côté
de Dago et Kouassi. Ce sont des stratégies d'appropriation ou de
conservation de la propriété foncière construites par les
acteurs sur la base du mythe. Du point de vue du cadre social de gestion de
ces dits conflits, ces deux acteurs présentent des perceptions
différenciées du statut du comité qui vise à
déclasser les membres et à légitimer la revendication du
statut de gestion. Dans ce sens, en fonction des catégories socialeset
de la position occupée par chaque acteur, il se fabrique des
perceptions différenciées rattachées au statut du
comité de gestion.
Parlant de divergences, l'idéologie de
l'intransférabilité de la terre est convoquée par Dago
pour instaurer un droit exclusif sur les terres déjà vendues aux
migrants. Quant à Kouassi, il fait recours au rapport concret avec la
terre pour justifier l'absence de propriété foncière. Au
niveau d'Akaffou, l'idéologie de l'autochtonie qu'il mobiliseconsiste en
une stratégie de captation des ressources additionnelles aux migrants et
à la société minière.
En fait, cette réinterprétation de la
rente foncière renvoie à une redéfinition
perpétuelle des contrats d'usage de la terre qui positionne le groupe
ethnique Dida comme détenteur exclusif des terres à Hiré.
La rente foncière devient une ressource symbolique mobilisée par
les autochtones pour redéfinir les rapports fonciers avec les
allochtones/allogènes.
Dans ce sens, la revendication de la de la
propriété foncière comme une stratégie
d'appropriation ou de conservation aussi bien que la déconstruction
statutaire des détenteurs de terres ne sont que des manières
organisées de négociation et de renégociation de la rente
foncière. La rente foncière devient donc une forme d'interaction
sur laquelle s'appuient les acteurs pour donner de la légitimité
à leurs actions.
Au sein des familles, l'appropriation privative de cette rente
par les ainés consiste en des manières organisées d'agir
en vue d'un réajustement du statut économique, social et
même intellectuel16(*). C'est un rapport de pouvoir qui permet aux individus
de se repositionner au sein de la cellule familiale et par-dessus tout en
dehors de celle-ci.
Au niveau de la multinationale, la rente foncière est
perçue comme un surcoût surtout que les acteurs qui la
revendiquent sont de plus en plus nombreux.
* 16 Dans les familles ou la
plupart des cadets sont des élèves ou étudiants, les
ainés mobilisent cette rente pour se positionner au même niveau
que les premiers.
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