Contribution du tourisme à l'amélioration des conditions de vie des guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso.( Télécharger le fichier original )par Sy Abdel Aziz OUATTARA Ecole Nationale dà¢â‚¬â„¢Administration et de Magistrature (ENAM) - Administrateur des services touristiques 2012 |
Source : Tableau de bord des statistiques touristiques 2010, DGT Il faut dire que les motifs de visite qui nécessitent l'activité de guidage par excellence sont les motifs pour vacances et loisirs (18%) et le safari-chasse (2%). Donc les motifs pour lesquels nous pensons que l'activité de guidage est incontestablement sollicitée représentent 20% des arrivées globales. De plus, s'il est vrai que toutes les arrivées pour motifs affaires et professionnels ne sollicitent pas toujours les services des guides de tourisme, on peut affirmer sans risque de se tromper qu'une grande partie le font dans le but de découvrir le pays après avoir exécuté leur motif premier. Lorsque nous augmentons le chiffre de départ avec celui de la visite pour motif affaires et professionnels, nous obtenons environ 80% représentant les visiteurs du pays susceptible de solliciter le service des guides de tourisme. En outre, des données relatives aux circuits touristiques permettent de se faire une idée sur le volume des activités des guides de tourisme. En effet, même si elles ne représentent que l'activité d'une catégorie de guides de tourisme (guides des agences de voyages) et sont partielles (toutes les agences de voyages n'ont pas transmis leurs rapports d'activités), les données du tableau de bord des statistiques touristiques 2010 indiquent que 92 circuits inter-Etats, 96 circuits internes et 22 excursions ont été organisés. De plus, l'analyse des arrivées globales par saisonnalité des arrivées permet de se rendre compte que l'activité touristique dans le pays se déroule pendant tous les douze (12) mois de l'année. Vérifions cela à travers le tableau de saisonnalité des arrivées touristiques de 2010. Tableau n°2 : Saisonnalité des arrivées touristiques en 2010. ouattarabdel@yahoo.fr Page 16 Mois
Source : Tableau de bord des statistiques touristiques 2010, DGT Selon les données fournies par le tableau n°2, nous pouvons dans un premier temps remarquer que le mouvement touristique s'enregistre sur toute l'année, dans un second temps remarquer que ce sont le premier trimestre et le deuxième qui ont constitué les périodes intenses d'arrivées et de déplacements des visiteurs pour l'année 2010 avec un pic observé pour le mois de janvier. Ces résultats ne coïncident pas avec la saison touristique du pays qui couvre les périodes de premier et de quatrième trimestre. C'est une situation atypique qui trouverait peut être son explication dans l'entrée en vigueur à partir de juillet 2010 des nouveaux tarifs du visa d'entrée au Burkina. Par ailleurs l'activité de guidage bénéficie d'un large potentiel au Burkina Faso à l'image de son vaste potentiel culturel et touristique. En effet, le pays compte environ ouattarabdel@yahoo.fr Page 17 311 sites touristiques7 repartis dans quatre (4) zones touristiques aussi riches les unes que les autres. Ce sont : - La zone du Centre : avec pour point central Ouagadougou, elle est un terrain privilégié de tourisme d'affaires et de congrès. On y trouve les principaux sites touristiques suivants : Musée national, Musée de la musique, Village artisanal, Monuments et architectures traditionnels, Centre national d'artisanat d'art, Quartier des artistes bronziers, Sculpture sur granite de Laongo, Mare aux crocodiles sacrés de Sabou et de Bazoulé, Palais royal de Kokologo, Parc Bangr-Wéogo, Ranch du gibier de Nazinga, Musée de Manéga et le Parc animalier de Ziniaré. - La zone de l'Ouest : elle a la particularité de regrouper de nombreux sites naturels et fascinants, les traditions séculaires et également des sites historiques. C'est la zone par excellence du tourisme de découverte et de villégiature. Les sites principaux de cette zone sont : Musée communal Sogossira Sanou de Bobo-Dioulasso, Habitats Bobo, Marchés de poterie, Gare ferroviaire, Guinguette, Mare aux hippopotames de Bala, Villages troglodytes de Koro, de Pala et de Koumi, Ruines de Loropéni, Musée de Gaoua, Mont Ténakourou, les pics de Sindou, les cascades de Karfiguela et le lac de Tingrela. - La zone de l'Est : véritable paradis du tourisme cynégétique, elle permet aux amateurs et initiés de s'adonner aux plaisirs du safari vision, de la chasse et de la villégiature. On y trouve les principaux sites suivant : Collines de Nalambou, Grottes de Pama, Rochers portant les traces de Diaba Lompo, Falaises de Gobnangou, Chutes d'eau de Kombougou, Parc nationaux d'Arly et de W, Barrage Hydroélectrique de Kompianga, Campements de pêche de Kompianga et de Tounga et Marchés de Fada, Nagré, Diapaga. - La zone du Sahel : c'est une zone mystérieuse, étrange et superbe. Elle se prête bien au tourisme d'aventure et de raids. On y trouve dans cette zone les principaux sites suivants : Mosquée de Bani, Sites d'orpaillages à Essakane, Bouda, Dunes d'Oursi, Village de Tin-akof, Peintures rupestres de Pobé Mengao, Marchés multicolores de Gorom et de Markoye, Tombe mystérieuse de Falagountou, Oasis de Djomga, Mausolée de Naaba Yadéga et Lac Dem. Ce qui laisse envisager l'émergence des guides locaux spécialistes de chaque site. 7 Etude relative à l'élaboration de la politique commune du tourisme dans l'UEMOA, rapport de diagnostic du tourisme dans les 8 pays, octobre 2007 citée par Issa OUEDRAOGO dans son mémoire intitulé « tourisme burkinabé : caractéristiques, impact économiques et socioculturels » ENAREF, mars 2008, page 12. ouattarabdel@yahoo.fr Page 18 De plus, les occasions de pratiques de l'activité de guidage sont énormes lorsqu'on prend en compte la tenue des manifestations culturelles publiques et privées partout et à tout moment dans le pays. Les principaux manifestations publiques sont : le Festival du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) qui se tient chaque deux (2) ans et met en compétition des films réalisés par des auteurs africains ; le Salon International de l'Artisanat de Ouagadougou (SIAO) qui a lieu en octobre de chaque année paire et a pour vocation de promouvoir l'artisanat ; le Salon International de Tourisme et de l'Hôtellerie de Ouagadougou (SITHO) qui se tient chaque année et constitue une activité de promotion du tourisme et une tribune d'expression des acteurs du secteur ; la Semaine Nationale de la Culture (SNC) qui se tient chaque deux (2) ans à Bobo-Dioulasso. Un aperçu de quelques manifestations culturelles privées est donné par le tableau suivant : Tableau n°3 : Aperçu de quelques manifestations culturelles privées8
L'ensemble de ces manifestations constitue des occasions d'exercice de l'activité de guidage au Burkina Faso. L'inexistence d'étude préalable sur le métier de guide de tourisme tend à rendre un peu plus difficile notre recherche, mais l'importance de la question nous réconforte dans nos investigations d'où l'intérêt de la présente étude. 8 Extrait du mémoire de fin de cycle de Bazongo Bodjon sur le thème « valorisation des manifestations culturelles au Burkina Faso : cas de la Semaine Nationale de la Culture », ENAM, juin 2009, p18 ouattarabdel@yahoo.fr Page 19 C. Les objectifsPour la réalisation de notre étude, il nous semble indispensable de nous fixer des objectifs. Ces objectifs constitueront pour nous des fils conducteurs, des guides précieux indispensables pour la bonne conduite du travail. 1. Objectif général Nous avons évoqué dans le point précédent que l'activité de guidage bénéficiait d'un large potentiel au regard des énormes sites touristiques dont regorge le pays et de la tenue des manifestations publiques et privées à tout moment et partout sur le territoire national. L'objectif général de notre étude consiste donc à montrer que les retombés économiques de l'activité de guidage permettent aux guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso de couvrir leurs besoins de base. De cet objectif découlent les objectifs spécifiques. 2. Objectifs spécifiques Il s'agit essentiellement de : - Estimer le revenu minimum annuel du guide de tourisme ; - Apprécier le niveau de vie des guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso ; - Identifier les facteurs qui entravent le bon exercice du métier ; - Faire des recommandations pour une meilleure professionnalisation du sous-secteur guide de tourisme. Dans le souci de donner une orientation à nos investigations sur le terrain, nous avons prévu de formuler des hypothèses de recherche. D. Les hypothèsesNotre travail consiste à vérifier l'hypothèse principale selon laquelle le salaire et autres rémunérations reçus de l'activité de guidage suffisent à couvrir les besoins de base des guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso. Cela passe par la vérification des hypothèses secondaires suivantes : ouattarabdel@yahoo.fr Page 20 - Le revenu minimum mensuel des guides de tourisme est acceptable comparée au SMIG9 ; - Le niveau de vie des guides de tourisme est moyen grâce au fait qu'ils arrivent à couvrir un certain nombre de besoins essentiels. Paragraphe II : Justification du choix du sujet et de la localité.Il nous incombe dans cette partie de donner les raisons personnelles qui nous ont amené à choisir le thème qui fait l'objet de notre étude. A. Justification du choix du sujetNotre choix porté sur les guides du tourisme se justifie par le rôle que jouent les guides de tourisme dans la durée de séjour des visiteurs, dans la chaine des acteurs du secteur et de celui qu'ils peuvent jouer dans les politiques de développement touristique. 1. Rôle des guides de tourisme dans la durée de séjour des visiteurs et dans la chaine des acteurs Pour comprendre cela, disons que les guides de tourisme ont comme activités principales d'organiser les visites et les itinéraires selon les intérêts des visiteurs, collecter et organiser les informations concernant le lieu de visite, accueillir et accompagner les visiteurs, fournir des informations justes aux visiteurs, gérer le temps, les contenus de la visite et les exigences du groupe avec d'autres sujets (restaurants, hôtels, moyens de transport). Le guide de tourisme peut être indépendant, faire partie d'une association ou employé d'agences de voyages ou des tour-opérateurs. De ce fait, le guide de tourisme se situe au coeur de l'activité touristique quant on sait que le développement des activités des autres acteurs du secteur dépend plus ou moins de son activité. En amont de son activité, nous avons les acteurs qui sollicitent ses services pour l'accomplissement de certaines de leurs missions. Ce sont les agences de voyages, les tour-opérateurs, les associations de tourisme, etc. En aval, nous avons les restaurateurs, les hôteliers, les compagnies de transports. Ce sont des acteurs dont les services peuvent être demandés par le guide de tourisme lors de sa tournée en compagnie des visiteurs. Ainsi le bon exercice de son métier d'une part procure la pleine satisfaction aux visiteurs amenant ces derniers 9 Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) ouattarabdel@yahoo.fr Page 21 à prolonger leur durée de visite ou à renouveler leurs visites, d'autre part entraine des effets positifs sur l'activité des acteurs situés sur la chaine. 2. Rôle des guides de tourisme dans les politiques de développement touristique Parcourant à tout moment le territoire national, les guides de tourisme font partie des acteurs aptes sinon les mieux placés pour connaitre les réalités du secteur touristique burkinabè. De ce fait, ils peuvent jouer le rôle de personnes ressources capables de fournir des informations nécessaires à l'Administration Nationale du Tourisme (ANT) pour formuler des politiques de promotion et de développement de l'activité touristique. Pour assurer ces rôles de façon efficace, ils doivent posséder de compétences adéquates. Or la plupart des guides du tourisme du pays ont appris leur activité sur le tas toute chose qui nous amène à nous interroger sur leur niveau de compétences qui est un indicateur permettant aux guides de tourisme de décrocher des marchés afin de rentabiliser leur activité. B. Justification du choix de la localitéNous avons orienté notre étude sur les guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso car la ville est en elle même au centre d'une zone touristique du Burkina : la zone touristique de l'Ouest ou le grand Ouest, la zone par excellence du tourisme de découverte et de villégiature. Cette zone a la particularité de regrouper de nombreux sites naturels et fascinants, les traditions séculaires et également des sites historiques. L'engouement autour de ces différents sites requiert les services des guides de tourisme. Quant à la ville de Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays, capitale économique, ville commerciale et artisanale, elle est aussi une ville culturelle et touristique. C'est une ville culturelle et touristique car d'une part elle est le siège de plusieurs manifestations culturelles et d'autre part on dénombre dans la ville et dans ses environs de nombreux sites naturels, hydriques, historiques dotés d'une valeur touristique incontestable. Concernant les manifestations culturelles, les principales sont : - La Semaine Nationale de la Culture (SNC) : elle se déroule durant la dernière semaine du mois de mars des années paires. Pendant huit (8) jours, on assiste à des ouattarabdel@yahoo.fr Page 22 spectacles de danse, chant, artisanat, cuisine et compétitions de musique. La dernière édition s'est tenue du 24 au 31 mars 2012. - Festival Yeleen : elle se tient au moment des fêtes de noël chaque année. C'est un festival de contes et de concerts au cours duquel se produisent des artistes du monde entier dans différents endroits de la ville : centre culturel français, chapelle Saint-Michel à Bolomakoté, centre Djeliya. - La fête des masques : il s'agit de cérémonies réservées aux grandes funérailles et aux fêtes préhivernales, qui se déroulent essentiellement à Bobo-Dioulasso et dans ses environs, plusieurs fois dans l'année. Elles se tiennent surtout à la fin des travaux agricoles et à cette période, on peut voir des hommes, le visage recouvert d'un masque et portant de beaux habits de cérémonies, se balader séparément avec une petite suite bruyante. C'est un mélange de fascination, de joie et de peur que le masque et la petite foule produisent au cours de leur passage dans la ville et ses environs. Concernant les sites touristiques, à l'intérieur de la ville de Bobo-Dioulasso, les principaux à découvrir sont : l'ancienne mosquée appelée mosquée de Dioulassoba, les vieux quartiers de Kibidoué et de Sya, le Musée communal Sogossira Sanou, le Musée de la musique d'hier et d'aujourd'hui et le centre culturel Sénoufo. Dans les environs de la ville, nous pouvons visiter le village de Koumi (situé à 16 km sur la route d'Orodara), le village de Koro (situé à 14 km sur la route de Ouagadougou), la mare aux poissons sacrés de Dafra (situé à 10 km coté Sud-Est, un lieu de sacrifice où la compagnie d'un guide de tourisme est indispensable pour la visite) et la Guinguette (situé à 21 km au Nord-Ouest après le village de Dindéresso). A l'image de ces sites, nous pouvons penser que la ville regorge autant de guides locaux de tourisme, même si ces derniers ne sont pas forcement reconnus par le Ministère en charge du tourisme. Par ailleurs, l'activité de guidage semble être organisée dans la ville de Bobo-Dioulasso à l'image de l'association qui regroupe les guides de tourisme de la ville. Section II : Cadre méthodologique de la recherchePour conduire notre étude, une méthodologie a été suivie. Cette méthodologie comprend certaines étapes suivant une certaine logique. Il s'agit notamment de la recherche documentaire et les entretiens exploratoires, le choix des outils et les ouattarabdel@yahoo.fr Page 23 méthodes de collecte de données, l'exploitation des données et enfin la description des difficultés rencontrées au cours de l'étude.
Paragraphe I : Recherche documentaire et entretiens
exploratoires,
|
Désignations |
Quantités |
Prix Unitaire |
Montants |
Voyages de 2 semaines |
3 |
150.000 |
450.000 |
Voyages d'une semaine |
5 |
80.000 |
400.000 |
Voyages de 3 jours |
21 |
10.000 |
210.000 |
Total |
1.060.000 |
Le tableau n°4 indique que le revenu minimum annuel du guide d'agence de voyages de notre exemple est de 1.060.000FCFA par an. Lorsque nous rapportons ce montant sur les douze mois de l'année, nous trouvons 88.333,33FCFA comme son revenu minimum mensuel. Ce montant dépasse le SMIG12 de plus de 2 fois, estimé à 30.684 FCFA. Nous pouvons donc dire que le revenu minimum mensuel du guide de tourisme est acceptable comparé au SMIG d'où la première hypothèse de notre étude est confirmée.
12 Décret n°2006-655/PRES/PM/MTSS/MFB du 29 décembre 2006 fixant les salaires minima interprofessionnels garantis.
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Le pourboire c'est la somme que les touristes donnent généralement au guide de tourisme qu'il soit indépendant ou d'une agence de voyages différemment des possibilités de rémunération déjà évoquées plus haut. Selon les guides de tourisme rencontrés lors des entretiens, les touristes donnent toujours le pourboire à la fin du circuit. Mais le montant du pourboire dépend des moyens des touristes et de la qualité des prestations du guide de tourisme. Pour certains guides, il arrive souvent que le pourboire dépasse la paie.
Pour cette partie, nous allons présenter non seulement les autres types d'avantages qui existent dans l'exercice du métier de guidage, mais aussi les retombées de l'activité de guidage auprès des populations locales.
Pour les guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso, le bon exercice du métier de guidage permet d'avoir de la reconnaissance. Une reconnaissance qui peut se matérialiser par l'inscription de leurs noms et contacts dans les guides touristiques tels que « le Routard » et « le Petit Futé ». Ainsi, ils peuvent bénéficier d'une reconnaissance au delà des frontières nationales ce qui peut contribuer à leur donner des marchés. Aussi, le métier de guidage permet d'être considéré par son entourage. Le fait d'exercer un métier permettant d'avoir des revenus grâce auxquels ils ne dépendent plus de leurs parents et amis est à la base de cette marque de considération que témoigne l'entourage du guide de tourisme à son égard.
Par ailleurs, le métier permet d'avoir des contacts et des amis. Lors de l'exécution des circuits touristiques, des relations d'amitié peuvent naitre entre le guide de tourisme et les touristes. Si cette condition première est remplie, ces relations d'amitié peuvent se solder par une connaissance réciproque des familles profitable à la famille du guide de tourisme qui se voit octroyer des cadeaux de toute sorte. Grâce à ces relations d'amitiés, des guides de tourisme ont eu l'occasion de voyager en France, accueillis, logés et nourris pendant tout le long de leurs séjours par des touristes qui furent leurs clients et avec qui ils ont pu garder de bons rapports. Ces relations d'amitié ont pu permettre à des guides de tourisme d'avoir du financement pour des projets personnels. Enfin ces relations d'amitié profitent aux guides de tourisme grâce au fait que leurs amis les recommandent à d'autres touristes.
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Prenant conscience que les circuits touristiques traditionnels consistant à faire des visites éclairs sur les sites touristiques ne comblent souvent pas les besoins des touristes qui sont le plus intéressé par les contacts humains, la connaissance des modes de vie des burkinabè dans les villages, les guides de tourisme ont intégrés dans les circuits la découverte des villages se situant sur la route menant aux sites touristiques. Le passage des touristes dans ces villages a des retombées pour leurs populations.
En effet, les populations de ces villages bénéficient de multiples formes d'aide de la part des touristes en fonction de leur centre d'intérêt. Un guide de tourisme nous a confié que des touristes ont apporté des soutiens financiers à deux (2) unités industrielles dans la zone de Banfora pour le décollage rapide de leurs activités et pour l'écoulement de leur production : une unité de fabrique de beurre de karité et une unité de séchage de mangues. Un autre guide de tourisme nous a confié que grâce à une touriste infirmière un Centre de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) a bénéficié d'une dotation en équipement médical. Dans le village de Taga situé à 7 km du village de Péni sur la route Bobo-Dioulasso-Banfora, les touristes ont aidé à faire la toiture de l'école primaire, la construction d'un bâtiment additionnel et des soutiens scolaires. Selon un guide de tourisme, des touristes qu'il a conduits ont financé la construction de forages dans trois (3) villages. On peut remarquer que les soutiens que les touristes apportent contribuent à réduire la pauvreté dans ces villages. Nous avons à ce niveau un aspect du tourisme qui mérite d'être encouragé car on est sûr que les aides octroyées atteignent les populations cibles différemment des énormes quantités d'aides à destination des populations des villages qui sont souvent détournées par des ONG et autres structures de la place.
Si nous nous référons à l'analyse des retombées économiques de l'activité de guidage, alors nous pouvons dire que les guides de tourisme devraient s'en sortir dans leur vie grâce à ces retombées. Mais au regard de la cherté de la vie, il ne serait pas juste de trancher sur la question à partir de ces seules retombées. D'où la nécessité de faire une appréciation du niveau de vie des guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso dans une nouvelle section.
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Dans cette section, nous allons examiner le niveau de couverture des besoins de base des guides de tourisme et les réalisations faites par les guides de tourisme grâce aux retombées de l'activité de guidage.
Cette partie a pour fondement l'analyse des données du questionnaire. En effet, une partie du questionnaire a porté sur l'aspect couverture des besoins de base. Il s'agit des questions relatives aux logements, aux moyens de déplacement, aux centres de santé fréquentés par le guide de tourisme, aux branchements à domicile de courant (SONABEL) et l'eau courante (ONEA), aux nombres d'enfants scolarisés.
En ce qui concerne les questions relatives aux logements des guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso, le tableau suivant donne la synthèse des réponses obtenues :
Tableau n°5 : Répartition des guides de tourisme par type de logements (loyer en FCFA)
Propriétaires |
15 (62.5%) |
|||||
Locataires |
9 (37.5%) |
Loyer 10.000 |
Loyer de 12.500 |
Loyer de 17.500 |
Loyer de 20.000 |
Loyer de 22.500 |
5 |
1 |
1 |
1 |
1 |
||
Total |
24 |
Le tableau n°5 indique que quinze (15) guides de to urisme enquêtés sont propriétaires de leur maison et neuf (9) sont en location dont cinq (5) paient un loyer de 10.000 FCFA et les quatre (4) autres paient chacun respectivement 12.500 FCFA, 17.500 FCFA, 20.000 FCFA et 22.500 FCFA.
A ce niveau, on peut déjà dire que tous les guides habitent une zone lotie, 62.5% sont propriétaires de leur maison et 37.5% sont en location. Parmi les locataires des
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maisons, les cinq (5) qui paient le loyer de 10.000FCFA sont tous célibataires dont trois (3) ont une ancienneté de moins de cinq (5) ans dans le métier de guidage.
A la question " quel est votre moyen de déplacement ?" , le graphique ci -dessous représente le tableau qui synthétise les réponses obtenues :
Graphique n°1 : Répartition des guides de tourisme suivant leurs moyens de déplacement
Voiture Moto
Vélo Pas du tout
Nombre de guides de tourisme
14
12
10
8
Nombre de guides de tourisme
6
4
2
0
Le graphique indique que cinq (5) guides de tourisme se déplacent en voiture, douze (12) se déplacent à moto, deux (2) sont à vélo et cinq (5) ne disposent pas de moyens de déplacement pour le moment. Lorsque nous faisons le rapprochement avec l'ancienneté dans le métier, nous n'arrivons pas à voir le lien de causalité. Ainsi, sur les cinq (5) guides de tourisme qui se déplacent en voiture un (1) a une ancienneté de plus de quinze (15) ans, deux (2) ont une ancienneté comprise entre 11-15 ans et les deux (2) autres ont une ancienneté comprise entre 6- 10 ans. Comparativement au cinq (5) qui n'ont pas de moyens de déplacement pour le moment, il y a deux (2) qui ont une ancienneté comprise entre 11- 15 ans, deux (2) ayant une ancienneté comprise entre 6- 10 ans et un (1) a une ancienneté de moins de 5 ans.
Sur ce point, on peut déjà remarquer que 5/24 guides de tourisme (soit 20.83%) se déplacent en voiture ce qui veut dire que les retombées issues de l'activité de guidage peuvent leur permettre de s'acheter des véhicules ; ceci témoigne d'un certain rang dans la société. 12/24 guides de tourisme (soit 50%) disposent au moins d'une moto
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comme moyens de déplacement ; moyens de déplacement acceptable dans une ville comme Bobo-Dioulasso. Cependant, le cas des guides qui n'ont pas de moyens de déplacement peut être expliqué par le fait qu'ils ne sont pas assez organisés dans leur activité ou qu'ils préfèrent n'avoir pas de moyens de déplacent sinon il n'y a de raisons qui puissent expliquer le fait qu'un guide de tourisme ayant une ancienneté de moins de dix (10) ans puisse s'acheter un véhicule tandis que celui qui a plus de 10 ans d'ancienneté n'arrive même pas à s'acheter un vélo. S'agissant des deux (2) qui se déplacent à vélo, ils ont tous une ancienneté de moins de cinq (5) ans.
En ce qui concerne le point "centres de santé fréquentés par les guides de tourisme", nous avons dix-neuf (19) guides de tourisme qui fréquentent les hôpitaux publiques tandis que cinq (5) fréquentent les cliniques. Ces chiffres sont révélateurs de la condition matérielle plus où moins bonne de ces guides de tourisme surtout ceux qui fréquentent les cliniques. On peut dire que ces cinq (5) guides de tourisme se démarquent de la catégorie sociale du burkinabè moyen.
En ce qui concerne le point "branchements SONABEL et ONEA", nous avons enregistré vingt deux (22) réponses positives pour l'électricité et quatorze (14) réponses positives pour l'eau. Mais le fait déjà de ne pas vivre dans une zone non aménagée fait que d'une façon ou d'une autre même si ils n'ont pas de branchement d'eau courante ONEA à domicile, ils ne consomment rien d'autre que l'eau courante grâce à des fontaines publics.
S'agissant du dernier point "nombre d'enfants scolarisés", on a pu remarquer que le nombre d'enfants dépassait quelque fois le nombre d'enfants scolarisés. Mais sans même demander les raisons, les enquêtés évoquaient le fait que les enfants n'avaient pas l'âge d'aller à l'école. Il faut également noter qu'il y avait des réponses aux questionnaires où le nombre d'enfants scolarisés dépassait le nombre d'enfants. Les raisons sont simples : en plus de ses enfants, le guide de tourisme paie la scolarité de ses frères ou soeurs, ses neveux ou nièces, ses proches d'une façon générale.
Au regard des résultats précédents, on peut dire de façon globale que les guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso arrivent à couvrir leurs besoins de base quand on sait que tous les douze (12) guides de tourisme mariés déclarent que leurs conjointes n'ont pas d'occupation ce qui signifie que toutes les charges familiales leur
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incombent. De ce fait, la deuxième hypothèse de notre étude se trouve vérifiée. Mais pris individuellement, quelques uns des guides de tourisme sont arrivés à faire des réalisations en termes d'investissements et d'atteinte d'objectifs dans leur vie. Ce sont ces réalisations qui seront traitées dans le paragraphe suivant.
Pour cette partie, les informations nous ont été fournies par les guides de tourisme eux-mêmes lors de nos séances d'entretien. Nous avons posé aux guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso la question visant à savoir si à leur niveau on peut dire que les retombées de l'activité de guidage leurs ont permis d'atteindre un certain nombre d'objectifs qu'ils s'étaient fixé dans leur vie en termes d'investissements ou autres.
Sur la question, pratiquement tous les guides de tourisme ont intervenu sans hésitation. Parmi eux, quelques uns ont répondu positivement. Si l'on s'en tient à ses derniers, on peut retenir les réalisations suivantes :
- Construction d'une maison : avoir sa propre maison d'habitation, un rêve qu'ils formulaient en objectif et qui s'est concrétisé grâce aux retombées du métier de guidage ;
- Mariage : un autre objectif important évoqué. Les guides de tourisme disent que c'est grâce aux retombées de leur activité qu'ils sont arrivés à avoir une stabilité afin de fonder leur foyer. De nos jours, ils sont mariés, ont des enfants dont ils arrivent à payer leur scolarité sans difficulté vu que eux-mêmes ont dû arrêter les études faute de moyens ce qui fait qu'ils sont satisfaits de ce que le guidage a pu les rapporter ;
- Achat de véhicules : on l'a déjà vu plus haut, certains sont arrivés à s'acheter au moins un véhicule qu'ils utilisent comme moyens de déplacement ; d'autres ont acheté des véhicules de types 4X4, minibus, etc. qu'ils louent aux touristes générant du coup pour ces derniers d'autres sources de revenus.
Nous voudrons terminer cette partie en racontant l'histoire d'un exemple de réussite dans le métier de guidage. Il s'agit de monsieur SERE Seydou dit Luc. D'après ce dernier, il a commencé l'activité de guidage vers 1985 à Bobo-Dioulasso. Auparavant, il était vendeur de journaux et c'est dans cette activité qu'il a eu des contacts avec des touristes. En effet, le lieu de vente de journaux était un lieu de passage des touristes et de temps en temps quelques uns s'arrêtaient pour en acheter ou lire sur place. Un
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jour, des amis touristes sont venus lui raconter leur histoire d'arnaque. En fait, ils ont loués des motos qui ne devraient pas être en bon état. Ces motos les ont créés trop de problèmes. Monsieur SERE n'a pas voulu rester indifférent aux difficultés que ces amis touristes rencontraient et dans le souci de vouloir rendre agréable leurs séjours il s'est intéressé à l'activité de guidage. Ainsi, il a cherché à savoir où les touristes louaient les motos, ce qu'ils venaient chercher à Bobo-Dioulasso, etc. C'est dans cette situation qu'il a commencé à rendre service aux touristes. Sa première sortie s'est faite suite à une invitation des amis touristes d'où le point de départ d'une aventure qui fera désormais sa vie. Il faut souligner le fait qu'il est non-diplômé. De nos jours, il est propriétaire d'une agence de voyages en occurrence `'Hirondelles Voyages» une des premières agences de voyages du pays en termes de nombre de circuits touristiques exécutés. Hirondelles Voyages est le principal employeur des guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso. A entendre monsieur SERE, il a pu réaliser tout ce qu'il avait comme rêve dans ce monde grâce aux retombées du guidage. Il possède aujourd'hui 11 véhicules.
Monsieur SERE est un des premiers guides de tourisme du Burkina Faso. Ces promotionnaires sont monsieur NITIEMA Gabriel (consultant de tourisme, ECO-guide touristique spécialiste de Safari Photos dans l'Espace UEMOA basé à Ouagadougou) et monsieur KAM Urbain (propriétaire du Musée de la musique d'hier et d'aujourd'hui basé à Bobo-Dioulasso).
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Nous avons envisagé dans ce chapitre faire dans un premier temps une analyse des facteurs qui entravent le bon exercice de l'activité de guidage et dans un second temps des propositions pour une meilleure professionnalisation du métier de guide de tourisme au Burkina Faso et pour le développement de l'activité touristique dans le pays.
Dans cette section, nous allons analyser les facteurs qui entravent le bon exercice de l'activité de guidage. Le bon exercice de l'activité de guidage nécessite un minimum de connaissances notamment du métier, des zones touristiques, des langues étrangères, sur la gestion des conflits de groupe. Ce sont des éléments liés à la personne du guide de tourisme que nous allons aborder dans le paragraphe I. Quant au paragraphe II, il sera consacré aux facteurs non dépendants de la personne du guide de tourisme tels que les éléments qui freinent l'arrivée massive des touristes au Burkina Faso (exemple du coût du visa), la faiblesse de la réglementation de la profession, les crises économiques et politiques, etc.
Dans ce paragraphe, les informations qui seront fournies, sont issues du questionnaire et des entretiens.
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Dans le questionnaire, il a été demandé aux guides de tourisme s'ils avaient déjà suivi des formations dans le domaine de guidage des touristes et si possible le nombre de formations. Les réponses à ces questions nous ont permis de savoir que sur les 24 guides de tourisme enquêtés, 17 ont reçu au moins une formation dans le métier. Si nous répartissons les 17 suivant le nombre de formations reçues alors nous obtenons ce qui suit : 5 guides de tourisme ont reçu 3 formations, 4 guides de tourisme ont reçu 2 formations et 8 guides de tourisme ont reçu une seule formation.
Lors des entretiens, nous avons posé des questions visant à savoir la nature l
des formations suivies par les guides de tourisme, ce que les guides de tourisme ont appris de ces formations et les difficultés éventuelles.
La question relative aux formations suivies visait à obtenir des détails sur l'interrogation du questionnaire. Ainsi, nous avons pu découvrir que les formations ont été principalement assurées par l'ONTB.
La question relative à ce que les guides de tourisme ont appris lors des formations visait à savoir l'importance de la formation pour l'exercice du métier. A ce sujet, les réponses des guides de tourisme sont beaucoup révélatrices. Ainsi, les guides de tourisme estiment que les formations leurs ont permis de savoir accueillir les touristes, posséder des techniques qui permettent d'avoir une attitude correcte envers les touristes, apprendre à ne pas raconter n'importe quoi sur les sites touristiques, apprendre à présenter le site touristique de sorte à ce que les touristes le respectent et ne pas enfreindre les interdits, aussi avoir des connaissances techniques telles que le montage des tentes et la conception des circuits touristiques. Par contre, avec ceux qui n'ont pour le moment suivi aucune formation, nous avons appris que bon nombre exerçaient l'activité de guidage avec d'énormes lacunes souvent allant jusqu'à la méconnaissance des fondamentaux pour l'exercice de l'activité (exemple : aborder le touriste dans la rue).
En ce qui concerne la question relative aux insuffisances éventuelles des formations reçues, si quelques uns évoquent la courte durée des formations, la majorité exprime leurs satisfactions vis-à-vis de ces formations. En effet, ces sessions de formations ont été sans conteste des occasions de sensibilisation et d'enrichissement sur le plan professionnel.
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Nous pouvons constater à ce niveau que plus le nombre de formations reçues par les guides de tourisme est élevé, plus ils ont une aisance pour parler de leur activité ce qui témoigne d'une certaine maitrise du métier. Les formations reçues par les guides de tourisme élèvent leur professionnalisme ce qui ne peut que contribuer à rentabiliser leur activité. Mais, il reste que nombreux sont les guides de tourisme qui exercent ce métier sans avoir reçu ne serait-ce qu'une seule formation dans un cadre formel.
La connaissance des zones touristiques est importante dans la mesure où elle détermine la marge de manoeuvre du guide de tourisme. En effet, le volume d'affaires des guides de tourisme semble positivement lié au niveau de connaissances sur les zones touristiques. Donc, plus le guide de tourisme possède des connaissances sur un grand nombre de zones touristiques plus il dispose d'arguments pouvant lui permettre d'avoir des marchés.
En ce qui concerne les réponses aux questions relatives à la connaissance des zones touristiques du questionnaire, nous pouvons faire une classification suivante : 6 guides de tourisme ont des connaissances sur l'ensemble du territoire national et au moins un pays limitrophe, 4 guides de tourisme ont des connaissances sur deux (2) ou trois (3) zones touristiques du pays et un (1) ou deux (2) pays limitrophes, 3 guides de tourisme connaissent les régions touristiques de l'Ouest, du Centre et du Sahel (la région touristique de l'Est n'est pas connue) et 11 guides de tourisme ne connaissent que la région touristique de l'Ouest. On peut dire que les guides de tourisme qui ont des connaissances sur l'ensemble du territoire national possèdent plus d'opportunités de gain de marchés que ceux ne possédant des connaissances que sur la zone touristique de l'Ouest.
La connaissance des langues étrangères est aussi un élément de compétitivité entre les guides de tourisme. Plus que tout autre facteur, la connaissance de la langue du touriste est plus que nécessaire pour le guide de tourisme de se familiariser avec celui-ci afin de le mettre en confiance.
Sur les 24 guides de tourisme enquêtés, 7 guides de tourisme s'expriment en français et en anglais, 1 guide de tourisme s'exprime en français et en espagnol, 1 guide de
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tourisme s'exprime en français en anglais et en italien et les 15 autres ne s'expriment qu'en français. Il est ainsi évident que si des possibilités de choix entre les guides de tourisme qui ont fait l'objet de notre enquête, étaient offertes à des touristes italiens, ils préfèreront solliciter les services du seul guide de tourisme qui s'exprime en italien.
Concernant la connaissance sur la gestion des conflits, il s'agit pour nous de faire savoir que le guide de tourisme doit posséder de grandes qualités humaines nécessaires pour gérer des conflits qui peuvent naitre du contact entre les touristes et les populations locales. Même s'il est vrai que le touriste n'est pas en mesure de lire ces qualités humaines sur le visage du guide de tourisme, les guides de tourisme pourront bénéficier des retombées de ces qualités grâce aux recommandations que feront les touristes satisfaits de leurs services à leur endroit.
C'est le lieu de faire cas des difficultés que rencontrent les guides de tourisme qui ne sont pas dépendants d'eux-mêmes pour avoir les marchés nécessaires pour élever la rentabilité de leur activité. Ce sont des éléments essentiellement liés à la fréquentation touristique de la "destination Burkina Faso" par les touristes et aux réalités du secteur du tourisme burkinabè de façon générale.
Une des difficultés entravant l'activité de guidage que les guides de tourisme ont dénoncé lors de nos entretiens est le coût actuel élevé des visas d'entrée au pays. En effet, selon les guides de tourisme, l'augmentation du prix des visas qu'a connu le pays à partir de juillet 2010 a contribué à détourner beaucoup de touristes du pays. Pour l'exemple, prenons le témoignage d'un guide de tourisme qui travaille avec une agence de voyages dont le promoteur est un espagnol. Selon ce dernier, avant l'entrée en vigueur des nouveaux tarifs du visa, chaque week-end l'agence enregistrait des arrivées de près de 150 touristes en vol charter en provenance de l'Espagne ce qui est quasi impensable de nos jours. Même si le tout ne repose pas sur cette augmentation, c'est un élément important qui mérite d'être relevé. On peut se poser la question de connaitre les nouveaux tarifs du visa d'entrée au Burkina Faso ?
Pour les ressortissants des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la carte d'identité nationale est suffisante pour circuler au Burkina Faso. Mais pour les ressortissants des pays non-membres, il est
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exigé d'avoir un passeport en cours de validité et d'un visa. Cependant à partir de juillet 2010 le Burkina Faso a augmenté le prix de ses visas d'entrée au pays. Le visa qui intéresse le plus les touristes c'est-à-dire le visa de durée trois (3) mois avec entrée unique est passé de 20€ (environ 15.000 FCFA) à 70€ (environ 47.000 FCFA) soit multiplié par plus de 3 fois. Désormais, le visa de trois (3) mois avec entrées multiples coûtera 90€, celui de six (6) mois avec entrée unique coûtera 100€, celui de six (6) mois avec entrées multiples coûtera 120€ et des visas long séjour d'un an à partir de 130€. Les prix ci-dessus sont ceux appliqués dans les ambassades et consulats du Burkina Faso à l'étranger. Lorsqu'un ressortissant d'un pays non-membre de la CEDEAO souhaite venir au Burkina Faso pour faire du tourisme et qu'il n'a pas pu obtenir le visa d'entrée dans les ambassades et consulats du pays à l'étranger, il doit payer le prix double à l'aéroport de Ouagadougou ou dans les postes frontières du pays. Donc, au lieu de payer 47.000 FCFA pour un visa de trois (3) mois avec entrée unique, il devra payer 94.000 FCFA. Pire, il n'est pas possible d'obtenir le visa sur place. Il semblerait qu'il faut au moins 48h.
Voilà une décision qui contribue à renchérir la destination "Burkina Faso". C'est une difficulté qui s'additionne à d'autres déjà énumérées dans la PNT et qualifiées de contraintes ne permettant pas au secteur du tourisme de contribuer fortement au développement socio-économique du Burkina Faso. Nous pouvons citer entre autres la faiblesse de la desserte et le coût prohibitif du transport aérien, la faible visibilité des produits touristiques sur les marchés des pays émetteurs de touristes et la faiblesse du budget alloué au secteur du tourisme. Nous pensons que cette nouvelle décision réduit le niveau de compétitivité du tourisme burkinabè dans un environnement marqué par la concurrence avec les Etats membres de l'UEMOA et autres pays Ouest-africains. Cette décision tend à anéantir les efforts que l'Etat fait pour booster ce secteur. Le pays gagnerait à réviser ces tarifs.
Ce sont des éléments incompatibles avec l'activité touristique. Lorsqu'un pays connait un de ces fléaux, il est immédiatement mis au rouge c'est-à-dire étiquetée comme une destination déconseillée dans les guides touristiques et dans les ambassades. Nous débouchons sur une situation où aucun touriste ne veut courir le risque de venir dans le pays concerné. Ainsi, s'il n'y a pas de touristes alors nous ne pouvons pas parler de l'activité de guidage.
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Nous voudrons dire dans cette partie que l'instabilité, l'insécurité et les épidémies une fois déclarés dans un pays ont des effets indirects négatifs sur l'activité de guidage. Mais on peut également aller au delà de cette vision en disant qu'il n'y a pas que l'activité de guidage qui sera touchée, mais c'est l'ensemble de l'activité touristique qui s'écroule voire l'économie nationale de façon globale.
En effet, pour démontrer cela, commençons par le témoignage d'un guide de tourisme en rapport avec les dommages qu'il a subi à l'occasion de la crise sociopolitique qu'a connue le pays en 2011. Selon ce dernier, durant la période mars-novembre 2011, il n'a eu aucune activité. Or, sa seule activité, c'est le guidage des touristes. Tout ce qu'il avait comme économie, il l'a totalement consommée. Il était obligé de s'endetter à la rentrée pour pouvoir inscrire ses enfants à l'école. C'est sûr qu'il n'est pas le seul acteur du secteur du tourisme à subir des dommages similaires. Les guides pris de façon individuelle, ont subi les dommages de la crise. Les hôteliers ont perdu beaucoup de nuitées pendant la période de la crise. Les restaurateurs eux aussi n'ont pas été en reste. Le volume d'affaires des vendeurs d'objets d'art a dû baisser pour faute de la baisse de la demande liée à la rareté des clients qui sont le plus souvent les touristes et bien d'autres acteurs n'ont pas été épargné. C'est l'agrégation de l'ensemble des pertes que les acteurs directs et indirects du tourisme subissent qui peut nous permettre de se faire une idée sur les effets de ces fléaux sur l'activité touristique et sur l'économie nationale. D'où l'importance de la venue des touristes dans notre pays.
Mais le guide de tourisme qui a accepté faire témoignage rend grâce à Dieu que les choses soient rentrées dans l'ordre et il souhaite que Dieu protège le Burina Faso pour que nous ne connaissions plus de pareil moment d'instabilité.
Malheureusement qu'un pays peut ne pas être le nid de ces fléaux et subir les effets de ces fléaux. Ceci peut arriver lorsque les fléaux sont vécus par le pays voisin ou ces fléaux se produisent dans les lieux qui ne favorisent pas les circuits inter-Etats qui passent dans le pays concerné. C'est le cas que le Burkina Faso vit de nos jours à cause des crises sociopolitiques vécues dans la bande sahélo-saharienne. C'est une situation déplorable.
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Notre période d'enquête de terrain ayant été la période allant du 23 au 31 mars 2012 à Bobo-Dioulasso, nous pouvons noter une absence de structuration de la profession de guide de tourisme pendant cette période. La véritable difficulté à laquelle les guides de tourisme sont confrontés, c'est la tarification des prestations des guides de tourisme. Nous avons déjà évoqué au premier chapitre les différents tarifs de guidage, mais la situation est plus complexe que cela. En effet, deux types de guide de tourisme se font la concurrence sur le marché : ceux qui exercent le métier comme activité principale et ceux qui l'exercent de façon occasionnelle. La difficulté ici réside dans le fait qu'ils n'ont pas la même base de fixation des tarifs de guidage avec les touristes car n'ayant pas le même intérêt ou n'accordant pas la même importance à l'activité. C'est la raison pour laquelle lors de nos entretiens avec certains guides indépendants, ils formulaient un prix et ils avançaient le fait que ce prix est discutable. Nous avons appris au cours de nos entretiens qu'il arrive que parmi les guides de tourisme qui exercent l'activité de façon occasionnelle, certains demandent aux touristes de donner ce qu'ils ont, l'essentiel pour eux étant d'avoir le marché. Dans cette situation, les guides professionnels de tourisme sont obligés de développer beaucoup plus d'initiatives afin d'avoir des marchés et sont souvent contraints de proposer des tarifs qui réduisent considérablement leur marge bénéficiaire.
Une autre difficulté qui ne permet pas le développement de l'activité de guidage dans la ville de Bobo-Dioulasso s'explique par le fait que la ville compte de plus en plus de familles d'accueil de touristes. Les touristes qui sont logés dans les familles d'accueil ne sollicitent presque pas les services des guides professionnels de tourisme car préférant se faire guider par les membres de la famille d'accueil. Ceci réduit le volume d'affaires qui est offert aux guides professionnels de tourisme de la ville.
Nous voulons évoquer dans ce point certaines difficultés pratiques que les guides de tourisme rencontrent sur le terrain. Il s'agit de l'absence d'historiques authentiques pour certains sites touristiques. De pareille situation peut amener des guides de tourisme à raconter n'importe quoi aux touristes et il peut arriver que le guide de tourisme n'arrive pas à satisfaire à la curiosité du touriste qui se trouve souvent dans un flot d'informations sur un même site sans arriver à retenir l'essentiel. C'est une
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situation qui ne permet pas aux guides de tourisme d'être efficaces dans l'exercice de leur activité ce qui peut les décrédibiliser auprès des touristes. C'est un aspect qui mérite qu'on s'y penche afin de trouver des solutions.
Au regard de l'ensemble des difficultés qu'elles soient dépendantes de la personne du guide de tourisme ou liées au niveau de développement du tourisme burkinabè de façon générale, nous ferons des propositions dans la section suivante.
La profession de guide de tourisme est une profession libérale. De ce fait, il appartient aux guides de tourisme de se former pour avoir un ensemble de connaissances nécessaires pour mieux exercer le métier. Par contre, il appartient à l'Etat de mettre en place des conditions de structuration de la profession et de développement de l'activité touristique dans le pays.
Un plan de formations et de recyclages personnel ou collectif peut être envisagé par les guides de tourisme.
Chaque guide de tourisme doit mettre en place une politique personnelle de formations et de recyclages. Cette condition est nécessaire pour faire face à la concurrence avec les autres guides de tourisme et elle lui permettra d'être efficace dans l'exercice de son activité, ce qui va lui permettre d'avoir plus de marchés et élever la rentabilité de son activité. En matière de formations des guides de tourisme, nous pouvons évoquer l'Ecole Supérieure de Tourisme et de l'Hôtellerie (ESTH) qui offre une formation de deux (2) ans en guide de tourisme et couronnée par un BEP Guide de tourisme. Le BEPC est le diplôme requis pour l'inscription. En outre, de nombreux centres de formations dans les langues étrangères sont beaucoup développés dans les centres de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso.
Les guides de tourisme peuvent aussi à travers leur association développer des partenariats leur permettant d'obtenir des formations. La prise en compte du secteur
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du tourisme dans les priorités dans la SCADD, constitue une opportunité pour les guides de tourisme d'être soutenus par les partenaires.
On peut se demander ce que les guides de tourisme peuvent apprendre grâce à ces formations ?
En référence aux formations dispensées par l'Association française EUGUEDI, les modules qui peuvent être enseignés aux guides de tourisme sont les suivants :
1. Accompagnement du groupe
Ce module vise à apprendre aux guides de tourisme les rudiments nécessaires pour conduire convenablement un groupe. Ainsi, le guide de tourisme pourra apprendre à repérer toutes les situations qui peuvent générées des conflits ou un dysfonctionnement au sein de son groupe. En général, les situations qui peuvent engendrer ces conflits sont : la division du groupe, les retards, le désintéressement aux questions des autres, le racisme, l'égoïsme, l'arrogance, etc. Pour prévenir ces conflits et instaurer une ambiance conviviale, le guide de tourisme doit être capable de fournir des consignes claires et précises et être attentif, vigilant, humoriste, jovial, patient, créatif, ferme, impartial, intransigeant et diplomate.
Aussi, ce module aborde outre le respect de l'environnement et la gestion de conflits qui peuvent naitre de la rencontre entre les touristes et les populations locales, la notion de logistique c'est-à-dire l'ensemble du matériel nécessaire au guide de tourisme pour assurer le confort et la sécurité du groupe.
2. Connaissance du milieu local
Dans ce module, le guide est sensibilisé sur la nécessité de connaitre son milieu biophysique (climat, végétation, flore, faune, relief, géographie etc.), économique (agriculture, élevage, ressources du sous-sol), et culturel (coutumes, traditions, religion, rites, peuples, etc.). Ainsi, les guides de tourisme doivent réunir les informations susceptibles d'intéresser les touristes à travers des fiches. Ces informations peuvent porter sur l'ethnie (nom, langue, situation géographique, pourcentage, origines et histoires, organisations sociales, coutumes et traditions, art et techniques et activités), la végétation (nom, origine, description, différentes
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productions et les usages des arbres) et la faune (origine, milieu et mode de vie, alimentation, reproduction).
3. Connaissances des langues étrangères
Comme nous l'avions déjà abordée plus haut, la connaissance de la langue du touriste est indispensable pour se familiariser avec ce dernier. Ce module aborde l'apprentissage et le perfectionnement dans les langues étrangères. Aussi, les techniques de communication peuvent être évoquées dans ce point à savoir avoir une articulation fluide, parler sur un ton irréprochable avec un rythme clair et compréhensif et accompagner les propos de gestes.
4. Prévention, hygiène et premiers secours
Dans ce module, les guides de tourisme sont sensibilisés sur la prévention. A ce sujet, le guide doit prévenir son groupe contre les risques liés au climat, à la faune, à l'eau, à l'alimentation, etc.
En outre, le guide de tourisme est tenu de respecter les règles d'hygiène liées à l'activité de guidage. Elles concernent surtout l'eau et l'alimentation.
Enfin, des techniques pratiques sur les premiers secours sont enseignées aux guides de tourisme. Elles visent à faire face aux accidents qui peuvent survenir et mettre en péril la vie d'un membre du groupe de touristes.
5. Cartographie et orientation
Dans ce module, les guides de tourisme apprennent à lire les cartes et à convertir les distances qui sont sur ces cartes en distances réelles. L'importance d'une carte y est également démontrée en termes d'outil d'orientation.
L'acquisition des modules ci-dessus évoqués peut permettre aux guides de tourisme d'exercer le métier de guide de tourisme avec un niveau élevé de professionnalisme, ce qui leur permettra d'exercer au mieux ce métier.
Le bon exercice de l'activité de guidage qui permet d'élever sa rentabilité, passe incontestablement par des formations en la matière. Mais, les guides de tourisme doivent s'organiser davantage pour dénoncer la pratique de cette activité par des personnes étrangères au domaine et celles qui ne respectent pas les règles en la matière.
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Pour des raisons qui sont déjà connues, les guides de tourisme doivent davantage s'organiser autour des associations. elles seront pour eux, des lieux de sensibilisation sur le métier notamment les formes de tourisme encouragées dans le pays et celles prohibées. Pour ces derniers aspects, les guides peuvent penser à mettre en place une commission d'éthique qui aura pour mission principale de ramener les guides de tourisme qui ne donnent pas le bon exemple à venir à la raison.
L'ensemble de ces éléments contribuera à une meilleure professionnalisation du sous secteur guide de tourisme.
Dans ce paragraphe, nous voudrons évoquer les conditions que l'Etat pourrait mettre en place pour mieux structurer la profession de guide de tourisme dans un premier temps et notre contribution pour le développement de l'activité touristique au Burkina Faso dans un second temps.
La structuration de la profession de guide de tourisme consiste à organiser l'environnement de guidage de sorte à mettre en place des conditions visant à écarter du domaine ceux qui n'aspirent pas faire carrière dans le métier. Cela s'opère pour le moment par l'organisation des tests aptitude professionnelle à l'issue desquels les guides de tourisme admis se voient délivrer des cartes professionnelles. Mais, l'organisation de ces tests se passe souvent dans des conditions un peu difficiles dues à l'insuffisance de ressources financières nécessaires pour cela. Pour l'exemple, le test de la zone touristique du Sahel devrait se passer en 2011, mais il a été reporté pour avril 2012. Donc, il y a nécessité d'accorder un peu plus d'importance à ces tests d'aptitude professionnelle en leur allouant plus de moyens.
La structuration de la profession pour une meilleure professionnalisation pourrait également passer par l'ouverture dans les lycées professionnels ou dans les universités publiques des filières de formations en guide de tourisme. Si ce sont des instituts privés qui développent plus d'initiatives également, le rôle de l'Etat sera l'accompagnement de ces instituts et la reconnaissance des diplômes qu'ils délivrent.
Mais étant donné que le développement du métier de guide de tourisme est lié à celui du tourisme, nous pensons qu'il est essentiel d'apporter notre contribution à la
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réflexion pour le développement de l'activité touristique au Burkina Faso dans la section suivante.
Le tourisme burkinabè rencontre d'énormes difficultés qui empêchent son développement. Nous l'avions déjà évoqué plus haut, ces difficultés sont connues et consignées dans la PNT. On peut citer entre autres en nous référent aux avis des guides de tourisme lors de nos entretiens les suivants :
- Les difficultés d'accès à certains sites touristiques ;
- Le faible niveau d'aménagement des sites ;
- L'absence de réceptifs à proximité de certains sites touristiques ;
- L'insuffisance organisationnelle des populations des différentes localités pour
prendre efficacement le relais de l'action touristique.
Ce sont autant d'aspects du secteur du tourisme qui nécessitent des financements. Au regard du caractère très hétérogène du secteur du tourisme, la résolution de ces obstacles profitera positivement à l'économie nationale. C'est la raison pour laquelle nous pensons que l'Etat burkinabè doit effectuer un arbitrage en faveur du secteur du tourisme en opérant le choix d'allouer suffisamment de ressources financières au Ministère en charge du tourisme afin de pouvoir mettre en valeur l'offre touristique nationale.
Par ailleurs, nous pensons que l'Etat doit réviser le coût des visas d'entrée au pays. Il est vrai que les pays de la sous-région n'ont pas les mêmes réalités, mais si nous voulons que l'activité touristique se développe au Burkina Faso, nous avons intérêt à réviser les prix actuels des visas d'entrée au pays en les amenant à la baisse. Si l'on arrive à instaurer un visa unique CEDEAO à un coût moyen accessible aux touristes, alors nos pays seront de plus en plus préférés sur les marchés des pays émetteurs ce qui ne fera que développer l'activité touristique dans nos pays. Dans le cas contraire, le Burkina Faso doit appliquer les prix de ses visas en considération des prix des visas de ces pays voisins. Sinon, si les prix des visas des pays voisins sont plus compétitifs que le notre toute chose égale par ailleurs c'est-à-dire qu'on considère qu'aucun pays ne connaisse les facteurs de risques tels que l'instabilité, l'insécurité, les épidémies et que les pays de la sous-région ont plus ou moins les mêmes caractéristiques
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touristiques, le Burkina Faso verra sa clientèle touristique détournée au profit des pays voisins.
Enfin, soutenir la mise en oeuvre de la Politique Commune de Tourisme (PCT) de l'UEMOA. En effet, considérant que le tourisme constitue une opportunité dans l'espace UEMOA pour la valorisation des ressources naturelles et culturelles, la dynamisation de l'activité économique, la création d'emplois et la lutte contre la pauvreté, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union, qui lors de leur conférence tenue le 20 février 2010 à Bamako (République du Mali) ont adopté l'acte additionnel instituant la PCT. Les données chiffrées sont également évoquées pour exprimer l'apport du tourisme dans l'espace UEMOA. Ainsi, le secteur contribue pour 2% au PIB de l'Union. En 2008, l'espace de l'Union a enregistré 1 622 000 touristes qui ont généré des recettes touristiques évaluées à 475 milliards de F CFA, avec un nombre total d'emplois estimé à 255 000 dans le secteur13.
La mise en oeuvre de cette politique est prévue par le Programme Régional de Développement du Tourisme au sein de l'UEMOA (PRDTOUR) qui se décline en trois (3) composantes : développement de l'offre touristique communautaire, amélioration de la visibilité et de la compétitivité des destinations de l'UEMOA et renforcement des capacités des acteurs du secteur. Comme ce sont des objectifs qui répondent au besoin du tourisme burkinabè, donc nous devons soutenir la mise en oeuvre de la PCT.
13 PCT
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Le tourisme est une activité économique et sociale majeure dans le monde de par sa nature diversifiée et ses nombreuses retombées socio-économiques. Mais, la région Afrique et plus précisément le Burkina Faso sont considérés comme les lieux qui bénéficient le moins de ces retombées du tourisme international. Vue de cette façon, la contribution véritable de ce secteur à l'économie des pays comme le Burkina Faso est beaucoup sous-estimée.
S'il n'est pas aisé de mesurer l'impact économique du tourisme de façon efficace au Burkina Faso pour diverses raisons inhérentes au niveau de développement de l'activité touristique dans le pays, nous pouvons tenter tout de même de connaître l'apport économique du tourisme pour ses acteurs. Nous nous sommes intéressé au cas des guides de tourisme et plus précisément ceux de la ville de Bobo-Dioulasso.
A ce sujet, nous nous étions posé la question de savoir si le salaire et autres rémunérations permettaient aux guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso de couvrir leurs besoins de base?
L'analyse des données de terrain nous ont permis de savoir que non seulement les guides de tourisme arrivent à couvrir leurs besoins essentiels, mais aussi certains arrivent à faire des réalisations en termes d'investissements. De plus, les informations du terrain nous ont également permis de savoir que le bon exercice de l'activité de guidage a des effets positifs sur la chaine des acteurs et plus précisément sur les populations locales grâce à des exemples concrets.
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Mais le bon exercice de ce métier condition nécessaire pour élever le niveau de professionnalisme et rentabiliser au mieux l'activité, nécessite un minimum qui est l'apprentissage et la formation. C'est la raison pour laquelle, nous avons fait des propositions dans ce sens. Ainsi, nous invitons chaque guide de tourisme à bâtir un plan de formations et de recyclages, mais aussi à ne pas rester isoler c'est-à-dire à aller en association qui est un lieu de sensibilisation sur le métier et un lieu où il peut bénéficier de formations.
Pour nous, les qualités d'un bon guide sont celles qu'il peut acquérir après avoir suivi des modules de formations tels que l'accompagnement d'un groupe, connaissance du milieu local, connaissance des langues étrangères, prévention, hygiène et premiers secours, cartographie et orientation.
Par ailleurs, nous ne pouvons pas parler de développement de l'activité de guidage sans parler de celui du tourisme de façon générale. Ainsi, nous avons suggérer à ce que l'Etat révise les tarifs du visa d'entrée au pays, alloue plus de moyens au Ministère en charge du tourisme afin qu'il puisse mettre en valeur l'offre touristique nationale et de soutenir la mise en oeuvre de la Politique Commune de Tourisme de l'UEMOA.
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.. Ouvrages généraux
y' DUBOIS Jean Luc, Connaitre les conditions de vie des ménages dans les pays en
développement : concevoir l'enquête, méthodologie, 1999, 165p y' Emanuel de Kadt, TOURISME Passeport pour le développement ? Une publication
conjointe de la Banque Mondiale et de l'UNESCO, 1979, 345p y' LANQUAR Robert, L'économie du tourisme, Que sais-je ? 1994, 127p
.. Thèses, mémoires, articles et divers
y' GOURIJA Seloua, Tourisme et développement durable, quelles conjugaisons ? Cas du Maroc. Thèse DOCTEUR Es Sciences Economiques, Université du Littoral Cote d'Opale, 2007, 303p
y' DIOUF Demba, Etude des conditions de vie des femmes demandeuses d'asile à Dakar, Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés(ENTSS) - Diplôme d'Etat en Travail Social (D.E.T.S.) 2002
y' OUEDRAOGO Issa, Tourisme burkinabè : caractéristiques, impacts économiques et socioculturels, ENAREF, mars 2008, 82p
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y' BAZONGO Bodjon, Valorisation des manifestations culturelles au Burkina Faso : cas de la Semaine Nationale de la Culture, ENAM 2009, 60p
y' Ministère de la Culture et du Tourisme, Politique Nationale du Tourisme (PNT), novembre 2008, 41p
y' Commission de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, Programme
régional de développement du tourisme au sein de l'UEMOA (PRDTOUR), 2011 y' Ministère de la Culture des Arts et du Tourisme, Arrêté n°2005-190/MCAT/MFB du 23
mars 2005 portant réglementation de la profession de guide de tourisme y' Direction de la Réglementation et des Statistiques Touristiques, Tableaux de bord des
statistiques touristiques, 2008, 2009, 2010
y' Ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Annuaire statistiques 2009
y' Commune de Bobo-Dioulasso, Plan de Développement Communal (PDC), Décembre 2007
y' Guide touristique, Le Routard, 2007
y' Organisation Mondiale du Tourisme, Rapport du Secrétaire Général aux membres de la Commission de l'OMT pour l'Afrique sur le tourisme international et ses perspectives, Juin 2011
Sommaire 7
INTRODUCTION GENERALE 8
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE,
STRUCTURATION DE LA PROFESSION DE GUIDE DE TOURISME
ET
REGROUPEMENTS DE GUDES DE TOURISME 11
CHAPITRE 1 : Cadre théorique et méthodologique de la recherche 12
Section I : Cadre théorique de la recherche 12
hypothèses. 12
A. La problématique 12
B. La revue de la littérature 14
C. Les objectifs 19
1. Objectif général 19
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2. Objectifs spécifiques 19
D. Les hypothèses 19
Paragraphe II : Justification du choix du sujet et de la localité. 20
A. Justification du choix du sujet 20
1. Rôle des guides de tourisme dans la durée de séjour des visiteurs et
dans la chaine des acteurs 20
2. Rôle des guides de tourisme dans les politiques de développement
touristique 21
B. Justification du choix de la localité 21
Section II : Cadre méthodologique de la recherche 22
méthodes de collecte de données. 23
A. Recherche documentaire et entretiens exploratoires 23
B. Outils et méthodes de collecte des données 24
C. Exploitation des données recueillies 25
D. Difficultés rencontrées au cours de la recherche 25
guides de tourisme 26
Section I : Structuration de la profession de guide de tourisme 27
Paragraphe I : Présentation du cadre juridique de l'activité des guides de tourisme 27
A. Définition et classification de guide de tourisme 27
B. Conditions de l'exercice de la profession de guide de tourisme 27
1. Conditions pour obtenir l'agrément pour l'exercice de la profession 27
2. Les conditions liées à l'exercice 28
3. Régime disciplinaire de la profession 29
Paragraphe II : Organisation de tests d'aptitude professionnelle de guides de tourisme
29
A. Premier test : test d'aptitude professionnelle de guides nationaux de
tourisme 30
B. Deuxième test : test d'aptitude professionnelle des guides locaux de
tourisme des régions du Plateau central et de l'Est 31
C. Troisième test : test d'aptitude professionnelle des guides locaux des
régions de l'Ouest, du Centre et du Sahel 31
Section II : Regroupements de guides de tourisme 32
Paragraphe I : Association des Guides Touristiques de Bobo-Dioulasso (AGTB) 33
Paragraphe II : Association des Guides Nationaux de Tourisme du Burkina Faso
(AGNT/BF) 34
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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES CONDITIONS DE VIE
DES GUIDES DE TOURISME DE LA VILLE DE BOBO-DIOULASSO
ET
PROPOSITIONS POUR UNE MEILLEURE PROFESSIONALISATION
DU SOUS SECTEUR GUIDE DE TOURISME 35
Dioulasso 37
Section I : Détermination des retombées économiques liées à l'activité de guidage 37
Paragraphe I : Le salaire et autres rémunérations des guides de tourisme 37
A. Détermination du volume d'affaires des guides de tourisme 38
B. Détermination de la rémunération journalière 38
C. Estimation du revenu minimum annuel du guide d'agence de voyages40
D. Autres rémunérations : pourboire 40
Paragraphe II : Les autres formes de retombées de l'activité de guidage 41
A. Retombées non financières de l'exercice de l'activité de guidage 41
B. Retombées de l'activité de guidage profitable aux populations locales 42
Dioulasso 43
Paragraphe I : Des guides qui arrivent à couvrir leurs besoins de base 43
A. Logements 43
B. Moyens de déplacement 44
C. Centres de santé fréquentés, branchements SONABEL et ONEA à
domicile et nombre d'enfants scolarisés 45
Paragraphe II : Les réalisations faites par les guides de tourisme grâce aux retombés
de l'activité de guidage 46
CHAPITRE II : Analyse des facteurs qui entravent le bon exercice de l'activité de guidage et propositions pour une meilleure professionnalisation du sous secteur guide de tourisme . 48
Section I : Analyse des facteurs qui entravent le bon exercice de l'activité de guidage . 48
Paragraphe I : Facteurs dépendants du guide de tourisme lui-même 48
A. Connaissances du métier de guidage 49
B. Connaissances des zones touristiques 50
C. Connaissances des langues étrangères et sur la gestion des conflits 50
Paragraphe II : Facteurs non dépendants du guide de tourisme 51
A. Difficultés d'entrée au Burkina Faso depuis juillet 2010 51
B. Les facteurs de risques : instabilité, insécurité et épidémies 52
Section II : Recommandations pour une meilleure professionnalisation du métier de guide
de tourisme et pour le développement de l'activité touristique dans le pays 55
ouattarabdel@yahoo.fr Page 67
Paragraphe I : Formations des guides de tourisme et renforcement des regroupements
55 |
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A. |
Stratégie de formations |
55 |
B. |
Modules de formations |
56 |
1. |
Accompagnement du groupe |
56 |
2. |
Connaissance du milieu local |
56 |
3. |
Connaissances des langues étrangères |
57 |
4. |
Prévention, hygiène et premiers secours |
57 |
5. |
Cartographie et orientation |
57 |
C. |
Renforcement des regroupements de guides de tourisme |
57 |
contributions pour le développement de l'activité touristique au Burkina Faso 58
A. Conditions de structuration de la profession de guide de tourisme 58
B. Contributions pour le développement de l'activité touristique au Burkina
Faso 59
CONCLUSION 61
BIBLIOGRAPHIE 63
ouattarabdel@yahoo.fr Page 68
Questionnaire à l'intention des guides de tourisme de Bobo-Dioulasso
Dans le cadre de l'élaboration de notre mémoire de fin de formation à l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM), nous avons décidé de faire une étude visant à connaitre les conditions de vie et de travail des guides de tourisme de la ville de Bobo-Dioulasso. Toute en vous rassurant que l'analyse des données sera faite dans l'anonymat total, nous vous prions de donner en toute objectivité des réponses aux questions suivantes.
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Quel est votre niveau d'étude ? |
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Sans diplôme CEP BEPC BAC |
BAC+2 et plus |
II. Conditions de vie et de travail
7. Nombre d'enfants
0-1 |
2-3 |
4-5 |
Autres
8. Nombre d'enfants scolarisés
Autres
0-1
2-3 |
4-5 |
9. Zone d'habitation
Lotie Non aménagé
ouattarabdel@yahoo.fr Page 69
10. Etes-vous en location ?
Oui |
Non |
11. Si oui, quel est le montant de la location de votre maison ?
12. Quel est votre moyen de déplacement ?
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13. Avez-vous un branchement de courant à domicile (SONABEL)?
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14. Avez-vous un branchement d'eau à domicile (ONEA)?
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15. Quel centre de santé fréquentez-vous ?
Hôpitaux publics Cliniques Autres
16. Votre conjoint ou conjointe a-t-il une occupation ?
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17. Avez-vous des activités parallèles ?
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18. Si oui, lesquelles ?
19. Le guidage est-il votre activité principale?
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20. Avez-vous la carte professionnelle de guide de tourisme ?
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21. Quelles sont les langues étrangères parlées ?
ouattarabdel@yahoo.fr Page 70
Français Anglais Espagnol Allemand Autres
22. Quelles sont vos zones touristiques de compétences ?
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23. Avez-vous déjà suivi des formations dans le guidage ?
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24. Si oui, combien ?
Merci pour votre disponibilité
ANNEXE 2
Guide d'entretien à l'endroit du président de l'AGTB
1. Historique de l'activité de guidage
> Ancienneté et raisons pour s'engager dans le métier de guidage
2. Présentation de l'Association
> Membre de l'AGTB
> Motivations liées à l'adhésion ou pas à l'AGTB
3. Organisation de l'activité de guidage dans la ville > Types de guides de tourisme rencontrés > Lieux de rencontre
4. Rémunérations
> Nombre de jours de sortie par semaine, mois ou saison touristique > Les périodes d'activités ou nombre de mois d'activité dans l'année > Moyenne de la paie journalière
> Hormis cette paie, existence d'autres retombées
5. Atteinte d'objectifs dans la vie > Investissements et autres
6. Formations
> Formations reçues
ouattarabdel@yahoo.fr Page 71
> Retenues des formations
> Insuffisances des formations
7. Difficultés
> Rencontrées dans l'exercice du métier
> Liées au développement du métier de guide de tourisme de façon globale
8. Suggestions, recommandations et attentes de l'Administration Nationale du Tourisme en matière d'encadrement de la profession