RESUME
Face aux contraintes climatiques et à la pression
démographique, le secteur agricole s'est aujourd'hui inscrit dans une
nouvelle dynamique : la mécanisation des exploitations agricoles. Il
s'agit d'un souhait légitime des agriculteurs qui espèrent, par
ce moyen, alléger leurs peines et augmenter leurs revenus. Cependant, de
par son cout élevé et le niveau de technicité qu'elle
requiert, la mécanisation ne s'improvise pas. Une étude sur
l'adéquation du matériel et de la rentabilité des
exploitations doit donc être conduite avant toute conduite. Ainsi, la
présente étude a pour objectif général
l'étude des performances techniques et économiques des
exploitations en fonction du niveau d'équipement. Pour parvenir à
de bons résultats, nous avons élaboré une fiche de
collecte de donnée que nous avons administrée à un
échantillon de trente producteurs de l'Unité
Départementale du Tuy. Cette fiche a été conçue de
sorte à capter aussi bien les aspects de rentabilité
économiques que les aspects qualitatifs des différentes
exploitations. Ainsi, les données économiques collectées
ont été traitées à l'aide du logiciel MS Excel
2010, nous permettant d'évaluer la rentabilité des
différents types d'exploitation. Une synthèse des informations
qualitatives nous a par la suite permis de capter l'efficacité technique
de ces exploitations. A l'issue du traitement des données, nous sommes
parvenus à la conclusion que les exploitations motorisées sont de
loin économiquement et techniquement plus performantes que les
exploitations attelées. En effet, les superficies moyennes, le nombre
moyen d'actifs de même que les charges d'exploitations sont plus
élevés dans les exploitations motorisées que dans celles
attelées. Aussi, la marge brute moyenne qui est notre indicateur de
rentabilité est meilleure dans les exploitations motorisées que
dans celles utilisant l'attelage. Cependant, il a été
constaté que dans notre échantillon qui a été
aléatoirement constitué, aucune exploitation pratiquant encore le
mode de culture manuel n'a été rencontré. Preuve que les
exploitations évoluent et tentent tant bien que mal de s'approprier des
moyens de culture plus performants.
VIII
Mots clés : performances,
techniques, économiques, exploitations, coton, équipement,
Tuy.
1
INTRODUCTION GENERALE
Dans de nombreux pays ; le coton est l'une des cultures les
plus importantes. La culture du coton fournit non seulement des fibres pour
l'industrie textile, mais joue également un rôle dans
l'alimentation, grâce à ses graines riches en huile et en
protéines.
En Afrique et principalement dans les pays francophones
d'Afrique de l'ouest et du centre, les superficies cotonnières
représentent environ 3% des surfaces cultivées. Le coton
représente en moyenne dans ces pays 15 à 20% des surfaces des
exploitations pratiquant cette culture (Lacape et al, 1998). D'après les
statistiques de l'International Advisory Committe (ICAC, 2005), cet ensemble de
pays avec plus de 2,5 millions de tonnes de coton graine et plus d'un million
de tonnes de fibres produites au cours de la saison 2004/2005 se place au
6ème rang mondial pour la production (Cité par Estur,
2006). Cette production est exportée à 95% et ce groupe de pays
représente environ 12% des exportations mondiales, se plaçant
ainsi au second rang des exportateurs après les USA (ICAC, 2005). Dans
ces pays, le coton est à la base du développement rural et
contribue considérablement à l'emploi et aux revenus des
populations rurales (Matthès et al., 2005).
Premier producteur de coton d'Afrique de l'ouest, le Burkina
Faso a fait le choix d'asseoir son développement économique sur
la production et la commercialisation de cette culture de rente. Bien que le
coton-fibre soit exporté à l'état brut faute de moyens
pour le valoriser, et bien qu'il soit cédé face à des
concurrents occidentaux qui subventionnent leurs producteurs et influent sur
les stocks, les résultats sont concrets : le coton entraine des effets
positifs au plan socioéconomique qui sont indispensables pour un pays en
développement comme le Burkina. L'amélioration des indicateurs
socio-économiques et les recettes d'exportation incitent le pays
à produire toujours plus. En effet, la filière cotonnière
est la seule filière agricole qui a pu favoriser véritablement
l'insertion du pays dans le commerce international. D'après le rapport
final de SBA-ECOSYS-CEDRE (2011), l'activité cotonnière
représente en moyenne 65% des revenus monétaires des
ménages et constitue du même coup un secteur capital de lutte
contre la pauvreté.
Compte tenu de son importance dans le tissu économique
de notre pays, les producteurs de coton et les autorités administratives
tiennent à intensifier la production cotonnière à travers
l'utilisation de la mécanisation. Il s'agit d'un souhait légitime
des agriculteurs qui espèrent, par ce moyen, alléger leurs peines
et augmenter leurs revenus. Cependant, de par son coût
élevé, la mécanisation agricole ne s'improvise pas. Une
étude sérieuse sur le matériel à utiliser et sur
sa
2
rentabilité doit de ce fait être effectuée
avant toute acquisition, au risque d'essuyer de graves
échecs.
Afin d'accompagner non seulement les exploitations mais aussi de
construire des politiques publiques visant à renforcer la place de la
mécanisation dans les systèmes de production, il est important
d'analyser les performances techniques et économiques de ces
exploitations en fonction de leurs niveaux de mécanisation.
3
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
I.1. Problématique de recherche
Dans un contexte marqué par le changement climatique,
la surpression démographique et la baisse de la fertilité des
sols, la nécessité d'adopter de nouvelles technologies pour
l'augmentation des rendements agricoles s'impose. Ainsi, l'augmentation de la
productivité par unité de surface en agriculture s'est
appuyée sur plusieurs facteurs techniques : l'amélioration
variétale et les progrès de la génétique, les
fertilisants, les pesticides pour protéger les plantes, l'irrigation, le
drainage et la mécanisation (Délos et
Weissenberger, 2012).
La mécanisation agricole, processus de
développement et de généralisation des machines dans le
milieu agricole apparait comme une véritable révolution dans le
domaine de l'Agriculture en générale et dans celui du coton en
particulier. Il convient de noter que la mécanisation regroupe en son
sein la traction animale et la traction motorisée. Ce progrès
s'est en fait basé sur la formidable augmentation de la production
cotonnière ces dernières années. Au vu des 300 tracteurs
d'un montant de plus de 1,9 milliards de F CFA qui ont été
commandés par l'Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina
(UNPC/B) en mars 2014 au profit de ses membres, nous pouvons affirmer que la
mécanisation est en marche chez les producteurs de coton du Burkina
Faso. Face à ce besoin sans cesse croissant de mécanisation des
exploitations cotonnières, il apparait judicieux de mûrir une
réflexion sur l'impact réel de cette technologie dans la
filière coton.
La mécanisation permettrait-elle de booster la
production de coton ? Serait-elle un facteur d'intensification de la production
cotonnière ou plutôt un facteur d'extension des superficies
emblavées ? Serait-elle en réalité sujette de
rémunération ou du moins d'endettement des producteurs ? Quelle
est son taux d'adoption dans les zones cotonnières ?
Voici autant de questions qui nous ont motivé à
mener la présente étude suivant le thème «
Analyse des performances techniques et économiques des exploitations en
fonction du niveau d'équipement : cas de l'union provinciale du Tuy
»
4
I.2. Objectifs de l'étude
|