« LA REHABILITATION DE LA CEPGL COMME
SOLUTION A LA CRISE SECURITAIRE DANS LA REGION DES GRANDS LACS
AFRICAINS »
Introduction
Les pays dits de Grands Lacs Africains (Rwanda, Burundi et la
République Démocratique du Congo) ont une histoire commune. La
Belgique, ayant hérité les colonies Allemandes du Rwanda et du
Burundi dans le cadre du système des mandats institué par la
Société des Nations (SDN) à la suite du traité de
paix de Versailles1(*). Elle
avait pu reprendre une dizaine d'années plus tôt l'Etat
Indépendant du Congo (EIC) du roi Léopold II et avait
transformé son statut en celui de la colonie en 1908, intégrant
graduellement la gestion de ces territoires. La Belgique y développa une
sorte « d'Afrique Equatoriale Belge », dont le signe le
plus évident fut l'intégration de la gestion politique et
monétaire. L'assimilation était involontaire. Certains
faits ont donc créé des mobilités transfrontalières
notamment :
v La création des universités, surtout au Congo
Belge (Lovanium, Université Libre du Congo, ...) recevant des
étudiants des autres pays ;
v Les transmutations des fonctionnaires locaux d'un territoire
à un autre ;
v La gestion des congrégations missionnaires suivant le
même modèle.
Après les indépendances (République
Démocratique du Congo : 30 juin 1960, le Burundi : 1èr
juillet 1962 et le Rwanda : 2 Juillet 1962), plusieurs régimes se
sont succédés dont certains ont été longs avec les
mêmes caractéristiques dictatoriales. Pendant cette
période, les relations sont bonnes entre Kigali, Kinshasa et Bujumbura.
Cela aboutit à la création, en 1976, de la Communauté
Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) et la mise en route d'un document
migratoire dit Laissez-passer CEPGL permettant aux habitants des 3 pays de
circuler librement avec visa gratuit. Des projets naissent tels que la
Société Internationale d'Electricité des Pays des Grands
Lacs (SINELAC) en 1984 ; la Banque de Développement Economique des
Pays des Grands Lacs (BDEGL), l'Institut de Recherche Agro Zootechnique (IRAZ),
l'Energie des Grands Lacs (EGL) etc. ont accéléré
l'intégration dans le cadre de la CEPGL.
La chute du mur de Berlin (1989) brise l'existence de Deux
Blocs Est-ouest et met fin à la Guerre froide2(*). Dans les pays du Tiers monde et
particulièrement dans ceux de Grands Lacs Africains naissent des
tendances démocratiques avec l'instauration des multipartismes, des
conférences nationales, des négociations avec l'opposition,...
La déstabilisation aiguë de la sous-région
débute le 1èr octobre 1990, lorsque le Front
Patriotique Rwandais (FPR) attaque le Rwanda à partir de l'Ouganda.
Guerre à l'issue de laquelle il prend le pouvoir en Juillet 1994,
après des accords politiques, des crimes dont un génocide3(*). Huit mois plus tôt, le
processus démocratique avait tourné au drame au Burundi ;
des dizaines des milliers des personnes sont mortes et le pays s'est
engagé dans une guerre civile. A ce moment règnent des conflits
tribaux dans les Kivu (phénomène Bangiti, Katuku...). Fin 1993,
près de deux cent mille réfugiés Burundais et au milieu de
1994, plus d'un million des réfugiés Rwandais inondent la
République Démocratique du Congo par le Kivu, qui vient à
peine de s'engager dans une fragile pacification. C'est le début de
l'extension, en cercles concentriques, des conflits dans la sous-région.
La situation lente au Congo sera réchauffée et les guerres de
libération sont déclenchées ranimant les multiples
conflits tribaux qui sévissent dans le pays4(*).
La sous-région est alors en ébullition. Des
milliers de jeunes sont recrutés soit par des bandes armées, soit
par les armées régulières. Il y a une multitude des
déplacés internes, des réfugiés, des familles sont
séparées, les civiles sont surarmés,
l'insécurité, la famine, la dégradation totale du tissu
socioéconomique. Le développement est bloqué car il n'y en
aura pas sans paix ni pain. Il faut réinstaurer la paix par la
consolidation de l'autorité de l'Etat.
Pour les politiciens, et selon le principe qui stipule que
« qui veut la paix prépare la guerre » il faut se
défendre et attaquer. Ainsi, on se surarme. Des structurations
idéologiques ont été faites pour endoctriner les jeunes et
toute la population, non à aimer certains étrangers mais à
les haïr davantage. Les grains de préjugés, des caricatures,
stéréotype liés à la mauvaise gouvernance, à
la corruption généralisées, au népotisme, et une
misère profonde sont enracinées et développés. Des
termes jadis utilisés en coulisses apparaissent et sont brandis en
première pages, c'est entre autres le tribalisme l'ethnisme,
l'xénophobie, l'ethnocentrisme, ... des valeurs jadis prouvées
telles que la solidarité, l'hospitalité, le pardon, l'amour du
prochain, la non-violence, ... et tant d'autre sont jugées
négatives et donc se perdent progressivement. Désormais, il est
encré dans le chef des gens et surtout dans l'opinion publique,
consciemment ou inconsciemment, des attitudes qui n'ouvrent aucune voie
à la communication ni à la compréhension entre les peuples
tant à l'intérieur d'une société qu'entre les
différentes sociétés ou peuples.
SECTION I. ORIGINES ET CAUSES DE L'INSECURITE DANS LA
REGION DES GRANDS LACS AFRICAINS
1. LE PHENOMENE MIGRATOIRE ET LA COLONISATION
Les causes de l'instabilité et de la récurrence
des conflits transfrontaliers dans la région des Grands Lacs sont
à rechercher dans l'histoire immédiate et lointaine des peuples
et des Etats qui la composent.
Le phénomène migratoire, volontaire ou
forcé, est vraisemblablement au coeur des conflits qui sévissent
dans la région. Tous les conflits de la région ont en commun la
présence d'un peuple, largement considéré comme autochtone
et majoritaire, ayant en face de lui une minorité installée,
parfois de manière séculaire, sur un territoire commun
partagé.
1.1. La responsabilité coloniale
Le rôle de la colonisation, donc sa
responsabilité, s'arrête souvent au fait d'avoir
érigé des communautés les unes contre les autres dans une
optique visant à diviser et différencier les colonisés
pour mieux gouverner. Pour Pierre-François
GONIDEC5(*) il est clair que le pouvoir colonial a joué des
rivalités interethniques pour mieux asseoir sa domination (divide an
rule).
Sur la question de cette responsabilité, Scholastique
MUKASONGA6(*), va jusqu'à affirmer la tentative de
reproduction, peut être inconsciente, du binôme wallons/flamands
par le colonisateur Belge dans la région des Grands Lacs en le
transposant sur la division sociale qui existait alors entre le Hutu
(agriculteur) et le Tutsi (éleveur). Elle soutient donc la thèse
de la nature purement socio-économique de la classification Hutu/Tutsi
ne comportant pas de caractère sectaire, ni un caractère
figé avant l'arrivée des colons. Selon elle était tutsi
qui possédait du bétail, devenait Hutu qui le perdait et vice
versa. Le fait que les deux groupes parlent encore aujourd'hui la même
langue semble corroborer ses propos qui vont contre les définitions de
l'ethnie qui prévalent encore aujourd'hui. Pierre François
GONIDEC7(*) a raison de se
demander dans quelle mesure le pouvoir colonial n'a pas été pour
inventer parfois des ethnies.
En RDC, les politiques coloniales ont, notamment pour des
besoins de main d'oeuvre, contribué à installer de manière
plus ou moins durable des populations rwandophones dans le Nord et le Sud Kivu.
1.2. Le mouvement de population
D'autres raisons ont contribué à constituer le
brasier régional qui se rallume souvent au moindre attisement. Henry C.
HOEBEN8(*) relève trois raisons principales qui ont
encouragé très tôt les mouvements des populations
rwandophones vers les régions orientales du Congo :
- Les périodes de famine qui ravagèrent le
Rwanda en 1905, 1928 et 1929, 1940 à 1943 et celle de 1950 à
1952 ;
- La surpopulation du Rwanda ;
- Le besoin de main d'oeuvre dans les plantations, les mines,
l'industrie et les routes au Congo.
Ces vagues d'immigration massives, surtout celle des
années 50, vont contribuer à créer ou à renforcer
sur des localités Congolaises, des regroupements assez
hétérogènes, auparavant inexistants, dit des
`Banyarwanda', en référence aux racines
culturelles et géographiques Rwandaises de ses populations ainsi que
leur langue le Kinyarwanda.
Les premières tensions entre les banyarwanda et les
populations locales se manifestent assez vite après
l'indépendance, contribuant à une reprise politique par certains
partis de l'époque des conséquences d'une telle immigration. Ces
tensions se caractérisent alors par des épisodes de
révolte des populations Rwandophones contre les autorités
locales. En 1963 et 1964, une frange de la population rwandophones en faveur
d'un séparatisme régional tentera en vain d'obtenir les
territoires de Rutshuru, Masisi et de Goma par une révolte qui sera
jugulée par l'ANC (l'Armée Nationale Congolaise). Cette
révolte marque l'entrée dans l'imaginaire collectif Congolais de
la menace d'un empire Hima-Tutsi qui amputerait le Congo
d'une partie de ses terres orientales. Cet empire fictif, comme l'idée
de la création d'un tutsiland dans la région pour résoudre
la crise, va servir pendant longtemps de fonds de commerce aux partisans d'une
`balkanisation' du Congo. Au même moment, le
nouveau pouvoir Hutu du Rwanda conduit une politique qui pousse des centaines
de milliers de tutsis vers l'exil principalement en RDC, en Ouganda et en
Tanzanie.9(*)
1.3. Pression démographique et conflits
fonciers
Ces premières tensions, conséquences des
migrations antérieures et de migrations plus récentes dues
à la pression démographique, ainsi que la résurgence de
plus en plus fréquente de conflits fonciers entre chefs locaux et
populations rwandophones vont aider à exporter de manière durable
la logique politique et territoriale d'exclusion réciproque selon
laquelle fonctionne déjà le binôme Hutu/Tutsi au Rwanda et
au Burundi. Cette logique sera portée à l'échelle
supérieure et imposée comme applicable à un binôme
Bantou/ non Bantou, rendant ainsi la régionalisation du conflit
possible. Cyril MUSILA10(*) fait la même
analyse : « la systématisation des antagonismes entre
Hutu et Tutsi, au Rwanda comme au Burundi et leur régionalisation
progressive sous forme d'ethno nationalismes à l'échelle de la
région renvoie à l'intensification des luttes agraires dans ces
pays et surtout dans le Kivu du Congo Zaïre où il y a encore des
terres disponibles. Alors, sur les territoires des trois pays, lorsqu'une de
ces entités est menacée, ses
`congénères' se sentent en devoir de
solidarité pour intervenir ».
D'autres populations originaires du Rwanda, installées
dans la région d'Uvira au Sud Kivu (RDC) bien avant la conférence
de Berlin de 1885 qui fixa les limites territoriales des colonies (limites qui
deviendront les bases des politiques d'octroi de la nationalité), vivent
depuis le 18ème siècle de manière relativement
paisible. Ce groupement ethnique dit des
Banyamulenge, reste cependant absent de toutes les
cartes ethniques coloniales décrivant le paysage humain du Sud Kivu et
cela jusqu'aux indépendances. Ceci s'explique peut être par le
fait que le terme
« Banyamulenge » ne constitue pas
encore, à l'époque, une dénomination ethnique. Il fait
plutôt référence aux habitants du village de
Mulenge, situé sur le plateau de l'Itombe
(RDC).
Le terme se généralise autour de 1967, sur
l'initiative propre des Banyamulenge, dans un souci de différenciation
avec les groupes d'immigrés venus du Rwanda dans des vagues
d'immigration plus récentes connus sous l'appellation Banyarwanda. Ces derniers feront, comme nous le décrirons plus
tard, cause commune avec les Banyarwanda une fois que leurs
intérêts seront menacés, particulièrement sur le
dossier épineux de la `congolité'
tournant autour du droit à la nationalité Congolaise.
2. LA SITUATION SECURITAIRE DANS LA REGION DE GRANDS
LACS AFRICAINS
Depuis bien longtemps un climat de tension est établi
dans la région. On observe des mouvements rebelles dans un grand nombre
de pays. La plupart d'entre eux trouvent des bases arrière et un soutien
au Zaïre de Mobutu avec ou sans le parrainage tacite du dictateur. Des
chefs rebelles comme John GARANG du Soudan, MUSEVENI de l'Ouganda ou encore
SAVIMBI de l'Angola se serviront longtemps du Zaïre comme terrain
d'entraînement et de retraite. MUSEVENI avait été soutenu
par MOBUTU pour passer au pouvoir en chassant les hommes du président
MILTON OBOTE en 1986.11(*)
2.1. La chute d'Idi Amin DADA en Ouganda au
génocide Rwandais de 1994
L'arrivée au pouvoir de Yoweri Museveni en Ouganda,
appuyé par les tutsis en exil de la région et par l'armée
Tanzanienne de Julius Nyerere, va changer la donne régionale pour
longtemps. Le soutien des tutsis à Museveni émane de la
proximité naturelle qu'ils éprouvent à l'endroit d'un Hima
(un cousin d'Ouganda) et de l'espoir que soit enfin pris en compte le sort des
populations tutsies que ses prédécesseurs ont parqué dans
des camps de réfugiés en Ouganda. C'est à
l'intérieur d'un de ces camps qu'a grandi Paul Kagamé, l'actuel
président du Rwanda.
Cette prise de pouvoir en Ouganda va offrir aux tutsis un
espace serein d'organisation et de préparation à un retour et une
éventuelle prise du pouvoir par les armes au Rwanda voisin. L'option
d'un retour armé est pour ces populations la seule envisageable compte
tenu du fait que pour des raisons de surpopulation le Régime hutu du
Rwanda a acté le principe du non retour des réfugiés
tutsis.
Dans le cas précis de la RDC, des jeunes tutsis
Congolais sont recrutés pour contribuer à ce début
d'embryon d'une « armée sans frontières »
pour reprendre le terme que les populations du Kivu donneront à ces
troupes bigarrées qui sèmeront la désolation pour
longtemps sur leur territoire. Le terme est bien choisi, certains de ces
miliciens ont même combattu avec le FRELIMO (Front de libération
du Mozambique) au Mozambique pendant la guerre de libération en 1992.12(*)
Fort de ce noyau tutsi et de sa nouvelle base arrière
en Ouganda, Fred Rwigyema (tuteur militaire de Paul Kagamé) se lancera
en 1990 dans la reconquête du Rwanda. Campagne au cours de laquelle il
perd la vie et qui ne doit son échec qu'à l'intervention des
éléments de la Division Spéciale Présidentielle du
Maréchal Mobutu et au soutien de l'armée Française au
régime hutu d'Habyarimana.
Le coup d'Etat d'octobre 1993 au Burundi et la guerre
larvée qui s'en suit, marquée par des explosions et des
dérives génocidaires traumatisantes, vont aiguiser et renforcer
les radicalismes et les intégrismes ethniques dans la
région.
Ce qu'il importe de retenir de cet amalgame
d'événements et qui constitue un postulat de la
régionalisation permanente des conflits dans la région c'est
d'abord la tendance régionale à faire recours pour des raisons
idéologiques, politiques, économico stratégiques voire
ethniques au droit d'ingérence.
Il faut aussi relevé la présence d'une
solidarité tutsie qui dépasse largement les cadres nationaux
faisant de ce groupement un groupement régional solidaire, prêt
à défendre ses intérêts sans considération de
frontières. La présence d'un antagonisme fort Hutu / Tutsi
qui débouche au final à une mise en opposition des Bantous (les
Hutus étant Bantous) et des non Bantous (les tutsis étant
nilotiques) prête le flanc à des alliances régionales
souvent basées sur des pseudos proximités ethno-claniques.
a) Le génocide rwandais de
1994
A partir d'avril 1994, deux foyer de violences éclatent
et coexistent au Rwanda jusqu'en juillet de même année :
- Le génocide des Tutsi et des Hutu
modérés par les extrémistes Hutu au pouvoir.
- La réactivation simultanée de la
guérilla Tutsi du Front Patriotique Rwandais (FPR), menée par
Paul KAGAME, en lutte depuis 1990 contre le pouvoir Hutu et les Forces
Armées Rwandaises (FAR) ; la guérilla est soutenue par
l'Ouganda qui lui sert de base arrière.
Le 6 avril 1994, à proximité de
l'aéroport de Kigali, Juvénal HABYARIMANA alors président
Rwandais Hutu au pouvoir depuis 1973, accompagné du président
Burundais Cyprien NTARYAMIRA, périssent dans un attentat contre l'avion
qui les ramenait d'un sommet régional en Tanzanie. L'attentat sert de
prétexte au déclenchement des tueries qui, dès le 07
avril, éclatent simultanément dans la capitale Kigali, dans le
sud, est et nord du pays. Elles sont conduites par des extrémistes
Hutus, miliciens Interahamwé de l'ex-parti unique du président
Habyarimana et soldats des Forces Armées Rwandaises. Ils ont pour
mission d'éliminer méthodiquement les Tutsi
« cancrelats » (sobriquet infamant donné aux tutsi
depuis 30 ans) et l'opposition Hutu modérée avec listes des noms
à l'appui, constituées grâce aux cartes d'identité
instaurés à l'époque coloniale mentionnant l'appartenance
ethnique des communautés. La simultanéité, la violence et
l'ampleur des massacres attestent leur planification de longue date.
Les massacres avaient été préparés
pendant des mois en avant. La garde présidentielle et d'autres
militaires de l'armée Rwandaise ont donné des entrainements
militaires aux milices Interahamwés et Impuzamungambis pour leur
apprendre comment tuer avec le plus d'efficacité. Les
Interahamwés « ceux qui attaquent ensemble » sont la
milice du Mouvement Républicain National pour le Développement et
la Démocratie (MRND) et les Impuzamungambis « ceux qui ont le
même but » sont la milice du parti dit Coalition pour la
Défense de la République (CDR). Créées en 1992, ces
milices ont reçu des entrainements militaires intenses fin 1993 et
début 1994 en groupe de 300 hommes à la fois envoyés pour
trois semaines dans un camp militaire dans la région du nord-est du
Mutara . Dans leurs attaques contres les civiles, les milices étaient
souvent accompagnées d'un petit nombre de militaires ou de policiers du
gouvernement, mais les milices ont tué plus de personnes que les forces
armées. Les autorités Rwandaises ont distribué des armes
à feu aux membres de milices et autres supporteurs de Habyarimana au
début de l'année 1992 et encore plus vers la fin de 1993 et au
début de 1994.13(*)
Jean Pierre CHRETIEN décrit le cynisme appliqué,
la normalisation de la haine dont les tueurs front preuves : «
les miliciens dits Interahamwés les solidaires font fuir leurs victimes
vers des refuges supposés (églises, dispensaires, écoles)
, puis encerclent ces lieux devenus des abattoirs, les militaires y jettent des
gaz lacrymogènes, des grenades à fragmentation et tien pour
briser toute résistance, puis y pénètrent pour
déloger les réfugies à la fois terrorisés et
résignés, les miliciens attendent aux sorties avec leurs
machettes, leurs lances et leurs gourdins cloutés. Il reviennent voir
les tas de cadavres le lendemain matin pour achever les blessés et
piller ». Les massacres se poursuivent sans cesse faisant, entre
avril et juillet 1994, plus de 800 000 victimes Tutsi et Hutu
modérés. Une première vague d'une dizaine de milliers de
réfugiés, essentiellement Tutsi, traverse la frontière et
parvient au Kivu, dans l'Est de l'ex-Zaïre.14(*)
b) Les refugies rwandais au zaïre
Début avril 1994, simultanément la
guérilla Tutsi du Front Patriotique Rwandais (FPR), dont les bases
arrière sont en Ouganda, soutenues par le président Yoweri
Museveni depuis 1990, réactive les combats contre les Forces
Armées Rwandaises (FAR) du pouvoir Hutu en place. Après trois
mois de violences combats, le 4 juillet, les rebelle conquièrent la
capitale Kigali, renversent le régime Hutu et poursuivent leur
avancée dans l'ensemble du pays. Un gouvernement intérimaire,
sans légitimité, constitué par les extrémistes
Hutus fidèles au président défunt, se replie vers le
sud-ouest du pays, zone humanitaire supervisée par l'opération
Turquoise. Il s'agit d'une intervention militaire et humanitaire
Française autorisée par le conseil de sécurité de
l'ONU par la résolution 929 du 22 juin 1994 pour une durée de
deux mois.
Le 17 juillet, la formation du gouvernement d'unité
nationale par Faustin Twagiramungu, Hutu modéré consacre la
victoire politique du FPR pasteur Bizimungu (Hutu modéré) est
nommé président de la république et Paul KAGAME, chef des
rebelles, devient vice-président une assemblée nationale de
transition entre en fonction le 24 juillet, les tueries cessent après la
victoire du FPR.
Mais une deuxième vague de réfugiés
déferle alors 1,2 million de Rwandais Hutu, infiltrés et
encadrés par des milliers de soldats Hutu des ex-FAR et les milices
Interahamwé, les « génocidaires », fuient
vers les pays limitrophes, plus d'un million de personnes se regroupe vers Goma
et Bukavu, dans la province du Kivu, dans l'Est du ex-Zaïre.15(*)
2.2. Causes et conséquences des guerres
d'invasion en RDC
Les conditions pour le prolongement du drame rwandais en
territoire congolais sont de suite réunies par l'installation sur la
frontière entre la RDC et le Rwanda d'un million et demi de
réfugiés hutus encadrés par des éléments
génocidaires de l'ancienne armée Rwandaise. Ces militaires n'ont
pas été désarmés à leur entrée en
territoire Congolais. Ils ne tardent pas à lancer des expéditions
meurtrières en direction du Rwanda et sur le territoire Congolais,
parfois de connivence avec des populations autochtones, contre des
éleveurs tutsis (Dans Masisi au Nord Kivu ou encore contre les
banyamulenge au Sud Kivu).
Ces attaques déclenchent l'exode d'une partie de ces
populations vers le Rwanda. Les résidus de ces groupes de
réfugiés armés sèment encore aujourd'hui la terreur
au Kivu sous des dénominations diverses : FDLR, Rastas,
Interahamwé, etc.
Dans la foulée du génocide, la présence
dans les camps d'éléments armés de l'ancienne armée
Rwandaise représente un danger direct et permanent pour les
régimes tutsis et alliés de la région (Rwanda d'abord mais
aussi Ouganda et Burundi). Elle va donc constituer, couplée avec les
exactions dont sont victimes les populations tutsies au Congo, l'essentiel de
l'alibi d'une guerre en territoire Congolais. Un jeu d'intérêt
complexe va en dessiner le contour.
La guerre qui éclate en 1996 sur fond de revendications
ethniques des Banyamulenge ne cache pas ses dessous de cartes longtemps. Ses
principaux leviers sont la volonté du Rwanda de mettre un terme à
l'insécurité que cause des camps de réfugiés hutus
militarisés situés à sa frontière et venger, si
possible, les victimes du génocide en disposant des bourreaux, et le
désir de l'Ouganda d'en finir avec les bases arrière des rebelles
de la Lord Resistance Army (LRA) et le souci d'accéder au rang de
puissance régionale face à un Zaïre s'écroulant. Un
rôle pour l'Ouganda de leader régional que l'administration
Clinton ne cessera d'affirmer et d'appuyer. En guise de couverture politique,
d'anciens maquisards Congolais, dont Laurent Désiré Kabila, sont
vite recrutés afin de masquer une guerre d'agression en lui
conférant le caractère plus noble de lutte pour la
libération du peuple Congolais, opprimé sous la dictature
trentenaire du maréchal Mobutu.
C'est sur cette trame qu'une armée d'enfants soldats
dits `Kadogos', soutenue militairement par les
armées Ougandaise et Rwandaise et plus tard par l'armée Angolaise
(décidée d'en finir une fois pour toute avec les bases
arrières des rebelles de l'UNITA (Union Nationale d'Indépendance
Totale d'Angola) en territoire Congolais et de se débarrasser de son
ennemi de toujours :Mobutu) va procéder au
démantèlement, teinté de massacres, des camps de
réfugiés hutus, prendre le contrôle des ressources du Nord
Est et de l'Est du Congo et progresser lentement vers Kinshasa afin d'y prendre
le pouvoir.
Cette armée regroupe en son sein les cadres de
« l'armée sans frontière » ayant combattu en
Ouganda et au Rwanda ainsi que des renforts d'Erythréens, des Somaliens,
d'Ethiopiens, et selon certains observateurs même des combattants
Libériens de l'ethnie Khran. Dès 1996,
l'africanisation du conflit que l'on qualifiera plus tard de première
guerre mondiale africaine a déjà pris racine.16(*)
Devant une armée de déserteurs qui abandonnent
positions et munitions sans résister, l'armée
hétéroclite qui porte désormais le nom d'AFDL (Alliance
des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) avance
très rapidement. Les renforts apportés au régime de Mobutu
par l'entremise de mercenaires recrutés par la France dans les Balkans
sous le commandement de Christian Tavernier, la résolution 1080 du
Conseil de sécurité de l'ONU, fortement poussée par la
France, prévoyant l'envoi au Kivu d'une force internationale (qui ne
verra jamais le jour), l'intervention des soldats Togolais envoyés par
Eyadema et le soutien des rebelles Angolais de l'UNITA n'y feront rien. L'AFDL
entre dans Kinshasa et sonne le glas de la plus vieille dictature d'Afrique
noire. Paul Kagamé a réussi son pari comme il le confiera plus
tard au Washington Post. Il s'était donné pour but de
démanteler les camps de réfugiés hutus, de détruire
la structure de l'ancienne armée Rwandaise et des milices
Interahamwés basées autour de ses camps et au final en finir avec
Mobutu.
Plusieurs autre pays se seront joints
à l'effort, la Zambie de manière discrète, le Zimbabwe et
la Namibie en envoyant l'un des fonds et des grains, l'autre des cargaisons de
poissons séchés pour les troupes de l'AFDL, l'Afrique du Sud en
prenant le volant diplomatique. L'Afrique entière semble s'être
mise en mouvement pour un Congo qu'elle espère voir devenir un des
moteurs de son développement.
Une année seulement après leur « joint
venture » politico-militaire, Laurent Désiré Kabila
décide de rompre avec la tutelle politique, économique,
diplomatique et militaire que lui imposent le Rwanda et l'Ouganda.
Pendant près d'une année, l'armée
Congolaise est dirigée par des officiers Rwandais. Un certains James
Kabarebe, proche de Kagamé, occupe même la fonction de chef d'Etat
major. La diplomatie Congolaise est elle aussi dirigée par un Congolais
Rwandophone le docteur en médecine au nom de BIZIMA KARAHA à la
solde de Kigali et de nombreux biens quittent la RDC pour le Rwanda et
l'Ouganda qui consolident leur positionnement économique dans l'Est de
la RDC. Cette situation réveille le vieux démon nationaliste
Congolais, L.D. Kabila en devient le nouveau porte étendard.
Hervé CHEUZEVILLE17(*) exprime bien ce retournement
de veste dans son livre Chroniques Africaines de Guerre et
d'espérance : « Une fois au pouvoir, Kabila,
l'ex-rebelle à la solde de ses voisins de l'Est, tenta de se transformer
en authentique homme d'Etat Congolais, faisant passer ce qu'il
considérait comme étant l'intérêt national avant les
intérêts du Rwanda et de l'Ouganda ». La décision
unilatérale de Kabila d'interrompre sa coopération militaire avec
les Rwandais et les Ougandais qui mettent le feu aux poudres. Le 2 août
1998, soit seulement 15 mois après la chute de Mobutu, le Congo, et
toute la région des Grands Lacs, sombre à nouveau dans une guerre
qui durera 4 ans, fera environ plus de 4 millions de mort et coutera au Congo
plus de 18 milliards de dollars Américains.
C'est une guerre au
développement multiforme: si dans ses débuts elle n'est rien
d'autre qu'une agression à peine voilée d'une coalition d'Etats
voisins (Rwanda, Ouganda et Burundi), elle prend lentement le visage d'un, puis
de plusieurs mouvements rebelles soutenus par ces mêmes États.
Elle débute par une tentative de putsch militaire
menée par le Rwanda (opération aéroportée sur la
base militaire de Kitona située à une centaines de
kilomètre de Kinshasa) qui est stoppée nette grâce à
l'intervention de l'armée Angolaise en soutien à L.D Kabila.
L'Angola sera suivi plus tard dans son appui à la RDC par le Zimbabwe et
la Namibie. Le Burundi, miné par des problèmes interne se
désolidarise assez tôt de l'action du Rwanda et de l'Ouganda en
RDC.
2.3. Naissance des mouvements rebelles en RDC
Après l'échec de cette tentative de putsch,
l'Ouganda et le Rwanda s'emploient à mettre des visages Congolais
à la tête d'un mouvement dit de libération qui couvre leur
agression. C'est ainsi que naît le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie (RCD) couvre par deux parrains décidés à
garder le contrôle des ressources naturelles dont regorgent les provinces
Est de la RDC.
Face à une guerre s'installant durablement (et qu'ils
avaient prévue de courte durée), le couple Ougando-Rwandais finit
par battre de l'aile. Les deux Etats iront jusqu'à s'affronter
militairement en territoire Congolais pour le contrôle de la province
Orientale et de son chef-lieu de Kisangani. Cette « guerre dans la
guerre », pour reprendre l'expression du Rapporteur Spécial
sur la situation des droits de l'homme en RDC monsieur Roberto Garreton, a des
visées purement économiques. Elle reflète « le
mieux l'esprit de conquête qui anime le Rwanda et
l'Ouganda ».18(*)
Les armées Rwandaises et Ougandaises dans une logique
destructive, animée par des motifs de prédation économique
prennent pour cibles la population locale et l'infrastructure de la ville comme
le témoigne l'assemblée épiscopale de
Kisangani : « La gravité et l'absurdité du
mal commis montrent que la logique de la guerre, inspirée par
l'idolâtrie de l'argent, finit par égarer ceux qui s'y engagent,
au point de ne plus voir ni pourquoi, ni à qui ils font la
guerre ». Le schisme du couple
Ougando-Rwandais va se répercuter sur le mouvement rebelle du RCD qui va
éclater en « une multitude de factions antagonistes, les unes
à la solde du Rwanda, et les autres à la solde de l'Ouganda, mais
toutes terrorisant et exploitant la population locale. L'Ouganda participa
même à la création d'un nouveau mouvement rebelle
entièrement à sa solde... c'est ainsi que le Mouvement pour la
Libération du Congo (MLC) de Jean -Pierre Bemba apparut sur la
scène déjà bien remplie des rebellions
Congolaises ».19(*)
Le recrutement par l'Ouganda de Jean-Pierre Bemba, fils d'un
richissime homme d'affaire Congolais, étant lui-même bien
pétri par le moule du profit, va consacrer le caractère lucratif
de l'entreprise militaire de ce pays, qui du reste sera démontré
par le rapport du panel de l'ONU sur le pillage des ressources naturelles du
Congo. C'est ce même MLC qui élargira le
champ de la régionalisation du conflit des Grands Lacs et confirmera
l'hypothèse cynique d'une armée sans frontière en allant
par deux fois, de la manière la plus brutale, au secours du
régime du président Patassé en République
Centrafricaine pour contrecarrer l'avancée des troupes de l'ancien
rebelle Bozizé.
Bien que dotés d'une pléthore de mouvements
rebelles, le Rwanda et l'Ouganda vont conserver jusqu'en 2003 une
présence militaire sur environ 2/3 du territoire de la RDC. Ce n'est
qu'après le départ des troupes d'invasions Rwandaises et
Ougandaise en 2003 que la guerre va entrer dans sa 3ème
phase, durant laquelle on assiste à une prolifération de petits
seigneurs de guerre, principalement en Ituri, et l'instauration dans cette
région d'une logique de tensions ethniques entre Hema et Lendu
curieusement eux-aussi traditionnellement éleveurs ou cultivateurs. Ces
tensions et les affrontements qu'elles occasionnent, ont vite fait de rappeler
les événements qui contribuèrent à l'occurrence du
génocide Rwandais de 1994.
C'est une violence ethnique instrumentalisée par
l'Ouganda qui forme dans ses camps militaires ces milices d'Ituri. Ce sera la
violence de trop. Elle va conduire l'Union Européenne, grâce
à l'insistance de la France, à monter l'opération
Artémis afin de rétablir la paix et réaffirmé sa
présence dans la région. Elle va aussi aboutir au changement du
mandat de la MONUC qui passe du statut d'observateur
passif et décrié au statut de protecteur rassurant.20(*)
Le retrait des troupes étrangères non
invitées et les efforts de pacification de l'Ituri vont permettre au
gouvernement Congolais et aux groupes rebelles d'entamer des
négociations qui aboutiront à une transition d'environ 4 ans et
aux premières élections démocratiques. C'est aussi face
à cette pléiade d'acteurs régionaux, étatiques ou
non étatiques, que la communauté internationale lancera
l'idée d'une Conférence Internationale pour la paix et la
stabilité dans la région des Grands Lacs.
Bien que la guerre soit officiellement terminée,
certaines poches d'insécurités subsistes, notamment au Nord Kivu
où la dernière des rebellions suspectées d'être
soutenue par le Rwanda, celle du général Nkunda Batware mine les
bons rapports entre les deux voisins. Le 9 novembre 2007, le Rwanda et la RDC
ont signé un nouvel accord à Nairobi en vue de mettre fin
à ce climat. A travers cet accord, le Rwanda s'engage à ne plus
soutenir de mouvement rebelle en RDC et la RDC promet de résoudre une
fois pour toute la question de l'ex-FAR, Interahamwés, Rastas, FDLR et
autres présumés auteurs du génocide Rwandais qui se
promènent encore dans les montagnes du Kivu.
SETION II : LES PISTES DE RELANCE ET LES
TENTATIVES D'INTEGRATION REGIONALE
Au-delà de la nécessité de sortir de la
condition préjudiciable de déséquilibre interne dont a
souffert la CEPGL, il y a lieu de revisiter le paradigme entier des tentatives
d'intégration régionales qu'a connu le continent africain depuis
l'accession des anciennes colonies a leur l'indépendance.
Il nous incombe de repenser en profondeur l'idée
même de l'intégration africaine qui souffre encore aujourd'hui de
son paramétrage coloniale de son assujettissement au objectifs de la
mondialisation. Makhtar Diouf21(*) remarque en effet qu'au
départ « la stratégie d'intégration
économique en Afrique... a d'abord été imposée par
les autorités coloniales pour être ensuite confiée à
des experts citoyens des anciennes métropoles ...» et qu'en
fin « elle n'est plus pensée en fonction du
développement de l'Afrique. Elle est au service de la
mondialisation... ». Comment pouvions-nous espérer qu'une
intégration conçue de cette façon puisse aboutir à
un développement stabilisant de nos sous-régions africaines. En
multipliant les regroupements sous-régionaux sur des bases
erronées, les africains ont juste réussi à multiplier
leurs problèmes, et surtout leurs dépenses, sans atteindre les
objectifs envisagés. Les efforts d'intégration se sont souvent
bornés à créer des organisations à
périmètre d'action circonscrit et constant, figées sur des
problèmes de nature et d'ordre technique et sectoriel. Elles se sont
efforcées habilement, sous couvert du principe de souveraineté,
d'éviter tout aspect politique. Comment sortir de « ce
paradoxe d'une Afrique qui s'éternise dans le sous-développement
tout en détenant le record mondial du nombre d'organisations
sous-régionales chargées de promouvoir l'intégration
économique»22(*) ? l'erreur ne viendrait-elle pas du fait d'avoir
inverser l'importance des rôles de chaque mot dans la séquence
« intégration économique » en ne portant
l'accent que sur les déterminants économiques de
l'intégration africaine, négligeant les aspects (politiques,
sociaux, sécuritaires, ethniques et culturels) qui forgent la
complexité de toute réalité africaine.
Les pays africains doivent prendre leurs
responsabilités et trancher sur l'option à prendre entre se
limiter à des « simples instruments de coopération, des
lieux de rencontre et de dialogue, ou réaliser une véritable
intégration...qui suppose un abandon plus ou moins important de leur
souveraineté ...et la capacité de décider comme de faire
appliquer des décisions.
Il importe donc de changer de grille de lecture, de se
défaire du postulat quasi établi stipulant que les facteurs
d'instabilité qui provoquent les guerres africaines sont d'abord de
nature économique. C'est ce postulat qui pousse les États
africains à ne considérer que le volet économique comme
seul levier viable pour l'établissement d'espaces africains de paix et
de prospérité partagées.
Arsène Mwaka Bwenge23(*) dénonce cette
conception, héritée et propagée par les institutions
financières internationales et quelque peu mécaniste. Il propose
plutôt l'élaboration d'un modèle qui tiendrait compte des
problèmes et préoccupations politiques et sécuritaires.
Nous partageons ce point de vue, non seulement parce que les
regroupements économiques sous-régionaux ne se sont pas
montrés aptes à prévenir, contenir ou stopper la violence
là où elle s'est manifestée (pour la simple raison qu'ils
n'étaient pas équipés), mais aussi parce que la solution
à l'instabilité récurrente qui prévaut dans la
région ne peut que revêtir un caractère holistique. Il ne
s'agit donc pas d'inverser la tendance en reléguant l'économie
à un rôle de second plan, mais plutôt d'arriver à des
solutions africaines qui croisent tous les facteurs en présence.
Les pays africains doivent ainsi concevoir des regroupements
basés sur le triptyque Politique, économique et
sécuritaire. Seule la définition d'un vrai projet régional
(politique) oeuvrant à l'établissement d'une zone de
prospérité commune (économique) et d'un espace vital
régional stable et solidaire (sécuritaire) délivrera
toutes les promesses que le continent recherche depuis les indépendances
dans ses efforts d'intégration.
La CEPGL, en explorant les pistes de sa relance, doit
dépasser le caractère déclaratoire qui caractérise
les regroupements africains pour s'inscrire dans une logique d'actions et de
projets concrets contribuant à des objectifs identifiés et
mesurables.
Il est pour ce faire impératif de clarifier les
attentes de chacun et d'aboutir à une conception commune de
l'utilité d'une CEPGL agrandie et relancée. Il faut identifier le
dénominateur commun de ces attentes et bâtir la nouvelle CEPGL sur
ce socle solide.
Bertin Salumu24(*) tente d'identifié 4
visions conflictuelles comme causes de l'échec de la CEPGL. Nous nous
proposons de les concilier dans un nouveau modèle d'intégration
capable d'assurer la réussite de la relance actuellement
envisagée :
Ø Une vision `mobutienne' qui
fait de la RDC « l'alpha et l'oméga » d'une CEPGL
limitée à 3 états. Cette vision soumet l'organisation aux
seuls intérêts Congolais.
Ø Une vision `musevenienne'
de la région des Grands Lacs, bien plus large que la seule CEPGL, devant
aboutir en aval à la création d'une république
swahiliphone regroupant le sud Soudan, la RDC, le Nord de l'Angola, le Burundi,
le Rwanda et l'Ouganda (qui en serait le fer de lance). C'est là donc
une vision expansionniste de l'influence de l'Ouganda qui recherche un
arrière pays ou une périphérie pour assurer et soutenir sa
croissance économique, mais aussi la
résurgence du besoin stratégique de relier sa cote Indienne au
littoral atlantique (RDC, Angola).
Ø Une vision `Kagamienne',
qui considère la région des Grands Lacs comme un tutsiland
(composé de tous les pays qui abritent des populations tutsies, quelque
soit leur statut ou leur nombre) avec la RDC comme hinterland. Cette vision
correspond au vieux rêve d'un hypothétique empire Hima-Tutsi.
C'est une vision protectrice de l'ethnie tutsie, marquée par les
exactions et le génocide dont elle a été victime, que le
régime de Kigali brandi pour justifier son interventionnisme militaire
dans la région.
Ø Une vision dite occidentale de
« balkanisation » du Congo qui faisant
abstraction de la souveraineté étatique de la RDC viserait
à arrimer les provinces du Kivu au Rwanda et au Burundi,
résolvant ainsi les problèmes de viabilité
économiques et les problèmes de surpopulation de ces deux
états.
Ces visions à priori divergentes pourraient se
retrouver, d'une façon ou d'une autre prises en compte, dans le nouvel
ensemble à construire. Elles laissent transparaître des
aspirations profondes de Leadership, de viabilité économique, de
désenclavement et de sécurisation des populations.
Sur le plan du leadership régional, bien exprimé
dans les visions `mobutienne' et
`musevenienne', avec la RDC comme ancienne puissance
régionale et l'Ouganda comme nouveau prétendant au poste, la
nouvelle CEPGL doit s'efforcer d'assurer à tous ses Etats membres le
même rayonnement. Un rayonnement régional permettant et
encourageant la prise d'initiative de chacun indépendamment du poids
économique, géographique et démographique des parties en
présence. Il faut pour cela arrivé à définir un
« Co-leadership » régional, aboutir à une
meilleure appropriation par tous de la région et de ses initiatives.
SECTION III : L'IMPLICATION DE LA COMMUNAUTE
INTERNATIONALE FACE AUX DIFFERENTS CONFLITS DANS LA REGION DE GRANDS
LACS
Les dispositifs régional s'est vu assister, dès
décembre 2003, par un Groupe des Amis de la Région des Grands
Lacs (GOF) regroupant 28 pays et ayant pour objectif principal la coordination
et la canalisation des différents appuis diplomatiques, techniques et
financiers nécessaires à la préparation de la
Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL).
Coprésider par le Canada et les Pays Bas, le GOF
s'invite à assister l'ONU et l'Union Africaine en vue d'assurer le
succès d'une région des Grands Lacs porteur d'espoir.
Devant l'impasse régionale et l'atrocité des
affrontements, le contexte de guerre et les ravages qu'il a engendré
dans la région des Grands Lacs25(*), en général, et
en République Démocratique du Congo en particulier; la
communauté internationale et le Conseil de sécurité des
Nations Unies vont déclarer la situation de la région des Grands
Lacs comme une véritable menace pour la paix et la
sécurité internationale. Ce constat va les pousser à
appeler, par les résolutions 1291 et 1304 du Conseil de
Sécurité des Nations Unies de février et de juin 2000,
à l'organisation d'une conférence internationale sur la
région des Grands Lacs26(*) ayant pour objectif principal
l'établissement d'un réseau régional à même
de faciliter l'adoption et la mise en oeuvre d'un pacte de stabilité,
sécurité et développement articulé autour de quatre
thématiques :
v Paix et sécurité ;
v Démocratie et bonne gouvernance ;
v Développement économique et intégration
régionale ;
v Action humanitaire et question sociale.
1. La Déclaration de Dar-Es-Salam sur la Paix, la
Sécurité, la Démocratie et le Développement dans la
Région des Grands Lacs
En novembre 2004, la déclaration de Dar-es-Salam sur la
Paix, la Sécurité, la Démocratie et le
Développement dans la région des Grands Lacs clôture le
premier Sommet de la CIRGL tenu en Tanzanie du 19 au 20 novembre 2004.
Signée par les onze pays du champ (RD Congo, Angola,
Soudan, Rwanda, Burundi, Kenya, République Centre Africaine, Congo,
Tanzanie, Ouganda et Zambie) elle va s'inscrire comme point de départ
historique du Processus des Grands Lacs en proclamant:
v La détermination collective à faire de la
région des Grands Lacs un espace de paix et de sécurité
durable, et de coopération fondée sur les stratégies
politiques de convergence dans le cadre d'un destin commun que les signataires
sont déterminés à réaliser ;
v le respect des aspirations des peuples et la promotion de
la participation et du partenariat avec les acteurs de l'ensemble de la
communauté internationale.
La déclaration s'axe autour de 4 options
prioritaires :
- La paix et la sécurité, en prônant
notamment l'adoption et l'application de pacte de non agression et de
défense commune et la création d'un cadre régional de
sécurité pour la prévention, la gestion et le
règlement pacifique des conflits.
- La démocratie et la bonne gouvernance, notamment par
la promotion d'une culture de la paix, du dialogue et de la tolérance,
la consolidation de l'Etat de droit, le renforcement des capacités de
leadership, la transparence des processus électoraux et
l'efficacité des services judiciaires.
- Le développement économique et
l'intégration régionale
- Les questions humanitaires et sociales dont le
règlement de la question des réfugiés, la protection des
populations civiles, la lutte contre le VIH/SIDA et l'éradication de la
pauvreté
C'est cette déclaration qui pose en premier le principe
de la formalisation des engagements des Etats signataires par l'adoption d'un
pacte sur la sécurité, la stabilité et le
développement. Elle institue le Comité Régional
Interministériel comme organe exécutif.
2. Le Pacte sur la Sécurité, la
Stabilité et le Développement dans la Région des Grands
Lacs, dit « pacte de Nairobi »
Signé à Nairobi en décembre 2006, ce
pacte réitère l'engagement des Etats de la Région à
oeuvrer en faveur de la paix, de la stabilité et du développement
dans la région des Grands Lacs. Il précise les options politiques
prioritaires et les principes directeurs pris à Dar-Es-Salam en 2004 et
engage les Etats membres à fonder leurs relations sur le respect des
principes de souveraineté nationale, d'intégrité
territoriale, de non-ingérence dans les affaires intérieures des
autres Etats membres, de non agression, de coopération et de
règlement pacifique des différends.
Le pacte enrichi le processus de 10 protocoles,
dérivés des options prises dans la déclaration de Dar es
Salam. Il s'agit des protocoles sur :
Ø la non-agression et la défense mutuelle dans
la région des grands lacs ;
Ø la démocratie et la bonne
gouvernance ;
Ø la coopération judiciaire ;
Ø la prévention et la répression du crime
de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité
et de toute forme de discrimination ;
Ø la lutte contre l'exploitation illégale des
ressources naturelles ;
Ø la zone spécifique de reconstruction et de
développement ;
Ø la prévention et la répression de la
violence sexuelle à l'égard des femmes et des enfants ;
Ø la protection et l'assistance aux personnes
déplacées ;
Ø les droits à la propriété des
rapatriés ;
Ø la gestion de l'information et de la
communication.
Ces protocoles tentent d'éradiquer les causes, et de
remédier durablement aux conséquences, des conflits cycliques qui
ont décimé la région. Ils s'attaquent à des tares
comme l'impunité (judiciaire), la prédation économique,
l'instrumentalisation des médias à des fins génocidaires
(Radio des milles collines), l'expropriation des biens et les réflexes
expansionnistes des Etats. Ils entendent résoudre les questions
épineuses des réfugiés, de l'accès à la
terre, de la protection des minorités et du droit au retour ;
questions qui ont été au coeur de la régionalisation des
conflits dans la région des Grands Lacs.
L'émergence des conditions de démocratie, de
bonne gouvernance et d'Etat de droit est indispensable pour la consolidation
des acquis de ce pacte et le développement de la région des
Grands Lacs.
Par ces protocoles, le pacte répond aux
impératifs fixés par les Etats membres dans la déclaration
de Dar Es Salam : «faire de la région des Grands Lacs un
espace de paix et de sécurité durable, et ce pour les Etats et
les peuples, de stabilité politique et sociale, de croissance et de
développement partagés, un espace de coopération
fondé sur des stratégies et politiques de convergence dans le
cadre d'un destin commun que nous sommes déterminés à
réaliser, selon les aspirations de nos peuples ».
Le pacte établi aussi des programmes d'action
sectoriels visant à promouvoir les stratégies et politiques
communes définies par la déclaration de Dar Es Salam. Il confirme
l'architecture de la Conférence des Grands Lacs telle que définie
plus haut et préconise la mise en place de mécanismes de
coordination et de coopération nationaux (en remplacement des
comités préparatoires nationaux) pour faciliter sa mise en
oeuvre. Cette architecture devient le mécanisme régional de
suivi, celui-ci se substitue peu à peu à la Conférence
qui, par la signature du pacte de Nairobi, a atteint son objectif de
départ27(*).
Nous estimons que cela dépendra autant de la forme que
du fond, du contenu que de la structure en cours de mise en place pour le suivi
et l'application de ce pacte et de son harmonisation avec les efforts
d'intégration en cours dans la Région et sur le continent.
1.6. BILAN ET CONSTAT
Le bilan de la CEPGL qui a fonctionné de manière
presque normal jusqu'en 1996 reste mitigé. L'organisation basée
au Rwanda à Gisenyi a bénéficié pour ses projets du
financement des Etats membres, de la BDEGL, de la Banque mondiale et du fond
européen pour le Développement (FED). Le
déséquilibre auquel nous faisons allusion plus haut en parlant de
la problématique de l'énergie, n'a pas épargné le
secteur financier de l'organisation. Ainsi la République
Démocratique du Congo s'est très vite positionnée en
principal actionnaire et de manière paradoxale aussi en principal
débiteur.28(*)
Le financement quasi acquis de la CEPGL par l'entremise de
MOBUTU, partie intégrante des jeux et des enjeux de la guerre froide,
ainsi que l'audience internationale de ce dernier, garante de sa toute
puissance en Afrique centrale, vont s'effondrer en même temps que le bloc
soviétique, laissant filler ver l'Europe de l'Est le regard et
l'attention des puissances occidentales et des bailleurs de fonds.
Cette situation va entraîner la CEPGL dans le gouffre et
réduire à sa plus simple expression le poids politique de Mobutu
Sese Seko, rompant une fois pour toute la pérennité du
déséquilibre régional institutionnalisé en faveur
de la RDC. C'est l'institutionnalisation de ce déséquilibre qui
est la raison majeure, sous-jacente à toutes les autres, de
l'échec de la CEPGL. On ne peut espérer parvenir à une
politique d'intégration régionale effective par un
assujettissement de ses partenaires. L'histoire prouve à suffisance que
le meilleur moyen de réussir ce genre d'intégration par
domination est de faire la guerre. Nous savons tous aujourd'hui que cette
guerre s'est déroulée et plutôt dans le sens inverse.
CONCLUSION
La problématique de la relance de la CEPGL a
constitué notre préoccupation majeure au cours duquel elle est un
impératif de l'heure en vue du redécollage de la CEPGL. Cela
n'empêche d'achopper l'asphaltage de cette réflexion portant sur
la dynamisation de la CEPGL qui exige beaucoup de conscience en ce moment de
l'histoire très déterminé et délicat d'affirmer les
volontés des Etats membres de la CEPGL autour des projets
intégrateurs de l'amélioration et du changement durable.
La CEPGL, en explorant les pistes de sa relance, doit
dépasser le caractère déclaratoire qui caractérise
les regroupements Africains pour s'inscrire dans une logique d'action et de
projets concrets contribuant à des objectifs identifiés et
mesurables. Pour ce faire, il est impératif de clarifier les attentes de
chacun et d'aboutir à une conception commune de l'utilité d'une
CEPGL agrandie et relancée.
La CEPGL doit aussi prendre en compte, de manière plus
sérieuse et plus concertée, les questions sécuritaires,
elle pourrait envisager une instance de coordination des Etats majors des pays
membres, des protocoles régionaux de surveillance des frontières
(la RDC et le Rwanda ont signé un tel protocole récemment),
prendre en charge la défense des intérêts régionaux
et la protection des populations civiles.
C'est ainsi que constat de la concomitance entre la
recrudescence des guerres en Afrique centrale et le fléchissement du
processus d'intégration dans la même zone nous amène, ainsi
qu'on a précisé à conclure de l'étroite liaison qui
existe entre ces deux notions. En d'autres termes il semble évident,
soit que les Etats traversé par les guerres ne trouvent pas les
moyens de participer au projet de construction de l'identité sous
régionale commune.
Malgré les investissements, les finances par des dettes
publiques en millions de dollars destinés aux nombreuses institutions
économiques et financières pour le développement, comme la
communauté économique des pays des grands lacs (CEPGL), les
populations sont restées les plus pauvres de la planète.
Nous avons cherché à savoir à travers le
constat de l'échec, car les évidences nous prouvent qu'il n'y a
jamais eu l'amélioration ; par contre des
détériorations au niveau social, économique et
environnemental, si le choix amène bien sûr à un
échec.
La relance de la CEPGL doit être bâtie sur triple
dimension : économique, sécuritaire et diplomatique parce
que les trois dimensions constituent les instruments nécessaires au
service du politique.
Il est urgent et malgré les difficultés
financières, de penser à l'intégration des armées
nationales dans une forme d'armée régionale. Ce travail
très futuriste commencera par la rénovation des camps le long de
frontières situées en dehors des zones d'intégration afin
de facilité le contrôle aux frontières et de faire
reconnaître les dites frontières, car les pays d'Afrique vivent
encore dans la logique de pays sans bornage reconnu et respecté par les
pays voisins (lacs, montagnes, forêts, rivières, etc...).
BIBLIOGRAPHIES
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autre : quelles alternatives dans les stratégies actuelles
d'intégration et de coopération pour le
développement ? , Kinshasa, Centre d'Etudes Politiques,
Université de Kinshasa, 2006, P.17.
2. BECKER JJ., Le traité de Versailles,
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géopolitique ? », in l'Africain, no
220, 2005 : 28-33.
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7. Léonie Mbazoa, responsable du Comité National
Préparatoire en République Centre Africaine, exposé
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www.cf.undp.org/at-gdlac.htm
8. Makhtar Diouf, Mondialisme et Régionalisme, le
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9. Michel GAUD, « la tragédie du
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11. Pierre-François GONIDEC, Relations
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12. REYTJENS F., La guerre des Grands lacs, Alliances
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13. Scholastique MUKOSONGA, Regard sur le Rwanda à
partir de l'exposition « les panneaux imingongo » et
« inyenzi ou les cafards », Afrikales, éd.
Fleury sur orne, novembre 2007, P. 153.
14. SEHENE B., Le piège ethnique, paris,
Dagorno, 1999, P.42.
* 1 BECKER JJ., Le
traité de Versailles, Paris, PUF, 2002, P.126.
* 2 DEMANET P., J'ai
vécu le mur de Berlin, Paris, Bayard jeunesse, 2007, P.53.
* 3 SEHENE B., Le
piège ethnique, paris, Dagorno, 1999, P.42.
* 4 REYTJENS F., La guerre
des Grands lacs, Alliances mouvantes et conflits extraterritoriaux en Afrique
centrale, Paris, l'Harmattan, Collection l'Afrique des grands lacs, 1999,
PP.7-8.
* 5 Pierre-François
GONIDEC, Relations internationales Africaines, Paris,
bibliothèque Africaine et Malgache tome 53, LGDJ, 1996, P.67.
* 6 Scholastique MUKOSONGA,
Regard sur le Rwanda à partir de l'exposition « les
panneaux imingongo » et « inyenzi ou les
cafards », Afrikales, éd. Fleury sur orne, novembre 2007,
P. 153.
* 7 Pierre-François
GONIDEC, op.cit, P. 68
* 8 Henry HOEBEN cité par
SCH. MUKOSONGA, op. Cit, P.P. 187-188.
* 9 Scholastique MUKOSONGA,
op. Cit, P.190.
* 10 Cyril MUSILA, les
défis de la paix dans la région africaine des Grands Lacs
après les massacres de 1994, fiche d'analyse. www. Irenees.net,
consulté le 21 décembre 2014.
* 11 Scholastique MUKOSONGA,
op cit, P. 192.
* 12 Ibidem.
* 13 Michel GAUD,
« la tragédie du Rwanda », in
problèmes politiques et sociaux, n°752, 28 juillet
1995, P.P. 24-25.
* 14 Jean-Pierre
CHRETIEN, « génocide du Rwanda »,
in interprétation du génocide de 1994 dans l'histoire
contemporaine du Rwanda, Clio en Afrique, N°2, vol 6, 1997, P. 26.
* 15 Michel GAUD et Claudine
VIDAL, « Rwanda, le génocide de 1994 »,
in Afrique contemporaine, n° 174, avril-juin 1993, P.P.
31-32.
* 16 John POMFRET,
«Rwanda's led revolt in Congo », in the
Washington post, 9 juillet, 1997, P.P. 19-20.
* 17 Herve CHEUZEVILLE,
chroniques Africaines de guerre et d'espérance RD Congo, Ouganda,
Rwanda, Burundi et Soudan, Paris, éd. Percée, 2006, P.93.
* 18 Roberto Garreton
« Rapport sur la situation des droits de l'homme en
RDC », in ligue nationale pour le droit de
l'homme, février 2001, p.14.
* 19 Assemblée
Episcopale de Kisangani du 16 septembre 2000.
* 20 Hervé CHAUZEVILLE,
op cit, p.150.
* 21Makhtar Diouf,
Mondialisme et Régionalisme, le nouveau régionalisme en
Afrique, Dakar, éd. IFAN, Université C.A. Diop, 2008,
P.36
* 22Idem
* 23 Arsène Mwaka B.,
op cit, p.25
* 24Bertin Salumu,
« Région des Grands Lacs d'Afrique :
réalité géographique ou manipulation
géopolitique ? », in l'Africain, no
220, 2005 : 28-33.
* 25Léonie
Mbazoa, responsable du Comité National Préparatoire en
République Centre Africaine, exposé
« Présentation générale de la
Conférence des Grands Lacs ».
Atelier de sensibilisation des autorités administratives locales et des
leaders locaux autour de la Conférence International sur la
Région Grands Lacs du 23 au 24 aout 2006, Mbaïki RCA.
www.cf.undp.org/at-gdlac.htm
* 26IDEM
* 27Deuxième sommet de
la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs,
UNON-Nairobi, 14-15 décembre 2006, projet d'ordre du jour
annoté.
* 28Arsène Mwaka Bwenge,
D'une CEPGL à une autre : quelles alternatives dans les
stratégies actuelles d'intégration et de coopération pour
le développement ? , Kinshasa, Centre d'Etudes
Politiques, Université de Kinshasa, 2006, P.17.
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