I.4. Problématique
I.4.1. Contexte et justification :
Chaque année dans le monde, presque 11 millions
d'enfants meurent avant leur cinquième anniversaire. Au Burkina Faso,
d'après la Banque Mondiale en 2010, 1 enfant sur 6 est
décédé de causes qui auraient pu être
évitées et le taux de mortalité infantile était de
82%o en 2014 et figure parmi les plus élevés d'Afrique de
l'Ouest. Le taux de mortalité des moins de cinq ans au Burkina Faso
était de 102 %o en 2012. Bien que les taux de mortalité et de
morbidité chez les enfants de moins de cinq ans aient diminué
sensiblement depuis 1990, en grande partie du fait du millénaire pour le
développement 4 (OMD), des efforts supplémentaires demeurent
nécessaires pour inverser de façon significative la tendance de
la mortalité chez les moins de 5 ans
Pour ce faire, l'OMS et l'UNICEF mettaient au point au
début des années 90 le concept de la prise en charge
intégrée des maladies de l'enfant (PCIME). Il s'agit d'une
stratégie conçue pour réduire le fardeau de la
morbidité et la mortalité infantile principalement dans les pays
en développement. Le Burkina Faso s'est engagé dans le processus
de mise en oeuvre de la PCIME depuis Février 1999 (Ministère de
la Santé, 2006). L'approche est axée sur les grandes causes de
décès des enfants et vise à améliorer les
compétences de prise en charge chez les agents de santé, à
renforcer le système de santé et à renforcer les pratiques
familiales ainsi que communautaires dans le but de réduire la
mortalité infantile
Elle répond donc à des directives
systématiques bien précises: rechercher des signes
généraux de danger chez l'enfant malade, évaluer ses
principaux symptômes et son état général, ainsi que
donner des médicaments et des conseils à la personne en charge de
l'enfant. La PCIME clinique est une stratégie qui concerne
principalement les établissements de santé de premier recours
c'est-à-dire les centres de santé et de promotion sociale
(CSPS).
Cette stratégie, si elle est correctement mise en
application, permet d'offrir des soins de qualité aux enfants de moins
de cinq ans à travers une meilleure prise en charge des maladies
courantes de l'enfant (pneumonie, diarrhée, paludisme, rougeole,
malnutrition) tant au niveau curatif qu'au niveau de la promotion et de la
prévention (alimentation, vaccination appropriées).
La mise à l'échelle nationale suivant le plan de
couverture PCIME du Burkina Faso 2005-2010, a fait face à de nombreuses
difficultés. Nous pouvons citer : le manque de formation des agents de
santé, l'insuffisance du personnel en qualité et en
quantité, la faible qualité du processus de supervision, le fait
que les agents de santé trouvent l'application de la PCIME trop exigent
d'où leur faible motivation, les ruptures de stock due à une
insuffisance de gestion des intrants, etc. (SERSAP, 2013). Il faut noter
qu'en
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Peace Vera AHADJI - Université Senghor _IUFIC/UO2-
2015
2012, dans la région de la boucle du Mouhoun, seulement
8,5% des enfants de moins de 5 ans ont été pris en charge par la
PCIME (La Société d'Etudes et de Recherche en Santé
Publique (SERSAP), 2013).
Afin d`améliorer l'application de la PCIME,
l'organisation non gouvernementale (ONG) Terre des hommes (Tdh) a mis au point
en partenariat avec le Ministère de la Santé, un logiciel
dénommé Registre Electronique de Consultation. Ce logiciel permet
d'appliquer étape par étape le protocole de la PCIME tel que
recommandé par l'OMS. Une enquête antérieure
réalisée auprès des agents de santé mettait en
exergue la précision du diagnostic et du traitement par l'utilisation du
REC, le tout à un coût réfléchi et rationnel.
(Ministère de la Santé, 2006)
Selon Deflaux et al (2014), il est simple d'utilisation et
permet de constituer un dossier médical pour chaque enfant et guide
l'agent pas-à-pas dans l'identification du diagnostic et du traitement
(Deflaux, Agagliate, Durand, & Yameogo, 2014). Retenu par le Compendium des
technologies novatrices en santé de l'OMS en 2012 (World health
organization, 2014), le REC est estimé comme faisant partie de nouvelles
technologies adaptées et appropriées à des milieux
médicaux à faibles ressources, et permettant aux agents de
santé d'appliquer la PCIME.
Une étude antérieure sur la Tanzanie a
démontré que le coût de la prise en charge des enfants de
moins de cinq ans par l'utilisation du PDA était moins coûteuse
que la méthode de routine (Adam, T; et al, 2005). Cependant depuis
l'introduction du REC dans les districts sanitaire du Nord et de la Boucle du
Mouhoun en 2010 par Tdh, aucune étude n'a été menée
afin de déterminer le coût de la prise en charge d'un enfant de
moins de 5 ans. Cette étude vise donc à combler ce gap de
connaissance. L'étude du coût de la prise en charge des enfants de
moins de cinq permettra de déterminer le coût d'une telle approche
de prise en charge et de déterminer les composantes majeures du
coût. Toutes choses qui pourraient renseigner sur la mise à
l'échelle de la stratégie.
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