1.2.2. Journalisme au temps primitif
Parler de journalisme à cette époque ne va pas
de soi. La première raison c'est que ces journaux sont
profondément liés aux lettres. Les personnes qui travaillent dans
ces rédactions
sont souvent des hommes de lettres, des écrivains. On
se rappellera (ou pas) Balzac, Zola, qui ont été parmi les
premiers journalistes.
Dans un dictionnaire de 1880, on dit du journaliste qu'il est
« un homme de lettres », dans un autre qu'il est « un
écrivain ».
En fait le journalisme, selon un historien, serait une
invention du XIXe, parce que le journalisme se défini selon un certain
nombre de codes, de normes, de valeurs, qui n'apparaissent qu'au milieu du XIXe
siècle, principalement dans les pays anglo-saxon. Ce sera notamment
l'utilisation de la technique du reportage (distanciation par rapport à
l'activité politique et littéraire à la fois) et de
l'interview.
L'idée c'est que le journalisme serait propre d'une
dissociation de l'émotion et de l'information. Ce qui est clair c'est
que cette nouvelle pratique journalistique, va se développer au milieu
du XIX dans les pays anglo-saxon, puis se répandre, en se confrontant au
genre en cours précédemment, jusqu'à devenir la valeur
fondatrice de la presse, contemporaine également.
1.2.2.1. Naissance du journal et précurseurs des
journalistes modernes
En 1631, Théophraste Renaudot fonde la Gazette
grâce à l'appui du cardinal de Richelieu tiré à 1200
exemplaires, l'hebdomadaire de 8 pages offre à ses lecteurs plusieurs
suppléments mensuels. Aux yeux de la presse moderne, la Gazette fait
figure d'ancêtre et de modèle : pour la première fois, des
nouvelles sont publiées selon une périodicité
régulière à l'intention de nombreux lecteurs. Les
prédécesseurs de Renaudot sont :
- Les menanti de Venise, auteurs dès le
13ème siècle, de « nouvelles à la main
», déjouent difficilement la surveillance de leurs nombreux
censeurs.
- Jusqu'à la fin du 18ème
siècle, leurs héritiers furent les nouvellistes ;
- Et les Gazetiers de la Renaissance se contentent de relater
dans leurs cahiers les faits les plus divers ou les insignifiants depuis les
fêtes populaires jusqu'aux funérailles princières.
La première presse quotidienne a vu le jour en
Allemagne en 1660, Leipzig Zeitung. Mais les véritables prototypes de la
presse quotidienne moderne voient le jour au 19ème
siècle. En France, il s'agit de la presse créée par Emile
de Girardin. La presse devient une industrie en 1846 grâce à la
mise au point de la rotative de l'Américain Robert HOE. Avec le petit
journal, elle se veut accessible à tous, par la modicité de son
prix de vente, par la diversité de ses rubriques, par la qualité
et la simplicité de ses langages. Attentive aux multiples demandes
de ses clients, elle est ainsi devenue un marché
à part entière. C'est le journal quotidien qui est le premier
né des médias de masse. Il est le prototype du «
mass-média ».
Notons que l'histoire de la presse se confond avec celle d'une
liberté fondamentale : la liberté de La presse est
première à la fois logiquement et chronologiquement. En effet,
non seulement a été conquise avant d'autres libertés, mais
elle apparait plus encore aujourd'hui qu'hier comme la condition d'existence
des autres libertés civiles ou politiques ou publiques. Selon l'heureuse
formule de l'association Reporters sans frontières : « pas de
liberté sans liberté de la presse ».
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