REPUBLIQUE DU NIGER MES/R/I
UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY Faculté des
Lettres et Science Humaines Département de Géographie
Milieux et Sociétés des Espaces Arides et
Semi-arides : Aménagement-Développement
Option : Aménagement et Gestion des Ressources
Naturelles
Mise en valeur des ressources en eau dans le Dallol
Bosso
|
Mémoire de Master II Recherche
Préparé et présenté par :
HAROU Moussa
Avec l'appui du Conseil Régional de Dosso et Lux-Dev
1
Directeur : Dr DAMBO Lawali, Maître Assistant
Département Géographie /FLSH /UAM
Membres du jury :
Président : Pr AMADOU Boureima Département
Géographie/FLSH/UAM
Assesseur : Pr YAMBA Boubacar Département
Géographie/FLSH/UAM
2
Table des matières
Table des photographies 5
Table des graphiques 5
Table de tableaux 5
Table des cartes 6
Sigles et abréviations 6
Résumé 8
Summary 8
Dédicace 9
Remerciement 10
Introduction générale 11
Chapitre I : cadre théorique et méthodologique
13
1.1 Revue de littérature 13
1.2 Problématique 15
1.4 Hypothèses 18
1.3 Objectifs 18
1.3.1 Objectif général 18
1.3.2 Objectifs spécifiques 18
1.5 Méthodologie 19
1.5.1 Recherche documentaire 19
1.5.2 Echantillonnage 19
1.5.3 Collecte des données 20
1.5.4 Traitement des données 20
1.6 Définition des termes et concepts 21
1.7 Difficultés rencontrées 22
Chapitre II : Présentation de la zone d'étude et
caractérisation des ressources en eau dans
les dallols Bosso 23
2.1 Présentation de la zone d'étude 23
2.1.1 Localisation de la zone d'étude 23
2.1.2 Aspects physiques 25
2.1.2.1 Relief 25
2.1.2.2 Climat 25
2.1 2.3 Sols 26
2.1.2.4 Végétation 27
2.1.3 Aspects humains 27
2.1.3.1 Population 27
3
2.1.3.2 Situation socio-économique 28
2.3 Caractérisation des ressources en eau dans les Dallols
Bosso 29
2.3.1 Eaux des pluies 29
2.3.1.1 Variabilité spatiale 29
2.3.1.2 Variabilité temporelle 30
2.3.1.3 Bilan hydrique 30
2.3.2 Eaux de surface 31
2.3.2.1 Mares permanentes 33
2.3.2.2 Mares semi-permanentes 34
2.3.2.3 Mares temporaire 34
2.3.3 Eaux souterraines 35
2.3.3.1 Aquifères du quaternaire 36
2.3.3.2 Aquifères du Continental Terminal 36
2.3.3.3 Aquifères du Continental Intercalaire/Hamadien
36
Conclusion partielle 37
Chapitre III : Activités de mise en valeur des ressources
en eau dans le Dallol Bosso 38
3.1 Activités agricoles 38
3.1.1 Agriculture pluviale 38
3.1.2. Agriculture irriguée 41
3.1.2.1 Cultures maraîchères 42
3.1.2.2 Cultures des décrues 44
3.1.2.3 Cultures de contre-saison 45
3.1.2.4 Arboriculture 46
3.2 Etat de mise en valeur des mares à vocation agricole
46
3.3 Elevage 48
3.4 Pêche 49
3.5 Eau potable et domestique 52
3.5.1 Eau potable 52
3.5.2 Eau à usage domestique 54
3.6 Extraction de natron 55
3.7 Autres activités 56
3.7.1 Apiculture 56
4
3.7.2 Transport fluvial interterroirs 57
Conclusion partielle 58
Chapitre IV : Caractérisation de la mise en valeur des
ressources en eau, contraintes et
perspectives dans le Dallols Bosso 59
4.1 Caractérisation de la mise en valeur 59
4.1.1 Mise en valeur agricole 59
4.1.2 Mise en valeur non agricole 60
4.2 Contraintes 61
4.2.1 Contraintes physiques 61
4.2.2 Contraintes techniques 63
4.2.3 Contraintes organisationnelles 64
4.3 Perspectives 64
Conclusion partielle 66
Conclusion générale 67
Bibliographie 68
Annexes 74
5
Table des photographies
Photo 1: Mare permanente, Mailaré
Photo 2: Mare semi-permanente,
Photo 3: Mare Temporaire, Falmeye
Photo 4 : Champ de maïs
Photo 5 : Riz pluvial
|
33
34
35
38
40
|
Photo 6 : Tomate en irrigation goute à goute
|
41
|
Photo 7 : Laitue en irrigation gravitaire
|
43
|
Photo 8 : Patate douce sur le marché de Birni
|
43
|
Photo 9 : Riz pluvial Guilladjé
|
45
|
Photo 10 : : Culture de Melon
|
43
|
Photo 11 : Culture de Tomate et poivron)
|
45
|
Photo 12 : Papayers
|
44
|
Photo 13 : Pépinière
|
46
|
Photo 14 : Poisson fumés
|
51
|
Photo 15 : Puits cimenté
|
50
|
Photo 16 : Mini adduction d'eau potable
|
52
|
Photo 17 : Puits traditionnel amélioré
|
52
|
Photo 18 : Forage maraîcher
|
54
|
Photo 19 : extraction du natron
|
54
|
Photo 20 : barre (zollo) de natron sur marche
|
56
|
Photo 21 : Pirogue de transport interterroirs
|
57
|
Photo 22 : station de pompage moderne
|
60
|
Photo 23 : Mare menacée d'ensablement
|
62
|
Photo 24 : Mare envahie par Typha australis
|
..61
|
Photo 25 : Mare menacée par Nymphaea alba
|
62
|
Table des graphiques
Graphique 1 : composition de l'échantillon
enquêté 20
Graphique 2 : évolution de la population du dallol
Bosso de 1977 à 2013 28
Graphique 3 : évolution des pluies à (Falmeye et
Koygolo), 2004-2013 30
Graphique 4 : Superficies emblavées par les principales
cultures pluviales 39
Graphique 5 : Rendement des principales cultures pluviales
39
Graphique 6 : Types d'irrigation dans les Dallols Bosso 42
Graphique 7 : Rendements des principales cultures 43
Graphique 8: Principales productions du Dallol Bosso 44
Graphique 9: Composition du cheptel du Dallol Bosso 49
Graphique 10: Evolution de la production halieutique du Dallol
Bosso 51
Table de tableaux
Tableau 1 : situation des points d'eau moderne par commune
53
6
Table des cartes
Carte 1 : localisation de la zone d'étude 24
Carte 2: Mares permanentes et semi-permanentes du Dallol Bosso
32
7
Sigles et abréviations
CDA : Chef District Agricole
COFODEP : Commission Foncière
Départementale ;
CNEDD : Conseil National de l'Environnement pour
un Développement Durable ;
DDA : Direction Départementale de
l'Agriculture ;
DDE : Direction Départementale de
l'Environnement ;
DS : Direction des Statistiques
SDE : Service Départemental de l'Elevage
;
FDR : Fiche Descriptive sur les zones humides
Ramsar ;
FAD : Fonds Africain de Développement
;
FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Agriculture
;
INS : Institut National de la Statistique ;
MAEP : Mini-Adduction d'Eau Potable ;
PEM : Point d'Eau Moderne ;
ePEM : Equivalent Point d'Eau Moderne ;
PMH : Pompe à Motricité Humaine
;
PLEA : Plan Local Eau et Assainissement ;
PHI : Programme Hydrologique International ;
PVDT : Projet de Valorisation des ressources en
eau de Dosso et Tillabéry ;
ONG : Organisme Non Gouvernemental ;
ONU : Organisation des Nations Unies ;
SNDI/CER : Stratégie Nationale de
Développement de l'Irrigation et de Conservation des
Eaux de Ruissellement ; SP : Secrétaire
Permanent ;
8
Résumé
L'étude portant sur la mise en valeur de ressources en
eau dans la vallée du Dallol Bosso, concerne treize (13) communes des
départements de Falmeye, Boboye, Dosso et Loga. Ce document qui a pour
but d'identifier les différentes ressources en eau et le mode de leur
mise en valeur a été conçue sur la base de trois (3)
guides d'entretien qui ont touché un échantillon de 139
enquêtés dont les éleveurs, les agricultures, les
pêcheurs, les responsables des services techniques départementaux
et communaux mais aussi les élus locaux. L'étude a permis de
décrire les différentes activités menées par les
usagers locaux de l'eau mais aussi d'analyser les contraintes physiques,
techniques et organisationnelles auxquelles font face ces populations.
Les résultats issus de cette investigation scientifique
révèlent que les ressources en eau, toutes catégories
confondues sont mal exploitées du point de vue des pratiques paysannes
de valorisation. De ce fait les ressources en eau sont sous-exploitées
à cause des aspects archaïques et traditionnels des
activités. Ainsi, pour accroitre la valorisation des perspectives ont
été préconisées.
Mots clés : ressource, eau, dallol,
usager, pratique, valorisation.
Summary
The study which values the resources of water in Dallol Bosso
valley concern thirteen (13) house of commons of department of Falmeye, Boboye,
Dosso and Loga. This document of which purpose is to identify the different
resources of water and the mode of development is conceived base on the three
(3) guides conversations which affect a label of 139 investigations of whom
breeders, agricultures, fishermen, the technical departmental responsible of
services and council but also the offices representatives. The study enables to
describe the different activities lead by local users of water but also to
analyze physical, technical constraint and organizational which face up to
these population.
The outcomes of this scientific investigation reveal the
resources of water all categories are ill form from point of view of
valorization of peasants.
On that account the resources of water are underused because
of archaic and traditional activities aspect. Thus to increase the valorization
the perspectives are advocated.
Key words: resources, water, valorization,
Dallol, user, pratical.
9
Dédicace
Je dédie ce travail à :
Mes parents, mon père Malan HAROU Boukari Abdou et ma
mère MARIAMA Ibrahim ainsi qu'à mes frères et soeurs. Pour
leurs efforts et sacrifices consentis tout au long de ma vie.
Mes amis et camarades qui m'ont soutenu moralement,
matériellement et financièrement tout au longe de notre cursus
scolaire et social.
Toutes ces personnes, trouvent ici mes reconnaissances pour leur
accompagnement.
10
Remerciement
Au terme de ce travail d'étude et de recherche, nous
tenons à remercier tous ceux qui de prés ou de loin ont
contribué à sa réalisation.
Nous nous devons de remercier principalement :
Nos enseignants Pr AMADOU Boureima, Pr YAMBA Boubacar et Dr
DAMBO Lawali Maître Assistant. Tous enseignants chercheurs au
Département de Géographie de l'Université Abdou Moumouni
de Niamey, pour avoir confiance à notre modeste personne en nous
intégrant dans ce programme des bourses de recherche. Ce travail est le
fruit de leurs conseils et encouragements qu'ils nous ont toujours
prodigués pour améliorer la qualité du travail.
Aux encadreurs de terrain pour leurs appuis constants qu'ils
nous ont toujours donnés pour atteindre les objectifs de la recherche.
Il s'agit de : YAHAYA Wakasso Directeur Départemental de l'Agriculture
de Falmeye et SOUMANA Hassane SP/COFODEP Boboye, qu'ils trouvent ici ma
sincère reconnaissance.
Je remercie également les responsables des
différents services techniques des départements de Falmeye,
Boboye, Loga et Dosso mais aussi les responsables communaux pour leur
collaboration.
Enfin aux camarades Younsa Yansambou Habibatou, Amadou Issa et
Souleymane Bello pour leur assistance dans l'élaboration des cartes.
11
Introduction générale
Dans le sahel en général et au Niger en
particulier le destin des populations est strictement lié aux
activités rurales notamment l'agriculture et l'élevage. En effet,
ces dernières décennies, force est de constater que deux
années sur trois sont déficitaires à cause de
l'irrégularité des pluies, du poids démographique et de la
détérioration de la fertilité des sols. De ce fait
l'insécurité alimentaire est devenue chronique, exposant les
populations du pays aux risques des famines de façon
récurrente.
Pour faire face à cette situation de plus en plus
régulière, les populations et les autorités ont
développé plusieurs stratégies. C'est ainsi que les zones
humides, les bas-fonds, les cuvettes, le fleuve et les mares sont
exploitées en culture de contre-saison afin de combler le déficit
des cultures pluviales. C'est dans ce contexte qu'intervient cette étude
portant sur la mise en valeur des ressources en eau dans la vallée du
Dallol Bosso. L'étude est soutenue par le Conseil Régional de
Dosso en collaboration avec Lux Dev, entre, dans le cadre de
l'élaboration du schéma d'aménagement foncier (SAF) de la
dite région.
La région de Dosso couvrant une superficie de 31
204Km2, se caractérise par ses importantes ressources naturelles (terres
fertiles, fleuve Niger sur environ 180Km, dallols Maouri, Fogha et Bosso). Les
populations ont développé un système de production
agro-sylvo-pastoral traditionnel pendant des années et il a très
peu évolué malgré l'avance technique et technologique dans
le domaine du développement rural.
Cependant, la vallée du Dallol Bosso se distingue dans
la région de Dosso par un important potentiel en ressources naturelles,
dont les eaux de surface un chapelet de plusieurs mares estimé à
200 millions de m3, les eaux souterraines (trois grands aquifères), les
eaux de pluies et des terres exploitables estimées à 15 000ha,
reparties dans les départements de Falmeye et Boboye. Ces ressources
permettent aux populations de pratiquer plusieurs activités.
Le cadre de notre étude porte sur la mise en valeur des
ces ressources naturelles et plus spécifiquement sur l'exploitation du
potentiel hydrique à travers les usages faits par les populations
locales. Ainsi, les activités agro-sylvo-pastorales se pratiquent dans
cette zone de façon très traditionnelle et archaïque
d'où la nécessité de mener une étude sur
l'état de valorisation de l'eau.
12
Cette étude qui s'attellera sur les activités de
valorisation des ressources en eau, s'articule autours de plusieurs points.
Elle commence par une partie théorique et méthodologique
(chapitre1) avant d'aborder la présentation de la zone d'étude et
la caractérisation des ressources en eau (chapitre 2). Ensuite nous
verrons le coeur du sujet par une présentation des activités de
mise en valeur des ressources en eau (chapitre3) et enfin la
caractérisation de la mise en valeur, les contraintes et les
perspectives sera exposé (chapitre 4).
13
Chapitre I : cadre théorique et
méthodologique
Ce chapitre expose la problématique, la méthode
de recherche adoptée, les difficultés rencontrées dans la
réalisation de ce travail ainsi que la revue de la
littérature.
1.1 Revue de littérature
Il nous est apparu nécessaire et indispensable, pour
mieux cerner notre thématique, de mettre en revue toute la documentation
disponible relative à cette thématique. Le but étant de
situer notre travail par rapport aux débats en cours sur les ressources
en eau mais aussi d'orienter et approfondir notre réflexion sur sa mise
en valeur.
L'eau est devenue aujourd'hui une question politique et
géostratégique majeure qui fait l'actualité des rencontres
internationales au plus haut sommet. On peut noter entre autre la
conférence de Stockholm en 1972, la conférence de Mar Del Plata
cinq ans plus tard en 1977, la conférence de New Delhi en 1990 et la
conférence de Dublin en 1992.
Il est aussi à retenir également les
différents forums internationaux sur l'eau respectivement à
Marrakech (1997), La Haye (2000), Kyoto (2003), Mexico (2006), Istanbul (2009)
et le tout récent tenu du 12 au 17 Mars 2012 à Marseille.
Toutes ces assises, visent d'une manière
générale la gestion durable des ressources naturelles dont
notamment l'eau mais aussi l'approvisionnement en eau potable, l'hygiène
et l'assainissement afin de garantir la santé des populations.
Dans cette même perspective au plan national, il faut
souligner, les signatures de plusieurs conventions concernant l'eau. A titre
illustratif, retenons, la récente signature de la convention du 29
Novembre 2011 entre le gouvernement nigérien et le Fonds Africain de
Développement (FAD) qui a pour but spécifiquement
d'améliorer de façon durable la desserte de l'approvisionnement
en eau potable des populations des régions de Tillabéry et
Dosso.
En dehors des ces rencontres et signature de convention, il
faut ajouter l'arsenal juridique et institutionnel réglementant le
domaine de l'eau au Niger. Il s'agit de l'ordonnance n°93-014 du 02 Mars
1993, portant « régime de l'eau », modifiée et
complétée par la loi n°98-041 du 07 Décembre 1998, du
décret n°97/PRN/MHE du 02 Octobre 1997 et de l'ordonnance
n°201009 du 1er Avril 2010, portant « code de l'eau
». Ces dispositifs, ont pour but de couvrir la satisfaction des besoins
des populations en eau potable de qualité et de quantité
suffisante mais aussi de la gestion des ressources en eau sur le territoire
national.
14
De l'analyse de cette documentation, il ressort que la
question de la mise en valeur des ressources en eau n'a été peu
ou pas au centre de débats des dirigeants à ces rencontres
mondiales. Au Niger, la question de l'usage ou de la mise en valeur des
ressources hydriques a débutée avec l'élaboration du
schéma directeur de la mise en valeur et de la gestion des ressources en
eau à partir de février 1993 et de l'adoption du code rural,
consacrant ainsi, l'utilisation et la gestion rationnelle des ressources
naturelles dans le monde rural nigérien.
Par ailleurs, des chercheurs se sont intéressés
à la question de l'eau. Cependant, chacun l'aborde de sa manière.
Ainsi, on peut noter des études orientées sur l'évolution
des eaux de surface et la recharge des aquifères notamment Guillaume F
(2000), Marc L (2002), Abdou G (2003), Nicolas B (2004), Gaëlle G (2004)
et Sylvain M (2005). Les études des ces auteurs ont mis en
évidence une augmentation à long terme des réserves des
aquifères en dépit des sécheresses qui se vissent dans
cette zone du Niger occidental depuis plus de trente ans. Certains chercheurs,
comme Sylvain COSTE (1998), ont cherché à comprendre la dynamique
saisonnière et interannuelle de la ressource en eau à travers un
modèle hydrologique distribué, à bases physiques, capable
de simuler les transferts d'eau de surface et leur concentration dans les
mares. Bien que conscients, de l`importance et des enjeux autour des ressources
en eau, ces chercheurs n'ont pas évoqué la question centrale de
la mise en valeur des ces ressources hydriques.
Contrairement à ces auteurs, d'autres chercheurs se
sont intéressés aux activités qui se développent
autour des ressources en eau. Au nombre desquels Maman I (2010), Harou M
(2012), Tianaou Mahaman Nana H (2007), Waziri Maman M (2000), leurs
études portent sur la pratique de culture de contre-saison,
précisément l'irrigation à partir des différentes
ressources hydriques disponibles selon les sites étudiés et leurs
impacts socio-économiques pour les populations.
Dans la sous-région, la mise en valeurs agricole des
mares et bas-fonds a fait l'objet de plusieurs études, Kelegue S (2009),
Autissier V (1994) et Sheridan D (1985) abordant toujours dans le même
sens que les premiers, c'est-à-dire sur l'irrigation. Ces études
se limitent de façon générale, à l'agriculture
irriguée notamment la pratique de contre-saison donc, en laissant de
côtés les autres secteurs non moins importants d'usages d'eau.
D'énormes investigations dans la région de Dosso
ont portées sur les Dallols (Maouri, Foga et Bosso) dont, l'étude
de Younoussou B (2005), portant sur la pêche dans le Boboye, le cas de
Boumba qui a mis en évidence l'exploitation des mares et du fleuve par
les populations
15
riveraines. L'étude de DAMBO L (2007), constitue une
référence sur l'usage de l'eau, que ça soit sur le plan
agricole, domestique et eau potable. Cependant, force est de constater que
cette étude s'est beaucoup appesantie sur les différents secteurs
d'usage d'eau sans évaluer l'état de cette mise en valeur de
façon générale ou même sectorielle. Certes, ces
chercheurs ont d'une façon ou d'une autre exposés les
difficultés et contraintes liées à la pratique des
activités qui se développent autours des ressources en eau. Mais,
il reste évident qu'au regard de la disponibilité des ressources
en eau et des possibilités de mise en valeur qu'elles offrent aux
populations locales du dallol Bosso d'accorder une attention
particulière au développement des activités de
valorisation des ressources. Dresser, l'état de lieu de la mise en
valeurs des ces ressources demeure déterminant pour toute
éventuelle activité d'exploitation de l'eau, afin de garantir un
développement durable.
1.2 Problématique
« L'eau douce est une ressource essentielle pour la
santé, la prospérité et la sécurité humaine.
Elle est aussi indispensable au développement durable qu'à la
vie-et par delà ses fonctions dans le cycle hydrologique, elle
revêt des dimensions sociale, économique et environnementale
» (PHI, 2008).
Compte tenue de son importance et de son caractère
limité, l'eau constitue un enjeu permanent du 21 siècle quant
à sa protection et sa gestion de façon rationnelle et durable.
Prés de 70% de la surface du globe est couverte d'eau
dont la terre contient 1 424 192 640 m3 (convention sur la diversité
biologique, 1992). En Afrique de l'ouest on estime le volume annuel de
ressource en eau renouvelables à plus de 1 000 km3. Donc l'eau entant
que ressource est disponible dans cette contrée du monde notamment les
eaux de surface (fleuve Niger, Sénégal ....) et souterraines (le
bassin des Iullemenden, du Tchad, du Liptako....) (T Aboulkarim, 1988).
Au Niger, les précipitations, les eaux de surface
(fleuve et ses affluents, les rivières à écoulement
temporaires, les mares et les retenus artificielles) sont importantes.
Cependant, les eaux souterraines malgré un potentiel
considérable, sont très mal connues et les plus importantes se
trouvent dans les régions peu peuplées ou inhabitées
(régions désertiques du nord et de l'est) (DAMBO L, 2007).
16
Les ressources en eau de surface sont reparties dans deux
grands bassins qui sont le bassin du fleuve Niger, à l'ouest et celui du
lac Tchad, à l'est. Les eaux souterraines, sont de loin les plus
importantes (Abdoul-Aziz SEYNI SEYBOU, 2009). Les aquifères les plus
importants sont contenus dans le bassin des Iullemenden et du Niger oriental.
Ces ressources d'eau renouvelables sont estimées à prés de
2,5 milliards de mètre cubes, tandis que les ressources fossiles des
aquifères profonds sont évaluées à plus de 2 000
milliards de mètre cubes (CEIN, 2004, cité par Younoussou
2005).
Le constat au niveau international et national montre que et
comme l'a bien souligné Dambo (2007), Ce n'est pas le potentiel hydrique
qui fait défaut mais plutôt la maîtrise et la mobilisation
de ce dernier. Ainsi, donc la problématique de l'eau pour une gestion
durable se pose avec acuité partout dans le monde. La crise de l'eau est
largement rependue au moment où la population mondiale s'est
multipliée par six (6), passant de 1,55 milliards à 8 milliards
d'habitants entre 1900 et 2013 (ONU, 2012). Cette consommation six fois plus
grande qu'il y a cent ans a des répercussions importantes sur les
ressources naturelles disponibles, notamment l'eau. Un des facteurs importants
à retenir, c'est l'utilisation d'eau en termes de productivité
agricole. L'agriculture irriguée avec de l'eau souterraine a
été rapide au cours des vingt dernières années.
L'irrigation compte pour prés de 70% du total des
prélèvements d'eau à des fins humaines (4em rapport
mondial sur la mise en valeur des ressources en eau). Il importe à ce
niveau de préciser que l'eau s'épuise ou du moins diminue
à de nombreux endroits à mesure que la population et la
consommation d'eau par habitant augmentent et ce phénomène cause
des préjudices aux écosystèmes dans lesquels elle est
prélevée (UNESCO, 2012). D'autre part, du fait que
l'écoulement annuel des rivières et la disponibilité en
eau sont appelés à s'amoindrir de 10 à 30% dans des
régions sèches (GIEC, 2007).
Au Niger, précisément la région de Dosso
dispose d'importantes potentialités, économiques et naturelles
(flore, faune, eau...).
Ainsi, l'extrême sud de cette région est
traversée par le fleuve Niger sur prés de 180km de longueur et la
partie méridionale est caractérisée par un couvert
végétal dense mais qui devient de plus en plus clairsemé
en remontant vers le nord.
La présence des vallées fossiles traversant le
nord-ouest et le sud-est du territoire de la région appelées
communément dallols (Maouri, Fogha et Bosso) constitue un atout non
moins important pour le développement des diverses activités
agro-sylvo-pastorales. A titre illustratif, la pré-évaluation de
la campagne irriguée 2012-2013, prévoit un équivalent
17
céréalier de 44 133tonnes ce qui correspond
à une somme escomptée de plus de 11 milliards de franc CFA, chose
qui permettra à Dosso de disposer plus de 221 922, 25tonnes.
La vallée du dallol Bosso orientée nord-sud dans
la région de Dosso, de part ses atouts et du rôle qu'elle joue
dans la vie des populations a tirée l'attention de plusieurs acteurs de
développement (ONG, projets..). Ce qui a valu son classement comme
milieux humides partagées par la convention de Ramsar depuis 2004. Le
potentiel en terres irrigables des cuvettes est estimé à environ
15 000ha dans cette bande (SNDI/CER, 2003). Les ressources en eau de surface
sont de l'ordre de 200 millions de mètre cubes environ et la nappe
phréatique dans le dallol est peu profonde, située entre 2 et 10
mètres et même affleurant dans la partie sud (Fiche descriptive
sur les zones humides Ramsar, Niger).
Cependant, force est de constater que les ressources en eau de
surface sont en général difficilement mobilisables et
temporaires. Les eaux souterraines même si elles sont abondantes, elles
ne font pas exception à ces difficultés quant-il s'agit de leur
exploitation. Certes, l'eau est essentielle à la survie et au bien
être de l'homme et est indispensable au fonctionnement de nombreux
secteurs économiques surtout dans une économie rurale comme celle
de la région de Dosso. Cette ressource est inégalement repartie
dans l'espace et le temps mais, fait aussi l'objet de plusieurs pressions
exercées sur elle par les activités humaines.
Ces pressions sur les ressources en eau sont de plus en plus
fortes à l'état actuel et posent davantage des difficultés
à la mise en valeurs de ces ressources. Et surtout que les
méthodes d'exploitation et de mise en valeur des ressources naturelles
utilisées par les populations des zones humides sont en majorité
traditionnelles et ne respectent pas les normes et les conditions à
même de garantir la durabilité des ressources (GALADIMA, 2008).
Mais, il faut préciser que la vallée du dallol
Bosso concentre la majorité de la population des départements de
Loga, de Dosso, de Falmeye et de Boboye. De ce fait, elle fait l'objet de
pratiques des diverses activités humaines liées à l'eau de
façon plus traditionnelle. Ainsi, l'utilisation durable de ressources en
eau, notamment sa mise en valeurs dans le dallol Bosso est un véritable
défi en raison des nombreux facteurs. Même si les populations ont
pris conscience ces dernières années de la
nécessité de mieux gérer et protéger les ressources
en eau, les recherches scientifiques et les meilleures pratiques
reçoivent très rarement une attention suffisante.
18
L'étude sur la mise en valeurs des ressources en eau
dans la vallée du dallol Bosso s'avère nécessaire pour
soulever les principaux enjeux en matière de gestion durable de cette
ressource afin de garantir le développement socio-économique des
populations autochtones.
Afin de traiter cette thématique de recherche autour de
la mise en valeur des ressources naturelles, précisément l'eau
dans le dallol Bosso, des questions suivantes méritent d'être
poser :
y' quels sont les possibilités de mise en valeur
offertes par les ressources en eau et les enjeux liés à celles-ci
dans le dallol Bosso?
y' quels sont les facteurs qui entravent les activités
de valorisation agro-sylvo-pastorales des eaux dans la vallée du dallol
Bosso et les stratégies à développer ?
1.4 Hypothèses
1. Les ressources en eau offrent de possibilités de
mise en valeur différentes selon les usagers dans le dallol Bosso ;
2. L'insuffisance d'aménagement hydraulique freine le
développement des activités agricoles des communautés
locales du dallol Bosso.
1.3 Objectifs
L'étude s'articule autour d'un objectif principal et
quelques objectifs spécifiques.
1.3.1 Objectif général
L'objectif principal de cette étude est d'identifier
les différentes ressources en eau, les possibilités
d'exploitation offertes et le mode de leur mise en valeur dans le Dallol
Bosso.
1.3.2 Objectifs spécifiques
De façon spécifique l'étude vise les
objectifs suivant :
y' Identifier le mode de mise en valeur des ressources en eau
dans le Dallol Bosso ; y' Caractériser les différents modes
d'usage de l'eau en fonction de la ressource ;
y' Identifier les principaux enjeux et facteurs entravant la
mise en valeurs des ressources en eau dans le Dallol Bosso.
19
1.5 Méthodologie
Le point de vue des géographes est que la gestion des
ressources naturelles dans un espace donné, doit être forcement
l'affaire de tous les usagers autour des ressources concernées. Pour
cette étude qui aborde la problématique de la mise en valeurs des
ressources en eau dans les dallols Bosso, la méthode qualitative
suivante est adoptée qui consiste à observer, analyser,
décrire et expliquer les enjeux lies a cette thématique.
1.5.1 Recherche documentaire
Elle s'est effectuée dans les centres de documentation
dans le but d'inventorier les écrits concernant la question. C'est ainsi
que nos investigations ont porté sur les thèses, les
mémoires, les rapports de missions, des activités et de stages,
les articles et les textes et loi relatifs au domaine de l'eau. Ces travaux
sont déroulés à Niamey dans la bibliothèque du
Département de Géographie de la Faculté des Lettres et
Sciences Humaines et au centre de documentation du Ministère de
l'Hydraulique et de l'Assainissement mais aussi sur le terrain au niveau des
différents services techniques départementaux (Agriculture,
Elevage, Hydraulique, Génie rurale et Environnement) de Falmeye, Boboye,
Dosso et Loga. Nous avons eu a consulté certains sites internet tels que
: wikipedea, Google, zouzoute, etc.
1.5.2 Echantillonnage
La méthode d'échantillonnage consiste, dans un
premier temps à identifier les communes traversées par la
vallée du Dallol Bosso dans les quatre départements sur lesquels
porte l'étude. C'est ainsi que 13 Communes sont choisies, il s'agit
notamment de Falmeye, Guilladjé, Birni N'Gaouré, N'Gonga,
Fabidji, Harikanassou, Koygolo, Kyota, Kankandi, Gollé, Guiran Kirey,
Loga et Sokorbé. Ensuite, l'entretien avec les services techniques a
facilité le choix des organisations paysannes des usagers de l'eau au
niveau local. L'enquête a concernée un échantillon de 139
personnes. Cet échantillon a été constitué de
façon aléatoire et il est reparti comme suit : 110 producteurs et
usagers de l'eau (éleveurs, pêcheurs, agriculteurs...) et 29
responsables de services technique, administratifs, coutumiers et élus
locaux (graphique n°1).
20
Graphique 1 : composition de l'échantillon
enquêté (source : enquête, 2013)
Dans cette optique trois (3) guides d'entretien
adressés aux responsables administratifs, coutumiers, services
techniques et usagers sont élaborés.
1.5.3 Collecte des données
L'étape de collecte des données a
été déterminante pour la réalisation de cette
étude car, elle a permis de rencontrer et d'entretenir avec les
différents acteurs du domaine de l'eau de la zone d'étude. Mais,
il faut aussi préciser que compte tenu de l'accès très
difficile de certains villages en cette saison d'hivernage, il n'a
été facile de parcourir la totalité des villages des
communes concernées. Cependant, l'entretien a été
réalisé selon la disponibilité des usagers, donc de
façon aléatoire au niveau des chefs lieu des communes, des
départements ainsi que les villages environnants. A cet égard,
les données sur les activités pratiquées et le mode
d'usage des ressources en eau par les populations du dallol Bosso ont
été recueillies. Ces données concernent le nombre des
mares, les difficultés de mise en valeur, la quantité de
production par cultures, le nombre des points d'eau mais aussi les intrants
agricoles utilisés. Les données statistiques sur
l'élevage, la pisciculture et l'extraction du natron ont fait aussi
l'objet de cette collecte. Les informations collectées ont dans un
premier temps, permis de rendre compte de l'état actuel de
l'exploitation des eaux et de l'avancée technique et technologique des
différents usages.
1.5.4 Traitement des données
Après l'étape de collecte, les données
recueillies ont fait l'objet d'un regroupement avant d'être analyser.
Comme nous avons trois guides d'entretien, le traitement a commencé par
le rassemblement des informations selon les acteurs, ce qui nous a permis de
faire une synthèse des données d'ordre général et
spécifique.
21
L'analyse proprement dites des données a
coïncidée avec la rédaction du document. Ainsi, les
données statistiques sont analysées par le logiciel tableur
Excel, pour sortir les tableaux et les graphiques qui ont fait l'objet de
plusieurs interprétations dans le document. Enfin, un appareil photo
numérique a été utilisé pour la prise des vues.
1.6 Définition des termes et concepts
Pour tout travail d'étude et de recherche, la
première des choses, doit donc être de définir les termes
et concepts utilisés. Ainsi, la définition de termes est
fondamentale pour cette étude portant sur les ressources en eau afin que
l'on sache de quoi il est question. Pour mieux comprendre l'objet qu'on traite
dans ce document les concepts suivants doivent être circonscrits et
précis afin qu'ils soient adaptés au contexte dans lequel ils
sont employés. Il s'agit de :
Ressources en eau : la ressource recouvre
toutes les richesses potentielles du sol et du sous-sol, quelle soit
exploitée ou non, c'est pourquoi on parle des ressources naturelles. Les
ressources en eau se définissent selon Sandao (2000) comme étant
l'ensemble de potentiel hydrique utile dans la vie du milieu naturel
(environnement humain, agricole et animal). Donc pour cette étude, les
ressources en eau désignent les eaux de surface (mares pérennes
et/ou temporaires), les eaux souterraines (nappes phréatiques et
aquifères) et des eaux météoriques (eau de pluies) qui
sont exploitables et valorisables par les populations.
Dallol : Dallol et Boboye désignent la
vallée, respectivement en Peul et en Zarma. Le Dallol Bosso c'est
l'ancien bras du fleuve Niger, aujourd'hui inactif, forme un chapelet de mares
pendant l'hivernage, il est aussi appelé Gorou en Zama.
Mise en valeur : selon le dictionnaire de la
Géographie (2005), la mise en valeur signifie la promotion des atouts
d'un territoire. C'est-à dire toutes activités de recherche,
d'amélioration ayant pour but l'augmentation de profits ou avantages des
ressources que dispose un espace. Pour notre étude, la mise en valeur
signifie toutes activités de valorisation des potentialités d'une
zone, d'un pays ou d'une localité dans le but de satisfaire les besoins
des ses occupants.
Caractérisation : c'est la description
des éléments distinctifs d'un objet, d'un phénomène
ou d'un espace. Elle est aussi le fait d'étudier ou de situer les
structures d'une activité ou d'une pratique. Dans ce document, elle vise
la classification du potentiel hydrique et les aspects des
22
usages possibles. C'est-à-dire le mode d'exploitation
et les principales activités pratiquées en fonction de la
ressource.
1.7 Difficultés rencontrées
Dans toute activité d'investigation scientifique,
d'étude, de recherche et de collecte des données, les
difficultés sont inévitables. Ainsi, celles rencontrées
dans le cadre des cette étude se résument à l'état
dégradé des routes rendant très pénibles
l'accès de la plupart de villages et sites surtout dans cette
périodes des pluies. Mais aussi la disponibilité des
enquêtés compte tenu des travaux champêtres et des
occupations diverses. Pour contourner ces difficultés, nous avons eu
à travailler la matinée avec les services techniques et le soir
avec les usagers sur rendez-vous.
23
Chapitre II : Présentation de la zone
d'étude et caractérisation des ressources en eau dans les dallols
Bosso
Il est question ici, de localiser la zone d'étude et
d'étudier son aspect physique et humain afin de caractériser les
ressources en eau qu'elle dispose.
2.1 Présentation de la zone d'étude
Cette partie s'intéresse à la localisation, les
aspects physiques et humains mais aussi la population et les conditions
socio-économiques de cette dernière.
2.1.1 Localisation de la zone d'étude
Situé dans la partie ouest de la région de
Dosso, le Dallol Bosso traverse les départements de Boboye et Falmeye du
Nord au Sud (carte n°1). La vallée du Dallol Bosso couvre une
superficie d'environ 750 000ha et la population est estimée à
plus de 384 234 habitants en 2012 (INS). Le Dallol Bosso est un ancien affluent
du fleuve Niger fossilisé, aujourd'hui inactif, il prend naissance
à partir du réseau des koris drainant le sud-ouest de l'Aïr
et le Talak.
République du Niger
Region de Dosso
**brow'
,,,........ 4..,,
Jw
|
Légende
Localités
E Chef [eiu de départements
· Chef lieu de commune A/Fieuve Niger
Dallai Bosso
0 Communes enquétées 0 Limite
Départements
|
2°30'10"
3' 00'20"
3°30'30'
4'00'40" 4°30'50'
30 0 30
60 Kilometres
N
4°00'40" 4°30'50"
4
2°30'10"
3°00'20"
3°30'30"
Loge
14°0ü»-0"
Birni N'Gaouré
osso
13°30`
13°00:
0"
0-
Falmey
L
0"
12°30
14°00'40"
-13°30'30"
-13°00'20"
-12°30'10"
Carte 1 : localisation de la zone
d'étude(Enquête, 2013)
MOUSSA Harou 2014
25
2.1.2 Aspects physiques
Le milieu physique de la zone d'étude est établi
sur les grés argileux du Continental Terminal, série
sédimentaire la plus récente du bassin des Iullemenden,
daté du paléocène. Selon la topographie et les
paramètres climatiques on rencontre différents types de sols et
de végétation rendant possible la pratique des diverses
activités liées aux ressources en eau que dispose ce milieu. De
ce fait, il est évident que ces aspects physiques ont une influence sur
la disponibilité des ressources en eau et sur le mode de sa mise en
valeur.
2.1.2.1 Relief
Le relief de la zone d'étude est composé de deux
grands ensembles bien distincts, la zone des plateaux et du Dallol.
La zone des plateaux est subdivisée en deux :
? Le plateau de Fakara s'étendant au nord-ouest, qui
est un plateau latéritique d'allure tabulaire d'altitude 240-260
mètres ;
? Et le plateau de Zigui qui constitue une zone de glacis au
modelé dunaire, bordé à l'est par une falaise
latéritique, l'altitude varie entre 200 à 240 mètres.
Ces unités géomorphologiques (Fakara et Zigui)
constituent le parcours pastoral par excellence des éleveurs surtout en
saison des pluies. De ce fait, ils sont étroitement en interaction
complémentaire avec la vallée du dallol Bosso, car ils sont
à la fois la réserve forestière et les seules zones
d'extension agricole possible, pour une vallée surpeuplée et aux
ressources naturelles très limitées.
La vallée du Dallol Bosso de direction nord-sud, est
située entre ces deux plateaux. Son altitude varie entre 180 à
190 mètres. Cette partie, est un ancien affluent du fleuve comblé
par des dépôts alluvionnaires et éoliens. Cette topographie
conjuguée avec les conditions climatiques favorisent la pratique de
plusieurs activités de production agro-sylvo-pastorale à cause
d'importantes ressources en eau qu'elle présente.
2.1.2.2 Climat
Le climat est de type Sahélo-soudanien au Sud et
sahélien au Nord. Les précipitations sont comprises entre 500
à 600mm, avec une moyenne annuelle des précipitations qui tourne
autours de 550mm, répartie sur 37 jours (station Birni) à 41
jours (station Falmeye) sur la
26
période 2004-2013. L'année est répartie
en trois saisons en tenant compte de la température, à savoir
:
y' La saison sèche froide (Novembre-Janvier) avec une
température moyenne journalière comprise entre 16 à
34°C. Cette période est très propice à la pratique
des cultures de contre-saison (chou, laitue, aubergine, tomate, oignon...).
y' La saison sèche chaude (Mars-Juin), la
température moyenne est de 26 à 40°C. Elle offre la
possibilité des cultures de décrues (canne à sucre,
manioc, patate douce, courge...) et de préparation des terres pour
l'agriculture pluviale (riz, pomme de terre, poivron.. .).
y' Enfin, la saison des pluies ou hivernage (Juillet-Octobre),
température moyenne entre 23 à 35°C avec un maximum des
précipitations en Juillet-Août. Cette période est celle des
cultures pluviales (mil, sorgho, maïs, riz, niébé....) mais
aussi la pêche traditionnelle.
Deux vents dominants caractérisent cette zone, il s'agit
de:
y' L'Harmattan soufflant du mois de Novembre à Avril,
suivant la direction Nord-est au Sud-ouest ;
y' La Mousson soufflant de Mai à Octobre, du sud-ouest au
nord-est.
Ce climat permet le développement des diverses cultures
saisonnières, surtout que le milieu regorge des terres très
fertiles par endroit.
2.1 2.3 Sols
En tant qu'élément de base de toute
activité de production agricole, les sols, selon leurs types et leur
fertilité déterminent la mise en valeur des ressources en eau au
Niger en général et dans les dallols Bosso en particulier.
Ainsi, au plan pédologique, la zone sur laquelle porte
cette étude se limite au deux unités géomorphologiques
à savoir le glacis et la vallée. C'est ainsi que, dans la zone de
glacis les sols sont de texture sableuse et parfois limoneuse. Ils sont pauvres
en matière organique, légèrement lessivés et
présentent les risques de battance.
Les sols de bas-fonds ou des vallées sont hydromorphes,
riche en argile et en matière organique. Certaines des cuvettes
sablo-argileuses présentent des dépôts de carbonate de
sodium (natron) du fait de remontées capillaires. Ces conditions
pédoclimatiques permettent le développement de plusieurs
activités agricoles et celui d'une végétation bien
particulière dans la zone.
27
2.1.2.4 Végétation
Le couvert végétal constitue une protection
importante contre les menaces physiques (érosion hydrique et
éolienne) pour les points d'eau de surface. De ce fait, la
végétation joue un rôle capital pour la préservation
des mares d'une part et de l'autre pour la garantie de certaines pratiques
agro-sylvo-pastorales (amendement des sols et pâturage). Dans le Dallol
Bosso, la végétation est nettement différenciée
selon qu'on se trouve sur le plateau ou dans la vallée. Ainsi, le
plateau se caractérise par une steppe arbustive bien
particulière, la brousse tigrée à
combrétacées (Guierra senegalensis, Combretum micranthum,
Combretum glutinosum). Sur le glacis, la végétation est
à dominance (Accacia albida, Balanites oegyptiaca, Piliostigma
reticulatum, Guierra senegalensis...). La végétation de
vallée est dominée par Parinari macrosphylla, de
rôniers (Borassus oethiopium), de palmiers-doum (Hyphaene
thebaica) et quelques karités (Butyrospermum parkii). On rencontre
aussi des graminées (Cyperus rotundus, Dactyloctenium aegyptium...)
en bordure de mares.
2.1.3 Aspects humains
Cette partie étudie la population et ses
caractéristiques socio-économiques liées à
l'exploitation des ressources naturelles des dallols Bosso.
2.1.3.1 Population
Les populations du dallol Bosso sont à 90% rurales, en
ce sens elles tirent l'essentiel de leurs moyens d'existence de l'agriculture,
l'élevage et de l'exploitation des ressources forestières (bois,
faune sauvage, sauniers, etc.). Toutes ces activités restent tributaires
des ressources en eau, qu'elle soit souterraine, des pluies ou de surface. Par
conséquent, la zone du Dallol Bosso, est soumise à une
augmentation de la pression anthropique depuis des années, du fait d'une
croissance démographique accélérée qui se traduit
par une augmentation des surfaces cultivées et la réduction des
jachères. Ainsi, en l'espace de trente six (36) ans la population du
dallol Bosso a triplé (graphique n°2), passant de 140 000 habitants
en 1977 à 438 218 habitants en 2013 (INS, 2012). Il ressort que dans la
décennie 2001-2013, l'augmentation de la population a été
plus rapide que dans les autres décennies. Cela s'explique par
l'amélioration des conditions de vie des populations, notamment
l'assainissement, l'eau potable et la santé.
28
Graphique 2 : évolution de la population
du dallol Bosso de 1977 à 2013(source : RGP/H INS)
Elle est composée des Zarma plus de la moitié et
des Peul 1/4 et quelques minorités Haoussa et Bella. Elle est à
plus de 64% de jeunes de moins de 25 ans dont 67% ont moins de 15 ans (INS,
2012). Cette population constitue l'essentiel de la main-d'oeuvre agricole du
Dallol Bosso, cependant, elle se trouve caractérisée par un exode
des bras valides vers les pays côtiers (Benin, Nigeria, Togo et
Côte D'Ivoire). Vidant les zones rurales et laissant les vieillards,
femmes et enfants pour s'occuper des travaux de la période morte,
c'est-à-dire de contre-saison. Cette situation handicape totalement la
mise en valeur des ressources en eau à travers l'irrigation, car seules
les femmes pratiquent à plus de 80% la culture de contre-saison. Cet
état de fait menace la situation socio-économique de la
population de cette zone.
2.1.3.2 Situation socio-économique
A l'instar du pays, la population du Dallol Bosso est
confrontée aux problèmes d'ordre climatique, environnemental et
social. Cette population vit dans un milieu certes humide, mais la
dégradation des conditions climatiques, la transformation
accélérée de l'environnement et l'appauvrissement des
populations se constatent avec beaucoup d'acuité. Cela s'explique par
des sécheresses récurrentes par endroit, de la
désertification (érosion hydrique et ensablement des points
d'eau), de la démographie galopante et de la crise alimentaire parfois
sévère et persistante (FDR, 2001). Ces phénomènes
plongent ces populations dans une situation de pauvreté, de la perte de
potentiel productif due à la baisse de la fertilité des sols, de
la diminution de revenus et de l'exacerbation des conflits entre les
différents usagers des ressources naturelles déjà
menacées (CNEDD, 2000). Cet état de fait, se traduit par la
fragilisation du tissu social, l'accentuation de l'insécurité
alimentaire,
29
l'augmentation de la fréquence des conflits meurtriers
entre exploitants, agriculteurs et éleveurs (Giancarlo PINI et al,
2007). Par conséquent, on assiste aujourd'hui à une situation
quasi-généralisée d'appauvrissement, prés des 70%
de pauvres (INS, 2012) et de dégradation de cadre de vie des
populations.
2.3 Caractérisation des ressources en eau dans
les Dallols Bosso
Cette partie met en exergue les différentes ressources
en eau disponible dans les dallols Bosso, qu'elle soit de surface, souterraine
ou météorique. Elle s'attèlera aussi sur les
possibilités et avantages de mise en valeur offertes aux populations
locales grâce à la présence des ces ressources.
2.3.1 Eaux des pluies
A l'instar de celle du pays, la population du dallol Bosso
fait de l'agriculture et l'élevage leurs principales activités de
production économique. Cependant, ces activités restent
dépendantes des aléas climatiques, notamment les pluies. Donc,
les précipitations constituent les facteurs indispensables du
développement des activités socio-économiques des paysans
dans cette zone. Cette pluviométrie joue un rôle pluridimensionnel
car elle permet en année normale la recharge des nappes, la formation
des plans d'eau et du développement du couvert végétal
(Hassane Kimba, 2010). Etudier, la pluviométrie dans ce contexte
s'avère nécessaire à cause de son importance et de son
caractère irrégulier dans l'espace et dans le temps qui n'est pas
sans conséquence sur l'épanouissement des activités
économiques des populations locales.
2.3.1.1 Variabilité spatiale
Dans l'espace, les précipitations dans le dallol Bosso,
se caractérisent par une grande variabilité. En effet, faute des
données trentenaires au niveau des stations, nous étions
obligés de travailler avec les données disponibles. Ainsi, sur la
période 2004-2013, la moyenne annuelle des pluies varie entre 733,5mm
à 488mm respectivement à la station de Falmeye et Koygolo, soit
un écart de 245,5mm. Cette différence peut s'expliquer par le
fait que la station de Falmeye se situe beaucoup plus au sud, une zone
soudanaise tandis que celle de Koygolo située au nord dans une zone
sahélienne mais aussi par la durée de nombre de jours de pluies
dans l'année. Pour bien illustrer ce phénomène nous avons
présenté l'évolution des précipitations annuelles
durant la période 2004-2013 de station de Falmeye et de Koygolo
(Graphique n°3). De l'analyse du graphique n°3, il ressort
qu'à la station de Falmeye les pluviométries dépassent
largement la moyenne de la zone (500-600mm) sur toutes les années de la
période concernée. Contrairement à la station de Koygolo
où à peine les hauteurs de
30
pluies dépassent 500mm et n'atteignent jamais les 600mm
dans la période. Cette différence exprime l'importance de la
variabilité spatio-temporelle dans la vallée du Dallol Bosso.
Graphique 3 : évolution des pluies à
(Falmeye et Koygolo), 2004-2013
2.3.1.2 Variabilité temporelle
Dans le temps, la durée annuelle de nombre de jours des
pluies varie entre 41 jours à Falmeye,
38 jours à Birni N'Gaouré et 30 jours à
Koygolo dans la même période, soit un écart de 3 à
11 jours. Il faut préciser que, la saison des pluies dure dans cette
localité de 4 à 5 mois. De ce fait, la zone est exceptionnelle
pour le pays car elle fait partie des localités les plus arrosées
du Niger. Malgré, son caractère spatio-temporel variable, la
pluviométrie permet dans le dallol Bosso, le développement d'un
système de production agro-pastoral extensif à
céréales et légumineuses que nous allons détailler
dans le troisième chapitre.
2.3.1.3 Bilan hydrique
Le dallol Bosso est caractérisé par une longue
saison sèche, 7 à 8 mois et des températures
élevées avec des maximums de 40° à 45°C mais
aussi des hauteurs de précipitations assez basses variant de 500
à 600mm en moyenne par an. Ces éléments conjugués
avec l'ensoleillement considérable et l'assèchement de l'air,
favorisent l'évaporation dans un milieu déjà sec. Ainsi,
le déficit de l'évapotranspiration est de l'ordre de 2000mm par
an. Cela se manifeste par l'assèchement de la majorité des mares
temporaires et la diminution des étendues des mares pérennes. Ce
processus s'effectue assez rapidement en deux voire trois mois avec pour
conséquence la brousse brûlée et les herbes
asséchées (MOUSSA A, 2004).
31
2.3.2 Eaux de surface
Les ressources en eau de surface sont constituées par la
présence d'une vallée fossile, dallol
Bosso, qui draine les eaux de la plaine de l'Irhazer et du
massif de l'Aïr. Le potentiel hydrique des eaux de surface de cette
vallée est estimé à 200 millions de m3 (FDR, 2001). De
nombreuses mares temporaires, semi-permanentes et permanentes existent dans le
dallol Bosso (carte n°2). Ces mares permettent le développement de
plusieurs activités de mise en valeurs par les populations locales.
leetitifill0
aa
AS Akr-
République du Niyer
Région de
osso
L.ëgende
Localités
E Chef lieu de départements
· Mares permanentes
· Mares semi-permanentes
· Chef lieu de commune AfFleuve Niger
Dal[of Bosso
0 Communes enquêtées 0 Limite Départements
14=00'40"
13'30'30"
13=00'20"
12°30'10"
2°30'10"
3°00'20"
3°30'30"
4°00'40' 4
4°30'50" w
Carte 2: Mares permanentes et semi-permanentes du Dallol
Bosso
2°30'90" 3°00'20" 3°30'30" 4000'40"
4°30'50"
30 0 30 60 Kilometres
MOUSSA Harou 2014
33
2.3.2.1 Mares permanentes
On entend par mare permanente ou pérenne, toute mare
qui dure douze mois sur douze mois de l'année, bien que l'étendue
et la profondeur fluctuent selon les saisons. La zone du dallol Bosso est
parsemée par plusieurs dizaines de mares pérennes. Dans les
données collectées sur le terrain lors de notre enquête,
nous avons avec les populations, dénombré 62 mares permanentes
dont 27 pour le département de Falmeye, 33 pour Boboye et 2 pour le
département de Loga. En hivernage, ces mares ont tendance à se
connecter entre elles, formant ainsi un chapelet de mares. Il est à
retenir que ces 62 mares se situent dans les treize (13) communes
concernées par cette étude. Ces mares tirent leurs sources des
eaux de pluies et des nappes phréatiques sub-affleurantes de la
vallée du Dallol Bosso. On pratique principalement le maraîchage,
la culture de contre-saison, l'arboriculture, la culture de décrue,
l'abreuvage et la pêche.
Ces ressources subissent diverses pressions d'ordre physique
(ensablement, évaporation, présence des plantes envahissantes...)
et d'ordre anthropiques liées aux activités humaines.
Photo 1: Mare permanente, Mailaré
(enquête, 2013)
34
2.3.2.2 Mares semi-permanentes
Les mares semi-permanentes sont celles qui durent 4 à 6
mois dans l'année et qui font dans la
plupart des cas l'objet de la pratique des cultures de
contre-saison et des décrues mais aussi l'arboriculture
fruitière. En général, ces mares tirent leur source des
eaux des pluies drainées par la vallée du Dallol Bosso dans les
différents bas-fonds et cuvettes. Ces mares sont difficiles à
dénombrer par les populations du fait de leur importance en terme
numérique, cependant on compte plus de 92 (enquête, 2013) dans les
13 communes étudiées. Ce chiffre est certainement en
deçà de la réalité car même les services
techniques (environnement, génie rural et agriculture) maîtrisent
très peu les statistiques, du fait de l'insuffisance de moyens
permettant d'effectuer périodiquement l'inventaire et le suivi des ces
points d'eau afin d'actualiser les données disponibles.
Photo 2: Mare semi-permanente, Koygolo (enquête,
2013)
2.3.2.3 Mares temporaire
Les mares temporaires durent de 2 à 4 mois après la
saison pluvieuse. Les populations
cultivent de laitue, choux, tomate et aubergine en
contre-saison et manguier, goyavier et moringa en arboriculture. Il faut
préciser que le reste de l'année, les cultures sont
arrosées par l'irrigation à travers des puits du fait de la
présence de nappe peu profonde (2 à 6 m). ces types de mares sont
les plus nombreux, on compte plus de 200 dans les Dallols Bosso et offrent des
sites appropriés pour le développement de culture
irriguée.
35
Photo 3: Mare Temporaire, Falmeye (enquête,
2013)
On constate qu'au regard de la tendance actuelle en hausse de
la pluviométrie dans cette zone surtout vers le sud (département
Falmeye, communes de Kankandi et Fabidji..), le nombre des mares prend de
proportion importante cette dernière décennie. Cela a
été confirmé par la plupart de nos enquêtés,
en ce terme « ces dernières années les mares ne font que
augmenter toute l'année ». En réalité c'est le
régime des ces étendues d'eau qui se transforme, ainsi les mares
temporaires deviennent de plus en plus semi-permanentes et ces dernières
en deviennent permanentes. Cet état de fait a certes un avantage
d'augmenter le potentiel des ressources en eau de surfaces, permettant
l'intensification et la diversification des cultures mais aussi la pratique de
l'empoissonnement. Cependant, ça crée des
phénomènes naturels extrêmes avec la récurrence des
inondations des villages situés dans la vallée. Ces inondations
occasionnent des dégâts matériels, des productions
agro-sylvo-pastorales et perte des terres fertiles des bas-fonds. De ce fait,
leur mise en valeur devient beaucoup plus complexe pour les populations
locales, notamment en agriculture irriguée.
2.3.3 Eaux souterraines
Contrairement aux ressources en eau de surface, difficilement
mobilisables et temporaires, les eaux souterraines sont abondantes et
mobilisables mais demande des investissements le plus souvent qui ne sont pas
à la hauteur des populations locales. Elles offrent aux populations du
Dallol Bosso plusieurs possibilités de mise en valeur de façon
durable et en plein temps. Ainsi, les populations l'utilisent pour
l'irrigation, l'abreuvement des animaux, l'eau potable et domestique. Dans
cette optique et pour accéder à ces ressources, plusieurs
aménagement hydrauliques sont réalisés toutes
catégories confondues (puits, forages et adduction d'eau
36
potable...). Le Dallol Bosso est caractérisé par
trois (3) grandes formation d'aquifères du point de vue des ressources
hydrauliques, le Quaternaire, le Continental Terminal et le Continental
Intercalaire.
2.3.3.1 Aquifères du quaternaire
Les aquifères du quaternaire, constituent les ressources
en eau souterraines renouvelables du
dallol Bosso, son épaisseur se situe entre 10 à
20 m (Atlas-Annuaire, 1995). Cette nappe est alimentée par les eaux de
pluie et les eaux de surface et elle coule du nord au sud avec des variations
piézométriques de l'ordre de 0,5 à 1,5m (Abdoulkarimou,
1988). Elle contient de l'eau de qualité appréciable et
acceptable pour l'alimentation et l'irrigation. Ainsi, les populations
l'utilisent pour plusieurs usages agriculture irriguée, la boisson pour
les hommes et les animaux et domestique. Son débit oscille au tour de
20m3/h (Atlas-Annuaire, 1995) et elle regorge d'importantes quantités
d'eaux favorables aux grands projets d'aménagements hydrauliques.
2.3.3.2 Aquifères du Continental Terminal
Le Continental Terminal est constitué de deux (2)
systèmes d'aquifères, le Continental
Terminal supérieur et inferieur. Ces deux
aquifères contiennent des eaux de bonne qualité pour la
consommation humaine mais aussi pour l'irrigation.
? Le Continental supérieur, c'est une nappe captive
moyenne dont le toit se situe entre 15 à 60m. les variations
saisonnières sont négligeables de l'ordre de 0,40m. elle est
fondamentalement alimentée par des eaux de pluie et de la nappe
alluviale du Dallol Bosso, par draînance et offre des débits
atteignant 40m3/h.
? Le Continental inferieur, la nappe captive est profonde,
parfois jaillissante. L'épaisseur varie de 30 à 75m avec de
profondeurs allant de 100 à 150m. Cette nappe est en charge avec un
niveau statique se situant à une dizaine de mètres au dessous du
sol. Les débits sont moyens d'environs 10m3/h, elle est non
renouvelable.
2.3.3.3 Aquifères du Continental
Intercalaire/Hamadien
Elles sont constituées de nappes jaillissantes, contenant
des quantités d'eau considérables de
qualité moyenne et offrent des grands débits,
plus de 100m3/h (Atlas-Annuaire, 1995). L'aquifère est mie en
évidence par les forages de Dabaga et Birni. Cette nappe est
située dans toute la partie centrale du Dallol Bosso, son exploitation
nécessite des ouvrages d'au moins 500m de profondeur et elle est non
renouvelable. Cependant elle peut servir aux grands
37
projets d'exploitation des eaux souterraines pour les besoins
des populations. Son épaisseur est comprise entre 50 à 100m
environ.
Conclusion partielle
Le Dallol Bosso est caractérisé dans la
région de Dosso par deux unités géographiques : la zone de
plateaux constituée par le Fakara à l'ouest et le Zigui à
l'est et la zone de la vallée au centre. Le climat est du type
sahélo-soudanais au sud et sahélien au nord, avec des
précipitations qui varient entre 500 à 600mm en moyenne par an et
deux vents dominants, l'Harmattan et la Mousson. Sur les glacis et les talus on
rencontre des sols à texture sableuse et dans les bas-fonds les sols
sont sablo-argileux. La végétation est composée par des
ligneux : Guiera senegalensis, Combretum micranthum, Combretum glutinosum,
Acacia albida, Balanites oegyptiaca, Piliostigma reticulatum, Parinari
macrophylla, Borassus aethiopium, Hyphaene thebaica Butyrospermum parkii
et des herbacées : Cyperus rotundus, Dactyloctenium aegyptium.
La population essentiellement rurale est composée par des Zarma,
Peul, Bella et Haoussa, vivant de l'agriculture, l'élevage et de
l'exploitation des ressources forestières. La zone regorge d'importantes
ressources en eau de surface, plus de 350 mares (temporaires, semi-permanentes
et permanentes), des eaux souterraines (3 aquifères) et des eaux
météoriques (eau de pluies), permettant aux populations locales
de pratiquer plusieurs activités.
38
Chapitre III : Activités de mise en valeur des
ressources en eau dans le Dallol Bosso
L'eau constitue le principal facteur limitant des productions
agricoles au Niger, est, en effet, localement mobilisable dans la vallée
du Dallol Bosso à des coûts acceptables. De ce fait, les
ressources en eau, toutes catégories confondues, offrent des
possibilités de mise en valeurs différentes en fonction des
usagers. Ainsi, ce chapitre traitera des activités
agro-sylvo-pastorales, piscicoles, domestiques mais aussi l'eau potable et
l'exploitation artisanale du sous sol.
3.1 Activités agricoles
Les activités agricoles dans la vallée du Dallol
Bosso se composent de l'agriculture irriguée et de l'agriculture
pluviale.
3.1.1 Agriculture pluviale
A l'instar du pays, l'agriculture pluviale constitue le
principal facteur de développement socio-économique de la
population du Dallol Bosso. Cette activité reste tributaire des eaux
météoriques, c'est-à-dire les pluviométries. En
effet, dans la vallée du Dallol Bosso, les pluies sont certes
irrégulières dans l'espace et dans le temps, mais sont abondantes
atteignant en moyenne de 500 à 600mm. C'est une zone de
pluviométrie excédentaire, ce qui la classe parmi les principales
zones agricoles du pays. Le Dallol Bosso enregistre généralement
les pluies précoces du pays dans sa partie sud, le département de
Falmeye. Dans cette localité, l'hivernage s'installe le plus souvent en
fin avril début mai avec des hauteurs annuelles de précipitations
qui peuvent aller à 900mm. Cette situation particulière du Dallol
Bosso permet le développement de plusieurs cultures, à savoir les
principales céréales (mil, sorgho, riz...) et des
légumineuses (niébé, arachide, sésame...). Les
céréales constituent l'aliment de base des populations dans cette
zone, elles sont de ce fait appelées cultures vivrières. La
production des principales céréales sont excédentaires ces
dernières années. Ainsi, pour un besoin estimé en 2012
à 92455 tonnes, pour une population du Dallol Bosso estimée
à 395905 hts en raison de 231 kg par personne et par an, la production
était de 166482 tonnes, soit un excédent de 74024 tonnes (DS,
2012). Cela est dû, par la régularité et l'abondance des
pluies d'une part et de l'utilisation des intrants agricoles (semences
sélectionnées, fertilisants, pesticides...) mais aussi de
l'encadrement techniques et de surveillance agricole.
39
La production agricole de la campagne 2011-2012, montre que
les résultats pour les principales cultures pluviales sont satisfaisants
et le département de Boboye est même excédentaire. De
l'analyse de graphique n°4, il ressort qu'en termes des superficies
emblavées le mil, le niébé et l'arachide sont les cultures
les plus importantes pour les populations. Mais le mil et le
niébé restent les cultures pluviales les plus importantes du fait
qu'elles constituent l'aliment de base des populations et de leur rôle
économique.
Graphique 4 : Superficies emblavées par les
principales cultures pluviales (Enquête, 2013)
En termes de quantité de production ces cultures
restent les plus dominantes avec respectivement 129 010 tonnes pour le mil, 71
588 tonnes de niébé et 8 292 tonnes pour l'arachide. Le mil et
l'arachide enregistrent des meilleurs rendements cette année comme le
montre le graphique n°5.
Graphique 5 : Rendement des principales cultures
pluviales (Enquête, 2013)
40
D'autres céréales sont cultivées par les
populations dans les cuvettes et bas-fonds des terres très fertiles, il
s'agit du riz pluvial et du maïs (photo n°4 et n°5). Ces
cultures certes vivrières, procurent de revenus substantiels aux chefs
des ménages, car elles sont pratiquées en majorité par des
hommes pendant la saison d'hivernage. Lé riz et le maïs sont
très peu cultivées en contre-saison bien que la zone du Dallol
Bosso est très propice pour le développement des ces cultures.
Cet état de fait est lié au fait qu'en contre-saison seules les
femmes sont présentes sur les sites de production et elles n'ont pas
accordées beaucoup d'importance à ces types des
spéculations ou du moins de l'importance des efforts à fournir
tant financier que matériel. Les rares productions irriguées sont
faites en association avec les produits maraîchers tels que le chou, la
laitue, la carotte, etc. Mais aussi, les personnes riches pratiquent le riz et
le maïs avec de but strictement commercial. Ces cultures demandent un
arrosage intense et en plein temps, ce qui nécessite des investissements
supplémentaires en intrants agricoles, des fertilisants et de
motopompe.
Photo 4 : Champ de maïs (enquête, 2013) Photo
5 : Riz pluvial (enquête, 2013)
En dépit de quelques menaces constatées
ça et là, les cultures pluviales dans la vallée du Dallol
Bosso sont relativement excédentaires ces dernières années
du fait de la régularité et de l'abondance des
précipitations. Les menaces se résument aux attaques des
ravageurs des cultures et des inondations occasionnant des pertes des
productions agricoles, des biens matériels et des animaux mais aussi
d'habitats et dans une moindre mesure des vies humaines.
Ces eaux des pluies abondantes forment un chapelet de mares
pendant l'hivernage, permettant ainsi aux populations locales de pratiquer
diverses activités après les récoltes des produits
agricoles, telles que la culture de décrue et de contre-saison.
41
3.1.2. Agriculture irriguée
Le développement de l'agriculture irriguée s'est
inscrit au Niger, ces quatre dernières décennies dans la
politique de l'intensification et la diversification des productions agricoles.
Ainsi, dans le Dallol Bosso dont le potentiel irrigable s'élève
à 22 500ha, les populations ont développées un
système d'agriculture irriguée de vallée. C'est un
système de production agricole semi-intensif basé sur une culture
de contre-saison. Cette irrigation est principalement pratiquée à
partir des ressources en eau de surface notamment les mares mais aussi les eaux
souterraines. Dans la vallée du Dallol Bosso, plusieurs techniques sont
développées pour amener l'eau à la plante et chacune des
ces techniques présentent des avantages et des inconvénients aux
usagers. De ce fait on distingue :
y' L'arrosage manuel où l'eau est apportée aux
plantes avec des arrosoirs et les plantes sont installées sur des
planches, séparées par de petits passages de 40-50 Cm maximum. Ce
système est le plus développé par les producteurs
enquêtés, 42 producteurs soit 60%.
y' L'irrigation gravitaire, possible autours de points d'eau
importants (mares permanentes et semi-permanentes) et d'un système de
pompage à haut débit. Elle demande d'important aménagement
de surface, planage, canaux et ouvrages. Ce type est pratiqué par 24
enquêtés, soit 34,5% de producteurs.
y' L'irrigation par aspersion, l'eau est apportée aux
plantes sous forme de pluie par des asperseurs rotatifs alimentés par
des canalisations enterrées et une motopompe. Cette technique est
très peu développée dans la zone d'étude car
expérimentée par des hommes riches, généralement
des fonctionnaires d'Etat et nous avons rencontré un seul producteur qui
l'expérimente.
y' Et enfin, le système de goutte à goutte
pratiqué par des groupements avec l'appui des partenaires. C'est un
système d'irrigation localisée, utilisant peu d'eau, demandant
peu de main-d'oeuvre et a des rendements élevés. Ce
système est expérimenté par des particuliers et de
groupements féminins, il est en pleine expansion dans la vallée
du Dallol Bosso ces cinq (5) dernières années. Le Graphique
n°6, présentant les types d'irrigation dans le Dallol Bosso montre
clairement que les systèmes d'arrosage manuel et gravitaire sont les
plus pratiqués par les producteurs. Cela montre le caractère
traditionnel des activités irriguées dans cette zone.
42
Graphique 6 : Types d'irrigation dans les Dallols Bosso
(source : enquêté, 2013)
L'agriculture irriguée dans la vallée du Dallol
Bosso reste dominée par les femmes car, elles constituent la
majorité des producteurs enquêtés 80% contre seulement 20%
des hommes. Par exemple pour la campagne irriguée 2012, dans le
département de Falmeye pour un effectif de 1989 producteurs, 1581 sont
des femmes soit 80% (DDA, Falmeye). Ces producteurs se déploient dans la
pratique des cultures de décrues, des cultures de contre-saison, de
l'arboriculture et des cultures maraîchères.
3.1.2.1 Cultures maraîchères
Le maraîchage est une activité pratiquée
majoritairement par des femmes dans cette zone. C'est une activité
pratiquée en plein temps, douze mois sur douze. Les principales cultures
sont : laitue, chou, tomate, pomme de terre, oignon, carotte, aubergine et
poivron. La principale contrainte liée à cette activité
reste le statut foncier, car les productrices ne sont pas propriétaires
des terres qu'elles cultivent. Elles accèdent à la terre
généralement par prêt pendant la période morte ou
très rarement par location. Cette situation bloque le
développement d'une activité très indispensable pour
l'autonomisation des femmes rurales. Il existe plusieurs sites
aménagés des cultures maraîchères dans la
vallée du Dallol Bosso, grâce aux appuis des ONG, projets et Etat
(PVDT, USADF, MOORIBEN, VECCO...) mais aussi par des particuliers. Ces sites
sont exploités par de groupements féminins dans la
majorité et des particuliers notamment des personnes nanties. Les
sources d'eau utilisées par les productrices sont les puits, forages,
mares et puisards. Il faut préciser que, les sites qui n'ont aucun appui
sont les plus nombreux ce qui met en évidence le caractère
traditionnel de cette activité très importante dans la vie des
populations locales. Cependant, l'irrigation motorisée prend de plus en
plus d'ampleur sur les sites et on rencontre même de technique
d'irrigation très modernisée, comme goutte à goutte (Photo
n°6 et n°7).
43
Photo 5 : Tomate en irrigation goute à goute Photo
7 : Laitue en irrigation gravitaire
(Source : enquête, 2013) (Source : enquête,
2013)
Les rendements des cultures sont bons, cela est dû
grâce aux multiples appuis en intrants agricoles (semences
améliorées, fertilisants, pesticides et matériels tels que
motopompe, charrue, binette, râteau...) apportés par les
différents partenaires et l'Etat (FAO, NIG 18, etc.). Dans le
département de Boboye les rendements pour les principales cultures
maraîchères se résument par le graphique n°7. De
l'analyse du graphique n°7, il ressort qu'en termes du rendement les
principales cultures sont : oignon, chou, tomate et laitue. Leurs rendements
sont pour poivron (1416kg/ha), Aubergine (538kg/ha) et Carotte (250kg/ha).
Graphique 7 : Rendements des principales cultures
(Enquêt, 2013)
Les productions annuelles en 2012 des ces cultures
s'élèvent à 14030 tonnes pour l'oignon, 5698 tonnes pour
chou, 3876 tonnes de laitue et 2808 tonnes pour la tomate. De la lecture du
graphique n°8, on constate que ces cultures constituent les principales
productions du Dallol Bosso.
44
Graphique 8: Principales productions du Dallol Bosso
(Enquête, 2013)
Cette activité du maraîchage contribue
énormément à l'amélioration de condition
nutritionnelle des populations, à l'autosuffisance alimentaire et elle
apporte de revenus monétaires considérables grâce à
la vente des produits.
3.1.2.2 Cultures des décrues
Les cultures des décrues se pratiquent aux abords des
mares dans la vallée du Dallol Bosso. Les principales
spéculations sont : le manioc, la patate douce, la canne à sucre,
le maïs ; la courge, le melon et la pomme de terre. Ces cultures sont
effectuées de façon individuelle par les producteurs hommes avec
en moyenne 0.7ha par personne. Les produits tels que le manioc, la patate
douce, la pomme de terre, le riz et le maïs sont à plus de 70%
destinés à l'autoconsommation. Par contre la canne à
sucre, la courge et le melon sont destinés à la vente. La
technique de décrue, consiste à mettre en valeur les terres
submergées aux abords des mares au fur et à mesure que l'eau se
retire, les exploitants aménagent et plantent les cultures. En
décrue les producteurs n'arrosent pas les plantes. Cette activité
est très organisée car les producteurs maitrisent les saisons et
le cycle des différentes cultures de telle sorte qu'ils ne sont pas
surpris par la montée des eaux et ils plantent le riz pluvial en
dernière position à la proche de saison des pluies.
45
Photo 6 : Patate douce sur le marché de Birni
Photo 7 : Riz pluvial Guilladjé
(Source : enquête, 2013) (Source : enquête,
2013)
3.1.2.3 Cultures de contre-saison
Les cultures de contre-saison, appelées encore cultures
dessaisonnées, sont des activités agricoles pratiquées
exclusivement en saison sèche avec uniquement des eaux de surface ou
souterraines. La contre saison désigne le début de la saison
sèche, aussi tôt que les pluies terminées et que l'eau
reste disponible en quantité appréciable en surface, dans les
marigots et les mares, ou à faible profondeur dans les vallées et
bas-fonds (BONFILS, cité par Waziri, 2000). De ce fait, c'est une
activité qui demande un arrosage intense et régulier donc
beaucoup d'investissements tant physique que matériel de la part des
producteurs. Dans la vallée du Dallol Bosso, les femmes s'activent
beaucoup plus dans cette activité très pénible mais
rentable, 80% des 70 producteurs enquêtés soit 56 femmes. Les
principales spéculations sont : le chou, la laitue, la tomate, la pomme
de terre, l'oignon, le piment vert et rouge, l'aubergine, le moringa, le melon
et la courgette.
Photo 8 : Culture de Melon (enquête, 2013) Photo 9
: Culture de Tomate et poivron (enquête, 2013)
46
3.1.2.4 Arboriculture
L'arboriculture est pratiquée presque dans toutes les
exploitations en association avec les autres cultures. Cependant, on rencontre
dans le Dallol Bosso des exploitations spécialisées dans
l'arboriculture, notamment dans l'arboriculture fruitière. Il faut noter
que, la production fruitière c'est un choix certes intéressant
mais difficile car l'entretien des arbres est relativement difficile du fait
que la production ne commence que 3 à 4 ans après la plantation.
En effet, pendant la période de croissance des arbres, il faut bien les
entretenir et surtout les arroser. Cette activité demande des efforts
physique et monétaire, qui ne sont pas directement compensés par
les produits, ce qui fait de l'arboriculture une activité
essentiellement des riches et surtout des fonctionnaires bien placés de
l'Etat. Les producteurs du Dallol Bosso ont développés des
techniques d'association pour contourner les difficultés de la pratique
de l'arboriculture. La technique consiste à faire du maraîchage
entre les pieds de fruits quant ils sont jeune, ce qui permet de valoriser les
terres et les eaux d'irrigation. Les productions fruitières sont
principalement des manguiers, orangers, goyaviers, citronniers, bananiers et
papayers.
Photo 10 : Papayers (enquête, 2013) Photo 11 :
Pépinière (enquête, 2013)
3.2 Etat de mise en valeur des mares à vocation
agricole
L'eau est un facteur déterminant pour le
développement des activités agro-pastorales. Son insuffisance ou
sa carence peut réduire les chances de diversification et
d'intensification des activités des populations locales. Par contre, son
abondance dans un milieu est un atout inestimable en possibilités de
mise en valeur. Dans le Dallol Bosso, la question des ressources en eau en
quantité et en qualité appréciable ne se pose pas en
termes de disponibilité, car l'eau existe en abondance. Mais, elle se
pose en termes de possibilités de mise en valeur offertes ou des
capacités d'exploitations des ces ressources par les usagers du secteur
de l'eau. Ainsi ; l'exploitation des terres irrigables aux abords des mares
dans la vallée du dallol Bosso, peut
47
être un bon indicateur pour évaluer ou du moins
apprécier l'état de mise en valeur agricole des ces eaux de
surface. Sur un effectif de 21 mares, on remarque que 42% de mares sont
exploitées à moins de 40% de leurs superficies exploitables et
25% seulement sont exploitées à plus de 60%. Ces mares totalisent
610ha des superficies exploitables, dont 357ha exploitées soit 58% d'une
manière générale. Ce chiffre cache de disparités
très élevées car les superficies de certaines mares sont
exploitées à plus de 70% tandis que d'autres les sont à
moins de 25%.
La sous-exploitation des mares ne se limite pas seulement au
ratio entre l'espace cultivé et cultivable. Mais aussi dans les
techniques de mise en valeur à travers les pratiques culturales
développées par les populations locales et les
opportunités à saisir. Le constat à ce niveau est simple,
car une observation empirique permet de conclure que les techniques et les
pratiques en matière agricole ont peu évoluées dans la
vallée du Dallol Bosso et cela malgré les interventions des
projets et ONG. Certes, les partenaires (FAO, PIP2, PVDT, NIG18...) ont fait
des efforts pour la vulgarisation des certaines techniques culturales, telles
que l'utilisation des fertilisants, des semences améliorées et
des motopompes. En effet, les matériels aratoires archaïques sont
dominants sur les différents sites visités. Il s'agit de
râteau, houe, binettes, pèle, variétés locales et
aménagement parcellaire très traditionnel. L'irrigation
gravitaire est la plus pratiquées par la majorité des producteurs
enquêtés (42%), ce qui ne permet pas de rentabiliser l'eau
à cause de pertes grâce à l'infiltration sans attendre les
plantes et l'évaporation. A coté de ce système
traditionnel, il existe de systèmes semi-moderne et moderne en
expansion. Le système semi-moderne est plus développé par
des particuliers. Il est caractérisé par l'utilisation de
motopompe et de pompe à motricité humaine comme moyens d'exhaure
et de pratique partielle des techniques modernes, généralement
autours des fertilisants et de semences améliorées. Le
système moderne est pratiqué par des groupements féminins
et des personnes riches, l'irrigation goutte à goutte et par aspersion
avec des réseaux californiens. A ce niveau, les producteurs se
spécialisent selon les saisons dans le choix des cultures à
produire. En outre, il faut préciser que d'une façon
générale le niveau de l'organisation des producteurs est faible
et reste spontané à la demande des partenaires ou à la
présence d'un partenaire.
Ces aspects techniques et technologiques traditionnels
freinent d'une façon ou d'une autre l'émergence des
activités de mise en valeur des ressources en eau. Leur maîtrise
influence les capacités des producteurs à saisir toutes les
opportunités offertes par ces ressources. Au regard des activités
susceptibles d'être entreprises aux abords des mares, les plans d'eau
peuvent faire l'objet de développement de l'aquaculture telles que :
culture fourragère,
48
pisciculture et empoisonnement, etc. Mais, on constate que les
populations s'adonnent plus à la riziculture, la culture de
décrue, l'arboriculture et le maraîchage. De ce fait, les eaux
sont sous exploitées ou tout simplement les populations saisissent
très peu d'opportunités qui leurs sont offertes. Il faut
souligner qu'en règle générale une mare n'est jamais
destinée uniquement à la pratique agricole, elle est plutôt
destinée à plusieurs usages. En ce sens plusieurs
activités se développent à savoir la pêche,
l'arboriculture, le maraîchage, le sauniers et l'élevage.
3.3 Elevage
La transformation accélérée des
conditions climatiques a permis de constater la recomposition progressive des
acteurs composant le monde rurale nigérien. C'est ainsi que dans le
processus de recherche des alternatives d'adaptation et de résilience
aux effets néfastes des sécheresses récurrentes
conjuguées aux menaces de changement du climat, les acteurs du monde
rural ont intégrés l'agriculture et l'élevage. Cette
intégration a donnée naissance à une nouvelle classe
d'acteurs, les agro-pasteurs, de ce fait l'agriculture tout comme
l'élevage ne sont plus l'affaire des sédentaires ou des nomades
mais plutôt l'affaire de tout le monde. Cette association fructueuse et
conflictuelle entre l'agriculture et l'élevage a illustrée le
caractère complémentaire des ces deux activités devenues
aujourd'hui indissociables dans le système de production agricole de la
vallée du Dallol Bosso. Il faut le rappeler, cette vallée a
pendant longtemps été une zone des parcours pastoraux par
excellence des animaux, à cause de la disponibilité des
ressources en eaux et de pâturages. Aujourd'hui, l'élevage
constitue une des principales activités des populations de cette zone.
Il est pratiqué en majorité par des Peulh (agropasteurs) et des
Zarma (élevage sédentaire). Le cheptel riche et varié est
composé par des Bovins, ovins, caprins, Asins, Equins et Camelins. De la
lecture du graphique n°9, on constate que le cheptel dans le Dallol Bosso
est dominé par le Bovins, les Ovins et les Caprins. Le cheptel est
estimé aux environ de 500 000 têtes en 2012 (INS). Il constitue
une richesse importante pour les populations des éleveurs, et contribue
à améliorer les conditions socio-économiques, donc
contribue à l'atteinte de la sécurité alimentaire.
49
Graphique 9: Composition du cheptel du Dallol Bosso
(source : INS 2013)
Les ressources pastorales dans cette zone sont
composées de plusieurs couloirs de passage balisés et non
balisés, des aires des pâturages, des puits et forages pastoraux
et des mares à vocation pastorales. Il faut signaler que ces ressources
sont le plus souvent difficiles à accéder par les pasteurs
surtout en ce qui concerne les puits, forages et mares pastorales. S'agissant
des puits et forages déjà insuffisant et parfois inexploitables
à cause de panne ou de mauvais emplacement pendant l'hivernage qui fait
que certains aménagements sont abandonnés parce que situés
dans la vallée. Et qu'en saison des pluies tous les éleveurs du
Dallol Bosso sont obligés de se cantonner sur les plateaux de Fakara ou
de Zigui où l'abreuvement des animaux est assuré par les quelques
puits et forages très profonds et de débits très faibles.
L'alternative ici, c'est l'abreuvage avec les rares mares temporaires
situées sur les plateaux. Ces mares subissent une pression intense et
permanente et ne durent que quels jours après l'arrêt des pluies
ce qui précipitent la descente des animaux vers la vallée
d'où la récurrence de conflits. Certes les ressources en eau
permettent le développement de la pratique de l'élevage dans la
vallée du Dallol Bosso, mais, offrent également aux populations
locales les possibilités de s'adonner aux diverses activités,
comme le maraîchage, la pêche, etc.
3.4 Pêche
La pêche est une activité pratiquée par
toutes les couches sociales dans la vallée du Dallol Bosso. Elle est
artisanale ou traditionnelle, tout comme à l'image des autres
activités de valorisation des eaux dans ce milieu, notamment agricoles.
Donc, la pisciculture au sens propre du terme, c'est-à-dire entant
qu'activité moderne, n'existe pas dans le Dallol Bosso. Cependant, on
distingue deux systèmes de pêche : le système semi-moderne
et le système traditionnel.
50
Le système traditionnel pratiqué par la
majorité des populations, il est cependant caractérisé par
une très faible utilisation d'engins de pêche modernes. Il faut
ici entendre par engin de pêche, tout instrument permettant d'emprisonner
ou d'immobiliser et de capturer les poissons dans le but de les faire sortir de
l'eau. Ces matériels archaïques et dépassés ne
respectent aucune norme réglementaire pour la pratique de la
pêche. Il s'agit de nasses, épervier, harpon, filet maillant,
senne, etc. Ces engins non conventionnels sont frauduleusement utilisés
par les pêcheurs à l'insu des agents des eaux et forêts. Il
faut signaler que la majorité de mares ne sont pas
empoisonnées.
Dans le système semi-moderne les mares sont
empoissonnées par les autorités compétentes avec ou sans
l'appui des partenaires. Ici, les pêcheurs sont suivi et encadrés
par les agents des eaux et forets et le contrôle d'utilisation d'engins
conventionnels est stricte. Les pêcheurs sont dans la plupart de cas
organisés en association ou groupement.
A l'instar de toute activité de production, comme on
vient de le voir précédemment, la pêche aussi demande un
minimum d'investissements pour sa pratique. Et des ces moyens et techniques
utilisés par les pêcheurs dépende la production
halieutique, c'est-à-dire la quantité de poissons
capturés. Ainsi, dans le Dallol Bosso, la quantité de poissons
capturés en 2012 s'élève à 142 398kg dont 94 627kg
de poisson frais et 47 771kg de poissons fumés (DDE, Boboye). De la
lecture du graphique n°10, on constate que la pêche est une
activité pratiquée durant toute l'année. D'une
manière générale la production évolue en dents de
scie d'un mois à un autre. Ainsi, on distingue deux pics sur la courbe
dépassant chacun 16 000kg. Un premier sommet, le plus important qui dure
prés de deux mois, situé entre Février et Mars et le
deuxième pic situé dans le mois de Mai, très court et en
suite la courbe décroît progressivement pour atteindre la
production minimale en octobre avant de remonter à nouveau. Le premier
pic, s'explique par l'augmentation de nombre des pêcheurs sur les mares
avec l'arrivée des pêcheurs des pays voisins (Nigeria, Benin et
Burkina Faso), ce qui accroit la quantité des poissons capturés.
La baisse de production après le pic de Février et Mars, est
dû au fait que le nombre de poissons dans l'eau est limité, ce qui
diminue la quantité de poissons capturés de jours en jours. Quant
au deuxième pic, il s'explique par la migration des pêcheurs vers
la zone du fleuve, précisément à Boumba où ils
exploitent frauduleusement les poissons du fleuve, malgré les
patrouilles des agents forestiers. Il faut préciser que dans cette zone,
le fleuve se trouve dans le parc du W, une aire protégée ou la
pêche est interdite.
51
Graphique 10: Evolution de la production
halieutique du Dallol Bosso (DDE Boboye, 2012)
Bien que la pêche procure d'importants revenus aux
pêcheurs et à l'Etat grâce à la taxe et à la
délivrance de permis de pêche. L'exploitation des mares demeure
toujours dans l'informel, car beaucoup des mares potentiellement
empoissonnables restent inexploitées et cela malgré les besoins
exprimés par les collectivités locales et les services
techniques. Le montant pour se procurer de permis de pêche varie de 10
000Fcfa par an pour les nationaux et 25 000Fcfa pour les étrangers.
Les conditions de conservation restent traditionnelles et
archaïques. La technique de fumage (photos n°14 et n°15) est la
principale méthode utilisée pour conserver la production. Elle
consiste à griller le poisson dans du four traditionnel afin de le
stocker dans des paniers. Cette pratique n'est pas sans conséquence sur
la qualité des produits, qui une fois mal grillés
périssent et occasionnant des pertes aux pêcheurs.
Photo 12 : Poisson fumés (Enquête,
2013)
52
3.5 Eau potable et domestique
L'eau est une ressource indispensable pour la vie et le
développement humain. Elle est utilisée pour l'alimentation et la
satisfaction de besoins domestiques des populations. Au Niger, à
l'instar des autres pays sahéliens, l'accès à l'eau
potable est régit par des règles. Ces normes d'attribution des
points d'eau pour l'approvisionnement du monde rural en eau potable sont
établies comme suit :
V' Un point d'eau moderne, puits cimenté ou
forage équipé d'une pompe manuelle pour 250habitants ;
V' Un post d'eau autonome (un forage
équipé d'un groupe motopompe et un château) pour 1
500habitants ;
V' Une mini Adduction d'Eau potable (mini-AEP) pour
une agglomération de 2000habitants.
Ces conditions d'attribution d'eau en milieu rural posent des
défis majeurs en matière de l'accès à l'eau potable
aux populations du Dallol Bosso. Ainsi, pour obtenir de l'eau à boire
les populations sont obligées de faire recoure à des ouvrages non
conventionnels et souvent inappropriés à la consommation humaine.
De ce fait, la question d'eau potable dans cette zone potentiellement riche aux
ressources en eau se pose avec beaucoup d'acuité.
3.5.1 Eau potable
L'alimentation en eau potable des populations dans le Dallol
Bosso est assurée par deux types d'ouvrages à savoir: le point
d'eau traditionnel et le point d'eau moderne. Ce dernier est constitué
par des puits cimentés (photo n°17), des forages
équipés d'une pompe à motricité humaine, des
forages équipés d'un groupe électrogène ou solaire
et des mini adductions d'eau potable (photo n°18).
Photo 13 : Puits cimenté
(Enquête, 2013) Photo 14 : Mini adduction d'eau
potable (Enquête, 2013)
53
Ces ouvrages convertis en Equivalent Point d'Eau Moderne
(ePEM), s'élèvent à 864 points d'eau modernes pour les 9
communes des départements de Falmeye et Boboye (tableau n°3). Il
ressort de l'analyse du tableau n°3 que les besoins exprimés en
point d'eau moderne ne sont pas couverts pour toutes ces communes à
l'exception de la commune de Harikanassou qui est de 143%. Certes le taux de
couverture tourne autours de 65 à 85% pour la plupart de communes en
dehors des communes de Falmeye et de Guilladjé où il est autour
de 45%. Ces données tirées de Plan Local Eau et Assainissement
(PLEA) des différentes communes, laissent croire que les populations
sont bien desservies en eau potable. Cependant, elles cachent beaucoup de
disparités. Car le taux d'accès à l'eau potable pour
toutes ces communes tourne autour de 45%. Ce taux est un bon indicateur, parce
qu'il prend en compte dans son calcul tous les ouvrages potentiellement
exploitables à l'exception des ouvrages abandonnés et des
ouvrages secs, donc il exprime réellement la population desservie.
L'autre population non desservie par ces ouvrages, d'ailleurs plus nombreuse,
se voit obligée pour satisfaire ses besoins en eau potable d'utiliser
d'autres ouvrages dits non modernes.
Communes
|
Besoin PEM
|
PEM existant
|
Taux de couverture
|
Birni N'Gaouré
|
176
|
117
|
67
|
Fabidji
|
148
|
106
|
72
|
N'Gonga
|
92
|
89
|
96
|
Koygolo
|
192
|
164
|
85
|
Harikanassou
|
87
|
125
|
143
|
Kankandi
|
61
|
36
|
59
|
Kyota
|
77
|
61
|
79
|
Falmeye
|
268
|
121
|
45
|
Guilladjé
|
98
|
45
|
46
|
Tableau 1 : situation des points d'eau moderne par
commune (source : PLEA, 2012)
Les ouvrages traditionnels sont composés par des puits
traditionnels, des puits traditionnels améliorés (photo
n°19) et des puisards. A cela s'ajoute, les forages maraîchers et
les puits maraîchers (photo n°20). Ces ouvrages ne sont pas
considérés comme des ouvrages d'approvisionnement en eau potable
des populations par le Ministère de l'Hydraulique. Cependant, pour faire
face aux besoins croissant en eau potable, les populations du Dallol Bosso,
surtout celles du milieu rural, utilisent ces ouvrages pour son
alimentation.
54
Prés de 55% d'eau potable en milieu rural proviennent
des ces ouvrages. Donc ils jouent un rôle très important dans
l'alimentation en eau potable des populations dans le Dallol Bosso.
Photo 15 : Puits traditionnel amélioré
(enquête, 2013) Photo 16 : Forage maraîcher (enquête,
2013)
Au regard de cette réalité, il est
évident de poser la question relative à la qualité de
l'eau consommée par la population dans cette zone. Etant donné
que la majeure partie de la population consomme l'eau des puits et de
l'insuffisance de contrôles techniques physicochimiques de l'eau par les
services compétents. La qualité de l'eau est donc liée
à la qualité des aquifères exploités par les
populations. Heureusement que dans le Dallol Bosso, la qualité des eaux
contenues dans les aquifères est, dans la plupart de cas jugée
par endroit bonne à la consommation humaine (PLEA, 2012). Cependant,
dans le dallol Bosso les populations sont exposées aux risques des
maladies liées à l'eau de consommation. Car souvent les mares et
les puisards sont aussi consommés. Notamment lors des travaux
champêtres en cas de rupture de stock d'eau ou en cas de voyage
interterroirs mais aussi par des campements d'éleveurs
éloignés d'un point d'eau approprié.
3.5.2 Eau à usage domestique
Il faut entendre par l'eau à usage domestique,
l'ensemble de sources d'eau utilisées par les populations locales pour
satisfaire ses besoins des taches ménagères et d'oeuvres. Ces
besoins sont : la lessive, la vaisselle, la confection de briques et la
construction des habitations humaines. L'eau domestique, est donc cette eau
destinée à l'assainissement et à la préservation de
cadre de vie des populations. Dans le Dallol Bosso, elle provient des points
d'eau modernes et non modernes. En ce sens, les puits, les forages, les
adductions d'eau potable sont utilisées pour la préparation de
repas. Quant aux mares, puisards et les puits traditionnels en majorité
sont destinés pour la confection des briques, la lessive, les
55
constructions et l'abreuvement des animaux. Cela est dû
au fait que l'eau potable est payante et que les besoins familiaux sont divers
et multiformes. C'est pour cette raison que les populations
préfèrent si possibles utiliser ces sources d'eau pour le besoin
domestique et conserver l'eau potable à la consommation. A ce niveau,
l'hygiène dans le cas des usages domestiques n'est pas assurée,
car certains points d'eau ont une forte teneure en potassium.
3.6 Extraction de natron
La production du natron dans la vallée du Dallol Bosso
est une activité ancienne, pratiquée depuis plusieurs
décennies par les populations locales. C'est une activité
traditionnelle qui se pratique en contre-saison juste, après la
récolte généralement au cours du mois de novembre. Lors de
notre séjours sur le terrain, nous avons eu à rencontrer deux (2)
exploitants du natron et il ressort que l'existence de cette activité
est strictement liée à la présence des mares salines ou du
moins des mares qui ont une forte teneure en sels minéraux (bicarbonate
de sodium) que seuls des organismes particulièrement adaptés
peuvent y survivre. Cette activité est en développement dans les
communes de Koygolo, Kyota et Harikanassou autours des mares temporaires et
semi-permanentes en général.
L'extraction du natron est totalement archaïque, car la
technique et les matériels (paniers, demi-tonneau, calebasse, bois
d'énergie, bidons...) utilisés n'ont pas beaucoup
évolués (photo n°20). En effet, cette activité
apporte des revenus substantiels très importants aux exploitants, car
les prix de la barre (photo n°21), varient de 17 000Fcfa à 35
000Fcfa. Le Conseil National de l'Environnement pour un Développement
Durable (CNEDD), estime que la production du natron du seul Boboye
s'élève à prés de 250 000 barres par an, pour une
valeur monétaire d'environ 1,7 milliards de FCFA. En plus le natron est
très utilisé pour l'élevage chose qui fait la
vitalité de sa commercialisation car des acheteurs viennent de partout
(Mali, Tahoua, Agadez...).
56
Photo 17 : extraction du natron Photo 18 :
barre (zollo) de natron sur marche
(Source : Enquête, 2013) (Source : Enquête,
2013)
3.7 Autres activités
Les autres activités, sont des activités
très importantes et qui intègrent la vie socio-économique
du milieu étudié mais, peu prises en compte dans les
données disponibles, donc négligées et informelles. Il
s'agit : du transport fluvial interterroirs et de l'apiculture.
3.7.1 Apiculture
L'activité de production du miel ou l'élevage
d'abeilles par l'homme, l'apiculture est possible la où existent les
plantes mellifères et ressources en eau, surtout de surface. Dans la
vallée du Dallol Bosso, les conditions bioclimatiques sont favorables
à la pratique de cette activité d'importance capitale, à
cause de son rôle socio-économique. Cependant, peu de paysans
pratiquent l'apiculture de façon traditionnelle dans cette zone. Les
atouts pour le développement de cette activité pour le futur sont
: abondance des espèces mellifères (Parkia biglobesa,
Combretum nigricans, Combretum glutinosum, Vitteleria paradoxa, Piliostigma
reticulatum...) facteurs déterminants de la qualité du miel,
les eaux pérennes et non pérennes et le climat approprié.
On rencontre quelques ruches traditionnelles de manière
spontanée, appartenant certainement aux populations locales. Cependant,
tout au long de notre enquête aucun producteur n'a parlé de cette
activité. Et même les services techniques de l'environnement ne
disposent pas des données spécifiques à cette
production.
L'apiculture est une activité saisonnière de
valorisation des ressources hydriques, notamment de surface, car les plantes et
les populations d'abeilles demandent des ressources en eau importantes. Ces
quantités d'eaux sont males connues. Dans le Dallol Bosso, la situation
est
57
encore très mitigée et sombre car ni la
population, ni les ONG et les projets et encore moins l'Etat ne
s'intéressent à la promotion de l'apiculture, bien que le milieu
dispose des atouts au développement de cette activité. De ce
fait, les eaux sont males exploitées dans ce secteur, qui pourrait
être un des leviers importants à l'amélioration de la
situation de pauvreté des populations locales.
3.7.2 Transport fluvial interterroirs
Les populations du Dallol Bosso ont développé le
transport fluvial interterroirs afin de rendre plus facile la mobilité
interterroirs. Il faut préciser que, le lit du Dallol Bosso forme en
saison pluvieuse un chapelet de mares, de profondeur variant entre 2 à 5
m par endroit et le seul moyen pour se déplacer ou pour la
traversée d'un village à un autre ou d'un terroir à un
autre restent les pirogues (Photo n°22). Ces pirogues sont
utilisées pour transporter des produits et divers articles, en
remplacement des charrettes.
Photo 19 : Pirogue de transport interterroirs
(source : enquête, 2013)
58
Conclusion partielle
La mise en valeur agricole des ressources en eau est le plus
important usage de l'eau dans la vallée du Dallol Bosso. La culture
céréalière à savoir le mil, le sorgho, le
niébé et l'arachide constituent les principales cultures
pluviales. La culture de contre-saison, le maraîchage, la culture de
décrue et l'arboriculture sont les activités fondamentales des
populations en agriculture irriguée. Les produits sont la laitue, le
chou, le melon, la pomme de terre, la patate douce, la courge, le riz et la
canne à sucre. L'élevage est une activité pratiquée
en transhumance et en nomadisme par des peuls devenus de plus en plus
agropasteurs. Le cheptel est composé majoritairement par des Bovins,
Ovins, Asins et Caprins. La pêche, l'apiculture, le transport fluvial et
l'extraction du natron comptent aussi parmi les activités qui
génèrent des revenus substantiels aux ménages des paysans
qui les pratiquent. La consommation humaine est assurée par des
systèmes de captage moderne (puits cimentés, forages,
mini-adductions d'eau potable) et traditionnel (puits traditionnels
améliorés et non améliorés) mais aussi par des
mares et puisards dans certaines conditions très rares. Le taux
d'accès à l'eau potable pour toutes les communes situées
dans le Dallol Bosso tourne au tour de 45% en 2012, ce qui signifie que
l'écrasante majorité des populations n'ont pas accès
à l'eau potable. Les activités de mise en valeur des ressources
en eau dans cette zone se caractérisent en général par une
exploitation traditionnelle et archaïque, bien qu'on constate, ça
et là l'utilisation d'engins modernes. Ce qui est à la base de
sous-exploitation des potentialités naturelles disponibles dans cette
région soumise aux diverses contraintes de mise en valeur.
59
Chapitre IV : Caractérisation de la mise en
valeur des ressources en eau, contraintes et perspectives dans le Dallols
Bosso
Ce chapitre, analysera les conditions des activités de
mise en valeur des ressources en eau d'une façon générale
dans le Dallol Bosso. Un accent sera mis ensuite, sur les contraintes et les
perspectives afin de garantir la fiabilité et la durabilité des
éventuelles interventions en matière d'aménagement.
4.1 Caractérisation de la mise en valeur
Malgré, l'avancé technique et technologique dans
le domaine du développement rural, les activités paysannes dans
la vallée du Dallol Bosso n'ont pas beaucoup évoluées. De
ce fait les ressources en eau sont mises en valeur de façon peu
technique et moderne. Ainsi, le système agro-pastoral du Dallol Bosso
que ça soit en agriculture pluviale ou irriguée reste
traditionnel.
4.1.1 Mise en valeur agricole
Sur le plan agricole, l'utilisation des eaux se
caractérise et se distingue sur deux (2) domaines : irrigué et
pluvial. Dans le domaine pluvial, le système de production
développé par les populations est fondamentalement de
subsistance. Il est axé sur des espèces alimentaires
céréalières avec un niveau bas ou nul d'investissements
(Mariama G, 2008). En dehors des quelques engins (charrues et tracteurs),
utilisés dans une moindre proportion sur des sols de bas-fonds par les
riches et les fonctionnaires, la mécanisation est presque absente sur
les champs. Les matériels aratoires ou traditionnels sont toujours
majoritaires dans les exploitations et les techniques culturales restent
archaïques. Cependant, on remarque une avancée sur l'utilisation de
semences, de fertilisants et de produits phytosanitaires par les producteurs.
Mais, l'insuffisance des agents d'encadrement et l'ignorance font que les
producteurs maîtrisent très peu les techniques d'usage des
intrants agricoles et cela même en agriculture irriguée.
Contrairement à l'agriculture pluviale, où la mobilisation des
ressources en eau est d'ordre naturel du fait de la non maîtrise
spatio-temporelle des précipitations. En agriculture irriguée, la
question de mobilisation des eaux est strictement liée aux moyens
techniques et technologiques dont dispose les communautés humaines, donc
du niveau de développement de la société. Dans le Dallol
Bosso, les moyens de captage les plus utilisés en irrigation sont des
puits, des mares et des forages maraîchers mais aussi des puisards. Et
ceux d'exhaure sont des puisettes, des pompes qui font appel à
l'énergie humaine et des motopompes. La station de pompage pour le
groupement Yobbi de Birni N'Gaouré (photo n°23) et des
puits-forages constituent les avancées technologiques de cette zone.
60
Photo 20 : station de pompage moderne (source
: enquête, 2013)
Dans ce contexte agricole traditionnel, se trouve un
système d'élevage transhumant et agro-pastoral. Ces
activités traditionnelles, interagissent de façon plus ou moins
étroite dans la définition des stratégies de
développement des populations locales. L'élevage est
caractérisé par l'insuffisance et la mauvaise répartition
des points d'eau, la non fonctionnalité de nombreux puits et forages
pastoraux et la mauvaise gestion des pâturages. Les couloirs de passages
non balisés et des aires de pâturages non
sécurisées. Tout comme l'agriculture et l'élevage, la
pêche est aussi très peu modernisé. L'empoissonnement et la
fabrication des étangs sont quasi inexistants dans la zone. Dans la
vallée du Dallol Bosso, les activités agricoles et non agricoles
sont en général pratiquées de manière peu technique
et moderne.
4.1.2 Mise en valeur non agricole
Les activités à ce niveau sont
constituées de l'eau potable et de l'extraction de natron. Dans le
domaine de l'eau à boire, les aménagements hydrauliques sont
dominés par des points d'eau traditionnels et non formel. Les puits
cimentés, les forages et stations de pompages, constituant les points
d'eau modernes sont, numériquement insuffisants et mal repartis dans
l'espace, ce qui diminue l'accès à l'eau potable aux populations
surtout en zones reculées. En ce sens, les moyens de captage sont
traditionnels et la potabilité de l'eau reste à
désirer.
En ce qui concerne l'exploitation artisanale du natron, c'est
une activité qui ne respecte aucune norme en matière de
préservation de l'environnement de façon générale
et de points d'eau (mares) en particulier. Cette activité est peu ou pas
structurée dans la vallée du Dallol Bosso malgré le
rôle socio-économique inestimable qu'elle joue.
61
Dans la plupart des cas, la mise en valeur des ressources en
eau dans cette région se fait de façon non appropriée et
traditionnelle. Ainsi, au plan agricole ou non agricoles les pratiques
d'exploitation et de valorisation des ressources naturelles, notamment l'eau
dans le Dallol Bosso rencontrent d'énormes difficultés.
4.2 Contraintes
Les contraintes de mise en valeur des ressources en eau dans le
Dallol Bosso sont à la fois d'ordre technique, organisationnel et
physique.
4.2.1 Contraintes physiques
Les sècheresses récurrentes des années
(1974, 1984) et l'exploitation mal adaptée ont conduit à la
dégradation accélérée des ressources naturelles
dans le Sahel. Ainsi, la vallée du Dallol Bosso large d'une dizaine de
kilomètres, au sol ferrugineux tropical et riche en eau superficielle et
à faible profondeurs est confrontée à d'énormes
problèmes d'ordre physique. Il s'agit principalement de :
? L'érosion hydrique, accentuée par la
réduction du couvert végétal favorisant ainsi le
phénomène d'appauvrissement des sols par lessivage. Cette
situation conjuguée avec le régime pluviométrique
capricieux sont à la base de la baisse généralisée
des rendements des différentes cultures et des productions. Cet
état de fait se constate sur les talus, les glacis et les versants par
des ravinements mais aussi de l'encroutement. Au niveau des points d'eau de
surface, le phénomène se manifeste par le comblement des mares
par les matières solides transportées par l'eau de ruissellement,
diminuant ainsi son étendue.
? L'érosion éolienne qui menace actuellement la
survie de plusieurs cuvettes et bas-fonds, très utiles pour la vie
socio-économique des populations. Ce phénomène est
remarqué par l'ensablement des plans d'eau et de l'assèchement
rapide des mares temporaires mais aussi de la diminution des terres
exploitables. Cette situation devient de plus en plus inquiétante
à cause de l'état dégradé de talus et glacis,
dépourvues de végétation exposant du coup les points d'eau
de surface à l'ensablement (photo n°24).
62
Photo 21 : Mare menacée d'ensablement
(Enquête, 2013)
? L'envahissement des mares par des plantes constitue une
menace à la mise en valeur des ressources en eau dans le Dallol Bosso.
Cette situation concoure à la réduction du potentiel productif
des points d'eau, surtout en ce qui concerne son exploitation piscicole. Bien
que certaines plantes comme Typha autralis, soient utilisées
comme seccos pour la clôture ou toiture des maisons, elles demeurent une
menace ponctuelle pour les activités de l'homme. Les plantes
rencontrées sont principalement : Typha autralis (photo
n°25) et Nymphaea alba (Nénuphar) (photo n°26). Ces
plantes favorisent les dépôts éoliens et ralenties
l'écoulement des eaux, donc accélèrent l'ensablement du
plan d'eau. Ce qui engendre à long terme l'assèchement de
certaines mares.
Photo 22 : Mare envahie par Typha australis
Photo 23 : Mare menacée par Nymphaea alba
(Source : enquête, 2013) (Source : enquête,
2013)
? La salinisation dans la vallée du Dallol Bosso est un
fait réel, qui menace les terres fertiles des bas-fonds. La teneur
élevée en potassium des eaux, empêche la pratique de
certaines cultures de contre-saison. Donc, la salinisation réduit les
possibilités d'exploitation
63
agricole des mares surtout en ce qui concerne la
diversification des cultures. Cependant, elle favorise l'abreuvement des
animaux et l'extraction du natron.
? La vallée du Dallol Bosso concentre
les populations à cause de ses ressources en eau superficielles et
souterraines, ce qui fait du Dallol Bosso, une des zones les plus
peuplées de la région de Dosso. La densité dans cette zone
peut atteindre plus de 200hts/Km2, notamment vers le canton de Koygolo. Cette
pression démographique engendre l'extension des champs de culture, ce
qui est à l'origine de certains conflits fonciers. Cela se constate par
l'insuffisance des aires de pâturage, des couloirs de passage et
l'augmentation des champs pièges (champs situés dans les aires
pastorales) sur les plateaux de Fakara et du Zigui. Un autre facteur social
très influent dans le système de production de cette zone, c'est
l'exode rural des jeunes constituants la main-d'oeuvre en direction des pays
voisins. Cela, fait que la pratique de la culture de contre-saison reste
largement dominée par les femmes ce qui est un frein au
développement des activités maraîchères.
Ces menaces d'ordre physique conjuguées avec celles
d'ordre technique, freinent le développement des activités de
valorisation des ressources en eau par les populations locales.
4.2.2 Contraintes techniques
Au plan technique, les activités de mise en valeur des
ressources en eau dans le Dallol Bosso, restent en majorité
traditionnelles. Les pratiques culturales sont à plus de 80%
archaïques. Les agriculteurs utilisent pour les travaux champêtres
des hilaires, houes, dabas et râteaux. En agriculture irriguée ce
sont toujours ces mêmes matériels aratoires qui sont
utilisés. Cependant, on constate une lente évolution dans
l'utilisation des fertilisants et des produits phytosanitaires, ce qui se
caractérise par le surdosage d'engrais chimiques par les
maraîchers. Les semences améliorées sont utilisées
par les producteurs mais à ce niveau aussi on remarque une
réticence pour certaines variétés. Ainsi, le mil tardif
est cultivé ça et là ce qui accroit le risque des conflits
entre agriculteurs et éleveurs. La pêche, malgré les
revenus quelle procure dans cette zone, reste une activité
pratiquée de façon toujours traditionnelle. De plus la
majorité de mares ne sont pas empoisonnées et il n'existe pas de
la pratique piscicole moderne. Il faut signaler que, ce mode d'exploitation
traditionnel ne respecte pas les normes et les conditions à même
de garantir la durabilité des ressources hydriques.
L'irrigation moderne prend de plus en plus d'importance ces
dernières années avec l'utilisation des motopompes, des forages
et des puits cimentés. L'utilisation de moyens
64
65
modernes d'exhaure serait un atout pour rentabiliser les
ressources hydriques. Cela permettrait d'augmenter la production mais aussi
diminuer la fréquence d'irrigation et le temps d'arrosage. Cependant,
l'insuffisance de moyens tant matériels, humains et financiers au niveau
des services techniques pour assurer le suivi et l'encadrement des exploitants
font défaut.
La modernisation des activités agricoles demande
beaucoup d'efforts et d'investissement qui sont parfois très difficile
à supporter par un seul producteur, ce qui nécessiterait leur
organisation.
4.2.3 Contraintes organisationnelles
Au plan organisation, on constate que les producteurs sont peu
organisés. Les organisations existantes sont en majorité non
fonctionnelles ou du moins ont un fonctionnement sporadique ou spontané
à la présence des partenaires. Il faut aussi noter le manque de
filières ou structures d'approvisionnement et de crédits. Cette
situation est à l'origine de l'absence ou de la faiblesse de structures
de commercialisation, des petites unités de transformation des produits
et de débouchés bénéfiques aux producteurs.
Le manque de concertation entre les différents
intervenants ou partenaires au développement, c'est-à-dire les
ONG, projets et les services techniques bloque l'émergence des
stratégies et perspectives de développement.
4.3 Perspectives
Au vue, des contraintes et menaces de plusieurs ordres
(changement climatique, ressources limitées et les pressions
exercées par de mauvaises pratiques agricoles) qui pèsent sur les
ressources naturelles dans le Dallol Bosso et les caractéristiques
archaïques des différents usages d'eau, il s'avère
indispensables de penser aux alternatives adaptées à même
de garantir la durabilité des ressources en eau disponibles. Les
perspectives doivent porter sur les actions de protection des unités
paysagères, de la promotion des matériels agricoles modernes, de
l'utilisation des intrants agricoles, des aménagements hydrauliques et
de la réorganisation des acteurs. Ainsi, la gestion des ressources
naturelles, notamment l'eau doit être participative, impliquant tous les
usagers afin de garantir la durabilité de l'exploitation
partagée. Pour gérer et utiliser les ressources en eau dans la
vallée du Dallol Bosso de façon durable et rentable, tout en
satisfaisant une demande en constante augmentation, les actions suivantes
souhaitées par les populations locales doivent être entreprises
:
V' Aménagement des mares à travers le
faucardage, le désensablement, la protection biologique et
l'empoisonnement ;
V' Aménagement des sites irrigués par
fonçage des puits maraîchers, forages maraîchers et station
de pompage moderne mais aussi l'équipement en matériels
d'irrigation (pompe à motricité humaine, motopompe et
réseaux d'irrigation) ;
V' Facilitation de l'accès aux intrants agricoles
(fertilisants, pesticides, semences améliorées, motopompes,
engrais chimiques, etc.) et aux crédits financiers à travers
l'implantation des agences de distribution des matériels agricoles et
des institutions des micro-finances au niveau communal ;
V' Sécurisation des aires et couloirs de passage
à travers le balisage et le fonçage des puits et forages
pastoraux ;
V' Augmenter la disponibilité et l'accessibilité
des ouvrages de captage de l'eau potable dans les communes surtout dans les
zones reculées par le fonçage des nouvelles adductions d'eau
potable, des puits cimentés et forages ;
V' Organiser les producteurs en groupements,
fédérations et coopératives ;
V' Formation et encadrement des exploitants par des ateliers
villageois de vulgarisation des bonnes pratiques et des appuis conseils sur
l'utilisation des intrants modernes ;
Au regard, de l'état de mise en valeur de ressources en
eau, estimée sous-exploitées car seuls 2% des eaux renouvelables
du pays sont utilisées de manière traditionnelle dans la plupart
des cas. De ce fait l'Etat et les partenaires au développement doivent
envisager de plan et programme de gestion des importants sites humides du pays.
En ce sens dans le Dallol Bosso des aménagements agricoles (sites
irrigués) de 5 à 10 ha doivent être crées avec des
équipements modernes. Des étangs d'élevage des poissons et
l'empoissonnement des mares méritent d'être vulgariser dans toutes
les communes. L'encadrement technique et la dotation des services en moyens
matériels et financiers permettant aux agents d'agir de façon
efficace et efficiente sont nécessaires pour la bonne marche des
activités. En ce qui concerne la formation et l'encadrement des
producteurs les communes sont fortement frappées par le manque ou
l'insuffisance des services et agents, car à titre illustratif des
communes comme celles de N'Gonga ou de Kankandi ne disposent aucuns services
techniques de proximité (poste forestier, district agricole...). Et il
faut préciser, que pour ces communes qui se situent en pleine
vallée du Dallol Bosso, où se développement l'essentiel
des activités de valorisation des eaux il est urgent de le doter des
techniciens d'appuis conseils.
66
Conclusion partielle
Les activités de mise en valeurs des ressources en eau
dans la vallée du Dallol Bosso, se pratiquent de façon
traditionnelle et archaïque. Cette mise en valeurs est
caractérisée par une faible modernisation et d'énormes
difficultés tant physiques (érosion hydrique et éolienne)
qu'organisationnelles mais aussi d'encadrement technique ce qui explique la
sous-exploitation des ressources en eau. Des actions en matière
d'aménagement des mares, le renforcement des capacités des
producteurs, l'augmentation des ouvrages hydrauliques et l'organisation en
fédérations et coopératives des exploitants sont
souhaitables pour rehausser le niveau de valorisation.
67
Conclusion générale
La présente étude qui a porté sur la mise
en valeur des ressources en eau dans le Dallol Bosso a permis d'identifier les
différents usages d'eau, leurs caractéristiques et leurs
fonctionnalités mais aussi l'état actuel de cette mise en valeur
par les populations locales. L'étude a également distingué
les activités pratiquées en fonction de chaque ressource, c'est
ainsi que les eaux météoriques sont destinées à la
culture pluviale (mil, sorgho, niébé, riz...), celles de surface
sont consacrées à l'abreuvement des animaux et pour l'irrigation
(culture de contre-saison, maraîchage et décrue) quant aux eaux
souterraines sont à la fois pour l'irrigation, la consommation humaine
et animale.
Au terme de cette recherche, toutes les hypothèses de
départ se confirment. De ce fait, nous avons constaté que les
eaux toutes catégories confondues permettent diverses activités
dans cette zone à savoir au plan agricole la culture pluviale, le
maraîchage, la culture de contre-saison, l'arboriculture et la culture de
décrue mais aussi le développement de deux systèmes
d'élevage sédentaire et agropasteur. D'autres activités
considérées comme non agricoles, se pratiquent notamment la
pêche, l'apiculture, le transport fluvial et l'extraction de natron. Ces
activités génèrent des revenus substantiels non
négligeables aux exploitants, contribuant ainsi à l'atteinte de
la sécurité alimentaire des ménages. Cependant, le
caractère traditionnel et archaïque de la mise en valeur
conjugué avec les contraintes physiques (érosion hydrique et
éolienne) constituent les défis majeurs à relever afin
d'assurer la durabilité des activités. Le manque ou
l'insuffisance des aménagements hydrauliques et les mauvaises pratiques
des activités expliquent la sous-exploitation des ressources en eau dans
la région du Dallol Bosso.
C'est pourquoi et compte tenu des contraintes
énumérées et de la sous-exploitation des ressources, des
actions d'aménagement souhaitées par les populations locales
s'avèrent nécessaires. L'Etat et les partenaires au
développement doivent soutenir les efforts des producteurs par la
modernisation de la production, avec la création des petites industries
de transformation afin de permettre la valorisation des produits et maximiser
les profits.
Ainsi, des réflexions doivent être menées
sur les stratégies de mise en valeur des ressources naturelles de Dallol
Bosso dans le contexte de changement climatique et de la baisse du niveau
statique des nappes phréatiques conjugués avec le croit
démographique accéléré.
68
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Annexes
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