CHAPITRE DEUXIEME : LES ACTIVITES EXERCEES PAR LA
POPULATION
RIVERAINE
Dans ce deuxième chapitre,
notre étude sera focalisée sur les activités permanentes
qu'exercent aussi bien la population aborigène qu'autochtone et ayant
une certaine incidence sur l'écosystème forestier du Domaine de
Chasse et Réserve de Bombo Lumene.
De tout ce qui précède, il consistera à
l'identification des pressions anthropiques qui handicapent l'évolution
judicieuse de Bombo-Lumene et cela, dans le but de mieux situer les
causalités de la dégradation de l'aire protégée
afin d'émettre des propositions relatives aux mesures
d'atténuation destinées à la sauvegarde de la
biodiversité et au bio-monitoring du site.
Section 1 : Les activités anthropiques
II. 1.1. Historique des activités anthropiques
Depuis plus de cinq ans, le Domaine de Chasse et
Réserve de Bombo-Lumene est buté à plusieurs types de
pressions notamment, celle de la prolifération des fermes agricoles qui
augmentent aussi bien dans la partie DWALE que dans le village où ces
activités s'opèrent, des fermes engendrant des bruits qui
perturbent la niche écologique des espèces savanicoles en
l'occurrence, les antilopes, les phacochères etc. , dans la zone
de MUTI MUTIENE. . C'est ainsi que, cette aire protégée est
souvent victime du braconnage et d'autres abus tel que la carbonisation qui
découle de ces pressions.
La prolifération des terres agricoles dans l'aire
protégée de Bombo-Lumene ravage des étendues savanicoles
que recèle l'aire protégée voir l'intersection du village
MUTI MUTIENE et DWALE dont laquelle pression, expose le sol du Domaine aux
facteurs climatiques. Cette activité constitue une pression importante
qui gangrène la santé environnementale de ce Domaine de chasse,
se soldant souvent au dérèglement des conditions d'existence des
espèces fauniques et floristiques qui parsèment la superficie
totale du site à savoir, trois cent cinquante mille hectares .
De tout ce qui précède, il s'avère
crucial d'épingler que, ces pressions se constatent dans plus ou moins
trente mille hectares de cette aire protégée et occupent
près de 9 % de l'étendue de l'aire conservatrice. Il y a lieu de
signaler aussi que ces pressions sont consommatrices des vastes étendues
de terres à savoir, trente mille hectares, non pas seulement savanicoles
mais également forestières, allant du village MUTI MUTIENE
jusqu'à MBANKANA.
Afin de satisfaire ses besoins, la population riveraine
pratique une agriculture sur brûlis ainsi qu'un élevage dans et en
dehors de cette aire.
Ces activités anthropiques qui s'exercent dans cette
aire protégée sont entre autre, l'agriculture sur brulis, travaux
agropastoraux,le braconnage, la carbonisation, ventes des terres domaniales et
l' occupation illicites des terres domaniales.
II.1.1.1. L'Agriculture sur brulis
L'agriculture est très importante pour le
développement d'un pays, à l'exemple des pays riches et
émergeants aujourd'hui, car elle est considérée comme
priorité des priorités parce qu'elle est la mère des
richesses. Cependant, elle exige des vastes étendues des terres
cultivables, riches en protéines et requiert certaines conditions pour
la pratiquer.
En ce qui concerne le Domaine de Chasse de Bombo-Lumene, la
popula-tion environnante s'adonne à l'agriculture non durable,
c'est-à- dire, celle qui consiste à brûler des grandes
étendues aussi bien savanicoles que forestières au
bénéfice des cultures vivrières en l'occurrence, la
culture de manioc ainsi que des amarantes. Cette sorte d'agriculture se
cristalli-se aussi bien au coeur de notre Site qui d'ailleurs fait l'objet de
l'atténua-tion par des éco-gardes, qui élaguent des
couvertures savanicole, près de leur camp, que dans certains villages
environnants comme NGAN, MUTIENE, DWALE où la population s'adonne encore
à cette activité.
![](Impacts-des-activites-anthropiques-sur-l-habitat-biocenotique-du-domaine-de-chasse-et-reserve-nat8.png)
![](Impacts-des-activites-anthropiques-sur-l-habitat-biocenotique-du-domaine-de-chasse-et-reserve-nat9.png)
Photo 3 :Pratique de feux de
brousse
Cette philosophie agriculturale pratiquée par certains
éco-gardes et des villageois de BUANTABA ,NGAN,MUTIENE etc. ,
entraine fortement des conséquences graves sur la productivité de
l'écosystème de BOMBO LUMENE , en l'occurrence, la destruction de
la microfaune édaphique à savoirs des décomposeurs
destinés à fournir aux sols des éléments
fertilisants et contribuer à la micro-structure de sol, la disparition
des espèces végétales médicinales et
endémiques comme les hymenocardia ulmoides, milettia laurentii, pycnatus
angolensis ; bref, la destruction de l'habitat biocénotique .
Ainsi, il sied de signaler que, près de 45 % de
l'étendue de cette aire protégée est occupée par
une agriculture non durable. Cette agriculture non soutenable prédomine
dans la partie du quartier MBANKANA à savoir, dans les villages, NGAN,
BUANTABA etc . Cette activité progresse dans le village MUTI MUTIENE et
occasionne d'énormes perturbations écologiques au niveau du
Domaine de Chasse notamment, l'altération des réseaux trophiques
qui pourrait entrainer un dérèglement dans le bio-fonctionnement
de l'aire protégée ainsi que dans la péripétie du
méso-climat du plateau des Batéké.
II.1.1.2. travaux agropastoraux
La prolifération des fermes dans l'aire
protégée de Bombo-Lumene, fait partie des problèmes
majeurs qui préoccupent l'autorité de cette aire
protégée. Cette prolifération prédomine dans le
quartier MBANKANA où certains privés à savoir, SAM
BILANGA, s'adonnent non pas seulement à l'élevage des animaux
mais également à l'agriculture. Cette activité constitue
une pression permanente importante qui au fil du temps, détériore
la biodiversité de ce Site.
Ainsi, près de 20 fermiers provenant de SAM BILANGA ou
du Centre de Maintenance des Engins Agricoles avec plus de 500 travailleurs,
utilisent des tracteurs destinés à labourer des grandes
étendues de sols du Domaine appelées à la sauvegarde de
la diversité biologique .ces tracteurs compactes le sol ce qui
réduit son pouvoir tampon capable de résister à une
modification brusques de ces derniers et occasionne parfois,
l'altération de la qualité de l'eau de la nappe
phréatique, la modification de la niche écologique des
espèces savanicoles suite à cette nuisance sonore et enfin, la
disparition des espèces fauniques savanicole à savoir les
hippopotames, antilopes de suite de leur non adaptabilité dans les
habitats de refuges.
De tout ce qui précède, les superficies
savanicoles du Domaine de Chasse et Réserve Naturelle de Bombo-Lumene
souffre des grandes dégradations édaphiques ainsi que
biocénotiques qui pèsent régulièrement sur son
avenir, provoqué par la pullulation des fermes, en l'occurrence celle
dénommée SAM BILANGA, d'une Société(SARL)
Coréenne, ainsi que d'autres concessions savanicoles de certains
particuliers tant autochtones que provenant de la Ville-province de
Kinshasa.
Ces concessions savanicoles ainsi que ces fermes
installées dans le Domaine de Bombo-Lumene à savoir, dans les
quartiers MUTIENE et MBANKANA, utilisent parfois des engins à forte
détonation, qui constituent une source de nuisance importante influant
négativement sur la reproduction ainsi que sur l'alimentation des
espèces fauniques avec une pollution très sensible sur les
espèces telles que les antilopes, les hippopotames. Ces pressions qui
émanent des fermes engendrent des bruits qui poussent les animaux
à migrer vers les villages lointains à savoir, YUO et YOSSO ainsi
que dans la partie du Domaine de chasse de KASANGULU, ce qui altère la
reproduction éco-systémique et ramène cette aire
protégée à la phase de rhexistasie.
II.1.2. Le Braconnage
Le braconnage constitue une pression cruciale qui
convertisse le Domaine de Chasse et Réserve Naturelle de Bombo-Lumene en
aire appauvrie en faune. Cette activité de chasse illicite se
cristallise considérablement dans le quartier MBANKANA où les
braconniers s'organisent individuellement et utilisent des armes à feu
ainsi que des pièges généralement non durables qui leur
permet de capturer même des animaux à l'âge mineur pour
abattre les espèces fauniques.
Le problème le plus sérieux qui affecte les
ressources en faune sauvage du Congo est surtout la chasse illégale
souvent, pour des fins commerciales autrement dit, le braconnage. Le
phénomène est géographiquement si étendue et si
profondément ancré dans la culture que l'on ne peut guère
être optimiste quant à son contrôle dans un futur proche.
Ainsi, le Domaine de Chasse et la Réserve naturelle de
BOMBO -LUMENE, qui possédait jadis un potentiel faunique important
à travers lequel, l'observation de certaines espèces, telles que
le lion, le léopard, l'éléphant, déclara en 2013
l'éco-garde BAYO du Domaine de Chasse et Réserve Naturelle de
Bombo-Lumene, était aisée. Malheureusement, suite aux pressions
anthropiques intenses auxquelles elle a été soumise, la
diversité biologique s'est amenuisée et causant ainsi leur
rareté.
Le braconnage perpétré dans cette aire
protégée se situe à près de 30 % de
l'étendue du Domaine, se cristallise sur la chasse des
espèces, telles que les céphalophes à dos jaune, les
guib harnachés, la sitatunga, le céphalophe bleu, le clarias, le
marmyrus ainsi que le macrodon et peut être classé en trois
catégories fondamentales à savoir, celui ayant différentes
formes de motivations, visant des cibles spécifiques et des mesures de
contrôle distinctes. Il s'agit notamment de :
II.1.2.1. La chasse de
subsistance
La chasse de subsistance est une forme de chasse
perpétrée par la population autochtone de l'aire
protégée. Cette chasse se cristallise plus dans la partie MUTIENE
tout en s'orientant sur les espèces sauvages notamment, les antilopes,
les phacochères etc. L'utilisation des gibiers comme source de
protéine de base est une tradition bien établie parmi de
nombreux groupes culturels au Congo.
Il sied de noter que, cette sorte de chasse, vise surtout une
survivance de la population, victime de la carence de besoins de
première nécessité et cela pouvant atteindre plus de 25%
de l'étendue de l'aire.
Cette chasse de subsistance est perpétrée par
la population locale de BOMBO LUMENE ainsi que par les autorités
coutumières pour leur alimentation.
Pour cette forme d'activité cynégétique,
la population locale s'organise individuellement dans les villages et emploie
souvent des outils rudimentaires pour la capture de la faune sauvage à
partir des pièges durables dans le but de capturer les gibiers ainsi
faciliter leur pullulation.
Ainsi, pour cette forme de chasse de subsistance,
pratiquée plus dans le quartier MUTI MUTIENE depuis plus de trente ans,
la population utilise des outils purement rudimentaires tels que les
pièges, les colliers...et semblables à la période
biocénotique, c'est-à-dire que, le matériel utilisé
ne présente pas d'incidences substantielles sur la faune et facilite la
pullulation des espèces animales.
II.1.2.2. La chasse pour le commerce de la
viande
La chasse commerciale est une catégorie de
chasses
lucratives, qui prédomine plus dans le quartier
MBANKANA à proximité
du Bureau de quartier où les individus descendent au
marché pour s'adonner au commerce de la viande. Cette chasse
perpétrée dans le quartier MBANKANA est la cause majeure de
la disparition de la faune sauvage de cette aire protégée
dans le sens qu'une importante partie de cette viande est vendue dans les
grandes villes comme Kinshasa, Kikwit.. et que les chasseurs et
commerçants bien organisés, jouissent parfois du soutien et de la
protection des autorités tant politiques, administratives que
coutumières en l'occurrence, le chef coutumier MUTIENE. Ce genre de
chasse est pratiqué souvent par des hommes organisés et parfois
pourvus d'armes de guerre dont le but est de revendre le produit du butin.
La chasse pour le commerce de la viande pratiquée
dans le Domaine de Chasse de Bombo-Lumene est une de formes de chasses non
durable qui consiste à la capture régulière de la faune
sauvage et cela au moyen des outils perfectionnés, notamment des armes
à feu, qui réduit sensiblement la quantité de la faune
sauvage se trouvant dans cette aire protégée.
Il y a lieu de noter aussi que, le produit ou butin de ce
braconnage est vendu essentiellement dans différents marchés de
la Ville de Kinshasa.
![](Impacts-des-activites-anthropiques-sur-l-habitat-biocenotique-du-domaine-de-chasse-et-reserve-nat10.png)
Photo 4 :L'abattage illicite de la faune à
Bombo
II.1.2.3. La chasse
spécialisée
Cette manière de chasser est
orientée vers les espèces des buffles des savanes ainsi que les
hippopotames du Domaine de chasse Bombo-Lumene surtout dans la partie
MBANKANA où les troupeaux des hippopotames migrent. Il s'agit pour
ce genre de chasse, la recherche de produits rares de l'abattage des
animaux sauvages en vue de la recherche, la vente ou la fabrication des
bijoux ainsi que d'autres produits et objets rares. Pour ce type de
chasse, les braconniers qui entrent dans le quartier MBANKANA utilisent
des armes à feu dans le but d'abattre les espèces fauniques
détenteurs des trophées que recèle le Domaine de Chasse,
telles que les buffles de savane, l'hippopotame, la guib harnaché, les
potamochères. Par ailleurs, il est utile de signaler que, toutes ces
catégories d'activités cynégétiques se pratiquent
généralement pendant la nuit.
II.1.3. La Carbonisation
Cette pression envahissante se cristallise plus dans
le village
NGAN ainsi que BUANTABA où des grandes quantités
des essences végétales notamment le Milettia laurentii, le
Pycnatus angolensis, l'Xylopia aethiopica sont réduits en charbon de
bois dans des fours naturellement en terre garnie des ouvertures pour la
pénétration de l'air ainsi que la sortie des fumées. Ces
unités de productions de charbon de bois sont en grande quantité,
enfouies et occultées par la population des villages DWALE, IMPINI et
MUTI MUTIENE dans la Réserve, lesquels les unités de production
de charbon poussent illicitement.
Ainsi, les charbons de bois pyrolysé dans la
Réserve Naturelle de Bombo-Lumene sont produit à partir du
bois, de la paille et de la noix de coco.
Le processus de la production de charbon de bois, commence bien
évidemment par la collecte du bois qui est alors haché en
pièces après la
construction d'un four de carbonisation en terre dans lequel,
on remplit 1 à 5 tonnes de bois coupés qui est allumée
pour commencer le processus de carbonisation tout en prévoyant des
ouvertures pour l'évacuation de la vapeur et fumée produites. Si
ces émissions changent des couleurs, de plus en plus, les ouvertures
sont fermées pour assurer une pyrolyse de bonne qualité. A la
fin, quand le four est éteint, on l'ouvre et ramasse les charbons de
bois pour les mettre dans des sacs. Notons que ce processus peut durer deux
à trois semaines.
Pour réaliser ces opérations, deux types de
matériels peuvent intervenir à savoir, le manuel et la
mécanique, dont le premier est très lent, mais couteux car
consistant à utiliser la machette pour découper les branches, la
houe pour arranger la surface de la carbonisation, la bèche pour
dégager la terre ainsi que la hache pour abattre les arbustes tandis
que pour le deuxième type, l'homme utilise la mécanisation pour
arriver au produit fini économisant ainsi toutes les
péripéties. Ainsi, la carbonisation qui se
produit dans la partie de la réserve naturelle de BOMBO LUMENE entraine
des pertes floristiques importantes sur le plan éco systémique
en l'occurrence, la destruction de la galerie forestière, qui pourrait
influer considérablement aussi bien sur les régimes
pluviométriques du plateau de Batéké mais
également, sur les débits moyens de la rivière Bombo,
Lumene ainsi que Mai-Ndombe, susceptibles d'impacter négativement et
directement les ressources halieutiques pollue-sensibles. Cette pression
modifie la configuration biologique de l'aire protégée tout en
convertissant la surface forestière en aire savanicole, ce qui
réduirait sensiblement le pouvoir photosynthétique de cette aire
protégée.
![](Impacts-des-activites-anthropiques-sur-l-habitat-biocenotique-du-domaine-de-chasse-et-reserve-nat12.png)
![](Impacts-des-activites-anthropiques-sur-l-habitat-biocenotique-du-domaine-de-chasse-et-reserve-nat13.png)
Photo 5 : La Carbonisation à outrance
à Bombo-Lumene
II.1.4. vente des terres domaniales
La vente des terres domaniales est une
activité qui se vit dans le
Domaine de Chasse de Bombo-Lumene, particulièrement
dans le village
DWALE en 2013, situé à 10km du site où
les chefs coutumiers de MUTIENE et d'autres autorités locales vendent
des terres domaniales aux privés. Ce qui favorise la dégradation
progressive de l'aire protégée.
Cette opération des ventes illicites des terres
domaniales de Bombo-
Lumene, vouée à la préservation de la
diversité biologique, s'oriente en
2013, également dans la partie BUANTABA dans laquelle,
les autorités
octroient des superficies importantes des terres de l'aire
protégée aux privés moyennant une somme d'argent et
autres libéralités en nature bien que la quasi totalité de
l'aire protégée est sous le management des autorités du
Domaine. Malgré cela, des parties importantes aussi bien du Domaine que
de la Réserve sont vendues sans l'aval de l'autorité,
gestionnaire du Domaine ni le consentement des villageois par leurs Chefs,
créant parfois un mécontentement des autochtones (Cas du
Village DWALE).
D'après la population locale (Conférence CADIM
MBANKANA, 2012), les Chefs coutumiers vendent des terres sans le consentement
du gestionnaire de l'aire protégée de suite de la
légèreté parfois des autorités du Domaine, du
manque de matériel d'ordonnancement et autres équipement de
surveillance ainsi que la non maitrise d'une surveillance
régulière de l'aire protégée.
|