1
Introduction générale
L'aide internationale est l'ensemble des ressources, publiques
ou privées, transférées à l'échelle
internationale, dans le but de favoriser le progrès économique et
social des pays bénéficiaires1. Le concept «
Aide publique au développement » a été plusieurs
fois employé par plusieurs auteurs durant la moitié de ce
siècle.
Pour Mahomed KOEBA2, la Côte d'Ivoire a
bénéficié d'énormes appuis financiers de
l'extérieur sous forme d'aide publique au développement, en vue
d'amorcer une croissance économique et donc assurer le bien-être
de sa population. En utilisant le modèle économétrique (la
méthode VAR), il est parvenu à établir une relation entre
l'aide publique au développement et l'IDH. Ainsi, a-t-il affirmé
que l'Aide publique au développement affecte positivement et
significativement l'Indice de Développement Humain et contribue par
conséquent à l'amélioration de l'IDH de la Côte
d'ivoire. Dans ce contexte, l'aide publique au développement peut
être utilisée comme un moyen pour relever le niveau de
bien-être de la population ivoirienne.
Pour corroborer cette idée, Sanjeev GUPTA, Robert
POWELL et Yongzheng YANG3 affirment que l'expansion de l'aide
publique au développement peut orienter les efforts
déployés par un pays bénéficiaire pour
réaliser les OMD, notamment la
réduction de l'extrême pauvreté.
Pour sa part, Fatou GUEYE4 souligne qu'au
Sénégal, l'APD a eu un effet positif sur la croissance par le
biais de l'investissement, des importations et des dépenses publiques et
donc l'aide allouée est très efficace. Mais, cette chercheuse
souligne un fait important qui est celui de noter que l'effet positif et
1 JACKY Amprou et LISA Chauvet (2004), Efficacité
et allocation de l'aide : revue des débats, Agence
Française de Développement, Paris, p.312
2 Mahomed KOEBA (2011), Aide publique au
Développement et la lutte contre la pauvreté. Cas de la Cote
d'Ivoire, Master en Economie Publique, Université de Cocody -
Abidjan, Inédit.
3 Sanjeev GUPTA, Robert POWELL et Yongzheng YANG,
(2006), Les défis macroéconomiques de l'expansion de l'aide
en Afrique, Repères à l'intention des praticiens, Fonds
Monétaire International, Washington, p.1
4 Fatou GUEYE, (2007), Efficacité de
l'aide publique au développement. Cas du Sénégal,
Mémoire d'études approfondies, Université Cheikh Anta
Diop, inédit.
2
significatif de l'APD sur la croissance passe par les
investissements, les importations et les dépenses publiques. Ce sont ces
dernières (les dépenses publiques) qui posent problème car
l'impact de l'aide sur les dépenses publiques pose la question relative
à la corruption.
Au sujet de la corruption, BURNSIDE et DOLLAR5
pensent que l'aide publique au développement n'est utile et efficace que
dans le pays à faibles revenus qui pratiquent des bonnes politiques
économiques et disposent d'institutions de qualité.
Quant à André TOWOSHI LOKALO6, il met
l'accent sur le fait que les aides de la Belgique ne viennent pas par
philanthropie ou par amour pour les « beaux yeux» des congolaises et
congolais. Il faut que la classe dirigeante congolaise ait une vigoureuse
volonté de liberté, une morale publique qui la lie à son
peuple dans un pacte de défense de la nation, une diplomatie d'ouverture
à des soutiens extérieurs de poids et une capacité ferme
à briser les ressorts du formatage néocolonial et du dressage
ultralibéral de notre pays.
En outre, pour renchérir le propos de TOWOSHI LOKALO,
SVENSSON, BURNSIDE et DOLLAR, KAUFMANN7 et al, insistent sur les
problèmes d'appropriation, de sélectivité, de la bonne
gouvernance et de durabilité de l'aide, aussi bien à
l'échelle locale qu'au niveau des politiques nationales.
C'est pourquoi, MOI YOPAANG MANDELA et NAOUTEM DE
JATO8 montrent que la République Démocratique du Congo
fait partie des Etats
5 BURNSIDE and DOLLAR (1996), Aid, Policies and Growth,
Policy Research Department, World Bank, P.p 41-52
6 TOWOSHI LOKALO, (2010), La
problématique de l'aide financière internationale dans le
développement des Etats du tiers-monde. Cas de l'aide de la Belgique en
RDC, Mémoire de fin d'études, Université de Kinshasa,
Inédit.
7 SVENSSON, BURNSIDE et DOLLAR, KAUFMANN (2002),
L'aide au développement : une politique publique au coeur du
développement durable et de la gouvernance de la mondialisation,
Revue d'Economie Financière, Paris, n°661.
8 MOI YOPAANG MANDELA et NAOUTEM DE JATO, (2009),
L'Aide publique au développement en République
démocratique du Congo, la spécificité aux Etats
fragiles, Master 2 en Gestion des projets de développement en
Afrique, Université Paris VI, Paris, inédit.
3
fragiles9 ayant reçu des sommes colossales
de l'aide publique au Développement depuis les indépendances,
lesquelles aides n'ont pas réussi à résorber les
problèmes liés non seulement à la pauvreté mais
aussi à la situation économique en général du pays
et cela, du fait notamment et principalement de la mauvaise gouvernance et de
la corruption.
KOSACK10 de son coté souligne que l'aide n'a
d'effet sur l'indicateur de développement humain que dans les
régimes démocratiques.
Enfin, L'économiste Hongrois Peter Thomas
Bauer11 a également émis un critique ardent du
principe de l'aide publique au développement. Il estime qu'il
était abusif d'appeler aide au développement les flux de capitaux
transférés du Nord vers le Sud à ce titre, alors qu'il
s'agit selon lui d'une entrave au développement qui tend à
maintenir les pays sous-développés dans leur condition. Et
William EASTERLY12, professeur à l'Université de New
York et ancien collaborateur de la Banque Mondiale, estime que la plus grande
partie des aides apportées depuis cinquante ans ont été
inefficaces. L'une des raisons serait le manque de contrôle sur les
personnes chargées de gérer cette aide.
Au regard de toute cette littérature abondante sur la
problématique de l'aide publique au développement, fort est de
constater qu'en définitive, tous les auteurs s'accordent sur le fait que
l'objectif assigné à l'APD est d'accompagner les pays en voie de
développement dans le financement des investissements publics en
l'occurrence les infrastructures. De ce point de vu, l'APD complète une
épargne locale qui du reste est insuffisante pour soutenir l'effort
d'équipement, base de la promotion du développement.
9 On parle « d'Etats fragiles lorsque le gouvernement
et les instances étatiques n'ont pas les moyens ou la volonté
politique : d»assurer la sécurité des concitoyens, de
gérer efficacement les affaires publiques et de lutter contre la
pauvreté au sein de la population ».
10 KOSACK, S. (2003),
«Effective Aid: How Democracy Allows Development Aid to Improve the
Quality of Life», World Development 31(1).
11 BAUER P. (1987), «Creating the Third
World: Foreign Aid and its Offspring», Journal of Economic Growth,
Vol.2, N°4
12 EASTERLY W., R. LEVINE et D. ROODMAN (2003),
«New Data, New Doubts: Revisiting «Aid, Policies, and Growth
», Center for Global Development, Working Paper 26
4
Qu'en est-il alors de l'aide publique au développement
en République Démocratique du Congo eu égard à
toutes les lumières portées ci haut ?
En effet, les pays africains accédant aux
indépendances dans les années 1960, se voient confier la
destinée de leurs Etats. C'est parmi tant d'autres
responsabilités, l'appropriation des africains eux-mêmes de leur
politique économique. Ils sont désormais donc les responsables de
leur futur désiré13. Animés par l'esprit
nationaliste, les nouveaux dirigeants africains vont oeuvrer tous à
asseoir leur économie. Ils se lancent donc dans des grands projets
d'investissement, notamment la construction d'habitats et des routes, la
création des sociétés d'Etat. En somme, on assiste
à la réalisation d'un ensemble d'objectifs de croissance
accélérée qui nécessite la mise en place des
investissements en infrastructures.
En dépit de leur bonne volonté, force est de
reconnaître que tout ce chapelet de projets ne sera réalisable
qu'avec des ressources financières conséquentes. La question du
financement de ces projets se pose aux Etats africains avec acuité. Ils
vont dans leur grande majorité alors se tourner vers l'extérieur
pour le financement de leurs projets. Comme le plan Marshall14 en
Europe, les africains bénéficient des sommes importantes de
l'extérieur pour assurer la construction de leurs économies.
Cela a suscité de grands espoirs dans de nombreux pays
pendant la première décennie des indépendances. Un pays
comme la RDC a enregistré à cette période une croissance
économique à deux chiffres, avec un niveau infrastructurel
acceptable.
Les années 80 sont marquées par le début
des crises économiques récurrentes en Afrique. On assiste
à une croissance économique trop faible des pays d'Afrique
subsahariens, accompagnée de la faiblesse des revenus, qui ne leur
13 BERG ELLIOT et Al (1997), L'aide publique au
développement du secteur privé au Sénégal
considérations stratégiques, document préparé
par l'USAID, juin 1997, p.35
14 Plan annoncé par le général
Marshall le 5 juin 1947 après la deuxième guerre mondiale pour
permettre la reconstruction de l'Europe par l'obtention de dons
nécessaire pour le financement des économies
5
permet pas de dégager des capacités
financières suffisantes pour un développement. Le besoin de
financement devient criard. Le recours aux capitaux extérieurs
s'avère plus que nécessaire.
Les pays vont donc faire appel aux bailleurs de fonds. C'est
ainsi que dans la majorité des cas, les pays ont pu
bénéficier, au titre de l'aide publique au développement,
des appuis du Fonds Monétaire International, de la Banque Mondiale et
d'autres partenaires. Les aides étaient destinées essentiellement
soit à combler des déficits budgétaires devenus
chroniques, résoudre des problèmes alimentaires ou soit de
santé et bien d'autres. Ces aides sont le plus souvent
conditionnées par la mise en oeuvre de politique économique.
Elles sont souvent qualifiées d'« aides liées »
lorsqu'elles sont subordonnées à des achats aux pays qui les
accordent. Aussi faut-il noter que les aides proviennent de plus en plus des
Organisations Non Gouvernementales qui souvent interviennent directement au
profit des populations.
En progression dans les années 80, les montants
alloués à l'aide n'ont cessé de se réduire pendant
les années 90, même si ce mouvement s'est stabilisé au
début des années 200015. Cette tendance à la
baisse s'explique par certains facteurs : dans les pays donateurs, certaines
opinions demandent la suppression de l'aide parce qu'elle est jugée
inefficace. Dans les pays bénéficiaires, la baisse de l'aide
s'explique par le fait que son octroi est de plus en plus soumis à un
nombre impressionnant de contraintes et d'exigences des bailleurs qui poussent
les pays concernés à en réduire la demande16.
Il s'agit, notamment, des conditions de bonne gouvernance. Cette
dernière vision est partagée par de nombreux auteurs avertis de
l'économie du développement qui fait une rétrospection sur
l'évolution des économies et les appuis financiers reçus,
comparativement à d'autres économies, notamment les pays
asiatiques et l'Amérique du sud où l'amélioration de
niveau économique permet de faire un lien avec une bonne gestion de ces
fonds alloués à ces Etats.
15 KOMON, A., (2000), «Aid Fungibility in
Assessing Aid: Red Herring or True Concern? », Journal of
International Development, Washington, p. 12.
16 KOMON, A., Idem, p.30
6
En effet, en 1991, chaque africain recevait en moyenne 40
dollars pour 10 dollars au sud-américain et 5 dollars à
l'asiatique .De nos jours, 40% de l'aide publique au développement est
destiné à l'Afrique contre 10% pour l'Amérique latine et
12% pour l'Asie de l'Est. En Afrique, l'aide a connu une augmentation
continuelle à la mesure des échecs de la politique de
développement. Pendant que l'Asie enregistre des résultats
probants en termes de développement.
Il faut rappeler qu'en 1960, économiquement, le poids
du Ghana et de la Corée du Sud était identique (le Produit
National Brut de ces deux pays se situait à 230 dollars
américains. En 1992, celui du Ghana n'avait guère
évolué (345 dollars américains) alors que celui de la
Corée du Sud avait atteint 5200 dollars américains. Ce quasi
statuquo de la situation économique du Ghana est l'image de la plupart
des pays africains notamment la RDC.
Face à cela, on est en droit de penser que l'aide
internationale n'a donc pas profité à l'Afrique en quête de
son décollage économique. Cette situation des Etats africains,
est attribuée par de nombreux africains à la mauvaise utilisation
des ressources. A ce sujet, la sociologue camerounaise Axelle
Kabou17 dira « l'argent disponible dans les années 1970
a été dépensé n'importe comment ».
Dans la plupart des pays de l'Afrique au Sud du Sahara, force
est de constater que les fonds provenant de l'aide ont souvent
été gérés par des organisations bureaucratiques
hypertrophiées, et peu soucieuses des principes économiques
élémentaires. Dans un tel contexte, il est difficile
d'apprécier l'apport réel de l'aide qui reste influencé
par des pratiques inadéquates.
Rappelons que les principaux pays bénéficiaires
de l'aide publique au développement en Afrique sont notamment la
Mozambique, la République Démocratique du Congo (RDC), la
Tanzanie et l'Ethiopie avec respectivement
17 Axelle KABOU, cité par CAPO Amah Vinyo
(2004), TOGO : Aide extérieure, dette publique et
croissance économique au TOGO, Lomé, p.57
7
1286,9 ; 1773,8 ; 1396,8 et 1269 millions de Dollars en
moyenne18. En outre, ces pays, du fait des difficultés
d'absorption des ressources extérieures, enregistrent une aide par
habitant en moyenne très faible soit 17,6 Dollars par habitant pour
l'Ethiopie et 38,6 Dollars par habitant pour la Tanzanie.
La République Démocratique du Congo, à
l'instar des pays de la sous région a bénéficié de
ces appuis financiers que constitue l'aide publique au développement.
Cette aide accompagne la RDC dans la mise en oeuvre de ses politiques de
développement.
En effet, l'Etat Congolais devant les difficultés
financières et poussée par la volonté d'assurer le
développement, n'a cessé de solliciter les financements
extérieurs à travers l'aide publique au développement.
L'engagement le plus important a été pris en 2003, année
où l'APD versée a aussi atteint son niveau le plus
élevé.
Globalement, l'APD a connu une croissance progressive puis une
chute brutale à partir des années 90 en RDC. Elle a repris en
2003 avec un pic de 5000$ en monnaie courante19.
Par ailleurs, après les programmes d'ajustement
structurel, qui ont occasionné le recentrage du rôle de l'Etat
à travers des politiques telles que les privatisations des
sociétés d'Etat, il est désormais question de lutter
contre la pauvreté. Les institutions de Brettons Woods et les autres
partenaires techniques et financiers dans leur ensemble, s'étant rendu
compte des limites des politiques d'ajustement, ont désormais
orienté leurs aides pour des politiques ciblées sur le
relèvement du niveau de la croissance économique et la
réduction de la pauvreté.
Certes, les travaux de plusieurs chercheurs soulignent
l'inefficacité de l'aide publique au développement dans la
réduction de la pauvreté. Cependant, nombreux sont ceux qui ne
s'attardent pas à la question de savoir si du moins cette aide arrive
à booster la croissance économique des pays
bénéficiaires.
18 Statistiques UNCTAD, 2006.
19 MOI YOPAANG MANDELA et NAOUTEM DE JATO, Op cit.
8
Au regard de ces problèmes de l'efficacité et/ou
de l'inefficacité de l'aide publique au développement, cette
étude tentera de répondre aux préoccupations suivantes
:
1. Quelle est la nature de l'aide transférée en
République Démocratique du Congo ?
2. Quelles sont les destinations de l'aide
transférée en République Démocratique du Congo ?
3. Quelles sont les structures de financement de l'aide
publique au développement en République Démocratique du
Congo ?
4. Quel est l'impact de l'aide publique au
développement sur la croissance économique de la
République Démocratique du Congo ?
Eu égard aux préoccupations soulevées ci
haut, nous émettons les hypothèses suivantes :
1. Nous supposons que la nature de l'aide publique au
développement transférée vers la RDC serait notamment les
dons et les prêts ;
2. Nous pensons ensuite que cette aide serait destinée
à financer les infrastructures et services sociaux de base, à
financer la production et les infrastructures économiques ;
3. Nous estimons encore que les structures ou les canaux de
distribution des ressources financières en République
Démocratique du Congo seraient les partenaires multilatéraux et
bilatéraux ;
4. Enfin, nous croyons que l'effet de l'aide publique au
développement sur la croissance économique de la RDC devrait
être positif mais non significatif.
Pour mener ce travail à bon port, l'objectif principal
que nous poursuivons reste celui de dégager l'impact des
différentes aides publiques au développement sur la croissance
économique de la RDC. Ainsi donc, pour y arriver, les objectifs
opérationnels sont les suivants :
9
1. Déterminer la nature de l'aide publique au
développement transférée en République
Démocratique du Congo ;
2. Analyser la destination finale des APD en
République Démocratique du Congo ;
3. Dégager les canaux de distribution ou les
structures de financement des dites aides ;
4. Mesurer l'impact de l'APD sur le niveau des richesses
nationales de la République Démocratique du Congo ;
5. Proposer des pistes de solution éventuelle.
Cependant, le choix porté sur ce thème n'a pas
été un fait de hasard. Il a bien sûr été
motivé par plusieurs raisons notamment des raisons personnelles,
scientifiques et sociales. Du point de vue personnel, le choix de ce
thème a été motivé par notre aspiration ardente et
longue de pouvoir avoir une image nette de l'impact de l'aide sur le
développement de la RDC et ce, du fait de plusieurs slogans entendus
à ce sujet. Pour des raisons scientifiques, nous devons noter qu'en ce
siècle où la RDC demeure instable politiquement et
économiquement, tout Economiste averti devrait se pencher sur la
question des différentes
assistances reçues afin de vérifier leur
efficacité ou inefficacité. Enfin, socialement, la
pauvreté du congolais ne fait que s'empirer alors que des sommes
importantes sont versées à la longueur des journées pour
juguler ce fléau. D'aucuns se demanderaient si réellement ces
sommes ne sont que des simples chiffres sur papier.
Quant à l'intérêt de ce travail,
soulignons qu'au sujet de l'aide publique au développement (APD),
plusieurs études ont certes fait le tour de la question. Ces
études, pour ce qui concerne la RDC se sont le plus souvent appesanties
à établir le lien entre l'APD et la pauvreté. Il faut
noter que la croissance économique qui garantit la réduction de
la pauvreté est celle qui est accompagnée d'une politique de
redistribution de revenus. Au-delà cet aspect, une autre étude
n'est jamais de trop, pour plusieurs raisons. Tout d'abord le relèvement
de la croissance économique est actuellement au centre de toute
politique
10
économique, vue son ampleur. Ensuite, cette
étude par sa démarche quantitative (analyse
économétrique) vient contribuer à enrichir et actualiser
la littérature sur l'éventuel rôle que l'APD pourrait jouer
dans l'amélioration de la croissance économique.
Par ailleurs, pour vérifier nos hypothèses et
atteindre ainsi nos objectifs. Il est non seulement impérieux mais aussi
et surtout capital de suivre une démarche méthodologique.
Bien que faisant l'objet d'un chapitre dans ce travail, il
faut noter à ce stade que la présente étude se base
essentiellement sur une recherche documentaire. Pour ce faire, il a
été collecté des données secondaires émanant
d'institutions nationales et internationales sur l'aide publique au
développement et aussi sur la croissance économique en RDC.
Après le traitement des données, il sera
question de faire les analyses de résultats des modèles
économétriques qui permettront de tirer une conclusion et faire
des recommandations.
Pour être conçu et précis et se trouvant
dans l'impossibilité d'effectuer notre recherche depuis le début
de temps jusqu'à jours et dans tous les coins de la planète, nous
avons délimité notre étude sur le plan spatial en
République Démocratique du Congo et sur le plan temporel, entre
1960, année de l'indépendance du pays et 2010, année du
cinquantenaire de la RDC.
Enfin, hormis cette introduction générale et une
conclusion générale à la fin de ce travail, la
présente étude sera subdivisée en deux grandes parties. La
première portant sur les considérations générales
sera quant à elle subdivisée en 3 chapitres. Le premier chapitre
traitera des fondements théoriques sur l'APD, le deuxième
chapitre sera axé sur les fondements théoriques de la croissance
économique et le troisième chapitre abordera les questions
relatives à la méthodologie du travail et à la
présentation du milieu d'étude.
11
Quant à la deuxième partie portant sur l'aide
publique au développement et la croissance économique, elle sera
décomposée en deux chapitres. Le premier chapitre portera sur un
aperçu général de l'APD en RDC et le dernier mesurera
l'impact de l'APD sur la croissance économique de la République
Démocratique du Congo.
12
Première partie : CONSIDERATIONS GENERALES
Il s'agit principalement dans cette première partie de
jeter les bases théoriques nécessaires à la
compréhension du phénomène étudié. Tour
à tour, nous brosserons les fondements théoriques/ scientifiques
de l'Aide publique au Développement ; nous passerons en revue les
notions générales sur la croissance économique et
présenterons la République Démocratique du Congo, lieu de
nos investigations.
13
Chapitre Un : FONDEMENTS THEORIQUES SUR L'AIDE PUBLIQUE
AU DEVELOPPEMENT
Il s'agit dans ce chapitre de faire un tour d'horizon sur les
définitions pour se familiariser aux différents concepts
liés à l'APD. Aussi, il sera passé en revue les
différentes réflexions, les analyses et les controverses des
auteurs sur l'aide publique au développement.
I.1. Définitions et fondements théoriques de
l'APD
I.1.1. Définition et importance de l'Aide au
Développement
L'aide internationale est l'ensemble des ressources, publiques
ou privées, transférées à l'échelle
internationale, dans le but de favoriser le progrès économique et
social des pays bénéficiaires20.
Le concept « Aide Publique au Développement »
peut être appréhendé comme tous les apports de ressources
qui sont fournis par les pays développés ou les institutions
internationales aux pays en voie de développement. Ces aides
émanent d'organismes publics, y compris les Etats et les
collectivités locales, ou d'organismes agissant pour le compte
d'organismes publics.
L'Institut pour le Développement Durable,
définit l'APD comme étant le budget alloué à la
coopération au développement par les vingt deux (22) pays du
Comité d'Aide au Développement (CAD) suivant trois canaux de
distribution : la coopération bilatérale directe, la
coopération bilatérale indirecte et la coopération
multilatérale21.
Il faut noter qu'aux côtés des acteurs
étatiques, on trouve, de plus en plus, des collectivités locales
au titre de la « coopération décentralisée » et
des acteurs privés (organisations non gouvernementales (ONG),
fondations). Ces
20 JACKY Amprou et LISA Chauvet, Op cit, p.312
21 OCDE/CAD (2005): Déclaration de Paris
sur l'efficacité de l'aide au développement, Février
2005
14
derniers entrent en contact direct avec les populations
à travers des organisations de la société civile ou
élus locaux.
L'importance théorique de l'APD pour une
économie en besoin de financement remonte aux travaux sur le « Big
push » de ROSENSTEIN-RODAN22. Cet auteur souligne en substance
que des apports massifs en capitaux extérieurs doivent permettre aux
pays pauvres de financer leurs investissements et de brûler des
étapes préalables au décollage. L'idée clé
est qu'il faut réaliser, de façon simultanée, un grand
nombre d'industries qui se tiennent mutuellement par leurs clientèles,
de telle sorte que la demande existe et soit suffisante.
L'aide publique au développement comprend, selon la
définition du Comité d'aide au développement de l'OCDE,
les dons et les prêts préférentiels prévus au budget
et transférés des pays développés vers les pays en
voie de développement pour la promotion des industries, mais cette aide
doit aussi faire en sorte que l'économie dans son ensemble profite des
effets externes. Toutefois, NURSKE23 nuance en soulignant le risque
de voir l'aide détournée vers la consommation au lieu de la
production. Plus tard, HIRSCHMAN24 émet des doutes sur la
possibilité de développer une économie au moyen
d'investissements massifs et simultanés étrangers dans tous les
secteurs, sans améliorer les qualifications des populations. Il
soulève à ce niveau le faible impact des capitaux
étrangers sur la croissance économique si le nombre de personnes
qualifiées du pays aidé est insuffisant. Il met l'accent sur la
croissance déséquilibrée, car pour lui, l'aide
extérieure accroît les investissements et la capacité de
production. Si l'économie se développe pour employer suffisamment
cette capacité, le revenu supplémentaire créé par
la hausse de cette capacité va entraîner une augmentation de
l'épargne, et par conséquent de nouveaux investissements. Par
ailleurs, un autre
22 ROSENSTEIN-RODAN cité par MALAM Maman
NAFIOU, (2009), Impact de l'aide publique au développement sur la
croissance économique du Niger, Revue africaine de
l'Intégration.
23 NURSKE cité par MALAM Maman NAFIOU, Idem.
24 HIRSCHMAN cité par MALAM Maman NAFIOU,
Idem.
25 DOMAR, HARROD, (2004), «The Increasing
Selectivity of Foreign Aid, 1984-2002», Working Paper 3299, The World
Bank, Washington D.C.
15
apport théorique a été celui de HARROD et
DOMAR25. Pour ces auteurs, l'APD accroît l'investissement et
à la suite la croissance économique.
Dans leur analyse, lorsque l'épargne intérieure
est insuffisante, on est à mesure de déduire le montant
d'épargne étrangère nécessaire pour atteindre un
taux d'investissement compatible avec le taux de croissance
désiré. Le retard d'un pays s'explique par une insuffisance de
capital et le rattrapage est bien possible. Ces premiers travaux
considéraient la possibilité de rattrapage et acceptaient les
hypothèses d'analyse néoclassique, notamment l'hypothèse
de rendements décroissants du capital et un progrès technique
exogène.
En définitive, l'objectif assigné à l'APD
est d'accompagner les pays en voie de développement dans le financement
des investissements publics en l'occurrence les infrastructures. De ce point de
vu, l'APD complète une épargne locale qui du reste est
insuffisante pour soutenir l'effort d'équipement, base de la promotion
du développement.
I.2. Evolution de la notion d'Aide Publique au
Développement
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l'aide
s'efforce d'élever le niveau de vie et de réduire la
pauvreté dans les pays en développement. Mais l'idée qu'on
se faisait des différentes formes de contribution de l'aide pour la
réalisation de ces objectifs a varié considérablement.
Au cours des années 1950 et 1970, l'accès au
capital était considéré primordial pour l'investissement
et la croissance dans les pays pauvres. On ne considérait que
l'insuffisance de l'épargne, et la capacité d'importation de
biens d'équipement comme étant des principaux obstacles à
l'investissement. Il fallait donc réunir des capitaux internationaux
publics de préférence à des conditions hautement
favorables c'est-à-dire une aide extérieure. L'aide était
censée stimuler l'investissement et résoudre le problème
de développement. Ainsi, les besoins en
16
matière d'aide étaient estimés à
partir d'un taux de croissance ciblé, d'un coefficient marginal de
capital et des fonds dégagés de l'épargne nationale et
l'investissement international. Le manque de devises était
considéré comme une autre contrainte, de sorte que les besoins en
aide étaient aussi calculés au moyen des écarts de balance
des paiements. Ce type d'aide était appelé une aide-projet visant
à appuyer les plans d'investissement du pays bénéficiaire.
Dans la plupart des cas, le gouvernement du pays bénéficiaire
établissait un plan d'investissement puis, sur la base de ce plan, une
liste de projets, parmi lesquels les donateurs choisissaient ce qu'ils
souhaitaient financer. Il s'agissait de la plupart des cas de projets
clé en main ; l'aide finançait ainsi l'importance de biens
d'équipement et une assistance technique et administrative, qui
étaient complétées par la création d'emploi et une
production locale financée par les états destinataires. Donc
l'aide-projet consistait essentiellement à soutenir le financement des
projets.
Cependant, l'idée qu'on se faisait de l'aide a
changé de façon marquante au cours des années 80. Suite
à la flambée du prix du pétrole des années 70, un
nouveau consensus apparu, traduit dans les programmes d'ajustement structurel
inspirés par le FMI et la Banque Mondiale. Ce consensus faisait preuve
de l'inefficacité de l'aide par l'application de politiques
économiques erronée des pays bénéficiaires.
L'aide-projet est alors abandonnée au profit d'une stratégie,
visant à inciter les pays à mettre en oeuvre des réformes
économiques, appelée aide- programme. Dés lors, l'aide a
cessé d'être considérée comme un moyen de transferts
des ressources pour financer l'investissement mais plutôt elle est
devenue un moyen d'imposer des réformes. C'est ce qu'on a appelé
la conditionnalité c'est-à-dire l'obtention de l'aide a
été subordonnée à l'adoption de politiques
jugées appropriées. Ainsi, la conditionnalité visait
essentiellement à faire adopter les mesures de stabilisation de
libéralisation et de réglementation de l'économie des pays
bénéficiaires. C'est ainsi, qu'en Afrique l'aide est devenue une
incitation et une source de financement pour l'ajustement des taux de change,
l'abaissement des déficits budgétaires, la réforme des
politiques monétaires, la libéralisation du commerce, la
réduction des contrôles et des subventions des prix
26 HELLEINER P. (1975), «A Model of Public
Fiscal Behaviour in Developing Countries: Aid, Investment, and taxation»,
American Economic Review, 65-3.
17
et la résorption du rôle de l'Etat dans
l'économie. Cette nouvelle stratégie d'aide au
développement a suscité l'apparition d'une «
communauté des donateurs », en tant qu'entité ayant une voix
dominante dans le débat sur les politiques nationales des pays
bénéficiaires. Elle a permis donc aux donateurs d'exercer
collectivement une grande part sur les politiques des pays en
développement qui n'étaient plus face à une multitude de
partenaires, mais à un front uni de donateurs.
Au cours des années 1990, la notion de
développement a connu un autre virage. Des spécialistes du
développement ont commencé à se demander pourquoi
l'investissement et la croissance demeuraient faibles dans les pays en
développement, malgré l'appui de l'aide extérieure et
après même des réformes économiques. La
réponse qu'elles ont pu apporter à cette question tenait à
la qualité de la gouvernance. En effet, lorsque les institutions
publiques sont faibles, incomplètes ou corrompues, lorsque la gestion
publique manque de transparence et de prévisibilité, les
meilleures réformes et quelque soit le volume d'aide resteront
impuissantes à opérer une croissance quelconque. Dés lors
les donateurs se sont mis à repenser en profondeur de leur politique
d'aide au développement. Cette réflexion est inachevée,
mais il y a quand même espoir que cela déboucherait sur un nouveau
modèle d'aide. Par ailleurs, l'échec de plus en plus
évident des programmes d'ajustement dans les pays pauvres a d'abord
incité à repenser la conditionnalité. Cette remise en
question a été motivée surtout par les
préoccupations des praticiens de l'aide au développement
travaillant pour les agences de coopération de donateurs
bilatéraux, ou des organismes multilatéraux comme l'OCDE/CAD, le
PNUD et le département de l'évaluation des Opérations de
la Banque Mondiale. Le rapport de HELLEINER26 sur l'aide à la
république-unie de Tanzanie et son suivi et le projet conjoint OCDE/PNUD
concernant l'aide au Mali ont marqué le début d'une nouvelle
approche « officielle » de l'évaluation de l'efficacité
de l'aide, très différente de celle fondée sur le
modèle de la conditionnalité. Cependant l'ouvrage critique de la
Banque Mondiale intitulé Assessing Aid formule trois
thèses principales :
18
- L'aide est efficace si l'environnement institutionnel est
favorable.
- L'aide ne peut servir de carotte pour inciter les pays
bénéficiaires à appliquer de bonnes politiques.
- Les politiques appliquées par les pays
bénéficiaires ne semblent pas avoir beaucoup d'influence sur la
répartition de l'aide.
Ainsi, la Banque avait conclu qu'il serait possible
d'accroître l'efficacité de l'aide en la réservant aux pays
qui appliquent les bonnes politiques, et de convaincre les autres de
s'approprier ces bonnes politiques en leur donnant des conseils et en les
privant d'aide tant qu'ils ne font pas les bons choix. C'est ce qu'on a
appelé la conditionnalité à postériori ou
sélectivité.
L'aide aujourd'hui est l'un des principaux variables que les
gouvernements comptent de manière considérable pour
réaliser les objectifs du développement. Elle l'a
été toujours dans les pays en développement. Mais,
l'idée qu'on se faisait des différentes formes de contribution de
l'aide pour réaliser ces objectifs a largement évolué
depuis des décennies. C'est ainsi, de plus en plus, l'augmentation du
volume d'aide revient sur la discussion entre pays bénéficiaire
et donateurs. Pour la réalisation de ces objectifs il faut une
nécessaire maîtrise des systèmes d'allocation de l'aide. Si
bien que le débat sur l'efficacité de l'aide s'est
concentré sur son impact sur la croissance avant de tourner vers les
années 90 sur la réduction de la pauvreté.
I.3. Critiques de quelques auteurs sur l'APD
Plusieurs contributions vont accepter l'hypothèse de
rendement croissant du capital et d'un progrès technique
endogène. Elles conditionnent l'efficacité de l'aide à la
bonne gouvernance et aux institutions saines. Les pays aidés doivent
alors avoir de bonnes institutions pour que l'aide améliore le
bien-être de leurs populations. D'une manière
générale, les nouvelles approches insistent sur les
problèmes d'appropriation, de sélectivité, de la bonne
gouvernance
19
et de durabilité de l'aide, aussi bien à
l'échelle locale qu'au niveau des politiques nationales27.
I.4. Efficacité de l'Aide en termes de
réduction de la pauvreté
Longtemps le débat sur l'efficacité de l'aide
s'est toujours focalisé sur son impact sur la croissance. De plus en
plus la relation entre l'aide et la réduction de la pauvreté
revêt une grande importance.
Pour comprendre l'effet de l'aide sur la réduction de
la pauvreté, certains auteurs ont évoqué son impact sur la
croissance économique Selon eux, si l'aide contribue à la
croissance et que la croissance contribue à la réduction de la
pauvreté, alors l'aide permet de lutter contre la pauvreté.
Cependant, ce raisonnement repose sur l'hypothèse que l'aide n'a pas
d'effet direct sur la pauvreté et que son effet passe essentiellement
par la croissance. Cette approche est remise en cause par les résultats
d'un certain nombre d'études, qui soulignent un effet direct de l'aide
sur des indicateurs de développement humain, ou encore un effet indirect
qui passe par d'autres canaux que celui de la croissance.
Ainsi par exemple, BURNSIDE et DOLLAR28 analysent
l'effet de l'aide sur la baisse de la mortalité infantile, un indicateur
de bien-être des populations très fortement corrélé
aux niveaux de pauvreté et dont les données sont disponibles pour
de nombreux pays. Leur étude économétrique suggère
que dans un bon environnement de politiques économiques, l'aide permet
de réduire la mortalité infantile.
GOMANEET29et al. mettent en évidence une
influence positive de l'aide sur l'indicateur de développement humain et
sur la réduction de la mortalité infantile, effet qui passe par
le financement de dépenses publiques favorables aux plus pauvres. Il
faut toutefois rappeler que des résultats
27 SVENSSON, BURNSIDE et DOLLAR, KAUFMANN, Op cit.
28 BURNSIDE C.et D. DOLLAR, (2000),
«Aid, Policies and Growth », American Economic Review,
90(4), 847-68.
29 GOMANEET K., S. GIRMA, O. MORRISSEY (2003),
«Searching for Aid Thresholds Effects; Aid, Growth and the Welfare of
the Poor», CREDIT Working Paper, University of Nottingham
20
sensiblement différents ont été mis en
évidence par MOSLEY et al. Et BOONE30 ces auteurs
suggèrent au contraire que la contribution marginale de l'aide à
la réduction de la mortalité infantile est plus importante dans
un mauvais environnement de politiques économiques et leurs analyses
économétriques suggèrent l'absence d'effet de l'aide sur
la mortalité infantile. Enfin, KOSACK31 souligne que l'aide
n'a d'effet sur l'indicateur de développement humain que dans les
régimes démocratiques.
En définitive, l'on retient de ce qui
précède que les auteurs s'accordent dans une moindre mesure sur
l'impact positif de l'aide sur la réduction de la pauvreté,
même si cela n'est pas direct et exige qu'il y ait une bonne
gouvernance.
I.4.1. Aide et la géographie dans la lutte contre
la pauvreté
COLLIER et DOLLAR développent un modèle
d'allocation d'aide dont l'objectif est de maximiser la réduction de la
pauvreté. Leur modèle se fonde sur deux idées : (i) l'aide
a un effet positif sur la croissance dans les pays ayant mis en place de bonnes
politiques économiques ; et (ii) la croissance entraîne une
réduction de la pauvreté. Le coeur de leur analyse réside
alors dans l'idée suivante : « pour maximiser la réduction
de la pauvreté, l'aide devrait être allouée aux pays ayant
de graves problèmes de pauvreté et de bonnes politiques
économiques ».
L'allocation géographique de l'aide qui permet de
maximiser la réduction de la pauvreté est identifiée par
les auteurs en égalisant, pour tous les pays receveurs, le nombre de
personnes sortant de la pauvreté grâce à un dollar
supplémentaire d'aide. Pour procéder à cet exercice de
maximisation de la réduction de la pauvreté par l'allocation
d'aide, Collier et Dollar ont mesuré d'une part l'effet marginal de
l'aide sur la croissance et d'autre part l'effet de la croissance sur la
réduction de la pauvreté.
30 MOSLEY, P; HUDSON, J; HORREL, S. (1987),
Aid, the public sector and the market in less developed countries,
Economic Journal, vol. 97, pp.616-646 Notes et Documents N°6, Paris,
France, 157 pp
31 BOONE P. (1996), «Politics and the
Effectiveness of Foreign Aid», European Economic Review 40.
21
I.5. Efficacité de l'Aide en termes de croissance
économique
L'analyse de BURNSIDE et DOLLAR32 est au coeur du
débat sur l'efficacité de l'aide qui a animé la
communauté internationale dans les années 1990. Ainsi, cette
analyse marque un tournant dans l'étude de l'efficacité de
l'aide, puisqu'elle aborde la question des conditions macro-économiques
favorables à une plus grande efficacité ouvrant ainsi la voie
à un vaste champ de recherche, alors inexploré. Ensuite, la
recherche menée par ces auteurs a eu des implications politiques
très importantes, puisqu'elle fonde les recommandations exprimées
dans le rapport Assessing Aid33 publié par la Banque
mondiale en 1998. Elle est également une avancée majeure de la
réflexion menée par la Banque sur une allocation sélective
de l'aide fondée sur les performances et dont certains bailleurs de
fonds bilatéraux se sont inspirés pour élaborer leurs
stratégies d'aide au développement.
I.5.1. L'Analyse de Burnside et Dollar
Depuis le début des années 1990, l'aide
internationale était fortement en baisse et traversait une crise de
légitimité liée notamment à la fin de la guerre
froide et à la recrudescence des études critiques de son
efficacité. En effet, les conclusions pessimistes des analyses de
l'efficacité macro-économique de l'aide, combinées
à la mise en lumière des coûts sociaux et humains des
programmes d'ajustement structurels ont amené la Banque Mondiale
à relancer le débat sur l'efficacité de l'aide. C'est
justement suivant ce contexte que les travaux de Burnside et Dollar ont
été élaborés.
L'idée développée, par Burnside et Dollar
et repris dans le rapport Assessing Aid de la Banque Mondiale, est que
l'efficacité de l'aide en termes de croissance dépend de la
qualité des politiques économiques mises en oeuvre par les pays
en développement. Cette réflexion se fonde sur des travaux
économétriques
32 BURNSIDE C. and D. DOLLAR, (2004), «Aid,
Policies, and Growth: Revisiting the Evidence, Policy Research Paper
N°3251, and World Bank.
33 Assessing Aid, le rapport portant sur
l'appropriation, l'harmonisation, l'alignement, les résultats de l'APD
ainsi que les responsabilités des parties, Rapport publié en
2005.
22
dans lesquels les auteurs estiment des équations de
croissance incluant une variable aide et un terme d'aide en interaction avec un
indicateur de politique économique. Cependant, la qualité des
politiques macro-économiques est appréhendée par la
maîtrise de l'inflation, l'équilibre budgétaire et la mise
en oeuvre d'une politique d'ouverture commerciale.
La conclusion selon laquelle l'efficacité de l'aide
dépend de la qualité des politiques économiques
résulte alors de la mise en évidence, dans les estimations de
croissance, d'un effet significativement positif du terme croisé de
l'aide avec l'indicateur de politique économique.
La principale conclusion de l'analyse de Burnside et Dollar
est que si l'aide est plus efficace dans un bon environnement
macro-économique, elle devrait alors cibler les pays les plus pauvres et
ayant de bonnes politiques économiques. C'est ainsi, s'esquisse alors un
principe de sélectivité des pays receveurs dans la logique d'une
conditionnalité ex-ante fondée sur la qualité des
politiques économiques. Peut-être parce qu'elle avait de telles
implications politiques, l'analyse de Burnside et Dollar a fait l'objet de
nombreuses critiques dont l'hypothèse de sélectivité et
les conditionnalités.
I.5.2. La sélectivité de l'Aide
Selon le rapport Assessing Aid, l'hypothèse de
sélectivité de l'aide est justifiée par deux arguments
majeurs : l'aide est fongible et elle est sans effet sur la politique
économique. Le concept de fongibilité de l'aide fait
référence à la possibilité, pour le gouvernement
receveur, de réduire ses propres dépenses dans le secteur
ciblé par l'aide pour transférer ses fonds à d'autres
secteurs. Elle a donc pour conséquence un relâchement de la
contrainte budgétaire du pays receveur et l'aide s'ajoute simplement aux
ressources totales de l'Etat. Elle empêche ainsi les bailleurs de fonds
de cibler l'aide comme ils l'entendent.
23
L'analyse économétrique menée par
FEYZIOGLU, SWAROOP et Zhu34 aborde la question suivant trois
dimensions. Tout d'abord, les auteurs tentent de déterminer si l'aide
augmente les dépenses du gouvernement ou permet au contraire au pays de
réduire les taxes ou le déficit public. Sur un échantillon
de 38 pays, les résultats de l'étude montrent qu'un dollar d'aide
n'augmente les dépenses du gouvernement que de 33%, suggérant un
degré élevé de fongibilité. Ensuite, les auteurs
examinent si l'aide finance les dépenses d'investissement ou de
consommation. Des estimations sur l'échantillon restreint de 14 pays en
développement mettent en évidence que seul 29% d'un dollar d'aide
sont dirigés vers des dépenses d'investissement, le reste allant
à la consommation du gouvernement. Enfin, FEYZIOGLU et al analysent si
l'aide finance effectivement le secteur ciblé par le pays donneur. Sur
leur échantillon de 14 pays, il semble que l'aide aux secteurs des
transports et des communications ne soit pas fongible, tandis que le
résultat opposé apparaît pour l'éducation,
l'agriculture et l'énergie.
Cette étude a toutefois fait l'objet de nombreuses
critiques le pouvoir explicatif de leur modèle
économétrique est très faible et le caractère
significatif des coefficients est discutable. De plus, les analyses
transversales de la fongibilité ne laissent pas transparaître les
fortes différences existant au sein des pays en développement.
Par ailleurs, Pack et Pack35 soulignent l'importance des
caractéristiques des systèmes budgétaires de chaque pays
en montrant que l'aide est fongible dans le cas de la République
dominicaine, mais pas dans celui de l'Indonésie.
Cependant les fondements des modèles de réponses
fiscales ont été étudiés par MCGILLIVRAY et
MORRISSEY36. Ces modèles examinent les mécanismes par
lesquels l'aide peut engendrer des comportements du gouvernement qui sapent
l'effet même de l'aide sur la croissance. Ils ont donné lieu
à des applications économétriques qui suggèrent en
général une certaine
34 FEYZIOGLU T., V. SWAROOP et M. Zhu (1998),
«A Panel Data Analysis of the Fungibility of Foreign Aid»,
World Bank Economic Review 12(1)
35 MCGILLIVRAY M. et O. MORRISSEY (2000),
«Aid Fungibility in Assessing Aid: Red Herring or True Concern?
», Journal of International Development 12.
36 MCGILLIVRAY M. et O. MORRISSEY, Idem.
24
proportion de fongibilité dans les flux d'aide, mais
dont l'ampleur varie. Par exemple, les estimations de FRANCO-RODRIGUEZ,
MORRISSEY et MCGILLIVRAY37 mettent en évidence dans le cas du
Pakistan, sur la période 1965-1995, que la moitié de l'aide a un
impact sur la consommation du gouvernement et qu'elle a eu un effet faible mais
positif sur l'investissement public et un impact négatif sur l'effort de
taxation.
Enfin, de nombreuses critiques soulignent que la
fongibilité ne constitue pas un problème. Selon HJERTHOLM,
LAURSEN et WHITE38, si le pays receveur possède une plus
grande connaissance de la façon à maximiser l'impact de l'aide,
la fongibilité est susceptible d'être en fait un facteur positif
pour la croissance sous l'hypothèse que le pays receveur poursuit des
objectifs de croissance et de développement efficace. Ainsi, la question
de l'influence positive ou négative de la fongibilité
dépend des caractéristiques propres de chaque pays et des
interactions entre les objectifs des pays donneurs et receveurs.
I.6. L'impact de l'Aide sur les réformes
politiques
Le deuxième argument développé pour
justifier l'idée d'une sélectivité plus grande des pays
receveurs en fonction de leurs politiques économiques est que l'aide n'a
pas d'effet sur la qualité de ces politiques. Plusieurs arguments
théoriques ont été avancés concernant l'effet de
l'aide sur les réformes de politique. Tout d'abord, SACHS, LAFAY et
Morrison, ALESINA et DRAZEN, NELSON, WATERBURY, AMPROU et DURET ont
développé l'idée selon laquelle l'aide peut permettre
à un gouvernement de lancer les réformes en compensant leurs
coûts d'ajustement, notamment si ces coûts sont supportés
par un segment particulier de la population39.
37 FRANCO-RODRIGUEZ S., O. MORRISSEY et M.
MCGILLIVRAY (1998), «Aid and the Public Sector in Pakistan: Evidence
with Endogenous Aid», World Development 26(7).
38 HADJIMICHAEL M.T., D. GHURA, M.
MUHLEISEN, R. NORD et E.M. UÇER (1995), » SubSaharan Africa:
Growth, Savings, and Investment, 1986-1993», Occasional
Paper 118, International Monetary Fund, Washington D.C.
39 AMPROU J. et E. DURET et al. (2000),
«Réformes, Groupes d'Intérêt et Dépendance
à l'Aide: Théorie et Estimation Econométrique»,
in Survivre grâce à l'Aide, Réussir malgré
l'Aide, Cahier des Sciences Humaines No.13, Autrepart, IRD.
40 RODRIK et BERG (1961),» International
Aid for Underdeveloped Countries», Review of Economics and Statistics
43(2).
25
En effet, les mesures de stabilisation et d'ajustement
imposent des coûts immédiats, souvent concentrés sur des
catégories de la population facilement identifiables et mobilisables,
tandis que les bénéfices attendus de ces mesures sont
différés, incertains et diffus.
A l'opposé, selon RODRIK et BERG40, les
ressources extérieures réduisent à la fois le coût
des réformes et le coût de l'inertie c'est-à-dire le
coût d'éviter les réformes. Pour la Banque mondiale, l'aide
n'a pas été l'élément principal des réformes
économiques. Les raisons de cet échec sont les dysfonctionnements
dont souffre l'instrument permettant à l'aide d'influencer les
orientations de politiques économiques à savoir la
conditionnalité attachée aux déboursements. Ce diagnostic
est largement partagé par l'ensemble des bailleurs mais les
stratégies pour y remédier diffèrent. Ainsi, la Commission
européenne vise une réforme de la conditionnalité,
consistant à prendre en compte des indicateurs de résultats.
Tandis que la Banque Mondiale, elle, propose une sélectivité
ex-ante des pays receveurs basée sur la qualité des politiques
économiques comme indicateur instrument.
Cependant, les deux points suivants développent
l'argument que l'aide n'a pas d'effet sur les réformes. Cet argument est
analysé à travers les dysfonctionnements des
conditionnalités et les analyses empiriques sur l'inefficacité de
l'aide en matière de promotion des réformes.
I.6.1. Les conditionnalités
La conditionnalité consiste en l'accord de financement
en contrepartie des réformes. Les bailleurs de fonds deviennent en
quelque sorte des « conseillers-payeurs ». Malgré deux
décennies de leur mise en oeuvre, les conditionnalités restent
toujours un instrument peu performant pour promouvoir
26
les réformes économiques. En effet,
d'après GUILLAUMONT41, les difficultés d'application
de ces conditionnalités et les objectifs souvent contradictoires
(débourser rapidement l'aide accordée et conditionner ces
déboursements à des réformes destinées à
favoriser durablement la croissance économique) ont contribué
à pervertir le système.
Pour Collier, deux éléments principaux sont
à la base de ces dysfonctionnements : la politique du gouvernement
déterminée par les forces politiques intérieures et la
formulation des conditionnalités n'est pas appropriée.
D'après WILLIAMSON, WATERBURY, STILES et HAGGARD, LAFAY
et MORRISON, les choix des politiques économiques sont dictés par
l'orientation doctrinale des responsables politiques et le comportement des
groupes d'intérêt, notamment leur opposition à
l'égard de mesures susceptibles de réduire les rentes de
situation. Ainsi, lors de la conception des politiques faisant l'objet de
conditionnalités, ces deux éléments représentent
des obstacles à la réforme et provoquent un manque
d'intériorisation des programmes soutenus par l'aide extérieure.
Alors que le principe même de l'aide à l'ajustement impliquait un
engagement des pays à mettre en oeuvre des réformes, il est
fréquemment apparu que les conditions de politique économique
étaient acceptées sans conviction, en raison de l'urgence
d'obtenir un financement42.
Suivant cette perspective, l'engagement formel à
opérer des réformes est devenu le prix à payer pour
obtenir de l'argent. Ainsi, la réforme est perçue comme un
coût et non comme un avantage. Face à la réticence des
pays, à la lenteur des réformes qui en a résulté et
à l'échec de nombreux programmes, la confiance des bailleurs de
fonds a largement baissé. Ceux-ci, devenus acheteurs de programmes, ont
alors été conduits à formuler des conditions de plus en
plus particulières et à s'impliquer davantage dans les
réformes pour en garantir la mise
41 GUILLAUMONT P (1995), « Propositions
pour un Nouveau Type de Conditionnalité », CERDI
Université d'Auvergne, Note établie à la demande la
Commission européenne, Direction Générale du
Développement, Bruxelles, p.115
42 WILLAMSON J. et al. (1994), The Political
Economy of Policy Reform, Institute for International Economics,
Washington D.C.
27
en oeuvre. Les programmes sont ainsi devenus l'affaire des
bailleurs de fonds, plus que celle des Etats receveurs.
Les études économétriques
suggèrent que le succès des programmes de réformes
dépend principalement des caractéristiques institutionnelles et
politiques des pays receveurs, les variables sous le contrôle de la
Banque mondiale n'étant, quant à elles, pas significatives.
Le deuxième élément susceptible de
provoquer des dysfonctionnements de l'aide est la formulation des
conditionnalités. La plupart des accords de financement comportent
plusieurs conditionnalités liées à différents
aspects d'une même réforme et correspondant au décaissement
de différentes tranches. La propension à n'appliquer que
partiellement les réformes convenues a été parfois
renforcée par la modération des sanctions effectives,
c'est-à-dire par la poursuite des versements lorsque les conditions
prévues n'étaient pas vraiment remplies. Ainsi, les performances
des agences d'aide au développement sont le plus souvent mesurées
en fonction des taux de décaissement des volumes financiers
engagés. Selon cette logique bureaucratique de succès, les
institutions financières ont considéré les
conditionnalités comme alors un moyen de pression qu'elles ne
l'étaient pas.
Il apparaît donc que la conditionnalité
macro-économique, qui est aujourd'hui l'instrument principal permettant
aux bailleurs de fonds de promouvoir ou d' « acheter » les
réformes de politique économique dans les pays receveurs, souffre
de nombreux dysfonctionnements. Ces derniers constituent l'un des
éléments à l'origine des performances largement
discutées de l'aide en matière de promotion des
réformes.
43 RAVALLION M., S. CHEN et al. (1997),
«What Can New Survey Data Tell Us About Recent Changes in Distribution and
Poverty? », World Bank Economic, Review 11 (2).
28
1.7. Controverses sur l'efficacité de l'aide
Au vu de la littérature sur l'aide, les points de vue
des uns et des autres conduisent à affirmer que l'efficacité de
l'aide est fonction de l'environnement dans lequel elle est appliquée.
Autrement dit l'aide atteint ses objectifs précomptés si
certaines conditions sont réunies. Ainsi, d'aucuns soulèveront la
question de la gouvernance et la gestion des institutions comme
préalable à l'efficacité de l'APD. D'autres auteurs
s'attardent sur le volume de l'aide qui doit être consistant pour voir
son effet substantiel sur la croissance. Un troisième groupe
d'économistes a pu remarquer l'apport de l'aide dans les zones de grave
pauvreté. C'est ainsi que RAVALLION et CHEN, DOLLAR et KRAAY
résument en ces termes : « Pour maximiser la réduction de la
pauvreté, l'aide devrait être allouée aux pays ayant de
graves problèmes de pauvreté et de bonnes politiques
économiques »43.
1.8. L'APD : Quelles orientations en faveur des PMA ?
Il est difficile d'évaluer exactement l'effet de l'aide
publique au développement sur l'amélioration de la situation dans
les pays aidés. Les pays les moins avancés (PMA) ne disposent
souvent pas des instruments statistiques permettant d'obtenir des indicateurs
satisfaisants. Certains spécialistes remettent en cause l'aide publique
au développement sous sa forme actuelle.
L'adoption des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) au début des années 2000, a
incité les bailleurs de fonds à réhabiliter l'APD comme
outil de développement à condition que celle-ci soit plus
efficace. Les Nations unies estiment que le montant de l'APD devrait doubler en
2009 afin de remplir les huit Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD). Les pays développés devraient
consacrer 0,7 % de leur revenu national brut à l'aide publique au
développement en 2009.
29
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) insistent sur
l'importance de l'aide publique au développement et militent pour le
respect des recommandations onusiennes. Elles soulignent toutefois qu'une
partie importante de cette aide n'a pas de portée effective : les
annulations de dette, par exemple, gonflent les chiffres de l'APD.
L'économiste hongrois Peter Thomas BAUER44 a
également émis un critique ardent du principe de l'aide publique
au développement. Il estime qu'il était abusif d'appeler aide au
développement les flux de capitaux transférés du Nord vers
le Sud à ce titre, alors qu'il s'agit selon lui d'une entrave au
développement qui tend à maintenir les pays
sous-développés dans leur condition.
William EASTERLY45, professeur à
l'Université de New York et ancien collaborateur de la Banque Mondiale,
estime que la plus grande partie des aides apportées depuis cinquante
ans ont été inefficaces. L'une des raisons serait le manque de
contrôle sur les personnes chargées de gérer cette aide.
La richesse de la littérature sur l'APD, conforte tout
un chacun sur non seulement l'importance de la question de l'aide, mais aussi
la complexité de l'analyse de son effet sur la croissance ou la
pauvreté. Les arguments sur la
capacité de l'aide vont difficilement dans le
même sens. Les pays développés devraient consacrer 0,7 %
de leur revenu national brut à l'aide publique au
développement
Pour répondre à ce qui parait comme un handicap
à l'action de l'APD, une nouvelle orientation est donnée lors de
la déclaration de Paris.
44 BAUER, P. Op cit.
45 EASTERLY, W., Op cit.
30
I.9. Déclaration de Paris sur l'efficacité de
l'aide publique au développement46
La déclaration de Paris en 2005, peut être vue
comme une prise de conscience des bailleurs de fonds de «
l'inefficacité », ou du moins du faible impact de l'APD dans les
pays en voie de développement. C'est aussi la manifestation de la
volonté des bailleurs d'être plus regardants dans l'octroi de
l'aide, mais aussi et surtout une responsabilisation des
bénéficiaires de l'APD. Il est question dorénavant de
traiter les bénéficiaires de l'APD comme des « partenaires
», d'où la nouvelle appellation des bailleurs de fonds
désormais par le terme « partenaires techniques et financiers
».
La Déclaration de Paris comprend cinq principes autour
desquels sont articulés les engagements pris conjointement par les
donateurs et les pays partenaires en matière d'efficacité de
l'aide
Dans le cadre de ces principes, la Déclaration de Paris
prévoit dans son paragraphe 38 que les pays partenaires s'engagent
à progresser dans la mise en place d'institutions et de structures de
gouvernance propres à assurer une bonne gestion des affaires publiques
et à garantir à leur population protection,
sécurité et accès équitable aux services sociaux.
Cette déclaration est venue pour répondre à certaines
critiques portant sur l'APD. Ces critiques sont parmi tant d'autres, il y a
l'absence de responsabilisation des bénéficiaires et le manque de
concertation entre les différents bailleurs pour un meilleur ciblage des
projets à soutenir dans les pays bénéficiaires.
46 Déclaration de Paris portant sur le
doublement des efforts pour accroitre l'efficacité de l'aide publique au
développement.
31
I.10. Formes d'aide publique au développement
Selon le nombre de partenaires concernés, on distingue
l'aide multilatérale et celle bilatérale47. L'aide
multilatérale est celle qui est accordée par un groupe d'Etats ou
plus généralement par une organisation internationale. Tandis
que, l'aide bilatérale est accordée par un Etat à un autre
Etat. Ce type d'aide est assorti ou non de conditions. On parle d'aide
bilatérale liée ou non liée. Elle est non liée
lorsque l'aide fournie par un Etat donateur est sans condition d'utilisation en
retour. On parle également d'aide désintéressée.
Alors que, l'aide bilatérale est dite liée si le pays donateur
soumet l'octroi de l'aide à des conditions préalables, telle
l'obligation de lui acheter en retour.
L'aide peut toutefois se présenter sous d'autres formes
: attribution de bourses d'études, envoi de techniciens dans le cadre
d'une coopération technique bilatérale ou multilatérale,
aide hors projet par l'assistance technique. L'assistance technique se
présente sous forme de coopération technique autonome, la
coopération technique liée à des projets d'investissement,
aide aux programmes/aide budgétaire ou appui à la balance des
paiements, aide alimentaire et assistance et secours d'urgence.
La coopération technique autonome se présente
comme la fourniture de ressources visant à assurer le transfert de
compétences et de connaissances techniques et administratives ou de
technologie afin de renforcer la capacité nationale à entendre
des activités de développement, sans que ces ressources soient
liées à l'exécution de tel ou tel projet
d'investissement48. La coopération technique comprend les
activités de pré-investissement telles que les études de
faisabilité, lorsque l'investissement lui-même n'a pas encore
été approuvé ou le financement obtenu.
47 ZOUNGRANA SALIFOU (2007), L'agriculture de
contre-saison : une alternative pour la réduction de la pauvreté
des ménages ruraux au Burkina, Masteur2 en Macroéconomie,
Université de Faso, Inédit.
48 Revue de la coopération entre le
Sénégal et la Banque Africaine de Développement en 2003
32
Les projets d'investissement quant à eux se
présentent comme le financement en espèces et en nature, des
projets d'équipement précis, par exemple des projets
créateurs de capital productif susceptibles de produire de nouveaux
biens et services. Aussi, appelée assistance financière, la
catégorie des projets d'investissement peut comporter un
élément de coopération technique. Tandis que l'aide aux
programmes/ aide budgétaire ou appui à la balance des paiements
correspond à l'assistance qui s'inscrit dans le cadre des objectifs plus
larges de développement macro-économiques et/ou qui est fournie
dans le but d'améliorer la balance des paiements du pays
bénéficiaire et de mettre à sa disposition des devises.
Cette catégorie comprend l'assistance en nature pour les apports de
produits de base autres qu'alimentaires et les dons et prêts financiers
permettant de payer ces apports. Elle comprend aussi les ressources
correspondant aux annulations de dette publique.
En outre, l'aide alimentaire se présente sous forme de
fourniture de vivres pour l'alimentation des hommes à des fins de
développement, y compris les dons et prêts pour l'achat de vivres.
Les dépenses comme le transport, le stockage, la distribution...
figurent dans cette rubrique, ainsi que les articles apparentés fournis
par les donateurs, la nourriture pour animaux et les intrants agricoles, par
exemple, pour les cultures vivrières lorsque ces apports font partie
d'un programme alimentaire.
Cependant, l'assistance et secours d'urgence sont la
fourniture de ressources visant à alléger immédiatement
des situations de détresse et à améliorer le
bien-être des populations touchées par des catastrophes
naturelles. L'aide alimentaire à des fins humanitaires et dans les
situations d'urgence fait partie de cette rubrique. L'assistance et les secours
d'urgence ne sont généralement pas liés aux efforts de
développement du pays et ne visent pas à accroître les
moyens d'action de ce dernier. Ils ne relèvent donc pas de la
coopération pour le développement. Par ailleurs, l'aide a pour
principaux objectifs :
33
- Surmonter les obstacles financiers qui maintiennent les pays
en développement dans une situation de dépendance.
- Répandre les bienfaits de l'intégration au niveau
mondial.
- Renforcer le partage de la prospérité.
- Réduire de manière considérable la
pauvreté de masse et l'inégalité qui menacent de plus en
plus la sécurité collective de la communauté
internationale.
I.11. Les principaux pays donateurs de l'APD49
Les principaux donateurs de l'APD en Afrique et plus
généralement dans les pays en développement sont notamment
les pays industrialisés du G20. Dans le cadre de cette étude,
nous citons, à titre illustratif les pays suivants :
1. La France
Occupant la troisième place dans le classement
mondial, la France participe à grande échelle dans les
financements des projets socioéconomiques des pays en voie de
développement.
2. L'Allemagne
Avec une APD nette de 7.5 milliards USD en 2012, l'Allemagne
se classe au cinquième rang des donneurs en volume, derrière les
États-Unis, le Japon, la France et le Royaume-Uni. En 2012, l'Allemagne
a ainsi consacré à l'APD 0.28 % de son RNB. Ce chiffre est
supérieur aux 0.26 % de la moyenne du CAD mais inférieur aux 0.42
% de l'effort moyen par pays du CAD
3. Les Etats Unis
Classé au premier rang des principaux
pays donateurs de l'APD. Les Etats Unis financent des projets
d'infrastructures et de services sociaux de base dans la majorité des
pays en développement et des pays de l'Europe.
49
www.cairn.info/revue-de-l-ocde-sur-le-developpement-2012-2-page-37.htm
34
4. Japon
Le Japon occupe la deuxième place dans le classement
mondial des pays donateurs de l'APD.
5. Le Royaume Uni
Avec ses institutions spécialisées, le Royaume
Uni accordent de l'APD aux pays en voie de développement. Il occupe le
quatrième place dans le classement mondial.
I.12. Les canaux de distribution de l'APD50
Les canaux de distribution de l'APD désignent
l'ensemble d'agences, d'institutions et organismes qui facilitent la collecte,
la distribution, l'acheminement et éventuellement le suivi des
ressources extérieures. Il existe en effet plusieurs agences au niveau
national, régional et international qui se charge de la distribution de
l'APD. Parmi ces agences, nous citons :
1. Comité d'Aide au Développement (CAD)
Le Comité d'aide au développement a
été crée au sein de l'OCDE par résolution
ministérielle le 23 juillet 1961. Un forum international unique, le CAD
réunit des quelques plus grands fournisseurs de l'aide, y inclus ses 28
membres. La Banque mondiale, le Fonds Monétaire International et le
Programme des Nations Unies pour le développement sont des
observateurs.
Son mandat est de promouvoir des politiques, de
coopération pour le développement et autres, qui contribuent
à l'instauration d'un développement durable, y compris à
une croissance économique pro-pauvre, à la lutte contre la
pauvreté et à l'amélioration du niveau de vie dans les
pays en développement, ainsi qu'à un avenir où plus aucun
pays ne sera tributaire de l'aide.
50www.cairn.info/revue-de-l-ocde-sur-le-developpement-2012-222-page-315.htm
35
2. Agence américaine pour le développement
international (USAID)
L'Agence américaine pour le développement
international (USAID) est l'agence principalement responsable de la gestion de
l'aide étrangère civile. USAID cherche à « tendre une
main secourable à ceux à l'étranger qui luttent pour une
vie meilleure, se remettre d'une catastrophe ou en s'efforçant de vivre
dans une société libre et démocratique». Il
fonctionne en Afrique , Asie , Amérique latine et l'Europe.
3. Fonds Monétaire International (FMI)
Le Fonds monétaire international (FMI) est une
institution internationale regroupant 188 pays, dont le rôle est de
« promouvoir la coopération monétaire internationale, de
garantir la stabilité financière, de faciliter les
échanges internationaux, de contribuer à un niveau
élevé d'emploi, à la stabilité économique et
de faire reculer la pauvreté ».
L'institution a été créée en 1944
et devait à l'origine garantir la stabilité du système
monétaire international, dont l'écroulement après le krach
de 1929 avait eu des effets catastrophiques sur l'économie mondiale.
Après 1976 et la disparition d'un système de change fixe, le FMI
a hérité d'un nouveau rôle face aux problèmes
d'endettement des pays en développement et à certaines crises
financières.
4. Banque mondiale
La Banque mondiale (parfois abrégée BM) regroupe
5 institutions internationales : la Banque internationale pour la
reconstruction et le développement (BIRD), l'Association internationale
de développement (AID, ou IDA), créées pour lutter contre
la pauvreté en apportant des aides, des financements et des conseils aux
États en difficulté, la Société Financière
Internationale (IFC), l'Agence Multilatérale de Garantie des
Investissements (MIGA) et le Centre International pour le Règlement des
Différends Relatifs aux investissements (CIRDI).
36
Son siège est à Washington. Le président
est élu pour cinq ans par le Conseil des Administrateurs de la Banque.
Elle fait partie des institutions spécialisées du système
de l'Organisation des Nations unies (ONU).
Elle fut créée le 27 décembre 1945 sous
le nom de Banque internationale pour la reconstruction et le
développement après signature de l'accord Bretton Woods du 1er au
22 juillet 1944. Le 9 mai 1947, elle approuva son premier prêt, qui fut
accordé à la France pour un montant de 250 millions de dollars
(en valeur actualisée, il s'agit du plus gros prêt consenti par la
Banque).
La Banque mondiale a été créée
principalement pour aider l'Europe et le Japon dans leur reconstruction, au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais avec le mouvement de
décolonisation des années 1960, elle se fixa un objectif
supplémentaire, celui d'encourager la croissance économique des
pays en voie de développement africains, asiatiques et
latino-américains.
Au départ, la Banque mondiale a principalement
financé de grands projets d'infrastructures (centrales
électriques, autoroutes, aéroports, etc.). Avec le rattrapage
économique du Japon et de l'Europe, la Banque mondiale s'est
intéressée exclusivement aux pays en développement. Depuis
les années 1990, elle finance aussi les pays postcommunistes.
37
Chapitre Deux : FONDEMENTS THEORIQUES SUR LA
CROISSANCE ECONOMIQUE
La notion de croissance est un phénomène
récent et ses instruments de mesure ont connu aussi une longue histoire
et continuent d'alimenter les débats sur leurs efficacités et
leurs pertinences. On se propose dans ce chapitre de faire ressortir les
grandes notions théoriques de la croissance, des instruments de mesure
de la richesse nationale ainsi que les déterminants.
Section I : La croissance économique
I.1. Définition
La croissance vient du mot latin crescere, qui signifie,
croître, grandir. En économie, la croissance désigne
l'évolution annuelle, exprimée en pourcentage, du P.I.B (Produit
intérieur brut) ou du P.N.B. (Produit national brut)51. Pour
éviter le problème dû à l'augmentation des prix, la
croissance est calculée en "monnaie constante" (hors inflation), le
P.I.B. étant corrigé de l'augmentation de l'indice des prix. Ceci
permet de calculer une croissance en volume.
La formule de calcul, dans le cas du PIB de l'année
"n", est la
suivante.
Taux de Croissance = [PIB (n) -
PIB (n-1)] / PIB (n-1) On distingue
généralement52 :
- La croissance extensive qui correspond a une augmentation
des quantités de facteurs de production (culture de nouvelles terres,
ouverture de nouvelles usines). La croissance extensive génère
des créations d'emplois.
51 AZAM J.P., J.C. BERTHELEMY et S. CALIPEL,
(1996), « Croissance et démocratie », Revue
Economique, vol. 3, n°47, pp. 819-829
52 BERTHELEMY J.C., (1995), Quel avenir pour
l'économie africaine, Centre de Développement, Tunis,
p.110
38
- La croissance intensive : augmentation, par des gains de
productivité, de la production à volume de facteurs de production
identiques, notamment sans création d'emplois supplémentaires.
Si la croissance économique est une augmentation de la
production sur le long terme, une croissance du PIB n'implique pas
nécessairement une élévation du niveau de vie. En effet,
si la croissance démographique est plus rapide que la croissance du PIB,
le PIB par habitant diminue. En outre, certaines activités ne sont pas
prises en compte dans son calcul que nous allons voir plus loin dans les
limites du PIB.
D'une manière plus générale, la
croissance correspond, pour une nation, à une augmentation soutenue et
durable pendant une période suffisamment longue de la production de
biens et de services appréhendée par des indicateurs comme le PIB
ou le PNB53. Cependant, n'étant qu'une mesure quantitative
d'un agrégat économique, la croissance n'est qu'une des
composantes du développement qui est une notion plus abstraite et
qualitative. Il peut donc y avoir croissance sans développement et
inversement du développement sans croissance.
Au sens strict, la croissance décrit un processus
d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc
pas directement à l'ensemble des mutations économiques et
sociales propres à une économie en expansion. Ces transformations
au sens large sont, conventionnellement, désignées par le terme
de développement économique54.
La croissance est donc un processus fondamental des
économies contemporaines. Elle transforme la vie des individus en leur
procurant davantage de biens et services. À long terme, le niveau de vie
des individus dépend ainsi uniquement de cette croissance. De
même, l'enrichissement qui résulte de la
53 NORO M., (1998), Economies Africaines : analyse
économique de l'Afrique subsaharienne, De Boeck, Bruxelles.
Problèmes Economique Revue n°119, pp.80-90
54 http://faostat.fao.org/. (Indicateurs du
développement dans le monde, disponible sur,
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/DATASTATISTICS).
39
croissance économique permet seul (mais pas
nécessairement) de supprimer la misère matérielle.
I.2. La Mesure de la croissance économique
La croissance économique est généralement
mesurée par l'utilisation d'indicateurs économiques dont le plus
couramment utilisé est le Produit intérieur but (PIB). Il mesure
la somme des valeurs ajoutées des entreprises du pays, auquel on ajoute
le solde de la balance extérieure. Il offre donc une certaine mesure
quantitative du volume de la production. Afin d'effectuer des comparaisons
internationales, on utilise également la parité du pouvoir
d'achat, qui permet de mesurer le pouvoir d'achat dans une même monnaie.
Pour comparer la situation d'un pays à des époques
différentes on peut également raisonner à monnaie
constante55.
Il fait l'objet de plusieurs critiques : il ne mesure ainsi
pas, ou mal, l'économie informelle. D'autre part, s'il prend en compte
la production des services publics gratuits, il ne mesure pas l'activité
de production domestique (ménage, potagers, etc.). Selon la boutade
d'Alfred SAUVY56, il suffit de se marier avec sa cuisinière
pour faire baisser le PIB. Enfin, il ne prend en compte que les valeurs
ajoutées, et non la richesse possédée, par un pays. Une
catastrophe naturelle, qui détruit de la richesse, va pourtant
contribuer au PIB à travers l'activité de reconstruction qu'elle
va générer. Cette contribution ne reflète pas la
destruction antérieure, ni le coût du financement de la
reconstruction mais tous cela nous allons le développer dans la partie
Limites du PIB.
L'utilisation de la valeur ajoutée permet
d'éviter que la même production ne soit prise en compte plus d'une
fois, puisque dans son calcul on retire la valeur des biens consommés
pour la production. Le PIB se distingue du
55 AFROBAROMETER, (2002), Afro-barometer Briefing
Paper n°1, «Key findings about public opinion in Africa»,
(www;
afrobarometer.org).
56 Foster A.D. et Rosenzweig M.R. (2003),
« Agriculture et Développement, », consulté
sur
http://www.aae.wisc.edu/www/events/papers/rosenzweig.pdf.
40
Produit national qui, lui, prend en compte la
nationalité des entreprises, et non leur lieu d'implantation.
Le PIB est composé de deux parties. La première
partie est la valeur marchande de tous les biens et services qui se vendent
dans un pays pendant une année pour être précis, il
faudrait dire : la valeur ajoutée marchande. On ajoute ensuite à
cette valeur marchande une seconde partie, qui est le coût de production
des services non marchands des administrations publiques : l'enseignement
public, les services de l'Etat et des collectivités locales, etc. La
création de richesse économique ainsi mesurée, c'est
à dire le PIB, est donc, point essentiel, un flux de richesse purement
marchande et monétaire.
Cette façon de mesurer la richesse nationale a en effet
trois conséquences majeures57 :
- Tout ce qui peut se vendre et qui a une valeur
ajoutée monétaire va gonfler le PIB et la croissance,
indépendamment du fait que cela ajoute ou non au bien être
individuel et collectif, de nombreuses activités et ressources qui
contribuent au bien-être ne sont pas comptés, simplement parce
qu'elles ne sont pas marchandes ou qu'elles n'ont pas de coût de
production monétaire direct ;
- La croissance (PIB) ne prendra pas en compte les outputs,
c'est-à-dire des quantités produites. Indifférente aux
Outcomes (les résultats en termes de satisfaction et de bien-être
de la consommation de ces biens), qui sont plus importants pour évaluer
le progrès, cette mesure indique le « beaucoup avoir » et le
« beaucoup produire » d'une société, et non son bien
-être ;
- La mesure de la croissance par le PIB est aussi
indifférente à la répartition des richesses
comptabilisées, aux inégalités, à la
pauvreté, à la sécurité économique, etc.,
qui sont pourtant presque unanimement considérées comme des
dimensions du bien-être à l'échelle d'une
société.
57
www.oecd.org/dataoecd/38/48/30751318.pdfv
41
La croissance du PIB est considérée comme
l'indicateur par excellence de la performance et de la santé
économique d'un pays. Le ratio PIB par habitant mesure, quant à
lui, le niveau de vie58. En effet, comme le total des valeurs
ajoutées est égal à la somme de l'ensemble des revenus, le
PIB par habitant est aussi égal au revenu par habitant.
I.3. Les limites du PIB :
Le Produit intérieur brut (PIB) mesure la production
totale de biens et services d'un pays pendant une période donnée.
Sa croissance est considérée comme une mesure de la santé
économique d'un pays.
Cependant, que ce soit par son évolution ou par son
ratio par habitant, le Produit intérieur brut n'est qu'une mesure
globale, une moyenne. Il ne permet d'appréhender ni les
inégalités sociales ni leur évolution. On peut très
bien avoir un PIB moyen qui augmente alors que les revenus (qu'il est
censé mesurer) diminuent pour une majorité de la population et
augmentent fortement pour une minorité, ce qui renforce les
inégalités.
Le calcul du PIB s'appuie sur la comptabilité
nationale, donc sur ce qui est déclaré à l'Etat. Pour
rentrer plus en profondeurs et montrer les insuffisances du PIB dans la mesure
de la croissance économique d'un pays, examinons les exemples suivants
:
- Une société où il y a beaucoup
d'accidents de la route, qui vont exiger des soins médicaux, des
réparations de véhicules, des services d'urgence, etc., aura
tendance, toutes choses égales par ailleurs, à avoir un PIB plus
gros qu'une société où les gens conduisent prudemment.
Plus précisément, elle aura tendance à orienter une plus
grande partie de ses ressources économiques et de ses activités
vers la réparation des dégâts, sans progression globale du
bien-être, plutôt que vers la production de bien-être
supplémentaire ;
58 MAROUANI M. (2003), Croissance Pro-pauvre au
Mali, disponible sur
www.gtz.de/de/dokumente
42
- La destruction organisée de la forêt
amazonienne est une activité qui fait progresser le PIB mondial. Nulle
part, on ne compte la perte du patrimoine naturel qui en résulte, ni ses
conséquences diverses sur le climat, la biodiversité, le long
terme et les besoins des générations futures. Le PIB ne compte
pas les pertes de patrimoine naturel, mais il compte positivement sa
destruction organisée.
- De même, une entreprise qui pollue une rivière
pour assurer sa propre croissance économique et contribuer ainsi au PIB
occasionne des dégâts qui réduisent le bien-être de
certaines personnes. Or ces dégâts ne sont pas
considérés en tant que tels dans les comptés de la
richesse économique.
Premier exemple Si, pour atteindre des taux de croissance
élevés, on contraint ou on incite les gens à travailler de
plus en plus, et à avoir moins de loisirs et de temps libre, ce
phénomène ne sera vu que sous l'angle du progrès du PIB,
car le PIB ne considère pas que la progression du temps libre est une
richesse digne d'être comptée.
L'activité bénévole ne fait pas partie
des activités qui contribuent à la richesse nationale au sens du
PIB, justement parce que qu'elle est gratuite, non monétaire. Cette
activité ne produit-elle pas des richesses et du bien- être au
même titre que l'activité salariée ?
On estime en RDC que le temps total passé au travail
domestique non rémunéré est plus important que le temps
total de travail rémunéré (Enquête budget temps de
2000). Si l'on décidait par exemple de lui attribuer la même
valeur monétaire par heure de travail, cela pourrait doubler le PIB !
On sait bien que le beaucoup-avoir n'est pas le bien -
être. Ce dernier peut être approché selon deux grandes
dimensions. La première est celle du bien-être subjectif,
évalué sur la base d'enquêtes d'opinion ou de satisfaction,
qui sont, certes, délicates à interpréter, mais qui
permettent toutefois de dresser des constats de divergence possible entre
l'évolution du niveau de vie (beaucoup-avoir) et la perception de
l'évolution du bien-être.
43
L'autre approche du bien-être est celle du «
bien-être objectif », sur la base de critères multiples comme
la bonne santé et l'espérance de vie, l'accès à
l'éducation et la maîtrise des connaissances, la
sécurité économique, la prévalence de la
pauvreté et des inégalités, les conditions de logement et
de travail etc. Or le PIB ne mesure que des volumes d'outputs (volume des
biens, quantité de services consommés), il ne mesure pas ces
outcomes.
La contribution des services de santé à la
croissance n'est mesurée (dans le meilleur des cas) que par le volume
des consultations, des admissions à l'hôpital, des soins, et non
pas sur la base de la contribution de ces services à
l'amélioration de l'état de santé et des conditions de
vie59. Avec une telle mesure une politique efficace de
prévention des risques sanitaires aura tendance à diminuer la
contribution des services de santé à la croissance, alors qu'elle
fera vraisemblablement progresser le bien-être.
Une même croissance de 2% ou 3% par an pendant des
années peut, selon les cas, s'accompagner d'un creusement ou d'une
réduction des inégalités sociales. Ces
phénomènes ne sont pas comptés dans la conception
dominante de la richesse.
Est-ce normal ? Est-il indifférent à notre
bien-être de vivre dans une société où coexistent
une masse de pauvres et une poignée de très riches ? Est-ce qu'un
euro ou un dollar de croissance en plus dans la poche d'un pauvre ne produit
pas plus de bien-être que la même somme dans le portefeuille d'un
riche ? Et pourtant l'hypothèse de ceux qui assimilent PIB, richesse et
progrès. Et à nouveau, s'il est vrai qu'aucun comptable national
ne défend une telle assimilation, il est clair qu'elle est
quotidiennement et massivement pratiquée parce que, dans les jugements
de progrès, la domination écrasante des dimensions marchandes et
monétaires n'est pas contrebalancée par la présence
d'indicateurs alternatifs ayant un poids semblable.
59 ODHD (2003), Décentralisation &
réduction de la pauvreté, Rapport National 2005 sur le
développement humain durable au Mali, Bamako.
(Téléchargeable sur
www.undp.org).
44
I.4. Les nouveaux indicateurs de mesure de la
croissance
L'indicateur de croissance le plus utilisé aujourd'hui
est le Produit intérieur brut (PIB). Il a l'avantage d'être
établi depuis longtemps et sur des bases comparables. Aussi les
comptables nationaux maîtrisent-ils cet instrument. Toutefois, il a un
énorme inconvénient car il mesure l'activité
économique sur la base de la seule production, et non en fonction de
l'intérêt ou des inconvénients de cette production nous
venons de le voir.
Aujourd'hui, les comptables nationaux savent
déjà prendre en compte les destructions de biens capitaux, quand
ils sont utilisés dans le processus de production. C'est ce qu'on
appelle la dépréciation du capital. Cette dernière
correspond à l'usure des machines dans le processus de production. On
enlève donc de la production ce qui a été détruit.
Le concept existe, mais il suffit de l'appliquer plus
généralement à ce qui n'est pas habituellement
comptabilisé, c'est-à-dire au patrimoine
environnemental60.
Ces pistes permettraient d'avoir des objectifs et une mesure
en termes de croissance et de bien-être, qui seraient beaucoup plus
proches de la réalité que cet indicateur dont on dispose
aujourd'hui. Tout ceux-ci ajoutés aux insuffisances que nous avons
relevés ci-dessus on poussé les économistes à
chercher d'autres indicateurs de mesures de la croissance dont en voici
quelques uns.
Des indicateurs synthétiques que nous avons
recensés concernent avant tout des questions « humaines et sociales
exprimées en termes de développement humain, de santé
sociale », de bien -être et de qualité de vie. Les plus
connus sont ceux du PNUD et l'indice de santé sociale.
60 Site de la Banque mondiale (
www.doingbusiness.org)
45
I.4.1. Les indicateurs du PNUD et l'indice de
sécurité sociale I.4.1.1. Les indicateurs du PNUD
Le PNUD publie depuis 1990 un rapport annuel sur le
développement humain dans le monde, contenant une batterie, enrichie au
fil des ans, d'indicateurs économiques, sociaux et
environnementaux61.
Cet indicateur est tout simplement la moyenne de trois
indicateurs permettant chacun de classer les pays sur une échelle de 0
à 1 : le PIB par habitant (exprimé en parités de pouvoir
d'achat), l'espérance de vie à la naissance, et le niveau
d'instruction (mesuré par un indicateur alliant pour deux tiers le taux
d'alphabétisation des adultes et pour un tiers le taux de
scolarisation).
Le PNUD a publié annuellement trois autres indicateurs
synthétiques. D'abord, l'ISDH indicateur « sexo-spécifique
» de développement humain qui permet d'évaluer les
différences de situation des hommes et des femmes sous l'angle des trois
critères retenus pour caractériser le développement
humain. A partir de 1995, l'IPF, indicateur de participation des femmes
à la vie économique et politique, complète le
précédent.
Pour les pays développés, l'IPH-2 tient compte
de quatre critères auxquels il accorde le même poids :
probabilité de décéder avant 60 ans, illettrisme,
pourcentage de personnes en deçà du seuil de pauvreté,
pourcentage de chômeurs de longue durée. Un dernier indicateur a
été ajouté en 2001, l'IDT, Indicateur de
Développement Technique62.
Quelles que soient les limites de ces indicateurs, ils «
indiquent » déjà bien des choses, y compris pour les pays
développés. Il n'est pas sans importance, par exemple, de
constater que les pays nordiques obtiennent d'excellentes notes dans presque
toutes les catégories, et surtout dans le domaine de la réduction
des inégalités sous diverses formes (pauvreté,
inégalités entre hommes et femmes),
61 Site du PNUD, Rapport annuel sur le
développement humain, téléchargeable sur le site du
Pnud
www.unpd.com
62 Idem
46
tout en restant très honnêtement classés
lorsque intervient (pour une part) la richesse économique (IDH). Il
n'est pas sans intérêt non plus d'observer le cas des pays dont
les performances sociales (en termes de classement) sont nettement meilleures
que les performances économiques brutes (à nouveau les pays
nordiques).
I.4.1.2. L'indice de santé sociale
Cet indice a été mis au point, dans le cadre du
Ford Ham Institut for Innovation in Social Policy (Fordham University,
Tarrytown, NY) par Marc et Marque-Luisa MITRINGOFF63.
L'ISS est un indicateur social synthétique visant
à concurrencer ou à compléter le PIB dans les jugements de
progrès. Il est calculé à partir de seize variables
élémentaires, regroupées en cinq composantes
associées à des catégories d'âge.
L'intérêt d'un raisonnement par catégories d'âge est
explicité dans les termes suivants par Brink et ZEESMAN64
:
- Les groupes d'âge sont universels, chaque individu
passant (potentiellement) par tous les groupes ;
- Il permet de créer un cadre holiste, une vision
globale des grands problèmes sociaux ;
- Il permet de mettre en relief plusieurs tendances sociales
fortes, comme la détérioration du statut des enfants et
l'amélioration relative du statut des personnes âgées au
cours des années 1980 ;
- Les résultats sont aisés à
interpréter par tous, facilitant ainsi les débats publics sur les
publics sur les politiques économiques et sociales.
Dans le cas de l'ISS comme dans celui des indicateurs du PNUD
ou du BIP 40 (voir suivant), on ne saurait se contenter, si l'on souhaite
produire un
63 Marc et Marque-Luisa MITRINGOFF, cité par
Oumar FAKABA SISSOKO, Analyse de la croissance économique du Mali
depuis l'indépendance, Université Nanterre Paris X, Master
II en Economie internationale, Politiques macroéconomiques et
conjonctures, 2008, inédit.
64 Brink et ZEESMAN, Idem.
47
diagnostic pertinent de l'évolution de la «
santé sociale », de l'indice synthétique : il faut examiner
les indicateurs composants et leurs variations.
En résumé, pour cet indicateur
synthétique comme pour tous les autres, les résultats les plus
spectaculaires et les plus « médiatiques » (notamment la
confrontation avec le PIB) sont certainement les plus critiquables
scientifiquement. Ils n'en ont pas moins l'immense mérite d'attirer
l'attention sur des questions qui, faute de telles tentatives, risquent de ne
jamais « faire la une », alors qu'elles ont autant (ou plus)
d'importance que la santé économique ou les cours de la
Bourse.
I.4.2. Le BIP 40, l'ISP et les Indicateurs territoriaux
I.4.2.1. Le Baromètre des Inégalités et de Pauvreté
BIP 40
Des économistes et statisticiens
professionnels français, associés à un réseau
associatif militant pour la réduction des inégalités, le
RAI (Réseau d'alerte sur les inégalités) ont mis au point
et présenté à la presse en 2002 un nouvel indicateur
synthétique, le BIP40. Le nom de cet indicateur est une
référence ironique à la fois au PIB et au CAC
4065.
L'objectif de cet indicateur est de couvrir plusieurs
dimensions d'un indicateur (résultant lui-même de plusieurs
indicateurs) permettant de suivre l'évolution dans le temps des
inégalités correspondantes, et enfin d'additionner (ou d' «
agréger ») ces indicateurs par dimensions pour obtenir un
indicateur global « le BIP 40 ».
Commençons par les dimensions retenues et par leur
contenu. Elles sont au nombre de six :
65 CAC 40, principale mesure de la santé
boursière en France, le CAC 40 est très récent, pour
mesurer les performances avant 1988. Il signifiait Compagnie des Agents de
Change mais actuellement, il est l'acronyme de « Cotation Assistée
en Continu. CAC 40 voit officiellement jour le 15 Juin 1988. Sa création
fait suivre au krach de 1987 qui a modifié le monopole des transactions
boursières.
66 PNUD, Rapport sur le développement
humain 2010 : La vraie richesse des Nations, téléchargeable
sur le site
www.undp.org
48
- Emploi et travail : les 24 indicateurs correspondant
à cette dimension sont répartis en quatre rubriques :
chômage (8 indicateurs, dont le taux global de chômage, mais aussi
les inégalités hommes et femmes face au chômage, la par des
chômeurs de longue durée...), précarité (5
indicateurs), conditions de travail (8 indicateurs) et relations
professionnelles (3 indicateurs) ;
- Revenus : on trouve 15 indicateurs pour cette dimension. Ils
portent sur quatre rubriques : salaires (inégalités, poids des
bas salaires, etc. ; en tout 5 indicateurs), pauvreté (4 indicateurs),
inégalités et fiscalité (3 indicateurs), consommation (3
indicateurs) ;
- Santé : les 5 indicateurs sont proches de ceux
qu'utilise le PNUD dans ses rapports annuels sur le développement humain
(ex. : espérance de vie, différence d'espérance de vie
entre cadres et ouvriers...) ;
- Education : 5 indicateurs, dont les taux de jeunes sortant
du système éducatif sans diplôme et certaines mesures des
inégalités de performances scolaires ;
- Logement : 5 indicateurs, dont la part des logements «
sociaux » (ou aidés) dans les mises en chantier ;
- Justice : 4 indicateurs, dont le taux de personnes en prison
par rapport à la population.
I.4.2.2. L'indice de sécurité Personnelle
(ISP):
L'ISP offre l'avantage de retenir certaines dimensions peu
présentes dans les indicateurs que nous avons examinés jusqu'ici.
La sécurité dont il est question est considérée
comme majeure dans la perception et la mesure de bien-être. Elle englobe
trois grandes dimensions66 :
- La sécurité économique comprenant les
aspects de sécurité de l'emploi et de sécurité
financière ;
- La sécurité devant la santé (protection
contre les risques de maladie) ;
- La sécurité physique (sentiment de
sécurité face aux délits).
49
En termes conceptuels, il s'agit de mieux cerner la
qualité de vie des individus, sous l'angle des insécurités
auxquelles ils sont confrontés en présentant un indicateur unique
permettant une meilleure contribution au débat public.
D'un point de vue méthodologique, l'indice
synthétique agrège des données
hétérogènes compilées sur la base d'une
méthode proche de la logique retenue dans l'ISS. Mais sa principale
originalité est qu'il s'agit de l'un des rares indicateurs qui combinent
des dimensions objectives et subjectives du bien-être. La publication des
données et le suivi de leur évolution permettent donc non
seulement de comparer cet indicateur aux tendances de la croissance
économique, mais également d'étudier les écarts
entre les données « objectives » et la perception des
insécurités par les habitants. Ils permettent également
des comparaisons entre les régions des comparaisons par sexes et par
groupes d'âges.
Cette innovation méthodologique a un coût puis
qu'elle nécessite qu'une enquête d'opinion soit
réalisée à rythme annuel.
I.4.2.3. Les Indicateurs Territoriaux
Dans la grande majorité des cas, il ne s'agit pas
d'indicateurs synthétiques, mais de bilans ou de tableaux de bord
rassemblant un certain nombre de variables, qui sont à peu près
les même que celles que l'on trouve dans les initiatives plus globales
recensées aux questions économiques, sociales et
environnementales. Les valeurs mises en avant sont, elles aussi, semblables
(accorder plus d'importance au progrès social, à la
qualité de l'environnement, etc.). Avec toutefois la présence
fréquente de questions concernant la qualité de la
démocratie ou gouvernance locale.
Il faut bien entendre ces initiatives, comme les autres, avec
circonspection, et en particulier se demander jusqu'à quel point
l'engouement pour des indicateurs ne relève pas d'une mode de la
quantification, ou du réflexe bien connu qui consiste à
préconiser la création d'un observatoire en pensant régler
des problèmes de fond qui dépendent avant tout de l'action
collective et de l'usage
50
politique d'éventuels indicateurs. Mais la puissance de
ce mouvement et l'examen de ses impacts conduisent à y voir une tendance
de fond, liée à la fois à la territorialisation de
l'action publique et à d'autres facteurs plus généraux de
contestation de la « religion » de la croissance économique et
de ses chiffres.
Nous nous limiterons ici à une recommandation assez
normative de » méthode politique : l'utilité
éventuelle du recours a des indicateurs locaux repose sur la
qualité de l'action politique locale dans lesquels ils sont
insérés. Ainsi, pour répondre à la question
fondamentale « Qu'est ce qui fait la richesse d'un territoire ? » il
importe que les acteurs construisent et choisissent ensemble, de façon
partenariale, les mots, les valeurs et les objectifs, les critères, les
modes d'évaluation et de jugement, et éventuellement les
indicateurs. Une autre condition décisive est l'acquisition progressive,
par le groupe des promoteurs, d'une légitimité suffisante dans le
territoire concerné. Or une légitimité ne s'impose pas,
elle se conquiert par la conviction, par des réseaux
d'intéressement, des alliances, des compromis, des conflits de valeurs
gérés intelligemment.
I.5. Jugement entre les indicateurs
L'évaluation multicritères des indicateurs
synthétiques mesure du bien-être ou de la richesse d'une nation
n'est qu'une étape dans la formation d'un jugement à leur propos.
Pour être efficaces, ces indicateurs doivent être replacés
dans des dispositifs qui garantissent un triple objectif d'expertise, de
pluralisme et de démocratie
Aucun des indicateurs synthétiques examinés ne
peut prétendre à une notation « maximale pour l'ensemble de
ces critères, et d'ailleurs les notations que l'on peut envisager sont
elles-mêmes fonction des usages possibles.
La RDC a donc retenu le PIB et l'IDH pour la mesure de sa
croissance économique du fait de leur portée médiatique et
de leur poids dans les représentations cognitives à une certaine
forme de progrès, ainsi le BIP 40 et les autres indicateurs qui
paraissent en voies prometteuses, la première étant
51
également l'une des rares initiatives françaises
sur cette question ne sont pas utilisées en RDC.
Section II. Les théories de la croissance et ses
déterminants
Les théories explicatives de la croissance sont
relativement récentes dans l'histoire de la pensée
économique. Ces théories ont conduit à mettre en avant le
rôle primordial du progrès technique dans la croissance. Sur le
long terme, seul le progrès technique est capable de rendre plus
productive une économie (et donc de lui permettre de produire plus,
c'est-à-dire d'avoir de la croissance). Toutefois, ces théories
expliquent mal d'où provient ce progrès, et en particulier en
quoi il est lié au fonctionnement de l'économie. C'est dans cette
optique que bon nombre d'économistes ont donnée leur vision de la
croissance.
II.1. L'innovation à l'origine de la croissance
économique : J. Schumpeter
A partir des travaux sur les cycles économiques de
KONDRATIEFF, Joseph SCHUMPETER67 a développé
la première théorie de la croissance sur une longue
période. Il pensait que l'innovation portée par les entrepreneurs
constituait la force motrice de la croissance. Il développa en
particulier l'importance de l'entrepreneur dans Théorie de
l'évolution économique en 1913.
Pour SCHUMPETER, les innovations apparaissent par «
grappes », ce qui explique la cyclicité de la croissance
économique. Par exemple, SCHUMPETER retient les transformations du
textile et l'introduction de la machine à vapeur pour expliquer le
développement des années 1798-1815 ou le chemin de fer et la
métallurgie pour l'expansion de la période 1848-1873.
De façon générale il retient trois types
de cycle économiques pour expliquer les variations de la croissance :
67 Joseph SCHUMPETER, née dans une
famille de la Bourgeoisie Autrichienne. Avec Keynes, il fut le monstre
sacré de l'économie du XXe siècle. Il a pourtant peu
écrit dans le domaine de la théorie économique mais
chacune de ses oeuvres traçait un profond sillon. Il entreprend en
premier lieu une analyse sur les cycles économiques en reprenant une
hypothèse testée par KONDRATIEF et, en deuxième lieu, il
analyse le rôle de l'entrepreneur. Il note que celui-ci ne se contente
pas de prendre des risques, mais il précipite aussi des pans entiers de
l'activité économiques dans le déclin.
52
- Les cycles longs ou cycles KONDRATIEFF, d'une durée
de cinquante ans ; - Les cycles intermédiaires ou cycles Juglar, d'une
durée de dix ans environ ;
- Les cycles courts ou cycles KITCHIN, d'une durée de
quarante mois environ.
Il introduisit enfin le concept de « destruction
créatrice » pour décrire le processus par lequel une
économie voit se substituer à un modèle productif ancien
un nouveau modèle fondé sur des innovations. Il écrit
ainsi:
« L'impulsion fondamentale qui met et maintient en
mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de
consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les
nouveaux marchés, les nouveaux types d'organisation industrielle, tous
éléments créés par l'initiative capitaliste.
L'ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le
développement des organisations productives, depuis l'atelier artisanal
et la manufacture jusqu'aux entreprises amalgamées telles que l'U.S.
Steel, constituent d'autres exemples du même processus de mutation
industrielle, si l'on ne passe cette expression biologique - qui
révolutionne incessamment de l'intérieur la structure
économique, en détruisant continuellement ses
éléments vieillis et en créant continuellement des
éléments neufs. Ce processus de Destruction Créatrice
constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c'est en elle que
consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise
capitaliste doit, bon gré mal gré, s'y adapter. »68
68 Joseph SCHUMPETER, (1939), Theoretical,
Historical and Statistical Analysis of capitalism process, éd.
Porcupine Press, p.158
69 DOMAR and HARROD, «Growht Model»,
In Brian Snowdon and Haward R. vane, An Encyclopedia of Macroeconomics,
p.316
53
II.2. Le modèle Harrod-Domar
Après la seconde guerre mondiale, les Economistes
Harrod et Domar, influencés par Keynes, vont chercher à
comprendre les conditions dans lesquelles une phase d'expansion peut être
durable. Ainsi, s'il ne propose pas à proprement parler une
théorie de la croissance (expliquant son origine sur une longue
période), le modèle de Harrod-Domar permet, néanmoins, de
faire ressortir le caractère fortement instable de tout processus
d'expansion. En particulier, il montre que pour qu'une croissance soit
équilibrée (c'est-à-dire que l'offre de production
augmente ni moins (sous-production) ni plus (surproduction) que la demande), il
faut qu'elle respecte un taux précis, fonction de l'épargne et du
coefficient de capital (quantité de capital utilisée pour
produire une unité) de l'économie69.
Or, il n'y a aucune raison que la croissance, qui
dépend de décisions individuelles (en particulier des projets
d'investissement des entrepreneurs), respecte ce taux. De plus, si la
croissance est inférieure à ce taux, elle va avoir tendance non
pas à le rejoindre, mais à s'en éloigner davantage,
diminuant progressivement (en raison du multiplicateur d'investissement. La
croissance est donc, selon une expression d'Harrod, toujours « sur le fil
du rasoir ». Ce modèle, construit après guerre et
marqué par le pessimisme engendré par la crise de 1929, a
toutefois été fortement critiqué. Il suppose, en effet,
que ni le taux d'épargne, ni le coefficient de capital ne sont variables
à court terme, ce qui n'est pas prouvé.
Dans cette version simplifiée, les variables per
capita sont constantes à l'état stationnaire. Les variables
absolues (Y, S, C, K) croissent au même taux que la population. Le
modèle génère, à l'état stationnaire (le
long terme)
- Une variation entre les PIB/tête entre les pays;
- Un ratio capital-produit (K /Y) constant (car k et Y sont
constants);
54
- k étant constant, le
rendement du capital (la productivité marginale de k
est
constant.
Mais il ne peut générer un fait stylisé
très important : la croissance soutenue des revenus/tête (y). Dans
ce modèle les économies peuvent croître à court
terme mais pas à long terme: même si un pays s'écarte
à un moment donné de l'état stationnaire, il suivra un
sentier de transition et finira par atteindre le nouvel état
stationnaire.
II.3. Le modèle de Robert Solow
Robert SOLOW70 a été le premier
à proposer un modèle formel de la croissance. D'inspiration
néoclassique, ce modèle se fonde sur une fonction de production
à deux facteurs : le travail et le capital. La production résulte
donc exclusivement de la mise en combinaison d'une certaine quantité de
capital (moyens de production) et de travail (main d'oeuvre)71.
Le modèle de Solow se fonde sur l'hypothèse que
les facteurs de production connaissent des rendements décroissants,
c'est-à-dire qu'une augmentation de ceux-ci dans une certaine proportion
engendre une augmentation dans une proportion plus faible de la production. Il
pose également comme hypothèse que les facteurs de production
sont utilisés de manière efficace par tous les pays. En posant
que la population connaît un taux de croissance que Solow qualifie de
« naturel » (non influencé par l'économie), le
modèle déduit trois prédictions :
- Augmenter la quantité de capital (c'est-à-dire
investir) augmente la croissance : avec un capital plus important, la main
d'oeuvre augmente sa productivité (dite apparente).
70 Robert SOLOW, Née en 1924.
C'est dans le domaine de la croissance que Robert Solow a conquis ses galons
d'Economiste haut de gamme. En effet, il fut l'un des premiers à
proposer une explication quantitative de la croissance, et non plus seulement
qualitative comme l'avançaient d'autres Economistes.
71 Robert SOLOW, (1988), Dans les
problématiques de la croissance économique, éd.
Economica, Paris, p.420
55
- Les pays pauvres auront un taux de croissance plus
élevé que les pays riches. Ils ont en effet accumulé moins
de capital, et connaissent donc des rendements décroissants plus
faibles, c'est-à-dire que toute augmentation de capital y engendre une
augmentation de la production proportionnellement plus forte que dans les pays
riches.
- En raison des rendements décroissants des facteurs de
production, les économies vont atteindre un point où toute
augmentation des facteurs de production n'engendrera plus d'augmentation de la
production. Ce point correspond à l'état stationnaire. Solow note
toutefois que cette troisième prédiction est irréaliste :
en fait, les économies n'atteignent jamais ce stade, en raison du
progrès technique qui accroît la productivité des facteurs.
Autrement dit, pour Solow, sur le long terme, la croissance provient du
progrès technologique. Toutefois, ce progrès technologique est
exogène au modèle, c'est-à-dire qu'il ne l'explique pas
mais le considère comme donné (telle une « manne
tombée du ciel »).
Le modèle fait un certain nombre d'hypothèses :
- Les pays produisent et consomment un seul bien homogène
(le produit
);
- La production se fait en concurrence parfaite;
- La technologie est exogène;
- La technologie peut être représentée par
une fonction de production de type
néo-classique basée sur des facteurs
substituables: le capital K et le travail L;
- La consommation agrégée est
représentée par une fonction keynésienne:
C
= c.Y or S = (1-c) Y= s.Y (1)
- Le taux participation à l'emploi de la population est
constant. Si la
population croît au taux n, l'offre de travail (L) augmente
aussi à ce taux n :
56
Section III. Les nouvelles théories de la
croissance et leur remise en cause
Les théories récentes cherchent
précisément à rendre ce facteur endogène
-c'est-à-dire à construire des modèles qui expliquent son
apparition. Ces modèles ont été développés
à partir de la fin des années 1970 notamment par Paul
ROMER72 et Robert BARRO73. Ils se fondent sur
l'hypothèse que la croissance génère par elle-même
le progrès technique. Ainsi, il n'y a plus de fatalité des
rendements décroissants : la croissance engendre un progrès
technique qui permet que ces rendements demeurent constants. La croissance, si
elle génère du progrès technique, n'a donc plus de limite.
À travers le progrès technique, la croissance constitue un
processus qui s'auto entretient.
Ces modèles expliquent que la croissance engendre du
progrès technique par trois grands mécanismes74.
Premièrement, le « learning by doing » : plus
on produit, plus on apprend à produire de manière efficace. En
produisant, on acquiert en particulier de l'expérience, qui
accroît la productivité.
Deuxièmement, la croissance favorise l'accumulation du
capital humain, c'est-à-dire les compétences
possédées par la main d'oeuvre et dont dépend sa
productivité. En effet, plus la croissance est forte, plus il est
possible d'accroître le niveau d'instruction de la main d'oeuvre, en
investissant notamment dans le système éducatif. D'une
manière générale, la hausse du niveau d'éducation
de la population par des moyens publics ou privés est
bénéfique.
Troisièmement, la croissance permet de financer des
infrastructures (publiques ou privées) qui la stimulent. La
création de réseaux de communication efficaces favorise, par
exemple, l'activité productive.
72 Paul ROMER, né en 1955, est
un Economiste Américain et un Professeur à l'université de
New York avant d'entrer à New York University. Il est
considéré comme un expert de la croissance économique. Il
analyse les théories sur la croissance endogène.
73 Robert BARRO, Economiste
Américain, né le 28 septembre 1944 à New York.
Spécialiste en Macroéconomie. Il a travaillé sur l'effet
d'éviction et sur les déterminants de la croissance
économique.
74 P. ROMER et R. BARRO, The origins of Endegenous
Growth», Journal of Economic, Perspectives, 1994.
75 P. ROMER, Op cit.
57
« La principale des conclusions de ces nouvelles
théories est qu'alors même qu'elles donnent un poids important aux
mécanismes de marché, elles en indiquent nettement les limites.
Ainsi il y a souvent nécessité de créer des arrangements
en dehors du marché concurrentiel, ce qui peut impliquer une
intervention active de l'Etat dans la sphère économique ».
En particulier ce « retour de l'État » se traduit par le fait
qu'il est investi d'un triple rôle : encourager les innovations en
créant un cadre apte à coordonner les externalités qui
découlent de toute innovation (par exemple grâce à la
protection qu'offre aux innovateurs les brevets) ; susciter celles-ci en
investissant dans la recherche (notamment fondamentale) et les infrastructures
dont les externalités dépassent le profit que peuvent en attendre
les acteurs privés ; améliorer le capital humain en investissant
dans le système éducatif. D'une manière
générale, c'est le rôle des politiques structurales de
l'État, en particulier les investissements dans le capital public, qui
est ainsi souligné.
Nous pouvons donc retenir que les premiers articles sont de P.
ROMER et R. LUCAS : la théorie de la croissance endogène est
née. L'ambition d'une telle théorie est de rendre compte du
facteur A qui, dans les théories traditionnelles, représentait le
niveau technologique (Y=f(K,L,A)). Un premier groupe de travaux, à la
suite de ROMER, cherche le moteur de la croissance dans le
phénomène d'apprentissage par l'expérience («
learning by doing»), à l'intérieur des entreprises.
Une deuxième est ouverte par Lucas, et
privilégie l'accumulation de capital humain au sein du système
éducatif. Enfin, ROMER et AGHION-HOWITT font de A un stock
d'innovations, produit d'une activité volontaire de
recherche-développement75.
Ces modèles sont toutefois très frustres en ce
qu'ils n'expliquent pas les mécanismes précis qui font que la
croissance économique stimule le progrès technique. En
particulier, chacun des modèles de ces théories ne s'attache
qu'à un
58
seul mécanisme liant progrès technique et
croissance. Comme le notent Gallec et Ralle, « Le modèle
général recouvrant l'ensemble des formes du progrès
technique est sans doute trop complexe pour être élaboré,
ce qui limite la portée des résultats obtenus puisque les
interactions entre plusieurs formes existantes sont ignorées
»76.
Section IV. Les déterminants de la
croissance
On peut distinguer plusieurs types de déterminants de
la croissance : richesses naturelles, environnement extérieur,
population, innovation, investissement, connaissance, cohérence du
développement.
Xavier Sala-i-Martin avance par ailleurs que le niveau initial
est la variable la plus importante et la plus robuste (C'est-à-dire que,
dans la plupart des cas, plus un pays est riche, moins il croît vite.
Cette hypothèse est connue sous le nom de convergence
conditionnelle).
Il considère également que la taille du
gouvernement (administration, secteur public) n'a que peu d'importance. Par
contre la qualité du gouvernement a beaucoup d'importance : les
gouvernements qui causent l'hyperinflation, la distorsion des taux de change,
des déficits excessifs ou une bureaucratie inefficace ont de très
mauvais résultats. Il ajoute également que les économies
plus ouvertes tendent à croître plus vite. Enfin, l'efficience des
institutions est très importante : des marchés efficients, la
reconnaissance de la propriété privée et l'état de
droit sont essentiels à la croissance économique. Il rejoint en
cela les conclusions d'Hernando de SOTO77.
Se fondant sur plusieurs indices de liberté
économique, la revue Sociétal arrivait à la même
conclusion et écrivait en 2003 que « Les facteurs les
76 P. ROMER et R. BARRO, Op cit.
77 Hernando de SOTO, Economiste
péruvien, né en 1941 à Areguipa. Ses travaux portent sur
le rôle de l'accès à la propriété dans
l'émancipation et l'enrichissement des populations
défavorisées ainsi que sur l'importance de l'économie
souterraine dans les pays en développement.
59
plus étroitement corrélés avec la
prospérité sont ceux qui garantissent un état de droit :
droits de propriété, absence de corruption, système
juridique efficace. »78
78 Site de l'OCDE
www.oecd.org/dataoecd/38/48/30751318.pdfv
60
Chapitre Trois : METHODOLOGIE DU TRAVAIL
Section I : Méthodologie du
travail
I.1. Méthodes et techniques
La recherche scientifique est un processus dynamique ou une
démarche rationnelle qui permet d'examiner des phénomènes,
des problèmes à résoudre, et d'obtenir des réponses
précises à partir d'investigations79. Ce processus se
caractérise par le fait qu'il est systématique et rigoureux et
conduit à l'acquisition de nouvelles connaissances. Les fonctions de la
recherche sont de décrire, d'expliquer, de comprendre, de
contrôler, de prédire des faits, des phénomènes et
des conduites.
La rigueur scientifique est guidée par la notion
d'objectivité, c'est-à-dire que le chercheur ne traite que des
faits, à l'intérieur d'un canevas défini par la
communauté scientifique.
Ainsi, les méthodes ne sont pas isolables des voies
ouvertes par les intérêts du chercheur (les questions, les
valeurs, les idéologies, ou les théories orientant ses
objectifs)80 ni des caractéristiques des informations
accessibles. Une méthode est pertinente lorsqu'elle s'ajuste aux
questions posées et aux informations recherchées.
Dans le but d'atteindre les objectifs de cette étude,
les méthodes analytiques, comparatives et historiques seront d'un grand
apport.
I.1.1. La méthode analytique
Elle procède par décomposition du sujet. On
décompose un ensemble en ses éléments constitutifs, ses
éléments essentiels, afin d'en saisir les rapports et de donner
un schéma général de l'ensemble.
79 DOUCOURE Fodiyé Bakary (2008),
Méthodes économétriques + programme cours applications
de logiciels : EVIEWS, STATA et SPSS
80 Idem.
61
Exemples : Analyse qualitative / quantitative :
décomposer l'ensemble pour déterminer la nature et les
proportions des constituants ; Analyse iconographique : décomposer
l'image en éléments séparés (pour en comprendre la
structure sémiotique, par exemple)81.
Dans le cadre de cette étude, cette méthode nous
a permis de décomposer tout d'abord les montants de l'aide obtenue en
ses composantes afin de procéder à une analyse
systématique afin de tirer des conclusions probantes.
I.1.2. La méthode comparative
La méthode comparative est très ancienne dans
l'histoire des sciences du vivant. En effet, certains considèrent
qu'Aristote (-384 à -322 avant J.C), qui ébaucha une
classification de 540 espèces animales, est le fondateur de cette
méthode.
En fait, la méthode comparative s'est essentiellement
développée depuis Darwin et sa « Théorie de
l'Evolution »82. Cette méthode a été
utilisée dans des domaines aussi variés que la sociologie, la
linguistique, l'ethnologie, le droit et la biologie. Avant les années
quatre-vingts, les biologistes s'en servaient principalement pour examiner
l'interdépendance de deux caractères anatomiques, morphologiques,
physiologiques, comportementaux et même écologiques.
Pendant les années soixante-dix et le début des
années quatre-vingts, les articles utilisant la méthode
comparative traitent principalement de physiologie, d'évolution et
d'écologie comportementale.
Comme nous l'avons déjà vu, les études
utilisant une approche comparative reposent sur des analyses statistiques de
type variable : régressions, calculs de coefficient de
corrélation, tests appariés, analyse de variance ou de
covariance. Tous ces tests statistiques font l'hypothèse de
l'indépendance des données. Cependant, les analyses
paramétriques nécessitent en plus l'hypothèse
81 ASSIE GUY ROGER et allii, Initiation à
la méthode de recherche, Ecole pratique de la chambre du commerce
d'Abidjan, Abidjan, 2010, p.40
82 Idem.
62
d'une distribution normale et de l'égalité des
variances par opposition aux tests non paramétriques à
hypothèses simplifiées.
Ainsi, cette méthode nous a permis de comparer, entre
les périodes, l'évolution de l'APD en RD Congo afin de
dégager les périodes de la hausse et/ou de la baisse du montant
de l'aide transférée en faveur de la RDC.
I.1.3. Méthode historique
La méthode historique consiste à interroger,
dans le passé, la manière dont un fait économique, social,
politique ou juridique, ... s'est comportée. Elle se fonde dans la
logique selon laquelle, le passé permet de bien comprendre le
présent et préparer l'avenir.
Dans le cadre de cette étude, cette méthode nous
a permis de retracer l'histoire de l'Aide publique au développement en
RD Congo depuis les indépendances jusqu'en 2010.
I.2. Techniques
Les méthodes, pour être efficaces, doivent
être soutenues par une série de techniques pour la collecte des
informations notamment la technique documentaire, la technique d'interview et
l'enquête par le questionnaire.
Selon GRAWITZ et PINTO, les techniques ne sont au fond que des
moyens utilisés pour collecter des données dont on a besoin pour
mener une étude83.
La technique documentaire permet d'étudier et
d'analyser les documents pour arriver à déterminer les faits ou
les phénomènes dont les documents sont à la porte des
traces.
83 GRAWITZ, M., et PINTO, R., Op cit.
63
En plus, soulignent-ils, l'importance de la technique
documentaire est que : le document offre l'avantage d'être un
matériau objectif en ce sens que s'il soulève des
interprétations différentes, il est le même pour tous et ne
change pas.
La technique d'interview, quant à elle, est un
procédé d'investigation scientifique, utilisant un processus de
communication verbale, pour recueillir des informations, en relation avec le
but fixé84.
Ce faisant, l'interview permet d'amasser des informations
susceptibles de fournir les éléments des réponses aux
questions de la problématique et, bien évidement,
compléter les informations livrées par les documents.
Enfin, l'enquête par un questionnaire consiste à
poser à un ensemble de répondants, le plus souvent
représentatif d'une population, une série de questions relatives
à leur situation sociale, professionnelle ou familiale, à leurs
opinions, à leur attitude à l'égard d'opinions ou d'enjeux
humains et sociaux, à leurs attentes, à leur niveau de
connaissance ou de conscience d'un événement ou d'un
problème, ou encore sur tout autre point qui intéresse les
chercheurs85.
L'enquête par le questionnaire est d'autant plus
importante car elle facilite la description d'une population ou d'un
échantillon ainsi que la vérification des hypothèses.
L'enquête par un questionnaire est indispensable dans une enquête
formelle, car elle permet d'obtenir des réponses susceptibles de faire
l'objet d'analyses statistiques.
Pour le traitement des données chiffrées, un
accent particulier a été mis sur la méthode
économique laquelle méthode consiste à régresser
les données chiffres afin de vérifier le degré de
causalité des certaines variables sur les autres.
84 GRAWITZ, M., et PINTO, R., Op cit.
85 Idem
64
II.3. Difficultés rencontrées
Comme nous le savons tous : « il n'ya pas de rose sans
épines », notre travail n'a pas échappé à
cette règle. Lors de son élaboration, nous nous sommes
buté aux diverses difficultés dont quelques une sont les
suivantes :
? Manque de certains ouvrages à consulter pour mieux
éclairer notre sujet ; ? Insuffisance des moyens financiers et
matériels pour atteindre toutes nos ambitions ;
? L'indifférence des certains interlocuteurs.
Section II : Présentation de la
République Démocratique du Congo86
La République Démocratique du Congo, R.D.C. en
sigle, est un Etat situé au centre du continent Africain. Elle a connu
quatre dénominations, Etat Indépendant du Congo (avant 1908),
Congo Belge (1908-1960), République Démocratique du Congo
(1960-1971), Zaïre (1971-1997), puis elle est redevenue République
Démocratique du Congo (1997 à ce jour). Sa capitale est Kinshasa,
anciennement Léopoldville.
II.1. Situation géographique
La République Démocratique du Congo, RDC
(l'ex-Zaïre), appelée aussi le Congo- Kinshasa pour la
différencier du Congo-Brazzaville (ou République du Congo), est
un pays d'une très grande superficie de 2,4 millions de Km2,
soit environ 33 fois plus grand que le Benelux (Belgique, Pays-Bas et
Luxembourg), quatre fois plus que la France ou deux fois plus que le
Québec (Canada).
En Afrique où elle se trouve, seuls le Soudan et
l'Algérie lui sont plus étendus. Elle est limitée à
l'Ouest par le Congo Brazzaville, au Nord par la République
Centrafricaine et le Soudan, à l'Est par l'Ouganda, le Rwanda, le
86 NDAYWEL E NZIEM, Histoire
générale du Congo, PUF, Paris, 1998, p. 64.
65
Burundi et la Tanzanie, au Sud par la Zambie et l'Angola.
Partageant neuf frontières avec ses voisins, le Congo- Kinshasa est un
pays totalement enclavé, sauf quelques kilomètres de côte
en bordure de l'océan Atlantique. En raison de sa grande superficie, de
ses énormes richesses et de son importante population, la R.D.C. demeure
l'un des géants de l'Afrique, avec l'Egypte, le Nigeria et l'Afrique du
Sud.
Elle se compose de la ville de Kinshasa (avec 47 millions
d'habitants) et 10 provinces suivantes : Bandundu, Bas-Congo, Equateur,
Katanga, Kasaï Occidental, Kasaï- Oriental, Maniema, Nord-Kivu,
Province Orientale et Sud-Kivu.
Le territoire de la RDC a, à l'Est, la région
des Grands lacs africains et sa situation géographique le place à
la frontière des pays francophones au nord et des pays anglophones au
sud-ouest avec le Burundi et le Rwanda (chacun de ces derniers étant
vingt fois plus petits en superficie que son grand voisin). Alors qu'au
nord-ouest le Congo-Brazza ville et la République Centrafricaine ont le
français comme langue officielle (sans oublier le Rwanda et le Burundi),
l' Ouganda et la Tanzanie ont l'anglais comme langue officielle ou
semi-officielle comme au Soudan. Quant à l'Angola au sud-ouest, il a le
portugais comme langue officielle.
Peuplé de près de 70 millions d'habitants, le
Congo-Kinshasa est considéré comme le « premier pays
francophone du monde », après la France. Sa langue officielle est
le français, sa monnaie est le franc congolais, son hymne est le debout
congolais, ses langues nationales sont le Lingala, le Tshiluba, le Swahili et
le Kikongo, avec 250 tribus et plus de 200 dialectes.
66
II.2. Données historiques
Le Congo- Kinshasa a connu quatre grandes étapes au
cours de son histoire moderne ; la première est la tentative de
colonisation de la part des Portugais en 1482, puis l'étape de
l'Etat libre du Congo appelé Etat Indépendant du
Congo qui naît avec la conférence de Berlin de 1885, qui
reconnut au Roi Léopold II de Belgique sa souveraineté sur le
Congo au préjudice de la France et du Portugal qui, eux, revendiquaient
une partie du territoire du Congo. La troisième étape, c'est
l'époque de la colonisation, le Congo est annexé à la
Belgique, elle devient Congo Belge depuis 1908. La quatrième
étape s'ouvre avec la proclamation de l'indépendance le 30 juin
1960.
II.3. Données économiques
Le Congo-Kinshasa détient des potentialités
importantes : le Cuivre, le cobalt, le diamant, l'or, le coltan,... sont des
richesses naturelles qui lui font l'objet de convoitises de toutes sortes de la
part d'autres pays. Malgré ces richesses, la population croupit dans la
pauvreté la plus dure.
67
Deuxième partie : AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT
ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN RDC
Il s'agit principalement dans cette deuxième partie
d'analyser l'APD reçues par la RDC en provenance de l'extérieur.
Un tour d'horizon sur la nature de cette aide, la répartition
sectorielle de l'aide, les principaux canaux de distribution de l'aide sera
fait (chapitre un) avant de construire le modèle aide publique au
développement - croissance économique (chapitre deux).
68
Chapitre Quatre : PRESENTATION DES TENDANCES DE L'AIDE
PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO SUR LA PERIODE
1960 -2010
I. Les tendances périodiques de l'APD
Dans l'étude des longues tendances de l'APD en RDC nous
pouvons globalement distinguer trois périodes.
I.1. La période 1960-199087
Elle est caractérisée essentiellement par le
règne et la déchéance de Mobutu Sesse Seko, durant
celle-ci l'aide va connaître un accroissement irrégulier certes
mais réelle, au gré des quelques faits
politico-économiques et qui a aussi coïncider avec une hausse non
moins régulière du stock de la dette extérieure de la
RDC.
Bien que plongé dans des cycles d'endettement qui vont
conduire les finances de l'Etat à la faillite
généralisée, le Zaïre d'alors, va néanmoins
bénéficier d'importants flux d'aide extérieure, dû
en grande partie à son importance géopolitique dans ce contexte
particulier de Guerre froide.
La décennie 80 va voir le pays subir les années
de traitements de chocs de l'ajustement orchestré par le premier
ministre Kengo Wa Dondo. Le service de la dette va mobiliser deux tiers des
dépenses de l'Etat. L'APD va logiquement connaitre une hausse
conséquente pour atteindre près 1600 $ (dollar constant).
87 MOI YOPAANG RILA et al, Op cit.
69
Tableau 1.1 : Evolution de
l'APD entre 1960 et 1990
Année
|
Montant de l'APD en
millions de $ Courant
|
1960
|
71,2
|
1961
|
60,2
|
1962
|
114,3
|
1963
|
104,4
|
1964
|
107,3
|
1965
|
136,1
|
1966
|
87,5
|
1967
|
86,6
|
1968
|
68,5
|
1969
|
68,0
|
1970
|
73,1
|
1971
|
81,6
|
1972
|
99,6
|
1973
|
117,1
|
1974
|
157,6
|
1975
|
157,7
|
1976
|
150,7
|
1977
|
176,5
|
1978
|
207,8
|
1979
|
293,2
|
1980
|
335,9
|
1981
|
285,4
|
1982
|
262,0
|
1983
|
212,0
|
1984
|
241,4
|
1985
|
213,0
|
1986
|
322,2
|
1987
|
359,7
|
1988
|
426,6
|
1989
|
462,5
|
1990
|
715,3
|
TOTAL
|
6255
|
Source : Rapports Banque mondiale, 2010
70
Ce tableau montre l'évolution de l'aide publique au
développement durant les 30 premières années après
l'indépendance de la RD Congo. Cette aide a évolué de
près de 70 millions de dollars courant en 1960 à près de
715 millions de dollars en 1990. Au total, la RDC a réussi 6.255
millions de dollars courant en termes de l'APD depuis 1960 à 1990. Ceci
donne une moyenne de 208,5 millions de dollars courant par an.
Graphique 1.1 : Evolution
de l'APD de 1960 à 1990
APD en $ courant
|
800 700 600 500 400
|
|
|
|
Echelle
|
|
|
|
300 200 100 0
|
APD en $ courant
|
Année
Cette illustration montre en effet l'évolution de
l'aide publique octroyée à la RDC par différents bailleurs
extérieurs. Cette aide a subi des mouvements saisonniers passant de la
hausse à la baisse entre différentes années. C'est le cas
notamment de la période allant de 1965 à 1974 et celles allant de
1981 à 1986. La période de 1987 est marquée par une
augmentation de l'APD jusqu'en 1990.
71
I.2. Le début des années 9088
Période de rupture, elle va marquer le début de
la déchéance du « règne Mobutu » marqué
par d'innombrables frasques financières et autres dérives
dictatoriales du régime (notamment le massacre par les militaires des
étudiants à l'Université de Lubumbashi en mai 1990) qui
vont marquer une rupture totale du dialogue avec les partenaires
extérieures et sonner le départ de la Banque Mondiale et de la
Fonds Monétaire International. Une décade de vache maigre de
l'APD qui va transformer la RDC en pays « orphelin de l'aide ».
L'arrêt total des versements multilatéraux va aussi
précipiter les événements politiques et le début de
la première Guerre du Congo (décembre 1996), Laurent
Désiré Kabila soutenu par puissances extérieures va alors
s'emparer du pouvoir (mai 1997) et tenter de réinitialiser le processus
de démocratisation.
Tableau 1.2 : Evolution de
l'aide publique au développement de 1991 à
2000
Année
|
Montant de l'APD en
millions de $ Courant
|
1991
|
615,8
|
1992
|
171,3
|
1993
|
105,9
|
1994
|
113,9
|
1995
|
136,8
|
1996
|
120,9
|
1997
|
114,8
|
1998
|
90,1
|
1999
|
94,8
|
2000
|
109,8
|
TOTAL
|
1674,1
|
88 Rapport sur les ressources
extérieures mobilisées pour la mise en oeuvre des programmes de
développement en RDC (Exercice 2000 à 2001), Ministère des
Affaires étrangères et de la coopération internationale,
Comité de coordination des ressources extérieures, 2001.
72
Source : Rapport Banque Mondiale, 2010
L'APD totale reçues par la RDC entre 1991 et 2000 s'est
élevées à 1.674,1 millions de Dollars courants. Comme nous
l'avions noté dans l'introduction de ce paragraphe, il s'agit d'une
rupture spectaculaire de l'APD passant de 6.255 millions de Dollars courants
entre 1960 et 1990 à 1.674,1 millions de Dollars courants entre 1991 et
2000 ; soit une diminution de plus de 70% de l'APD. Cette situation s'illustre
correctement dans la figure suivante.
APD en $ Courants
|
5 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0
|
|
|
|
Echelle de mesure
|
|
APD en $ Courants
|
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Année
Graphique 1.2 : Evolution
de l'APD de 1991 à 2000
Cette figure dit autant que ce petit commentaire. On observe
une chute spectaculaire de l'APD d'abord entre 1991 et 1992 ; ensuite et enfin
entre de 1995 à 2000.
73
I.3. La période 2001-201089
Elle est celle du retour des acteurs de Breton Woods dans la
gestion des affaires de l'Etat. L'APD va connaitre une reprise fulgurante et
connaitre un pic de plus 7000$ (dollar constant) en 2003. Ce retour de l'APD
à cette période coïncide également à
l'accession au pouvoir de Joseph Kabila fils de Laurent Désiré
Kabila et à l'assassinat de ce dernier durant la seconde guerre du
Congo.
Cette phase voit la RDC connaitre ces premières
élections dites démocratiques (2006), Joseph Kabila va devenir le
premier président élu au suffrage universel direct face à
Jean Pierre Bemba, traduit devant la Cour Pénale Internationale pour des
faits relatifs entre autre à cette deuxième guerre du Congo.
Le retour de la RDC dans le circuit financier international
est dû à la reprise des remboursements de la dette « odieuse
» accumulée par le régime despotique de l'ex « Roi du
Zaïre ». Cette opération de « consolidation » mise
en oeuvre avec les partenaires bilatéraux (Afrique du Sud, Belgique,
France, Suède) permet à la RDC d'accéder à de
nouveaux prêt et de participer à l'initiative d'allègement
des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).
89 Rapport déjà cité.
74
Tableau 1.3 : Evolution de
l'APD entre 2001 et 2010
Année
|
Montant de l'APD en
millions de $ Courant
|
2001
|
147,4
|
2002
|
363,1
|
2003
|
5157,7
|
2004
|
1209,5
|
2005
|
1021,9
|
2006
|
1518,4
|
2007
|
802,2
|
2008
|
1055,2
|
2009
|
1585,1
|
2010
|
1494,8
|
TOTAL
|
22284,4
|
Source : Rapport Banque Mondiale, 2010
Le tableau n°3 montre la reprise de l'APD au
développement suite au retour des bailleurs de fonds extérieurs
notamment les institutions de Breton Wood. On note un pic à
l'année 2003 avec une APD allant jusqu'à 5157,7 millions des
Dollars courants.
Graphique 1.3 : Evolution
de l'APD pour la période allant de 2001 à 2010
APD en millions de Dollars courants
6000 5000 4000 3000 2000 1000
0
|
|
|
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
|
APD en millions de Dollars courants
75
Comme on peut le lire dans cette figure, il s'observe une hausse
et une reprise de l'APD marquée par le pic de l'année 2003.
II. Engagements et versements de l'Aide Publique au
Développement
L'engagement le plus important a été pris en
200390, année où l'APD versée a aussi atteint
son niveau le plus élevé.
Globalement, l'APD a connu une croissance progressive puis une
chute brutale à partir des années 90. Elle a reprise en 2003 avec
un pic de 5000$ en monnaie courante.
Ces périodes coïncident avec le partage du pourvoir
et le début de la période de transition.
Tableau 1.4 : Engagements
et versements de l'APD en RDC
Année
|
Engagements
|
Versements
|
1960
|
0
|
71,2
|
1961
|
0
|
60,2
|
1962
|
0
|
114,3
|
1963
|
0
|
104,4
|
1964
|
0
|
107,3
|
1965
|
0
|
136,1
|
1966
|
41,4
|
87,5
|
1967
|
4,0
|
86,6
|
1968
|
25,3
|
68,5
|
1969
|
19,1
|
68,0
|
1970
|
72,4
|
73,1
|
1971
|
95,9
|
81,6
|
1972
|
20,3
|
99,6
|
1973
|
81,5
|
117,1
|
1974
|
296,9
|
157,6
|
1975
|
172,8
|
157,7
|
1976
|
219,0
|
150,7
|
1977
|
240,2
|
176,5
|
90 Site de la Banque mondiale,
www.worldbank.org
76
1978
|
323,0
|
207,8
|
1979
|
261,3
|
293,2
|
1980
|
377,8
|
335,9
|
1981
|
273,2
|
285,4
|
1982
|
222,2
|
262,0
|
1983
|
222,5
|
212,0
|
1984
|
236,0
|
241,4
|
1985
|
189,1
|
213,0
|
1986
|
324,7
|
322,2
|
1987
|
423,8
|
359,7
|
1988
|
483,2
|
426,6
|
1989
|
638,2
|
462,5
|
1990
|
482,6
|
715,3
|
1991
|
508,7
|
615,8
|
1992
|
111,9
|
171,3
|
1993
|
95,5
|
105,9
|
1994
|
63,1
|
113,9
|
1995
|
113,5
|
136,8
|
1996
|
81,3
|
120,9
|
1997
|
91,2
|
114,8
|
1998
|
106,0
|
90,1
|
1999
|
95,1
|
94,8
|
2000
|
129,0
|
109,8
|
2001
|
194,5
|
147,4
|
2002
|
266,9
|
363,1
|
2003
|
5187,9
|
5157,7
|
2004
|
1195,4
|
1209,5
|
2005
|
1078,1
|
1021,9
|
2006
|
1632,1
|
1518,4
|
2007
|
844,7
|
802,2
|
2008
|
905,4
|
1055,2
|
2009
|
940,1
|
1585,1
|
1960
|
0
|
71,2
|
Total
|
20343,6
|
22284,4
|
Source : Rapport Banque Mondiale, 2010
77
Le tableau ci-dessus montre le montant total de l'APD
versées en millions de Dollars courants d'une part et d'autre part les
engagements (promesse) faits par les pays donateurs. Comme on peut le
constater, il se dégage ça et là des différences
(écart) entre engagement (promesse) et versement
(réalisation).
Graphique 1.4 : Engagements
et versements de l'APD en RDC
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 1960 1965 1970
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
6000 5000 4000 3000 2000 1000
0
|
|
|
|
|
Engagements Versements
|
Cette figure montre l'évolution des engagements pris
par les pays donateurs de l'aide et les versements ainsi effectués. En
effet, le versement le plus important a été observé en
2003 (le pic visible dans la figure ci-dessus).
De manière générale, les versements ont
été supérieurs aux engagements. Ce qui veut dire que les
pays donateurs ont versés plus d'aide qu'ils n'ont pas promis. Cette
situation a alors constitué des excédents sur les
différents budgets extérieurs de la RDC.
Cependant, quoique les engagements soient inférieurs
aux versements de manière générale, on observe tout de
même une certaine fluctuation de l'APD entre différente
période.
78
III. Détermination de quelques indicateurs de l'Aide
Publique au Développement
III.1. Le taux de croissance de l'APD sur la
période 1960- 2010
Le graphique suivant présente l'évolution du taux
de croissance de l'APD sur la période indiquée. Le taux de
croissance de l'APD a été calculé selon la formule
suivante :
G =
Tableau 1.5 : Evolution de
taux de croissance de l'APD
Année
|
APD versées
|
Taux de croissance
|
1960
|
71,2
|
0
|
1961
|
60,2
|
-15,4
|
1962
|
114,3
|
89,8
|
1963
|
104,4
|
-8,6
|
1964
|
107,3
|
2,7
|
1965
|
136,1
|
26,8
|
1966
|
87,5
|
|
1967
|
86,6
|
|
1968
|
68,5
|
|
1969
|
68,0
|
|
1970
|
73,1
|
|
1971
|
81,6
|
|
1972
|
99,6
|
|
1973
|
117,1
|
|
1974
|
157,6
|
|
1975
|
157,7
|
|
1976
|
150,7
|
|
1977
|
176,5
|
|
1978
|
207,8
|
|
1979
|
293,2
|
|
1980
|
335,9
|
|
1981
|
285,4
|
|
1982
|
262,0
|
|
1983
|
212,0
|
|
79
1984
|
241,4
|
|
1985
|
213,0
|
|
1986
|
322,2
|
|
1987
|
359,7
|
|
1988
|
426,6
|
|
1989
|
462,5
|
|
1990
|
715,3
|
|
1991
|
615,8
|
|
1992
|
171,3
|
|
1993
|
105,9
|
|
1994
|
113,9
|
|
1995
|
136,8
|
|
1996
|
120,9
|
|
1997
|
114,8
|
|
1998
|
90,1
|
|
1999
|
94,8
|
|
2000
|
109,8
|
|
2001
|
147,4
|
|
2002
|
363,1
|
|
2003
|
5157,7
|
|
2004
|
1209,5
|
|
2005
|
1021,9
|
|
2006
|
1518,4
|
|
2007
|
802,2
|
|
2008
|
1055,2
|
|
2009
|
1585,1
|
|
2010
|
1494,8
|
|
Source : Rapport Banque Mondiale, 2010
III.2. L'indicateur de dépendance à
l'aide
L'indicateur de dépendance d'aide que nous calculons
ici est fonction du PIB. La formule suivante a été
utilisée :
80
Ratio =
Tableau 1.6 : Evolution du
ratio de dépendance à l'Aide
Année
|
APD versées
|
PIE en $courants
|
Ratio
|
1960
|
71,2
|
3427,3
|
2,077437
|
1961
|
60,2
|
3132,2
|
1,9219718
|
1962
|
114,3
|
3721,6
|
3,0712597
|
1963
|
104,4
|
6143,6
|
1,6993294
|
1964
|
107,3
|
2882,2
|
3,7228506
|
1965
|
136,1
|
4043,9
|
3,3655629
|
1966
|
87,5
|
4532,7
|
1,9304167
|
1967
|
86,6
|
3384,1
|
2,559026
|
1968
|
68,5
|
3909,8
|
1,7520078
|
1969
|
68,0
|
5032,4
|
1,3512439
|
1970
|
73,1
|
4877,7
|
1,4986572
|
1971
|
81,6
|
5594,8
|
1,4584972
|
1972
|
99,6
|
6173,7
|
1,6132951
|
1973
|
117,1
|
7870,2
|
1,487891
|
1974
|
157,6
|
9597,0
|
1,6421798
|
1975
|
157,7
|
10237,3
|
1,5404452
|
1976
|
150,7
|
9648,6
|
1,5618846
|
1977
|
176,5
|
12344,4
|
1,4297981
|
1978
|
207,8
|
15372,6
|
1,3517557
|
1979
|
293,2
|
15068,4
|
1,9457938
|
1980
|
335,9
|
14394,9
|
2,3334653
|
1981
|
285,4
|
12537,8
|
2,2763164
|
1982
|
262,0
|
13651,7
|
1,9191749
|
1983
|
212,0
|
11006,7
|
1,9260996
|
1984
|
241,4
|
7857,7
|
3,0721458
|
1985
|
213,0
|
7195,0
|
2,9603892
|
1986
|
322,2
|
8095,4
|
3,980038
|
1987
|
359,7
|
7661,6
|
4,6948418
|
1988
|
426,6
|
8861,3
|
4,814192
|
1989
|
462,5
|
9021,9
|
5,1264146
|
1990
|
715,3
|
9349,8
|
7,650431
|
Par ailleurs, lorsqu'on analyse la situation de façon
annuelle, on constate que dans certaine période, notre économie
était totalement tributaire de
81
1991
|
615,8
|
9088,0
|
6,7759683
|
1992
|
171,3
|
8206,2
|
2,0874461
|
1993
|
105,9
|
10707,8
|
0,9889987
|
1994
|
113,9
|
5820,4
|
1,9569102
|
1995
|
136,8
|
5643,4
|
2,4240706
|
1996
|
120,9
|
5771,5
|
2,0947761
|
1997
|
114,8
|
6090,8
|
1,8848099
|
1998
|
90,1
|
6217,8
|
1,4490656
|
1999
|
94,8
|
4711,3
|
2,0121835
|
2000
|
109,8
|
4305,8
|
2,5500488
|
2001
|
147,4
|
4691,8
|
3,1416514
|
2002
|
363,1
|
5547,7
|
6,5450547
|
2003
|
5157,7
|
5673,2
|
90,913417
|
2004
|
1209,5
|
6570,0
|
18,409437
|
2005
|
1021,9
|
7104,0
|
14,384854
|
2006
|
1518,4
|
8544,5
|
17,770496
|
2007
|
802,2
|
8955,3
|
8,9578239
|
2008
|
1055,2
|
9095,8
|
11,600959
|
2009
|
1585,1
|
9593,4
|
16,522818
|
2010
|
1494,8
|
9811,6
|
15,235028
|
Total
|
22284,4
|
388778,6
|
5,7318999
|
Globalement, le taux de dépendance à l'aide
extérieure de notre économie durant ces 50 dernières
années a été de 5,7%. Pour les spécialistes de la
macroéconomie, un ratio de dépendance supérieure à
0,5 dénote d'une dépendance significative d'un pays à
l'aide extérieure. Ainsi donc, ce taux de 5,7% étant
supérieur à 5%, il est important que notre économie
dépende significativement de l'aide extérieure.
82
l'aide extérieure. C'est le cas par exemple de
l'année 2003 où le taux de dépendance s'est
élevé jusqu'à près de 91%.
De l'autre coté, il s'observe aussi certaines
années où l'économie n'a pas été ou a
été moins tributaire de l'aide extérieure. Tel est le cas
de l'année 1977 où le pays a enregistré un taux de
près de 1% de dépendance à l'aide extérieure.
Graphique 1.6 : Evolution
de taux de dépendance à l'aide
18000
16000
14000
12000
10000
4000
8000
6000
2000
0
1960 1963 1966 1969 1972 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996
1999 2002 2005 2008
APD versées
PIB en $ Courants Ratio
Cette figure montre l'évolution de l'APD
versées, le PIB et le taux de dépendance à l'APD. Comme on
peut le constater, le taux oscille entre 1 et 100%.
III.3. Le Ratio de l'aide par habitant
Ce ratio est obtenu en utilisant la formule suivante :
Ratio =
83
Tableau 1.7 : Ratio de
l'aide par habitant
Année
|
APD versées
|
Population
|
Ratio
|
1960
|
71,2
|
15,5
|
4,59354839
|
1961
|
60,2
|
15,9
|
3,78616352
|
1962
|
114,3
|
16,3
|
7,01226994
|
1963
|
104,4
|
16,7
|
6,25149701
|
1964
|
107,3
|
17,2
|
6,23837209
|
1965
|
136,1
|
17,7
|
7,68926554
|
1966
|
87,5
|
18,2
|
4,80769231
|
1967
|
86,6
|
18,8
|
4,60638298
|
1968
|
68,5
|
19,4
|
3,53092784
|
1969
|
68,0
|
20,0
|
3,4
|
1970
|
73,1
|
20,6
|
3,54854369
|
1971
|
81,6
|
21,2
|
3,8490566
|
1972
|
99,6
|
21,9
|
4,54794521
|
1973
|
117,1
|
22,5
|
5,20444444
|
1974
|
157,6
|
23,3
|
6,7639485
|
1975
|
157,7
|
24,0
|
6,57083333
|
1976
|
150,7
|
24,7
|
6,10121457
|
1977
|
176,5
|
25,6
|
6,89453125
|
1978
|
207,8
|
26,4
|
7,87121212
|
1979
|
293,2
|
27,2
|
10,7794118
|
1980
|
335,9
|
28,1
|
11,9537367
|
1981
|
285,4
|
28,9
|
9,87543253
|
1982
|
262,0
|
29,8
|
8,79194631
|
1983
|
212,0
|
30,6
|
6,92810458
|
1984
|
241,4
|
31,5
|
7,66349206
|
1985
|
213,0
|
32,4
|
6,57407407
|
1986
|
322,2
|
33,4
|
9,64670659
|
1987
|
359,7
|
34,4
|
10,4563953
|
1988
|
426,6
|
35,5
|
12,0169014
|
1989
|
462,5
|
36,7
|
12,6021798
|
1990
|
715,3
|
37,9
|
18,8733509
|
1991
|
615,8
|
39,4
|
15,6294416
|
1992
|
171,3
|
40,9
|
4,18826406
|
84
1993
|
105,9
|
42,5
|
2,49176471
|
1994
|
113,9
|
44,0
|
2,58863636
|
1995
|
136,8
|
45,3
|
3,01986755
|
1996
|
120,9
|
46,5
|
2,6
|
1997
|
114,8
|
47,5
|
2,41684211
|
1998
|
90,1
|
48,5
|
1,85773196
|
1999
|
94,8
|
49,5
|
1,91515152
|
2000
|
109,8
|
50,7
|
2,16568047
|
2001
|
147,4
|
52,0
|
2,83461538
|
2002
|
363,1
|
53,5
|
6,78691589
|
2003
|
5157,7
|
55,2
|
93,4365942
|
2004
|
1209,5
|
56,9
|
21,2565905
|
2005
|
1021,9
|
58,7
|
17,4088586
|
2006
|
1518,4
|
60,6
|
25,0561056
|
2007
|
802,2
|
62,4
|
12,8557692
|
2008
|
1055,2
|
63,2
|
16,6962025
|
2009
|
1585,1
|
65,1
|
24,3486943
|
2010
|
1494,8
|
67,4
|
22,1780415
|
Source : Rapport Banque mondiale, 2010
Cette illustration montre que l'APD n'est pas fonction de la
population. Avec une croissance quasi linéaire de cette dernière,
la répartition par habitant de l'aide suit la même tendance que
celle de l'APD.
IV. Répartition de l'Aide en fonction de sa
nature
L'APD transférées en RDC durant ces 50
dernières années n'est pas toujours de même nature. Le
tableau suivant montre la répartition de l'aide en fonction de sa
nature.
85
Tableau 1.8 :
Répartition de l'APD en fonction de sa nature
Année
|
APD versées
|
Prêt
|
Dons
|
1960
|
71,2
|
56,96
|
14,24
|
1961
|
60,2
|
48,16
|
12,04
|
1962
|
114,3
|
91,44
|
22,86
|
1963
|
104,4
|
83,52
|
20,88
|
1964
|
107,3
|
85,84
|
21,46
|
1965
|
136,1
|
108,88
|
27,22
|
1966
|
87,5
|
70
|
17,5
|
1967
|
86,6
|
69,28
|
17,32
|
1968
|
68,5
|
54,8
|
13,7
|
1969
|
68,0
|
54,4
|
13,6
|
1970
|
73,1
|
58,48
|
14,62
|
1971
|
81,6
|
65,28
|
16,32
|
1972
|
99,6
|
79,68
|
19,92
|
1973
|
117,1
|
93,68
|
23,42
|
1974
|
157,6
|
126,08
|
31,52
|
1975
|
157,7
|
126,16
|
31,54
|
1976
|
150,7
|
120,56
|
30,14
|
1977
|
176,5
|
141,2
|
35,3
|
1978
|
207,8
|
166,24
|
41,56
|
1979
|
293,2
|
234,56
|
58,64
|
1980
|
335,9
|
268,72
|
67,18
|
1981
|
285,4
|
228,32
|
57,08
|
1982
|
262,0
|
209,6
|
52,4
|
1983
|
212,0
|
169,6
|
42,4
|
1984
|
241,4
|
193,12
|
48,28
|
1985
|
213,0
|
170,4
|
42,6
|
1986
|
322,2
|
257,76
|
64,44
|
1987
|
359,7
|
287,76
|
71,94
|
1988
|
426,6
|
341,28
|
85,32
|
1989
|
462,5
|
370
|
92,5
|
1990
|
715,3
|
572,24
|
143,06
|
1991
|
615,8
|
492,64
|
123,16
|
1992
|
171,3
|
137,04
|
34,26
|
86
1993
|
105,9
|
84,72
|
21,18
|
1994
|
113,9
|
91,12
|
22,78
|
1995
|
136,8
|
109,44
|
27,36
|
1996
|
120,9
|
96,72
|
24,18
|
1997
|
114,8
|
91,84
|
22,96
|
1998
|
90,1
|
72,08
|
18,02
|
1999
|
94,8
|
75,84
|
18,96
|
2000
|
109,8
|
87,84
|
21,96
|
2001
|
147,4
|
117,92
|
29,48
|
2002
|
363,1
|
290,48
|
72,62
|
2003
|
5157,7
|
4126,16
|
1031,54
|
2004
|
1209,5
|
967,6
|
241,9
|
2005
|
1021,9
|
817,52
|
204,38
|
2006
|
1518,4
|
1214,72
|
303,68
|
2007
|
802,2
|
641,76
|
160,44
|
2008
|
1055,2
|
844,16
|
211,04
|
2009
|
1585,1
|
1268,08
|
317,02
|
2010
|
1494,8
|
1195,84
|
298,96
|
Total
|
22284,4
|
17827,52
|
4456,88
|
Source : Banque mondiale téléchargeable sur
www.worldbank.org
Il ressort dans l'analyse de ce tableau que les prêts
représentent 17.827,52 millions de Dollars courants dans une enveloppe
globale de 22.284,4 millions de dollars courants de l'APD soit 80% de
l'APD. Le don quant à lui, il s'élève à
4.456,88 millions de dollars courants soit 20% de l'APD.
87
Graphique 1.8 :
Répartition de l'aide en fonction de sa nature
APD versées
20%
80%
Prets Dons
Il ressort dans la lecture de ce graphique que 80% de l'APD
transférées en République Démocratique du Congo ne
sont constitués que des prêts à long, moyen et à
court terme et 20% seulement de l'APD sont transférées comme des
dons.
V. Destination finale de l'aide
La section précédente vient souligner que l'APD
transférée en RDC est essentiellement constituée des dons
(20%) et des prêts (80%). La présente section indique alors la
destination finale (la consommation) de l'APD ainsi transférée au
sein des structures sociales et économiques de la République
Démocratique du Congo.
88
Tableau 1.9 : Destination finale de l'APD
Année
|
APD
|
Infrastructures et
services sociaux de base
|
Production
|
Infrastructures économiques
|
Autres
|
1960
|
71,2
|
64,792
|
1,424
|
0,712
|
4,272
|
1961
|
60,2
|
54,782
|
1,204
|
0,602
|
3,612
|
1962
|
114,3
|
104,013
|
2,286
|
1,143
|
6,858
|
1963
|
104,4
|
95,004
|
2,088
|
1,044
|
6,264
|
1964
|
107,3
|
97,643
|
2,146
|
1,073
|
6,438
|
1965
|
136,1
|
123,851
|
2,722
|
1,361
|
8,166
|
1966
|
87,5
|
79,625
|
1,75
|
0,875
|
5,25
|
1967
|
86,6
|
78,806
|
1,732
|
0,866
|
5,196
|
1968
|
68,5
|
62,335
|
1,37
|
0,685
|
4,11
|
1969
|
68,0
|
61,88
|
1,36
|
0,68
|
4,08
|
1970
|
73,1
|
66,521
|
1,462
|
0,731
|
4,386
|
1971
|
81,6
|
74,256
|
1,632
|
0,816
|
4,896
|
1972
|
99,6
|
90,636
|
1,992
|
0,996
|
5,976
|
1973
|
117,1
|
106,561
|
2,342
|
1,171
|
7,026
|
1974
|
157,6
|
143,416
|
3,152
|
1,576
|
9,456
|
1975
|
157,7
|
143,507
|
3,154
|
1,577
|
9,462
|
1976
|
150,7
|
137,137
|
3,014
|
1,507
|
9,042
|
1977
|
176,5
|
160,615
|
3,53
|
1,765
|
10,59
|
1978
|
207,8
|
189,098
|
4,156
|
2,078
|
12,468
|
1979
|
293,2
|
266,812
|
5,864
|
2,932
|
17,592
|
1980
|
335,9
|
305,669
|
6,718
|
3,359
|
20,154
|
1981
|
285,4
|
259,714
|
5,708
|
2,854
|
17,124
|
1982
|
262,0
|
238,42
|
5,24
|
2,62
|
15,72
|
1983
|
212,0
|
192,92
|
4,24
|
2,12
|
12,72
|
1984
|
241,4
|
219,674
|
4,828
|
2,414
|
14,484
|
1985
|
213,0
|
193,83
|
4,26
|
2,13
|
12,78
|
1986
|
322,2
|
293,202
|
6,444
|
3,222
|
19,332
|
1987
|
359,7
|
327,327
|
7,194
|
3,597
|
21,582
|
1988
|
426,6
|
388,206
|
8,532
|
4,266
|
25,596
|
1989
|
462,5
|
420,875
|
9,25
|
4,625
|
27,75
|
1990
|
715,3
|
650,923
|
14,306
|
7,153
|
42,918
|
1991
|
615,8
|
560,378
|
12,316
|
6,158
|
36,948
|
89
1992
|
171,3
|
155,883
|
3,426
|
1,713
|
10,278
|
1993
|
105,9
|
96,369
|
2,118
|
1,059
|
6,354
|
1994
|
113,9
|
103,649
|
2,278
|
1,139
|
6,834
|
1995
|
136,8
|
124,488
|
2,736
|
1,368
|
8,208
|
1996
|
120,9
|
110,019
|
2,418
|
1,209
|
7,254
|
1997
|
114,8
|
104,468
|
2,296
|
1,148
|
6,888
|
1998
|
90,1
|
81,991
|
1,802
|
0,901
|
5,406
|
1999
|
94,8
|
86,268
|
1,896
|
0,948
|
5,688
|
2000
|
109,8
|
99,918
|
2,196
|
1,098
|
6,588
|
2001
|
147,4
|
134,134
|
2,948
|
1,474
|
8,844
|
2002
|
363,1
|
330,421
|
7,262
|
3,631
|
21,786
|
2003
|
5157,7
|
4693,507
|
103,154
|
51,577
|
309,462
|
2004
|
1209,5
|
1100,645
|
24,19
|
12,095
|
72,57
|
2005
|
1021,9
|
929,929
|
20,438
|
10,219
|
61,314
|
2006
|
1518,4
|
1381,744
|
30,368
|
15,184
|
91,104
|
2007
|
802,2
|
730,002
|
16,044
|
8,022
|
48,132
|
2008
|
1055,2
|
960,232
|
21,104
|
10,552
|
63,312
|
2009
|
1585,1
|
1442,441
|
31,702
|
15,851
|
95,106
|
2010
|
1494,8
|
1360,268
|
29,896
|
14,948
|
89,688
|
Total
|
22284,4
|
20278,8
|
445,688
|
222,844
|
1337,064
|
Source : Rapport Banque mondiale téléchargeable
sur
www.worldbank.org
Il se dégage dans la lecture de ce tableau que l'APD
est destinée principalement à financer les infrastructures de
base et services sociaux avec 20.278,8 millions soit 90% de l'ensemble
de l'aide publique ; 445,688 millions sont destinés à la
production soit 2% de l'enveloppe globale de l'APD ; 222,844 millions
sont consommés dans les infrastructures économiques soit 1% de
l'ensemble de l'APD et enfin, les autres consommations de l'APD notamment la
réforme des institutions publiques et privées consomment 1337,064
millions de dollars courants soit 6% de l'ensemble de l'APD.
90
Graphique 1.9 : Destination
finale de l'APD
Infrastructures sociales Production
infrastructures économiques Autres
La figure suivante décrit la répartition de
l'APD dans ses différentes consommations finales. Les ressources
extérieures sont consommées en grande partie dans les
infrastructures et services sociaux de base, dans les réformes des
institutions, dans la production et dans les infrastructures
économiques.
VT. La structure du financement de l'APD en
RDC
A. Multilatéralisme/ bilatéralisme
L'APD versées à la RDC est en grande partie
multilatérale91 du fait notamment des accords que le pays
signe avec les institutions internationales. Parmi les principaux bailleurs
multilatéraux de la RDC, nous citons :
1. La banque mondiale (BM) : La Banque mondiale
constitue l'un des principaux donateurs de la RDC. Son assistance tient compte
notamment des objectifs décrits dans le DSCRP et soutient les
infrastructures sociales :
91 OCEDE, Rapport principal : Table rase - et
après ?, Evaluation de l'allégement de la dette en
République Démocratique du Congo, 2012, p.100
91
2. Le Fonds Monétaire International (FMI) :
Le FMI fournit une assistance financière en RDC, notamment au titre de
la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la
croissance (FRPC) dans le cadre du DSCRP.
3. La Banque Africaine de Développement (BAD)
: La BAD intervient dans les infrastructures de base et appui les secteurs
productifs, ainsi que le renforcement des capacités humaines et
institutionnelles.
4. Union Européenne (UE) : La
coopération de l'UE en RDC se concentre sur les domaines d'intervention
suivants : amélioration du climat des affaires ; facilitation du
commerce et réforme douanière, politique commerciales et
infrastructures d'amélioration des qualités des produits, des
services d'appui aux entreprises.
92
Chapitre Deux : IMPACT DE L'APD SUR LA
CROISSANCE ECONOMIQUE DE LA RDC
Après avoir analysé les problèmes de ce
travail dans l'introduction, appréhendé les concepts de base dans
les chapitres I, II et III, présenté la tendance
générale de l'APD en RDC dans le chapitre IV. Le présent
et le dernier chapitre analyse la relation entre l'APD et la croissance
économique de la RDC durant ces 50 dernières années.
II.1. Les données à estimer
Les données à estimer sont constituées de
l'APD transférées vers la RDC depuis 1960 à 2010 d'une
part et d'autre part le PIB exprimant le taux de croissance de
l'économie congolaise depuis son indépendance jusqu'en 2010. Pour
faciliter le traitement, il sera procédé à la
transformation de ces données en valeur logarithmique.
Tableau 2.1 : Les
données en valeur logarithmique
Année
|
APD versées
|
LogAPD
|
PIB en $courants
|
LogPIB
|
1960
|
71,2
|
1,85247999
|
3427,3
|
3,53495212
|
1961
|
60,2
|
1,77959649
|
3132,2
|
3,49584949
|
1962
|
114,3
|
2,05804623
|
3721,6
|
3,57072969
|
1963
|
104,4
|
2,0187005
|
6143,6
|
3,78842293
|
1964
|
107,3
|
2,03059972
|
2882,2
|
3,45972411
|
1965
|
136,1
|
2,13385813
|
4043,9
|
3,60680041
|
1966
|
87,5
|
1,94200805
|
4532,7
|
3,65635698
|
1967
|
86,6
|
1,93751789
|
3384,1
|
3,52944319
|
1968
|
68,5
|
1,83569057
|
3909,8
|
3,59215454
|
1969
|
68,0
|
1,83250891
|
5032,4
|
3,70177515
|
1970
|
73,1
|
1,86391738
|
4877,7
|
3,68821509
|
1971
|
81,6
|
1,91169016
|
5594,8
|
3,74778457
|
1972
|
99,6
|
1,99825934
|
6173,7
|
3,79054552
|
1973
|
117,1
|
2,0685569
|
7870,2
|
3,89598577
|
1974
|
157,6
|
2,19755621
|
9597,0
|
3,98213549
|
1975
|
157,7
|
2,19783169
|
10237,3
|
4,01018543
|
1976
|
150,7
|
2,17811325
|
9648,6
|
3,9844643
|
93
1977
|
176,5
|
2,24674471
|
12344,4
|
4,09146999
|
1978
|
207,8
|
2,31764554
|
15372,6
|
4,18674733
|
1979
|
293,2
|
2,46716397
|
15068,4
|
4,17806714
|
1980
|
335,9
|
2,52621
|
14394,9
|
4,15820865
|
1981
|
285,4
|
2,45545397
|
12537,8
|
4,09822134
|
1982
|
262,0
|
2,41830129
|
13651,7
|
4,13518674
|
1983
|
212,0
|
2,32633586
|
11006,7
|
4,04165713
|
1984
|
241,4
|
2,38273727
|
7857,7
|
3,89529544
|
1985
|
213,0
|
2,3283796
|
7195,0
|
3,8570308
|
1986
|
322,2
|
2,50812554
|
8095,4
|
3,90823831
|
1987
|
359,7
|
2,55594044
|
7661,6
|
3,88431947
|
1988
|
426,6
|
2,63002085
|
8861,3
|
3,94749744
|
1989
|
462,5
|
2,66511174
|
9021,9
|
3,95529801
|
1990
|
715,3
|
2,85448823
|
9349,8
|
3,97080232
|
1991
|
615,8
|
2,78943968
|
9088,0
|
3,95846832
|
1992
|
171,3
|
2,23375736
|
8206,2
|
3,9141421
|
1993
|
105,9
|
2,02489596
|
10707,8
|
4,02970025
|
1994
|
113,9
|
2,05652372
|
5820,4
|
3,76495283
|
1995
|
136,8
|
2,1360861
|
5643,4
|
3,75154083
|
1996
|
120,9
|
2,0824263
|
5771,5
|
3,7612887
|
1997
|
114,8
|
2,05994189
|
6090,8
|
3,78467434
|
1998
|
90,1
|
1,95472479
|
6217,8
|
3,79363675
|
1999
|
94,8
|
1,97680834
|
4711,3
|
3,67314076
|
2000
|
109,8
|
2,04060234
|
4305,8
|
3,63405385
|
2001
|
147,4
|
2,16849748
|
4691,8
|
3,67133949
|
2002
|
363,1
|
2,56002625
|
5547,7
|
3,74411297
|
2003
|
5157,7
|
3,71245608
|
5673,2
|
3,75382809
|
2004
|
1209,5
|
3,08260587
|
6570,0
|
3,81756537
|
2005
|
1021,9
|
3,0094084
|
7104,0
|
3,85150295
|
2006
|
1518,4
|
3,1813862
|
8544,5
|
3,93168665
|
2007
|
802,2
|
2,90428266
|
8955,3
|
3,95208014
|
2008
|
1055,2
|
3,02333478
|
9095,8
|
3,9588409
|
94
2009
|
1585,1
|
3,20005667
|
9593,4
|
3,98197255
|
2010
|
1494,8
|
3,17458309
|
9811,6
|
3,99173983
|
Total
|
22284,4
|
119,891434
|
388778,6
|
196,063833
|
Source : Par nous-mêmes sur base des données
collectées
II.2. Formulation de l'Equation
La formulation de l'équation de cette étude
reste préalablement liée à l'identification de variable
dépendante et de variable indépendante. En effet, dans le cas
échéant, la variable dépendante (Y) est
représentée par le PIB et la variable indépendante (X) est
remplacée par l'APD. Ainsi donc, l'équation s'écrit comme
suit : Y(PIB) = aX(APD) + b + u.
Dans cette équation, « a »
désigné le coefficient de l'APD, «
b » représente la constante qui remplace les autres
variables dont on n'a pas tenu compte et qui peuvent influencer la croissance
économique et ce, en vertu du raisonnement économique.
Concrètement, nous formulons notre équation de
la manière
suivante : LogPIB = aLogAPD + b.
II.3. Traitement des données et estimation des
paramètres
Pour traiter les données, nous nous servons du
Programme MS Office Excel 2010. Ci-dessous le rapport du traitement des
données.
95
L RAPPORT DÉTAILLÉ
Statistiques de la régression
Coefficient de détermination multiple 0,999698468
Coefficient de détermination R"2 0,999397027
Coefficient de détermination R"2 0,999384968
Erreur-type 0,661081293
Observations 51
ANALYSE DE VARIANCE
Degré de liberté
|
Somme des carrés
|
Moyenne Valeur critique de F
des carrés F
|
3,61285E-82
Régression 1 36217,64117 36217,64117 82872,49728
Résidus 50 21,85142379 0,437028476
Total 51 36239,49259
Limite inférieure pour seuil Limite supérieure
pour seuil
Coefficients Erreur-type Statistique t Probabilité de
confiance = 95% de confiance = 95%
Constante 0,004824134 0,095339896 0,050599317 0,959846409
|
-0,18667168 0,196319947
|
1,622895833 1,645701396
LogAPD 1,634298615 0,005677095 287,8758366 0,6128582
96
Après ce traitement, notre équation
s'écrit de la manière ci-après : LogPIB =
1,63LogAPD + 0, 0048.
II.4. Tests statistiques et relation théorique entre
variable dépendante et
indépendante
Pour vérifier la validité du modèle et
l'impact de variable indépendante sur la variable dépendante et
afin d'éviter toute conclusion arbitraire, il est impérieux de
procéder à la vérification d'un certain nombre de tests
statistiques notamment le test de Fisher Snédecor et le test T -
Student.
a) Test global du modèle
Ce test est utilisé pour vérifier la
validité du modèle. Il s'appelle aussi test de Fisher
Snédecor ; nous nous servons des postulats suivants :
- H0 : R2 = 0 - H1 : R2 ? 0
Règle de décision : Rejet H0 si Fcal
et supérieur à Fth. Ainsi donc, les
résultats suivants ont été trouvés :
|
Valeurs
|
F calculé
|
82872,49728
|
F théorique
|
2,16495108
|
Source : rapport régression
Il s'observe que le F calculé est largement
supérieur au F théorique. Comme Fcal > Fth ; Nous rejetons H0
au seuil de 5%. Nous concluons que le modèle est valide et que l'APD
influence positivement et globalement le PIB.
Ce test est utilisé ici pour vérifier l'impact
de variable indépendante sur la variable dépendante. Il s'agit
principalement du test T - Student.
b) Tests individuels du
modèle
97
1. Test de l'impact de l'APD sur le
PIB
Nous nous servons des hypothèses suivantes :
- H0 : a1 = 0 - H1 : a1 ? 0
Règles de décision : Rejeter H0 si T
calculé est supérieur au T théorique. Ainsi donc, les
résultats suivants ont été trouvés :
|
Valeurs
|
T calculé
|
287,8758366
|
T théorique
|
0,67963535
|
|
Source : rapport régression
Comme le Tcal est supérieur au Tth. Nous rejetons H0
au seuil de 5% et nous concluons que l'APD a un impact significatif et positif
sur l'économie de la RDC.
2. Test de l'impact de termes indépendants
sur le FIB Nous nous servons des hypothèses suivantes :
- H0 : b = 0 - H1 : b ? 0
Règles de décision : Rejeter H0 si T
calculé est supérieur au T théorique. Ainsi donc, les
résultats suivants ont été trouvés :
|
Valeurs
|
T calculé
|
287,8758366
|
T théorique
|
0,67963535
|
Source : rapport régression
Comme le Tcal est supérieur au Tth. Nous rejetons H0 au
seuil de 5% et nous concluons que les autres variables ont aussi un impact
significatif et positif sur l'économie de la RDC.
98
II.5. Commentaire général sur le
modèle et vérification des hypothèses
Après avoir présenté le modèle
ainsi construit et le testé, il nous revient de porter un regard
général sur son interprétation théorique.
En effet, l'APD constituant notamment des prêts et des
dons agit positivement l'économie nationale de la République
Démocratique du Congo. Autrement dit, plus l'APD augmente, plus le
niveau de notre économie nationale augmente aussi. Concrètement,
1 dollar américain courant de l'aide injectée dans notre pays
augmente notre PIB de 0,634$.
De l'autre coté, les autres variables que nous n'avons
pas tenu compte dans ce modeste travail influent aussi positivement sur notre
économie nationale.
Au regard de tous ces résultats, nous pouvons
vérifier nos hypothèses dans le tableau ci-dessous :
Hypothèses
|
Observation
|
La nature de l'aide publique au
développement transférée vers la RDC
serait notamment les dons et les prêts ;
|
Confirmée
|
L'aide serait destinée à financer les
infrastructures et services sociaux de base, à financer la production et
les infrastructures économiques ;
|
Confirmée
|
Les structures ou les canaux de
distribution des ressources financières
en République Démocratique du
Congo seraient les partenaires multilatéraux et
bilatéraux ;
|
Confirmée
|
L'effet de l'aide publique au
développement sur la croissance
|
Confirmée à partie et infirmée à
partie
|
99
économique de la RDC devrait être positif mais non
significatif.
Source : par nous-mêmes sur base des données
traitées
100
Conclusion
La problématique de l'aide publique au
développement demeure présente actuellement dans beaucoup de
travaux à travers la planète. Le présent travail que nous
sommes entrain de clore s'est proposé d'analyser l'impact de l'APD sur
la croissance économique de la République Démocratique du
Congo durant ces 50 dernières années. Ainsi, pour atteindre ce
noble objectif, les questions d'orientation suivantes ont été
abordées :
1. Quelle est la nature de l'aide transférée en
République Démocratique du Congo ?
2. Quelles sont les destinations de l'aide
transférée en République Démocratique du Congo ?
3. Quelles sont les structures de financement de l'aide publique
au développement en République Démocratique du Congo ?
4. Quel est l'impact de l'aide publique au développement
sur la croissance économique de la République Démocratique
du Congo ?
Eu égard aux questions soulevées ci haut, les
hypothèses suivantes ont été émises :
1. Nous avons supposé que la nature de l'aide publique
au développement transférée vers la RDC serait notamment
les dons et les prêts ;
2. Nous avons pensé ensuite que cette aide serait
destinée à financer les infrastructures et services sociaux de
base, à financer la production et les infrastructures économiques
;
3. Nous avons estimé encore que les structures ou les
canaux de distribution des ressources financières en République
Démocratique du Congo seraient les partenaires multilatéraux et
bilatéraux ;
4. Enfin, nous avons cru que l'effet de l'aide publique au
développement sur la croissance économique de la RDC devrait
être positif mais non significatif.
101
Par ailleurs, ces hypothèses ont débouché
sur les objectifs spécifiques
suivants :
1. Déterminer la nature de l'aide publique au
développement transférée en République
Démocratique du Congo ;
2. Analyser la destination finale des APD en
République Démocratique du Congo ;
3. Dégager les canaux de distribution ou les
structures de financement des dites aides ;
4. Mesurer l'impact de l'APD sur le niveau des richesses
nationales de la République Démocratique du Congo ;
5. Proposer des pistes de solution éventuelle.
Cependant, le choix porté sur ce thème n'a pas
été un fait de hasard. Il a bien sûr été
motivé par plusieurs raisons notamment des raisons personnelles,
scientifiques et sociales.
Quant à l'intérêt de ce travail,
soulignons qu'au sujet de l'aide publique au développement (APD),
plusieurs études ont certes fait le tour de la question. Ces
études, pour ce qui concerne la RDC se sont le plus souvent appesanties
à établir le lien entre l'APD et la pauvreté. Il faut
noter que la croissance économique qui garantit la réduction de
la pauvreté est celle qui est accompagnée d'une politique de
redistribution de revenus. Au-delà cet aspect, une autre étude
n'est jamais de trop, pour plusieurs raisons. Tout d'abord le relèvement
de la croissance économique est actuellement au centre de toute
politique économique, vue son ampleur. Ensuite, cette étude par
sa démarche quantitative (analyse économétrique) vient
contribuer à enrichir et actualiser la littérature sur
l'éventuel rôle que l'APD pourrait jouer dans
l'amélioration de la croissance économique.
Par ailleurs, pour vérifier nos hypothèses et
atteindre ainsi nos objectifs. Il était non seulement impérieux
mais aussi et surtout capital de suivre une démarche
méthodologique qui s'est basée essentiellement sur une
recherche
102
documentaire. Pour ce faire, il a été
collecté des données secondaires émanant d'institutions
nationales et internationales sur l'aide publique au développement et
aussi sur la croissance économique en RDC.
Après le traitement des données, il était
question de faire les analyses de résultats des modèles
économétriques qui permettront de tirer une conclusion et faire
des recommandations.
Pour être conçu et précis et se trouvant
dans l'impossibilité d'effectuer notre recherche depuis le début
de temps jusqu'à jours et dans tous les coins de la planète, nous
avons délimité notre étude sur le plan spatial en
République Démocratique du Congo et sur le plan temporel, entre
1960, année de l'indépendance du pays et 2010, année du
cinquantenaire de la RDC.
Enfin, hormis cette introduction générale et une
conclusion générale à la fin de ce travail, la
présente étude sera subdivisée en deux grandes parties. La
première portant sur les considérations générales
sera quant à elle subdivisée en 3 chapitres. Le premier chapitre
traitera des fondements théoriques sur l'APD, le deuxième
chapitre sera axé sur les fondements théoriques de la croissance
économique et le troisième chapitre abordera les questions
relatives à la méthodologie du travail et à la
présentation du milieu d'étude.
Quant à la deuxième partie portant sur l'aide
publique au développement et la croissance économique, elle sera
décomposée en deux chapitres. Le premier chapitre portera sur un
aperçu général de l'APD en RDC et le dernier mesurera
l'impact de l'APD sur la croissance économique de la République
Démocratique du Congo.
En effet, l'APD constituant notamment des prêts et des
dons agit positivement l'économie nationale de la République
Démocratique du Congo. Autrement dit, plus l'APD augmente, plus le
niveau de notre économie nationale augmente aussi. Concrètement,
1 dollar américain courant de l'aide injectée dans notre pays
augmente notre PIB de 0,634$.
103
De l'autre coté, les autres variables que nous n'avons
pas tenu compte dans ce modeste travail influent aussi positivement sur notre
économie nationale.
Au regard de ces résultats, nous formulons les
suggestions suivantes :
a) Au gouvernement :
- De procéder à des réformes politiques,
économiques et institutionnelles, préalables à
l'efficacité des aides internationales ;
- D'affecter véritablement l'aide publique au
développement au secteur porteur de croissance tel que l'agriculture
;
- De renforcer les mécanismes internes de suivi et de
contrôle des différentes ressources reçues de
l'extérieur ;
- De punir tous ceux qui sont ou seront impliquer dans le
détournement des fonds reçus de l'extérieur.
b) Aux Bailleurs de fonds (donateurs) :
- D'augmenter l'enveloppe de l'aide publique au
développement en faveur de la RDC ;
- De définir les nouvelles priorités dans
l'octroi de l'aide publique au développement ;
- De renforcer les mécanismes de suivi et de
contrôle des aides octroyées à la RDC afin que ces
dernières servent réellement aux fins utiles.
104
Bibliographie
I. Ouvrages
1. JACKY Amprou et LISA Chauvet (2004), Efficacité
et allocation de l'aide : revue des débats, Agence Française
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en Afrique, Repères à l'intention des praticiens, Fonds
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Policy Research Department, World Bank.
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développement durable et de la gouvernance de la mondialisation,
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5. BERG ELLIOT et Al (1997), L'aide publique au
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Foreign Aid and its Offspring», Journal of Economic Growth,
Vol.2, N°4
105
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Data, New Doubts: Revisiting «Aid, Policies, and Growth »,
Center for Global Development, Working Paper 26
4. KOMON, A., (2000), «Aid Fungibility in Assessing
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9. MOSLEY, P; HUDSON, J; HORREL, S. (1987), Aid, the public
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10. BOONE P. (1996), «Politics and the Effectiveness of
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11. BURNSIDE C. and D. DOLLAR, (2004), «Aid, Policies,
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19. RAVALLION M., S. CHEN et al. (1997), ((What Can New
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22. NORO M., (1998), Economies Africaines : analyse
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25. DOMAR and HARROD, «Growht Model»,
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26. P. ROMER et R. BARRO, The origins of Endegenous
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27. MALAM Maman NAFIOU, (2009), Impact de l'aide publique
au développement sur la croissance économique du Niger,
Revue africaine de l'Intégration.
107
III. TFC et Memoires
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Développement et la lutte contre la pauvreté. Cas de la Cote
d'Ivoire, Master en Economie Publique, Université de Cocody -
Abidjan, Inédit.
2. Fatou GUEYE, (2007), Efficacité de l'aide
publique au développement. Cas du Sénégal,
Mémoire d'études approfondies, Université Cheikh Anta
Diop, inédit.
3. TOWOSHI LOKALO, (2010), La problématique de
l'aide financière internationale dans le développement des Etats
du tiers-monde. Cas de l'aide de la Belgique en RDC, Mémoire de fin
d'études, Université de Kinshasa, Inédit.
4. MOI YOPAANG MANDELA et NAOUTEM DE JATO, (2009), L'Aide
publique au développement en République démocratique du
Congo, la spécificité aux Etats fragiles, Master 2 en
Gestion des projets de développement en Afrique, Université Paris
VI, Paris, inédit.
5. CAPO Amah Vinyo (2004), TOGO : Aide
extérieure, dette publique et croissance économique au TOGO,
Master 2, Université de Lomé
6. ZOUNGRANA SALIFOU (2007), L'agriculture de
contre-saison : une alternative pour la réduction de la pauvreté
des ménages ruraux au Burkina, Masteur2 en Macroéconomie,
Université de Faso, Inédit.
7. Oumar FAKABA SISSOKO, Analyse de la croissance
économique du Mali depuis l'indépendance, Université
Nanterre Paris X, Master II en Economie internationale, Politiques
macroéconomiques et conjonctures, 2008, inédit.
IV. Rapports et autres documents officiels
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2. OCDE/CAD (2005): Déclaration de Paris sur
l'efficacité de l'aide au développement, Février
2005
3. Assessing Aid, le rapport portant sur l'appropriation,
l'harmonisation, l'alignement, les résultats de l'APD ainsi que les
responsabilités des parties, Rapport publié en 2005.
4. Revue de la coopération entre le
Sénégal et la Banque Africaine de Développement en 2003
108
5. ODHD (2003), Décentralisation &
réduction de la pauvreté, Rapport National 2005 sur le
développement humain durable au Mali, Bamako.
(Téléchargeable sur
www.undp.org).
6. http://faostat.fao.org/. (Indicateurs du
développement dans le monde, disponible sur,
http://web.worldbank.org/).
7. PNUD, Rapport annuel sur le développement
humain, téléchargeable sur le site du Pnud
www.unpd.com.
8. PNUD, Rapport sur le développement humain 2010
: La vraie richesse des Nations, téléchargeable sur le
site
www.undp.org.
9. Rapport sur les ressources extérieures
mobilisées pour la mise en oeuvre des programmes de développement
en RDC (Exercice 2000 à 2001), Ministère des Affaires
étrangères et de la coopération internationale,
Comité de coordination des ressources extérieures, 2001.
10. OCEDE, Rapport principal : Table rase - et après ?,
Evaluation de l'allégement de la dette en République
Démocratique du Congo, 2012. V. Webographie
1.
www.cairn.info/revue-de-l-ocde-sur-le-developpement-2012-2-page-37.htm
2.
http://www.aae.wisc.edu/www/events/papers/rosenzweig.pdf.
3.
www.oecd.org/dataoecd/38/48/30751318.pdfv
4.
www.doingbusiness.org
109
Table des matières
Epigraphe I
Dédicace II
Remerciements III
Sigles et abréviations IV
Liste des tableaux et graphiques V
Introduction générale 1
Première partie : CONSIDERATIONS GENERALES
12 Chapitre Un : FONDEMENTS THEORIQUES SUR L'AIDE PUBLIQUE AU
DEVELOPPEMENT 13
I.1. Définitions et fondements théoriques de l'APD
13
I.1.1. Définition et importance de l'Aide au
Développement 13
I.2. Evolution de la notion d'Aide Publique au
Développement 15
I.3. Critiques de quelques auteurs sur l'APD 18
I.4. Efficacité de l'Aide en termes de réduction
de la pauvreté 19
I.4.1. Aide et la géographie dans la lutte contre
la pauvreté 20
I.5. Efficacité de l'Aide en termes de croissance
économique 21
I.5.1. L'Analyse de Burnside et Dollar 21
I.5.2. La sélectivité de l'Aide
22
I.6. L'impact de l'Aide sur les réformes politiques 24
I.6.1. Les conditionnalités 25
I.7. Controverses sur l'efficacité de l'aide 28
I.8. L'APD : Quelles orientations en faveur des PMA ? 28
I.9. Déclaration de Paris sur l'efficacité de
l'aide publique au développement 30
I.10. Formes d'aide publique au développement 31
I.11. Les principaux pays donateurs de l'APD 33
I.12. Les canaux de distribution de l'APD 34 Chapitre Deux
: FONDEMENTS THEORIQUES SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE 37
Section I : La croissance économique 37
I.1. Définition 37
I.2. La Mesure de la croissance économique 39
I.3. Les limites du PIB : 41
I.4. Les nouveaux indicateurs de mesure de la croissance 44
110
I.4.1. Les indicateurs du PNUD et l'indice de
sécurité sociale 45
I.4.2. Le BIP 40, l'ISP et les Indicateurs territoriaux 47
I.5. Jugement entre les indicateurs 50
Section II. Les théories de la croissance et ses
déterminants 51
II.1. L'innovation à l'origine de la croissance
économique : J. Schumpeter 51
II.2. Le modèle Harrod-Domar 53
II.3. Le modèle de Robert Solow 54
Section III. Les nouvelles théories de la croissance et
leur remise en cause 56
Section IV. Les déterminants de la croissance 58
Chapitre Trois : METHODOLOGIE DU TRAVAIL 60
Section I : Méthodologie du travail 60
II.3. Difficultés rencontrées 64
Section II : Présentation de la République
Démocratique du Congo 64
Deuxième partie : AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT ET
CROISSANCE
ECONOMIQUE EN RDC 67
Chapitre Quatre : PRESENTATION DES TENDANCES DE L'AIDE PUBLIQUE
AU DEVELOPPEMENT EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO SUR LA
PERIODE 1960 -2010 68
I. Les tendances périodiques de l'APD 68
I.1. La période 1960-1990 68
I.2. Le début des années 90 71
I.3. La période 2001-2010 73
II. Engagements et versements de l'Aide Publique au
Développement 75
III. Détermination de quelques indicateurs de l'Aide
Publique au Développement 78
III.2. L'indicateur de dépendance à l'aide 79
III.3. Le Ratio de l'aide par habitant 82
IV. Répartition de l'Aide en fonction de sa nature 84
V. Destination finale de l'aide 87
VI. La structure du financement de l'APD en RDC 90
Chapitre Deux : IMPACT DE L'APD SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE DE
LA RDC
92
II.1. Les données à estimer 92
II.2. Formulation de l'Equation 94
II.3. Traitement des données et estimation des
paramètres 94
II.4. Tests statistiques et relation théorique entre
variable dépendante et indépendante 96
111
II.5. Commentaire général sur le modèle
et vérification des hypothèses 98
Conclusion 100
Bibliographie 104
Table des matières 109
|
|