La gestion durable de la filière cacao dans la région du centre du Cameroun : le cas du bassin de production de la Lékié.( Télécharger le fichier original )par Dieudonné MBARGA Intitut des Relations Internationales duCameroun-IRIC/Yaoundé 2 - Master 2 « Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable » 2011 |
Paragraphe 2 : Les implications de la gestion durable pour la filière cacaoLes implications de la gestion durable se rapportent à ce qu'elle induit ou tout simplement ce que l'on peut en attendre. C'est encore le chercheur français Ignacy SACHS38(*)qui nous permet d'appréhender clairement et globalement ces implications. Ainsi, se fondant sur les quatre piliers du développement durable qu'il développe dans sa théorie, nous pouvons par déduction formuler que la gestion durable se résume en une mise en valeur et une émancipation des piliers du développement durable. Point 1 : Les dimensions sociale, économique et culturelle de la gestion durable La dimension sociale de la gestion durable implique plus de justice et d'équité entre les acteurs de la cacaoculture (Etat - producteur de cacao - acheteur), une meilleure définition de l'intérêt général, la recherche du bien-être collectif, et une meilleure répartition des retombées de la production. La dimension économique pour sa part, induit une organisation plus efficace et efficiente de l'activité cacaoyère, une plus grande productivité ainsi qu'une répartition plus équitable des ressources et flux constants d'investissements publics-privés dans la société. Elle interpelle les questions de prix, de dette, des termes d'échanges internationaux, très déséquilibrés entre les acteurs et ceci, davantage au préjudice des producteurs de cacao. La dimension écologique de la gestion durable vise à augmenter la capacité de charge de la terre en faisant en sorte de valoriser davantage le potentiel des ressources des différents écosystèmes, pour des fins utiles et en ne minimisant pas les attaques portées aux systèmes naturels desquels dépend la vie sur la planète. Il s'agit de manière concrète pour l'Etat dans sa mission d'assistance technique aux producteurs de cacao, de promouvoir des techniques d'entretien phytosanitaire saines des exploitations cacaoyères et partant de les initier à des techniques d'entretien modernes totalement écologiques à l'instar de la vulgarisation de la pratique de la polyculture sur les exploitations cacaoyères (cacaoyers + orangers + banane + citronniers) utiles à la rationalisation de l'utilisation des engrais et pesticides. Point 2 : Les dimensions culturelle et spatiale de la gestion durable La dimension culturelle de la gestion durable de la cacaoculture recherche des racines endogènes aux modèles de modernisation et aux systèmes intégrés de production. Il s'agit de promouvoir un changement dans la continuité culturelle, en traduisant le concept normatif d'écodéveloppement en une pluralité de solutions locales, adaptées à chaque écosystème, contexte culturel et site. Il est question, pour l'Etat, de sortir de la logique de considération des bassins de production comme des zones de pur prélèvement financier, logique héritée de la colonisation, pour faire la place belle au développement réel du monde rural en remettant le producteur de cacao au centre des préoccupations dans la définition et réalisation des politiques publiques de développement. A ce propos, le processus de décentralisation en cours dans notre pays, doit nécessairement être structuré et orienté à cette fin, pour que la Lékié émerge véritablement au plan national par l'amélioration substantielle du cadre de vie de ses localités cacaoyères. Enfin, la dimension spatiale de la gestion durable en matière de cacaoculture convie à un meilleur équilibre ville -campagne et une répartition spatiale des constructions humaines et des activités économiques, en mettant l'accent sur les problèmes suivants : l'urbanisation galopante (et anarchique), la concentration excessive dans les métropoles ; la destruction par l'homme des écosystèmes fragiles mais importants ; le besoin de promotion d'une agriculture moderne régénératrice et de l'agrosylviculture auprès des petits paysans, en leur fournissant les moyens techniques appropriés, des fonds et un accès au marché ; le développement d'une industrialisation liée à la nouvelle génération des technologies propres, en particulier des industries de transformation de la biomasse en mesure de créer des emplois nouveaux non agricoles ; l'établissement d'un réseau de réserves naturelles et de biosphères pour protéger la biodiversité. Dans ce sens, il est opportun : Pour l'Etat, de donner les moyens à la Lekié de mettre en place une industrie locale, beurre de cacao, chocolaterie, dans le sens de créer les emplois, faire de la Lekié un label et promouvoir durablement cette activité. De définir les projets pour la Lekié dans le temps et dans l'espace, c'est-à-dire ce qu'elle doit devenir dans 10, voire quinze ans, quels endroits ou localités doivent porter tels projets et la localisation des plantations. Et pour le planteur, intégrer la nécessité d'une occupation rationnelle de l'espace. * 38 IBID |
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