Paragraphe 2 : La concurrence déloyale des
grandes puissances agroindustrielles et la problématique de la pratique
des prix
Point 1 : La concurrence déloyale des grandes
puissances agroindustrielles
La concurrence déloyale est une
pratique propre aux puissances agroindustrielles de l'Union Européenne
(EU) et les Etats Unis d'Amérique du nord (USA). Elle est le fait pour
ces puissances de ne pas respecter scrupuleusement les règles
établies par l'OMC et s'appréhende à travers la pratique
du protectionnisme déguisé et des subventions masquées.
En effet si les Etats africains ouvrent effectivement
leurs frontières en respect des engagements pris à Marrakech, tel
n'est point le cas à proprement parlé des pays
industrialisés (UE, Etats-Unis, Chine etc.), qui continuent de
protéger les leurs par un recours à divers mécanismes qui
faussent le jeu de la libéralisation dans le domaine agricole. Il s'agit
par exemple de trop d'exigences en matière phytosanitaire pour les
produits en provenance des PVD et de la pratique déloyale des pics
tarifaires (c'est-à-dire des taxations progressives) quant à
l'entrée desdits produits, sur leurs marchés. Pour ce qui est du
cacao, cette pratique des pics tarifaires se traduit par une taxation à
l'entrée relative au degré de transformation du produit, soit 10%
pour les fèves de cacao, 62% pour le beurre de cacao et 96% pour le
chocolat, sur le marché américain selon un rapport de la CNUCED
et la FAO de 2001.
S'agissant des subventions, alors même que l'OMC
les interdit, les Etats les plus puissants économiquement continuent
d'apporter des soutiens à l'exportation de leurs produits de telle sorte
qu'ils soient vendus à un prix largement en deçà des
coûts de production.
Cette pratique est techniquement appelée dumping et a
des effets de diktat sur les prix internationaux qu'elle contribue à
tirer à la baisse, au détriment des pays pauvres dont le
Cameroun. A ce titre, le rapport d'information N-120 de la chambre haute du
parlement français révèlent les montants des transferts
directs aux agriculteurs de l'ordre de 40 milliards d'Euros pour les pays de
l'Organisation pour le Commerce et le Développement en Europe (OCDE), et
de 39 milliards de Dollars ou 32,5 Milliards d'Euro pour les Etats Unis
d'Amérique. Ces sommes handicapent justement les pays en
développement sur le marché mondial en annulant l'avantage
comparatif qu'ils doivent disposer en matière d'agriculture.
Point 2 : La problématique de la pratique
des prix
Cette question de la pratique des prix peut
s'appréhender sous deux prismes :
Dans un premier temps, le prisme de sa détermination
qui par ailleurs englobe sa négociation et sa définition.
Les Pays en Voie de Développement dont le Cameroun ne
sont pas suffisamment représentés et représentatifs dans
les fora internationaux pour ainsi faire entendre leurs voix et peser de leur
influence quant à cette détermination. L'épaisseur de
l'Afrique dans le commerce internationale qui s'évalue à un peu
moins de 5%, est de nature à justifier et à conforter cet
état de fait.
Dans un second temps, le prisme sa réalisation
c'est-à-dire le prix effectivement versé au producteur de cacao
lors des ventes de son produit.
Elle est l'objet de tous les tripatouillages et
spéculations possibles. Les firmes agroindustrielles multinationales
peuvent être considérées comme caution de la spoliation des
producteurs de cacao, car comme le dit M. Bilana du village
Nkolossan : « si dans les médias l'on parle de 1400
frs par Kg comme prix d'achat initial, ici seuls les plus chanceux ont pu
percevoir 700 frs pour la campagne 2010, c'était le prix « à
prendre ou à laisser « ». Ce qui laisse transparaitre un
arrangement en amont entre les multinationales et les acheteurs qui les
représentent. Les éléments de l'environnement
international ainsi présenté se positionnent comme de
sérieuses pesanteurs à l'épanouissement et à
l'émancipation agricole des pays africains.
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