1.2.4. Les mesures de la productivité
Plusieurs indicateurs peuvent être
développés afin de rendre compte de l'évolution de la
productivité. Les mesures unifactorielles et les mesures
multifactorielles constituent les deux principales catégories
habituelles utilisées pour tenir compte des différents
indicateurs (Gamache, 2005).
Les mesures uni factorielles mettent en relation la production
avec un seul intrant (travail, capital, terre), alors que les secondes
combinent simultanément les effets de plusieurs intrants. En d'autres
termes, l'augmentation de la production peut être comparée
à celle de tous les intrants ou juste à celle d'un seul facteur
de production à la fois (Kaci, 2006).
18
La productivité unifactorielle se mesure donc comme suit
:
Productivité unifactorielle = Quantité
produite/ Quantité d'input utilisée
La productivité du travail reflète le volume de
production généré par heure de travail. Toutefois, il ne
faut pas conclure qu'elle dépend uniquement de la performance de la main
d'oeuvre, car elle est largement influencée par tous les autres facteurs
de production et l'environnement dans lequel fonctionnent les entreprises
(Gamache, 2005).
Elle peut se calculer comme suit :
Productivité du travail = Quantité
produite/ quantité du travail utilisée (nombre d'actif agricole)
La productivité de la terre qui mesure la contribution de ce
facteur à la production, peut se calculer ainsi:
Productivité de la terre = Quantité produite/ Superficie
de production
La productivité du capital mesure la contribution ou la
part du capital dans la production. Autrement dit, elle compare la production
réalisée à la quantité de capital utilisée
et peut se calculer comme suit :
Productivité du capital = Quantité
produite/ Quantité du capital utilisée
Afin de prendre en compte l'efficacité de l'ensemble
des facteurs entrant dans le processus de production, la productivité
multifactorielle est prise en compte. Celle-ci associe la production d'un bien
ou d'un service à plusieurs intrants. Ceux le plus souvent retenus sont
le capital et le travail, mais d'autres facteurs intermédiaires tels
l'énergie, les matières premières et les fournitures de
production peuvent également s'ajouter.
En fait, l'intensité de l'effort fournit par les
travailleurs a effectivement des répercutions sur la productivité
du travail, mais cet élément est généralement
beaucoup moins important que le volume de capital (comme les outils ou la
machinerie) dont dispose un individu pour accomplir sa tâche.
19
2. Approche empirique
Plusieurs recherches ont été faites partout dans
le monde dans le cadre de rechercher les différentes variables qui
exerceraient une influence soit positive ou négative sur la
productivité agricole.
Localement, comme sur le plan international, certains
études ont été menées également dans
l'optique de trouver les facteurs pouvant agir sur la productivité. Nous
allons prendre en considération ici
certaines études. Nous exposerons les écrits
pertinents de certains auteurs sur la productivité.
Piette (2006), étudia les déterminants de la
productivité agricole dans le Nord-est du Brésil en faisant une
investigation sur la relation négative entre la productivité et
la taille des fermes. Celui-ci essaya de tester cette relation par moindre
carré ordinaire dans le nord-est du brésil en utilisant les
données provenant de l'enquête agricole du Brésil de
1995-1996. Selon lui, la persistance d'une relation négative contredit
l'argument que la révolution verte l'aurait inversée grâce
aux avancements technologiques. En contrôlant pour les
hétérogénéités telles une la quantité
du sol ainsi que pour les imperfections sur les marchés du
crédit, du capital et des biens d'utilité publique, l'essai
démontre que la relation inverse ne peut être que le
résultat des imperfections sur le marché de travail. De plus, cet
essai confirme que les grandes fermes emploient moins des travailleurs par
unité de terre et qu'elle substitue le capital à la
main-d'oeuvre. Ses conclusions impliquent qu'une distribution égalitaire
de la terre augmenterait la valeur totale de la production agricole de
l'économie. Cette réforme doit être menée par l'Etat
puisque les imperfections sur le marché de la terre empêchent sa
distribution optimale. De plus, les politiques économiques doivent
favoriser l'accessibilité aux biens d'utilité publique des petits
fermiers.
Randrianarisoa (1993), avait mené une étude dans
le but de mesurer le lien entre la production agricole et la pauvreté
rurale et de ressortir les déterminants de la productivité
agricole à Madagascar. Cette étude fut basée sur
l'enquête nationale auprès de 2953 ménages composés
exclusivement des personnes ayant des terres cultivées. Ses principaux
résultats sont les suivants : l'usage d'intrant moderne affiche une
grande rentabilité pour les pauvres ; l'absence des infrastructures
routières rurales constitue une difficulté majeure pour
l'amélioration de la productivité agricole ; en moyenne, les
ménages pauvres avaient montré une faible productivité de
main d'oeuvre lorsque les bénéfices d'une unité de terre
supplémentaire sont plus importants pour eux ; l'accès aux
crédits aux pauvres leur permettra d'accroitre leur production.
20
Parmi les variables importantes pouvant affecter la production
agricole, il y a les variables institutionnelles relatives à
l'accès à l'éducation, l'accès aux crédits
et l'accès au service de santé. Les résultats de ces
recherches montrent que la production promet d'aller en avant par l'utilisation
de fertilisants mais à l'exigence de l'intervention de l'Etat pour
accompagner cette promotion et mener une réussite totale.
Bidubula (2006) met en exergue la relation entre
l'éducation et le niveau de performance dans la filière rizicole,
pour sa part, les connaissances scolaires n'ont pas d'impact significatif sur
les rendements rizicoles. Il part du contexte selon lequel les techniques
agricoles sont essentiellement routinières. Ce travail montre que les
paysans de Kavumu réalisent le double des rendements de ceux de Fizi, du
fait que les avantages dont les premiers jouissent en termes d'accès aux
structures de vulgarisation et de crédit. D'une part, la diffusion de la
nouvelle technologie accroit l'efficacité de travail, l'accès au
crédit permet de mobiliser une importante main d'oeuvre des intrants
modernes, et ainsi respecter le calendrier agricole.
Robert Everson et al. (2001) étudièrent
l'incidence du système de vulgarisation, formation et suivi sur la
productivité agricole au Kenya, en tenant compte d'autres
déterminants de la production agricole tels que le niveau
d'études des agriculteurs et les caractéristiques
agro-écologiques. Le système F&S a été
intégré au programme national Kenyan de vulgarisation agricole en
1982, en tant que stratégie pour accroitre les rendements des
exploitations agricoles. Pour évaluer les résultats du
système F&S, ils se sont basés sur les données
collectées par le gouvernement Kenyan en 1982. Leur analyse s'est
fondée sur un échantillon contenant, entre autre des informations
sur la production agricole, les agents de vulgarisation agricole personnel
exogène mis à la disposition des exploitations agricoles, le
niveau d'études des agriculteurs et l'utilisation d'intrants agricoles.
Ils avaient utilisés la technique de régression par la
méthode des quantités pour étudier l'incidence sur la
productivité de la vulgarisation agricole et d'autres intrants agricoles
sur l'ensemble de la distribution conditionnelle des résidus à
rendement faible.
Ces derniers considèrent que l'incidence de la
vulgarisation agricole sur la productivité est la plus
élevée sur les agriculteurs situés aux points
extrêmes de la distribution des résidus de rendement. Cette
constatation leur porta à croire que un niveau donné des facteurs
non pris en compte, tels que la capacité de gestion des exploitations
agricoles de manière différente, l'incidence de la scolarisation
sur les rendements des exploitations agricoles est certes mais statistiquement
négligeable.
21
Pour sa part, Tusi (2006) aborde les questions liées
aux déterminants de la productivité agricole des ménages
à travers les zones agro-écologiques du Sud-Kivu. En mettant son
étude spécifiquement sur deux produits (le riz et le haricot), il
aboutit à la conclusion selon laquelle l'accès à la terre
est une contrainte majeure pour les paysans. En outre, il montre que le
développement des compétences à travers l'accès
à la vulgarisation (pour le riz) et l'utilisation des ressources (pour
le haricot) est une source de gain de productivité pour le paysan.
22
|