UNIVERSITE de LA REUNION MASTER « Lettres,
Sciences Humaines et Sociales » Mention « Langues, Cultures et
Communications »
LES JEUNES MAHORAIS et COMORIENS de LA
REUNION
STRATEGIES D'ADAPTATION et MOYENS
DE COMMUNICATION
MEMOIRE DE MASTER 2
En Sciences de l'Information et de la
Communication
Présenté par M. Jean KRAEMER
Sous la direction de M. Michel WATIN
Professeur des Universités
Laboratoire LCF-EA 4549
Année universitaire 2011-2012
Laboratoire de recherche sur les espaces créoles et
francophones - EA 4549 Université de la Réunion - 15, avenue
René Cassin - 97715 Saint-Denis messag cedex 9 Tél : 02 62 93
85 70 - Fax : 02 62 93 85 73 - Site : <
www.lcf-reunion.fr>
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Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Ce travail de recherche est dédié
A tous les déracinés, à tous les
enracinés :
Qu'ils tentent de s'intégrer ou d'éviter de se
désintégrer
À tous ceux qui vivent un rejet
Parce qu'ils le subissent dans leur pays d' « accueil
»
Ou parce que l'arrivée de migrants remet leur mode de
vie en question
À tous ceux qui se « créolisent »
malgré eux,
À ceux qui créolisent de nouveaux arrivants, bon
gré mal gré
Et malgré les difficultés qu'ils éprouvent
déjà -les uns et les autres- sur le plan
matériel et social par ailleurs
À ceux qui sont contents qu'on écoute (un peu) leur
parole
À ceux qui aimeraient mieux qu'on les oublie, qui se
demandent ce qu'on leur veut
À ceux -de part ou d'autre- qui à force
d'identité culturelle se sentent parfois marginalisés
Le village planétaire reste un village : l'autre est
toujours fantasmé, menace et contrainte
jusqu'à ce qu'il ne soit plus l'autre, mais un autre
nous mêmes, par l'évolution de chacun. Difficile, mais
fécond. Toute autre voie ne serait elle que ghetto ?
Il faudrait « plus d'ouverture de la part des mahorais,
et que les créoles acceptent les mahorais comme ils sont. »
Kaycha
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Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Je souhaite remercier de tout coeur
L'équipe enseignante en Sciences de l'Information et de
la Communication de l'Université de la Réunion, pour leur
accueil, pour leur aide et leur soutien, pour leur art de remettre en cause les
certitudes, pour leur professionnalisme et leur humanité.
Et tout particulièrement :
M. Michel WATIN, Directeur de recherche
M. Igor BABOU
Mme. Eliane WOLFF
M. Bernard IDELSON
Mme. Nathalie NOËL-CADET
Les jeunes participants à l'étude qui ont
bien voulu donner leur temps et leur confiance pour mieux faire connaître
leur communauté, en particulier :
Fazira ABDOUSALAMI Anichati M'BAE ALI
Halima ALI Abdermane MOHAMED
Karim ALI Andjafati MOHAMED
Kamardine BAKARI Izadine MOUSTAPHA
Rouaydati DAROUECHY Amina SAID
Nadia IBOURAHIM Anrafa SAID
Sybitoine MAOULANA Djaouria TAMOU
Siadi MAOULIDA
Ainsi que les élèves de la classe de
première STG gestion du lycée de Bellepierre
et « Ali », étudiant Comorien
Les étudiant(e)s en Master 2 Information et
Communication,
Pour leur accueil, leur solidarité, leur volonté de
se remettre en cause et de progresser, et plus particulièrement :
Katia ALLOUCHE Manuella GIGANT
Elise BONATTI Gaëlle POTHIN
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Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Présentation de l'étude
Cette recherche porte sur les jeunes Mahorais et Comoriens
à la Réunion, leurs pratiques des Technologies de l'information
et de la communication en tant que facteurs d'adaptation à
l'environnement réunionnais.
S'adapter ne veut pas dire nécessairement
s'intégrer, d'autres alternatives sont possibles, l'éventail de
possibilités est vaste entre l'assimilation et le repli communautaire,
avec en filigrane le projet commun à la plupart des migrants d'un retour
valorisant au pays d'origine, parfois d'une émigration secondaire.
Les Comores et Mayotte : Un archipel, une religion islamique
commune, des peuples proches mais distincts, culturellement et
linguistiquement, parfois mêlés au sein des familles ; des choix
politiques divergents, les uns attachés à leur
indépendance, les autres à la République Française,
les Comores et Mayotte constituent un ensemble particulier au sein de
l'Océan Indien.
Comoriens et encore plus récemment Mahorais sont les
derniers groupes d'immigrants à la Réunion. Si la
créolité réunionnaise a su jusqu'à présent
intégrer ses différentes composantes dans un ensemble globalement
harmonieux et cohérent, cela n'a pas toujours été facile,
d'autant plus que ces intégrations ont généralement
été faites dans la douleur et la domination subie. Les
dernières vagues d'immigration ne sont plus contraintes mais
volontaires, cette dimension est naturellement préférable pour
les migrants, mais ne facilite pas nécessairement leur
créolisation. Et ce d'autant plus qu'ils arrivent dans un contexte
social et économique structurellement difficile.
Les jeunes Mahorais et Comoriens de la Réunion
présentent des caractéristiques et des projets particuliers,
comme d'autres communs aux migrants, ainsi que des points de rapprochement avec
les Créoles.
Par leur âge et leurs origines allogènes, ils
font « naturellement » partie des deuxièmes
générations, ainsi que des migrants « connectés
».
En effet, les technologies de communication numériques
en changeant le monde ont changé les conditions de vie et
l'identité des migrants qui ont désormais la capacité
d'interagir avec leurs sociétés d'accueil et d'origine.
L'intégration passant prioritairement par la communication, les TIC leur
permettent d'interagir localement et à distance avec tous leurs groupes
d'allégeance.
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Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Nous tenterons ainsi de vérifier si les jeunes Mahorais
et Comoriens de la Réunion, grâce à leurs usages des TIC
veulent et parviennent à s'intégrer à la
société créole tout en gardant leurs racines identitaires,
ainsi que ce qu'ils peuvent éventuellement apporter à la
société réunionnaise qui les accueille.
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Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
SOMMAIRE
Présentation de l'étude 4
Note méthodologique préliminaire 16
Préambule : Mayotte et les Comores : un archipel, deux
pays 17
1. L'Union des Comores 17
1.1. La géographie
1.2. L'histoire des Comores
1.3. Les langues des Comores
1.4. Aspects sociaux
1.5. L'économie Comorienne
2. Mayotte, l'île aux parfums,
101ème département français
20
2.1. La géographie
2.2. L'histoire de Mayotte
2.3. Les langues de Mayotte
2.4. La démographie
2.5. La société mahoraise, Islam et traditions
2.6. L'économie mahoraise
7
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
PARTIE I - PROBLEMATIQUE 24
Chapitre 1- LA MIGRATION
1. La problématique de la migration : 24
1.1. Migrant ou immigrant, définitions liminaires 24
1.2. De l'exil à l'intégration, de
l'aliénation à l'ubiquité 25
1.3. L'histoire de l'immigration française 27
1.4. La notion d'immigré en France : Une origine
étrangère, des situations différentes 28
1.5. La place des immigrés et étrangers en
France 28
1.6. Un migrant protéiforme 30
1.7. Du migrant sous contrainte au migrant connecté 30
2. Les relations entre le migrant et le pays
d'accueil : 32 2.1. Une dialectique d'acceptation-rejet
réciproque : double jeu d'«inclusion-exclusion »
2.2. L'immigration, bouc émissaire international 33
2.3. L'incidence économique de l'immigration : lieux
communs et discours politiques à
l'épreuve de la réalité 34
2.4. Deux types d'origines, deux images, deux
catégorisations 35
2.5. Les discriminations et les minorités visibles 36
2.6. La ségrégation (géographique, donc
sociale) 36
2.7. Immigration et délinquance 37
3. Le migrant dans l'espace public
38 3.1. L'image du migrant, enjeu social et politique
4. Le jeune issu de migrants 40
4.1. La deuxième génération et les
migrants d'âge tendre 41
4.2. Une identité socialement intégrante,
individuellement structurante 43
4.3. Dialectique : de la conformité à la
conformation 44
4.4. Une France intégratrice ? 44
8
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
4.5. La dynamique des relations familiales 46
4.5.1. Lien familial et structuration de l'identité 4.5.2.
Les femmes dans l'immigration
5. Les stratégies d'intégration ou de
repli identitaire des migrants 49
5.1. L'intégration économique et sociale 49
5.1.1. Emploi, entreprise, aides sociales
5.1.2. L'insertion des jeunes issus de l'immigration dans les
pays occidentaux
5.2. L'intégration par l'école 53 5.2.1.
Attentes et réalisations
5.2.2. Des acteurs sociaux critiques et revendicatifs
5.3. L'intégration par les réseaux affinitaires
: famille, amis, mouvement associatif 56 5.3.1. Des relations familiales
basées sur la proximité
5.3.2. Un ancrage originaire pour les arrivants, spatial pour les
natifs, affinitaire ensuite 5.3.3. Une participation associative moindre, mais
constitutive de lien social 5.3.4. Un lien identitaire local de
proximité
5.4. Le maintien des liens originels, la communauté
identitaire 58 5.4.1. La famille, le pays : attentes croisées,
volonté de participation du migrant 5.4.2. La dialectique du retour : du
souhait à la réalisation (parfois)
5.5. Les pratiques linguistiques et les migrants 62
5.5.1. Les langues originelles et l'acquisition du français :
langues communautaires, langue intégratrice
5.5.2. Un plurilinguisme obligé
9
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Chapitre 2 - LE CONTEXTE DE LA MIGRATION à LA
REUNION
1. Le phénomène de créolisation
: des influences réciproques 64
1.1. Créolité et créolisation 64
1.2. Une « rétro-créolisation » ? 65
2. Le contexte des Mahoro-Comoriens à la
Réunion 67
2.1. L'immigration à la Réunion 67
2.1.1. Un peuplement allogène, une mosaïque de
peuples 2.1.2. Les immigrants récents de la Réunion
2.2. La migration des Mahoro-Comoriens 69 2.2.1. Les
Mahoro-Comoriens en France
2.2.2. Les Mahoro-Comoriens à la Réunion
2.3. L'espace public réunionnais et les migrants
74 2.3.1. Un espace public médiatique riche et varié
2.3.2. De l'extrême discrétion des uns à la
globalisation péjorative des autres
2.4. Familles réunionnaises et mahoro-comoriennes :
pluriculturelles et en évolution 78 2.4.1. La transformation des
structures familiales et des solidarités traditionnelles 2.4.2. Les
familles mahoraises à la Réunion
2.5. L'emploi et les migrants mahoro-comoriens à la
Réunion 81 2.5.1. Un sous-emploi structurel
2.5.2. La difficile insertion professionnelle des
mahoro-comoriens
2.6. L'école et l'immigration à la
Réunion 82 2.6.1. L'école à la Réunion
2.6.2. La scolarisation des jeunes mahorais, de nombreux
problèmes à surmonter
2.7. Les langues à la Réunion 85 2.7.1.
Un espace linguistique particulier 2.7.2. Les langues des mahoro-comoriens
2.7.3. La langue, vecteur d'intégration
10
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Chapitre 3 -TECHNOLOGIES de l'INFORMATION et de la
COMMUNICATION, et MIGRATION
1. Les migrants et les communications (TIC,
Télécom) 88
2. Les pratiques médiatiques des migrants 88
2.1. Consommation médiatique, structuration de la
personnalité et relations familiales 88 2.2. Les pratiques
médiatiques des migrants : structurantes ; intégratrices et
identitaires 89
2.3. Une population segmentée « ethnique »
90
2.4. Les migrants face aux médias et aux cultures
jeunes 92
3. Les migrants et les
(télé)communications : le lien, sous de multiples formes
93
4. Les TIC et les migrants 95
4.1. TIC et socialisation 95
4.2. Les immigrés et la consommation de TIC 95
4.3. Migrants, TIC et participation politique 95
4.4. Une possible dé-structuration des migrants
96
4.5. L'avènement et la dynamique des diasporas
numériques 97
5. Les TIC à la Réunion
98
5.1. L'équipement en TIC 98
5.2. TIC, solidarités et individualisation 98
5.3. Les TIC et les familles mahoro-comoriennes de la
Réunion 99
5.4. Des sites diasporiques mahoro-comoriens ? 99
11
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
PARTIE II - METHODOLOGIE
1. La population étudiée : Les jeunes
mahorais et comoriens 101
1.1. Mahorais ou Comoriens ? 101
1.2. Les jeunes participants à l'étude
102
1.2.1. Les jeunes Mahoro-Comoriens interrogés
1.2.2. Les autres participants : éléments de
comparaison et de cadrage
1.3. Le contexte relationnel, facteur de limitation des biais
103
2. Les outils d'étude empirique
105
2.1. Un premier questionnaire, guide d'entretien 105
2.2. Des entretiens semi-directifs 105
2.3. Pages personnelles de réseau social (facebook) :
amis, iconographie, langages 107
3. Les thèmes d'étude 108
4. Modalités d'enquête de terrain
108
Annexes à la partie méthodologique : 109
1. Le questionnaire
2. Le guide d'entretien
12
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
PARTIE III - ETUDE DE TERRAIN
Chapitre 1- LES JEUNES MAHORO-COMORIENS à LA
REUNION
1. Les mobiles de la migration 113
2. Sentiments d'appartenance et identité
115 2.1. Identité et sentiment d'appartenance :
plutôt mahorais ou comorien que créole 115
2.2. Des origines souvent plurielles, mais unicité
d'identité 116
2.3. Mahorais, comorien : des cultures et des pratiques
distinctes 117
3. Ressenti des relations avec les créoles
réunionnais 120
3.1. Ressenti de la perception des Mahorais et Comoriens
par les créoles 120
3.2. Perception des attentes envers les jeunes
mahorais-comoriens 122
3.3. Différence identitaire affichée par les
adultes plus que par les jeunes 123
3.4. Attentes des jeunes mahorais-comoriens 124
3.5. Attentes perçues des adultes
mahorais-comoriens 125
4. Un mode de vie duel, entre créole et
traditionnel 126
4.1. Intégration-repli identitaire : une
alternative combinatoire 126
4.2. Les réseaux affinitaires de proximité
126
4.3. Les associations et pratiques de loisirs 128
4.4. Des traditions toujours importantes 129
4.5. Pratique religieuse : un Islam non porteur de
discriminations 130
4.6. Un respect des traditions annoncé comme choisi
et non subi 130
5. Pratiques et usages linguistiques
131
5.1. Des pratiques adaptatives, différenciées
selon la situation 131
5.2. Le créole, première langue de
communication affinitaire 131
5.3. La langue d'origine à l'épreuve de
l'environnement 132
5.4. Les autres pratiques linguistiques 134
13
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
6. L'avenir par l'école 135
6.1. L'école facteur d'intégration 135
6.2. Les projets d'avenir : d'abord réussir des
études 135
6.3. Des projets localisés : retour aux sources ou
migration secondaire plutôt
qu'enracinement 136
6.4. Une décision autonome 138
7. Les relations familiales à la
Réunion 139
7.1. Des familles étendues, très
présentes, garantes de la tradition 139
7.2. Les femmes dans l'immigration 139
7.3. Endogamie et amitiés identitaires 140
7.4. Entre conformité et conformation 141
7.5. Une créolisation non obligée, (donc)
partielle 142
7.6. Des migrants plutôt que des immigrants ? 143
14
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Chapitre 2 - LES JEUNES MAHORO-COMORIENS et les
COMMUNICATIONS (télécommunications, TIC)
1. Maintenir les relations avec le pays ou la culture
d'origine 146
1.1. Les télécommunications 146
1.1.1. Le téléphone fixe
1.1.2. Le téléphone portable
1.1.3. Les communications numériques
1.2. Les autres moyens de maintien de la communication
149
1.3. Les déplacements 149
2. Les pratiques médiatiques
150
2.1. Information et distraction : priorité à la
télévision 150
2.2. Les autres médias : sous-utilisation 151
2.2.1. Sous-consommation de radio
2.2.2. Pas de presse quotidienne, peu ou pas de presse
magazine
2.2.3. Affichages communautaires : événementiels,
discrets et peu fréquents
2.3. Des usages médiatiques spécifiques 153
3. Les usages des TIC par les jeunes mahoro-comoriens
155
3.1. Les appartenances complémentaires 155
3.2. Le téléphone portable 156
3.3. Internet 157
3.3.1. Des modes de connexion multiples
3.3.2. Les réseaux sociaux virtuels 3.3.3. La
messagerie sur Internet 3.3.4. Les jeux en réseau
3.3.5. Sites identitaires, pas diasporiques
3.3.6. Utilisateurs, pas interacteurs
15
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Conclusions 164
Bibliographie 168
Annexes de terrain 176
1. Tableau des participants 177
2. Questionnaires complétés par les
participants 178
3. Notes de transcription des entretiens avec les participants
206
16
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Note méthodologique
préliminaire
De nombreux travaux ont été consacrés aux
phénomènes de migration et à la place des immigrés
dans la société française, plus rares sont ceux qui
traitent plus précisément des populations migrantes
subsahariennes, notamment comoriennes et mahoraises.
Les recherches portant sur l'immigration de ces
dernières populations sont peu nombreuses ; ce qui nous a conduit
à exploiter des sources statistiques, particulièrement INSEE et
INED, mais aussi parfois journalistiques, particulièrement quand le
rédacteur est universitaire.
Face à la rareté des publications
académiques en ce qui concerne l'accueil et l'intégration des
migrants mahorais dans l'environnement réunionnais, nous avons
également du avoir recours aux travaux officiels réalisés
par des organismes dépendant de la Région Réunion, le
Centre de ressources de la Cohésion sociale et urbaine de la
Réunion (CR-CSUR) pour la formation des acteurs sociaux ; ainsi que le
Conseil économique, social et environnemental régional de la
Réunion (CESER) dont les publications servent de repère aux
décideurs locaux. Il est clair que ces rapports ont pour la
présente recherche une valeur de constat et de témoignage plus
que d'analyse.
17
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Préambule :
Mayotte et les Comores : un archipel, deux
pays
1. L'Union des Comores
1.1. La géographie
« L'archipel des Comores est constitué de
quatre îles situées à l'entrée du canal du
Mozambique, au nord-ouest de Madagascar. Les îles de Grande-Comore,
Mohéli et Anjouan appartiennent à l'Union des Comores, alors que
Mayotte a choisi en 1975 de rester française. Elle est depuis le 31 mars
2011 le 101ème département français. »
Ministère des Affaires étrangères, 2011
La capitale des Comores, Moroni, se trouve sur la plus grande
des îles, Grande-Comore, aux pieds du Karthala, volcan actif culminant
à 2361m d'altitude.
Les informations proposées par le Ministère des
Affaires Etrangères français indiquent que l'Union des Comores,
indépendante depuis 1975 entretient d'excellentes relations avec la
France. La question de la souveraineté de Mayotte est toutefois un sujet
de dissension.
Près de la moitié des citoyens comoriens
résident en France ainsi que de très nombreux binationaux, entre
150.000 et 300.000 au total, selon les estimations. Les deux pays
coopèrent dans de nombreux domaines et au sein d'instances
internationales, en Afrique et dans l'Océan Indien. La France est aussi
le premier partenaire économique et commercial des Comores.
1.2. L'histoire des Comores
Les premiers groupes de peuplement des Comores remontent au
6ème siècle. « Il s'agissait probablement de peuples
Bantous en provenance d'Afrique continentale. Les premières
communautés musulmanes, des marchands arabo-persans, seraient
arrivées dans les îles autour du 9ème siècle. A
partir de cette période, les Comores sont surnommées «
îles des sultans batailleurs » en raison des nombreuses disputes qui
déchirèrent l'archipel jusqu'à son passage
18
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
sous protectorat français, en 1841 pour Mayotte et
1866 pour Anjouan, Grande Comore et Mohéli. » Ministère
des Affaires étrangères, 2011
« Depuis leur indépendance, en 1975,
les Comores ont vécu une trentaine de coups d'Etat et plusieurs
crises indépendantistes. » Ministère des Affaires
étrangères, 2011. Mohéli et Anjouan connaissant des
mouvements sécessionnistes qui se traduisent par des tensions entre les
îles.
Les mouvements indépendantistes que connaissent les
îles des Comores ne se limitent pas à Mayotte, que l'Union des
Comores réclame en son sein par voie diplomatique ainsi qu'au sein des
instances internationales. En effet Mohéli et Anjouan connaissent
également des tentations sécessionnistes qui ont mené
à une révision constitutionnelle en décembre 2001.
Celle-ci réaffirme son allégeance islamique, mais aussi la
garantie de l'égalité des droits entre les îles et pour
tous les citoyens « sans distinction de sexe, d'origine, de race, de
religion ou de croyance » et l'exercice des libertés fondamentales
(expression, réunion, syndicalisation...) (Site de la Présidence
des Comores). Par ailleurs pour réaffirmer le fédéralisme
et diminuer les tensions inter-îles, une présidence tournante a
été instituée entre les îles, chacune assurant
à son tour la direction de l'Union.
1.3. Les langues des Comores
« Les habitants du pays s'expriment, dans une
proportion de 96,8 %, en comorien (appelé officiellement le shikomor),
une langue de la famille bantoue. Selon les îles, le comorien
présente plusieurs variantes dialectales et l'intercompréhension
demeure relativement facile entre celles-ci. On distingue quatre
variétés linguistiques: le grand-comorien ou shingazidja
(à la Grande-Comore), le mohélien ou shimwali (à
Mohéli) et l'anjouanais ou shindzuani (à Anjouan). »
(LECLERC, Jacques, 2009)
« Le français est la langue officielle et
celle des relations extérieures, mais l'arabe classique constitue la
«langue religieuse». On compte moins de 2000 locuteurs ayant le
français comme langue maternelle, environ 700 locuteurs s'exprimant en
malgache et environ 3000 locuteurs du swahili. En fait, le statut de l'arabe
tient plus du symbole que de la réalité, car on ne compte aucun
locuteur dont l'arabe serait langue maternelle. » (LECLERC, Jacques,
2009)
19
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
1.4. Aspects sociaux
Le pays est encore parfois appelé République
Fédérale Islamique des Comores, 98% de ses habitants pratiquent
un islam sunnite.
Le taux d'alphabétisation n'est que de 55,8 % (PNUD
estimation 2008), le taux de scolarisation secondaire de 35.7%, avec des
inégalités marquées entre garçons et filles, entre
villes et campagnes. La scolarisation maternelle est assurée par
l'école coranique, au domicile d'un dignitaire religieux qui enseigne de
manière autonome. Les taux d'échec sont élevés
à tous les niveaux de formation (Site officiel de l'Union des Comores,
mai 2012), ce qui explique le besoin d'expatriation estudiantine ressenti par
de nombreux jeunes comoriens.
1.5. L'économie Comorienne
La situation économique des Comores est
précaire. « Le pays est structurellement dépendant des
financements extérieurs, principalement les transferts (20% du PIB) des
quelque 200.000 immigrés comoriens résidant majoritairement en
France, et par l'aide des bailleurs » Ministère des Affaires
étrangères, 2011
Avec un PIB par habitant de 820 $ en 2010 (estimation Banque
Mondiale) et un Indice de Développement Humain qui la place
132ème sur 177 pays (Programme des Nations Unies pour le
Développement - PNUD 2010), la République des Comores fait partie
des PMA (Pays les Moins Avancés), avec 45% de la population vivant en
dessous du seuil de pauvreté. 40% de la population active est
occupée dans le secteur primaire (agriculture, pêche
principalement), et 12 % seulement dans l'industrie. Ministère des
Affaires étrangères, 2011
20
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2. Mayotte, l'île aux parfums,
101ème département
français
2.1. La géographie
Petit archipel d'origine volcanique, Mayotte forme la partie
orientale de l'archipel des Comores. Mayotte se trouve à environ 1500
kms de La Réunion, 8 000 kms de la Métropole et 400 kms de la
Tanzanie. (Ministère de l'Outre-Mer)
« Mayotte comprend deux îles principales d'une
superficie de 374 km2, séparées par un bras de mer de 2kms et une
trentaine de petits îlots parsemés dans l'un des plus vastes
lagons coralliens du monde (plus de 1 500 km2). »
2.2. L'histoire de Mayotte
Elle est très liée à celle des autres
îles de l'Archipel, protectorat, puis colonie française «
La rupture entre Mayotte et le reste des Comores s'effectue pour la
première fois au cours des années 1957-1958. » « Le 14
mai 1958, l'Assemblée territoriale vote une motion demandant le
transfert de la capitale de Dzaoudzi à Moroni. »
(Ministère de l'Outre-Mer).
L'Assemblée territoriale des Comores choisit alors le
statut de TOM (Territoire français d'Outre-Mer) alors qu'à
Mayotte, un peu plus de 80 % des électeurs ont exprimé leur
préférence pour le statut de DOM (Département
français d'Outre-Mer). (Ministère de l'Outre-Mer).
En décembre 1974, un référendum est
organisé à la demande des habitants sur l'indépendance des
îles des Comores. Le décompte des votes révèle que
Mayotte est la seule des quatre îles des Comores à exprimer sa
préférence pour le maintien dans la Nation française, avec
63,8 % des suffrages. » (Ministère de l'Outre-Mer). Un
référendum de confirmation est alors organisé (loi du 31
décembre 1975) pour appeler à se prononcer sur le fait que
Mayotte demeure française ou rejoigne le nouvel Etat comorien.
(Ministère de l'Outre-Mer).
Le désir de maintien dans la Nation française
est confirmé avec 99,4 % des voix. Par la loi du 24 décembre 1976
Mayotte est dotée du statut provisoire de « collectivité
territoriale » de la République française. (Ministère
de l'Outre-Mer).
21
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La population de Mayotte est encore consultée le 2
juillet 2000 sur l'avenir institutionnel de son île. 72,94 % des
électeurs se sont prononcés en faveur de l'accession de Mayotte
au statut de "Collectivité Départementale" (Ministère de
l'Outre-Mer).
La Loi du 11 juillet 2001 indique que ce nouveau statut doit
permettre à Mayotte d'adopter une organisation juridique,
économique et sociale qui se rapproche « le plus possible du
droit commun et qui sera adaptée à l'évolution de la
société mahoraise. » (Ministère de l'Outre-Mer).
Des dispositions en faveur du développement économique et social
de l'île sont incluses dans la loi.
La loi organique du 21 février 2007 relative à
l'Outre-Mer modifie largement le statut de Mayotte, et ouvre la porte à
sa transformation en département d'Outre-Mer. Suivant la
possibilité qui lui en était donnée, le 18 avril 2008, le
conseil général de Mayotte a voté à
l'unanimité une résolution demandant que Mayotte soit soumise au
statut de département et région d'Outre-Mer. (Ministère de
l'Outre-Mer). Un référendum a été organisé
à Mayotte en mars 2009 sur cette question, et a obtenu un vote de
confirmation de 95,2% selon la préfecture.
La collectivité départementale de Mayotte est
ainsi devenue le 31 mars 2011 le cent-unième département de
France et son cinquième département d'outre-mer.
2.3. Les langues de Mayotte
À Mayotte, les habitants Mahorais et Comoriens,
respectivement 59.4% et 11.9% de la population, parlent le mahorais,
appelé shimaoré, soit un total de 71,3 % de locuteurs. Pour les
Comoriens, le shimaoré est une langue seconde, puisqu'ils pratiquent les
autres variétés linguistiques comoriennes. (LECLERC, Jacques,
2009)
« Dans plusieurs villages on parle le kibushi, une
langue malgache (de la famille austronésienne) proche du sakalava
parlé à l'île de Madagascar » ces derniers
représentent 22.5% des habitants. (LECLERC, Jacques, 2009)
Le français n'est pas la langue la plus parlée
à Mayotte, « on estime qu'aujourd'hui environ 60 % des
insulaires maîtrisent le français comme langue seconde. Il
n'existerait aucun Mahorais unilingue francophone » cette situation
ne concernerait que les métropolitains résidant sur l'île.
(LECLERC, Jacques, 2009)
22
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.4. La démographie
« En 35 ans, la population de Mayotte a
été multipliée par 5, pour atteindre 186 452 habitants
(recensement au 31 juillet 2007). La densité moyenne sur l'archipel
s'élève à 511 habitants au km2 contre 112 pour
la France métropolitaine. Depuis les années 1950, la croissance
démographique de Mayotte a été portée par une
natalité très élevée, et par une immigration
provenant pour l'essentiel des îles voisines. Malgré le
ralentissement constaté depuis 1997, lié à la baisse du
taux de fécondité, près de 53 % de la population avait
moins de 20 ans en 2002, pourcentage le plus élevé de tous les
territoires français. » (Ministère de l'Outre-Mer)
« Mayotte connaît une forte immigration
clandestine en provenance principalement des Comores et particulièrement
d'Anjouan (la plus proche, à 115 kms) » (Ministère de
l'Outre-Mer). Les drames sont fréquents lors de ces traversées
sur des barques surchargées et mal adaptées à la
navigation hauturière (les kwassa-kwassa). « Le gouvernement a
renforcé son dispositif de lutte contre l'immigration clandestine
(radars de surveillance). 13 329 reconduites d'étrangers ont ainsi
été mises en oeuvre en 2008. » (Ministère de
l'Outre-Mer). Il est ainsi très difficile de connaître
précisément le nombre réel d'habitants de Mayotte,
étant donnée la présence importante d'immigrants
clandestins comoriens.
2.5. La société mahoraise, Islam et
traditions
La société mahoraise traditionnelle fonctionne
sur les principes de la prééminence du groupe sur l'individu, de
la matrilinéarité (filiation définie dans la lignée
maternelle) et de la matrilocalité (résidence de la famille chez
la mère). La culture mahoraise s'appuie sur une tradition orale
riche.
95% des Mahorais sont d'obédience musulmane et de rite
sunnite. La religion occupe une place majeure dans l'organisation de la
société.
Les enfants fréquentent l'école coranique,
généralement tôt le matin, avant l'école
laïque. L'Académie met progressivement en place les moyens
d'accueil des enfants en maternelle, gage d'une meilleure acquisition du
français.(INSEE 2010)
Le droit coutumier inspiré du droit musulman et des
coutumes africaines et malgaches s'applique aux Mahorais qui choisissent de le
conserver. Il comporte des règles particulières : polygamie,
possibilité de répudiation de la femme par le mari,
inégalités des sexes en matière de droit
23
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
successoral, etc. Ils peuvent également opter pour le
statut civil de droit commun français. Cependant, la grande
majorité de la population méconnaît son propre statut.
2.6. L'économie mahoraise
En 2005 (données INSEE), le PIB par habitant de Mayotte
était de 5200 euros par habitant, à comparer avec les 650 EUR des
Comores et les 15475 EUR de la Réunion. Le dernier département
français est aussi le moins riche. Mais le différentiel de revenu
avec les autres îles de l'Archipel explique l'attraction que l'île
aux parfums exerce sur les habitants des îles voisines. De la même
manière, la Réunion attire les mahorais pour sa différence
de richesse apparente et de prestations sociales.
Le secteur public reste le premier pourvoyeur d'emplois, mais
les entreprises privées se développent et contribuent à la
diminution du chômage, malgré une pression démographique
encore forte. L'agriculture, principalement de subsistance occupe près
d'un tiers des ménages, ainsi que la pêche, surtout
destinée à l'autoconsommation.
Les principales exportations sont ainsi
réalisées dans les produits agricoles ou dérivés,
l'essentiel de la valeur ajoutée (VA) produite (donc la principale
contribution au PIB) étant réalisée par le secteur du
commerce. (INSEE 2010).
Le taux de chômage global est de 26.4% frappant deux
fois plus les femmes que les hommes, et particulièrement important chez
les jeunes (41.5% des 15-25 ans) et les étrangers (33.9%).
Le chômage diminue avec le niveau de diplômes,
passant de 32.6% pour les non diplômés à 14.2% pour les
bacheliers et 4.6% pour les diplômés du supérieur.
(Données 2007 - INSEE 2010).
L'offre de formations supérieures se développe
à Mayotte, mais reste insuffisante, ce qui explique une partie de
l'émigration vers la Réunion, où l'offre est proche de
celle de la Métropole. Par contre, le nombre d'élèves
mahorais émigrés pour suivre des études secondaires
diminue régulièrement avec le renforcement des capacités
d'accueil locales. (INSEE 2010)
La Réunion apparaît pour de nombreux Mahorais et
Comoriens comme l'ouverture vers une vie meilleure, pour eux comme pour leurs
enfants, par rapport aux conditions de vie et aux perspectives
d'évolution moins favorables, en termes éducatifs et
professionnels, qu'ils connaissent dans leurs îles d'origine.
24
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
PARTIE I - PROBLEMATIQUE
Chapitre 1- LA MIGRATION
1. La problématique de la migration
:
1.1. Migrant ou immigrant, définitions
liminaires
L'INSEE définit dans ses études qu'une personne
immigrée en France (ayant migré vers l'intérieur) est
« née étrangère à l'étranger
». Pour cet organisme, la famille immigrée étant celle
« dont les deux parents sont immigrés, ou famille monoparentale
où le seul parent connu à l'enquête est immigré
».
Les couples ou familles mixtes, sont «
constitué(es) d'un conjoint immigré et d'un conjoint
non immigré » et notées comme ayant une dynamique
distincte de celle des immigrés.
Le dictionnaire de l'Académie Française
précise simplement qu'il s'agit de « Venir dans un pays
étranger pour s'y établir ».
Ces définitions ne contiennent aucune indication sur la
durée de séjour en France, ni sur l'intention ou non de s'y
installer plus ou moins définitivement, ou à l'inverse de
repartir pour une « migration secondaire » vers un autre pays.
L'immigrant arrivant est logiquement un émigrant,
(ayant migré vers l'extérieur) pour le pays qu'il quitte.
Quant au migrant, il est simplement défini par
l'Académie Française comme celui qui « effectue une
migration», membre d'une « population qui passe d'un
territoire dans un autre pour s'y établir, définitivement ou
temporairement ».
25
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
1.2. De l'exil à l'intégration, de
l'aliénation au migrant connecté
Pour le migrant, l'émigration volontaire ou subie
représentait d'abord un exil, un « saut au dehors », un
déracinement ; étymologiquement un être arraché
à son sol. En ancien français (XXIIème siècle),
l'exil était un bannissement.
L'exilé volontaire ou non, en migrant était
désormais aliéné (devenu étranger) d'après
les définitions du dictionnaire de l'Académie Française.
L'émigré ne pouvait manquer d'éprouver un sentiment de
manque et d'abandon de son « pays » d'origine. « La
migration est toujours un passage de frontière entre deux mondes. Passer
la frontière, c'est franchir les limites, les barrières, c'est
déborder du cadre prescrit par le groupe qui protège, met
à l'épreuve, exige, porte. Loin du groupe qui nous soutient et
nous porte on est à la dérive, marginalisé, rejeté,
on se sent aussi comme un traître qui a été déloyal,
qui a affaibli le groupe. » (Goguikian Ratcliff B., 2012)
C'était et c'est encore parfois le cas des villageois
poussés en ville par les famines, le manque de travail ou
l'incapacité à nourrir l'ensemble de la famille, enfin par la
révolution industrielle et le chômage.
A une autre échelle géographique, poussés
par de mauvaises conditions de vie, les émigrants étaient
obligés d'abandonner leur pays, leurs attaches, une partie de leur
culture, leur mode de vie, souvent leur langue.
De Victor Hugo, le combattant, exilé politique à
Jersey puis Guernesey, à Miguel de Unamuno le tragique opposant aux
phalangistes espagnols en 1936, ou Eugène Ionesco le roumain à
l'humour douloureux, réfugié à Paris, l'histoire et la
littérature de l'exil foisonnent de références de la
nostalgie à la souffrance, tout au long de l'histoire des peuples.
Souffrance que les cliniciens considèrent comme
traumatique et susceptible d'entrainer de graves pathologies psychiques et
physiques (Goguikian Ratcliff B., 2012).
L'émigration représentait souvent (ou du moins
était ressenti) comme un échec, économique, social ou
politique dans leur pays d'origine et l'espoir, pas toujours
réalisé, d'une vie moins dure, d'un véritable avenir pour
leurs enfants. La migration représente souvent ainsi le sacrifice plus
ou moins volontaire d'une génération, dans l'espoir d'une vie
meilleure pour les descendants.
26
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Pourtant les très nombreux exemples
d'émigrations réussies montrent que ce traumatisme peut aussi
être fécond et salutaire, la différence se situant dans la
qualité du lien social à l'origine comme à
l'arrivée. « L'issue du processus migratoire se trouve
influencée aussi bien par des éléments individuels,
familiaux et collectifs qui ont précédé la migration que
dans la possibilité de se recréer, dans le pays d'arrivée,
un cadre de vie «suffisamment bon», secure, signifiant et contenant.
» (Goguikian Ratcliff B., 2012)
En d'autres termes, pour le migrant comme pour tout autre,
c'est l'insertion sociale dans son pays d'origine comme dans le pays d'accueil
qui détermine la réussite ou l'échec de sa migration, au
delà des représentations plus ou moins idéalisées
ou fantasmées du pays d'accueil comme de celui d'origine.
Entre le migrant et le pays d'accueil, les relations peuvent
être complexes, entre un besoin de nouveaux citoyens, une
éventuelle tradition d'accueil et la crainte de perdre son espace vital,
les réactions des autochtones sont souvent ambivalentes, parfois
hostiles.
Zygmunt Bauman (2000) prône l'intégration par
l'interaction, loin des communautarismes, en la décrivant féconde
d'expériences humaines « Les villes d'aujourd'hui sont comme
des décharges où les sédiments des processus de
mondialisation se déposent. Mais ce sont aussi des écoles
ouvertes 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 où l'on apprend à
vivre avec la diversité humaine et où peut-être on y prend
plaisir et on cesse de voir la différence comme une menace » :
Il prône ainsi la mixité sociale. « Il revient aux
habitants des villes d'apprendre à vivre au milieu de la
différence et d'affronter autant les menaces que les chances qu'elle
représente. Le « paysage coloré des villes » suscite
simultanément des sentiments de « mixophilie » et de «
mixophobie ». Interagir quotidiennement avec un voisin d'une «
couleur culturelle » différente peut cependant permettre
d'apprivoiser et domestiquer une réalité qui peut sembler
effrayante lorsqu'on l'appréhende comme un « clash de civilisation
»...
Comme on le constate, l'acceptation de l'autre ne va pas de
soi, elle implique contact, interaction et connaissance. Cette démarche
de réduction de l'altérité doit se faire de part et
d'autre, intégreur et intégré, pour surmonter le clash de
civilisation redouté par Baumann.
Le migrant a ainsi un double problème à
surmonter, avec lui-même et son rapport à ses origines, en termes
d'équilibre interne, mais aussi avec son nouvel environnement, en termes
d'équilibre externe, plus précisément d'intégration
sociale.
27
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
1.3. L'histoire de l'immigration française
Il ne s'agit pas d'un phénomène récent,
la France devient dès le XIXe siècle un pays d'immigration.
À partir de 1830, arrivent des exilés politiques européens
(Polonais, Italiens, Espagnols, Allemands), puis une immigration liée
aux besoins de l'économie. En 1881, un million d'étrangers sont
présents en France, venus très majoritairement des pays voisins :
Belges, Anglais, Allemands, Suisses, Italiens, Espagnols. Mais aussi Russes et
Polonais (juifs persécutés, opposants politiques, savants,
artistes). (Site de la Cité Nationale de l'histoire de l'immigration,
2012)
Entre 1914 et 1944, l'État intervient dans le domaine,
jusqu'alors privé, du recrutement de la main-d'oeuvre
étrangère, par des conventions signées avec les pays
concernés (Pologne, Italie, Tchécoslovaquie). La France devient
aussi la principale terre d'accueil des exilés politiques
Arméniens, Italiens antifascistes, Russes chassés par le
bolchevisme, Allemands antinazis ou Espagnols rejetant le franquisme. En 1931,
les étrangers (près de 3 millions) constituent 7% de la
population totale, une proportion jamais dépassée depuis.
L'Occupation, de 1940 à 1944, a entraîné le
quasi-arrêt de toute immigration. Le recensement de 1946, constate la
diminution des étrangers (1.7 millions), avec les retours aux pays et
les naturalisations. Avec les Trente Glorieuses, un nouveau cycle d'immigration
commence correspondant aux besoins en main-d'oeuvre de l'économie. Lors
de la Guerre Froide, de nouveaux réfugiés arrivent en France
venant soit de pays communistes, soit d'États à dictature
militaire, de manière légale ou clandestine. La France compte 3,4
millions d'étrangers en 1975. (Cité Nationale de l'histoire de
l'immigration, 2012)
Les flux migratoires se réduisent
considérablement avec la crise des années 1970. Les seuls
étrangers autorisés à s'installer en France, le sont par
le regroupement familial, et les bénéficiaires du statut de
réfugié. Le chômage structurel que connaît
l'économie ainsi que les évolutions qualitatives de l'emploi
rendent peu plausible une nouvelle immigration de masse. Les besoins en
main-d'oeuvre dans certains secteurs particulièrement
déficitaires, tels le bâtiment, les travaux publics ou
l'hôtellerie, ainsi que le vieillissement de la population impulsent
néanmoins un recours à des travailleurs étrangers,
au-delà des pays frontaliers. (Cité Nationale de l'histoire de
l'immigration, 2012)
28
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Comme d'autres pays, la France éprouve un besoin
d'immigration, qui n'est pas nécessairement ressenti par la population.
La connexion avec la société du pays hôte ne va pas de soi
pour le migrant, surtout s'il se retrouve déconnecté de ses
origines.
1.4. La notion d'immigré : une origine
étrangère, des situations différentes.
En France, un immigré est né à
l'étranger de parents étrangers, quel que soit son âge
à l'arrivée. Cette double condition ne concerne donc en toute
logique que les immigrants de première génération. Cela
exclut en principe les jeunes nés en France, quelle que soit leur
nationalité et celle de leurs parents, et à fortiori les
français ultramarins. (INSEE 2011)
Laetitia Van Eeckhout (2006) précise que «
Certains immigrés deviennent français par acquisition de la
nationalité française, les autres restent étrangers. La
qualité d'immigré est permanente . · un individu continue
à appartenir à la population immigrée même s'il
devient français par acquisition. »
« En revanche, on parle souvent d'immigrés de
la deuxième ou troisième génération pour
désigner les enfants dont les parents ou les grands-parents sont
immigrés. Pour ceux, nombreux, qui sont nés en France, c'est un
abus de langage. Les enfants d'immigrés peuvent cependant être
étrangers, s'ils choisissent de garder la nationalité d'origine
de leurs parents. » (Van Eeckhout L., 2006)
1.5. La place des immigrés et étrangers en
France
Selon les données du recensement 2007 de l'Insee
« La France compte 5,2 millions d'immigrés et 3,7 millions
d'étrangers vivant sur son sol. Les premiers représentent 8,3 %
de la population, les seconds 5,8 %." « Une partie (des immigrés) a
pu acquérir la nationalité française . · 40 % des
immigrés sont Français. Ce qui les caractérise, c'est la
migration. » « Une partie (des étrangers) née en France
de parents étrangers, deviendra française à l'âge de
16 ans. En 2007, 16 % des étrangers étaient nés dans
l'Hexagone. »
La part des immigrés dans la population
française connaît une augmentation constante depuis la fin de la
Seconde guerre mondiale. La proportion était de 5,4 % en 1954, de 7,4 %
au milieu des années 1970, de 8,3 % aujourd'hui. Cette progression est
très modérée par rapport à d'autres pays d'Europe.
Pour sa part, la proportion d'étrangers en France est
irrégulière, entre 4,5 et 6,8
29
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
% selon les périodes. « Depuis le début
des années 1980, la part des étrangers a diminué, de 6,8
à 5,8 aujourd'hui. »(INSEE 2011)
Les données de la banque mondiale, reprises par
l'INSEE, précisent que pour la période 2007/2011, le solde
migratoire est de 50.000 individus (+immigrants - émigrants). La France
occupe ainsi la 14e place du classement des pays d'immigration, juste
derrière l'Allemagne ; très loin derrière l'Espagne et
l'Italie qui frôlent ou dépassent un solde migratoire de 2
millions, ou encore le Royaume-Uni, dont le solde migratoire dépasse le
million de personnes.
« Les chiffres ne donnent qu'une vision très
globale du phénomène (de l'immigration). Une part plus
importante de la population - et notamment parmi les élites
françaises - a des ancêtres venus de l'étranger. L'Insee
estime ainsi que 6,5 millions de personnes sont des enfants (descendants
directs) d'immigrés, soit 11 % de la population.
L'immigration ne se résume pas au nombre
d'étrangers, l'Enquête Emploi en Continu de l'INSEE (EEC-2008)
considère que sur la population totale de 15 ans et plus résidant
en France, 9,3 millions d'individus ont un lien direct ou indirect avec la
migration : 4,5 millions sont immigrés et 4,8 millions sont non
immigrés mais avec une ascendance immigrée (dont 500 000
nés à l'étranger). Si l'on prend en compte
également les moins de 15 ans, le nombre total d'individus ayant un lien
avec la migration en France est de 19 % de la population résidant en
France (soit un peu moins d'1 personne sur 5). Infos migrations Numéro
15 - juillet 2010.
Le Centre d'Observation de la Société indique
que « Les immigrés et les étrangers sont
régulièrement utilisés comme bouc-émissaires des
difficultés de la société française. »
Leur intégration ne se fait pas sans problèmes : «
En particulier, la question de la concentration de populations dans les
quartiers les plus défavorisés est réelle : les
immigrés descendants du Maghreb, d'Afrique Sub-saharienne ou de Turquie
représentent 18 % des 10 % des quartiers qui comptent le plus de
chômeurs. » Centre d'Observation de la Société -
août 2011
Au delà de la définition administrative, il ne
faut pas oublier que la notion d'immigration a également une valeur
sociale. Le Centre d'Observation de la Société note que
immigration est d'abord perçue dans l'espace public (opinion publique,
médias, discours politiques) comme une différence perceptible
apportée de l'extérieur ; qui se transmet aux
générations suivantes tant qu'elle est perceptible (comme pour
les types physiques, les pratiques linguistiques ou religieuses
affichées).
30
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Le Centre d'Observation de la Société (2011),
explique que cette différence perceptible est parfois
considérée comme susceptible de constituer une menace pour la
culture ou le mode de vie du pays d'accueil.
Il semble que c'est bien le caractère ostensible de la
différence qui est perçu comme une menace ou une remise en cause,
et stigmatisée.
1.6. Un migrant protéiforme
La migration comporte un choc de départ qui peut
être structurant comme destructeur. Les situations sociales
passées et présentes qui forment ce ressenti influencent
également la perception que les autochtones peuvent avoir du migrant, en
fonction de son origine géographique, ethnique, de son niveau culturel
et social. Autant d'éléments qui conditionnent également
sa proximité physique et culturelle, c'est à dire son
altérité.
Ce qui effraie, c'est la différence, qui est d'abord
perçue comme un gouffre d'autant plus difficile à franchir
(bridging the gap) qu'il est large et profond.
Les ressources de communication, d'adaptation,
d'évolution ainsi que la capacité de saisir les
opportunités sont inégales entre les groupes sociaux comme
à l'intérieur de ceux-ci.
Pour le dire simplement, il est d'autant plus facile de migrer
que les pays sont géographiquement proches et qu'on a un niveau
élevé. La migration a plus de chances de réussir s'il
s'agit d'un choix d'opportunité et non d'une contrainte, que ce choix
est perçu comme réversible.
Il est donc naturellement impossible ou très abusif de
prétendre dresser un portrait type du migrant, même si le discours
politique choisit parfois de globaliser l'immigration pour mieux la faire peser
comme une menace, par une série d'amalgames et de syllogismes aussi
commodes qu'inexacts, notamment en termes de délinquance de
chômage ou de financement des soins.
1.7. Du migrant sous contrainte au migrant
connecté
Depuis la diffusion des télécommunications,
d'abord filaires puis numériques, les conditions de vie du migrant ont
beaucoup évolué. D'un individu arraché à ses
racines et sa culture, souffrant d'autant plus de ce vide qu'il est victime
d'un déficit d'information et de communication avec
31
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
son pays d'origine ; mal intégré et
stigmatisé par le pays d'accueil, « ni ici, ni là »,
les TIC, technologies de l'information et de la communication, ont fait un
« migrant connecté » (Diminescu D., 2005), idéalement
un être mutant capable d'être « ici et là ».
Ceux qui ont réussi à surmonter la fracture
numérique (condition importante également pour pouvoir occuper un
emploi non dévalorisé) peuvent interagir avec les autochtones
comme avec les représentants de leur communauté d'origine par la
voie des réseaux sociaux, garder le contact et intervenir dans les
affaires de leur pays d'origine.
Représentant d'une « minorité », le
migrant « pré-connectique » était contraint de
s'intégrer, dans des conditions plus ou moins favorables, à la
société de son nouveau pays. S'il n'y parvenait pas, il revenait
à l'école intégrer ses enfants (immigrés de
2ème génération). Ses petits enfants
(3ème génération) étant
considérés par l'INSEE comme des représentants de la
« population majoritaire », en d'autres termes des français
sans autre précision.
Pour un migrant « connecté », notion
proposée par Dana Diminescu, que nous étudierons en part
disposant des modes de communication numériques actuels, la contrainte
de l'intégration ou du rejet est donc moins prégnante et permet
une étendue de solutions intermédiaires entre l'assimilation et
le communautarisme. Le paradoxe de ce choix est que nombre de ces alternatives
ne sont pas exclusives.
Un individu fait partie de plusieurs groupes sociaux, il peut
donc être à la fois intégré, partager les
activités sociales de la population majoritaire, et communautaire en
ayant des échanges et pratiques spécifiques avec les
ressortissants de son groupe identitaire.
Il peut aussi jouer un rôle politique ici et là
bas, rassembler dans ses réseaux sociaux des autochtones comme des
migrants et des gens restés au pays, ou encore partis ailleurs.
Il peut même créer des rassemblements
diasporiques sur des thèmes identitaires relativement inédits,
tels que la créolité partagée Antillaise, Haïtienne,
mais aussi Réunionnaise et Mauricienne (
http://www.potomitan.info/)
Zygmunt Bauman (2000) avertit néanmoins que «
se sentir partout chez soi signifie n'être jamais chez soi nulle
part. » La culture de la migration, et tant que choix de changement
permanent ou répétés ne semble pourtant pas être le
lot commun des immigrés, qui se stabilisent dès que les
conditions d'accueil deviennent acceptables, et ne concrétisent pas
toujours leurs souhaits de retour.
32
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2. Les relations entre le migrant et le pays d'accueil
Dans un entretien accordé au journal genevois Le Temps
(2009), Dana Diminescu indique que « L'immigré est
traditionnellement perçu comme une personne qui a quitté son pays
d'origine pour trouver du travail et en a trouvé dans son pays
d'accueil. Cela l'a obligé à briser ses liens familiaux et
sociaux d'origine sans pour autant réussir à s'intégrer
dans son nouveau pays. Il est donc absent physiquement de son pays d'origine et
absent socialement de son pays d'arrivée « ni ici, ni là-bas
». Il n'a d'existence que dans son travail, pas toujours officiellement
déclaré. Le migrant est un déraciné, devenu un
nomade par la migration, il doit donc être sédentarisé,
stabilisé, et pour cela identifié, officialisé ou
renvoyé. Si cette vision était juste quand les moyens de
transport et de communication étaient lents et chers, elle ne correspond
plus vraiment à la réalité actuelle des migrants, de plus
en plus insérés dans une nouvelle culture de la mobilité.
»
2.1. Une dialectique d'acceptation-rejet réciproque :
double jeu de « l'inclusion-exclusion »
Assimilation, intégration ou insertion, « Ces
trois termes ne sont pas neutres et reposent sur des
philosophies politiques (très) différentes.
» explique Laetitia Van Eeckhout (2006) « L'assimilation
se définit comme la pleine adhésion par les immigrés aux
normes de la société d'accueil, l'expression de leur
identité et leurs spécificités socioculturelles d'origine
étant cantonnée à la seule sphère privée.
Dans le processus d'assimilation, l'obtention de la nationalité,
conçue comme un engagement "sans retour", revêt une importance
capitale.
L'intégration exprime davantage une dynamique
d'échange, dans laquelle chacun accepte de se constituer partie d'un
tout où l'adhésion aux règles de fonctionnement et aux
valeurs de la société d'accueil, et le respect de ce qui fait
l'unité et l'intégrité de la communauté
n'interdisent pas le maintien des différences.
Le processus d'insertion est le moins marqué. Tout
en étant reconnu comme partie intégrante de la
société d'accueil, l'étranger garde son identité
d'origine, ses spécificités culturelles sont reconnues, celles-ci
n'étant pas considérées comme un obstacle à son
intégration dès lors qu'il respecte les règles et les
valeurs de la société d'accueil. » Van Eeckhout L.
(2006)
D'un pays, d'un groupe social à l'autre, on attend de
l'immigré une adhésion plus ou moins absolue à la culture
et au mode de vie du pays d'accueil, et un renoncement correspondant à
ses attaches et pratiques d'origine.
33
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La crise économique, conjuguée à une
remise en cause des valeurs et équilibres sociaux en France comme dans
de nombreux pays, a entraîné une crispation des relations et une
moins bonne tolérance des différences visibles,
considérées par certains comme une remise en cause du mode de vie
majoritaire et comme une menace pour la cohésion sociale,
accompagnée par une hausse stigmatisée de
l'insécurité perçue. Tout cela concourt naturellement
à faire de l'immigré un bouc émissaire des
problèmes sociaux et particulièrement du chômage et de la
baisse des prestations sociales. (IPSOS, 2011)
2.2. L'immigration, bouc émissaire international
« Une enquête mensuelle conduite
simultanément dans 23 pays via le panel online d'Ipsos,
révèle une crispation de l'opinion publique sur les questions
d'immigration commune à tous les pays. Une inquiétude devenue
majoritaire dans la société française : 79% des
Français estiment que la proportion d'immigrés dans la population
a augmenté ces cinq dernières années, 54% d'entre eux
pensent que l'immigration a un impact négatif pour le pays et 52% jugent
"qu'il y a trop d'immigrés".
Le niveau d'inquiétude relevé en France est
dans la moyenne des 23 pays testés. Partout, la majorité des
interviewés estime que l'immigration a augmenté ces cinq
dernières années et a un impact plutôt négatif pour
le pays. » Ipsos Public Affairs,
ipsos.fr, 12 août 2011
Le discours politique s'en empare volontiers comme argument
électoral, au point que certains observateurs voient dans les
récents débats sur l'identité nationale un glissement
« du bouc émissaire à l'ennemi de l'intérieur
» expliquant qu'on voit « apparaître la construction
progressive d'une conception raciste, sanguine, essentialiste de
l'identité nationale »« conduisant à rechercher
désormais l'ennemi non plus seulement dans l'étranger de
nationalité mais aussi dans le français d'origine
étrangère » (Bouamama S. 2011).
Même si son propos est partisan, il confirme les
études et observations statistiques (INED, INSEE) qui relèvent
les discriminations à l'encontre des populations migrantes, comme de
celles « issues de l'immigration » ou immigrés de
deuxième génération.
34
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.3. L'incidence économique de l'immigration : des
lieux communs et des discours politiques à l'épreuve de la
réalité
« J'aime pas les étrangers, ils viennent manger
le pain des français » In « le douanier »
de Fernand Raynaud, 1972
Chaque année, environ 200 000 étrangers
s'établissent en France. Cela peut sembler beaucoup, pourtant avec ce
taux d'immigration, la France est l'un des pays les plus fermés de
l'OCDE. En effet, le solde migratoire 2010 (différence entre les
entrées et les sorties du territoire) se situe aux environs de 75 000
personnes. Rapporté à la population totale, le solde est de 1,2
pour mille, deux fois moins que celui des années 1960 dans notre pays,
et sans comparaison avec ceux de l'Allemagne (10 pour mille au début des
années 1990) ou avec celui de l'Espagne (15 pour mille entre 2002 et
2007). Xavier Chojnicki et Lionel Ragot (avril 2012) indiquent qu'on peut
difficilement y voir une invasion migratoire.
En ce qui concerne les effets, l'immigration agit
effectivement sur l'offre de travail (ce qui causerait une pression sur le
chômage), mais également sur la demande : Les immigrés
contribuent à augmenter la demande finale de biens et de services, ce
qui stimule l'activité, donc l'emploi.
De plus, le travail des immigrés est plus
complémentaire que substituable par rapport à celui des
autochtones ; en effet, ils fournissent le gros des effectifs des secteurs
dévalorisés (hôtellerie-restauration, bâtiment,
sécurité, nettoyage).
L'autre argument communément avancé est que
l'immigration constituerait un poids pour les finances publiques :
l'immigré en France est une personne en moyenne moins qualifiée
qu'un natif, plus souvent au chômage, et avec un plus grand nombre
d'enfants. Toutes les études économiques démontrent que
l'immigration ne représente pas un coût pour l'économie
française. (Chojnicki X., Ragot L. avril 2012)
« Plus jeunes, les immigrés contribuent au
financement des retraites, ce qui fait plus que compenser les allocations
qu'ils perçoivent. Ainsi, en 2007, les immigrés ont
apporté 12 milliards d'euros nets à la collectivité (soit
en gros 2 200 euros par personne, enfants compris)» indique Gilles
Raveaud, en avril 2012
35
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
L'immigration peut aussi apporter un avantage de
flexibilité pour les emplois. La recommandation de favoriser la venue de
travailleurs déjà qualifiés est plutôt une menace
pour les pays d'émigration en termes d'exode de cerveaux et de
compétences. En termes d'avenir, l'immigration peut aider à
limiter les répercussions liées au vieillissement des populations
et leur incidence sur les finances publiques. (OCDE 2000)
Xavier Chojnicki et Lionel Ragot (avril 2012) précisent
que l'immigration ne saurait pas pour autant être la solution attendue
aux problèmes des économies vieillissantes. Les problèmes
comme les solutions de l'économie ne se trouvent pas dans l'immigration.
Les enjeux de l'immigration sont d'ordre politique et identitaire.
2.4. Deux types d'origines, deux images, deux
catégorisations
Les européens représentent 40,4% des
étrangers présents en 2007 en France métropolitaine (dont
35% de l'UE à 25), leur situation -professionnelle, logement- est
comparable à celle des natifs, et même légèrement
plus favorable. Les Africains (dont Maghreb 30%) sont 41.8% auxquels il
convient d'ajouter les Turcs (6.4%) d'après le bulletin Infos migrations
N° 20 de février 2011 (Ministère de l'intérieur, de
l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration). C'est
à ce groupe que font référence la plupart des
études récentes sur l'immigration.
Si on rapproche ces chiffres de ceux des discriminations et de
la ségrégation, force est de constater que les immigrés ne
connaissent pas les mêmes situations suivant leur origine. Au delà
d'une possible différence de qualification (à relativiser dans la
mesure où les discriminations touchent tous les niveaux sous forme
d'exclusion ou de plafond de verre) c'est bien l'altérité
perçue (ethnique, culturelle, linguistique, religieuse) et non la
nationalité qui pose problème.
La France a digéré les flux d'immigration
polonais, italiens, espagnols, portugais (ces derniers sont encore 13.7% des
étrangers) venus d'Europe, mais stigmatise les autres origines plus
lointaines par la géographie et plus étrangères à
l' « identité nationale » perçue et
politisée.
Géographiquement, culturellement et physiquement
différents de la population majoritaire, les Mahorais et Comoriens
présents sur le territoire national sont naturellement rangés
dans cette dernière catégorie.
36
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.5. Les discriminations et les minorités
visibles
L'INED (2010) indique que « La mesure des
discriminations demeure un sujet sensible sur le plan politique et
compliqué d'un point de vue méthodologique. Les testings,
réalisés depuis le début des années 2000, montrent
que les candidats d'origine maghrébine ou d'Afrique subsaharienne ont,
à formation, qualification et éléments de carrière
comparables, 3 à 5 fois moins de chances d'être convoqués
à des entretiens d'embauche que les candidats d'origine
européenne. Au-delà de ces mesures obtenues dans le cadre
d'expérimentations portant sur des échantillons non
représentatifs, des études statistiques de dimension nationale
montrent que les immigrés et les fils ou filles d'immigrés
connaissent, selon leur origine, un risque de chômage de 20 % à 50
% plus élevé que le reste de la population, toutes choses
égales par ailleurs ».
Interrogés sur la cause des discriminations « les
enquêtés citent avant tout leur origine (ou nationalité)
(37%), puis la couleur de leur peau (20%) » INED 2010
Sur ce dernier point L'INED précise qu'il s'agit d'une
étude de perception effectuée auprès des immigrés,
et que ceux qui s'estiment le plus discriminés (les jeunes issus de
l'immigration) font rarement la démarche de dénoncer les
discriminations qu'ils subissent.
Pour les personnes concernées, il ne fait aucun doute
que la discrimination porte sur le patronyme, révélateur d'une
origine étrangère (indépendamment d'être de
nationalité française ou non), la couleur de la peau
(particulièrement sensible pour les africains et Domiens), le lieu
d'habitation (en particulier quartiers « sensibles »), voire
l'accent, bien avant l'âge ou le sexe. Difficiles à mesurer avec
précision et peu dénoncées par les voies légales,
elles sont certainement sous-estimées par les statistiques officielles.
INED 2010
2.6. La ségrégation (géographique, donc
sociale)
Les migrants sont souvent confrontés à la
ségrégation, à leur arrivée, faute de choix, ils
doivent se contenter des espaces urbains que les populations en place veulent
bien leur laisser. L'INED définit la ségrégation comme
« la concentration de populations défavorisées en des
lieux circonscrits. Elle s'accompagne de l'idée implicite de mise
à l'écart, qu'elle soit volontaire ou résultant de
décisions individuelles ou institutionnelles aboutissant à la
ségrégation (par exemple : les comportements d'entre-soi, les
politiques d'emplacement et d'attribution de logements sociaux, etc.). »
«Les Maghrébins, les Africains subsahariens, les Turcs et
les
37
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Asiatiques représentent des populations
immigrées faisant l'objet d'une ségrégation spatiale
importante. »
L'Ined montre dans son enquête Trajectoires et origines
(TeO - 2008), que 42 % des immigrés d'Afrique, du Maghreb et de Turquie
se situent dans les 10 % des quartiers où le taux de chômage est
le plus élevé, et constituent 28 % de la population des «
quartiers sensibles ». Les fils et filles de ces immigrés sont
toutefois moins concentrés dans les quartiers défavorisés,
montrant ainsi une dynamique d'intégration résidentielle
» signale l'INED (2011)
Moins bien localisés en termes de conditions de vie,
mais aussi de recherche d'emploi, de temps de trajet et de scolarisation, les
migrants accumulent des handicaps qui seront autant d'obstacles à
surmonter pour leur intégration professionnelle et sociale.
2.7. Immigration et délinquance
Pour présenter la situation de manière
objective, il est nécessaire de faire un détour par un des lieux
communs les plus prisés du discours identitaire.
« En France, comme dans la plupart des pays
occidentaux, la figure de l'immigré est fortement associée
à celle du délinquant, dans les représentations
collectives et dans les discours médiatico-politiques sur
l'«insécurité » explique Laurent Mucchielli
(2003)
« Les stéréotypes
particulièrement dévalorisants sont une source de
difficultés supplémentaires pour une population issue d'une vague
d'immigration ouvrière déqualifiée et qui s'est
retrouvée « piégée » par la crise
économique au moment même où elle se stabilisait en France,
par l'entremise notamment du regroupement familial. En orientant les pratiques
des institutions et les représentations que les acteurs ont
d'eux-mêmes, ces stéréotypes s'apparentent à des
prophéties autoréalisatrices. Les éléments
déterminants de la délinquance juvénile des
étrangers résidant en France et des Français nés de
parents étrangers demeurent des problèmes familiaux et scolaires
qui ne sont pas propres à ces populations, mais qui semblent au
contraire comparables aux problèmes posés jadis par des
populations françaises issues de l'exode rural ou par d'autres
populations ouvrières étrangères en période de
crise économique. » (Mucchielli L. 2003).
38
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
3. Le migrant dans l'espace public
Nous retiendrons ici la notion d'espace public
médiatique tel que décrit par J. Habermas, et non celle de
l'espace public physique (espace multiculturel et ouvert, sans appropriation)
dans lequel le phénomène de l'immigration ne se retrouverait
pas.
« L'immigration constitue, pour les
sociétés des pays du Nord, l'un des grands enjeux politiques,
économiques et socioculturels en ces débuts du XXIème
siècle » explique Ramón Marti-Solano (2012) «
Elle est fondamentalement la conséquence de grandes
inégalités de toutes sortes qui divisent le monde et les
êtres humains en deux, à savoir ceux qui ont tout ou presque tout
et ceux qui n'ont rien ou presque rien. »
« Le traitement que les médias donnent de
l'immigration a une influence directe sur l'image et l'opinion qu'une
société se construit autour de ce phénomène. La
façon dont les informations sont traitées, le recours
systématique à des stéréotypes et la
répétition abusive de certains éléments informatifs
guident et finissent par créer une sorte de pensée unique sur la
question. » (Marti-Solano R., 2012)
Dès les années 1980, la presse écrite
consacre de nombreux titres à l'immigration. La politisation du
thème a favorisé sa médiatisation. Chef du Service
Société au quotidien Le Monde, Robert SOLE, présentait les
tendances du traitement de l'information sur l'immigration, déjà
en 1988 : «victimisation» des immigrés, accent mis sur le
racisme, dramatisation et vision hexagonale du phénomène...
« On a tendance à ne parler des immigrés que sous
l'angle du fait divers ou du misérabilisme, à ne les voir que
comme des agresseurs ou des victimes » expliquait t'il dans « Le
journalisme et l'immigration. In: Revue européenne de migrations
internationales. Vol. 4 N°1-2. 1er semestre 1988 - L'immigration en
France. pp. 157-166. »
D'après Fred Hailon, la tendance est toute autre
actuellement, les supports de la presse écrite font circuler des
représentations idéologiquement ambiguës. « Le
processus de commentaire dans l'énonciation tient à la
volonté du journaliste-scripteur d'imposer sa représentation du
réel, son réel. » Avec l'émergence de termes
tels que le « beur », ou le « grand-frère », la
médiatisation s'est focalisée sur une image des jeunes,
immigrés de deuxième génération, vivant dans des
« zones de non-droit » musulmans et « responsables de la
délinquance ». A cette image réductrice sont abusivement
assimilés l'ensemble des migrants quelles que soient leurs origines
39
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
et conditions. Il explique que ce construit fait le pendant
à l' « autre », français « identitaire »,
porteur de valeurs sociales réelles ou supposées, mises en avant
par les discours politiques sécuritaires. En d'autres termes, le
discours médiatique diffuse et banalise une représentation de la
réalité correspondant au discours politique auquel il
adhère ; actuellement l'auteur indique que le discours médiatique
dominant est proche de celui du FN, donc stigmatisant pour le migrant. DIRE
n°1 | 2012 : Analyse du discours médiatique sur l'immigration
http://epublications.unilim.fr/revues/dire
L'ethno-psychologue Abdellatif Chaouite , rédacteur en
chef de la revue Ecarts d'Identité, analyse dans son N°104 (2004)
un article du Monde du 6 juillet 2004 présentant un rapport de la
Direction Centrale des Renseignements Généraux, remis au Ministre
de l'intérieur, « qualifié de «
particulièrement alarmant ». Il l'était dans ses
termes. Il décrivait le « repli communautaire » qui semblait
sévir dans un certain nombre de quartiers populaires. Les mots «
communauté » et « communautaire » y étaient
associés à des mots spectres : « repli », «
banlieues », « violences », « religion », «
rapports hommes-femmes s'éloignant des pratiques admises ».
« Le spectacle ainsi décrit, ainsi construit plus exactement,
à partir de ces associations était effectivement « alarmant
» au regard d'une certaine idéalité sociale-citoyenne qui en
constituait, en creux, la dimension référentielle. Le registre de
discours s'y voulait descriptif mais, de fait, prenait valeur performative : il
construisait ce qu'il décrivait. Mieux, il construisait le sentiment d.
« alarme » qui en constituait le véritable objectif. »
L'auteur dénonce ici le relais par les médias d'un discours
officiel alarmiste, qui permet de justifier des mesures sécuritaires et
de signaler les populations d'origine immigrée comme fauteuses de
troubles sociaux.
L'aspect performatif de ce discours officiel et ses relais
médiatiques et politiques ne peut qu'induire des effets
d'autoréalisation et conduire les populations immigrantes à un
repli défensif.
40
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
4. Le jeune issu de migrants
4.1. La deuxième génération et les
migrants d'âge tendre
« La notion de descendant d'immigré
(appelée aussi seconde génération) n'a pas fait l'objet
d'une définition officialisée. La définition couramment
utilisée par l'INSEE et l'INED est la suivante : est descendant
d'immigré toute personne née en France ayant au moins un parent
immigré. » Le terme statistique de descendants
d'immigrés utilisé par Infos migrations Numéro 15 -
juillet 2010 « ne correspond généralement pas aux
représentations médiatiques de ce terme. Le terme de seconde
génération, historiquement utilisé à l'origine pour
parler des enfants d'immigrés maghrébins, comprend, dans
l'inconscient collectif, tout jeune ayant des parents immigrés d'origine
extra-européenne, qu'il soit né en France ou non. »
L'INSEE explique qu'un descendant d'immigré n'est pas
nécessairement un jeune : « une personne née en France
d'au moins un parent immigré reste un descendant d'immigré toute
sa vie. Ainsi, chez les plus de 14 ans, 34 % de la population des descendants
d'immigrés a 50 ans et plus (contre 44,5 % des Français de
parents français) »
En termes de formation, «le niveau de diplôme
des descendants d'immigrés est légèrement plus faible que
celui des Français de parents français. 9 % des descendants sont
diplômés du supérieur (au moins licence), alors que 65 %
n'ont pas le Bac (30 % n'ayant aucun diplôme). Cette situation
s'améliore, mais lentement, « Ce niveau de diplôme est
plus élevé chez les générations de descendants plus
jeunes, mais a évolué moins positivement que celui des
Français de parents nés français. » (INSEE
2010)
La composition de la population immigrée évolue
aussi, « la population des descendants d'immigrés est
essentiellement issue des anciens flux migratoires venant du Portugal, d'Italie
et d'Espagne. Près de 65 % des descendants d'immigrés sont ainsi
originaires d'Europe, et 44 % spécifiquement d'Europe du sud. Les
descendants d'immigrés du Maghreb représentent 23 % du total.
Cette composition est en train de changer. Chez les descendants
d'immigrés de 15-24 ans, l'Europe ne représente plus que 34 % des
origines alors que le Maghreb en représente 36 %. En outre, la part de
ces jeunes d'origine des autres pays d'Afrique est plus du double par rapport
à l'ensemble des descendants.» (INSEE 2010)
41
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Cette évolution, couplée avec la plus grande
visibilité des jeunes dans l'espace public peut expliquer en partie les
amalgames observés entre immigration, jeunesse et origine
maghrébine ou subsaharienne.
Des gens aux situations familiales très distinctes sont
regroupés statistiquement : « Il existe deux grandes
catégories de descendants d'immigrés : ceux issus d'un couple
mixte, c'est à dire avec un parent immigré et un parent
non-immigré, et ceux issus de deux parents immigrés. »
(INSEE 2010). Le cas des binationaux est encore plus épineux, en
fonction de la nationalité retenue pour les parents et pour les enfants
dans les recensements, la situation pourra être enregistrée
différemment.
Migrants ou issus de migrants ne vivent pas les mêmes
situations, « Egalement appelés seconde
génération d'immigrés, les descendants d'immigrés
s'inscrivent dans des processus d'intégration différents de leurs
parents compte tenu de leur naissance en France. » (INSEE 2010)
Les processus d'intégration passent par l'acquisition
de la langue et sont conditionnés par le fait d'avoir effectué sa
scolarisation maternelle et primaire en France. « Le profil des
descendants d'immigrés et celui des immigrés arrivés en
bas âge est donc très proche. C'est pourquoi ces derniers sont
parfois nommés génération « un et demi » : ils
sont immigrés mais sont plus proches des descendants que des
primo-arrivants. Faute d'accord sur la durée et le niveau de
scolarisation effectué en France pour être considéré
comme membres de la génération « un et demi », les
chiffres diffèrent : 360 000 sont arrivés avant 4 ans
(scolarisation complète), jusqu'à 850 000 si on compte ceux
arrivés avant 12 ans (INSEE - Enquête Emploi en Continu, EEC
2008).
Nous retiendrons pour notre recherche la notion de jeunes
issus de la migration, comprenant les jeunes immigrés,
génération « un et demi » comme les jeunes de
deuxième génération. Le qualificatif « jeune »
s'appliquant ici à ceux qui se trouvent encore en situation scolaire et
non d'actifs, et n'étant pas adulte référent d'un
ménage.
Dans « Le dilemme identitaire de la deuxième
génération d'immigrants » (Mai 2010), Vitraulle
Mboungou propose un éclairage sur les paradoxes comportementaux des
jeunes immigrés. « Certains de ces jeunes s'identifient
à la communauté ethnoculturelle du pays d'origine des parents,
d'autres ont exclusivement un sentiment d'appartenance envers la
société d'accueil de ces derniers tandis que d'autres encore se
reconnaissent dans les deux pays et cultures. »
42
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Elle explique que « Le sentiment d'attachement de ces
jeunes envers la culture du pays d'origine des parents, vient en grande partie
de leur éducation. En effet, beaucoup de parents qui ont conservé
certains aspects de leur culture et traditions telles que la langue, les
valeurs, la nourriture, la musique, etc. les transmettent à leur enfant.
À l'inverse, une autre partie de ces jeunes n'ont pas été
élevés dans une double culture et très souvent, ils ne se
sont jamais rendus dans le pays d'origine de leurs parents immigrants.
»
Vitraulle Mboungou estime donc qu'il est « presque
normal qu'ils aient moins tendance que les autres à s'y identifier.
Ainsi, les facteurs qui mènent un jeune immigrant de deuxième
génération à considérer que l'origine
ethnoculturelle de ses parents immigrants est une composante essentielle de sa
propre identité, sont donc fortement liés à son
éducation. Si beaucoup des jeunes immigrants de deuxième
génération s'identifient plus ou moins au pays ou à la
région d'origine des parents, ils ne le font pas tous. »
Elle remarque que « tout cela entrave rarement
l'appartenance de ces jeunes, dans leur ensemble, à la
société qui a accueilli leurs parents et dans laquelle ils ont
grandi. »
Évelyne Ribert présente une analyse proche de
celle de V. Mboungou dans son livre « Liberté,
égalité, carte d'identité, les jeunes issus de
l'immigration et l'appartenance nationale », (éd. La
Découverte 2006), et montre que la référence à la
nation n'est plus aujourd'hui aussi structurante pour l'identité des
jeunes que pour leurs parents.
Pour les jeunes issus de l'immigration, l'origine prime sur la
composante nationale. La nationalité permet simplement de
bénéficier des mêmes droits que les autres, et ne garantit
en aucun cas l'égalité réelle à l'école et
sur le marché du travail. Ils ne sont pas écartelés entre
deux cultures, leur identité est plurielle. L'appartenance nationale
fait l'objet d'un « bricolage » dans lequel les liens avec chacun des
deux pays de référence sont vécus et utilisés de
façon pragmatique. (Ribert E. 2006)
Cela n'exclut pas pour autant un attachement au pays
d'accueil. Ils ne sont que les interprètes (et non les fautifs) d'une
évolution de la notion même d'identité nationale,
secondaire par rapport à d'autres critères socioculturels, qui ne
se limite pas à la France mais peut s'observer dans de nombreux pays.
(Ribert E. 2006)
43
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Les jeunes issus de l'immigration n'ont pour horizon
géographique et social que leur quartier et plus largement leur pays
d'accueil, quelle que soit l'importance de leur allégeance identitaire.
Sommés de « rentrer chez eux », ils ne peuvent que se diriger
vers leur lieu de vie, celui dont précisément on voudrait les
chasser.
4.2. Une identité socialement intégrante,
individuellement structurante
Dans leur article « Etranger ici, étranger
là-bas, le discours identitaire des jeunes issus de l'immigration en
France», publié dans la revue Synergies Monde (n° 5 -
2008 pp. 17-27) de l'Université de Rouen, Laëtitia Aissaoui et
Myriam De Sousa indiquent que l'identité se construit par rapport
à l'autre. Et précisent que « Se trouver en situation
d'appartenance biculturelle est très difficile à vivre pour les
jeunes issus de l'immigration. Leurs discours laissent apparaître un
malaise identitaire plus ou moins profond selon leur capacité
individuelle à gérer cette situation. »
Plus encore que par l'obligation de gérer une double
affiliation culturelle, c'est du rejet par le groupe majoritaire du pays
d'accueil, de naissance, de socialisation, que provient la crise identitaire.
Plus le différentiel culturel est fort, plus la synthèse est
délicate, plus l'intégration est difficile de part et d'autre.
Ils ont à gérer aussi un rejet de la part des habitants de leur
pays d'origine : pas français ici, pas du « bled »
là-bas. Ce qui pourrait constituer une richesse par le métissage
culturel devient souvent une souffrance.
Si repli il y a, il est surtout local, l'intégration se
réalise au sein de la communauté, du quartier où ils ont
grandi, expliquent Laëtitia Aissaoui et Myriam De Sousa « Nous
recherchons toujours à nous identifier par rapport à quelqu'un,
à quelque chose ou à un groupe. Cela nous réconforte, nous
nous sentons accueillis et compris. » « En fait, l'individu se
raccroche au groupe avec lequel il s'identifie et peut se faire accepter
».
Le quartier est souvent le seul terrain d'expression
identitaire qui peut accepter, voire valoriser les pratiques sociales et
linguistiques métissées, parfois créatrices.
Au niveau national, il est vain de vouloir imposer à
des individus et des groupes sociaux biculturels un choix d'exclusivité
alors même que leur identité est plurielle. Quand ils s'y risquent
ils ne sont guère crédibles dans un rôle où le
groupe majoritaire s'empressera de stigmatiser la moindre différence.
C'est donc bien de l'acceptation de cette bivalence par les uns
44
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
et les autres que peut venir une véritable
intégration, et un enrichissement culturel mutuel. (Aissaoui L., De
Sousa M. 2008)
4.3. Dialectique : de la conformité à la
conformation
Les jeunes issus de l'immigration sont tiraillés entre
deux pressions antagonistes. La pression familiale voudrait imposer une
conformité aux rôles traditionnels, qui n'est pas toujours en
cohérence avec les évolutions sociales que les jeunes observent
et qu'ils vivent, parfois qu'ils subissent. (Ministère de la
parité et de l'égalité professionnelle « Femmes de
l'immigration » mars 2005)
Les jeunes issus de l'immigration sont aussi tenus à
une conformation aux attentes de leurs groupes sociaux de
référence école, quartier, emploi ; qui constituent autant
de conditions d'une intégration souvent difficile. Ils se retrouvent
dans une situation d'exil dans le sens de non-lieu, étrangers ici et
étrangers là-bas, devant s'accommoder d'une situation dont ils ne
sont pas responsables, stigmatisés par l'une et l'autre culture.
(Aissaoui L., De Sousa M. 2008)
Difficile dans ces conditions de vivre et faire
reconnaître leur identité spécifique comme une force et une
richesse. La part de « déviance » socialement acceptable par
l'une et l'autre communauté ne permet pas toujours une solution
symbiotique, mais comporte souvent la confrontation à des
stéréotypes auxquels il leur est difficile d'échapper.
(Aissaoui L., De Sousa M. 2008)
4.4. Une France intégratrice ?
L'intégration est un processus interactif qui
"demande un effort réciproque [à l'immigré et à
la société du pays d'accueil], une ouverture à la
diversité qui est un enrichissement mais aussi une adhésion et
une volonté responsable pour garantir et construire une culture
démocratique commune". C'est la question que s'est posée le
Haut Conseil à l'Intégration (HCI): « la France
sait-elle encore intégrer les immigrés ? » dans son
« Bilan de la politique d'intégration en France depuis vingt
ans et perspectives » (HCI 2011).
45
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Le HCI commence par rappeler que l'intégration n'est
pas un problème à résoudre, mais un processus toujours
renouvelé, au fur et à mesure que des immigrants sont
intégrés, il en arrive d'autres qui devront l'être (180 000
par an).
Le HCI souhaite aussi pointer quelques chiffres
révélateurs de l'efficacité de l'intégration :
« 65% des descendants d'immigrés vivent en couple avec des
personnes de la "population majoritaire" », et plus
particulièrement les hommes.
Ils indiquent que le sentiment national est loin d'être
absent, « seuls 16% d'immigrés ayant la nationalité
française ont peu ou pas le sentiment d'être Français, ce
qui est bien inférieur, semble-t-il à d'autres enquêtes
effectuées à l'étranger ». (HCI 2011).
A l'inverse, le HCI note également que « les
ratés de l'intégration, même minoritaires, sont
particulièrement graves et douloureux. Lorsqu'une partie de la jeunesse
des banlieues développe une contre-culture hostile à la France,
se montre violente, les dégâts sont impressionnants. Lorsque
certains revendiquent des droits particuliers qui heurtent la
laïcité et la conception que nous avons de l'égalité
homme-femme, les frictions sont fortes. La méfiance s'installe. Et ce
terreau nourrit les craintes et les extrémismes. »
Le Haut Conseil à l'Intégration recommande de
s'attaquer aux « ghettos communautaires » : « les
concentrations communautaires se renforcent dans le logement social. On
rencontre beaucoup plus de familles africaines, ou maghrébines dans les
ensembles les plus dégradés. Ce qui alimente grandement le
communautarisme, subi ou revendiqué. » Or signalent-ils, des
études menées par le Comité pour l'Egalité Raciale
en Grande-Bretagne, ont montré qu'au-delà de 20% de personnes de
la même origine dans un quartier, l'intégration se faisait
difficilement.
Cet organisme recommande également une politique
d'immigration qui maîtrise mieux les flux migratoires,
différenciée par régions pour tenir compte des
capacités d'accueil et d'intégration, ainsi qu'une politique
d'intégration qui ne se limite pas aux primo-arrivants mais prenne en
compte un suivi jusqu'aux enfants en cas de besoin, notamment pour
l'apprentissage de la langue.
Le HCI Précise les enjeux qu'il identifie, et
particulièrement ne pas laisser se durcir « des zones où
se développent au mieux l'ignorance, au pire la détestation de la
France, de la part de jeunes Français issus de l'immigration »,
le Haut Conseil à l'Intégration qualifie ces situations de
«désintégration». « Cette situation
créé un risque supplémentaire d'une crispation
identitaire
46
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
d'une large partie de la société
française et d'un rejet de l'ensemble des immigrés, à
l'image des dérives populistes de plusieurs pays européens.»
(HCI 2011).
4.5. La dynamique des relations familiales
4.5.1. Lien familial et structuration de
l'identité
Dans « Rupture, filiation, transmission : Les jeunes
issus de l'immigration maghrébine » Edwige Rude Antoine (2001)
recueille des récits de vie auprès de jeunes dont l'histoire
commence dans la cité, à Paris, en banlieue parisienne, ou en
province. « Qu'ils soient nés dans un petit village de Tunisie,
du Maroc, ou d'ailleurs, ces jeunes se disent avant tout les descendants d'un
immigré venu apporter sa contribution à l'économie d'un
pays, anciennement colonisateur. Par ailleurs, ces jeunes appartiennent
à des familles touchées par le chômage où les
solidarités collectives ont été rompues. Ces jeunes sont
là dans une cité, dispersés au milieu d'autres
immigrés. Ils n'ont pas une place dans du collectif, encore moins dans
du communautaire. Ils sont seulement des jeunes de la cité, de parents
"immigrés". Ainsi, la cité est leur seul territoire comme
principe structurant, leur seul groupe d'appartenance. »
Acteurs de la rupture avec le groupe d'appartenance, leurs
parents ont un fantasme d'illégitimité. Ils vivent le
déplacement comme une indignité, une malédiction, une
chute infinie, sans aboutir nulle part. Ce déni de mémoire
constitue une rupture qui efface l'histoire familiale et interdit aux jeunes de
s'y inscrire. Or c'est au sein et dans sa relation à la famille que le
sujet se construit et se structure en tant qu'individu. (Rude Antoine E.
2001).
Le contexte de l'immigration modifie l'image d'un père
à l'autorité et au prestige hérité de la tradition
; arrivés en France ils n'ont plus d'autre identité que celle du
travailleur, qu'ils peuvent perdre avec le chômage en même temps
que leur poids dans la famille. Fils de pères
dépossédés de leur rôle, « le domicile
familial n'est plus le domicile du père et de la mère, mais celui
de la mère et de son fils. Le père n'a plus de lieu.»
ils auront d'autant plus de mal à se structurer en tant qu'hommes et que
pères. (Rude Antoine E. 2001).
Ces observations ne sont pas sans rappeler celles
effectuées par Eliane Wolff (1991) sur les quartiers
déshérités de la Réunion et correspondent à
une culture de misère telle que décrite par Oscar Lewis en
1961
47
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La perte du lieu identitaire (symbolique plus que physique),
« lorsqu'elle est vécue de façon tragique, peut
entraîner un véritable processus de désidentification :
honte, humiliation, tendances auto-destructrices, voire transgressions de la
loi. » « Lorsque ces jeunes commettent un acte délictueux, les
récits montrent que surgit une culpabilité qui est en lien avec
l'histoire que leurs parents portent et dont ils sont héritiers,
notamment le sentiment d'une double faute, celle liée à l'acte
d'émigrer et celle de la communauté d'origine qui les a
laissés partir. Si l'acte délinquant peut s'expliquer chez
certains jeunes comme une vengeance contre une société qui n'a
pas donné une place à leurs parents et chez d'autres comme la
recherche de la limite, de la loi face à un père
défaillant, il est pour quelques-uns une manière de couper avec
la faute des parents en commettant sa propre faute. » (Rude Antoine
E. 2001).
La France s'enorgueillit d'être une terre d'accueil,
mais il semble que pour une partie importante de l'opinion publique, la machine
à intégrer s'est grippée avec la crise économique,
déchaînant d'autant plus de passions que les craintes des uns font
écho aux désillusions des autres.
La relation entre la France et les enfants d'immigrés
peut ainsi être caractérisée par des appréciations
diamétralement opposées de la situation de l'immigrant : en dette
envers le pays qui l'accueille, compte tenu des contraintes sociales et
économiques qu'il représente pour les tenants de cette analyse ;
pour les autres c'est au contraire la Nation qui a fait venir les immigrants
pour satisfaire ses besoins de travail ou démographiques et qui leur est
donc redevable (Rémy J. 2010).
Dans le premier cas on attendra des jeunes issus de
l'immigration qu'ils se montrent dignes de l'honneur et de la chance dont ils
bénéficient ; dans la seconde analyse on estimera que c'est
à la Nation de donner une vraie chance de réussite et
d'intégration aux jeunes issus de l'immigration. Il convient de noter
que dans ce cas comme dans d'autres les situations et comportements les plus
choquants sont ceux que les médias et les discours politiques exploitent
le plus.
Cette opposition se solde selon Julien Rémy (2010) par
une « crise du don » jouant sur un plan symbolique et mettant en
scène deux représentations opposées : celle d'une France
qui se présente comme une créancière absolue ; celle des
enfants d'immigrés pour qui c'est au
48
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
contraire la France qui est en dette. Dans ce contexte,
où chaque partie pense avoir plus donné que reçu, le don,
ciment social sur lequel est bâtie chaque société,
n'apparaît plus possible. »
4.5.2. Les femmes dans l'immigration
Dans un rapport du Ministère de la parité et de
l'égalité professionnelle, les représentants de l'Etat
réaffirment qu' « Aucune pratique traditionnelle ni religieuse
ne saurait justifier l'atteinte à la dignité de la personne et
l'histoire des femmes de l'immigration doit s'écrire dans le respect de
nos valeurs républicaines, au premier rang desquelles se place
l'égalité.» Ils signalent également que dans
l'histoire de la population française, l'image de la femme de
l'immigration, est celle d'une femme rejoignant son conjoint ou confinée
dans la sphère domestique, considérée presque toujours par
référence au père, à l'époux, au
frère, à travers le prisme des traditions. Elle en devient
presque invisible. (Ministère de la parité et de
l'égalité professionnelle « Femmes de l'immigration »
mars 2005)
Le rapport pointe cinq difficultés vécues par
les femmes de l'immigration : accès aux droits, alors qu'elles se
heurtent à des conflits entre les codes de la famille étrangers
et les valeurs républicaines de la France ; difficulté
d'être pleinement actrices de leur vie, quand elles se voient imposer une
vie maritale et subissent la volonté de leur mari ; de faire respecter
leurs droits fondamentaux, en particulier leur intégrité physique
(mariages forcés, excision) ; participation, à parts
égales, à la vie de la cité, alors que les femmes sont
victimes de discriminations spécifiques à l'embauche ; enfin, la
difficile reconnaissance par l'ensemble de la société, quand
celle-ci véhicule des images stéréotypées ou
fausses à leur égard. (Ministère de la parité et de
l'égalité professionnelle « Femmes de l'immigration »
mars 2005).
Au cours de notre recherche, nous tenterons de
déterminer si les jeunes Mahoraises et Comoriennes de la Réunion
connaissent des situations similaires.
49
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
5. Les stratégies d'intégration ou de
repli identitaire des migrants
Comme nous l'avons montré, les deux stratégies,
intégration et repli identitaire coexistent. La première
étant la condition de l'acceptation du migrant par la communauté
du pays d'accueil, l'autre étant la nécessaire conservation et
transmission de la culture pour préserver une identité mise
à mal par l'exil, fût-il choisi.
Au delà de ces tendances que l'on pourrait qualifier de
naturelles on peut également observer des stratégies plus
jusqu'au-boutistes d'assimilation à la société d'accueil,
qui tourneraient le dos (ou la page) du passé et du pays d'origine. A
l'inverse, par une incapacité ou un refus de s'adapter, ou encore par
réaction à un accueil ressenti comme excessivement hostile et
dévalorisant, certains peuvent être tentés de se replier
localement ou à distance dans la culture d'origine en vivant « hors
du temps et de l'espace » de la société d'accueil. Les
travaux évoqués ci-dessus indiquent que ces deux cas
extrêmes sont rares, voire marginaux.
Ces choix exclusifs peuvent être vécus dans la
plus grande discrétion, l'invisibilité presque absolue ou au
contraire revendiqués de façon militante voire violente. Ces
derniers cas sont naturellement les plus visibles dans l'espace public
médiatique et contribuent à façonner et renforcer les
lieux communs les plus négatifs. Il est effectivement plus facile de
condamner des déviances que de s'interroger sur leurs sources et
participer à éviter leur survenance par une plus grande ouverture
mutuelle.
5.1. L'intégration économique et
sociale
L'intégration des jeunes issus de l'immigration se
heurte souvent à des comportements discriminatoires, parfois
d'exclusion. Bernard LAHIRE (2000) définit le racisme comme «
cette somme de petites décisions, de comportements ou
d'appréciations qui, enchaînées et
répétées de façon routinières quasiment
invisibles, composent un système dense d'actes discriminatoires et
empêchent l'accès plein et entier à la jouissance des
droits d'individus définis par leurs origines ethniques et raciales.
»
C'est effectivement à ce type de racisme «
ordinaire » que sont confrontés les jeunes issus de la migration
dans leur vie quotidienne et plus particulièrement dans leur
scolarité comme dans leur insertion professionnelle.
Jean-François Amadieu (2004) indique qu'il est d'autant plus difficile
à combattre au quotidien, et même sur le plan légal qu'il
n'est pas toujours avoué ni même conscient.
Or l'intégration sociale passe avant tout par
l'intégration économique, rendue plus difficile par les
discriminations liées aux perceptions et attitudes négatives de
la population majoritaire envers les migrants.
50
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
5.1.1. Emploi, entreprise, aides sociales
Le premier mode d'intégration est effectivement
économique ; pour être intégré, il faut être
un acteur économique, pour cela il faut « être » ; c'est
à dire avoir une existence légale. Cela implique d'avoir une
identité officielle pour accéder à l'emploi
déclaré, pour bénéficier des aides sociales, pour
éventuellement créer sa propre activité
économique.
Cette intégration donnera la place sociale du migrant
comme de l'autochtone : salarié, allocataire ou entrepreneur. Si le
migrant ne dispose pas du sésame administratif pour être en
règle avec le pays d'accueil, il disparaît de la scène et
tombe dans le côté obscur dont il ne sortira que lors
d'évènements dramatisés par les organisations humanitaires
et la presse, le plus souvent de façon anonyme et collective. «
Sans papiers », clandestin, il sera condamné aux emplois non
déclarés, à la précarité et à
l'exploitation qui participent de la flexibilité du système
officiel.
Dans tous les cas, la situation économique des
immigrés, particulièrement Africains, est moins favorable que
celle de la population majoritaire française. Les statistiques indiquent
en effet qu'« En 2010, 2,6 millions d'immigrés sont actifs
(employés ou demandeurs d'emploi) en France, dont deux tiers
originaires des pays tiers (hors Europe). Les descendants
d'immigrés sont 2,4 millions d'actifs en 2010, dont 40 % avec des
parents originaires des pays tiers. » (Ministère de
l'Intérieur - Infos migrations - janvier 2012)
Les taux d'activité (pourcentage des salariés,
ou demandeurs d'emploi) des hommes originaires de pays tiers (hors Europe) sont
supérieurs à ceux des Français de naissance (plus de 80 %
pour les Algériens et Turcs), mais le taux d'activité des femmes
est inférieur de plus de 10 points (28,7 % chez les Turques et 48 % chez
les Maghrébines) à l'exception des femmes originaires d'Afrique
hors Maghreb (+ 5 points depuis 2007) dont le taux d'activité
dépasse celle des Françaises de naissance. (Ministère de
l'Intérieur - Infos migrations - janvier 2012)
Les immigrés des pays tiers représentent en
France 6 % des actifs (employés ou non) mais 13 % des chômeurs. Au
sein de la population immigrée, les immigrés d'Afrique
représentent 45 % de la population active mais 61 % des immigrés
chômeurs. A l'inverse, les immigrés de l'Espace Economique
Européen (EEE) ne représentent que 17 % des chômeurs
immigrés pour 33 % des actifs.
La publication Infos et Migrations (2012) précise
encore que « Entre 2007 et 2010, le chômage a augmenté de
1,4 point pour l'ensemble de la population. Les descendants d'immigrés
ont été
51
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
deux fois plus touchés (+ 3% et +4% pour les
originaires des pays tiers). Les immigrés et les descendants des pays
tiers gardent un taux de chômage deux fois supérieur au reste de
la population. Les femmes immigrées des pays tiers en ont moins
souffert, surtout celles ayant la nationalité française.»
Le taux de chômage s'est fortement dégradé chez les
descendants de ces pays (+ 4 points par rapport à 2007). Il
s'établit à 24,2 % contre 20,2 % chez les immigrés de
même origine.
Même dans le cas où ils sont employés, que
ce soit en termes de catégories socioprofessionnelles (CSP), de statuts
précaires (contrat à durée déterminée ou
intérim), de travail à temps partiel subi ou de secteurs
d'activité, la situation des immigrés et de leurs descendants est
encore moins favorable que pour le reste de la population. (Ministère de
l'Intérieur - Infos migrations - janvier 2012)
5.1.2. Les jeunes issus de l'immigration dans les pays
occidentaux
Vitraulle Mboungou constate que « L'une des
principales raisons qui poussent beaucoup d'immigrants africains à
s'installer dans les pays occidentaux, est d'offrir de meilleures
possibilités économiques à leurs enfants en leur assurant
une meilleure éducation. Aussi, leur réussite scolaire et par
corrélation professionnelle est primordiale pour ces parents, et
particulièrement lorsque ces derniers possèdent un niveau
d'éducation assez faible et ont dû faire de nombreux sacrifices
pour cette réussite. » (Mboungou V. mars 2011)
« Par ailleurs, la place que peuvent occuper ces
immigrants de la « deuxième génération » comme
on a l'habitude de les appeler, reflète souvent le processus à
long terme d'intégration de leurs parents. En effet, les performances
sur le marché du travail de ces enfants d'immigrants
élevés et éduqués dans les pays d'accueil des
parents, servent souvent de point de référence en matière
de réussite des politiques d'intégration. » (Mboungou
V. mars 2011)
Des études réalisées en Europe, au Canada
et aux États-Unis, pays d'accueil des migrants africains, et
confirmées par un rapport OCDE de 2009, montrent que leurs enfants ont
plus de difficultés à s'intégrer sur le marché du
travail que les enfants de parents nés dans ces mêmes pays. De
plus le niveau de salaires perçus est inférieur à niveau
scolaire égal, ce qui n'est pas vrai pour les immigrés issus des
pays développés. Les sacrifices consentis pour les études
(chères en Amérique du Nord) ne constituent pas toujours à
cet égard, un bon investissement.
52
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
En France, comme ailleurs, le taux de chômage diminue
avec le niveau de diplôme, mais celui des immigrés des pays tiers
est toujours supérieur (10 % ou plus) à celui des Français
d'origine, quel que soit le niveau de diplôme. Les descendants
d'immigrés des pays tiers ont, pour tous les diplômes, des niveaux
de chômage encore supérieurs. Leur niveau élevé de
chômage s'explique en partie par la part des jeunes de moins de 25 ans
sans diplôme, trois fois plus nombreux au sein de ces descendants que
dans le reste de la population. Leur taux de chômage atteint 40,5% pour
les non diplômés (45,6% chez les hommes). (Ministère de
l'Intérieur - Infos migrations - janvier 2012)
Les jeunes d'origine étrangère peinent à
trouver un emploi, comme le signale l'Observatoire des Inégalités
(chiffres CEREQ 2004, publication INSEE 2009). Trois ans après la fin de
leurs études, les jeunes diplômés occupent un emploi dans
80% des cas pour les français de naissance, ce chiffre tombe à
66% pour les enfants issus de deux parents nés à
l'étranger. Et ce constat masque encore une inégalité en
fonction des origines, le taux tombe à 60% pour les maghrébins et
sub-sahariens.
Cet article reconnaît l'existence de discriminations
ethniques sur le marché de l'emploi et rappelle que jusqu'à une
date récente, le principe d'égalité des citoyens ne
permettait pas de reconnaître les origines ethniques des citoyens et
masquait les discriminations que subissent les personnes issues de
l'immigration, contrairement au principe de discrimination positive «
affirmative action » à partir de 1964 aux Etats Unis.
« La Commission Nationale Informatique et Libertés
(CNIL) indique que le recueil de données relatives à l'origine
raciale ou ethnique n'est pas possible, aucun référentiel
national de typologies « ethno-raciales » n'existant aujourd'hui.
Dans le cadre d'une politique de diversité, seuls peuvent être
recueillis et traités le nom du candidat à l'emploi ou de
l'employé, son prénom, sa nationalité, sa
nationalité d'origine le cas échéant, son lieu de
naissance, la nationalité ou le lieu de naissance de ses parents, son
adresse. » Ce sont ces données qui sont utilisées par le
CEREQ pour ses études. (INSEE 2009)
Patrick SIMON, (INED 2005) explique ces écarts en
grande partie (les deux tiers) par une discrimination liée à des
différences dites de dotation (niveau de diplôme, profession des
parents, stages...), mais qu'un tiers peut être expliqué par une
discrimination liée aux origines ethniques « un critère
illégitime et illégal dans le recrutement » susceptible
de s'appliquer encore à la génération suivante.
53
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Jean-François Amadieu, dans une étude pour
l'Observatoire des Discriminations (2004) a vérifié l'incidence
des variables de discrimination à l'embauche par rapport à un
candidat (fictif) de référence (Homme, nom et prénom
français, réside à Paris, blanc de peau, apparence
standard) en faisant varier une seule caractéristique (sexe, âge,
origine ethnique, handicap, physique disgracieux, quartier difficile). Le
candidat domicilié dans un « mauvais » quartier n'obtient que
60% de réponses, celui dont le nom révèle une origine
« ethnique » (marocaine en l'occurrence) 19%.
La barrière se trouve au niveau du CV, donc des
préjugés, puisqu'à l'entretien, les recruteurs se laissent
séduire par les « bons profils » ethniques. Ce qui montre que
c'est de la méconnaissance que naissent la méfiance et le rejet.
Le rapport se conclut en ces termes « Il est évident que le
cumul de plusieurs facteurs de discrimination (lieu de résidence,
origine maghrébine par exemple) conduit à une exclusion
considérable du marché du travail ».(Amadieu JF.
Observatoire des Discriminations2004)
De manière générale, le CEREQ (relief
N°34, 2011) relève quatre grandes catégories de
ségrégations et de discriminations. Les
ségrégations spatiales, liées au lieu d'habitation, les
ségrégations sociales, et particulièrement scolaires (voir
ci-dessous), des ségrégations liées à la
segmentation du travail (type d'emplois, différentiels salariaux,
accès aux responsabilités), et des ségrégations de
genre (voire d'orientation sexuelle) s'appliquent toutes aux populations issues
de l'immigration avec souvent un effet cumulatif.
D'après Vitraulle Mboungou (mars 2011), cette
discrimination professionnelle expliquerait « le nombre croissant
d'enfants d'immigrants africains qui quittent les pays d'accueil de leurs
parents pour immigrer ailleurs ou retourner dans les pays d'origine de ces
derniers »
Une tentation qu'il conviendra d'analyser chez les jeunes
Mahorais et Comoriens de la Réunion à le lumière de leur
ressenti sur d'éventuelles discriminations à leur
égard.
5.2. L'intégration par l'école
5.2.1. Attentes et réalisations
Les mobiles de migration évoqués par les
migrants correspondent souvent à un souhait de meilleures conditions de
vie pour eux, mais surtout pour leurs enfants. Ils sont conscients que cette
recherche de promotion sociale passe par la scolarisation, condition
également importante
54
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
de l'intégration linguistique et culturelle. Ils en
perçoivent donc les enjeux et placent souvent de grands espoirs dans le
système scolaire français.
Les résultats ne sont pas toujours à la hauteur
de leurs espérances. Peut-être en demande t'on trop à
l'école en lui confiant la tâche de faire des « petits
français comme les autres » (adopter des « ancêtres
gaulois », image pas si lointaine) dès la première
génération scolarisée, avec tous les jeunes qu'on lui
confie, indépendamment de leurs origines, cultures et aspirations.
Le Haut Commissariat à l'Intégration (HCI -2011,
op. cité) présente l'importance de l'école dans
l'intégration des immigrés, explique que l'école
républicaine constitue un espace d'intégration sociale, de
proximité, de voisinage, de village, de quartier pour le niveau
primaire; d'accueil de tous les élèves sans s'arrêter
à leurs différences ; de transmission des connaissances, qui
contribue à l'appropriation des valeurs et des codes du « vivre
ensemble » dans une société organisée ; et
prépare à l'entrée dans la vie sociale et
professionnelle.
Le HCI rappelle que l'intégration passe par deux
éléments principaux, l'apprentissage et la maîtrise de la
langue française, la transmission des éléments de culture
républicaine, démocratique et laïque. Face à ces
objectifs, les difficultés ne manquent pas. La précarité,
la paupérisation des populations immigrées, leur concentration
sur des quartiers défavorisés rendent la mission
intégratrice de l'école moins efficace. Les différences
d'orientation ou de cursus, le taux de redoublement ou la sortie du
système scolaire sans diplôme sont autant de problèmes pour
l'école et pour l'insertion sociale et professionnelle des jeunes issus
de l'immigration. Le HCI réaffirme que la lutte contre l'échec
scolaire est une priorité de l'école et de la
société.
Dans sa conclusion, l'analyse du HCI pointe que les
élèves immigrés ou issus de l'immigration, sont les
révélateurs d'une école qui ne parvient pas à
pallier les inégalités sociales et culturelles et qui doit faire
face chaque année à de nouveaux migrants ; mais qu'il faut
refuser le déterminisme des origines et des cultures ; ne pas
sous-estimer ses réussites et le rôle d'ascenseur social qu'elle a
pu jouer pour nombre d'entre eux. (HCI 2011)
Louis-André Vallet et Jean-Paul Caille (1999)
rappellent que les enfants d'immigrés comptent parmi les
élèves qui risquent le plus de connaître des
difficultés ou des échecs scolaires, l'orientation vers les
filières les moins prestigieuses du système éducatif et
des sorties précoces ou sans diplôme.
55
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Pourtant les trajectoires scolaires des enfants
d'immigrés sont plutôt meilleures que celles des autres
catégories défavorisées. L'explication principale en est
dans les aspirations éducatives plus fortes et les demandes
d'orientation plus ambitieuses effectuées par les familles
immigrées, par rapport aux autres familles socialement comparables.
(Vallet L.A., Caille J.P., 1999)
On peut conclure de leurs travaux que les problèmes de
scolarité que connaissent les jeunes issus de l'immigration ne sont pas
dus à la migration en elle-même mais au fait qu'ils appartiennent
aux catégories sociales défavorisées.
Cette analyse serait plus optimiste si la crise
économique que connaissent la plupart des pays n'avait pas
sérieusement grippé « l'ascenseur social », pour eux
comme pour l'ensemble des populations défavorisées. Il est tout
aussi clair que « l'escalier de service » qui permettrait
d'accéder aux étages supérieurs de la
société est long, raide, et jonché de
désagréments.
5.2.2. Des acteurs sociaux critiques et revendicatifs
Jean-Pierre Zirotti (2006) constate que « Quand une
expérience scolaire négative est fortement partagée,
conséquence des pratiques de regroupement dans des établissement
et/ou dans des classes et filières dévaluées, et qu'elle
entre en résonance avec d'autres expériences propres à
d'autres sphères de la vie sociale où s'expriment aussi, sous
d'autres formes, l'inégalité sociale souvent articulée
à la stigmatisation d'une identité sociale, comme c'est le cas
pour ces jeunes Maghrébins, alors la possibilité de points de vue
et de comportements spécifiques est ouverte. »
C'est quand ils sont engagés, par exemple, dans des
étapes décisives de leur parcours scolaire,
préoccupés d'obtenir des affectations dans des filières
conformes à leurs projets et avertis, par le partage de cette
connaissance quasi objective au sein du groupe d'appartenance, du fort risque
de relégation vers des voies sans issues valorisées, que
s'exprime plus fréquemment cette posture revendicative. »
(Zirotti J.P. 2006)
Il s'agit de réactions conscientes aux traitements
sociaux et scolaires qui leur apparaissent comme injustes, car inégaux,
et discriminants. Les élèves maghrébins expriment pour la
plupart le projet d'obtenir au moins un titre universitaire de niveau «
bac + 2 » (Brevet de technicien supérieur ou Diplôme
universitaire de technologie), alors qu'ils sont le plus souvent
orientés vers des formations professionnelles non souhaitées.
Pour maintenir dans ces conditions leur niveau d'aspiration sociale, ils
doivent combattre les catégorisations propres à l'école et
les
56
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
conséquences négatives des appréciations
scolaires et des décisions d'orientation. Catégorisés en
élèves « faibles », « en difficulté »,
ils s'opposent à ce marquage en contestant les modes
d'évaluation. En réclamant une orientation scolaire favorable,
ils demandent à l'école la promotion sociale, la correction des
inégalités sociales qui les frappent, ce qui les distingue des
autres élèves des milieux populaires. (Zirotti J.P. 2006)
Les aspirations professionnelles, des enfants
d'immigrés correspondent très majoritairement à
l'impératif de bien gagner leur vie (73 % contre 65 % des jeunes de
parents non immigrés et 69 % des enfants de famille mixte). Cette plus
forte préoccupation financière des enfants d'immigrés peut
s'interpréter comme la volonté d'améliorer des conditions
matérielles d'existence qui sont en moyenne moins favorable que celles
des autres jeunes. (INSEE 2005)
5.3. L'intégration par les réseaux
affinitaires : famille, amis, le mouvement associatif
5.3.1. Des relations familiales basées sur la
proximité
L'INSEE (2005) indique que pour l'ensemble de la population,
les relations familiales sont directement liées à la taille du
réseau de parenté et à la position dans le cycle de vie :
les rencontres avec la famille se réduisent avec la mise en couple, mais
s'intensifient à nouveau avec la venue des enfants.
Pour les immigrés, l'intensité des relations
familiales dépend avant tout de la proximité géographique
des membres de la famille. Cette proximité est moins fréquente
que pour les Français « enracinés ». Le fait d'avoir
des membres de la famille dans la région d'origine est lié avec
l'âge d'arrivée, plus on arrive jeune, plus la probabilité
est forte. Quand des membres de la famille habitent dans la même
région, les immigrés ont des relations familiales
régulières, (plusieurs fois par mois), beaucoup moins en cas
d'éloignement. (INSEE 2005)
La langue joue un rôle également, les
immigrés déclarant ne pas bien parler le français ont
davantage de contacts avec leur famille, les relations extérieures
étant rendues plus difficiles. (INSEE 2005)
57
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
5.3.2. Un ancrage originaire pour les arrivants, spatial pour
les natifs, affinitaire ensuite
Les relations avec les amis d'enfance sont plus
fréquentes pour les jeunes issus de l'immigration que pour l'ensemble de
la population. Pour les migrants, l'amitié entre personnes originaires
du « même endroit » est déterminante au moment
de l'installation, mais diminuent rapidement avec le temps. (INSEE 2005)
Pour les jeunes issus de l'immigration nés en France,
le réseau amical est constitué de « personnes partageant
les mêmes valeurs, d'amis d'enfance, de personnes du voisinage et de
relations professionnelles. » (INSEE 2005)
A partir de 35 ans, les relations professionnelles ou de
voisinage deviennent plus importantes pour tous. Ceux qui maîtrisent bien
la langue ont plutôt un réseau amical basé sur les valeurs
ou le mode de vie, ceux qui la maîtrisent moins bien ont plus de
relations amicales avec leurs voisins. Seuls les cadres ont un réseau
amical basé sur des critères professionnels. (INSEE 2005)
5.3.3. Une participation associative moindre, un lien
social
Les immigrés, natifs ou non, participent beaucoup moins
à la vie associative, et y assument moins de responsabilités que
la population générale. Leur engagement constitue une
compensation quand les relations familiales sont peu fréquentes. C'est
un moyen de rencontrer des personnes qui leur ressemblent et partagent les
mêmes goûts. L'engagement augmente avec le niveau d'études,
la maîtrise du français, mais aussi quand le migrant est
arrivé jeune ainsi que pour les célibataires. (INSEE 2005).
Les natifs issus de l'immigration adhèrent le plus
souvent à des associations de loisirs, comme les originaires. Par contre
les migrants des pays tiers se tournent plus vers les associations à but
humanitaire. (INSEE 2005).
5.3.4. Un lien identitaire local
La Cité Nationale de l'histoire de l'immigration
explique sur son site (2012) que « dans un premier temps, hier comme
aujourd'hui, quelles que soient les conditions de vie, les
immigrés
58
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
cherchent à rejoindre des compatriotes et
constituent avec eux des microsociétés. Cette force de
l'entre-soi contribue parfois à alimenter stéréotypes et
rejet dans la société française. »
« Espaces de rencontres et de convivialité
autour de valeurs partagées, voire revendiquées, les associations
(communautaires) tiennent une grande place dans la vie des immigrés. On
peut y perpétuer les traditions du pays d'origine et y
célébrer celles du pays d'accueil. » (Cité
Nationale de l'histoire de l'immigration 2012)
« De nombreuses publications sont
éditées en France par et pour les immigrés, dans leur
langue, parfois dans celle du pays d'accueil. Bulletins et journaux donnent des
nouvelles du pays et font l'objet de lectures collectives pour ceux qui ne
peuvent pas lire. Les revues et oeuvres littéraires, politiques et
scientifiques, animent la vie culturelle des élites. La presse fait le
lien non seulement entre la France et le pays d'émigration, mais aussi
entre les groupes d'une même origine, dispersés de par le monde.
» (Cité Nationale de l'histoire de l'immigration 2012)
Ces publications présentent néanmoins la
particularité de se montrer fragiles, donc souvent
éphémères, comme on pourra l'observer au chapitre 3.
Les comportements identitaires et communautaires
décrits ci-dessus seront analysés dans le cas des Mahorais et
Comoriens réunionnais.
5.4. Le maintien des liens originels et la
communauté identitaire
La plupart des immigrés, de leurs enfants maintiennent
des liens plus ou moins serrés avec leur « pays » (dans le
sens national ou local) d'origine, partis pour améliorer leur vie, ils
sont souvent aussi pourvoyeurs de moyens d'existence de leurs proches
restés au pays, qui comptent souvent sur eux pour obtenir des revenus,
pour faciliter leur propre immigration, les études des jeunes sur place
au dans le pays d'accueil. En retour, les migrants gardent souvent leur place
et leur influence dans la famille originelle, participent parfois à la
vie économique (investissements) et politique (Manga M. 2011),
préparent éventuellement leur retour.
59
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
5.4.1. La famille, le pays : attentes croisées,
volonté d'intervention du migrant
« Entre l'envie de reconstituer, ici, la vie de
là-bas et le sentiment d'être en suspens entre deux mondes, les
immigrés gardent des liens à la fois matériels et
immatériels avec leur pays d'origine. Ces liens façonnent la
nouvelle vie en France. » (Cité Nationale de l'histoire de
l'immigration 2012)
« Pour faire face à la distance et à
l'absence souvent douloureuse, les immigrés qui ont gardé des
proches au pays maintiennent le plus souvent des liens avec eux. Dès
avant 1914, un événement important peut être partagé
par une lettre, voire une photographie. La banalisation du
téléphone, puis des moyens de communication les plus modernes,
réduisent l'éloignement, jusqu'à donner le sentiment d'une
véritable présence, d'un bout du monde à l'autre ».
(Cité Nationale de l'histoire de l'immigration 2012)
« La pratique des transferts financiers est depuis
longtemps commune à des millions d'immigrés, de toutes origines.
Le plus souvent, ces transferts servent à soutenir les proches
restés au pays. Certains contribuent aussi au développement local
par le biais de réseaux associatifs. » Par exemple, « depuis
les années 1990, les associations de Maliens immigrés en France
sont les principaux acteurs de la construction d'infrastuctures : puits,
écoles, centres de santé...» (Cité Nationale de
l'histoire de l'immigration 2012)
L'aide à la famille restée au pays constitue la
principale motivation de ces envois. Le cabinet SOLIS, spécialisé
dans les études marketing ethniques précise que 54.9% de la
population originaire d'Afrique du Nord et 66.9% de celle originaire de
l'Afrique subsaharienne effectuent des transferts de fonds vers leur pays
d'origine. Ces transferts passent principalement par des voies informelles
(familiale, affinitaire), mais les réseaux financiers internationaux se
développent et captent une partie de ces flux. (SOLIS juin 2009)
« L'immigration n'est pas une histoire figée.
Elle s'accompagne, pour ceux qui le peuvent, de mouvements fréquents
entre la France et le pays d'origine. Dans certains cas, le retour des
immigrés au pays peut devenir définitif : fin du régime
d'oppression pour des exilés, volonté de participer à la
renaissance du pays d'origine, promesse de travail ou nostalgie ».
(Cité Nationale de l'histoire de l'immigration 2012)
« Une partie des exilés poursuit en France le
combat impossible au pays. Les insurgés polonais, les Russes blancs, les
antifascistes italiens, les antinazis allemands, les Républicains
espagnols,
60
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
les dissidents portugais ou les réfugiés
latino-américains trouvent ici le lieu d'un exil militant. Dans
l'entre-deux-guerres, les ouvriers et intellectuels venus des colonies trouvent
en métropole un espace politique favorable à la création
de mouvements nationalistes. Se croisent alors à Paris les futurs
dirigeants des indépendances. » (Cité Nationale de
l'histoire de l'immigration 2012) on comprendra aisément qu'avec le
développement des TIC, ce soit encore plus facile (techniquement) et
plus fréquent de nos jours que par le passé.
Loin de promouvoir l'assimilation des immigrants et la rupture
avec les pays d'origine, le Comité des Ministres Européens
affirme dans une recommandation de 1984, l'importance des liens culturels des
migrants avec le pays d'origine, non seulement pour faciliter leur
réinstallation en cas de retour aussi le processus d'intégration
dans le pays d'accueil. Des recommandations sont présentées dans
les domaines de l'éducation, la formation des adultes, la constitution
d'associations de migrants, la religion, les médias ainsi que les
activités culturelles et de loisirs. La recommandation incite fortement
les gouvernements à appuyer les médias utilisées par les
migrants, « faciliter la réception des émissions de
radio et de télévision, la diffusion des périodiques et
des livres des pays d'origine, et à encourager les programmes de
télévision conçus pour les migrants. » Ils
recommandent aussi « d'encourager la participation des enfants de
migrants aux activités de loisirs dans leur pays d'origine.
»
La diffusion des Technologies de l'Information et de la
Communication (TIC), largement utilisées par les migrants (Diminescu D.
2005) facilite la constitution de communautés diasporiques, qui seront
étudiées dans le chapitre 3.
5.4.2. La dialectique du retour : du souhait à la
réalisation (parfois)
Le retour peut-être plus ou moins rapide, plus ou moins
définitif ; de nombreux immigrés gardent des liens relationnels
et économiques (propriétés, habitations) avec leur pays,
par l'entremise de leurs proches restés au pays. Les voyages en
allers-retours plus ou moins réguliers sont fréquents.
Lila Belkacem (2012) a étudié deux formes de
retour au pays d'origine pour des jeunes maliens : retour forcé pour des
jeunes «envoyés au pays» par leurs parents après avoir
commis des actes de délinquance, et participation à une «
colonie de vacances » au Mali organisée par des immigrés
maliens pour leurs enfants dans leur région d'origine. Il s'agit dans un
cas de vacances
61
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
identitaires, dans l'autre cas de sanctions qui n'interdisent
pas nécessairement un retour au pays d'accueil.
Une étude de l'OCDE (2008) signale que « Selon
le pays de destination et la période considérée, 20 %
à 50 % des immigrés admis pour plus d'un an quittent leur pays
d'accueil dans les cinq ans suivant leur arrivée, soit pour retourner
chez eux, soit pour s'installer dans un autre pays (émigration
secondaire). Des flux de retour substantiels ont également lieu au
moment de la retraite. En général, les retours sont
spontanés et se produisent à l'initiative des migrants
».
« Cela suggère que les migrations de long
terme sont plus dynamiques qu'on ne le pense habituellement. Les taux de retour
mentionnés ci-dessus sont également observés dans des pays
comme le Canada, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, qui
accordent pourtant le droit de résidence permanente aux immigrants de
long terme dès leur arrivée, et où l'accès à
la citoyenneté est relativement facile.»
« Dans la plupart des cas, les déterminants
individuels sont primordiaux dans la décision de retour. Les politiques
des pays d'accueil et des pays d'origine visant à encourager ou attirer
les retours n'ont eu, à ce jour, que peu de succès. » «
Quoi qu'il en soit, les immigrés de long terme ont assez peu
d'incitations à retourner, en particulier s'ils ont fait venir leurs
familles et si leurs enfants sont nés et ont été
éduqués dans le pays d'accueil. » « De la même
manière, les efforts de certains pays d'origine pour inciter leurs
ressortissants résidant à l'étranger à revenir ont
eu un impact limité. Les résultats empiriques montrent que les
retours vers les pays d'origine se produisent lorsque les conditions
économiques sont bonnes et que de nouvelles opportunités
existent. » (OCDE 2008)
« Quand les retours se produisent effectivement, les
ressources humaines et financières rapportées par les migrants
peuvent contribuer à alimenter la croissance, en particulier si les
gouvernements favorisent une utilisation efficace de ces ressources.»
(OCDE 2008)
Un désir de retour légitime, souvent des projets
qui resteront parfois inassouvis ou fantasmés par les évolutions
connues de part et d'autre contribuent à la création d'un «
mythe du retour » évoqué par William Safran (1991), commun
à la plupart des migrants, et que nous tenterons de déceler, ou
non, chez les Mahorais et Comoriens de la Réunion.
62
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
5.5. Les pratiques linguistiques et les migrants :
5.5.1. Les langues originelles et l'acquisition du
français : langues communautaires, langue intégratrice
Selon l `INSEE (2005), les trois quarts des immigrés
arrivés jeunes avec leurs parents, ou adultes ont été
élevés exclusivement dans une langue étrangère. Un
sur cinq seulement a aussi le français comme langue maternelle. Moins
d'un sur dix, natif des anciennes colonies ou arrivé très jeune a
été élevé exclusivement en français.
Plus ils sont arrivés jeunes, plus ils ont passé
de temps en France et moins ils pratiquent la langue étrangère
d'origine. La langue maternelle étrangère est toujours
utilisée à l'âge adulte dans près de neuf cas sur
dix, avec l'entourage, un peu moins s'ils sont arrivés avant l'âge
de 10 ans (4/5). (Les immigrés en France, INSEE 2005)
Les immigrés arrivés avant l'âge de 10 ans
considèrent presque toujours avoir une bonne maîtrise du
français, ceux arrivés après 25 ans, une fois sur deux
seulement. Cette maîtrise est longue à acquérir, si c'est
le cas pour deux immigrés sur trois au bout de 25 ans, ce n'est pas le
cas pour la moitié des familles arrivées depuis moins de dix
ans.
Même s'ils ont été élevés
dans une autre langue, dans la majorité des familles immigrées le
père comme la mère parlent principalement le français
à leurs enfants. Et les enfants éduqués en français
l'utiliseront en priorité et le transmettront à leurs propres
enfants. Dans pratiquement toutes les familles mixtes, le français est
la langue de communication entre parents et enfants. (Les immigrés en
France, INSEE 2005)
5.5.2. Un plurilinguisme obligé
Langues d'accueil, nationales ou sociales ; langues d'origine,
langues utilitaires (langues étrangères acquises), les jeunes
issus de la migration sont rarement unilingues : élevés dans
l'une, intégrés dans l'autre, ils ont parfois plusieurs langues
originelles et leurs pays sont parfois biculturels comme c'est le cas en
Belgique, au Canada, mais également à La Réunion. Ils
doivent aussi apprendre des langues étrangères au cours de leur
scolarité.
63
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Stéphanie Condon et Corinne Régnard (2010)
constatent que loin de constituer un handicap, pour la plupart des
immigrés être bilingue ou plurilingue est une richesse qui lui
permet de structurer son identité propre, et de s'intégrer dans
le pays d'accueil comme dans sa communauté d'origine.
Pour les immigrés, la maîtrise de la langue du
pays d'immigration constitue un facteur d'intégration professionnelle et
sociale incontournable. Pour leurs enfants nés et élevés
dans ce pays, outre son importance dans la vie familiale, l'acquisition des
langues des parents peut parfois représenter une ouverture dans le
domaine professionnel, social, culturel. (Condon S. Régnard C. 2010)
Bilingues ou plurilingues, les enfants d'immigrés
apprennent à jouer un rôle de médiateur lorsque les parents
ne maîtrisent pas suffisamment la langue de l'environnement. Leur
héritage plurilingue combine ainsi une pratique du français les
insérant dans leur génération, et leur environnement
social, et la pratique d'une ou deux langues étrangères qui les
ancre dans leur famille élargie. (Condon S. Régnard C. 2010)
La transmission linguistique, le maintien de liens avec les
pays d'origine, les séjours réguliers, la volonté de
participer (par l'information ou par l'action) aux affaires du pays permettent
aux jeunes issus de l'immigration de bénéficier d'un espace de
vie transnational. L'étude révèle que la majorité
des descendants a un très bon niveau en langues étrangères
reçues, à l'oral, mais aussi à l'écrit. Cela
démontre des qualités et un potentiel encore très
méconnus par la société comme par les
intéressés. (Condon S. Régnard C. 2010)
Les différentes langues utilisées dans la
migration sont souvent hiérarchisées en termes d'utilité
ou de prestige social. Ainsi, certaines langues ou dialectes des pays
anciennement sous tutelle française ont été
dévalorisés par rapport au français, langue
d'intégration et de réussite sociale. (Condon S. Régnard
C. 2010)
Nous observerons ces phénomènes linguistique
à la Réunion, et particulièrement pour les usages des
jeunes Mahorais et Comoriens.
64
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Chapitre 2 - LE CONTEXTE DE LA MIGRATION à LA
REUNION
1. Le phénomène de créolisation :
des influences réciproques
1.1. Créolité et créolisation
Le terme « créole » vient du portugais et de
l'espagnol, (« criar » signifie élever), à l'origine il
désigne les enfants et plus généralement les descendants
de parents européens nés dans les anciennes colonies
d'Amérique. Le deuxième sens cité est celui qui qualifie
les gens de race noire nés en Amérique, par opposition à
ceux qui arrivaient d'Afrique comme esclaves. (Real Academia Española,
diccionario de la lengua española, vigésimasegunda edición
-2012)
L'image habituelle de la créolité la montre
réservée aux îles sous tutelle européenne et
particulièrement française, composées d'un patchwork de
peuples arrivés de manière plus ou moins involontaire, profitant
ou subissant une société post-coloniale
métissée.
Le fait créole, la créolité
désigne plus généralement les sociétés et
phénomènes typiques aux sociétés ultramarines
issues du colonialisme européen. Selon Mintz et Price (1986), le terme
de créole se réfère à ce qui vient du vieux monde
mais qui est construit dans le nouveau. Jean Benoist (1996) reprenant les
travaux de Ulf Hannertz indique que « Dès le départ,
"métissage", comme "syncrétisme", impliquent en effet
l'opposition entre une pureté initiale et le mélange qui la remet
en cause. Selon les positions idéologiques, ce mélange peut
être dangereux ou constructeur ».
La créolité peut ainsi être perçue
comme une « perversion » adaptative de la société
colonisatrice ou au contraire comme un construit original, enrichi par les
apports de ses composantes, s'adaptant à ses contextes présents
et à venir, dans une logique d'évolution plus darwinienne. Cette
dynamique symbiotique et adaptative est ce que Ulf Hannertz (1992) a
défini comme créolisation et qu'il veut concevoir comme un
enrichissement par la mixité culturelle.
À la différence de "métissage" ou de
"syncrétisme", le terme "créolisation" n'implique pas une faute
ou une faille originelle. A l'inverse, il est porteur de représentations
positives : il décrit un processus plutôt qu'un état. La
référence identitaire change de signification. « Le
multiple n'est
65
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
pas une tare, il est une source; le fluide n'est pas une
impossibilité d'être, il en est la modalité, et la
condition... » (Jean Benoist, 1996)
Les sociétés créoles ne se sont jamais
pliées aux modèles hégémoniques.
Hétérogènes dès l'origine, aucune conception
"cellulaire" ne s'appliquait à elles. Il a fallu pour les étudier
user de concepts tels que "fluidité", "absence de structures
communautaires", "métissage", "ambivalence"... (Jean Benoist, 1996). On
peut considérer qu'en cela elles préfigurent la «
modernité liquide » décrite par Z. Baumannn
(2000).
1.2. Une « rétro-créolisation
» ?
Les sociétés créoles, résultat
dynamique de l'agrégation d'éléments sociaux
dissemblables, mais plus généralement toutes les
sociétés postmodernes, dans la mesure où face aux
cloisonnements et aux ségrégations territoriales, elles
participent à créer un "écoumène" (système
mondial) global qui relie en réseau « ceux qui s'engagent plus
systématiquement dans l'intégration culturelle, dans des
synthèses, dans le syncrétisme », participent en effet
de ce qu'on peut appeler la « créolisation » au sens
d'Hannerz.
Le paradoxe arrive quand on constate que la
créolisation, que l'on croyait réservée aux
sociétés périphériques ou subordonnées
revient en conquérant vers les « centres » qui en sont les
composantes originelles ou dominatrices. Les sociétés
créoles préfigurent par leur hybridation, leur évolution
permanente, leur capacité à assimiler (contraintes ou de bon
gré) des éléments allogènes, les
sociétés postmodernes tenues d'agréger les
éléments d'une culture globale en devenir permanent.
Par l'immigration, retour vers la « mère-patrie
» (ou amère ?) des créoles, anciens colonisés ou
représentants des états dépendants des nations
conquérantes, arrivent et s'installent de nouvelles pratiques sociales,
religieuses, linguistiques ou simplement culinaires. (Sophie Chanel, 04/2011).
Juste retour des choses donc que cette créolisation des «
Métropoles » par l'ancien (et parfois encore) dominé.
Si on admet la créolisation comme une évolution
sociale et culturelle (féconde mais souvent douloureuse) imposée
à des pays « périphériques » par un centre
dominant, rien n'empêche d'étudier en retour l'influence des
sociétés créoles ou étrangères sur les pays
du « centre ». Ce phénomène pourrait être
considéré comme une « rétro-créolisation
».
66
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Il sera intéressant de déterminer si ces
phénomènes jouent, et dans quel sens, entre les migrants mahorais
et comoriens de la Réunion et la société créole
majoritaire dans l'île.
Cette nouvelle situation est difficile à accepter dans
les pays occidentaux par ceux, nombreux, qui subissent les évolutions
sans en être acteurs, victimes et non bénéficiaires des
évolutions sociales et économiques, ou encore trop marqués
par des conceptions culturelles communautaristes. C'est ce qui rend ces
thèmes faciles à instrumentaliser et à exploiter
politiquement.
Nous examinerons cet aspect dans le contexte
réunionnais.
67
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2. Le contexte des mahoro-comoriens à la
Réunion
2.1. L'immigration à la Réunion
2.1.1. Un peuplement allogène, une mosaïque de
peuples
La créolité de la Réunion connaît
une spécificité, elle est un construit total sur une terre
originellement vierge, comme l'indiquent JCC. Marimoutou et F. Vergès
(2005), « dans les îles créoles de l'Océan Indien,
nulle autochtonie au départ ; tout le monde est, à l'origine,
étranger à l'espace et, au fur et à mesure que se
construit l'Histoire, la question des origines ne peut que renvoyer à
cette étrangeté et à cette extranéité, sauf
à la restituer à partir du lieu et dans le questionnement de leur
transformation par le lieu » (Marimoutou
JCC. et VERGES F. 2005)
A la Réunion, la créolité est un fait
identitaire structurant dynamique, qui fait l'objet de tensions et de
renégociations permanentes, comme en témoignent les
évolutions de la langue créole, la stabilisation inachevée
de sa graphie, sa place institutionnelle, scolaire et dans les relations
professionnelles. L'ensemble relevant plus d'arrangements que de consensus,
dans la logique de « modernité réunionnaise »
indiquée par Michel Watin (1995, 2002, 2005)
La créolisation a généralement
été plus subie que souhaitée par les
intéressés, cet amalgame de cultures et de populations se faisant
dans une logique de domination. Les précédentes vagues
d'immigrants plus ou moins volontaires ou contraints ont progressivement
été intégrées dans une acceptation
générale des différences ethniques et culturelles,
même si des zones de « friction » peuvent subsister entre les
différentes composantes.
2.1.2. Les immigrants récents de la
Réunion
Parmi les allochtones (étrangers ou non) que compte la
Réunion, la grande majorité sont des français nés
en métropole (parmi ces 80000 personnes, soit 10.2% de la population,
figurent des « Zoreils » (Métropolitains) et un certain nombre
de créoles nés en Métropole, de retour sur l'île de
leurs origines). On ne compte que 6108 étrangers (de nationalité)
au 1er janvier 2008 (INSEE), soit moins de 1% de la population
totale (839480 habitants, estimation INSEE 2011).
Aux Métropolitains, Malgaches et autres Africains (ces
derniers sont dits Cafres, ou Kaf en créole), Indiens
(Malbars), Indo-Pakistanais (Z'arabes) », et chinois,
viennent s'ajouter depuis les années 1980 les derniers arrivants,
Malgaches, mais surtout Comoriens et Mahorais.
68
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Nous nous intéresserons aux migrants
Indocéaniques et plus particulièrement à ceux venus de
Mayotte et des Comores: « La Réunion reçoit un flux
migratoire de populations venant de territoires parmi les moins avancés
de l'océan Indien, avec pour partie un déplacement de populations
de nationalité française. » indique l'étude du
CREDOC (Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation des Conditions de
Vie) pour l'ODR (Observatoire du Développement de la Réunion),
réalisée en 2004; « Les Mahorais, Comoriens et Malgaches
peuvent être attirés par le différentiel de
prospérité et par les systèmes d'éducation, de
santé et d'aides sociales qu'offre la Réunion. » «
L'estimation haute est de 31 000 migrants, dont 15 400 Malgaches, 12 400
Mahorais et 3 300 Comoriens » cette estimation est la plus conforme
à l'échantillon de l'enquête CREDOC-ODR, alors que le
recensement de 1999 ne comptait que 18 784 migrants).
« Les plus nombreux ne sont pas les natifs de Mayotte
(34,5 %), mais les natifs de Madagascar (57 %). Quant aux Comoriens, ils sont
très minoritaires (8,5 %). » L'enquête CREDOC-ODR
indique que « les Malgaches, comme les Mahorais, sont nombreux
à être arrivés dans les cinq dernières années
(de l'ordre de 45 % pour ces deux groupes). A l'inverse, la majorité des
Comoriens présents à la Réunion, sont arrivés il y
a plus de 10 ans (65 % d'entre eux). »
L'étude du CREDOC précise encore que les
migrants de l'océan Indien sont de jeunes adultes, les mahorais ont des
enfants dans 95 % des cas, 78% pour les Comoriens. La moitié des
familles immigrantes mahoraises sont monoparentales, c'est une
spécificité dans la mesure où il n'y a que 13% des
familles dans ce cas à Mayotte (et 18 % à la Réunion, en
1999). « On peut donc penser que la migration est dans ce cas
liée à des séparations de couple. »
« Pour les trois origines, les hommes et les femmes
vivant seuls à la Réunion sont très minoritaires (6 % et 4
% respectivement). Les enfants des migrants sont nombreux (65 % des
ménages ont au moins 3 enfants) et dans près des deux tiers des
cas au moins un enfant est né à la Réunion. Les enfants
présents dans les foyers ne sont pas toujours ceux des parents
», les migrants pouvant accueillir des membres de la famille
étendue.
Avant les années 90, « les migrations
étaient plus souvent le fait d'individus ayant des chances de poursuivre
des études ou de trouver un emploi à la Réunion. Depuis,
les migrations sont principalement le fait de ceux qui sont attirés par
les avantages sociaux (minima sociaux, couverture maladie, scolarisation
gratuite) et les structures d'éducation et de santé. »
ODR - CREDOC La situation des populations migrantes originaires de
l'océan Indien - Décembre 2004
69
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.2. La migration des Mahoro-Comoriens
2.2.1. Mahorais et Comoriens en France
Métropolitaine
L'INSEE (2001) indique que « Le recensement de
population de mars 1999, réalisé en Métropole et dans les
DOM, a permis de dénombrer 8 032 personnes nées à Mayotte
résidant en Métropole. Près de la moitié vivait
à Mayotte en 1990. Leur venue en Métropole s'explique pour une
partie par la poursuite de leurs études (8 % des Mahorais soit 691
personnes) ».
Un tiers de la population mahoraise est installé dans
la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), essentiellement
à Marseille. « L'existence d'une communauté comorienne
importante favorise l'implantation dans cette région. » La
communauté mahoraise en Métropole est plus jeune que la
population majoritaire, particulièrement en PACA. Leur taux de
chômage est très élevé (43% hors PACA, 64% en PACA,
touchant encore plus les femmes que les hommes), le faible niveau de
qualification expliquant cela. INSEE INFOS N°13 novembre 2001.
Comme nous l'avons signalé en préambule, le
ministère français des Affaires Etrangères estime la
communauté comorienne en France entre 150 000 et 300 000 personnes, ce
qui représente une forte émigration pour ce pays.
2.2.2. Les Mahorais et Comoriens à la
Réunion
Sur le plan culturel, ces deux groupes présentent de
nombreuses similitudes, au point d'être dénommés par le
terme générique de « Comores » par de nombreux
Réunionnais. Les Mahorais et Comoriens partagent une origine
archipélagique commune, mais des histoires, des traditions, des langues,
des cultures proches mais distinctes, comme nous l'avons montré en
préambule.
En premier lieu, la volonté
réitérée des Mahorais de rester au sein de la
République française, et leur récente
départementalisation (depuis le 31 mars 2011), les confirme en tant que
concitoyens. Mais culturellement différents, « immigrants de
l'intérieur », les Mahorais de la Réunion sont les derniers
ajouts à la société réunionnaise, qui s'en
défend parfois.
Sur le plan administratif, contrairement aux Comoriens, ils ne
peuvent à aucun titre être considérés comme
immigrants puisque français de nationalité, et très
majoritairement nés en France, de parents français.
70
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Les Comoriens, originaires des trois autres îles (Grande
Comore, Mohéli et Anjouan) de l'archipel éponyme, sont
étrangers, et soumis au bon vouloir administratif pour séjourner
à la Réunion ou en France métropolitaine, jusqu'à
leur éventuelle naturalisation.
Sans entrer dans un excès de détails, il
convient de remarquer que parmi les Comoriens l'unicité n'est pas
totale: un originaire de Grande Comore, un ressortissant de Mohéli ou un
Anjouanais présentent de notables différences. Parmi les Mahorais
aussi des dissemblances peuvent exister en fonction de leurs origines
Maoré, Comorien, Malgache ou Swahili (voir préambule). Cela rend
toute catégorisation globalisante très relative, et certainement
abusive.
La recherche de terrain présentée en
troisième partie nous permettra de confirmer le ressenti des
intéressés sur cette question.
Dans le cadre de cette recherche, nous prendrons
néanmoins la liberté de les dénommer ensemble «
Mahoro-Comoriens » en fonction des thèmes abordés,
quand les points de similitude permettent de les associer.
2.2.3. La situation des Mahorais à La
Réunion
Peu de travaux et de chiffres sont disponibles pour
connaître la communauté comorienne à la Réunion, par
contre le cas des Mahorais a fait l'objet de plusieurs études, notamment
celle très complète du Centre de Ressources de la Cohésion
Sociale Urbaine de la Réunion dépendant du Conseil
Régional CR-CSUR publiée en 2011. Cela permet d'étudier le
cas de la population mahoraise à la Réunion de manière
plus détaillée.
« J'ai 24 ans. Je suis venue à la
Réunion en octobre 2008, avec ma petite fille qui avait alors 2 mois.
À Mayotte j'ai suivi une formation professionnelle, avec une
expérience dans une entreprise mahoraise. Aujourd'hui, j'habite toujours
seule avec ma fille dans un appartement mais je ne trouve pas d'emploi et ce
n'est pas faute de chercher. Mes seules ressources proviennent de l'aide du
service social. Bientôt ma fille va entrer en maternelle... »
(citation issue du CR-CSUR 2011). Actuellement l'immigration mahoraise
à la Réunion est d'abord le fait de femmes, souvent avec des
enfants, qui rencontrent de réelles difficultés d'insertion
sociale et professionnelle ; elles placent un grand espoir dans
l'éducation scolaire de leurs enfants.
Le nombre de Mahorais recensés à la
Réunion est faible, 5900 d'après les données de l'INSEE
(2006), auxquels il convient d'ajouter 2100 Comoriens (de nationalité ou
d'origine). Ces chiffres
71
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
sont bien inférieurs à ceux des Malgaches et des
Mauriciens 15 900 et 4800 respectivement, mais beaucoup moins présents
dans l'espace public réunionnais, ainsi que celui des
Métropolitains (79 000 présents sur le territoire). Le nombre des
originaires de Mayotte serait bien plus important, jusqu'à 60 000
d'après la fédération des associations mahoraises de la
Réunion (SORODA, devenue FAMAR en mai 2012). Le différentiel
s'explique par la comptabilisation par ces derniers de tous les membres de la
« communauté mahoraise » indépendamment de leur lieu de
naissance et de la durée de leur séjour. Le chiffre le plus
généralement admis par la presse réunionnaise est de
l'ordre de 30 000, soit moins de 4% de la population réunionnaise.
Depuis le début des années 2000, par le jeu des retours et des
départs vers la Métropole, le solde migratoire des Mahorais
à la Réunion a tendance à s'inverser pour devenir
négatif (INSEE 2009).
« Que ce soit à Mayotte ou en dehors, on
continue à fonctionner pareil... » Ce témoignage issu
de l'étude CR-CSUR 2011 montre que les mahorais tentent de garder leur
mode de vie en arrivant à la Réunion, ce qui ne va pas sans
difficultés et frictions : « Les populations originaires de
l'archipel des Comores ne suscitent pas toujours l'empathie de la population
réunionnaise. Le malaise s'exprime avec plus d'acuité envers les
Mahorais, français depuis 1841» (CR-CSUR 2011) et Domiens
depuis mars 2011, confirmant ainsi une volonté maintes fois
réitérée du peuple mahorais.
Les motivations évoquées pour leur
arrivée sont effectivement d'abord les possibilités d'une
meilleure poursuite d'études (évoquées dans 62% des cas),
puis le différentiel des aides sociales (57%) (CREDOC 2004). Les
difficultés d'insertion les plus importantes se situent dans le logement
(60% déclarent être mal logés) et l'emploi (moins
diplômés et à diplôme égal moins
employés) (INSEE 2006), ce qui peut conduire à la
précarisation et à l'exclusion.
« L'étude menée par le CREDOC et l'ODR
(2004) auprès de migrants de la zone océan Indien fait
apparaître la stigmatisation qu'ils ressentent : 42 % des originaires des
Comores, de Madagascar et de Mayotte jugent la population réunionnaise
peu accueillante, et même hostile pour 15 % d'entre eux. Plus
précisément, 7 % des Malgaches, 16 % des Comoriens et 21 % des
Mahorais interrogés perçoivent un rejet. La confrontation
à des manifestations agressives (insultes racistes, menaces, ...) est
évoquée par 21 % de l'ensemble des migrants de l'enquête.
Les Mahorais, à 44 %, se disent victimes de racisme. » CREDOC-ODR
2004
72
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
« Quelqu'un disait : nous sommes tous les
émigrés de quelqu'un... jusqu'à ce qu'un autre arrive
» évoque Jean Luc Caro, Directeur Général des
Services de la ville du Port : « La représentation populaire de
l'habitat des mahorais à la Réunion c'est une forte concentration
communautaire (qui mêle d'ailleurs mahorais et comoriens) et une
insalubrité des logements occupés - faute de véritable
alternative pour se loger. Cela produit un double effet de ghettoïsation
et de rejet qui amalgame cette image péjorative à toute la
communauté, comportement très perceptible dans le voisinage
immédiat. »
« Vouloir retrouver et vivre avec sa
communauté d'origine est un besoin naturel quand on est
«étranger», surtout quand la solidarité communautaire
constitue le premier expédient accessible. C'est un
phénomène qui se constate dans d'autres communautés
déracinées : on se regroupe par immeubles, par quartiers, par
ville que ce soit entre mahorais à la Réunion ou entre
réunionnais en métropole. La communauté est une cellule
ressource forte pour toute personne d'une culture
«étrangère». CR-CSUR 2011
Si tous souhaitent se rapprocher de leur communauté, on
constate que chacun va pour se loger, là où il trouve à le
faire. Dans les bidonvilles (évoqués par le CR-CSUR 2011) on
rencontre trois types de mahorais : Outre des femmes seules, avec ou sans
enfants, sans revenus, sans point d'ancrage local et avec peu de lien avec leur
famille à Mayotte, on trouve des familles qui se sont
déplacées ensemble ou petit à petit, et qui connaissent
des difficultés d'adaptation aux modes de vie à la
Réunion, par exemple la typologie et la conception de l'habitat, ainsi
que des familles installées depuis longtemps, qui comptent souvent des
enfants nés à la Réunion et ne connaissent pas Mayotte.
(CR-CSUR 2011)
« Ce sont les solidarités intra-familiales et
villageoises fortes qui leur permettent de tenir dans leur environnement
précaire. D'autant que les migrations s'effectuent le plus souvent
grâce à l'existence d'un réseau qui assure un point de
chute à la Réunion. » (Note CESER 2010). La note
évoque également la complexité pour les enfants de
gérer une double allégeance culturelle et les difficultés
scolaires liées à l'acquisition de la langue française,
qui n'est souvent pas leur langue d'origine.
Si la solidarité communautaire existe, elle a peu de
moyens pour aider à une intégration durable : l'accès au
foncier à l'acquisition foncière - avec un ancrage durable - est
difficile, la communauté dispose de peu de ressources, son réseau
de connaissance est limité, les Mahorais et
73
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
les Réunionnais vont peu l'un vers l'autre ; les
contacts se limitent souvent à la fréquentation des services
publics. CR-CSUR 2011
« La communauté mahoraise ne sollicite que
très peu d'aide à l'extérieur, en dehors de la
communauté. Les intervenants auprès de ce public doivent donc
trouver une porte d'entrée leur permettant d'être reconnus comme
admis à participer et à « intégrer », d'une
manière ou d'une autre, le cadre communautaire. » Le rapport
du CR-CSUR (2011) évoque ainsi la nécessité de
médiateurs pour pouvoir connaître et interagir avec la
communauté mahoraise à la Réunion.
Les femmes mahoraises :
« J'ai 23 ans. Bien qu'à la Réunion
depuis l'âge d'un an, je me sens plutôt mahoraise. Aujourd'hui, je
vis dans un bidonville de la Rivière des Galets (commune du
Port). Nous sommes 14 à habiter sous le même toit de
tôles récupérées : mes parents, mes soeurs, mes
frères, mais aussi mes neveux et mes cousins. Je n'ai pas de
diplôme ; n'ai jamais pu travailler, pourtant j'ai déjà
fait de nombreux stages... » Cette citation issue du CR-CSUR (2011)
évoque les principales difficultés rencontrées par les
Mahorais en général et qui doivent souvent être
gérés par les femmes, particulièrement dans le cas
où elles se retrouvent seul adulte du foyer.
Filippo Ferrari, directeur du FTM (Finaliser Transmettre
Mobiliser, association pour l'aide à l'insertion professionnelle)
indique dans le rapport cité ci-dessus que « la femme
«immigrée» a plus de difficultés que l'homme à
trouver un emploi ; elle a peu de formation, de diplômes. »
Pour ces femmes titulaires d'une expérience limitée et
cantonnées à des emplois précaires, cette association a
mis en place des formations à la recherche d'emploi. Leur public est
composé en majeure partie de Mahoraises (40%), 30% de Comoriennes et de
malgaches, et 30% de réunionnaises. CR-CSUR 2011
Mayotte devenue un département depuis 2011, doit se
conformer aux règles de la République. Il faudra alors accommoder
ce qui relève de la tradition, ce qui est imposé par la religion,
ce qui est acceptable dans le droit républicain et ce qui est facteur ou
non d'insertion dans la société réunionnaise ou
métropolitaine. Cela concerne notamment le fait qu'il n'est plus
possible de contracter des unions polygames, souvent imposées aux
femmes, à Mayotte, mais les situations en cours pourront subsister.
L'âge auquel les jeunes filles pourront se marier va passer de 16
à 18 ans, et la répudiation sera interdite. (Ministère de
l'Outre-Mer)
74
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La polygamie n'est pas islamique, le Coran allant
jusqu'à déconseiller cette pratique. Il s'agit une coutume qui a
existé chez de nombreux peuples, souvent pour pallier la
mortalité des femmes en couches et des enfants. En France, le mariage
multiple est interdit depuis le 27 mars 1803 (article 147 du code civil) puis,
en 1993, l'état de polygamie est interdit à tout résident
sur le territoire. CR-CSUR 2011
« La société traditionnelle mahoraise
est de type matriarcal: l'épouse a autorité, c'est elle qui
protège le mari et le foyer. Elle peut également chasser son
époux en cas de déchéance familiale constatée par
la communauté villageoise. La femme a un rôle déterminant
dans l'économie, la politique et la vie associative. Arrivée
à la Réunion, souvent seule référent adulte, elle
doit assumer seule la gestion du logement, des finances, de
l'éducation... prise par des tâches plus urgentes, et
handicapée par la langue, elle n'a pas toujours le temps d'assurer un
suivi très proche de ses enfants et de leur scolarité ».
(CR-CSUR 2011)
Nous constatons ici la coexistence entre un système
matrilinéaire qui donne une grande importance à la femme dans la
gestion de la maisonnée et l'éducation des enfants, avec une
logique islamique qui va plutôt dans le sens de la
prééminence des hommes. Ce paradoxe mahorais est souvent
dépassé à la Réunion par la monoparentalité
féminine. Comme nous l'avons vu, les référents masculins
manquent dans de nombreux foyers.
2.3. L'espace public réunionnais et les
migrants 2.3.1. Un espace public médiatique riche et
varié
Les travaux de Michel Watin (1995, 2002, 2005), Jacky Simonin,
Eliane Wolff (2010) et Bernard Idelson (2006) montrent que l'espace
médiatique réunionnais est particulièrement riche,
varié en types de supports comme en termes de visions politiques et
sociales, qu'il constitue un moyen d'expression directe, notamment en presse
papier et en radio, auquel les Réunionnais sont très
attachés.
La presse quotidienne régionale (PQR) est
représentée par trois titres : Le Quotidien (indépendant),
le JIR Journal de l'Île de la Réunion (longtemps groupe Hersant,
appartenant au groupe Réunionnais Cadjee depuis 2010) et
Témoignages (organe du Parti Communiste Réunionnais). Parmi les
nombreuses fréquences radio, il convient de remarquer aux
côtés des
75
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
correspondants locaux des principaux réseaux nationaux,
Radio Freedom, antenne indépendante, en prise directe avec
l'actualité et la population réunionnaise qui intervient beaucoup
à l'antenne. La télévision réunionnaise est
passée aux technologies numériques en 2011. Elle diffuse les
chaînes publiques du réseau RFO, les émissions d'Antenne
Réunion, groupe local, ainsi que plusieurs bouquets numériques
par abonnement. Ces derniers permettent notamment de suivre en direct les
émissions et journaux télévisés mahorais et
comoriens.
Les courriers de lecteurs de la PQR ou les réactions
d'auditeurs (notamment sur radio Freedom), particulièrement sur la vie
locale, la société, et la politique montrent l'implication des
Réunionnais dans leur espace public médiatique.
Le cas des immigrés comoriens a été
étudié à la Réunion par Salimata M'LANAO (1999).
Elle montre, dans son travail, comment la presse réunionnaise les
identifie comme les derniers arrivants, les présente alors comme les
victimes d'un système de domination historique et des mauvaises
conditions qu'ils subissent et appelle à l'empathie et à la
fraternité envers eux. La Réunion est présentée
comme leur « terre promise » par rapport aux Comores,
dévalorisées.
A compter des années 1980, les Comoriens sont
perçus comme une population immigrée avec de graves
problèmes d'intégration. « Le Comorien est
considéré comme le dernier venu sur le sol réunionnais.
Une population immigrée qui n'a pas encore réussi son
intégration. La presse locale se fait l'écho de ce constat.
» (M'Lanao S. 1999). La presse les présente en « boucs
émissaires », en les associant aux problèmes
économiques et sociaux de l'île, elle les stigmatise. En partant
de lieux communs pour éventuellement tenter de les combattre, elle
semble plutôt les renforcer.
Plus récemment, dans une étude linguistique sur
la nomination et la catégorisation des Mahoro-Comoriens, Marc FRANCK
(2011) confirme que le discours de presse écrite s'avère
incapable de dépasser les représentations et
caractérisations traditionnelles, notamment sur les groupes ethniques
présents à la Réunion. Il constate que les discours
négatifs confirmant l'ordre dominant ont une meilleure résonance
sociale (et s'avèrent donc plus vendeurs) en évitant la
dissonance cognitive.
Seul Témoignages semble éviter la
tentation d'opposer les représentations du groupe mahoro-comorien
à celles du groupe majoritaire, mais eux aussi entretiennent l'image
d'altérité. Victime d'un système économique et
social dont le créole souffre également,
bénéficiaire des aides sociales en concurrence avec les
autochtones, ou encore délinquant victimisé par la
précarité,
76
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
l'image a assez peu évolué entre les
observations de Salimata M'Lanao (1999) et celles de Marc Franck (2011). On
peut simplement observer que les éléments de désignation
des Comoriens ont été étendus aux Mahorais.
Choix d' « agenda » ou simple conformation aux
attentes des lecteurs, le résultat est dans tous les cas le renforcement
de l'image de l'étranger (allogène à la
société réunionnaise) dont l'intégration est
difficile. Une image somme toute assez peu différente de celle
observée en Métropole, mais un discours plus
modéré, correspondant à un phénomène ne
présentant pas la même acuité (origine géographique
proche, plus grande tolérance liée à
l'allogénéité originelle commune à tous les
composants de la société réunionnaise, logique de
créolisation), ni les mêmes enjeux politiques à la
Réunion.
Pas de catégorisation ni de stigmatisation ici sur leur
islamité, cette caractéristique ayant déjà fait
l'objet de créolisation par les communautés z'arabes (musulmans
indo-pakistanais) et Karanes (communauté de même origine mais
arrivant de Madagascar) désormais intégrés.
Comoriens et surtout Mahorais sont naturellement
désignés comme ceux qui viennent déranger un
équilibre déjà précaire, et tout
particulièrement sur le plan du logement social ainsi que de l'emploi :
« Au deuxième trimestre 2011, le taux de chômage à
La Réunion s'élève à 29,5 %. Les jeunes, avec 60 %
des actifs, sont les plus touchés et se désengagent du
marché du travail. Les femmes, et en premier lieu les plus
âgées, se portent davantage sur le marché du travail, ce
qui creuse l'écart de taux de chômage avec les hommes »
(INSEE-Enquête emploi 2011 à La Réunion).
En effet, tous les habitants de la Réunion
éprouvent de grandes difficultés pour trouver un emploi, et
particulièrement les non diplômés, les jeunes et les
femmes. Or ce sont précisément les caractéristiques de la
population immigrante mahoraise et comorienne, qui font de celle-ci des rivaux
en termes d'insertion professionnelle comme d'habitat pour les
catégories les moins favorisées de la Réunion, avec pour
corollaire des réactions de relative hostilité.
Dans le dossier du CSUR du Conseil Régional (2011),
Attila Cheyssial, Architecte et docteur en sciences de l'éducation
(sociologie urbaine), explique qu'il ne croit pas à un racisme entre la
Réunion, Mayotte et les Comores. Il juge le terme inapproprié,
précisant que « les étrangers ne sont
appréciés nulle part, on considère l'autre comme ennemi
parce qu'il n'est pas comme nous. L'hospitalité étant la
règle établie pour dialoguer et échanger avec un
étranger que l'on n'aime
77
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
pas pour autant. » Les Comores, comme Mayotte
rappelle-t-il font néanmoins partie avec la Réunion d'une
identité commune dans l'Océan indien. (CR-CSUR 2011).
2.3.2. De l'extrême discrétion des uns à
la globalisation péjorative des autres
Comme nous l'avons signalé, La Réunion a, depuis
sa découverte, accueilli, intégré et s'est enrichie de
nombreuses vagues d'immigration : Malgaches, Cafres, Indiens, chinois,
Z'arabes, et Zoreils sont toujours différenciés et
caractérisés, mais se côtoient et interagissent au
quotidien dans une tolérance générale.
Les plus optimistes voudront voir dans la mosaïque qui
compose le peuple réunionnais une harmonie exemplaire. Les plus prudents
feront remarquer à l'instar de Christian Ghasarian (2002) qu'il s'agit
là d'une image, que la société réunionnaise est
constituée à la fois de « mélanges et de
différences regroupées » qu'il est encore
nécessaire « d'apprendre à accepter les
différences côtoyées quotidiennement et de dépasser
le racisme larvé et encore bien présent dans le langage commun
à la Réunion. »
Pour avoir une image, bonne ou mauvaise, un groupe social doit
être reconnu comme tel et être présent dans l'espace public.
Quand les représentants sont trop peu nombreux ou trop discrets pour
constituer un groupe visible, quand leur présence ne semble pas
constituer une menace pour l'intérêt général, que
les médias ne s'en emparent pas en tant que fait de
société, il n'y a pas vraiment d' « opinion publique »
à leur égard. C'est en général le cas pour les
étrangers hors Océan Indien et hors Métropole. De fait, on
peut constater que les médias font assez peu de cas des Mauriciens, et
des Malgaches (pourtant présents en plus grand nombre), pour
s'intéresser plus particulièrement aux Comoriens et Mahorais.
Le cas des Mahoro-comoriens est différent de celui des
autres groupes ethniques. Plus récemment arrivés, pas encore
intégrés à la société créole, ils
cristallisent les craintes et les ressentiments comme les immigrés
africains ou turcs peuvent le faire en métropole. Ces critiques et
attaques ne vont généralement pas au delà du
dénigrement verbal, de l'invective murale ou d'un courrier de lecteur
« bien senti ». (Marc Franck 2011)
Logiquement, pas d'amalgame ici entre l'immigré et le
Maghrébin, quasi absent du territoire réunionnais, il en va de
même pour les quelques Africains non issus des îles de
l'Océan Indien.
78
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
De nombreux lieux communs, plus ou moins justes circulent sur
les Mahoro-Comoriens à la Réunion, qui témoignent de leur
visibilité dans l'espace public local et de l'attention que les autres
composantes sociales leur portent. Un ensemble de représentations que
les mahorais voudraient naturellement voir corrigées dans une logique de
meilleure connaissance et de plus grand respect de leur identité.
2.4. Familles réunionnaises, pluriculturelles
et en évolution
2.4.1. La transformation des structures familiales et des
solidarités traditionnelles
Michel WATIN (2005) a souligné, à La
Réunion, le passage de l'espace public constitué par le «
kartié » créole traditionnel aux quartiers urbains et la
nécessaire reconstruction des structures sociales dans une logique
d'éclatement géographique et familial où les
solidarités traditionnelles doivent s'accommoder des nouveaux modes de
vie et de communication.
À La Réunion, les jeunes grandissent
influencés par deux modèles culturels, traditionnel
hérité de la société de plantation et moderne
apporté par la Métropole et la mondialisation. La cohabitation
entre les deux ne va pas de soi. Les modes de vie et des règles de
comportement induits par chacun sont parfois contradictoires, finalement
combinatoires. (Watin M. 2005). Les adolescents doivent ainsi faire des choix
culturels conciliant les influences de la famille, des amis, des médias.
Confrontés à une somme d'éléments
hétéroclites, les jeunes doivent assembler leur propre «
patchwork culturel » dans la logique du processus de créolisation
(Flavie Plante, 2010).
Ces observations sur les adolescents, font écho aux
analyses de Nicolas Roinsard (2007) qui semblent mieux s'appliquer aux jeunes
adultes « On observe en effet aujourd'hui chez les jeunes
générations une difficile cohabitation des deux
référents sociaux en présence : celui hérité
des aïeux qui est fait de pauvreté intégrée, de
labeur et de solidarités, puis le modèle métropolitain de
l'autonomisation des individus et de l'accès à la
société de consommation. Tandis que le premier modèle
cherche à être fui ou pour le moins dépassé, le
second quant à lui ne parvient à être totalement atteint
sous l'effet, en particulier, du chômage et de l'accroissement de la
précarisation de l'emploi. »
79
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.4.2. Les jeunes Mahorais et leurs familles à la
Réunion
Des jeunes riches de plusieurs cultures, parfois
partagées entre celles-ci, et conscients que leur intégration ne
va pas de soi, qu'elle nécessitera des efforts d'adaptation de leur
part, comme en témoignent ces jeunes Mahorais : « Moi je suis
fière d'être comorienne, mais je suis aussi mahoraise, j'ai une
identité, je me dis «je suis française donc à la
Réunion je suis chez moi car la Réunion est une île
française», mais j'ai l'impression qu'il fallait donner plus aux
gens pour dire que je suis aussi chez moi... » (Citations issues du
CR-CSUR 2011)
Ils réalisent aussi que leur intégration est,
malgré tout, moins difficile que celle de leurs parents, «
L'intégration est plus facile pour les jeunes car il n'y a pas trop de
différence entre une réunionnaise et moi...» (Citations
issues du CR-CSUR 2011)
Les adultes réunionnais, quant à eux sont
prêts à accepter un certain degré d'identification
identitaire chez les adolescents : « On a croisé plusieurs
jeunes qui portaient un tee-shirt 974 et d'autres 976 (code
départemental de Mayotte)... revendication identitaire ou culturelle
? En tout cas ça ne gêne personne, ça fait partie du
paysage de la rue. » (citations issues du CR-CSUR 2011)
Au contact de la société réunionnaise, la
communauté mahoraise se transforme. Tout comme les réunionnais,
les jeunes mahorais doivent grandir en conjuguant deux cultures de façon
variable selon les individus, leur milieu familial et leur mobilité
(père resté à Mayotte, retour de l'enfant à
Mayotte, arrivée d'autres membres de la famille à prendre en
charge...). Il s'ensuit une déliquescence des repères qui
entraîne souvent échec scolaire, absence d'autorité
reconnue, délinquance... que ce soit à la Réunion ou
à Mayotte après un retour éventuel. CR-CSUR 2011
Les jeunes mahorais de La Réunion, comme tous les
immigrants, mais aussi comme les jeunes créoles, sont confrontés
à des injonctions et des influences différentes et parfois
difficilement compatibles. Les familles mahoraises accordent un rôle
important à la transmission de la tradition et naturellement de leur
culture. A l'inverse l'intégration dans la société
réunionnaise ne peut se faire que par la créolisation, c'est
à dire dans un premier temps l'adoption de codes linguistiques et
comportementaux compatibles avec leur entourage réunionnais. Enfin la
réussite scolaire et professionnelle passe également par la
maîtrise des règles républicaines nationales.
Ce qui n'est pas toujours simple pour les jeunes
créoles se charge donc, pour les jeunes Mahorais, d'un poids
supplémentaire d'exigences et de contraintes, dans un environnement
80
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
parfois hostile, parfois indifférent, rarement porteur
ou valorisant. Les initiatives prises par les collectivités locales pour
l'insertion des familles se traduisent le plus souvent pour eux par des
injonctions supplémentaires en termes scolaires ou comportementaux.
(CR-CSUR 2011).
Comme nous l'avons signalé dans la partie
précédente, les jeunes sont aussi tiraillés entre les
obligations de l'école coranique (entre 7 et 14 ans, voir
préambule) et celles de l'école républicaine, avec des
contraintes horaires et de déplacements peu favorables à un
apprentissage serein (leçons, devoirs, fatigue) et la
nécessité de concilier des (in)formations parfois
discordantes.
Leur réussite dans un registre républicain
(scolaire) ou leur trop grande implication identitaire (religion, arts
traditionnels) peut être vécue comme une remise en cause par leur
entourage social local, souvent issu de milieux et quartiers
défavorisés, une trop bonne intégration à la
société créole, à l'inverse peut être
perçue comme un rejet de ses racines et stigmatisée. «
Fatima a 24 ans et vit à la Réunion depuis 5 ans. Elle n'a que
des amis réunionnais. Les mahorais l'ignorent. » (Citation
issue du CR-CSUR 2011)
Le mode d'éducation mahorais, entre rigueur
traditionnelle et liberté sous contrôle de la communauté
est mal perçu à la Réunion, où il peut parfois
être pris pour une démission. « Globalement, les enfants
s'acceptent et jouent ensemble facilement. Par contre, les parents
réunionnais ne comprennent pas que les parents mahorais laissent leurs
enfants dans la rue jusque tard le soir. Même les services sociaux s'en
inquiètent. À Mayotte, c'est la communauté qui veille. Les
enfants sont toujours sous le regard d'un adulte mais pas nécessairement
de ses parents. À Mayotte un enfant c'est celui de tout le monde il peut
sillonner dans les rues, tout le monde a un droit de regard sur l'enfant, la
société mahoraise c'est une grande famille alors que la
société occidentale est régie sur la famille
nucléaire... » (Témoignage issu du CR-CSUR 2011)
Les jeunes mahorais et comoriens qui arrivent savent qu'ils
n'évolueront pas toujours en terrain favorable et se regroupent parfois
pour faire face. « En venant à la Réunion, les jeunes
savent qu'ils vont devoir se battre pour faire leur place et s'y
préparent d'avance, se mettent en bande. Et ceux qui retournent à
Mayotte, s'en servent pour acquérir un prestige et reproduisent le
même schéma. » (Témoignage issu du CR-CSUR
2011)
Avec le temps et les relations, ils se créolisent en
vivant à la Réunion ; de retour à Mayotte, en vacances ou
pour s'y établir, ils auront évolué et apporteront aussi
des éléments d'évolution
81
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
(positifs ou non) à leur île d'origine, devenant
eux mêmes agents de créolisation pour leur île. «
J'ai pris des habitudes à la Réunion que je ne pourrais pas
retrouver à Mayotte. Je ne me sens pas totalement réunionnaise,
mais il y a quelque chose de réunionnais en moi. Sans doute parce que
j'ai grandi à la Réunion. ». On le comprend, cette
évolution peut aussi empêcher le retour. (Citation issue
du CR-CSUR 2011)
« Il y a beaucoup de transformations chez les
mahorais qui sont allés au contact de la société
réunionnaise ; ils reviennent différents ; et à Mayotte
des changements sont sensibles. Un exemple classique : le mahorais est
très pudique ; et ont voit émerger de la part des mahorais qui
viennent de l'extérieur le « paraître » ; il y a
même des gens vivant dans des difficultés de logement, de salaire,
qui vont montrer sur le boulevard « un paraître » qui n'est pas
leur identitaire ! » (Témoignages issus du CR-CSUR 2011)
2.5. L'emploi et les migrants mahoro-comoriens
à la Réunion 2.5.1. Un sous-emploi structurel
L'INSEE indique pour la Réunion en 2011 (publication
2012), un taux de chômage de 29.5% pour l'ensemble de la population
active (9.4 % en France en 2010), 60% pour les jeunes désirant
travailler (22.2% en France 2010). Rappelons que ces taux sont
supérieurs à ceux que connaît Mayotte : 26.4% de taux de
chômage global et 41.5% des 15-25 ans (chiffres INSEE 2010).
Ces indicateurs ne sont malheureusement pas le signe d'une
situation exceptionnelle à la Réunion. La présentation de
l'économie réunionnaise par l'INSEE précise que «
La situation de l'emploi est difficile dans l'île. Moins de la
moitié de la population en âge de travailler occupe effectivement
un emploi. Le taux d'activité est faible, tout particulièrement
celui des jeunes, des femmes et des seniors, qui ont tendance à se
retirer d'un marché du travail excédentaire. »
« L'économie réunionnaise est
caractérisée par la faiblesse des activités productives
orientées vers les marchés extérieurs au territoire local.
De plus la taille réduite du marché local et sa
perméabilité met la production locale en concurrence avec les
importations. Ainsi, les entreprises réunionnaises ne satisfont
globalement que la moitié des besoins locaux. Au total, les
activités productives ne fournissent que le quart des emplois, ce qui
explique à la fois l'étroitesse du marché du travail et la
part relativement élevée, par rapport à la France
métropolitaine, de la Fonction publique, du commerce et de la
construction. » (INSEE 2012).
82
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.5.2. La difficile insertion professionnelle des
mahoro-comoriens
Comme nous l'avons signalé, la notion d'immigration ne
recoupe pas à la Réunion la notion de nationalité mais
plutôt celle de l'allogénéité. S'il n'y a pas
d'études spécifiques sur les discriminations dont seraient
victimes plus particulièrement les Mahorais, on constate que leur taux
d'emploi (nombre de personnes employées par rapport au total de leur
catégorie) n'est que 14.5% pour les hommes, et 3.6% pour les femmes,
contre 59.2 et 43.1% pour l'ensemble de la population de la Réunion
(chiffres INSEE 2006).
Les Mahorais immigrant à la Réunion
présentent un faible niveau de qualification, inférieur à
celui des Mahorais restés au pays, à celui des
Réunionnais, ainsi qu'à celui des autres allogènes,
généralement plus qualifiés que les locaux (INSEE 2010)
Cet élément, prépondérant,
n'explique pourtant pas tout ; leur taux d'emploi attendu (taux d'emploi moyen
pour une sous-population présentant des caractéristiques
similaires, hors le critère considéré, ici le fait
d'être Mahorais) compte tenu de leur qualification étant de
l'ordre de 40% et 20% suivant le sexe (chiffres INSEE 2006), une autre
manière de dire que ce groupe, déjà handicapé par
la moindre qualification, subit en plus des discriminations à
l'emploi.
2.6. L'école et l'immigration à la
Réunion 2.6.1. L'école à la Réunion
A la Réunion comme ailleurs, l'insertion sociale
dépend d'une scolarisation de plus en plus longue, comme le signalent
Eliane Wolff et Jacky Simonin (2002). Le système scolaire
réunionnais rattrape peu à peu son « retard » par
rapport à la Métropole, en termes quantitatifs, comme en offre
qualitative. La palette proposée est comparable à celle des
autres régions françaises, et des aides sont proposées
à ceux qui souhaitent poursuivre leur formation supérieure en
« sautant la mer ».
Il existe néanmoins encore un décalage entre les
niveaux de formation atteints et l'offre d'emplois qui recherche des
qualifications souvent supérieures à celles qu'ont les jeunes
réunionnais. Les jeunes sans qualification sont encore nombreux, leur
avenir professionnel très
83
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
incertain et marqué par la précarité.
(Roinsard N. 2007). Malgré les progrès réalisés, la
scolarisation ne parvient pas à corriger les grandes
inégalités de la société réunionnaise,
amplifiées par la crise économique qui se répercute
à la Réunion depuis 2009 (INSEE 2012).
La participation des parents, disposant de plus en plus de
droits dans l'école, et à qui on demande une plus grande
implication et de manière générale l'instauration d'un
« dialogue » sont présentés comme la condition de la
réussite scolaire de leurs enfants. Faute d'implication et de dialogue,
« la responsabilité des parents est souvent mise en avant quand
leurs enfants rencontrent des difficultés scolaires ou extrascolaires
» (Fontaine S. 2007).
Ses recherches mettent en lumière un consensus entre
les représentations des parents et des enseignants sur le double
rôle éducatif et instructif de l'école, ainsi que sur
l'importance du suivi parental dans la scolarité des enfants. Il
démontre aussi une convergence entre les parents et les enseignants sur
les questions d'identité culturelle, les problématiques
inégalitaires et les valeurs de l'école. Les deux parties
n'étant pas toujours conscientes de partager les mêmes
représentations et valeurs gagneraient à mieux communiquer, ce
qui serait surtout bénéfique pour les enfants. (Fontaine S.
2007).
Le niveau d'études, parfois l'historique de relatif
échec scolaire, conjugué à une culture de respect et de
crainte de l'institution expliquent aussi le manque d'aisance et donc
d'implication et de communication de nombreux parents face à
l'école. Les jeunes réunionnais dans leur grande majorité
doivent également gérer un bilinguisme de fait, le parler
créole est dominant dans les relations privées, notamment
familiales, le français obligatoire et exclusif à l'école.
(Simonin J., Wolff E. 1992).
2.6.2. La scolarisation des jeunes mahorais, de nombreux
problèmes à surmonter
Un différentiel de niveau scolaire à
l'arrivée
Le premier problème que rencontrent fréquemment
les jeunes mahorais à l'école réunionnaise est celui de la
langue maternelle, généralement autre que le français, qui
lui est pratiqué comme langue seconde (voir préambule).
« Certains enfants ne comprennent pas les consignes données par
les enseignants et se retrouvent en situation d'échec scolaire. »
(CR-CSUR 2011).
84
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
En termes de niveau scolaire, « Le seul indicateur
disponible est le chiffre issu de la journée d'appel pour la
préparation à la défense (JAPD), qui pour 2009 compte 73%
de jeunes ayant de grandes difficultés à la lecture et
l'écriture" explique Hubert Derache, Préfet de Mayotte
(octobre 2010), à formation égale, le niveau des
élèves de Mayotte est nettement inférieur à celui
des apprenants de la Réunion (observation faite par les correcteurs
d'examens)
Un suivi parental difficile
Si les parents manifestent un fort intérêt pour
la réussite scolaire de leurs enfants, ils n'ont pas pour autant les
moyens de réaliser le suivi et le dialogue nécessaires à
cette réussite, « Globalement les élèves mahorais
n'ont pas de problème particulier de discipline, mais ils font partie
des catégories en grande difficulté. » « Les parents
s'impliquent peu dans la vie du collège et se proposent rarement pour le
conseil de classe. Par contre ils ne refusent pas de venir à des
réunions, de répondre à des convocations ».
(CR-CSUR 2011).
Ce manque d'implication est souvent lié à un
problème de pratique du français « Souvent la langue est
un facteur bloquant et nécessite un interprète. »
L'institution est déroutée aussi par la difficulté
à trouver des interlocuteurs effectivement responsables « Le
problème crucial est celui de la parentalité qui n'a pas le
même contour. Il est fréquent que les parents soient hors du
département, laissant leurs enfants à la communauté. Qui
représente l'autorité parentale auprès des institutions en
cas de problème ? »« L'enfant lui-même, par sa
maîtrise de la langue française souvent supérieure à
celle de ses parents, est conduit à se substituer à eux dans le
dialogue avec les tiers. » (CR-CSUR 2011).
Une aide à la réussite scolaire
Les jeunes mahorais constituent une grande partie des enfants
repérés en difficulté scolaire, et suivis par des
programmes d'aide, qui nécessitent des médiations et des
explications : « l'adhésion des enfants mahorais au programme
nécessite l'adhésion préalable du fundi
(référent religieux) de la communauté. La
méconnaissance constitue un frein qui s'est, par exemple,
manifesté à travers l'inquiétude des mères sur la
compatibilité des activités proposées avec les traditions,
la religion, les valeurs de la communauté. »
(Témoignages issus du CR-CSUR 2011)
85
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Des élèves intégrés à
l'école par le quartier
Jusqu'au collège, «il n'y a pas de
communautarisme marquant dans le cadre scolaire. Que ce soit dans l'enceinte de
l'établissement ou à l'extérieur, les groupes sont, la
plupart du temps, mixés. Pour beaucoup d'élèves,
l'appartenance à la communauté vient après celle au
quartier... » « Les communautés mahoraise et comorienne
semblent s'intégrer très peu et très lentement, mais il
n'y a pas de conflit majeur. Les tags et bagarres aux abords du collège
et dans les quartiers sont ponctuels et s'opèrent sur des transferts de
quartier, de voisinage, très rarement de communauté. »
Témoignages issus du CR-CSUR 2011.
Particuliers mais très divers
« Il n'y a pas un profil type pour un
élève mahorais ou comorien ou malgache, pas plus que pour un
élève réunionnais, mais nous pouvons constater des
propensions, parfois contradictoires d'ailleurs : des garçons mahorais
qui refusent l'autorité féminine (mère, enseignantes), les
mêmes souvent se laissant facilement entraîner dans des mauvais
coups, d'autres plutôt timides, cherchant surtout à se faire
oublier, d'autres plutôt extravertis qui recherchent la sympathie, celle
de leurs camarades et celle des adultes du collège, si nécessaire
en faisant le pitre ou le diablotin ; des filles discrètes et
travailleuses, des filles coquettes, à la mode occidentale, et d'autres
très traditionnelles dans leur tenue vestimentaire, sans que cela nuise
à la réussite scolaire des unes et des autres. »
(Témoignages issus du CR-CSUR 2011.)
Problème de déracinement pour les
primo-arrivants, de divergences culturelles, de suivi parental pour lequel les
attentes sont différentes à la Réunion, tous les jeunes
mahorais sont obligés de surmonter un parcours d'obstacles parfois trop
important, et qui peut rejaillir sur leur réussite scolaire, donc leur
avenir professionnel et social. Leur degré de réussite comme leur
stratégie d'intégration dépend également de leur
personnalité et du vécu familial.
2.7. Les langues à la Réunion
2.7.1. Un espace linguistique particulier
Les langues couramment pratiquées à la
Réunion sont le français et le créole en situation de
diglossie, bien que cela s'estompe. La première étant langue de
réussite scolaire, de sélection sociale et d'usage exclusif dans
la vie officielle et administrative jusqu'à une date récente ; le
créole étant alors cantonné à la sphère
familiale, locale et affinitaire.
86
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
« Contrairement à d'autres régions ou
d'autres contrées, le créole se maintient vigoureusement comme
langue vernaculaire alors que le français familier gagne du terrain.
» (Ledegen G. et Simonin J. 2010). Réhabilité dans les
collectivités locales, le créole a gagné ses lettres de
noblesse avec la création d'un CAPES en 2001, et sa formalisation
graphique, encore en cours.
On observe de fait un développement fusionnel, une
hybridation qui constitue le « parler réunionnais actuel »
impulsé particulièrement par le développement des cultures
adolescentes, les usages médiatiques, la pratique des TIC et les
habitudes scolaires (français en classe, créole dans la cour,
alternance et mixage fréquents) (Ledegen G. et Simonin J. 2010).
Cette situation a été observée chez les
jeunes issus de l'immigration en métropole « Le bilingue
utilise une langue, puis l'autre, ou les deux à la fois selon les
paramètres de la situation de communication. » (Jacqueline
BILLIEZ 1985).
Cela ne fait aucunement des jeunes créoles des «
immigrés de l'intérieur », mais bien des « bilingues
naturels » qui souvent s'ignorent.
2.7.2. Les langues des mahoro-comoriens
« Quand il vient à la Réunion, le
mahorais trouve devant lui des interlocuteurs qui utilisent (au moins)
quatre langues différentes : à la maison, le shimaoré
(langue bantoue), à l'école publique, le français (langue
indo-européenne), à l'école coranique, l'arabe (langue
afro-asiatique), dans son quartier, le créole. » Cette
citation issue du CR-CSUR (2011) illustre en effet le plurilinguisme dans
lequel les jeunes mahorais et comoriens sont plongés malgré eux.
(pour un panorama plus précis, se reporter au préambule).
Dans le pire des cas, ils développeront un
semi-linguisme adaptatif synonyme d'échec scolaire, dans la meilleure
situation, ils acquerront une maîtrise linguistique capable de leur
ouvrir les portes des différents groupes sociaux mais aussi scolaires et
professionnels avec lesquels ils entreront en contact. De la richesse de leur
éventail linguistique dépendra aussi l'ouverture de leurs
possibilités d'insertion.
Nous observerons de manière plus précise les
pratiques linguistiques des jeunes Mahoro-Comoriens au cours de la recherche de
terrain.
87
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.7.3. La langue, vecteur d'intégration
Si le français est la langue de l'intégration
officielle, scolaire, administrative et professionnelle, à la
Réunion le créole est la langue de l'intégration sociale
au sens relationnel ; au niveau des quartiers, le non-créolophone
restera un étranger, quelle que soit son origine et la durée de
son séjour, et même s'il y est né.
La langue créole peut dans ce sens devenir un
véritable « patois » (pas toi !), sésame
d'identification et d'acceptation ou non par les membres d'un groupe (famille,
association, quartier ...) créole. La première étape, et
le premier niveau d'acceptation étant la compréhension de la
langue vernaculaire.
Nous observerons dans quelle mesure les jeunes
Mahoro-Comoriens jouent de cette langue dans leurs stratégies
adaptatives.
88
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Chapitre 3 - TECHNOLOGIES de l'INFORMATION et de la
COMMUNICATION, et
MIGRATION
1. Les migrants et les communications : le «
migrant connecté »
Si l'exil et le déracinement avaient pour
résultat une relative désintégration du migrant, les
technologies numériques permettent au contraire son intégration,
par un savoir et des pratiques partagées. Dana Diminescu (2005),
différencie le migrant, mobile par essence et l'immigrant venu pour
s'établir, mais estime que cette différence tend à
s'estomper dans une culture de mobilité qui se traduit pour les uns et
les autres par une culture de lien. Les TIC, condition d'intégration
« ici », dans le pays d'accueil, permettent aussi un lien virtuel
pour être présent « là-bas » auprès de sa
famille ou pays d'origine, ou ailleurs.
Cette culture de mobilité se structure dans des
ruptures comme dans des continuités, la différence étant
plus dans la perception que dans les conditions objectives. Par cette
évolution de la migration, les acteurs contribuent à faire
évoluer aussi leurs sociétés. (Diminescu D. 2005). La
généralisation des TIC permet ainsi d'assurer la
continuité des liens, des réseaux, des appartenances sociales.
2. Les pratiques médiatiques des
migrants
2.1. Consommation médiatique, structuration de
la personnalité et des relations familiales
Exposés aux médias, les individus subissent leur
influence écrite, sonore et/ou visuelle ; l'opinion, les
références sociales sont modelées, pour partie, par cette
réception. Par les informations transmises, les messages socioculturels
induits, comme par le choix des émissions suivies.
La télévision, particulièrement,
participe à structurer l'identité des spectateurs. Non pas
simplement par ses messages, mais aussi par les usages qui en sont faits. Les
pratiques télévisuelles, horaires, occasions, environnement,
spectateur isolé ou accompagné, font partie de la vie de famille
et des relations entre ses membres. Serge Proulx (1995) a ainsi pu
établir que les usages de la télévision participent
à la structuration de la culture familiale : vecteur
89
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
d'interactions, de rituels influençant les relations et
la consommation, le poste récepteur agit à la fois comme un
médiateur interne et comme une interface avec l'extérieur.
2.2. Les pratiques médiatiques des migrants :
structurantes, intégratrices et identitaires
Certaines pratiques médiatiques aussi simples et
banales que regarder la télévision, écouter la radio ou
lire les journaux locaux peuvent s'avérer de précieux outils
d'intégration, ils permettent aux migrants de s'adapter au pays
d'accueil, apprendre ou se perfectionner dans la langue, mieux connaître
la culture, le mode de vie, les codes sociaux, les règles politiques.
Les immigrés de première et deuxième
génération sont également de grands consommateurs des
médias qui leur permettent de garder le contact avec la culture et le
pays d'origine, suivre au jour le jour la vie de leurs compatriotes (actuels ou
anciens), les évolutions socio-culturelles, économiques,
politiques, par le moyen des réseaux de télévision
satellitaires ou câblés notamment.
Ces médias identitaires communiquent depuis le pays
d'origine ou le pays d'accueil. On ne peut manquer de mentionner le magazine
« Jeune Afrique » premier organe de presse papier et
numérique sur l'Afrique, proposant des lettres d'informations gratuites,
rédigé en France depuis 1960, ce qui constitue une
longévité exceptionnelle dans ce type de médias.
L'analyse des consommations médiatiques par le cabinet
d'études SOLIS (2009), spécialisé dans le marketing
ethnique, montre que les chaînes nationales de télévision
sont regardées par la quasi-totalité des immigrants
(première génération ou non). Les chaînes
identitaires sont très suivies également, par une large
majorité de ces populations (plus de deux sur trois). « Les
populations issues de la diversité disposent aujourd'hui d'une offre de
programmes identitaires importante en télévision (bouquets
africains, chaînes maghrébines et arabes, France Ô...)
grâce à la réception satellitaire et de plus en plus via
l'ADSL qui détrône aujourd'hui la traditionnelle parabole. »
(SOLIS 2009)
La majorité d'entre eux écoute les
réseaux de radios nationales, mais aussi les radios identitaires, qui
avec une présence déjà ancienne sur la bande FM, captent
une grande partie de l'audience de ces segments de population. (SOLIS 2009)
Dans sa thèse sur la « presse féminine
noire », Virginie Sassoon (2011) note que L'Institut Panos Paris a
recensé 247 médias des "diversités", en 2007, dont 32
titres de presse écrite destinés à un
90
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
public originaire d'Afrique et/ou des Antilles, dont 17
journaux d'informations et 8 magazines féminins. Des magazines tels que
« Jeune Afrique » et « Afrique Magazine
», édités en France à destination des pays
africains, témoignent d'une indépendance rédactionnelle
« émigrée » difficile à réaliser sur le
continent africain, et de l'activité économique et politique (ces
articles peuvent être critiques par rapport aux pouvoirs en place) des
migrants.
Elle note que la presse en ligne est foisonnante, les
études de Minoritymedia (Université de Poitiers 2006-2010) ont
recensé 185 titres de presse Internet en Europe, 4 radios-internet et 4
télévisions-internet destinés aux "diasporas noires" avec
tous types de contenus, de l'information généraliste à la
beauté (groupe le plus nombreux), l'éducation, la famille, la
santé, la religion, le sport... (Sassoon V. 2011)
C'est encore par l'arrivée de nouveaux médias
numériques (audiovisuels ou Internet) qu'il est désormais
possible de changer les caractéristiques antérieures de la presse
identitaire, et ses dérives élitistes qui la coupaient de la
masse, sous-consommatrice de médias (particulièrement
écrits) et condamnaient son existence à plus ou moins
brève échéance, malgré le besoin d'informations
identitaires de ses publics. (ILUNGA K.C. 2011)
Le caractère interactif de la plupart des médias
permet aussi à ceux qui le souhaitent de donner leur avis et leur
analyse, réagir ou participer à la fabrication de l'opinion
publique. Ce n'est pas le cas du plus grand nombre parmi les immigrants dans
les pays d'accueil, leur voix reste très minoritaire.
Néanmoins, de nombreux leaders d'opinion (influenceurs)
issus de l'immigration prennent la parole, le micro ou la plume, comme on peut
le constater quotidiennement, et notamment parmi les auteurs cités dans
cette recherche. Elevés et façonnés par le pays d'accueil
comme par leur groupe d'origine, métissés dans leur culture, ils
deviennent acteurs de la constitution de leur image dans l'espace public de
leur nouveau pays, agents d'évolution de leur société
d'accueil qu'ils créolisent à leur tour.
91
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.3. Une population segmentée « ethnique
»
Les immigrés sont désormais
considérés comme un segment de clientèle important. La
particularité de cette segmentation «ethnique » est de
regrouper les principaux originaires de l'immigration extra-européenne
(Afrique Nord et Sud-Saharienne, Turquie) avec les DOMiens. Dans une
étude sur leurs besoins spécifiques et leur consommation
médiatique, le cabinet d'études SOUIS (2009), estime que la
diversité ethnique de la population française constitue une
réalité commerciale incontournable puisque, selon leurs
estimations, un habitant sur dix de l'Hexagone fait partie du groupe
évoqué, et qu'en 2009, les secondes générations des
populations issues de l'immigration nées en France sont plus nombreuses
que les primo-arrivants. Et de préciser que ce constat est encore plus
frappant pour l'agglomération parisienne, parmi les concentrations
urbaines les plus cosmopolites dans le monde, avec des populations originaires
du Maghreb, d'Afrique subsaharienne et des Départements d'Outre-Mer,
vivant en Île de France qui représentent près de 20% des
habitants de cette région. Les estimations des agences de marketing
ethnique font état de 12 millions de consommateurs concernés, de
quoi effectivement susciter des vocations et éveiller des
convoitises.
92
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.4. Les migrants face aux médias et aux
cultures jeunes
Dans Cultures lycéennes, La tyrannie de la
majorité (2005), Dominique PASQUIER révèle que les
adolescents issus de l'immigration comme de la population majoritaire,
s'autonomisent désormais de la culture parentale (et notamment
traditionnelle) par une plus grande liberté de choix de pratiques de
loisirs ; les pratiques au sein de la famille sont plus indépendantes et
individualisées. Ils sont moins réceptifs également
à la culture scolaire (élitiste) pour développer une
culture propre à partir de la culture populaire (notamment genres
musicaux) véhiculée par les médias.
Les choix individuels sont soumis à la « tyrannie
de la majorité » de leurs pairs au sein des groupes auxquels ils
appartiennent. La sociabilité amicale devient
prépondérante pour les lycéens, mais se
révèle extrêmement contraignante. (Pasquier D. 2005). Pour
être soi, il faut d'abord être comme les autres ; les groupes
étant plus restreints, avec des identités locales et culturelles
marquées, les codes peuvent être plus spécifiques et
comporter des contraintes plus importantes dans le cas des jeunes
immigrés.
La diffusion de la culture de masse se fait avec des clivages
et des hiérarchisations sexués : les garçons ont le
discours dominant, constituant des groupes plus nombreux, plus
structurés, plus basés sur le jeu (sports, jeux vidéo).
Les filles développant des relations moins nombreuses, plus intimes,
permettant une meilleure communication interpersonnelle (Pasquier D. 2005).
Les jeunes issus de l'immigration doivent combiner ces
pratiques adolescentes de masse mais aussi identitaires, en fonction de leurs
groupes d'appartenance, de proximité géographique et
communautaire. Il s'agit ici d'un point que nous étudierons avec plus de
précision dans le cas des jeunes migrants mahoro-comoriens de la
Réunion.
93
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
3. Les migrants et les
(télé)communications : le lien, sous de multiples
formes
La téléphonie permet un lien permanent avec le
pays ou le DOM d'origine (SOLIS 2009). En effet, près de 90% des
interviewés (originaires du Maghreb, d'Afrique subsaharienne ou des DOM)
déclarent passer des appels téléphoniques vers le pays
d'origine, la moitié d'entre eux, le fait chaque semaine. La carte
prépayée (associée à un poste d'appel fixe ou -de
plus en plus rarement- une cabine) et la télé-boutique restent
les deux principaux moyens utilisés pour appeler vers le Maghreb et
l'Afrique subsaharienne à moindre coût. Les offres des grands
opérateurs de téléphonie ne se sont pas encore vraiment
intéressées à ces segments de population.
En termes d'usages, Dominique Pasquier remarquait
déjà en 2001 la grande diffusion du téléphone
portable dans les milieux immigrés. Les jeunes grandissent avec le
« mobile » dans leur vie quotidienne, omniprésent et intrusif,
et avec l'obligation permanente de la gestion de son coût.
Si le téléphone mobile est personnel, le poste
fixe est collectif, familial. Les appels sur les postes fixes sont
limités aux communications locales. Les contacts avec la famille
restée à l'étranger, constituent l'utilisation principale
du poste, à l'aide d'une carte prépayée, moins
chère, et qui permet d'en contrôler le montant.
Dominique Pasquier (2001) pointe aussi que les familles se
font une obligation (et un plaisir annoncé) de maintenir ce lien
téléphonique, presque exclusivement en longs appels sortants,
ritualisés, où de part et d'autre les correspondants se
regroupent. Les migrants doivent mettre le poste domestique à
disposition des membres de la famille de passage.
Ces pratiques témoignent de l'image de réussite
que les migrants doivent donner à la famille restée au pays et du
grand respect dans lequel ils doivent entretenir leurs relations avec elle.
(Pasquier D. 2001)
Le téléphone mobile est un moyen de gagner en
autonomie pour les jeunes, une condition de sa participation à la vie
sociale de son groupe. Pour les parents, c'est surtout le moyen de maintenir un
lien permanent avec leurs descendants, de se rassurer (Dominique Pasquier 2001,
Christine Castelain-Meunier 2002); le fixe étant dévolu aux
contacts avec les ascendants, migrants également ou restés au
pays. Dans les deux cas, c'est l'unité familiale qui en est l'enjeu.
(Dominique Pasquier 2001)
94
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Dans son étude sur les réseaux de communication
et la sociabilité, Patrice Flichy (2005) explique que les individus
utilisent une vaste gamme d'outils de communication. Leur utilisation ne se
fait pas au hasard, mais relève de choix réfléchis et
personnels: communication ou non du numéro de fixe ou de portable selon
l'interlocuteur, utilisation de plusieurs adresses de courriel en fonction du
réseau mis en oeuvre... La multiplication des outils de communication
permet de rester connecté en permanence et d'atteindre une gestion plus
fine des différents groupes d'appartenance.
95
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
4. TIC, Les technologies numériques de
l'information et de la communication
4.1. TIC et socialisation
A la fois médias de masse et interpersonnels, les
nouveaux modes de communication induits par les évolutions techniques
influencent et modifient les sociabilités, en multipliant les
possibilités de nouer des liens. Loin de se substituer aux contacts
physiques, ils augmentent de façon concomitante et se traduisent par des
agencements d'usages entre les multiples possibilités disponibles, qui
évoluent avec les moyens techniques. Cette plus grande facilité
de contacter et le fait d'être toujours joignable remodèlent les
relations en augmentant la pression sociale. (Z. Smoreda 2008). Les TIC
semblent ainsi jouer le rôle d'un révélateur voire d'un
amplificateur des relations sociales (plus ou moins fréquentes, avec un
plus ou moins grand nombre de correspondants, avec plus ou moins de
proximité, communications entrantes ou sortantes), avec des connotations
relationnelles et des possibilités de contenus de communication
liées à l'utilisation de chaque outil.
4.2. Les immigrés et la consommation de
TIC
Les offres groupées (téléphone + Internet
+ télévision par ADSL) permettent aux fournisseurs d'accès
de développer leur offre à la fois pour la
téléphonie par ADSL vers l'Afrique du Nord et l'Afrique
subsaharienne mais également en matière de bouquets de
chaînes arabes, maghrébines ou identitaires. La
généralisation de l'ADSL leur ouvre également l'espace
Internet, avec une forte fréquentation des sites «
généralistes » (Google, Facebook, Msn), par trois «
ethno-internautes » sur quatre ; par contre seuls les domiens sont adeptes
(à 52.6%) des réseaux identitaires ou à visée
diasporique sur le net, dont l'offre est croissante, mais ne captent qu'un
Africain sur quatre actuellement. (étude SOLIS 2009)
4.3. Migrants, TIC et participation
politique
Nous avons signalé l'action politique des opposants
exilés, ainsi que plus récemment des médias sur les pays
d'origine des migrants. Avec les TIC, chaque individu peut devenir non
seulement spectateur en temps réel, mais aussi acteur social et
politique localement et à distance ; en effet,
96
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
grâce aux réseaux et l'interactivité des
médias numériques, « Les migrations internationales
favorisent des phénomènes de double présence et le
départ vers l'étranger peut également devenir une
stratégie construite par des acteurs en quête d'une meilleure vie,
du pouvoir politique et d'une influence sur le régime de leur pays
d'origine. Ceux-ci s'approprient des instruments technologiques et des
principes du droit international pour s'attaquer à leurs adversaires
politiques, donner leurs points de vue sur le fonctionnement des institutions
politiques, et pour revendiquer des droits qui, quant à eux, n'ont plus
seulement une connotation nationale. L'Etat vit dans l'esprit des individus et
de surcroît, des migrants dont les discours, les messages, et les actions
suscitent des réactions ou des mobilisations symboliques chez leurs
compatriotes sédentaires. » (M. Manga 2011)
4.4. Une possible dé-structuration des
migrants
Dana Diminescu dans ses travaux présente un point de
vue très élogieux et optimiste de l'usage que les migrants font
des possibilités de connexion. Il serait légitime de s'interroger
sur les conséquences de la fracture numérique pour les migrants
qui font partie des groupes les plus défavorisés de leurs pays
d'accueil. Même si on peut admettre que les
télécommunications sont à portée de tous ou
presque, il n'en reste pas moins que le potentiel intégrateur « ici
» comme « là-bas » dépend non seulement des
potentialités techniques mais aussi des moyens financiers et humains
pour y accéder valablement. L'émigration du pays d'origine peut
être volontaire, le retour n'est pas toujours un choix possible, la
mobilité n'est pas toujours une culture mais parfois un aller simple.
Loin d'encenser la fluidité, en présentant la
logique de « modernité liquide » (Baumannn Z. 2000)
est moins optimiste que Dana Diminescu, et déplore le fait que les liens
humains deviennent fragiles, les engagements temporaires, de même que la
tendance à substituer la notion de réseau à celle de
structure, « les réseaux servent autant à
déconnecter qu'à connecter... » Connectés ou
non, les migrants ne doivent pas oublier que « La mondialisation ne se
déroule pas dans le « cyberespace », ce lointain «
ailleurs », mais ici, autour de vous, dans les rues où vous marchez
et à l'intérieur de chez vous... » (Baumannn Z. 2000)
Cela attire notre attention sur la fragilité des réseaux, que
l'on voudrait parfois voir remplacer des structures plus anciennes, plus
contraignantes mais plus stables et solides.
97
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
4.5. L'avènement et la dynamique des diasporas
numériques
Depuis les années 1970, les migrants interviennent sur
leurs « pays » d'origine, au cours de leurs voyages, par des envois
de fonds, par téléphone. Les moyens de diffusion satellitaires
leur ont permis de se retrouver à distance autour de grands
évènements médiatisés ou de séries
télévisées dans lesquelles ils pouvaient partager une
expérience commune, et communiquer sur celle-ci, avant de prendre
conscience d'être un peuple éclaté géographiquement,
regroupé virtuellement par la communication autour
d'éléments culturels communs ; ce que Claire Scopsi (2009)
appelle des «digital diasporas » (diasporas
numériques).
« Gabriel Scheffer (1993) propose trois
caractéristiques essentielles (pour une diaspora) : la conscience et le
fait de revendiquer une identité ethnique ou nationale, l'existence
d'une organisation politique, religieuse ou culturelle (une vie associative
riche par exemple), l'existence de contacts réels ou imaginaires avec le
territoire d'origine (éventuellement sous forme de mythe de retour).
»
Claire Scopsi (2009) y voit une continuité dans
l'intensification des communications. N'en sont exclus que ceux frappés
à la fois par une extrême misère et par des blocages
politiques absolus ; le migrant est (presque) toujours
«connecté» : il est passé du courrier postal au
courriel, de la cassette enregistrée à la webcam, il combine
toujours téléphonie fixe et mobile comme outils au service de son
insertion et sa mobilité ; autant de vecteurs de la double
présence chère à D. Diminescu.
Autant d'occasions également de se rendre compte de
l'intérêt communautaire des sites « web diasporiques »,
offreurs de services d'intégration (informations pratiques, offres
d'emploi) au « hostland », comme de lien avec la mère patrie
« homeland » et structurants d'une volonté d'identité
commune au delà d'un territoire physique. Ces sites sont, à leur
tour, productifs d'éléments culturels (opinions et débats,
création artistique et littéraire...). Une distinction peut se
faire entre le contenu rédactionnel ouvert à tous, et les forums,
plus réservés aux « insiders » membres de la
communauté. (Scopsi C. 2009)
Types d'échanges et d'influence instantanés et
potentiellement puissants, ils sont susceptibles de remettre en cause et faire
évoluer non seulement la perception que les communautés ont
d'elles-mêmes mais également leur mode de vie et celui du pays
d'origine, en constituant notamment une pression sociale et politique. (Scopsi
C. 2009)
98
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
5. Les TIC à la Réunion
5.1. L'équipement en TIC et en
téléphonie mobile
L'agence IPSOS-OI (2010) montre que près de 9 foyers
réunionnais sur 10 (88%) disposent d'au moins un téléphone
mobile, autant donc qu'en métropole ; un tiers utilise les cartes
prépayées, un quart a un compte bloqué, près de la
moitié a opté pour un abonnement (forfait) mensuel.
Les Réunionnais continuent à s'équiper en
technologies numériques, IPSOS OI (2010) estime que 72% des
réunionnais disposent d'une connexion Internet et 62% du haut
débit, chiffres proches de ceux de la Métropole.
La majorité des utilisateurs se servent du
micro-ordinateur régulièrement, près des deux tiers se
connectent à Internet au moins une fois par mois. Les internautes
réguliers étant un peu plus masculins (52% contre 48%), les
jeunes l'étant plus souvent que les plus âgés. La connexion
s'effectue à la maison, parfois aussi au travail ou sur le lieu
d'étude, un tiers des internautes se connecte également chez les
amis ou la famille. Les non équipés le resteront dans 8 cas sur
10 (IPSOS-OI 2010).
5.2. TIC, solidarités et
individualisation
M. Watin et E. Wolff ont montré dans leur étude
sur les TIC à la Réunion (2006), que ces technologies ne
remettent pas en cause les solidarités et la culture traditionnelles,
mais favorisent des évolutions telles que les « visites
téléphoniques », le contact avec les familiers ayant «
sauté la mer », dans une logique d'éclatement
géographique et de recherche de liens identitaires ; avec des pratiques
de mutualisation des matériels comme des abonnements. Cette
démarche permet également le bénéfice
d'utilisations plus individuelles qui échappent au contrôle de
l'entourage. Un élément de plus dans la construction de la «
modernité réunionnaise », combinatoire entre tradition
créole et modernité « mondialisante ».
99
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
5.3. Les TIC et les familles mahoro-comoriennes de la
Réunion
Dans son mémoire de DEA (2005), Zouhouria Hamza a
étudié des familles mahoraises et comoriennes, vivant la
contrainte d'une adaptation culturelle dans leur mode de vie et
d'éducation des enfants, au contact de la société
réunionnaise. Elles doivent intégrer aussi l'arrivée des
TIC dans leur foyer avec l'individualisation qu'ils permettent, loin de la
logique communautaire et centralisatrice traditionnelle, dans des espaces de
vie déjà limités.
Les taux d'équipement de ces familles sont importants
(téléphone fixe, mobiles, ordinateurs,
téléviseurs), la connexion Internet, familiale, est
destinée à la réussite scolaire des enfants. Avec
l'agencement de l'habitation et le poste partagé, il n'y a guère
d'intimité. Les mobiles, outils d'individualisation peuvent faire
l'objet de prêts, d'échanges de puces et de crédits de
communication, donc instruments de lien communautaire avec la famille
étendue (Hamza Z. 2005).
Les consommations médiatiques et
particulièrement télévisuelles sont collectives, moments
de plaisir et d'émotion partagés. Les enfants sont souvent
formateurs ou médiateurs pour les parents pour les outils
numériques (comme pour la langue) dans un processus de
rétro-socialisation qui remet encore en cause la suprématie des
adultes et les prive de moyens de contrôle. Le contrôle est
plutôt effectif à l'intérieur des fratries,
particulièrement des filles par les frères, relais
éducatif et autoritaire (Hamza Z. 2005). Un mode de vie domestique
proche de celui qu'ils auraient pu connaître dans leurs îles
d'origine.
Nous observerons dans la troisième partie, si les
jeunes Mahoro-Comoriens connaissent des pratiques similaires en 2012 à
la Réunion.
5.4. Des sites diasporiques mahoro-comoriens
?
Hors de l'archipel des Comores comme dans celui-ci, les
mahorais et comoriens sont distincts et reconnaissent conne tels (ainsi que
nous l'avons montré en préambule). Leurs sites Internet
s'inscrivent dans cette logique. Le terme de diaspora tel que défini
plus haut est à la fois précis, ambitieux et galvaudé.
Contrairement aux « Réunionnais du monde » et d'autres sites
« créoles » (p.ex. Potomitan.info), il ne semble pas possible
d'affirmer qu'au delà de quelques sites communautaires «
délocalisés » en Métropole (partage d'informations
sur les manifestations locales, sur les traditions et la vie au pays, par
exemple :
http://www.soma-maory.com/),
100
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
d'informations générales
complétées d'un forum ou d'un t'chat (
http://www.mayotte-online.com/)
; ou de groupes sur facebook : (Tu sais que tu es un Comorien de France
quand...
http://www.facebook.com/group.php?gid=22607002839),
on puisse vraiment identifier de site correspondant effectivement à
l'expression d'une diaspora numérique.
Ce qui frappe pour ces sites, plus ou moins bien
réalisés, complets et ambitieux, c'est leur fragilité,
leur taux de mortalité est très élevé, certainement
parce qu'ils sont réalisés et opérés par des
bénévoles qui doivent y consacrer un temps très important,
et que leur éventuelle rentabilisation, qui favoriserait leur
pérennité, est très aléatoire. C'est le cas du site
Diascom (
http://diascom.org/), portail des
associations comoriennes, cité par Claire Scopsi en 2009, introuvable
actuellement sur la toile.
101
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
PARTIE II - METHODOLOGIE
1. La population étudiée : Les jeunes
mahorais et comoriens
1.1. Mahorais ou Comoriens ?
Mahorais et Comoriens, quelle différence ?
En apparence, même religion musulmane, même
caractéristiques phénotypiques (apparence physique), langue
étrangère et incompréhensible, tenues vestimentaires
« folkloriques » chez les femmes, origine africaine
assumée...
Il n'y aurait guère de différence entre les
originaires de l'archipel des Comores pour de nombreux créoles qui les
regroupent généreusement dans l'appellation péjorative de
« ban'Comores ».
Mahorais et Comoriens ont certes des points communs mais aussi
de notables différences. A commencer par le fait que les Mahorais sont
Français, alors que les Comoriens sont... Comoriens.
En fait la réalité est un peu moins simple dans
la mesure où les Comoriens d'origine peuvent devenir Français de
nationalité, notamment par un mariage mixte. Par exemple avec un
conjoint Mahorais.
Dans l'autre sens, ils sont nombreux, Mahorais comme Comoriens
à entretenir des liens avec des membres de la famille restés aux
Comores, ou Malgaches.
La vraie différence, chacun d'entre eux en
détient la clé : leur rattachement préférentiel ou
exclusif à l'un ou l'autre groupe. La filiation en explique une partie,
mais dans les nombreuses familles recomposées, le rattachement se fait
souvent par unité d'habitation, les deux groupes ne sont pas socialement
exclusifs mais nettement distincts dans leurs pratiques, notamment culturelles
et associatives, comme nous le montrerons dans la troisième partie.
Pour des raisons de pratique, nous appellerons Comoriens les
originaires de la République des Comores installés à la
Réunion qu'ils aient ou non gardé leur nationalité
d'origine.
102
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La dénomination de Mahoro-Comorien (utilisée par
Marc Franck, 2011) est appliquée à l'ensemble du groupe
considéré, lorsque les similitudes dans un critère
d'analyse le permettent.
Dans le cas où un individu est cité comme «
Mahoro-Comorien », cela signifie que ses origines sont duelles, à
la fois mahoraises et comoriennes.
1.2. Les jeunes participants à
l'étude
1.2.1. Les jeunes mahoro-comoriens interrogés
Les quinze participants à cette étude sont des
jeunes mahorais et comoriens de la Réunion, ils sont nés à
la Réunion, ou ont été élevés à la
Réunion, arrivés à un âge tel qu'ils n'ont pas
participé à la décision de migrer, scolarisés avec
les jeunes réunionnais. Ils font partie de la deuxième
génération ou de ceux que l'INSEE a appelé
génération « un et demi ».
Ils ont entre seize et vingt et un ans, sont
élèves ou étudiants à Saint Denis de la
Réunion, La Possession ou Sainte Marie, en lycée
général et technologique, en classes de première ou
terminale ; étudiants en BTS, ou à l'Université.
Ils sont représentatifs des catégories
socioprofessionnelles des Mahoro-Comoriens de la Réunion, (croisement
d'informations des fiches individuelles, données CR-CSUR, INSEE) mais ne
se trouvent pas en situation d'échec scolaire, celui-ci se rencontrant
plutôt en collège (où les enfants sont plus jeunes donc
leur analyse moins poussée, sur leur situation et leur avenir) ou en
lycée professionnel (où nous aurions rencontré des jeunes
plus conflictuels, moins accessibles à un questionnement sur leur
situation, donc des réponses plus affectives, moins
réfléchies).
Cela constitue un biais assumé ; les jeunes
participants ne constituant pas un échantillon représentatif de
tous les jeunes mahoro-comoriens de la Réunion, leurs réponses ne
peuvent pas être considérées comme celles de l'ensemble,
mais plutôt comme un témoignage.
Ils ne sont notamment pas représentatifs des immigrants
les plus défavorisés, derniers arrivants n'ayant pas
stabilisé leurs conditions d'habitation et de ressources,
résidant dans la famille ou « bidonvilisés », la presse
s'en fait parfois l'écho, mais il n'y a guère de statistiques
indiquant s'il s'agit d'un épiphénomène ou d'une situation
durable concernant des nombres importants d'individus.
103
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
1.2.2. Les autres participants : éléments de
comparaison et de cadrage
Un seizième étudiant, Comorien venu poursuivre
ses études supérieures à la Réunion (sans intention
d'immigration) a participé en tant que témoin de la migration
à but estudiantin.
Les élèves d'une classe de première
technologique tertiaire (STG), très majoritairement Créoles
(à l'exception de deux élèves Mahoro-Comoriens et deux
Malgaches sur un effectif de 33) ont également répondu aux
questions d'avenir, de pratiques de télécommunication, TIC et
médiatiques, pour permettre d'établir des comparaisons.
Ces jeunes Créoles présentent des
caractéristiques très similaires avec les jeunes mahoro-comoriens
participant à la recherche en termes d'âge, de niveau et
filière d'études, de catégories socioprofessionnelles
(CSP) (croisement des fiches individuelles d'information).
Leur participation a permis de préciser des points de
différence culturelle mahoro-comorienne dans le premier cas, de comparer
les pratiques TIC et médiatiques des jeunes Créoles par rapport
aux Mahoro-Comoriens dans le second.
1.3. Le contexte relationnel, facteur de limitation
des biais
Parmi les seize participants, sept sont des
élèves de l'enquêteur, dans deux classes de première
STG (Technologique tertiaire) au lycée de Bellepierre à Saint
Denis de la Réunion, issus de divers quartiers de la ville ; cinq sont
d'anciens élèves, actuellement étudiants en classes de BTS
; deux, étudiants à l'Université, ont accepté de
participer sans contact préalable, les deux autres se sont jointes
spontanément à l'étude en accompagnant leur camarade
participante.
Le contexte préalable est cordial, dans le cadre de la
classe et avec les anciens élèves avec qui nous avons
participé à une épreuve sportive populaire l'année
précédente.
La différence d'âge (enquêteur faisant
partie de la génération de leurs parents) et le statut
d'enseignant, connu ou rapidement identifié, peuvent influencer les
réponses dans un sens de conformation sociale et scolaire. Il a
été clairement établi que la recherche se situait hors
cadre scolaire et que les témoignages apportés resteraient
totalement anonymes.
Dans la mesure où les réponses et informations
fournies par les différentes catégories de participants
(élèves, anciens élèves et jeunes sans connaissance
préalable) ne présentent pas de
104
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
différence notable, cela permet de penser que les biais
potentiellement introduits par la relation enseignant-élève ne
sont pas significatifs.
La conformation à une image que l'enquêté
veut donner de lui ou qu'il pense qu'on attend est par contre inhérente
à toute recherche, difficile à mesurer et à corriger.
C'est par l'établissement de relations de confiance et une attitude
d'ouverture que nous avons tenté de la réduire.
Le contact a été pris dans un premier temps avec
les anciens élèves encore présents au lycée, et
ceux avec qui le contact était maintenu via Facebook.
105
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2. Les outils d'étude empirique
2.1. Un premier questionnaire, guide d'entretien
Malgré le contact préexistant, les premiers
rendez-vous, pris via le réseau facebook et confirmés par sms,
pour des entretiens semi-directifs, spontanément acceptés, n'ont
pas été suivis d'effet.
Une médiation a donc été
nécessaire par la reprise de contact facebook et l'envoi de
questionnaires par courriel, au format traitement de texte standard (cela
implique un téléchargement, la réponse à
l'écran hors ligne ou impression et réponse sur papier, pour
éviter une réponse directement en ligne, plus spontanée
mais certainement incomplète et moins réfléchie).
Cela a nécessité la rédaction d'un
questionnaire qui permettait une auto-administration à distance de
l'enquêteur, donc suffisamment simple et court (2 pages), non intrusif
sur les sujets sensibles, et permettant le recueil d'informations authentiques
(nombreuses questions ouvertes, 18 sur 46). L'objectif était d'utiliser
ce premier support comme guide d'entretien pour un deuxième contact
ultérieur.
Les autres questionnaires ont été soit
auto-administrés par les participants en présence de
l'enquêteur, avec des précisions et des échanges
d'informations complémentaires, soit en autonomie complète, ou
encore administrés par l'enquêteur au cours d'un entretien
semi-directif.
Les thèmes d'étude sont consultables ci-dessous,
le questionnaire de base se trouve à la fin de la partie
méthodologique, les réponses sont présentées en
annexe. La transcription en est littérale.
2.2. Des entretiens semi-directifs
Ils ont été réalisés sur la base
des questionnaires, en complément des réponses écrites
quand elles étaient disponibles, en contact direct, entre mars et avril
2012.
Dans le cas où le questionnaire avait été
complété, l'entretien consistait à préciser les
points qui le méritaient, et aller plus en détail sur les
relations établies entre les interviewés et leur famille
restée au pays, leur utilisation des moyens de communication, des TIC et
des médias.
106
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Dans le cas inverse, le questionnaire a été
administré en direct, rempli par l'enquêteur avec prise de notes
et/ou enregistrement sur les informations complémentaires
évoquées.
Certains entretiens ont eu lieu sur le lieu de formation des
participants (lycée, université), d'autres à domicile.
Certains ont eu lieu à huis clos, avec ou sans enregistrement vocal, les
autres dans des lieux ouverts (bibliothèque universitaire), ou
d'habitation commune (domicile familial en présence de la famille) n'ont
pas donné lieu à enregistrement.
Dans la mesure où les réponses sont
remarquablement cohérentes d'une catégorie d'âge à
l'autre, ainsi qu'entre élèves, anciens élèves et
participants inconnus au préalable, nous pouvons en conclure que
l'environnement de l'entretien ne modifie pas sensiblement les réponses
apportées
Ont ainsi été menés six entretiens
complémentaires au questionnaire (notes d'entretien
présentées en annexe), avec dix participants de la population
étudiée (dans l'ordre chronologique) :
1 entretien avec deux lycéennes mahoraises
(élèves de première technologique), réalisé
au lycée, dans une salle réservée.
1 entretien avec deux étudiantes de BTS mahoraises ou
mahoro-comoriennes (anciennes élèves), réalisé
à domicile
1 entretien avec une étudiante mahoraise de
l'Université (entretien direct, sans contact préalable),
réalisé dans la salle de presse de la B.U.
1 entretien de cadrage avec un étudiant comorien, venu
seul à la Réunion le temps de ses études (hors
population-cible) ; entretien direct sans contact préalable,
réalisé dans la salle de presse de la B.U.
1 entretien avec des lycéennes (une ancienne
élève comorienne, étudiante en BTS, deux
élèves de classe terminale du lycée, l'une comorienne,
l'autre mahoraise, sans relation avec l'enquêteur) ;
réalisé au lycée, dans une salle
réservée.
1 entretien avec un étudiant de BTS mahorais (ancien
élève), réalisé au lycée, dans une salle
réservée.
Le choix des participants interviewés a
été effectué dans un souci de
représentativité : élèves, anciens
élèves ou contacts spontanés afin de vérifier
l'existence ou non de biais ; jeunes de 16 à 21 ans,
élèves en classe de première, terminale, BTS,
Université afin d'obtenir le plus large échantillon de
situations, correspondant à l'ensemble des participants.
107
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Les comptes-rendus d'entretien tiennent compte
également des informations écrites recueillies par le
questionnaire, dans la mesure où cela permettait d'apporter des
précisions.
Les citations des informations ou opinions exprimées
par les élèves ont également été choisies
comme représentatives. Les citations sont attribuées à
leurs auteurs mais recoupent les avis exprimés par les autres
participants, sauf indication inverse.
2.3. Pages personnelles de réseau social
(Facebook) : amis, iconographie, langages
Le réseau Facebook est très utilisé par
les jeunes participants. Intéressant comme complément d'analyse
de leur sociabilité, c'est un outil ambivalent basé sur la
confiance mutuelle et une certaine « confidentialité
partagée » qu'il est nécessaire de respecter.
En excluant par principe toute analyse des contenus qui
s'avérerait intrusive, la recherche s'est attachée à
caractériser les réseaux amicaux (nombre et typologie des amis)
de quelques jeunes mahoro-comoriens (participants ou non), ainsi que
l'iconographie (type de photos publiées, autres illustrations) et les
langages utilisés (langues, niveau de langue, recours au langage sms).
Seules des pages « amies » ou accessibles à tous ont
été visitées.
108
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
3. Les thèmes d'étude
Pour aborder la question de l'utilisation des TIC dans leurs
stratégies d'adaptation à l'environnement réunionnais, le
sujet a été divisé en 8 thèmes :
Sentiments d'appartenance et mode de vie
Ressenti des relations avec la population majoritaire
Langues d'échange, langues identitaires
L'avenir : Attentes et projets
Le maintien des relations avec le pays ou la culture d'origine
Les réseaux affinitaires physiques et virtuels
Le secteur associatif
Les pratiques médiatiques
4. Modalités d'enquête de terrain
Période d'étude terrain : janvier à avril
2012
Questionnaires (46 questions dont 18 questions ouvertes), pouvant
servir ultérieurement de guides d'entretien pour un complément
d'information (14 questionnaires complétés) Entretiens
semi-directifs, réalisés sur la base des questionnaires, en
contact direct (6 entretiens individuels ou collectifs, 10 participants)
Garantie d'anonymat pour les participants, dont les noms ont
été changés
Dépouillements manuels, analyse sémiotique des
données recueillies
Consultation des pages Facebook des participants ayant
donné leur accord pour l'accès à leurs données,
ainsi que des pages librement accessibles de leurs « amis » ; analyse
sémiotique des éléments linguistiques, iconographiques,
des réseaux amicaux numériques présentés.
109
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Annexe 1 : questionnaire (recto-verso)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
:
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
5. Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ?
:
|
|
J'y vais régulièrement
|
|
La famille de
|
|
J'écoute leurs informations locales
|
|
J'appelle ou ils appellent régulièrement
|
|
Mayotte/ Comores vient à la Réunion
|
|
Autres échanges,
préciser :
|
6.
|
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
|
Oui
|
|
Non, pas vraiment
|
7.
|
Si oui, laquelle ? :
|
|
|
8.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
|
un peu des deux
|
9.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
|
|
10.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
|
|
11.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
|
|
12.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
|
|
13.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
|
Plutôt des mahorais / comoriens
|
|
Plutôt des créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
|
Autres origines :
|
|
Un peu de tout
|
|
|
14.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
|
|
15.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
|
|
16.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
|
|
17.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
|
|
18.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
19.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
|
Oui, un peu
|
|
Non, pas tellement
|
20.
|
Quels autres éléments te permettent de garder ta
culture d'origine ?
|
|
|
21.
|
Suivre la culture d'origine est-ce
|
|
un choix personnel
|
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
|
Les deux à la fois
|
|
Très important
|
|
Pas si important
|
|
|
22.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
23.
|
Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
|
|
|
|
24.
|
Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
|
à la Réunion
|
|
à Mayotte, aux Comores
|
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
110
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
25. Pourquoi ce choix géographique ?
|
|
26. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
|
La communication entre jeunes :
|
27. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
|
Contact direct
|
|
Appel téléphonique
|
|
sms-mms
|
|
Messagerie Internet
|
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
28. Comment te connectes-tu à Internet
|
? (cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
|
PC à la maison
|
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée
|
|
PC portable personnel
|
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
29.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet
|
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
|
Messagerie
|
|
|
Réseaux
sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Travail scolaire
|
|
Tchat, forums
|
|
|
Recherches
« fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
30.
|
Les réseaux sociaux (facebook,
|
|
tweeter...)
sont pour toi :
|
|
|
plutôt un moyen de communiquer jeunes
mahorais-comoriens
|
|
entre
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
|
les deux à la fois
|
31.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable
|
|
personnel ?
|
|
|
normal à touches
|
|
|
smartphone
(écran tactile)
|
|
Partagé (pas
|
tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
32.
|
Quelles utilisations fais-tu du téléphone
|
|
portable :
|
|
|
appel téléphonique
|
|
|
Internet
: messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
|
|
sms-mms
|
|
|
Internet
: recherches
|
|
Autres (quelles
|
?) :
|
33. En quoi le téléphone portable te
|
|
permet-il
de mieux t'intégrer à la Réunion ?
|
|
|
|
|
|
34. En quoi le téléphone portable te
|
|
permet-il
de mieux garder tes racines et ta culture
|
d'origine ?
|
|
|
|
|
35. Par quels moyens communiques-tu
|
|
avec la famille et les amis restés à
Mayotte/Comores
|
|
|
Téléphone fixe
|
|
portable
|
|
|
|
Envoi de paquets
|
|
|
Autres :
|
|
Courrier postal
|
|
Internet
|
|
|
|
Par des amis qui font le voyage
|
|
|
|
36. Médias : Combien d'heures par
|
|
jour
regardes-tu la télévision en
moyenne
|
|
Les jours de classe :
|
|
Le week-end :
|
|
37. Quelles chaînes, quelles émissions
|
|
de télévision suis-tu le plus souvent :
|
|
|
|
|
|
38. T'arrive t'il de participer à une
|
|
émission
de télévision locale et comment (vote sms...)
|
?
|
|
|
|
|
39. Combien d'heures par jour écoutes-tu
|
|
la radio en moyenne ?
|
|
Les jours de classe :
|
|
Le week-end :
|
|
40. Quelles chaînes, quelles émissions
|
|
de radio suis-tu le plus souvent ?
|
|
|
|
|
|
41. La radio est pour toi un moyen
|
de
|
|
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes mahorais-comoriens
|
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
|
Surtout distraire
|
pour se
|
|
Autre chose :
|
42. T'arrive t'il de participer à une
|
|
émission
locale de radio et comment (appel téléphone,
|
vote sms...) ?:
|
|
|
|
|
43. Avec quelle fréquence lis-tu des
|
|
journaux
locaux (JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
44.
|
Quels magazines locaux lis-tu
|
? :
|
|
Magazines
réunionnais :
|
|
Magazines mahorais/comoriens :
|
45.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des
|
magazines locaux réunionnais?
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
46. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
|
111
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Annexe 2 : guide d'entretien
Objectif : faire parler le participant pour obtenir des
précisions ou des réponses complémentaires
Scénario 1 : le questionnaire n'a pas
été complété
Administrer le questionnaire (rempli par l'enquêteur) en
lisant toutes les questions et toutes les réponses, puis
Dérouler dans l'ordre du questionnaire en suivant les
indications du scénario 2
Scénario 2 : le questionnaire a
été complété
L'entretien se déroule en complément du
questionnaire
Q1 : Faire préciser les origines : une seule, d'autres
?
Q3 : Vérifier la durée de vie à la
Réunion (erreur possible avec âge ou date d'arrivée)
Q4 : En cas de réponses multiples à la question
(Comment te considères-tu ?), faire préciser un ordre de
priorité
Q5 : Faire expliquer en quoi consistent les relations avec la
famille au pays
Faire expliquer les pratiques de communication avec la famille au
pays (fixe, mobile, Internet, courrier, colis...), appels sortants ou entrants
aussi ?, téléphone familial ou personnel ? (laisser parler, au
besoin relancer)
Faire préciser les éventuels voyages : du
participant, de la famille à la Réunion, de la famille au pays
Q6 : Faire expliciter la différence perçue entre
Mahorais et Comoriens, Comment cette différence se traduit-elle dans la
vie à la Réunion ? Q8, 9, 10, 11, 12 : Demander confirmation des
réponses,
Eventuellement faire expliciter les réponses.
Q13 : En cas de réponses multiples à la question
(origine des amis), faire préciser un ordre de priorité
Q14 : Si une seule langue, relancer « seulement en
créole/français/mahorais... ? » Vérifier la
cohérence avec la Q13 (amis), éventuellement faire
préciser
Q15 : Même procédure :
Si une seule langue, relancer « seulement ? »
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Vérifier la cohérence avec la Q13 (amis),
éventuellement faire préciser
Q16 : Reprendre la réponse et relancer « seulement ?
»
Q17 : Vérifier les pratiques de groupes informelles (hors
associations)
Q18 : En cas de réponses multiples à la question
(rôle des associations), faire préciser un ordre de
priorité
Q19 : Ne pas faire de remarque en cas de différence entre
la réponse et la tenue vestimentaire constatée, mais noter
Q20 : Relancer en cas de non-réponse (probablement
fréquent)
Q21 : En cas de réponses multiples à la question
(importance de la culture d'origine), faire préciser un ordre de
priorité
Relancer en cas de non-réponse
Q23 : Relancer en cas de non-réponse, faire
préciser si imprécis
Q24 : Relancer en cas de non-réponse
En cas de réponses multiples à la question
(localisation des projets), faire préciser un
ordre de priorité
Q25, 26 : Relancer en cas de non-réponse, faire
préciser si imprécis
Q27 à 30 : Vérifier que le participant n'a pas
« oublié » des réponses
Faire préciser les pratiques de communication,
d'Internet
Q31 à 34 : Vérifier que le participant n'a pas
« oublié » des réponses
Faire préciser les pratiques du mobile
Q35 : Vérification des indications données en Q5
Q36, 37, 38 : Faire préciser les pratiques
télévisuelles de la famille (qui regarde?, seul ou en
compagnie de qui ?, types d'émission, qui choisit le
programme ? utilité intégrative ?...)
Q39 à 42 : Faire préciser les pratiques
radiophoniques du participant (seul ou en compagnie de qui ?, occasions ?
utilité recherchée ?...)
Q43 à 45 : Idem pour la presse
Q46 : Inviter à commenter si non réponse.
112
Remercier pour la participation
113
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
PARTIE III - ETUDE DE TERRAIN
Nous tenterons de déterminer si le cas des
Mahoro-Comoriens de la Réunion est celui d'immigrants destinés
à s'intégrer définitivement ou simples migrants venus
offrir à leurs enfants la possibilité d'accéder à
de meilleures conditions de vie de retour dans leur île, grâce
à de plus grandes possibilités d'études.
La recherche tentera aussi de mettre en lumière la
différence entre les souhaits des parents, parfois confrontés
à des contextes plus difficiles que ce qu'ils escomptaient, et ceux des
enfants dont les projets d'avenir ne recoupent pas nécessairement ceux
des ascendants.
En allant plus avant, nous étudierons les pratiques de
communication des jeunes mahoro-comoriens et leur rôle dans leurs
stratégies d'insertion dans la société créole, leur
logique identitaire et leurs éventuels projets de retour.
Chapitre 1- LES JEUNES MAHORO-COMORIENS à LA
REUNION
1. Les mobiles de la migration
La Réunion, « C'est le rêve
américain, c'est quitter la misère, ceux qui viennent doivent
ensuite aider la famille restée là-bas » (Samia)
Loin d'être un exil contraint comme cela a
généralement été le cas dans l'histoire de la
Réunion, ou dans d'autres contextes pour échapper à des
conflits ou des dictatures, la migration mahoro-comorienne est plutôt un
choix d'opportunité. A la Réunion, ce sont le différentiel
de niveau de vie, les possibilités d'études ou d'aides sociales
qui attirent les migrants. C'est ce qui ressort de l'étude du CESER
(citée) et nous est confirmé par les jeunes participants à
la recherche.
Ceux-ci ajoutent une attente d'assistance des proches
restés « au pays » par les migrants, telle que décrite
par les études sur les migrations en Europe.
Nous pouvons donc conclure que les migrants mahoro-comoriens
de la Réunion ont sensiblement les mêmes motivations que ceux de
Métropole, que leurs enfants connaissent et intègrent au cours de
leur éducation.
114
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Izati, d'origine mahoraise et comorienne, résume la
situation qu'elle observe en ces mots : « Les Comoriens (non
français) voudraient venir pour obtenir de meilleures conditions de
vie, les mahorais viennent pour faire des études et repartir.
» Nous retiendrons son assertion comme hypothèse de recherche,
et la confronterons aux autres informations afin de répondre à
notre question d'ouverture : migration ou immigration ?
115
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2. Sentiments d'appartenance et
identité
« Je suis né quelque part, Laissez-moi ce
repère,
Ou je perds la mémoire» Maxime Le Forestier
1987
Le premier élément qu'on ne peut manquer de
remarquer est la notable similitude dans les analyses de leur situation faites
par les jeunes participants, qu'ils soient Mahorais ou Comoriens,
élèves de lycée ou étudiants de BTS ou à
l'Université, adolescents ou jeunes adultes, qu'ils aient 16 ou 21
ans.
Leur sensibilité et leurs projets peuvent diverger,
mais le ressenti et le discours montrent un degré de maturité et
de réflexion similaire et important, ainsi qu'une envie d'écoute
et de pouvoir s'exprimer sur ce sujet qui leur tient naturellement à
coeur.
Tous sont persuadés, c'est par ailleurs le discours
officiel, que si les Créoles apprennent à connaître ces
populations ils arriveront à les apprécier et que les frictions
disparaîtront ; mais qu'en l'état actuel des choses, un diagnostic
plutôt négatif mais un discours plutôt optimiste semble
être la dominante. Tout ne serait-il alors que manque de communication
?
2.1. Identité et sentiment d'appartenance :
plutôt Mahorais ou Comorien que Créole
Les jeunes participants d'origine comorienne sont nés
à la Réunion, les originaires de Mayotte sont nés à
la Réunion ou à Mayotte (un en Métropole), ou encore
arrivés pendant leur petite enfance. Tous les participants ont
été scolarisés à la Réunion, pour la plupart
depuis l'école primaire. Mais aucun ne s'identifie comme Créole,
comme en témoigne Izati qui annonce des origines « Comorienne,
Mahoraise, un peu Malgache », née à la Réunion,
elle se considère « d'abord Mahoraise ».
116
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.2. Des origines souvent plurielles, mais
unicité d'identité
Ils indiquent des origines parfois combinées,
Mahorais-Comorien, Mahorais-Malgache ou Comorien-Malgache, parfois même
les trois, représentant ainsi les flux d'immigration les plus
récents à la Réunion.
Aucun de nos participants n'est issu d'une origine mixte avec
des créoles ou des métropolitains. Cette dernière
situation constitue des cas atypiques, plus proches des « Zoreils »
en termes de mode de vie.
Interrogés sur leurs sentiments d'appartenance
prioritaire, la plupart se déclare surtout Mahorais ou Comorien selon le
cas. Quelques uns se sentent surtout ou aussi Français, cela semble
correspondre à un niveau de CSP supérieur à la moyenne du
groupe, parfois à une arrivée en provenance de
Métropole,
Quelques uns encore, les moins enracinés, se
revendiquent comme Mohamed « Malgache, Mahorais, ou plutôt
Mahorais avant Malgache. Je suis né en France
(métropolitaine) » et se considère « un peu tout
cela » (Mahorais, Comorien, Créole, Français), sans vraie
préférence annoncée. Eux forment des projets d'avenir
incluant une plus grande mobilité.
Même ceux qui se considèrent
intégrés, aucun ne se déclare Créole, y compris les
natifs de la Réunion. « Je suis né à la
Réunion, déjà intégré » affirme
Madi, qui se sent pourtant « Comorien d'abord »
Ces déclarations sont à mettre en lien avec les
observations réalisées pour les jeunes immigrants de
métropole, souvent peu identifiés à la population
majoritaire mais ressentant un lien profond avec le pays d'accueil et sa
culture, phénomène qui n'apparaît pas dans les
déclarations des jeunes participants à notre étude pour la
Réunion.
La revendication identitaire nationale française par
contre est clairement affirmée, souvent pour revendiquer une
égalité de droits et de traitements ; c'est également le
cas en Métropole pour les accédants à la
nationalité.
117
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.3. Mahorais, Comorien : des cultures et des
pratiques distinctes
Les Réunionnais voient souvent en eux un groupe
homogène par la pratique islamique, les tenues vestimentaires, la langue
« exotique » et les regroupent dans le vocable abusif de «
Comores », ou « ban' Comores » locution qui ajoute une distance
supplémentaire (« ban' » ou « bana » en
créole désignant les autres, ceux dont on ne souhaite pas faire
partie) (FRANCK Marc, 2011).
Ils sont pourtant généralement conscients que
les Mahorais sont de nationalité française, contrairement aux
Comoriens. La récente départementalisation (31 mars 2011), suivie
de mouvements sociaux contre la vie chère, dont la presse
réunionnaise s'est largement fait l'écho, a ramené les
Mahorais sur le devant de la scène publique.
La plupart des jeunes participants perçoivent des
différences entre Comoriens et Mahorais, les réponses sont
très variées, certains ne voient qu'une divergence linguistique
(voir partie I) d'autres identifient des différences culturelles ou dans
le mode de vie. Les deux groupes sociaux ont une dynamique distincte (voir
pratiques associatives), un jeune se reconnaît le plus souvent comme
faisant partie de l'une ou l'autre et pas des deux.
« Les Mahorais et les Comoriens s'entendent mais restent
chacun dans son groupe. » (Izati) La question de la
différence, très subjective, a suscité des
réactions parfois affectives :
« La culture est proche mais il n'y a pas toujours
d'entente » « les Comoriens en général n'aiment pas
trop les Mahorais » dit Salima, qui trouve que « Les
Comoriens sont toujours là à faire leurs petites manies, ils se
font remarquer, les Mahorais sont tranquilles »
« Mayotte avant décolonisation avait
déjà une culture différente » explique Fatima
Salima pense aussi que « Les Mahorais n'aiment pas
les « petits » comoriens « petits voleurs » c'est leur
image à Mayotte, cette image vient ici » ; « Les Comoriens
sont des immigrés à Mayotte »
La précision de la nationalité ne peut manquer
d'apparaître : « Les Comoriens ne sont pas français au
départ, ils le deviennent par mariage » (Fatima)
Les préjugés existent de part et d'autre :
Samia (Comorienne) explique que « Depuis petite, dans
mon éducation, on me dit que les Mahorais ne sont pas bien » «
Heureusement que je ne suis pas Mahoraise » « Personne ne le
118
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
dit, tout le monde dit que tout va bien, mais on ne
s'entend pas depuis longtemps » « Ils se la pètent depuis
qu'ils sont Français ».
« Ils sont vantards, ils se moquent »
renchérit Mariama (Comorienne)
Deux groupes distincts par l'histoire, confrontés
à un même environnement d'accueil qui les amalgame et les
stigmatise. Avec le temps et l'interconnaissance par le milieu scolaire,
l'obligation commune de s'intégrer plus ou moins durablement, les
différences deviennent plus relatives, dans une plus grande
tolérance mutuelle, comme on peut l'observer entre jeunes d'origine
africaine en Métropole.
A propos des amies mahoraises : « il y a Mahorais et
"Mahorais" » (dessinant des guillements avec les doigts aux
côtés de sa tête) « tout le monde n'est pas pareil,
c'est la plupart » dit Samia ; « la différence est
plus forte pour les anciens, nous on ne sait même pas trop d'où
ça vient » « on a quand même des amies mahoraises »
pondère Mariama. Il convient en effet de ne pas noircir le tableau,
l'entente est cordiale et les passages nombreux, à l'intérieur
des familles, comme entre amis. Pour Ibrahim, « Depuis petit, j'ai des
copains comoriens, je vais chez eux, ils viennent à la maison, pour nous
ça ne fait pas de différence ».
Dans ce contexte de différences ressenties, d'amalgame
et de réticence perçue de la part des Réunionnais, il
existe à la fois une fraternité de migrants et une certaine
rivalité entre les membres de ces deux communautés, jusque dans
leur pays d'accueil.
Samia, pour sa part, trouve qu'« On n'est pas si
différents avec les Malgaches, bof pas trop ». Le rapport de
rivalité est moins présent, les relations plus faciles entre
« cousins » (Mahorais et Malgaches, ou Comoriens et Malgaches)
qu'entre « frères et soeurs » de l'archipel.
Quand ils ont des origines à la fois mahoraises et
comoriennes, ils s'identifient mahorais plutôt que comoriens. Plus de
proximité avec le pays d'accueil, plus facile d'y penser des projets de
retour, des contacts plus faciles donc des liens plus forts avec la famille en
territoire français ; il est possible d'établir plusieurs
hypothèses, la réalité pourrait être une combinaison
de ces éléments.
Le quatrième foyer d'échange
Indocéanique, l`Île Maurice est très distinct
culturellement et socialement, on observe peu de corrélations avec ce
groupe. Par ailleurs si les Malgaches sont discrets dans l'espace public
médiatique, les Mauriciens de la Réunion en sont presque absents.
Une partie de l'explication peut venir du fait que les Mauriciens et Malgaches
présents à la
119
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Réunion sont généralement plus
diplômés, et surreprésentés dans la catégorie
des commerçants et chefs d'entreprise (INSEE 2011), ce qui ne
prête pas au même type de rivalités et de jalousies.
Les jeunes mahorais et comoriens sont ainsi victimes de
caractérisations qui les regroupent pour les discriminer. En cela la
situation est proche de celle des immigrés maghrébins,
sub-sahariens et turcs de Métropole. Par contre, ils ne sont pas
amalgamés sous un vocable commun d' « immigrés », mais
identifiés par leur archipel d'origine. Moins globalisants, les lieux
communs à leur encontre sont ainsi moins éloignés de la
réalité et moins stigmatisants que ceux que subissent les
migrants métropolitains.
De manière plus dynamique, on observe la revendication
d'une identité arabe (« beur ») transnationale, ainsi que
d'une identité africaine, voire « black » par les
sub-sahariens qui dépassent leurs différences arrivés dans
le pays d'accueil, en réaction aux difficultés ressenties. Une
telle démarche n'apparaît pas chez les jeunes Mahoro-Comoriens qui
ne se réclament pas d'une même communauté, mais chacun de
l'identité spécifique de son origine, ou de son choix en cas
d'origines plurielles. Ils se reconnaissent « black », mais si cela
constitue parfois un signe identitaire, ce n'est pas une revendication
culturelle.
120
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
3. Ressenti des relations avec les créoles
réunionnais
Les relations entre les jeunes créoles et leurs
homologues mahoro-comoriens ne sont pas conflictuelles. Les études et
travaux cités en première partie montrent que la
fréquentation et la connaissance apportent sinon l'entente, du moins la
tolérance.
Il semble en effet que les réactions les plus hostiles
soient plutôt l'affaire des adultes : discrimination plus forte envers
les parents, stigmatisation des comportements délictuels (réels
ou supposés) des jeunes viennent plutôt des créoles
adultes, plus intolérants quand ils n'ont pas travaillé ou
étudié avec les derniers immigrants.
Ce phénomène est logiquement assez proche de ce
qu'on observe en Métropole envers les immigrants africains. La
différence pourrait se situer dans le fait qu'on peut observer plus de
comportements xénophobes de la part des jeunes en Métropole, par
le fait de la ségrégation géographique, qui limite voire
empêche le brassage scolaire et favorise les regroupements
communautaires.
3.1. Ressenti de la perception des Mahorais et
Comoriens par les Créoles
De manière générale, les jeunes
mahoro-comoriens se sentent mal perçus et mal acceptés par les
Créoles ; même si certains relativisent en disant que cela
dépend des gens, le ressenti est globalement négatif.
Ils nous voient « Comme des gens qui n'ont pas de
valeur, qui sont inférieurs à eux » dit Amina «
D'un mauvais oeil, la plupart d'entre eux sont réticents envers nous
» confirme Ida
Fatima précise que « Certains
(Créoles) les perçoivent comme étant des
étrangers, des animaux, des sauvages ; et d'autres comme leurs
frère, soeur »
« En général, ça va, c'est
« normal », parfois ils sont racistes» ; «Ça
dépend du quartier : dans le bas de la ville, il y a beaucoup de
mahorais, ça va » explique Samia ;
Ce n'est pas le cas de Mariama « Dans mon quartier,
il n'y a presque que des créoles, c'est moins sympa ; on a des
réflexions : retourne ton pays... ».
121
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Les individus se font discrets face aux groupes, un migrant
isolé est la cible de critiques plus fortes qu'un ensemble perçu
comme unitaire face à un petit nombre d'individus, même quand
ceux-ci font partie de la population majoritaire.
Certains garçons, particulièrement ceux
nés à la Réunion semblent mieux intégrés et
précisent qu'en ce qui les concerne « Ça dépend
des personnes, mais je crois qu'ils me perçoivent comme une bonne
personne » estime Madi ; « Certains Créoles sont
racistes, mais le plus souvent ils sont gentils avec nous » trouve
Ibrahim
Pour abusif qu'il soit, le terme de « racisme » est
évoqué par plusieurs participants : « Pour les racistes,
pas de noirs dans leur « nation », sur leur territoire »
précise Mariama
Laymia s'étonne « Parce qu'à la
Réunion, ils ne sont pas « noirs », même s'ils viennent
d'Afrique, ils sont cafres mais pas noirs, c'est n'importe quoi !»
Les Mahorais et Comoriens sont les seuls à la
Réunion à se revendiquer « noirs » : les
Créoles, quelle que soit leur origine, les Malgaches ont souvent du mal
à s'identifier comme noirs, bien que ce qualificatif leur serait
attribué en Métropole ou aux USA.
On peut certainement y déceler un malaise lié
à la douloureuse histoire de l'esclavage, encore présente dans
les esprits et dans les discours, et la difficulté de se
reconnaître des racines ethniques africaines.
Il serait légitime de se demander si une partie du
rejet ressenti par les Mahoro-Comoriens, plus que par les autres groupes
indocéaniques, ne pourrait pas trouver une part d'explication dans ce
fait. Trop proches des Réunionnais, et trop proches aussi de l'Afrique.
On peut formuler l'hypothèse que leur présence et leur origine
assumée rappelle aux Créoles une filiation historique qu'ils
estiment dévalorisante. Cela expliquerait les qualificatifs
évoqués de « sauvages », « inférieurs
» «animaux ».
Le fondement de l'hostilité ressentie peut aussi se
trouver dans les graves difficultés économiques (emplois,
logements) que subissent les Réunionnais, particulièrement les
plus défavorisés, et pour lesquelles ils voient dans les
Mahoro-Comoriens des concurrents supplémentaires.
La Réunion applique une politique de «
préférence régionale » en termes d'emploi, officielle
ou détournée, qui veut que les Réunionnais soient
embauchés préférentiellement à un allogène,
particulièrement à un Métropolitain. Au delà de ce
côté institutionnel souvent remis en cause
122
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
dans le principe d'égalité républicaine
et contesté dans son application réelle, les Mahoro-Comoriens
éprouvent un sentiment de discrimination comparable à celui
vécu par les immigrés africains en Métropole.
Citons le cas d'une jeune fille mahoraise, Izati, cherchant un
stage : la première réponse est positive, puis à la
demande de son identité, elle donne son prénom, correspondant
aussi bien à une occidentale qu'à une musulmane. Pas de
problème jusque-là. A l'annonce ensuite de son patronyme,
clairement musulman, on ne prenait plus de stagiaires.
Elle évoque le même cas pour son père
répondant à une offre d'emploi : le nom prononcé, il n'y
avait plus de poste disponible.
A la Réunion, comme en Métropole, les
comportements racistes sont clairement condamnés, mais la
xénophobie (sous couvert de préférence régionale)
parfois légitimée en privé au nom des difficultés
éprouvées par la population locale.
Nous pouvons conclure que les Mahoro-Comoriens jeunes ou
adultes subissent et éprouvent une réelle discrimination à
l'embauche, à l'instar des immigrés de Métropole. Dans
tous les cas, si les intéressés estiment subir des
discriminations, les plaintes officielles n'entrent pas dans les intentions des
migrants, persuadés que de telles démarches ne peuvent
aboutir.
3.2. Perception des attentes envers les jeunes
Mahorais-Comoriens
Les jeunes mahorais et comoriens ne savent pas toujours trop
ce que les Réunionnais attendent d'eux « Franchement, je ne
sais pas » (Ida), peut être « Rien de spécial
» se dit Ibrahim.
« D'arrêter de parler leur langue »
(mahorais ou comorien), pense Amina ; « ils ne comprennent pas la
langue mahoraise, ça les ennuie » ajoute Kaycha
« Certains attendent que l'on parte car on les envahit
» (Fatima) ; « De partir » (Laymia)
Ils ont aussi l'impression que les Réunionnais les
caractérisent comme délinquants, le terme est employé par
plusieurs participants (garçons) « les Réunionnais
attendent moins de délinquance de la part des Comoriens » Madi
(Comorien)
123
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Contrairement aux travaux réalisés en
Métropole, on n'observe pas de revendication ouverte, ni de violence
verbale exprimée ou latente chez les participants à
l'étude ; mais pas non plus de ressenti négatif face à
l'institution scolaire ou administrative, qui sont perçues comme des
alliés et des moyens de surmonter les difficultés.
Actuellement, la discrimination est vécue par les
jeunes migrants de la Réunion comme une affaire d'individus, pas
d'institutions. Cela peut expliquer que le sentiment de rébellion face
à un ressenti d'injustice de traitement généralisé
qu'expriment les jeunes maghrébins ne se retrouve pas chez les jeunes
mahoro-comoriens.
3.3. Différence identitaire affichée par
les adultes plus que par les jeunes
La créolisation des immigrants à la
Réunion s'est généralement faite dans la
discrétion. Victimes opprimées en situation de soumission ou de
menace vitale pour les esclaves apportés d'Afrique, Indiens Malbars
engagés volontaires (migrants qui auraient du repartir et ne l'ont pas
pu), Chinois et Malgaches se sont fondus dans le creuset réunionnais en
évitant d'attirer l'attention.
Ils ne sont apparus dans l'espace public et revendiqué
une identité que bien des générations plus tard, à
l'approche des années 2000, lorsque leur intégration
n'était plus contestable. Pourtant ces manifestations identitaires sont
encore parfois réprouvées par certains Créoles.
Le cas des Mahoro-Comoriens est différent. Les femmes
assument d'afficher leur différence par le port du costume traditionnels
(le saluva) et du masque de beauté (le m'zindzano).
Les hommes ne portent pas de signes distinctifs ostensibles à
l'exception des tenues adaptées à la pratique religieuse, le cas
échéant (le Kandzou, tunique, et le Koffia,
couvre chef musulman).
Les jeunes mahoro-comoriens de la Réunion ont, eux,
adopté à part de rares exceptions, un style plus proche de celui
de leur environnement, les garçons s'habillent comme les autres jeunes
réunionnais. Certaines jeunes filles également ; mais le plus
souvent elles portent une tenue plus sobre et classique,
complétée par un foulard sur les cheveux ou un tissage, plus
rarement des rajouts de tresses à l'africaine, coiffure que les
créoles ne portent pas.
Ces éléments vestimentaires, et de faibles
différences phénotypiques, suffisent néanmoins pour les
identifier et les singulariser, « Ils nous identifient par notre
apparence physique et se comportent de manière raciste et
discriminatoire » déplore Ali, étudiant comorien.
124
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Les manifestations traditionnelles, et tout
particulièrement les danses se tiennent dans des lieux publics dont
l'utilisation est accordée par la collectivité. Ces
célébrations attirent la curiosité de quelques voisins
créoles qui viennent voir ce qui se passe dans leur quartier, et s'en
retournent sans un mot ni prise de contact. Pour ces manifestations
identitaires, l'indifférence affichée peut cacher une
réprobation silencieuse perceptible dans certaines attitudes, bien qu'on
n'en trouve pas de signes dans l'espace public médiatique
réunionnais.
Les adultes arrivants, et particulièrement les femmes,
assument leur différence aussi par l'utilisation de leur langue entre
eux, même en public. Cela non plus n'est pas toujours
apprécié par les autochtones, comme l'avaient signalé les
participants à notre étude, ci-dessus. Les jeunes, plus prudents,
évitent généralement de se singulariser ainsi.
A la Réunion comme en métropole, ce sont les
différences visibles et audibles qui constituent le critère
d'identification et de discrimination. Cela peut en partie expliquer la
meilleure intégration annoncée par les garçons, ce qui
n'est pas le cas en Métropole.
3.4. Attentes des jeunes
mahorais-comoriens
Ce que les jeunes attendent de la Réunion ? Certains
jeunes mahoro-comoriens natifs de la Réunion considèrent cette
question absurde « Quelle attente ? Je suis née là !
» s'étonne Samia. Elle prend son sens cependant pour les
jeunes immigrants, l'espoir est de « S'intégrer plus facilement
pour les personnes qui ne sont pas nées à la Réunion
» (Madi).
La situation ne semble pas aussi simple pour les autres
participants, natifs ou non, qui se vivent généralement
étrangers à la société créole : «
Qu'elle soit plus accueillante, plus gentille avec eux » (Amina).
Les jeunes «attendent une meilleure intégration, que les portes
s'ouvrent à eux » Fatima ; « Qu'ils soient mieux
intégrés, plus acceptés » ajoute Kaycha
D'autres, comme Karima sont plus pragmatiques, attendent de la
Réunion qu'elle soit un « lieu où l'on peut avoir une
éducation bien, et facilité d'y accéder » ; un
« plus large choix d'études » dit Saïd ; et de
manière générale « de meilleures études,
et une meilleure vie » renchérit Ibrahim.
125
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
3.5. Attentes perçues des adultes
mahorais-comoriens
Le différentiel de choix et de niveau d'études
possible entre les îles de l'archipel des Comores et la Réunion
est souvent annoncé comme la première motivation de migration,
avant l'amélioration des conditions de vie. « Une meilleure vie
pour eux, et de meilleures chances d'études pour leurs enfants »
(Kaycha). Les jeunes participants en sont conscients et ont l'intention de
répondre aux attentes des parents en la matière.
Le discours qu'ils relaient de la part de leurs parents est
donc semblable à celui des immigrés en Métropole en termes
de raisons de migrer. Ils expriment aussi une attente de reconnaissance de leur
statut de citoyens français, à égalité avec les
Réunionnais, « qu'ils arrêtent leurs
préjugés » (Ida), « un peu plus de
reconnaissance et aussi le respect » (Mohamed).
Un peu désabusés sur leurs possibilités
d'intégration réelle, les migrants reportent donc leurs espoirs
sur la réussite de leurs enfants. Cette attente, quasi-unanimement
perçue par les jeunes interrogés se traduit donc plus
précisément par une attente forte de réussite scolaire.
Contrairement à de nombreux jeunes créoles, et
immigrés métropolitains, qui adoptent parfois un discours de
défiance et de dévalorisation face à l'école, les
Mahoro-Comoriens de la Réunion, jeunes comme adultes placent là
leurs espoirs de promotion sociale.
126
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
4. Un mode de vie duel, entre créole et
traditionnel
4.1. Intégration-repli identitaire : une
alternative combinatoire
Face à un environnement social perçu comme
hostile, l'alternative est double, s'intégrer et perdre tout ou partie
de sa culture et son identité, ou effectuer un repli défensif sur
sa communauté d'origine présente dans le pays d'immigration.
Il n'en reste pas moins que vouloir vivre de manière
totalement identitaire serait artificiel et certainement illusoire pour un
migrant en général, et pour des jeunes de deuxième
génération encore plus. De même que prétendre
trancher ses racines reviendrait à perdre son identité sans
gagner une autre légitimité pour autant, donc tout aussi
impossible.
Toutes les solutions et stratégies se trouvent
nécessairement dans des combinaisons inscrites entre ces deux
extrêmes.
L'obligation de scolarisation des enfants, à laquelle
les Mahoro-Comoriens n'ont nulle intention de se soustraire, constitue ici
comme en Métropole la première étape de
l'intégration sociale et culturelle, et plus spécifiquement de
leur créolisation.
Tous les participants de l'étude (avec une seule
exception) ont déclaré avoir un mode de vie à la fois
identitaire et créole, « un peu les deux » dans une
logique de créolisation qui les intègre mais ne semble pas pour
l'instant influencer le mode de vie créole.
Cela nous permet de confirmer l'hypothèse de
départ, les jeunes mahorais et comoriens font le choix de
s'intégrer, fût-ce temporairement, tout en conservant leur
culture. Ce dernier point est toutefois moins prononcé pour les
Comoriens, comme nous pourrons le constater dans les prochaines parties.
4.2. Les réseaux affinitaires de
proximité
Les jeunes mahoro-comoriens, comme tous les adolescents du
monde accordent une grande importance à leurs réseaux amicaux. A
la Réunion, ils se trouvent en interaction permanente dans le cadre
scolaire, ainsi que dans leur quartier avec des membres de la population
majoritaire comme avec ceux de leur groupe originaire.
127
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Aucune discrimination scolaire n'existe sur l'île et la
ségrégation géographique n'est liée qu'aux
possibilités de logement et particulièrement d'attribution de
logements sociaux. Elle dépend donc uniquement des conditions sociales,
et non de l'origine. Si les identités de quartier sont assez
marquées à la Réunion, cela concerne beaucoup moins les
jeunes mahoro-comoriens pour qui cette identification de proximité
locale a moins d'importance que leur identité communautaire.
Pour la plupart des jeunes mahoro-comoriens le réseau
affinitaire de proximité (par opposition au réseau
numérique, que nous étudierons plus loin) comprend des amis de
mêmes origines, mais aussi des jeunes créoles. Certains estiment
avoir plutôt des amis identitaires, les autres que leur réseau
amical est équilibré entre les deux groupes. Izati explique ainsi
que ses ami(e)s sont « plutôt des Mahorais ou des Comoriens,
mais aussi des Créoles, et des Malgaches » (les ethnies
allogènes correspondant à ses origines).
Certains indiquent le détail des groupes ethniques
créoles qu'ils fréquentent « Arabe, Malbar, Malgache,
Chinois » (Ousseni), laissant entendre que Comoriens et Mahorais
n'étaient finalement que des composantes parmi d'autres de la
mosaïque réunionnaise.
Quelques filles néanmoins affirment n'avoir «
pas de Créoles » parmi leurs amis (Salima) et rester dans
le réseau identitaire. Dans l'autre sens, aucun ne déclare
être isolé des jeunes de son origine.
Le constat que l'on peut établir en milieu scolaire est
que les conversations informelles peuvent être en réseau
identitaire ou mélangé ; par contre les groupes de travail seront
préférentiellement identitaires, ce qui ne favorise pas le
brassage intégratif.
Dans le cas où un jeune mahoro-comorien, se retrouve
seul représentant de son origine dans une classe, il peut être
mis(e) à l'écart et éventuellement « adopté
» par quelques camarades locaux compatissants. Ce cas est plus
fréquent pour les jeunes filles, les garçons intégrant
souvent un groupe par des intérêts communs,
généralement le sport. (Il ne s'agit pas ici des réponses
des jeunes étudiés mais d'observations personnelles
croisées avec celles d'autres enseignants).
En termes de loisirs aussi, les garçons se
mélangent plus que les filles, pour rejoindre des pratiques sportives
souvent intégratrices. Quelques-uns font partie de groupes
multiethniques, suivant une passion : groupe musical ou jeu vidéo en
réseau (pratique détaillée plus avant).
128
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Hors de l'école, les jeunes filles se retrouvent
plutôt en groupe identitaire, pour des pratiques associatives
traditionnelles, notamment la danse, ou pour faire du « shopping
». Certaines, moins favorisées précisent comme Mariama
et Samia « sorties en ville » (rires) shopping ? «
non, il faut des sous, plutôt on zone... »
Parfois ils organisent des sorties pour visiter l'île
entre garçons et filles le week-end, en louant un bus ;
évènements festifs qu'ils partageront encore ensuite dans les
réseaux sociaux numériques.
Les pratiques mixtes sont communautaires, ce qui peut
s'expliquer par le contexte traditionnel et islamique de l'éducation,
encouragées par les souhaits endogamiques des parents, que nous
détaillerons ci-dessous.
De manière générale, on peut
considérer que les pratiques des garçons sont plus
intégratrices que celles des filles, par le sport essentiellement (c'est
vrai également pour les filles pratiquant des sports de
compétition).
4.3. Les associations et pratiques de
loisirs
Les garçons sont plus présents dans les
associations sportives, notamment scolaires que les filles. Quand les uns et
les autres adhèrent à des clubs de sport, leur intégration
y est souvent plus facile que dans d'autres contextes, la constitution des
équipes et des sélections tient plus aux qualités
physiques et relationnelles de chacun qu'à son groupe social ou ethnique
d'origine. C'est naturellement pour les sportifs (et sportives) que les
associations constituent un vecteur d'intégration sociale.
Les jeunes mahoro-comoriens adhérent néanmoins
assez peu à des structures associatives non scolaires. Les pratiques
sportives des garçons peuvent notamment se dérouler de
manière informelle sur les équipements sportifs en libre pratique
de leur quartier, qui peuvent constituer des « espaces publics » de
pratique sportive, mais rassemblent souvent des habitués, «
recrutés » en fonction de leurs qualités et de leur
assiduité. Ces rencontres régulières, pour être
informelles n'en constituent pas moins des facteurs de créolisation.
Quand les jeunes filles mahoro-comoriennes font partie d'un
groupe constitué, c'est d'une structure identitaire : amicale
d'étudiants mahorais ou comoriens, selon le cas ; ou encore association
culturelle destinée à transmettre la culture et notamment la
pratique des danses traditionnelles. Logiquement, elles trouvent aux
associations un intérêt de maintien de la culture
129
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
et des traditions, ainsi qu'un moyen de se retrouver entre
jeunes de même origine. Ces activités permettent d'abord «
de maintenir la culture et les traditions, et de mieux se retrouver entre
soi», c'est notamment le cas pour Izati.
Certains jeunes mahoro-comoriens participent à des
manifestations de danses et musiques urbaines : battles (concours ou duels) de
slam, de hip-hop, où leur origine ethnique ne semble pas constituer un
handicap : « les participants et les spectateurs sont tous black
».
Dans cette explication donnée par une jeune mahoraise
dont le groupe s'entraînait dans un espace public aux danses urbaines
d'inspiration africaine en vue d'un « battle », on constate que la
sensibilité ethnique est plus importante pour les jeunes migrants que
pour leurs concurrents créoles. Dans le discours de ceux-ci, la
participation des Mahoro-Comoriens ne pose pas de problème ; ils
estiment que « c'est très brassé » et trouvent
cela normal.
Cette pratique commune, artistique et sportive, urbaine,
populaire et jeune, perçue comme un élément de culture
« mondiale », permet à chaque groupe de se présenter
sans discrimination, mais sans vraiment atténuer les différences
identitaires.
Le mouvement associatif ne constitue donc pas pour la plupart
d'entre eux un facteur d'intégration, mais suit plutôt une logique
communautaire. Ici comme en Métropole seuls les sportifs, les artistes
(musiciens, danseurs, dessinateurs...) non identitaires, et les individus
isolés y trouvent un moyen de se rapprocher de la population
majoritaire.
4.4. Des traditions toujours
importantes
Les jeunes mahoro-comoriens considèrent le fait de
garder les traditions identitaires comme important ou très important, la
différence en ce domaine semble être le niveau de lien
gardé avec la famille restée au pays et l'île d'origine,
notamment par les communications, et éventuellement les voyages.
Certaines traditions semblent pourtant partagées : le
pique-nique dominical créole ressemble au « voulé
» mahorais. Les emplacements aménagés sur le front de
mer dionysien (Parc des Tamarins) devant désormais se partager selon une
localisation précise : les Mahoro-Comoriens occupant aux heures de
pique-nique l'extrême le plus proche de la Jamaïque (et donc de la
déchetterie), à côté du parking d'accès, en
s'appropriant ainsi un espace que les Créoles leur
130
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
laissent. Cette partie de l'espace ainsi communautarisé
perd donc son caractère public au profit du groupe utilisateur.
4.5. Pratique religieuse : un Islam non porteur de
discriminations
La religion musulmane constitue une part importante de leur
mode de vie, de l'organisation de leur temps. A la Réunion comme
à Mayotte, le Fundi (référent religieux) est
présent pour toutes les grandes occasions de la communauté. La
religion, en effet « C'est très important »,
c'est un élément qui permet de garder la tradition, explique
Izati
L'islam est peu ostensible chez les jeunes participants, comme
dans leurs familles, les signes extérieurs tels que la burqa
(interdite dans les établissements scolaires) ou le jilbab
(tenue islamique intégrale) visibles dans le centre-ville de Saint
Denis sont plutôt le fait des familles commerçantes Z'arabes.
A la Réunion comme ailleurs, plusieurs
obédiences « Sunnites, Chiites (très minoritaires)
» coexistent dans la pratique islamique ; les jeunes participants
affirment ne pas éprouver de différenciations à leur
encontre au sein de la communauté musulmane locale.
Leur pratique de la religion islamique en tant que telle ne
semble pas faire l'objet de discriminations, ni auprès de la population
majoritaire, ni auprès des autres musulmans.
4.6. Un respect des traditions annoncé comme
choisi et non subi
Si la culture d'origine influence « un peu
» le comportement vestimentaire des jeunes filles, le fait de
connaître et maintenir les traditions est revendiqué comme un
choix personnel, tout en signalant que cela fait plaisir aux parents et
à l'entourage.
Cela montre que si une certaine pression existe certainement
en la matière, elle n'est pas vécue (ou signalée) comme
une contrainte, mais recueille leur adhésion. A une confidence
près : « L'école coranique, pfouu ! », dans
laquelle nous ne verrons pas de remise en cause, mais une simple
réflexion d'adolescente, révélatrice néanmoins d'un
discours qui s'autonomise.
Les jeunes participants se trouvent à un âge
où les choix préconisés se transforment en choix
personnels, avec une remise en cause possible de certains aspects de leur
éducation.
131
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
5. Pratiques et usages linguistiques
5.1. Des pratiques adaptatives,
différenciées selon la situation
Comme nous l'avons montré dans la première
partie, les jeunes migrants pratiquent très généralement
leurs langues d'origine ainsi que la langue d'accueil. C'est également
le cas à la Réunion. Le semi-linguisme remarqué et
déploré en collège par Pascale Prax-Dubois (2009) a
été surmonté avec succès par les jeunes
interviewés, élèves de lycée, natifs ou devenus
francophones. La Réunion présente également la
particularité d'un bilinguisme français-créole auquel sont
soumis les jeunes mahoro-comoriens dès leur plus jeune âge ou leur
arrivée.
Cette situation est résumée par Ibrahim, qui
constate que les langues de communication avec ses amis sont « la
langue qu'ils parlent : créole, avec mes amis réunionnais,
mahorais avec mes parents » ; « Dans ma classe (de BTS) il n'y a que
des créoles, je parle donc créole, dans la cour je retrouve
parfois des amis avec qui je parle mahorais » « le créole est
de plus en plus présent, on le parle à la maison entre
frères » « les parents aiment bien qu'on parle
français, cela leur permet de pratiquer (eux parlent plutôt le
mahorais) »
Les parents profitent de l'intégration linguistique des
enfants en français pour l'apprendre par rétro-socialisation,
comme cela a été observé également en
Métropole. Les enfants servent parfois d'interprète auprès
des tiers, souvent plus simplement en famille, dans les situations quotidiennes
« quand on regarde les feuilletons avec ma mère, si elle ne
comprend pas quelque chose, on traduit » dit encore Ibrahim.
5.2. Le créole, première langue de
communication affinitaire
Les trois quarts des jeunes participants déclarent
parler le créole avec leurs amis, la majorité présente
cette langue comme prioritaire dans ces échanges. Ils confirment que sa
pratique est bien le sésame de leur acceptation par les
Créoles.
Un quart des jeunes interrogés néanmoins,
d'origine mahoraise, indique ne pas pratiquer le créole. Même si
cela ne traduit pas automatiquement une volonté de
non-intégration à la société
132
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
réunionnaise, leurs projets d'avenir se situent «
hors département ». Certains d'entre eux déclarent n'avoir
pas d'amis créoles.
Ce n'est pas le cas des originaires des Comores,
systématiquement créolophones. On peut supposer que la moins
bonne transmission de la langue dans leur cas correspond à une
arrivée généralement plus ancienne des parents, une
difficulté plus grande à maintenir des liens proches avec leur
île et leur pays d'origine, ainsi que des espoirs de retours peu nourris
(voir §7, Avenir)
Si les Réunionnais les identifient comme des
immigrés, dans le même sens que les Africains de Métropole,
les pratiques linguistiques sont différentes, pas de langage propre
utilisé en public (contrairement au "verlan" ou à l'arabe
"ménager" des jeunes immigrants des banlieues françaises), pas
d'expressions qui s'ajouteraient au langage vernaculaire des cours scolaires
chez les jeunes mahoro-comoriens. L'intégration des jeunes
Mahoro-Comoriens à la Réunion ne constitue pas un apport
linguistique pour le créole, et ne semble pas devoir le faire dans le
proche avenir.
5.3. La langue d'origine, préférence
familiale et identitaire, à l'épreuve de l'environnement
La transmission linguistique est forte,
particulièrement au sein des familles mahoraises. La langue identitaire,
mahorais, comorien, parfois malgache (langues parlées à Mayotte,
voir préambule) est utilisée quotidiennement par la plupart des
jeunes interrogés. Ils y trouvent un élément de maintien
des traditions au plan familial comme affinitaire.
Ceux qui se reconnaissent des origines duelles parlent souvent
les deux langues, en famille et en fonction des origines de leurs amis ou de
leur entourage. Le lieu de naissance ne semble pas avoir d'incidence non plus
sur la pratique linguistique, mais plutôt l'intensité des liens
identitaires.
Signe possible d'une certaine diminution du lien linguistique,
certains participants, comme Ida déclarent parler « le
créole avec mes frères et soeurs », situation de plus
en plus fréquemment observée dans les familles. Dans des groupes
communautaires aux origines linguistiques différentes, la langue
réunionnaise est celle qui permet le lien en constituant le
dénominateur commun.
133
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La langue vernaculaire est ainsi souvent associée au
français et/ou aux idiomes identitaires dans les conversations avec
l'entourage, sous l'influence de l'environnement local, signe possible d'une
créolisation linguistique.
Ce phénomène est proche de celui observé
chez les jeunes immigrants en métropole, mais n'entraîne pas
à la Réunion la création d'un langage identitaire
spécifique à la deuxième génération.
Chez certaines familles comoriennes, la transmission de la
langue identitaire semble plus problématique. Les parents de Samia
« Aimeraient bien nous apprendre le comorien, mais ce n'est pas
évident ». Situation similaire chez Mariama « ma
mère nous parle comorien de temps en temps, elle aimerait bien qu'on lui
réponde en comorien, mais nous c'est surtout créole et
français ». Un élément de plus qui indique que
les jeunes comoriens malgré une différence identitaire un peu
plus marquée avec la Réunion, s'intègrent plus.
Deux participants seulement, dont Saïd, né
à Mayotte, disent ne communiquer qu'en « français
partout et tout le temps ». Cette pratique restrictive est à
mettre en relation avec un moindre attachement aux origines, et des projets
hors Réunion.
Cela montre la relation intime entre la pratique linguistique
et les liens avec les groupes sociaux auxquels les jeunes sont
confrontés. La pratique du créole traduit une volonté, ou
du moins une acceptation, de s'intégrer localement, fût-ce
temporairement ; la langue identitaire étant surtout le support d'une
socialisation communautaire. Dans ce cas le point commun devient logiquement la
pratique du français.
134
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
5.4. Les autres pratiques
linguistiques
Au mahorais, comorien, malgache parlés avec
l'entourage, le créole avec l'environnement social, le français
scolaire et administratif, s'ajoutent souvent l'arabe religieux, puis les
langues vivantes (rarement des langues mortes ou orientales) «
anglais, espagnol en cours » (Ousseni), parfois allemand.
Plurilingues par nécessité, les jeunes migrants
peuvent montrer un potentiel d'acquisition des langues étrangères
« reçues » signalé en Métropole par
Stéphanie Condon et Corinne Régnard (2010).
A la Réunion, le niveau scolaire et les filières
de formation suivies limitent l'acquisition des langues
étrangères. Les Sections Européennes ou de Langues
Orientales (SELO), bilingues, même quand elles leur sont ouvertes, ne les
attirent guère, peut être par crainte d'y essuyer un
échec.
Ils se dirigent ainsi très rarement vers des
études de spécialité linguistique. Lucidité ou
sous-estimation de leurs capacités, leurs ambitions scolaires sont
limitées autant dans l'apprentissage des langues
étrangères que dans les choix de filières.
135
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
6. L'avenir par l'école
6.1. L'école facteur
d'intégration
L'école « républicaine » est
certainement comme dans la plupart des lieux de migration, le premier moyen
d'intégration des jeunes mahoro-comoriens. Pas de quartiers identitaires
à la Réunion, mais un brassage scolaire avec la population
locale, particulièrement dans les quartiers défavorisés,
qui accueillent les migrants.
Cette différenciation par quartiers s'estompe avec
l'arrivée au lycée qui regroupe des quartiers
hétérogènes, parfois l'ensemble des jeunes d'une classe
d'âge de la ville. Pour les élèves orientés en
lycée professionnel (LP), le recrutement correspond ici comme ailleurs
aux catégories défavorisées, sans distinction de
population majoritaire ou immigrée.
6.2. Les projets d'avenir : d'abord réussir des
études
Les jeunes participants pensent que pour les adultes
mahoro-comoriens de la Réunion «l'école est une chance,
que les parents n'ont pas eue, ils ont du quitter l'école tôt pour
aider leurs parents» « Ils veulent qu'on réussisse parce
qu'eux n'ont pas pu » estime Samia, et de préciser que
« Ce n'est pas toujours dit clairement mais c'est pour les aider
ensuite là-bas ».
Issus pour la plupart de milieux socioprofessionnels modestes,
leur maîtrise du français est satisfaisante, comparable à
celui des autres jeunes de leur entourage scolaire, suffisante pour
s'insérer scolairement même si l'étude du CR-CSUR (voir
Problématique, chapitre 2, §2) indique leur forte
représentation parmi les apprenants en difficulté.
De manière générale, s'ils ne sont pas
orientés dans les voies professionnelles (LP) leur niveau scolaire les
conduit plus vers des classes d'enseignement technologique que
générales. C'est le cas le plus fréquent pour les jeunes
issus des catégories socioprofessionnelles (CSP) moins
favorisées, à la Réunion comme en Métropole.
Ces filières débouchent plutôt sur des
formations supérieures courtes de type BTS (Brevet de Technicien
Supérieur) que sur un accès direct aux formations universitaires,
où leur taux d'échec est très important (de l'ordre de 4%
de réussite, chiffres de l'Université de la Réunion
2011).
136
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La moitié des jeunes mahoro-comoriens projette de
poursuivre au delà, et le BTS constitue alors un détour
nécessaire pour accéder à des formations de niveau
supérieur.
Cela montre qu'ils ont bien intégré la
nécessité d'une poursuite d'études après le
baccalauréat pour obtenir une insertion professionnelle satisfaisante
à la Réunion, comme en Métropole.
Ils sont peut-être plus lucides que les autres jeunes
réunionnais sur le fait que le manque de diplômes conduit à
des parcours de précarité et d'emplois aidés, comme l'a
indiqué N. Roinsard (2007). Les jeunes mahoro-comoriens ne disposent
généralement pas des réseaux et appuis institutionnels
pour accéder à ces emplois, qui relèvent souvent d'une
attribution affinitaire.
Logiquement, ils ne se dirigent pas vers la fonction publique
territoriale, qui joue sur une logique de « préférence
régionale » au bénéfice des originaires. Ceux qui
annoncent des projets d'accès à la fonction publique d'Etat :
« Aller à l'armée de terre » (Mohamed), sont
également ceux comme Salima, qui envisagent leur avenir à
l'extérieur de la Réunion « pouvoir intégrer
l'école de Police » assumant le principe des affectations
nationales.
Ils sont arrivés à un âge où les
projets sont déjà teintés de pragmatisme, les directions
envisagées sont cohérentes avec leur orientation scolaire ; ayant
compris que la liberté n'est pas absolue mais signifie effectuer des
choix parmi les alternatives possibles.
Ils ne tiennent pas, contrairement à de nombreux jeunes
créoles et aux immigrés de métropole un discours
désabusé ou négatif sur l'école, comptant au
contraire sur elle pour réaliser leurs projets d'avenir. Salima estime
que les Mahoro-Comoriens veulent « bien pouvoir travailler
(à l'école) et avoir un bon métier plus tard
». Cette position communément annoncée ne se traduit
néanmoins pas toujours par un investissement scolaire et des
résultats suffisants.
6.3. Des projets localisés : retour aux sources
ou migration secondaire plutôt qu'enracinement
Les deux tiers des participants mahorais indiquent leur
intention de faire leur vie d'adulte à Mayotte plutôt qu'ailleurs.
Pour « reprendre l'entreprise de mon père » dit Amina
; « Afin de participer au développement de mon île f...]
j'aime mon pays » déclare Ida ; « Là-bas, je
me sens chez moi, sans être jugée ni critiquée »
estime Fatima qui explique qu'elle n'a « pas de problème
avec le mode de vie réunionnais, c'est plutôt mes racines,
ça va aller, on vit très bien là-bas » ; Ibrahim
précise « toute ma famille se trouve là-bas
».
137
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Pour certains, le projet de « retour aux sources
», tel que l'exprime Kaycha, est un rêve partagé avec
des membres de la famille immigrée en Métropole ; elle
précise que « Ce sera très enrichissant pour nous et
nous avons tant de choses à construire à Mayotte ».
Cette vision est celle des jeunes qui ont gardé le
contact et les liens les plus proches. Elle n'est pas partagée par tous
« C'est mon origine, mais pas mon projet ; chez moi, c'est ici, ma
mère veut y retourner, moi je n'irai pas » dit Salima qui ne
veut pas rester à la Réunion pour autant et envisage plutôt
de poursuivre ses études et sa vie en Métropole.
Près des deux tiers des participants envisagent
également leur avenir en Métropole. Ceux qui annoncent des
projets uniquement métropolitains sont ceux qui se sentent « un
peu de tout », ou simplement français. Les autres la voient
comme une alternative possible.
« En Métropole j'ai plus de chances d'avoir un
emploi, car y'a beaucoup de choix par rapport à la Réunion
» dit Salima. C'est aussi la possibilité de «
découvrir de nouveaux horizons » pour Mohamed (né
en Métropole), dans un « pays plus développé
» pour Ousseni ; « plus facile pour communiquer et pour
réussir » selon Madi ; une « plus large
étendue de choix » qui attire Saïd. Certains de leurs
projets sportifs, d'études ou professionnels ne peuvent en effet se
réaliser qu'en Métropole.
Leurs arguments sont fondés, mais on peut
néanmoins se demander si, pour nombre d'entre eux, la vision de la
Métropole, comme celle de l'île d'origine ne sont pas un peu
idéalisées.
Qu'ils soient natifs ou pas de la Réunion, aucun
n'indique qu'il souhaite y réaliser ses rêves d'avenir
plutôt qu'ailleurs. Pour un quart des participants, la Réunion
apparaît dans le discours, mais simplement comme une alternative avec la
métropole ou leur île. Que leurs projets d'éloignement se
concrétisent ou non, cela montre en tout état de cause que les
jeunes Mahoro-Comoriens ne considèrent pas leur intégration comme
satisfaisante et épanouissante.
Aucun des jeunes participants n'envisage de projet sur les
Comores, même les originaires. Cela constitue également une
différence entre les jeunes mahorais et comoriens. Des familles
établies à la Réunion depuis plus longtemps, un plus fort
différentiel de niveau de vie peuvent expliquer ces choix.
Dans tous les cas leur projet est français, personne
parmi eux ne signale d'intention d'aller s'établir à
l'étranger.
138
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
6.4. Une décision autonome
La majorité des participants estiment comme Amina que
leurs projets ne sont pas influencés par leurs parents, mais
relèvent d'un « choix personnel » ; «
Personne ne m'influence » indique Saïd ; « Au
contraire, ils acceptent mes choix et appuient mes décisions »
explique Fatima.
Ils considèrent qu'en règle
générale, les parents les soutiennent dans leur projet, leur
action consiste à « m'aider à le réaliser
» précise Amina. Salima affirme que « Les parents
sont là pour t'encourager et non t'influencer à faire ce que t'as
pas envie de faire »
D'autres reconnaissent que certains choix peuvent être
« un peu » influencés, Kaycha, qui souhaitait devenir
architecte a embrassé la carrière juridique suivant le conseil de
sa mère ; Mariama, élève en Terminale précise que
« ma mère préférerait que je reste encore 2 ans
à la Réunion » et qu'elle préparera un BTS sur
place avant de partir.
Enfin, quelques uns ont un avenir tracé pour eux par
leurs parents : « Là bas aussi, je suis chez moi, ma famille
est bien établie, ça va » indique Fatima. Pour Ibrahim,
cela va plus loin : « mes parents ont déjà construit des
maisons pour nous » à Mayotte, dit-il.
Un discours pas très différent au final de celui
des jeunes réunionnais ou métropolitains, entre souhaits de
liberté, contraintes matérielles et conseils parentaux,
plutôt de bon sens et apparemment exempts de déterminisme.
On peut se demander si une telle autonomie de décision
serait possible dans le contexte plus traditionnel et contraignant de leurs
îles d'origine, présentant à la fois moins
d'opportunités et peut-être moins de latitude individuelle.
Comme ailleurs leurs projets d'adultes ne vont pas sans un
petit pincement affectif, notamment pour les filles, partir ailleurs que dans
son île implique de quitter le milieu familial : « je ne sais
pas si je pourrais quitter mes parents, ils me manqueraient trop ! »
réalise Karima la Mahoraise, tout comme Samia la Comorienne,
interrogées à des moments différents.
Migrants ou non, ces adolescent(e)s sont à la fois
aventureux, plus certainement que leurs homologues réunionnais, mais
tout aussi sensibles et fragiles.
139
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
7. Les relations familiales à la
Réunion
7.1. Des familles étendues, très
présentes, garantes de la tradition
Les familles des migrants mahoro-comoriens sont souvent
nombreuses à la Réunion. Le foyer ne se limite pas à la
famille nucléaire, mais s'élargit souvent à la famille
étendue. Ibrahim indique « j'ai un cousin qui est venu faire
des études à la fac, il habite chez nous ». Chez Salima
ils sont quatre enfants, plus 3 cousins. La mère, seule adulte, doit
s'occuper d'une maisonnée de huit personnes : « On les a
récupérés ici : 2 cousines et leur frère, leur
mère est à Mayotte, paralysée, et ma mère ne
travaille pas ». La notion de « cousin » doit parfois
être prise dans un sens élargi, il ne s'agit pas toujours de
cousins issus de germains.
Lors des entretiens, quand les participants ont
évoqué ces cas de familles monoparentales où seule la
mère est présente, on sent derrière les discours la
référence à la culture traditionnelle : il est important
d'avoir un homme pour diriger la maison « « Cela change beaucoup
: s'il n'y a pas de mari, le grand frère assure le rôle de papa et
grand frère » explique Fatima, Salima renchérit :
« j'ai des conflits fréquents avec ma mère, ce serait
différent s'il y avait un frère », « tu as de la chance
d'avoir tes deux parents avec toi ».
Faute de père, c'est parfois l'entourage familial
élargi qui assure une assistance de contrôle et
d'éducation, une pression sociale communautaire. « Les Mahorais
sont solidaires entre eux, c'est naturel et nécessaire »
signale Fatima. Cette solidarité s'exerce plus volontiers entre membres
d'une même famille, d'un même village d'origine « le
village c'est la famille », avec une certaine méfiance envers
ceux qu'on ne connaît pas, ceux de l'extérieur : à la
Réunion, comme à Mayotte « c'est dur, si tu ne connais
pas déjà un groupe de Mahorais, tu ne vas pas aller vers eux
» « ce n'est pas des clans, c'est la famille »
précise Salima. Une logique qui dénote un mode de
fonctionnement encore traditionnel.
Ce n'est pas le cas de tous les jeunes, on peut
considérer que plus la famille est moderne, c'est à dire
professionnellement intégrée et proche des standards occidentaux
en termes d'habitat, moins la famille élargie est nécessaire et
prégnante.
140
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
7.2. Les femmes dans l'immigration
Faire des études dit Mariama (Comorienne) «
C'est aussi pour éviter aux filles de devoir se marier par
intérêt » « Même ici à la Réunion,
cela peut arriver » Mariages arrangés, mariages
d'intérêt (familial ?) les choses ne sont pas dites clairement,
mais il semble que la venue à la Réunion peut constituer pour les
jeunes mahoro-comoriennes l'opportunité d'une émancipation qu'une
société plus traditionnelle, où les rôles sociaux
sont plus figés, ne permet que dans une moindre mesure.
« Je voudrais me marier, mais mes parents me disent
qu'il vaut mieux que je termine mes études et que je trouve du travail
d'abord » : cette déclaration d'Izati (Mahoro-Comorienne)
montre que les parents migrants évoluent eux-aussi vers une plus grande
autonomie des femmes dans la société.
Rappelons que si la société mahoraise est
matrilinéaire, et par certains aspects matriarcale (le mari peut
être rejeté en cas de faute), la tradition musulmane impose
néanmoins aux femmes une certaine soumission et un rôle domestique
souvent prépondérant. Actuellement le taux d'emploi des femmes
mahoro-comoriennes à la Réunion est très faible, la
plupart devant se contenter de ressources issues des aides sociales
(données INSEE).
7.3. Endogamie et amitiés
identitaires
Kaycha constate que sa « famille en métropole
a fait sa vie avec des gens de métropole ». Sa mère
préfèrerait qu'elle soit avec un Mahorais, avec qui elle aurait
« plus de choses à partager ». A commencer par la
religion, importante, mais « plus pour les parents que pour les jeunes
» « Eux sont plus partagés : certains pensent que faire sa vie
avec un créole, pourquoi pas, mais il devra faire la démarche de
s'intégrer avec les Mahorais » (c'est à dire se
convertir à l'Islam).
Effectivement, la famille veille : « Mes parents
trouvent que je suis trop jeune pour avoir un mec », constate Samia,
18 ans, et « quand ce sera le moment (ouuh, dans longtemps...) ils
n'imagineraient pas autre chose qu'un Comorien !»
« Les Créoles et les Mahorais ne sont pas si
différents » dit Kaycha comme un espoir.
141
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Ces différences leur semblent pourtant parfois
irréductibles : Samia pense que dans le regard des créoles
« on sera toujours des Comoriens ou Mahorais, pas des
Créoles» ; « même si on est nées ici »
renchérit Mariama « Nos enfants non plus ne seront pas
créoles ». Et dans le cas où elle épouserait un
Créole « ouf ! là c'est mes parents qui ne pourraient
pas l'imaginer ! »
Vision plus traditionnelle ou stratégie
défensive face à l'hostilité ressentie, l'endogamie est
fortement préconisée par les parents mahoro-comoriens à la
Réunion. C'est moins vrai pour les jeunes qui affichent une plus grande
ouverture, à l'exemple de leurs familles en Métropole.
Les « flirts » entre élèves dans les
établissements scolaires, fréquents en lycée chez les
jeunes de la population majoritaire, ne s'observent pas chez les
Mahoro-Comoriens.
Les liens amicaux, forts, peu nombreux chez les filles sont
identitaires ; plus nombreux, plus diffus et ouverts pour les garçons.
Ce dernier élément correspond au modèle décrit en
Métropole par Dominique Pasquier (op. cité, 2005).
7.4. Entre conformité et conformation :
« Normalement (la tradition et la religion) c'est
important, mais les jeunes d'aujourd'hui ne respectent plus rien, quoi »
remarque Salima, qui note néanmoins que « ça
dépend des jeunes, certains plus, d'autres moins, même à
Mayotte ».
Loin du pays d'origine, des évolutions qui semblent
naturelles quand on les vit au jour le jour font l'objet de réticences
et de réprobation, comme si le pays devait rester un sanctuaire de
l'identité. « Même le ramadan, il y a des gens qui ne le
font pas ; même à Mayotte, certains jeunes ne le font pas ! »
précise encore Salima, choquée.
S'il est un refrain maintes fois repris dans tous les groupes
sociaux, la perte des valeurs traditionnelles acquiert une acuité
particulière chez les migrants qui craignent dans cette évolution
une perte de leur culture et leurs repères identitaires.
Il est vrai que les évolutions de la
société d'origine déformées par le prisme du temps
et de la distance ne sont pas toujours perçues clairement par les
émigrés, qui sont parfois tentés de se réfugier
dans une tradition idéalisée et moins évolutive que les
cultures présentes ou passées auxquelles ils se
référent.
142
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Les jeunes mahoro-comoriens ne font naturellement pas
exception. Leur évolution comme celle des autres jeunes migrants est
impulsée par l'exemple et la pression de leur environnement. Entre
conformité au modèle identitaire de l'entourage et une
nécessaire conformation au mode de vie de la société
d'accueil, ils doivent s'arranger, négocier, trouver des voies de
structuration de leur identité.
« Les parents sont toujours là, hein »,
précise Salima ; malgré cela « les jeunes
s'en foutent, ils veulent faire comme les autres ». Fatima constate
ainsi que « Quand les jeunes arrivent ils ne respectent plus les
coutumes. »
Les jeunes mahoro-comoriens pensent que ces évolutions
ne se font « Pas par pression sociale, mais par choix ». A
la différence des sociétés traditionnelles, la force des
groupes modernes est de laisser croire aux jeunes qu'ils s'y conforment par
choix individuel et non par déterminisme social (Pasquier D. 2005 op.
cité)
On peut en conclure qu'à l'instar de la
société réunionnaise les familles mahoro-comoriennes sont
en cours d'évolution entre tradition et modernité, et
s'aménagent eux-aussi une « modernité réunionnaise
» Watin, M. (2002) hybride entre passé et avenir. Pourtant leur cas
est particulier dans l'histoire des créoles réunionnais.
7.5. Une créolisation non obligée,
(donc) partielle
La France s'est construite au fil du temps et des
immigrations, en intégrant des gens que la population majoritaire ne
pensait pas pouvoir acculturer. La Réunion est une mosaïque de
peuples disparates à l'origine, réunis par la
créolité, du fait que leur intégration était
inéluctable, qu'ils n'avaient pas d'autre choix possible.
L'immigration des Mahoro-Comoriens en terre
réunionnaise n'est pas subie comme l'a été celle des
groupes ethniques précédents, la douleur et la contrainte
inhérents à la créolisation appartiennent aux
générations passées, à une histoire et une
mémoire qu'ils ne partagent pas.
Les jeunes mahorais ne se sentent pas prisonniers de leur pays
d'accueil, pas arrivés au bout de leur parcours spatial. Par rapport aux
créoles et aux immigrés métropolitains, ils doivent
intégrer la dimension supplémentaire d'être des migrants,
de se trouver en transition entre une culture identitaire traditionnelle et un
projet de retour vers Mayotte ou d'émigration secondaire vers la
Métropole.
143
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Dans les immigrations récentes les
problématiques semblent comporter des paramètres
différents. Si certains migrants sont venus s'implanter, par choix ou
par manque d'alternative, d'autres ne sont « que » des migrants, des
passagers des vents de l'histoire ou des chasseurs d'opportunités. Leur
intégration ne peut être que partielle, avec réserves,
imparfaite dans le sens d'inachevée et destinée à le
rester. C'est l'esprit dans lequel se trouvent les jeunes mahorais de la
Réunion.
Si on considère la créolisation comme une fusion
qui n'exclut pas le maintien de racines identitaires, la démarche des
jeunes mahorais n'étant pas fusionnelle, n'est pas une vraie
créolisation ; leurs racines identitaires sont et resteront certainement
prépondérantes par rapport à leur identité
réunionnaise.
Ne se considérant pas vraiment comme des immigrants
à la Réunion, mais plutôt des migrants, leur
créolisation est inconclusive. Un Créole est Créole avant
d'être Français, les participants mahorais resteront tels
plutôt que de se sentir Créoles.
Si leurs projets de mobilité ultérieure se
concrétisent, ils ne seront créolisés que de
manière transitoire et ne s'en réclameront certainement pas sur
leur lieu d'implantation finale. Cela pourrait rester vrai pour leur
génération même s'ils devaient finalement rester à
la Réunion.
Cette analyse est certainement moins vraie pour les jeunes
Comoriens. Leur créolisation semble finalement plus évidente. Eux
n'envisagent pas de retour, ils n'ont pour alternatives que rester à la
Réunion et se créoliser, fusionner en négociant leur part
d'identité originelle et leur part d'acculturation, ou sinon partir pour
la Métropole où leur identité française viendra de
la Réunion.
7.6. Des migrants plutôt que des immigrants
?
Les jeunes mahoro-comoriens semblent être des migrants
plutôt que des immigrants à la Réunion. Au delà des
intentions affichées par les jeunes participants et des discours
parentaux sous-jacents, cette conclusion est étayée par les
mouvements migratoires observés entre les deux îles : un solde
migratoire négatif, signe de retours constaté par l'INSEE dans la
Revue «Économie de La Réunion» N° 136 - mai 2010
:
144
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
« La migration [...] qui prenait de l'ampleur entre
1990 et 1999 s'est brutalement inversée. Il y a maintenant plus de
départs que d'arrivées et le solde est négatif de 1700
personnes avec Mayotte. Le courant migratoire mahorais reste assez
équilibré selon le sexe, mais se caractérise par des
sorties nettes principalement parmi les jeunes âgés de 15 à
34 ans (- 1200) »
« Pour les Mahorais, la pyramide des âges se
caractérise par un effondrement des effectifs au-delà de 20 ans,
notamment pour les hommes mais aussi pour les femmes. Il semble que la plupart
des migrants mahorais présents en 1999 ont quitté La
Réunion, soit pour retourner à Mayotte, soit pour aller en
métropole. » Les projets d'avenir annoncés par les
participants s'inscrivent ainsi dans la continuité des observations
statistiques.
Il semble que cette analyse peut s'appliquer également
pour les parents Mahorais, du moins en termes d'intentions. C'est certainement
beaucoup moins vrai pour les Comoriens, qui n'envisagent pas de retour ; la
migration secondaire vers la Métropole étant plutôt le fait
des jeunes, moins liés par la proximité géographique.
Ces conclusions confirmeraient l'avis d'Izati, (exprimé
au §1) sur la dynamique de migration des adultes Mahorais, d'immigration
des parents Comoriens. Par contre, les jeunes Comoriens s'inscriraient comme
les Mahorais dans une logique migratoire.
Les étudiants comoriens, venus jeunes adultes pour la
durée de leurs études, semblent suivre une dynamique
différente « Beaucoup de comoriens viennent ici pour leurs
études, aux Comores le choix est moindre et il est avantageux d'avoir un
diplôme français, c'est valorisé » explique
Ali.
Pour les Comoriens les équivalences de diplôme ne
sont pas automatiques ni totales, il faut souvent repasser des matières
pour intégrer le cursus. Les étudiants comoriens se retrouvent
souvent en difficulté. Leur objectif est d'éviter l'échec
; s'ils n'y arrivent pas à la Réunion, ils vont tenter de
réussir en métropole. Ali précise qu' « Ils ne
peuvent pas revenir en situation d'échec, le retour doit se faire avec
des éléments de réussite ». Une analyse
partagée par certains étudiants africains en Métropole.
Les espoirs et les coûts très importants que leur
formation outre-mer implique, font qu'ils peuvent parfois se retrouver «
piégés », immigrants malgré eux, le temps de pouvoir
afficher une réussite qui leur permette de retourner dans leur pays la
tête haute, parfois définitivement émigrés.
145
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Munis de cette clé d'analyse, commune à de
nombreux migrants, il semblerait risqué de considérer que les
déclarations des jeunes participants se réaliseront toujours. Le
retour est un objectif mais aussi un mythe pour de nombreux immigrés,
dans la plupart des pays ; l'entourage attend que le migrant revienne en
vainqueur.
Or à la Réunion, les immigrants mahoro-comoriens
sont généralement peu diplômés, moins que la moyenne
de la population mahoraise, il leur est d'autant plus difficile de
réussir dans l'environnement réunionnais fortement marqué
par le chômage et peu enclin à insérer les derniers
allogènes.
Le retour des parents ne se concrétisera donc pas
toujours, et avec lui celui des enfants « je ne suis pas sûre de
pouvoir quitter mes parents » réalise Ida, « en fait,
je ne sais pas trop ce que je vais faire ni où aller quand j'aurai fini
mes études ».
Les jeunes, on l'a noté, se disent moins endogamiques
que les parents : « il est encore trop tôt, mais le jour
où je leur présenterai quelqu'un, ils penseront que le plus
important c'est que je sois heureuse » dit encore Ida. Or les
ménages mixtes ne s'établissent généralement pas
dans le pays d'émigration.
Que pouvons-nous en conclure, si ce n'est que l'intention de
reprendre la migration est dans la tête des jeunes Mahoro-Comoriens, mais
que leur créolisation est en cours.
Qu'ils s'établissent « ici ou là-bas »
ou encore en Métropole, leur identité sera façonnée
par leur vie réunionnaise, créolisés même s'ils ne
s'en réclament pas.
146
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Chapitre 2 - LES JEUNES MAHORO-COMORIENS et les
COMMUNICATIONS (télécommunications, TIC)
1. Maintenir les relations avec le pays ou la culture
d'origine
Des relations régulières, une solidarité
avec les proches restés au pays, un maintien des liens qui permet le
retour : les relations avec les proches restés au pays sont une
constante de la plupart des migrants, dans les pays occidentaux.
Sur ce point les mahoro-comoriens de la Réunion, «
immigrés de l'intérieur » ou d'un pays voisin ne
dérogent pas à la règle.
1.1. Les télécommunications
:
Comme nous l'avons vu, les taux d'équipement en postes
fixes et mobiles sont importants à la Réunion et notamment chez
les mahoro-comoriens.
1.1.1. Le téléphone fixe
Le téléphone fixe est certainement la pratique
privilégiée, chaque foyer ou presque est équipé
d'un poste familial, appareil communautaire à la Réunion comme au
pays, souvent à la disposition de la famille étendue. Faute
d'études spécifiques sur les Mahorais et Comoriens, nous nous
contenterons du panorama dressé par les jeunes participants à la
recherche, et l'étude IPSOS citée.
La famille dispose d'un abonnement illimité vers
Mayotte, ou à défaut utilise des cartes prépayées.
Vers les Comores, où ce type d'abonnement n'existe pas, la solution
carte est nécessaire pour limiter et contrôler les coûts
d'appel.
Samia présente la situation commune à la plupart
des familles : « les parents appellent souvent (tous les jours ou
presque), ils sont toujours en contact. S'il se passe quelque chose ils peuvent
réagir immédiatement ». Les appels se font sur le poste
fixe avec une carte prépayée, ou avec le mobile. On appelle la
maison familiale, « les cousins se déplacent s'ils veulent nous
parler ».
147
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Les appels sont généralement sortants, «
ils nous bippent s'ils veulent qu'on rappelle », rarement
entrants « ils appellent parfois, surtout s'il y a un problème
: santé de la grand-mère, ou besoin d'envoyer de l'argent »
constate Ibrahim.
Comme en Métropole, les migrants sont
considérés par la famille originelle comme des
privilégiés ayant réussi là où eux ne le
peuvent pas. Ils ont donc « naturellement » un devoir de
solidarité même quand leurs conditions de vie sont
précaires.
A la Réunion comme ailleurs, les émigrés
doivent donner une image de réussite et de
générosité correspondant à la représentation
que la famille se fait du pays d'immigration et des opportunités dont on
bénéficie. Si la Réunion « c'est
l'Amérique » (Samia), on attend un peu des Mahoro-Comoriens
« Réunionnais » qu'ils se comportent en « oncles
d'Amérique »
1.1.2. Le téléphone portable :
Chacun, adulte ou enfant dispose généralement de
son portable personnel, suivant les moyens de la famille, ils peuvent disposer
d'un abonnement leur permettant d'appeler Mayotte en illimité, ou
seulement de recharges.
« Quand on est nombreux, c'est difficile de payer un
abonnement pour chacun ; au besoin on utilise le téléphone des
parents (même le mobile) » « Pour payer, les jeunes font des
petits boulots (tressage des cheveux...), ou s'ils ont une bourse
(étudiants en BTS), ils payent eux mêmes. » raconte
Salima, et Fatima précise « Si les parents sont aisés,
ils payent ».
Parfois la famille mutualise un portable ou une puce pour appeler
la famille. Chez Ibrahim, les jeunes utilisent le portable destiné aux
appels à Mayotte quand ils en ont besoin : «celui qui veut
appeler le prend »
Les jeunes qui en ont la possibilité entretiennent des
contacts réguliers avec les proches restés au pays,
principalement avec les jeunes, par des appels sortants ou entrants, par des
sms selon les habitudes et les moyens de chacun.
Des pratiques peu différentes de celles des immigrants
métropolitains, dans la mesure où ils ont gardé leurs
liens originels.
148
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
1.1.3. Les communications numériques
Les communications par Internet (skype par exemple) sont
difficiles avec les pays d'origine : Cela implique la possession d'un
ordinateur et d'un accès au Net « A Mayotte ils sont
équipés, mais c'est du très bas débit, connexion
très lente » « bas de gamme » il faut« 1
heure pour afficher la page (de la messagerie) là bas, pas de haut
débit » dit Fatima.
Quant aux Comores « Internet ne passe que sur Moroni,
donc pour facebook ou msn, ce n'est qu'avec ceux qui habitent la capitale
» explique Samia.
Le moyen de communication utilisé dépend ainsi
du lieu et du correspondant « l'ordinateur c'est les modernes plus que
les anciens, les jeunes plutôt que les parents » « avec la
France, on communique par Internet, avec Mayotte, on téléphone
» dit Salima.
Certains appels se font par plaisir, mais « Avec les
gens de la génération des parents, c'est plus difficile ; ils
nous font la morale : travailler à l'école, préparer notre
avenir... Nous on communique plutôt par blagues (entre jeunes) »
explique Ibrahim, « (les anciens) on les appelle pour avoir des
nouvelles, pour les occasions importantes ».
149
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
1.2. Les autres moyens de maintien de la
communication
D'après les témoignages des jeunes participants,
le courrier postal n'est plus utilisé, tout comme les envois de
cassettes enregistrées, si tant est qu'il y en ait eu. Il est
effectivement plus facile, plus rapide et plus interactif de
téléphoner, d'envoyer des textos ou des courriels quand les
réseaux le permettent.
Les envois de colis ne passent pas non plus par la poste ou
les opérateurs privés, coûteux, mais plutôt par la
voie affinitaire : parents ou amis se rendant au pays les emportent dans leurs
bagages.
1.3. Les déplacements :
La fréquence des voyages vers le pays d'origine est
très différente d'une famille à l'autre, certains jeunes
s'y rendent régulièrement en vacances, d'autres rarement, voire
jamais. Il semble difficile d'établir une corrélation entre les
séjours effectués et les projets de retour ou non. Ceux-ci
semblent s'intégrer dans une logique plus globale de maintien des liens
affectifs avec la famille d'origine et à travers elle, avec le pays. Les
voyages n'en constituant qu'un élément. Dans un certain nombre de
familles, ce sont plutôt les parents qui rendent visite à la
famille restée sur leur île, notamment en cas d'affaires à
gérer ou de problèmes de santé chez les ascendants.
Comme nous l'avons signalé, les Mahoro-Comoriens
à la Réunion accueillent chez elles les membres de la famille
habitant au pays qui viennent à la Réunion, temporairement ou
plus durablement. L'attribution de logements sociaux est
généralement longue et difficile, le recours à la famille
locale s'impose. Cela fait partie de la solidarité envers la famille
originelle au prix parfois de conditions d'habitation difficiles. Il s'agit ici
encore d'un point de rapprochement avec la plupart des migrants.
150
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2. Les pratiques médiatiques
2.1. Information et distraction : priorité
à la télévision
Premier média d'information des jeunes
mahoro-comoriens, ils se disent tous téléspectateurs
réguliers, plus ou moins grands consommateurs. Plus de la moitié
d'entre eux suit le journal télévisé (JT) mahorais et/ou
comorien sur les chaînes à abonnement. Une majorité suit le
JT réunionnais et/ou national, et souvent les deux.
Les JT sont regardés ensemble, Fatima ajoute que «
C'est un moyen de communication pour les familles ».
Cela occupe une partie importante de leur temps de
téléspectateur, en moyenne trois heures et demie quotidiennes en
semaine ; le double, sept heures par jour déclarées le week-end.
On regarde « beaucoup, la Tv est allumée en permanence, donc tu
es obligée de regarder » dit Samia, « et le week-end
on regarde encore plus, on a plus de temps ».
Les autres programmes suivis par les filles sont
principalement les séries et « telenovelas », « on ne
les rate jamais, si elles tombent en même temps, on enregistre ! »
souvent en compagnie de la mère pour qui télévision
et radio peuvent permettre de mieux connaître une langue et une culture
qui leur sont parfois encore étrangers, ce qui n'est pas le cas des
jeunes « quand elle ne comprend pas bien le français, on lui
traduit » explique Ibrahim.
Cela peut-aussi être l'occasion de faire passer des
éléments de culture ou des valeurs aux enfants « elle
aime bien Bollywood, les rôles sociaux sont clairs, les filles savent se
tenir, les gens sont bien élevés... ça correspond aux
normes musulmanes » précise encore Ibrahim.
Les garçons se disent plus attirés par les
reportages, les films et le sport.
Cette information est à rapprocher des chiffres
nettement inférieurs donnés par les jeunes créoles : un
sur huit seulement regarde le JT ; ils suivent des émissions pendant une
heure et demie et quatre heures et demie respectivement, avec une
préférence annoncée pour les reportages et la
téléréalité, qui ne semble pas attirer les
Mahoro-Comoriens.
On peut donc considérer que les jeunes Mahoro-Comoriens
sont mieux informés et sur ce point plus ouverts que leurs homologues
Créoles.
151
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.2. Les autres médias : sous-utilisation
2.2.1. Sous-consommation de radio, distraction ou
information
Les jeunes Mahoro-Comoriens dans leur majorité ne sont
pas des auditeurs réguliers. Ceux qui le sont annoncent une heure et
quart d'écoute quotidienne en moyenne en semaine, deux heures et quart
le week-end. Dans le même temps, les jeunes créoles sont des
auditeurs fidèles dans cinq cas sur six et annoncent des durées
d'écoute de deux heures et demie et cinq heures respectivement.
Ecouter la radio ? « C'est rare, parfois, si on n'a
rien à faire », plutôt NRJ (ou autres chaînes
à public jeune) « Ah, et freedom-dom-dom en voiture avec les
parents ! » l'avis de Mariama et Samia est représentatif de
celui de leurs camarades ; « radio la-di, la-fe » (radio
ragots, en créole) précisent-elles encore en riant.
Freedom est écoutée par les jeunes
Mahoro-Comoriens deux fois plus souvent qu'NRJ, quand les jeunes créoles
donnent leur préférence à NRJ ou Exo-FM deux fois plus
souvent qu'à Freedom.
Radio Freedom est la radio « créole »
emblématique de la Réunion, elle propose des émissions et
services de proximité, des actualités locales « chaudes
» en direct, avec une forte interactivité des auditeurs, en termes
d'information locale (trafic routier, mouvements sociaux...) et d'opinion. Cet
émetteur populaire, véritable espace public pour les auditeurs et
précieux en cas de perturbations, est le préféré
des réunionnais (40% des auditeurs, soit 4 fois plus que les suivantes
-Mesure Métridom décembre 2011).
L'intérêt de la radio pour les participants
mahoro-comoriens est principalement de se distraire. Elle n'a pas pour eux de
visée intégrative ni même informative, ce dernier
rôle étant plutôt dévolu à la
télévision, parfois à Internet.
Ils ne se sentent pas concernés par les mouvements
sociaux réunionnais « ça ne changera rien (pour
nous) » estiment Salima et Fatima. Kaycha précise qu'elle ne suit
guère les informations à la radio que « quand il y a des
évènements » (à Mayotte) et dans ce cas,
écoute Freedom.
Il existait une radio mahoraise (Radio Mayotte Jeunesse - RMJ)
à la Réunion avant la réattribution des fréquences
en novembre 2011, mais elle n'émet plus depuis cette date, signe de la
fragilité des médias identitaires, sur l'île comme en
Métropole.
152
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Aucun des jeunes interrogés, mahorais, comorien ou
créole ne participe aux émissions de radio ni de
télévision par des votes ou des contacts, considérant
qu'il y a « arnaque » (Madi), qu'« on y perd toutes
ses unités » (Izati).
L'une des participantes est fière d'avoir
été le sujet d'un reportage : « une fois j'ai
été interviewée par Télé Comores, avec mon
association » dit Mariama. Il faut effectivement que le média
aille à la rencontre des jeunes Mahoro-Comoriens, comme de leurs parents
pour qu'il y ait interactivité. Cela ne fait manifestement pas partie de
leur culture identitaire, ni en tant que jeunes.
2.2.2. Pas de presse quotidienne, peu ou pas de presse
magazine 2.2.2.1. La presse quotidienne régionale (PQR)
Elle est représentée à la Réunion
par trois titres dont deux généralistes (le JIR -Journal de
l'Île de la Réunion-, et le Quotidien) ainsi que
Témoignages, organe d'informations générales du PCR-Parti
Communiste Réunionnais).
Aucun des jeunes mahoro-comoriens participant à la
recherche ne lit la PQR, ou très exceptionnellement. Les nouvelles
locales ne concernent généralement pas leur communauté et
ils ne se sentent pas très concernés par les autres nouvelles
locales.
Cette pratique diffère de celle des jeunes
créoles. Un tiers d'entre eux affirme lire la PQR réunionnaise
chaque semaine (fréquence corrélée à celle des
suppléments TV ou magazine femme), ou plus souvent. Les deux tiers
néanmoins avouent ne consulter la PQR que rarement ou jamais «
le journal, c'est pour les vieux » (résultats obtenus
auprès de la classe « témoin » réunionnaise en
avril 2012, voir méthodologie)
Une participante, étudiante à
l'Université, signale être abonnée à un journal
mahorais en ligne « Zaleo » (newsletter zaleo.mayottehebdo.com/ -
Mayotte)
2.2.2.2. Les magazines
Les jeunes mahoro-comoriens ne sont pas des lecteurs de
magazines, aucun d'entre eux ne consomme de presse nationale ou internationale,
pas plus que de leur île d'origine. Rares sont ceux qui consultent les
magazines locaux, les seuls titres cités sont des magazines de
programmes télévisuels. Plusieurs précisent qu'ils en
lisaient « avant ».
153
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Aucun ne cite de presse féminine ou « people
». Salima et Fatima précisent « J'en ai déjà
vu un », « Moi c'est quand je vais chez le médecin
».
Cela constitue encore une différence par rapport
à leurs camarades créoles (classe « témoin »)
qui sont majoritairement lecteurs de magazines télévisuels ou
féminins locaux (souvent en supplément hebdomadaire de la PQR) ;
un tiers d'entre eux dit lire également la presse magazine nationale et
internationale, particulièrement la presse féminine ou «
people ».
2.2.3. Affichages communautaires, événementiels,
discrets et peu fréquents
S'ils sont nombreux à penser qu'il conviendrait de
mieux faire connaître leur culture, force est de constater la
discrétion qui caractérise leurs évènementiels :
les galas de danses traditionnelles ne sont pas médiatisés,
connus seulement de la communauté et de rares invités ; les rares
opérations relationnelles des associations d'étudiants ne sont
annoncées que par quelques affichettes placées sur le campus. Il
existe une fédération des associations mahoraises à la
Réunion (SORODA), devenue « Fédération des
Associations Mahoraises Actives de la Réunion (FAMAR) », le 16
avril 2012 (déclaration en Préfecture de Saint Denis), mais ses
actions sont assez peu médiatisées.
2.3. Des pratiques médiatiques
spécifiques
En termes de pratiques médiatiques, on peut dire que
les jeunes Mahorais et Comoriens sont peu adeptes de l'imprimé mais se
comportent en téléspectateurs réguliers et
intéressés, pour son intérêt informatif, culturel et
distrayant, mais aussi en tant que moyen de partager des instants en
famille.
La radio vient en relais de ces rôles, mais très en
retrait.
Aucune interactivité de la part des Mahorais comme des
Comoriens. Ils ne prennent ni la plume ni la parole et n'interviennent
aucunement dans l'espace public médiatique, sauf parfois en tant que
sujet de société, comme l'ont indiqué les recherches
citées en première partie.
154
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Il n'existe pas, ou plus de médias identitaires pour
eux à la Réunion, qui ne peuvent donc pas remplir de fonction
communautaire, rôle dévolu aux associations.
Même si les technologies numériques leur
permettent d'accéder aux informations de leurs îles d'origine,
elles ne sont pas utilisées pour une démarche volontaire
d'engagement : pas de souhait exprimé de participer à distance ou
dans l'avenir à la vie publique de leur communauté d'origine.
Les fonctions intégratrices des médias sont plus
intéressantes : apprentissage de la langue, bain culturel créole,
français et global, elles constituent des possibilités
d'apprentissage de la langue française et créole dans une moindre
mesure ; ainsi qu'un moteur d'évolution de leurs conceptions sociales,
en les accoutumant à d'autres modes de vie et de pensée.
Cette dernière analyse est surtout vraie pour les
parents, elle donne en cela un rôle d'initiateur, de prescripteur (en
termes d'équipements), parfois d'interprète « on
traduit, on leur explique les feuilletons » (Ibrahim). L'enfant
devenu médiateur entre ses parents et la société d'accueil
sur le plan linguistique et parfois culturel, acteur d'une
rétrosocialisation observée aussi en Métropole, peut ainsi
s'émanciper et devenir un interlocuteur et non plus simplement un
apprenant des traditions établies, ce qui fait évoluer les
relations familiales.
Par contrecoup, cela facilite leur intégration dans la
société créole où les jeunes ont désormais
des possibilités d'expression et de prescription importantes.
155
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
3. Les usages des TIC par les jeunes
Mahoro-Comoriens
L'équipement en ordinateurs portables (programme Plan
Ordinateur Portable -POP- de la Région Réunion depuis 2010) des
lycéens en classe de seconde (lycée général,
technologique ou professionnel) a permis aux jeunes d'accéder à
un équipement personnel, hors du contrôle direct des parents. Ici
comme ailleurs, les jeunes sont souvent les initiateurs des parents aux TIC.
3.1. Des appartenances
complémentaires
Les technologies numériques peuvent servir à
favoriser l'acquisition de l'information, de la culture ou être
utilisées en tant que moyen de contact.
Les jeunes Mahoro-Comoriens s'informent en priorité par
la télévision, acquièrent et enrichissent leur culture par
l'école sur le plan didactique, et par le réseau identitaire en
termes de tradition et de religion. Ils utilisent donc les TIC d'abord pour
communiquer. Pour eux les technologies numériques représentent
surtout du lien.
Comme nous l'avons montré, les réseaux amicaux
des jeunes mahoro-comoriens sont composés suivant leur logique
affinitaire : d'abord la famille, les groupes identitaires, mais aussi les
jeunes créoles. Pour leurs interactions sociales, ils utilisent les
moyens habituels des adolescents occidentaux.
Avant même de recourir aux moyens de communication
téléphoniques ou numériques, leur premier mode de
communication est le contact direct, évoqué par tous les
participants. Cet élément, qui peut sembler une évidence,
montre simplement que les contacts de proximité sont
prépondérants par rapport aux relations à distance. Cela
est normal pour des adolescents, pour qui l'influence de leurs pairs, et
particulièrement des groupes d'appartenance de proximité est
prépondérant.
Dans le cas des jeunes mahoro-comoriens, ces groupes
s'inscrivent dans le contexte relationnel du quartier dans lequel ils habitent,
dont l'importance a été signalée par M. Watin (op.
cité), mais dans une moindre mesure que les jeunes créoles.
Cette intégration géographique est
généralement renforcée par le contexte scolaire (qui peut
devenir distinct du quartier à partir du lycée).
156
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Le troisième groupe de référence et
d'amitié est constitué par les groupes identitaires. Nous avons
noté que les groupes identitaires sont dans la plupart des cas
reconstitués en milieu scolaire et associatif au delà des
quartiers d'habitation.
Une triple allégeance donc pour ces jeunes, qui se
traduit dans leurs contacts téléphoniques et
numériques.
Les jeunes mahoro-comoriens disposent et utilisent avec
aisance d'un ensemble de moyens de communication complémentaires
3.2. Le téléphone portable
Le portable est l'outil de communication de proximité
privilégié entre jeunes, appareil personnel, parfois
financé par le jeune lui-même qui suit de près sa
consommation quand il n'a pas la chance de disposer d'un abonnement
illimité. Tous les jeunes participants affirment en avoir un, parfois
plusieurs.
La très grande majorité (quatre sur cinq) des
jeunes mahoro-comoriens possèdent un portable de type smartphone
(ordiphone ou téléphone intelligent), capable de se connecter
à Internet, plusieurs disposent également d'un poste classique
sans écran tactile. Les proportions sont les mêmes (80%) pour les
jeunes créoles d'origines sociales comparables (classe «
témoin »).
La messagerie texto (sms) est souvent
prépondérante : plus rapide, plus discrète, plus
économique, à la Réunion comme en métropole. Les
jeunes réunionnais de toutes origines sont adeptes des abonnements
« sms illimités » à coût modéré que
les opérateurs leur destinent. Ces messages établissent un lien
quasi-permanent avec les amis et la famille, bien que certains parents n'ont
pas adopté la pratique du texto. Certaines envoient également des
mms (sms avec fichier image).
La plupart des jeunes téléphonent
également à leurs réseaux affinitaires, quelques filles
précisent néanmoins comme Mariama et Samia que c'est «
pour finir le crédit ». Rappelons que les portables sont
parfois aussi employés pour appeler Mayotte.
Les ordiphones ne sont utilisés pour accéder
à Internet que par la moitié des jeunes Mahoro-Comoriens qui en
disposent, alors que la proportion est des trois quarts pour les jeunes
créoles. Ces connexions se font presque toujours pour rejoindre les
réseaux sociaux numériques et non
157
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
pour effectuer des recherches (un sur quatre), alors que c'est
le cas de la majorité des jeunes Créoles (près de 6 sur 10
dans le groupe « témoin »). Ce qui semble indiquer pour les
Mahoro-Comoriens une moins bonne maîtrise de l'outil, ou une moindre
aisance dans son utilisation.
Dans la plupart des cas, les participants ne
considèrent pas les portables comme des outils d'insertion, mais
simplement de communication, faisant ainsi la distinction entre contact et
intégration. Quelques filles notent cependant que cela permet d'
« être enfin joignable ! » Samia, et d'être
« comme eux » Fatima, faisant ainsi remarquer que ne pas
l'avoir rend les relations plus difficiles.
En ce qui concerne le maintien des racines et de la culture,
leur analyse est similaire mais ils considèrent que la
possibilité de contacter la famille à l'extérieur de la
Réunion permet de maintenir le lien.
Simple communication ou lien intégratif, le même
outil utilisé avec des correspondants différents trouve sa
différence dans l'intensité affective du contact. Une
manière comme une autre de préciser que si leur vie est
actuellement ici, leur coeur est plutôt là-bas.
3.3. Internet
3.3.1. Des modes de connexion multiples
Les jeunes mahoro-comoriens participants sont tous sont des
internautes, presque tous ont un ordinateur portable avec lequel ils se
connectent, la plupart (quatre fois sur cinq) se connectent également
depuis le poste familial. Tous utilisent plusieurs modes de connexion, en
comprenant aussi les accès par téléphone et chez les
membres de leur entourage.
Ces usages ne tiennent pas compte des connexions au
lycée ou à l'Université, réservées au
travail scolaire. Ces utilisations ne sont pas citées
spontanément, ce qui montre que pour ces jeunes, l'accès à
la toile numérique est avant tout une pratique relationnelle et
ludique.
Nous avons signalé que les parents s'équipaient
en informatique et en accès pour permettre la formation et la
réussite scolaire des jeunes ; il est manifeste que ceux-ci en ont
détourné l'usage.
Les observations effectuées sur les classes
technologiques réunionnaises montrent que les élèves ont
une très bonne dextérité dans leurs pratiques habituelles
(réseaux sociaux, téléchargements de musiques, de jeux
suivant les individus), mais que les recherches scolaires s'avèrent
158
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
laborieuses, peu rigoureuses et peu réfléchies,
signe de leur moindre pratique et surtout du moindre intérêt
qu'ils y accordent. Ce dernier point étant valable pour les jeunes,
immigrés comme créoles.
3.3.2. Les réseaux sociaux virtuels
Tous les participants utilisent les réseaux sociaux
numériques, et tout particulièrement Facebook. En fonction de
leurs contraintes, notamment scolaires et centres d'intérêt, le
degré d'activité est très variable d'un participant et
d'une période à l'autre. Certains y sont simplement
présents et surtout observateurs, d'autres très actifs,
particulièrement les filles.
3.3.2.1. Les « amis » Facebook
Il ne nous a pas été possible de réaliser
une étude spécifique sur les usages, mais nous pouvons constater
que les réseaux amicaux sont étendus, au delà d'une
centaine d'amis, si ce n'est pas le cas des participantes, quelques filles
parmi leurs connaissances comptent plus de 1000 amis.
Rappelons que sur Facebook il suffit à un abonné
de le proposer à un autre, connu ou inconnu, pour devenir son ami, si
celui-ci manifeste son acceptation par un simple clic de souris. Cela
n'implique aucune obligation en termes de contacts ou d'échanges de
communication, mais un accès aux informations personnelles des amis.
Le nombre d'amis n'est pas directement corrélé
avec l'intensité de l'activité, quelques participantes (et encore
plus certaines de leurs connaissances) semblent être des collectionneuses
de contacts, gage peut-être de popularité, mais n'interviennent
guère ; d'autres à l'inverse telles que Amina et Ida ont un
réseau plus resserré mais publient régulièrement
des messages, des états d'âme, des photos.
Les réseaux amicaux des jeunes mahoro-comoriens sont
principalement identitaires, en premier lieu locaux, puis avec le pays
d'origine, enfin en Métropole et plus marginalement à
l'étranger.
Les amis créoles sont principalement issus des contacts
scolaires actuels ou passés, les échanges de messages
consultables affichés sur les « murs » s'effectuent avec les
deux groupes sans différenciation.
159
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
3.3.2.2. Des identités plus ou moins
masquées
Les noms employés pour s'identifier sont souvent des
pseudonymes construits à partir de leur prénom et/ou patronyme,
ou d'une caractéristique ethnique, comportementale ou physique qu'ils
mettent en avant.
Ces identifiants (il est difficile de les citer sans briser
l'anonymat des participants), souvent à base d'anglais évoquent
les « pidgin » ou créoles anglophones dans une logique de
globalisation culturelle (évocation de personnalités ou de
légendes urbaines).
On note un recours fréquent au doublement (ou plus) des
voyelles (plus souvent des j ou des e pour les filles, des
o ou des a pour les garçons, ce qui féminise ou
masculinise le terme) ; dans les pseudonymes, mais aussi parfois dans les
textes des messages des filles.
Il convient de remarquer qu'aucune ambigüité
n'existe sur le genre des uns et des autres, chacun restant dans des attitudes
classiques, communes à la société créole et
mahoro-comorienne (garçons virils et séducteurs, filles
charmeuses et tendres, dépositaires de l'esprit de famille).
3.3.2.3. Les langages employés
Les langages utilisés lors de ces échanges en
affichage sont principalement de type sms, à base de français,
avec une présence régulière de termes créoles ou
mahoro-comoriens en fonction des cibles de destinataires.
On retrouve ainsi la double inscription culturelle, ancrage
identitaire et créolisation, mais avec une prééminence du
français. Cette pratique diffère encore de celle des jeunes
créoles qui utilisent plus volontiers leur langue vernaculaire pour les
échanges informels.
Le ton général des échanges est celui
d'une convivialité qui n'exclut pas les taquineries. En particulier, les
attaques portent sur une surexposition, ou une activité ludique ou
festive non partagée avec l'ami qui réagit à ce manque de
convivialité. A l'inverse, les compliments sont assez nombreux et
généreux, parfois dithyrambiques, les qualificatifs relevant des
champs lexicaux de « princesse », « merveille », ou autres
« superman » sont fréquents, souvent auto-attribués
sans que cela gène.
160
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
3.3.2.4. L'iconographie
Les images consultables publiées par les jeunes filles,
et au premier titre leur « photo du profil », comportent des
photographies identitaires, famille, activités communautaires, souvent
en costumes traditionnels.
Dans une moindre mesure, elles publient aussi des images
symboliques, fleurs, petits animaux, peluches évoquant la tendresse avec
des messages moraux ou philosophiques, comme de nombreuses adolescentes de
toutes origines.
Plus rarement, elles se « mettent en scène »
dans une logique de séduction qui reste néanmoins toujours dans
les limites de l'acceptable par leurs référents culturels.
Les garçons présentent plutôt des
clichés d'activités associatives ou de groupes d'amis en
situation.
Les deux complètent leur identité visuelle sur
le réseau par des images qui affirment les éléments
d'identité qu'ils souhaitent mettre en avant : selon le cas, force ou
virilité, séduction, ainsi que des marques commerciales de
référence, des marqueurs culturels de leurs origines ; avec une
dose d'humour et d'autodérision.
Le réseau virtuel se situe dans un espace entre la
fantaisie et la réalité, dans une sorte de jeu de rôle
où seule la cohérence est requise. Ces observations sont
naturellement valables pour les jeunes mahoro-comoriens de la Réunion,
mais peuvent certainement être étendues aux jeunes créoles
et rencontrées chez les jeunes immigrés en Métropole.
Le réseau social donne également accès
à des jeux auxquels certaines filles recourent en période de
moindre activité, particulièrement jeux sociaux (villes ou
familles virtuelles).
Les diffusions de clips vidéos musicaux ou
humoristiques sont moins fréquentes, et notamment beaucoup moins que
parmi les jeunes créoles.
3.3.2.5. Usages et stratégies personnelles
On peut considérer que les jeunes mahoro-comoriens
utilisent Facebook pour s'identifier, s'ancrer, s'affirmer en tant qu'individus
et membres de leurs groupes d'appartenance. Les
161
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
interactions de ce réseau ont ainsi un effet
structurant pour l'identité des jeunes participants sur le plan de la
personnalité comme sur le plan social. En cela ils sont naturellement
complémentaires des autres modes de contact, directs et
téléphoniques.
Les forums de discussion, les t'chat attirent moins de la
moitié des participants. Ceux qui interviennent le font
généralement sur des sites identitaires mahorais ou comoriens,
localisés dans ces îles ou en Métropole, ou sur les pages
facebook identitaires.
Aux composantes identitaires près, les pratiques de
communication entre pairs des jeunes mahoro-comoriens ne diffèrent
guère de celles des créoles, mis à part le fait qu'ils
semblent un peu moins à l'aise avec l'outil en tant que tel.
3.3.3. La messagerie sur Internet
Les messageries Internet sont utilisées par les deux
tiers des jeunes participants. Certains types de communications, notamment
scolaires ou professionnelles (démarchage de stages), certains messages
plus « sérieux », ou devant être
accompagnés de pièces jointes, sont effectués par
courriel.
On aura compris qu'il ne s'agit pas d'une pratique habituelle
ou prioritaire chez eux mais simplement un complément utile quand les
autres moyens de communication (directe, sms, appel sur le portable, facebook,
dans l'ordre d'utilisation) ont atteint leurs limites. Cette pratique souvent
impulsée par les enseignants, ne diffère pas non plus de celles
observées auprès de leurs homonymes créoles.
3.3.4. Les jeux en réseau
Les jeux vidéo en ligne et plus particulièrement
en réseau ne sont pas une pratique courante chez les adolescents
mahoro-comoriens. Un seul participant se déclare pratiquant de jeux en
réseau, en interaction avec des joueurs de toutes origines dans le
monde. Son cas est connu et signalé comme une exception par les autres
jeunes de sa communauté. Les autres garçons étant
plutôt utilisateurs de consoles individuelles.
Les filles se disent généralement peu
intéressées par les jeux vidéo. De leur côté,
la moitié des jeunes créoles (logiquement garçons plus que
filles) se disent adeptes des jeux en réseau.
162
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
3.3.5. Sites identitaires, pas
diasporiques
Nous avons indiqué que les sites identitaires des
migrants sont souvent éphémères, c'est également le
cas de ceux des Mahorais comme des Comoriens. Situés dans les îles
d'origine, à la Réunion ou en Métropole, leur
succès et leur durée sont très variables, en fonction de
l'intérêt de leur contenu et leur capacité à
rassembler.
Claire Scopsi (op. cité) définit comme
diasporiques les sites « produits par des communautés
transnationales depuis un des lieux de dispersion, s'organisant autour d'un ou
de plusieurs éléments culturels partagés (langue,
religion, appartenance ethnique), s'adressant explicitement aux membres de la
communauté dispersés dans le monde par la migration et
éventuellement à la population restée dans le homeland en
contribuant à la conscience du lien identitaire, à son
affirmation publique et à sa concrétisation par des actions de
revendication, de représentation ou de développement
économique et culturel au profit de ses membres. »
Parmi ceux que nous avons pu consulter, sites, blogs ou pages
Facebook, aucun ne peut revendiquer légitimement l'appellation de
diasporique.
Citons le cas de « Comores online » (
http://www.comores-online.com/accueil.htm),
parfois donné en exemple, qui a toujours été en ligne,
mais n'est plus qu'un guide des activités aux Comores, émettant
depuis ce pays et se présentant comme un « portail », ce qui
ne représente pas l'esprit diasporique.
Inversement, comme nous l'avons vu en première partie,
d'autres sites localisés dans les pays d'accueil proposent des
activités communautaires ou intégratives aux originaires sur
leurs lieux d'immigration.
Les sites localisés à Mayotte ou aux Comores
proposent avant tout des informations locales, rediffusant le contenu d'autres
médias et voulant faire mieux connaître le pays aux originaires
comme aux visiteurs.
Certains, tels que « Mayotte online » (
http://www.mayotte-online.com/)
comportent des espaces de discussion. « Entre mahorais (du monde)
on se rencontre, on peut faire connaissance, savoir comment eux vivent, si
c'est différent, on peut discuter » explique Fatima. Plus
informatif que diasporique, il se contente de relayer des informations locales
sans intervenir autrement sur ou pour les membres de la communauté
mahoraise à l'extérieur de l'île.
163
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Ces sites ne sont en fait ni intégratifs, ni vraiment
identitaires. Par ailleurs, si on conçoit la diaspora comme une
dynamique non seulement de partage identitaire mais de création et
d'évolution culturelle, ce n'est pas le cas des sites actuels.
D'autres, comme c'est le cas des groupes sur Facebook se
contentent d'évoquer des éléments de culture commune et
proposent des échanges entre les sympathisants, « les groupes
sur Facebook t'invitent, tu peux en faire partie » explique
Fatima. Des « amis » qui finalement n'ont pas grand chose
à se dire après avoir adhéré et appuyé sur
l'icône « j'aime ».
Ce n'est donc pas là que les jeunes mahorais ou
comoriens trouvent le lien qu'ils recherchent, tout au plus quelques
interactions superficielles.
Un autre élément qui permet d'affirmer que ces
sites ne sont pas ceux d'une diaspora est l'absence d'un projet commun de
retour. Il leur manque également la volonté d'intervenir
économiquement, politiquement ou sur le plan social dans le pays
d'origine.
De tels projets ne semblent pas correspondre aux souhaits
exprimés par les Mahorais et Comoriens expatriés qui sont
plutôt d'ordre individuel ou familial. Cela explique certainement aussi
l'absence de sites diasporiques.
3.3.6. Utilisateurs, pas interacteurs
Les jeunes mahoro-comoriens de la Réunion se comportent
plus en spectateurs qu'en acteurs sur le net, ils n'utilisent pas les
possibilités du web 2.0., ne cherchent guère
d'interactivité autre qu'avec leurs pairs et leurs proches.
Contrairement à d'autres immigrants, ils ne portent pas
de projet politique ou social localement ni au pays. Leurs parcours et projets
sont personnels ou familiaux.
Cela peut peut-être s'expliquer par le fait qu'ils se
sentent en transition vers un pays originel idéalisé, ou vers une
Métropole perçue à nouveau comme une terre
d'opportunités individuelles, ce qui leur retire aussi l'envie de
revendiquer et d'agir à la Réunion.
En ce sens encore ils se rapprochent des jeunes
créoles, critiques mais peu revendicatifs, intéressés par
les évolutions sociales mais sans se sentir partie prenante, peu ou pas
concernés par la politique ; finalement plus consommateurs
qu'acteurs.
164
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
CONCLUSIONS
Les jeunes mahorais et comoriens immigrants à la
Réunion ne sont pas des enfants de l'exil. Leur présence sur le
sol réunionnais est le résultat d'un choix de leurs parents,
à la recherche pour eux d'une meilleure vie, de plus grandes
possibilités d'études et de promotion sociale.
Migrants plutôt qu'immigrants, les Mahorais
établissent des plans de retour sur leur île d'origine. Quand les
enfants n'adhèrent pas à ce projet parental, c'est plutôt
dans l'intention d'effectuer une migration secondaire vers la Métropole
où ils espèrent trouver davantage d'opportunités.
Si le mythe du retour est fort chez les Mahorais, ce n'est pas
le cas pour les Comoriens. Les jeunes d'origine comorienne sont attirés
par la Métropole. Ni eux ni leurs parents ne caressent de projets de
retour vers l'Union des Comores.
Le maintien du lien avec le pays d'origine est une composante
importante de la vie pour les membres des deux groupes. Elle se traduit comme
pour les autres migrants par des communications, des attentes d'assistance
d'une part, de conservation de la place au sein de la famille, de l'autre.
Les jeunes mahorais et comoriens se considèrent dans
une logique migratoire plus que d'immigration. La Réunion n'est pas leur
premier choix de destination, ils n'y resteraient que par défaut, et
notamment par crainte de s'éloigner de leurs proches.
Ils ressentent une hostilité et des attitudes
discriminatoires de la part de la population majoritaire créole, qui les
regroupe dans une même vision péjorative en les qualifiant de
« ban'Comor' » pour en faire le bouc émissaire des
difficultés sociales réunionnaises. Mahorais et Comoriens se
sentent distincts et voudraient que cette différence soit reconnue, que
leur culture identitaire soit mieux acceptée par les Créoles.
Les différences que les Créoles
perçoivent chez eux constituent pourtant le support des discriminations,
notamment professionnelles, qu'ils subissent.
Leurs stratégies adaptatives sont combinatoires,
parvenir à une insertion satisfaisante pendant la durée de leur
séjour réunionnais tout en entretenant leur culture originelle,
et leur pratique religieuse islamique en premier lieu. Les Créoles
préféreraient certainement les voir se couler dans le moule de la
créolisation avec la même discrétion que les groupes
précédemment arrivés
165
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
et intégrés. La stigmatisation portant ici comme
ailleurs sur les différences ostensibles (c'est notamment le cas des
z'arabes et des zoreils).
C'est pourtant l'ensemble de ces caractéristiques et
allégeances qui fonde et structure l'identité des jeunes mahorais
et comoriens. Si certains migrants souffrent d'un double rejet de la part de
leur pays d'origine et d'accueil, les Mahoro-Comoriens réunionnais,
particulièrement les natifs de l'île parviennent souvent à
intégrer une double identité dans une dynamique de
créolisation, qui semble néanmoins inachevée.
Ce dernier point mériterait certainement une recherche
plus approfondie, qui permettrait d'en déceler les évolutions
dans les prochaines années, et plus encore avec l'avènement de la
troisième génération.
Les Mahorais et Comoriens ne semblent pas subir à la
Réunion de ségrégation géographique, c'est
précisément la cohabitation au sein des quartiers et des
écoles qui est le premier vecteur d'intégration par
l'apprentissage de la langue créole, incontournable dans les relations
de proximité avec la population réunionnaise. A cette
dualité linguistique familière des Créoles s'ajoute la
pratique d'une ou plusieurs langues identitaires. Ce plurilinguisme ne
paraît pas constituer une véritable cause d'échec scolaire,
mais ne semble pas plus être un avantage.
Les jeunes mahorais et comoriens n'ont pas le sentiment que
leur présence ou celle de leurs parents ait été
jugée nécessaire ou souhaitée par les Réunionnais,
ce qui peut expliquer qu'on ne trouve pas d'esprit de revanche ni
d'animosité particulière de leur part, contrairement aux jeunes
immigrés métropolitains.
Ils ne ressentent pas de discrimination institutionnelle, et
gardent un grand espoir dans les possibilités de réussite
offertes par l'école, ce qui est beaucoup moins vrai pour les jeunes
créoles et migrants de Métropole. Leurs origines sociales
généralement modestes limitent néanmoins leurs
possibilités d'études et donc de réussite.
Leurs projets professionnels sont dirigés vers le
secteur privé et l'emploi dans l'administration centrale plutôt
que dans la fonction territoriale, contrairement aux jeunes créoles,
avantagés par une préférence régionale.
Les rôles au sein de la famille connaissent une remise
en cause, par la logique des générations, par la
fréquentation du mode de vie réunionnais, mais aussi et
peut-être surtout par la médiation
166
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
linguistique et technologique que doivent assurer les jeunes
Mahorais et Comoriens auprès de leurs parents à la
Réunion. Le concept de rétro-socialisation est intéressant
à cet égard dans ce sens qu'il évoque clairement la
dimension d'insertion et d'évolution sociale qu'il comporte. Si ces
jeunes sont souvent plus matures que leurs camarades créoles ou
métropolitains, ce rôle de médiateur en constitue
certainement l'explication.
La place des femmes mahoro-comoriennes évolue avec
l'immigration à la Réunion, encore souvent gardiennes des valeurs
et garantes de l'éducation, elles sont de plus la personne support des
aides sociales, et dans le cas des jeunes poursuivent des buts de
réussite professionnelle au même titre que leurs frères.
Les jeunes mahoro-comoriens sont de grands utilisateurs de
TIC, qui leur permettent la double présence chère à D.
Diminescu. Présence au pays d'origine par les communications
numériques satellitaires, présence dans la société
réunionnaise par les réseaux sociaux numériques et le
téléphone mobile, présence encore dans l'accès
à la culture moderne par les connexions Internet, notamment par les
ordiphones. Indiscutablement ces jeunes sont des migrants
multiconnectés. Leur capacité à interagir « ici et
là-bas », la double intégration revendiquée, ne sont
possibles que grâce à la disposition et la maîtrise des
outils de communication modernes.
Aux craintes de Z. Baumann sur le risque de
déstructuration liée au remplacement des structures par les
réseaux, les jeunes mahoro-comoriens de la Réunion
répondent en conciliant une forte mise en oeuvre des réseaux
affinitaires par voie téléphonique et par les réseaux
sociaux, autant sur le plan intégratif que communautaire, avec une
participation physique aux structures familiales et sociales existantes, dont
ils ne remettent nullement en cause le fonctionnement ou le bien-fondé,
et auxquelles ils tiennent.
A la Réunion comme ailleurs, les jeunes qui effectuent
le plus grand nombre d'interactions numériques sont aussi ceux qui
communiquent le plus en direct. Ce moyen est d'ailleurs le premier cité
par les participants dans leurs modes de contact avec leurs amis. Grands
utilisateurs de nouvelles technologies, ils en sont parfois peut-être
dépendants mais ne les subissent jamais.
Les TIC, qui pourraient également jouer un rôle
informatif ou d'apprentissage, ont pour eux une fonction presque exclusivement
sociale. Mais il peut sembler logique que pour des adolescents, et
particulièrement des jeunes migrants, le rôle structurant de leurs
relations sociales soit prépondérant. Dans ce sens les
technologies de l'information et la communication sont capitales et
irremplaçables.
167
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Les jeunes mahorais et comoriens de la Réunion ne
manifestent pas de volonté d'action positive à distance dans leur
pays d'origine, pas de projet d'action sociale, économique ou politique
concertée, pas d'intérêt pour une démarche
diasporique, mais simplement des projets personnels et familiaux.
Peut-être est-ce simplement trop tôt, et dans ce cas, une
étude ultérieure pourrait encore nous apporter la lumière
sur les évolutions de ces jeunes, devenus adultes
Les jeunes mahoro-comoriens sont tiraillés entre une
conformité aux traditions impulsée par les parents et
nécessaire à leur culture identitaire, et une conformation aux
modèles plus modernes imposés par l'école et la culture
jeune mondialisée. Cette situation n'est pas spécifique aux
jeunes étudiés, mais leurs réponses peuvent l'être.
Alors que les jeunes immigrés maghrébins ont
généralement rejeté le « bled »
considéré comme inférieur à l'occident, que les
Africains refusent de vivre « comme fon kondré » ("comme au
village" en pidjin), les Mahoro-Comoriens tiennent à concilier les deux
composantes.
Les jeunes mahoro-comoriens assument leur identité
noire, au même titre que les jeunes créoles "cafres" qui ont
vécu en Métropole. A mesure de leur intégration dans la
société créole, peut-être constitueront-ils le
médiateur qui permettra aux réunionnais de renouer avec leurs
racines africaines sans hontes ni complexes hérités du
passé, mais dans une perspective dynamique de revendication d'une
composante identitaire « black » mondialisée. Cette double
hypothèse optimiste (intégration des Mahoro-Comoriens et
valorisation identitaire), qui permettrait de passer d'une «
négritude » (au sens d'A. Césaire) subie et mal
assumée à une « blackitude » valorisante, même si
elle n'est qu'une perspective lointaine, mériterait certainement aussi
une recherche ultérieure.
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Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
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2005.
Watin Michel et Wolff Eliane, 2006 : «Entre
sociabilité communautaire et sociabilité sociétaire: la
famille réunionnaise confrontée aux «nouvelles»
technologies de communication»
Wolff Eliane, Quartiers de vie, approche ethnologique des
populations défavorisées de l'Ile de La Réunion,
CIIRF/ARCA, Saint Denis de la Réunion, Paris, Méridiens
Klincksieck). (1989)
Wolff Eliane, « Ecran et culture de pauvreté.
Le cas de la Réunion ». In: Réseaux, 1999, volume 17
n°92-93. pp. 219-240.
Zirotti Jean-Pierre, Cahiers de l'URMIS N°10-11 |
décembre 2006, « Discrimination : perspectives de la
psychologie sociale et de la sociologie : Les jugements des
élèves issus de l'immigration sur les décisions
d'orientation scolaire et les conditions de leur scolarisation »
176
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Annexes
Annexe 1 : tableau des participants mahoro-comoriens
Annexe 2 : questionnaires complétés par les participants
Annexe 2 : notes de transcription des entretiens avec
les participants
177
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Annexe 1 : tableau des participants
mahoro-comoriens
QUEST. N°
|
ENTRETIEN N°
|
PARTICIPANT
|
CLASSE
|
SEXE
|
ORIGINES
|
DUREE à LA
REUNION
|
NAISSANCE
|
SE SENT D'ABORD
|
1
|
|
AMINA
|
BTS
|
F
|
MAHORAISE
|
12 ANS
|
MAYOTTE
|
MAHORAISE FRANCAISE
|
2
|
2
|
IDA
|
BTS
|
F
|
MAHORAISE
|
10
|
MAYOTTE
|
MAHORAISE
|
3
|
2
|
IZATI
|
BTS
|
F
|
COMORIENNE MAHORAISE MALGACHE
|
19
|
RUN
|
MAHORAISE
|
4
|
|
KARIMA
|
1ère
|
F
|
MAHORAISE
|
16
|
MAYOTTE
|
MAHORAISE
|
5
|
1
|
SALIMA
|
1ère
|
F
|
MAHORAISE
|
17-18
|
MAYOTTE
|
UN PEU TOUT
|
6
|
|
MOHAMED
|
1ère
|
G
|
MAHORAIS MALGACHE
|
4
|
France
|
UN PEU TOUT
|
7
|
1
|
FATIMA
|
1ère
|
F
|
MAHORAISE COMORIENNE
|
17
|
RUN
|
MAHORAISE
|
8
|
|
MADI
|
1ère
|
G
|
COMORIEN MALGACHE
|
16
|
RUN
|
COMORIEN
|
9
|
|
OUSSENI
|
1ère
|
G
|
MAHORAIS COMORIEN
|
16
|
RUN
|
MAHORAIS
|
10
|
6
|
IBRAHIM
|
BTS
|
G
|
MAHORAISE MALGACHE
|
19
|
MAYOTTE
|
MAHORAIS
|
11
|
|
SAID
|
1ère
|
G
|
MAHORAIS
|
12
|
MAYOTTE
|
Français
|
12
|
3
|
KAYCHA
|
FAC
|
F
|
MAHORAISE
|
18
|
MAYOTTE
|
MAHORAISE
|
13
|
|
SAMIA
|
TERMIN ALE
|
F
|
MAHORAISE
|
14
|
MAYOTTE
|
MAHORAISE
|
14
|
5
|
MARIAMA
|
BTS
|
F
|
COMORIENNE MALGACHE
|
18
|
RUN
|
COMORIENN
E
|
15
|
5
|
LAYMIA
|
TERMIN ALE
|
F
|
COMORIENNE MALGACHE
|
17
|
RUN
|
UN PEU TOUT
|
16
|
4
|
ALI
|
FAC
|
G
|
COMORIEN
|
ETUDIAN
T
|
COMORES
|
COMORIEN
|
178
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Annexe 2 : questionnaires complétés par
les participants
(Transcriptions directes sans modification)
Questionnaire 1 : Amina (adressé et renvoyé par
Internet, complété sur traitement de texte)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celui qui ne convient pas
|
47. Culture, mode de vie : Quelle est ton
origine ? : mahoraise
|
|
48. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion ?
: 12 ans
|
|
49. Comment te considères-tu :
|
I
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
Les deux à la fois
|
I
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
50. Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ?
:
|
C'est ma vie, mon enfance, c'est tout pour moi
|
51. A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
I
|
oui
|
|
Non, pas vraiment
|
52. Si oui, laquelle ? :
|
Le langage, l'habillement
|
53. As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
I
|
des deux
|
54. A
|
ton avis, comment les créoles
|
|
perçoivent-ils
les jeunes mahorais/comoriens
|
?
|
un peu
|
Comme des gens qui n'ont pas de valeur qui sont
inférieur à eux
|
55. Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général
|
D'arrêter de parler leur langue (mahorais/ comorien)
|
56. Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent
de la Réunion en général ?
|
Qu'elle soit plus accueillante plus gentille avec eux
|
57. Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion:
|
Qu'elle soit plus accueillante plus gentille avec eux
|
58. Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
|
plutôt des mahorais / comoriens
|
|
plutôt des créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
|
Autres : mahorais comorien créole français
africain...
|
|
59.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
en créole en français
|
|
60.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
|
Le français,
le mahorais le malgache. Quand la personne ne comprend pas le
créole ou le français
|
61.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
Shoping
|
|
62.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
Aucun
|
|
63.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
de mieux s'intégrer à la Réunion
|
|
de mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
de maintenir la culture et les traditions d'origine
|
64.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
×
|
Oui,
|
|
Non, tellement
|
65.
|
Si oui, suivre la culture d'origine
|
est-ce
|
un peu
|
|
pas
|
|
un choix personnel
|
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
X
|
Les deux à la fois
|
|
66.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
|
|
I
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
|
67.
|
Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
Avoir
|
mon BTS reprendre l'entreprise de mon père qui se situe
à Mayotte
|
68.
|
Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
|
à la Réunion
|
|
à Mayotte, aux Comores
|
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
179
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
69. Pourquoi ce choix géographique ?
|
Pour mieux connaitre tout le monde les différents modes
de la vie de tout le monde
|
70. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
A m'aider a le réaliser
|
La communication entre jeunes :
|
71. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
I
|
Contact direct
|
I
|
Appel téléphonique
|
I
|
sms-mms
|
|
Messagerie Internet
|
I
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
72. Comment
|
te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou les bonnes
réponses) :
|
I
|
PC à la maison
|
I
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée
|
I
|
PC portable personnel
|
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
73. Quelles
|
utilisations fais-tu d'Internet (cocher la ou les bonnes
réponses) :
|
|
I
|
Messagerie
|
I
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
I
|
Travail scolaire
|
I
|
Tchat, forums
|
I
|
Recherches « fun »
|
|
Autres (quelles ?) :
|
74. Les réseaux sociaux (facebook, tweeter...) sont pour
toi :
|
|
plutôt un moyen de communiquer entre jeunes
mahorais-comoriens
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
I
|
les deux à la fois
|
75. Disposes-tu d'un téléphone portable personnel
?
|
I
|
normal à touches
|
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
76. Quelles utilisations fais-tu du téléphone
portable :
|
I
|
appel téléphonique
|
|
Internet messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
I
|
sms-mms
|
|
Internet recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
77. En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux t'intégrer à la Réunion ?
|
A communiquer
|
78. En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux garder tes racines et ta culture d'origine ?
|
En gardant le contacte
|
79. Médias : Combien d'heures par jour
regardes-tu la télévision en moyenne
|
Les jours de classe : 1h Le week-end :2h
|
80. Quelles chaînes, quelles émissions de
télévision suis-tu le plus souvent :
|
Réunion première
|
81. T'arrive-t'il de participer à une émission de
télévision locale et comment (vote sms...) ?
|
Non
|
82. Combien d'heures par jour écoutes-tu la
radio en moyenne ?
|
Les jours de classe : 30 min Le week-end :30 min
|
83. Quelles chaînes, quelles émissions de radio
suis-tu le plus souvent ?
|
NRJ
|
84. La radio est pour toi un moyen de
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes mahorais-comoriens
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
I
|
Surtout pour se distraire
|
|
Autre c
|
85.
|
T'arrive t'il de participer à une émission locale
de radio et comment (appel téléphone,
|
vote sms...) ?:
|
Non
|
|
|
86.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des journaux locaux (JIR,
quotidien, autres) ? :
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
I
|
87. Quels magazines locaux (réunionnais) lis-tu ? :
|
Aucun
|
88. Avec quelle fréquence lis-tu des magazines locaux
?
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
I
|
89. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
C bien fait j'aime bien rien à dire
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée !
|
180
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 2 : Ida (adressé et renvoyé par
Internet, complété sur traitement de texte)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
|
n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit
simplement de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
Mahoraise (parlant malgache)
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
à Mayotte
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
: 10 ans (arrivée à 9 ans)
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
X
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
|
|
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
5. Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ? :
Vacances, mais pas tous les ans
6. A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
X
|
Oui
|
|
Non, pas vraiment
|
7. Si
|
oui, laquelle ? :
|
|
|
Au niveau
|
du comportement des jeunes
|
|
|
8. As-tu
|
personnellement l'impression d'avoir
|
|
un mode de vie (cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
X
|
un peu des deux
|
9. A
|
ton avis, comment les créoles perçoivent-ils
|
les jeunes mahorais/comoriens ?
|
|
D'un mauvais
|
oeil, plupart d'entre eux sont
|
retissent envers nous
|
|
10. Que
|
penses-tu que les créoles attendent
|
des jeunes mahorais-comoriens en général ?
|
|
Franchement,
|
je ne sais pas
|
|
|
11. Que
|
penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens
|
attendent de la Réunion en général ?
|
|
Qu'ils
|
soient plus bien accueillit, qu'ils aient
|
leur place dans cette sociètè
|
|
12. Que
|
penses-tu que les adultes mahorais-comoriens
|
(parents, entourage, communauté) attendent
|
de la Réunion ?
|
Qu'ils prèjugèes.
|
soient plus respècter et que les crèoles
|
reconnaissent enfin leur nationalitè qui est «
française
|
», qu'ils arrêtent leurs
|
13. Tes
|
ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
|
fausses) :
|
|
|
Plutôt des mahorais / comoriens
|
|
|
Plutôt des créoles
|
X
|
Les 2 à égalité
|
|
Autres origines :
|
|
|
Un peu de tout
|
|
|
14. En quelle langue communiques-tu avec
|
tes amis en général :
|
le crèole
|
|
15.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans
|
ta vie courante, et dans quels cas ? :
|
Le malgache avec mes parents, le crèole avec
|
mes soeurs et frères.
|
16. Quelles activités partages-tu avec tes
|
ami(e)s principalement :
|
La danse, les sorties entre copines, le shopping.
|
|
17. De quels groupes (clubs, associations,
|
groupe de danse ...) fais-tu partie ? (en plus de ta famille et
de ta classe) :
|
Je fais plus partie d'un groupe
|
|
18. Penses-tu que les activités des associations
|
permettent (cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
|
X
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
|
Autre chose :
|
19. Tes choix vestimentaires sont-ils influencés
|
par ta culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
|
Oui, un peu
|
X
|
Non, pas tellement
|
20.
|
Quels autres éléments te permettent de garder ta
culture d'origine ?
|
|
|
21.
|
Suivre la culture d'origine est-ce
|
|
un choix personnel
|
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
|
Les deux à la fois
|
|
Très important
|
|
Pas si important
|
|
|
22. Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
X
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
23. Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
|
Faire un licence professionnelle après les BTS, sinon
devenir agent commercial.
|
181
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
24. Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
à la Réunion
|
X
|
aux
|
|
en métropole
|
|
Ailleurs ?)
(où :
|
25.
|
Pourquoi ce choix géographique
|
|
à Mayotte, Comores
?
|
|
|
|
|
Afin pays.
|
de participer au devellopement (Ida a par la suite
déclaré qu'il
|
de mon ile, et je suis nèe la bas et je compte lui
serait très difficile de quitter ses parents,
|
retourne y vivre après tout qui pensent rester ici)
|
cela. J'aime mon
|
26.
|
En quoi tes parents et ton entourage
|
influencent-ils tes projets ?
|
|
|
C'est
|
un choix personnel. (précise
|
: cela leur fait plaisir)
|
|
|
|
La communication
entre jeunes :
|
|
|
|
27.
|
Par quels moyens communiques-tu
|
avec tes amis ? (cocher la ou les bonnes
|
réponses) :
|
|
X
|
Contact direct
|
X
|
Appel téléphonique
|
|
X
|
|
sms-mms
|
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
|
|
Autres
(quels ?) :
|
28.
|
Comment te connectes-tu à Internet
|
? (cocher la ou les bonnes réponses)
|
:
|
|
|
PC à la maison
|
|
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
|
Avec les
|
PC du lycée
|
X
|
PC portable personnel
|
|
X
|
Avec ton téléphone
|
|
|
Dans
|
des lieux publics
|
29.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet
|
|
(cocher la ou les bonnes réponses)
|
:
|
|
|
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
X
|
Travail
|
scolaire
|
X
|
Tchat, forums
|
X
|
Recherches « fun »
|
|
|
|
Autres(quelles
?) :
|
30.
|
Les réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
sont pour toi :
|
|
|
|
|
plutôt un moyen de communiquer mahorais-comoriens
|
entre jeunes
|
|
plutôt un moyen avec les créoles
|
de s'intégrer
|
X
|
les deux à la fois
|
31. Disposes-tu d'un téléphone portable
|
personnel ?
|
|
|
|
normal à touches
|
X
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
P
|
32. Quelles utilisations fais-tu du téléphone
|
portable :
|
|
X
|
appel téléphonique
|
X
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
|
33. En quoi le téléphone portable te permet-il
|
de mieux t'intégrer à la Réunion ?
|
|
Pour moi c'est pas un moyen d'intègration
|
à la Reunion .
|
|
34. En quoi le téléphone portable te permet-il
|
de mieux garder tes racines et ta culture d'origine ?
|
|
|
|
|
35. Médias : Combien d'heures par
jour
|
regardes-tu la télévision en
moyenne
|
|
Les jours de classe : 30 minutes
|
Le week-end : (elle reste allumée) Toute
|
la journée
|
36. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de télévision suis-tu le plus souvent :
|
|
TEVA ET JUNE (JT Réunion, JT Mayotte,
|
telenovelas)
|
|
37. T'arrive t'il de participer à une émission
|
de télévision locale et comment (vote sms...) ?
|
|
Non (on ne gagne jamais)
|
|
|
38. Combien d'heures par jour écoutes-tu
|
la radio en moyenne ?
|
|
Les jours de classe : pas de radio
|
Le week-end : quand je peux
|
|
39. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de radio suis-tu le plus souvent ?
|
|
Freedom (en voiture, à la maison)
|
|
|
40. La radio est pour toi un moyen de
|
|
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes mahorais-comoriens
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
X
|
Surtout pour se distraire
|
|
|
Autre
chose :
|
41.
|
T'arrive t'il de participer à une émission
|
locale de radio et comment (appel téléphone, vote
sms...) ?:
|
|
Non
|
|
|
|
42.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des journaux
|
locaux (JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
43. Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
Magazines réunionnais : TELEMAG
|
Magazines mahorais/comoriens :
|
44. Avec quelle fréquence lis-tu des magazines locaux
réunionnais?
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
45. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
Non, pas du tout
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
182
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 3 : Izati (administration par l'enquêteur
au cours de l'entretien)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
Comorienne, Mahoraise, un petit peu Malgache
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
à la Réunion
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion ?
|
: toujours
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
X
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
|
|
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
5.
|
Quelles relations gardes-tu avec Mayotte (les Comores : pas
encore allée)
|
X
|
J'y vais régulièrement
|
X
|
La famille de
|
TV
|
J'écoute leurs informations locales
|
X
|
J'appelle et ils appellent
régulièrement
|
|
Mayotte/ Comores
|
|
Autres échanges, préciser : Tél. fixe et
Net
|
|
|
|
vient à la Réunion
|
|
|
6.
|
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
X
|
Oui
|
|
Non, pas vraiment
|
7.
|
Si oui, laquelle ? :
|
Culture
|
et langue
|
8.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie (cocher
la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
X
|
un peu des deux
|
9.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
C'est
|
différent selon les gens
|
10.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
Ne sait
|
pas
|
11.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
De l'aide
|
|
12.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
Une
|
meilleure vie pour leurs enfants
|
13.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
1
|
Plutôt des mahorais / comoriens
|
|
Plutôt des créoles
|
2
|
Les 2 à égalité
|
3
|
Autres origines : Malgaches
|
|
Un peu de tout
|
|
|
14.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
Créole, mahorais
|
|
15.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
Français
|
|
16.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
Discuter,
|
sorties, shopping
|
17.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
|
Association
Alfallah, culturelle mahoraise et comorienne
|
18.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
1
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
2
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
19.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
|
Oui, un peu
|
X
|
Non, pas tellement (mais foulard sur la tête)
|
20.
|
Quels autres éléments te permettent de garder ta
culture d'origine ?
|
La
|
religion, la nourriture
|
21.
|
Suivre la culture d'origine est-ce
|
X
|
un choix personnel
|
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
|
Les deux à la fois
|
X
|
Très important
|
|
Pas si important
|
|
|
22.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
X
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
23.
|
Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
BTS
|
|
24.
|
Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
à la Réunion
|
X
|
à Mayotte, aux Comores
|
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
|
|
|
|
|
|
|
|
183
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
25. Pourquoi ce choix géographique ?
|
Se sent plutôt Mahoraise
|
26. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
Un peu, mes projets sont d'abord personnels
|
La communication entre jeunes :
|
27. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
X
|
Appel téléphonique
|
X
|
sms-mms
|
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
28. Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou
les bonnes réponses) :
|
2
|
PC à la maison
|
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée (travail
|
|
|
|
|
|
seulement)
|
1
|
PC portable personnel
|
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
29.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet
|
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
X
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Travail scolaire (Pas trop)
|
|
Tchat, forums
|
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
30.
|
Les réseaux sociaux (facebook,
|
tweeter...) sont pour toi :
|
|
X
|
plutôt un moyen de communiquer jeunes
mahorais-comoriens
|
entre
|
X
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
|
les deux à la fois
|
31.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable
|
personnel ?
|
|
X
|
normal à touches
|
X
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas
|
tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
32.
|
Quelles utilisations fais-tu du
|
téléphone portable :
|
|
|
X
|
appel téléphonique
|
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
|
|
X
|
sms-mms
|
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles
|
?) :
|
|
33.
|
En quoi le téléphone portable
|
te permet-il de mieux t'intégrer à la
Réunion ?
|
|
|
Pas
|
|
|
|
|
34.
|
En quoi le téléphone portable
|
te permet-il de mieux garder tes racines et ta culture
|
d'origine ?
|
|
Pratique
|
de la langue
|
|
|
|
35.
|
Par quels moyens communiques-tu
|
avec la famille et les amis restés à
Mayotte/Comores
|
|
|
X
|
Téléphone fixe
|
X
|
|
portable
|
X
|
Envoi de paquets par des amis qui
|
|
|
Autres :
|
|
|
Courrier postal
|
|
|
Internet
|
|
font le voyage
|
|
|
|
|
36. Médias : Combien d'heures par
|
jour regardes-tu la télévision en
moyenne
|
|
|
(Les jours de classe & week-end) :
|
pas de TV sauf JT et telenovelas
|
|
|
37. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de télévision suis-tu le plus souvent :
|
|
|
JT et telenovelas
|
|
|
|
38. T'arrive t'il de participer à une
|
émission de télévision locale et comment
(vote sms...)
|
?
|
|
Non : la petite a épuisé tout son
crédit
|
en une seule fois...
|
|
|
39. Combien d'heures par jour écoutes-tu
|
la radio en moyenne ?
|
|
|
Les jours de classe : pas
|
Le week-end : pas
|
|
|
40. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de radio suis-tu le plus souvent ?
|
|
|
Freedom dans la voiture
|
|
|
|
41. La radio est pour toi un moyen
|
de
|
|
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes mahorais-comoriens
|
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
|
Surtout distraire
|
pour se
|
|
Autre
|
chose :
|
42. T'arrive t'il de participer à une
|
émission locale de radio et comment (appel
téléphone,
|
vote sms...) ?:
|
|
Non
|
|
|
|
43. Avec quelle fréquence lis-tu des
|
journaux locaux (JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
44.
|
Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
|
|
Magazines
réunionnais : Star Top
|
Magazines mahorais/comoriens
|
:
|
45.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des magazines locaux
réunionnais?
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
X
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
46. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
184
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 4 : Karima (autoadministration en
présence de l'enquêteur)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
Mahoraise
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
à Mayotte
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
: 16 ans
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
X
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
5.
|
Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ? :
|
Vacance
|
la bas, téléphone fixe pour comminiqué par
ma famille à l'étrangé.
|
6.
|
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
X
|
Oui
|
|
Non, pas vraiment
|
7.
|
Si oui, laquelle ? :
|
Il n'on
|
pas vraiment les mêmes culture
|
8.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
X
|
un peu des deux
|
9.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
Tout
|
dépend des créoles certain d'autre eux sont
émable n'on aucune problème mait il y a qui sont plus
agressive
|
10.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
Rien
|
|
11.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
Lieu
|
ou l'on peut avoir une éducation bien et facilité
d'y accéder
|
12.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
Ils pense
|
en général à leur famille et leurs bien
être
|
13.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
|
Plutôt des mahorais / comoriens
|
X
|
Plutôt des créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
X
|
Autres origines : Française
|
|
Un peu de tout
|
|
|
14.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
en créole
|
|
15.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
A la
|
maison je parle en malgache et à l'école en
français
|
16.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
Avec
|
mes amis on fait en général du sport
(l'athlétisme)
|
17.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
Je fait
|
partie d'un club
|
18.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
X
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
X
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
19.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
X
|
Oui, un peu
|
|
Non, pas tellement
|
20.
|
Quels autres éléments te permettent de garder ta
culture d'origine ?
|
|
|
21.
|
Suivre la culture d'origine est-ce
|
|
un choix personnel
|
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
X
|
Les deux à la fois
|
|
22.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
X
|
de garder ton identité d'origine
|
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
23.
|
Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
Je ne
|
sais pas trop pour l'instant
|
24.
|
Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
à la Réunion
|
|
à Mayotte, aux Comores
|
X
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
25. Pourquoi ce choix géographique ?
|
|
Par rapport au sport (Karima est une sportive de niveau
régional, et participe souvent à des compétitions
nationales)
|
185
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
|
26. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
Car je ne sait pas si je peut vivre loin de mes parents
|
La communication entre jeunes :
|
27. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
|
Appel téléphonique
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
28. Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou
les bonnes réponses) :
|
X
|
PC à la maison
|
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée
|
X
|
PC portable personnel
|
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
29.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet
|
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
Messagerie
|
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
X
|
Travail scolaire
|
|
Tchat, forums
|
X
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
30.
|
Les réseaux sociaux (facebook,
|
tweeter...) sont pour toi :
|
|
plutôt un moyen de communiquer jeunes
mahorais-comoriens
|
entre
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
X
|
les deux à la fois
|
31.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable
|
personnel ?
|
X
|
normal à touches
|
X
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
32.
|
Quelles utilisations fais-tu du téléphone portable
:
|
|
X
|
appel téléphonique
|
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
|
X
|
sms-mms
|
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
|
33.
|
En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux t'intégrer à la Réunion ?
|
|
En rien
|
|
|
34.
|
En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux garder tes racines et ta culture d'origine ?
|
|
Car je
|
peut communiquer avec les restes de ma famille qui vie à
Mayotte
|
|
35.
|
Médias : Combien d'heures par jour
regardes-tu la télévision en moyenne
|
|
Les jours
|
de classe : 1 à 2 heure Le week-end : toute la
matinée et l'après-midi environ
|
1h30
|
36.
|
Quelles chaînes, quelles émissions de
télévision suis-tu le plus souvent :
|
|
Les série
|
TV, le sport et filme
|
|
37.
|
T'arrive t'il de participer à une émission de
télévision locale et comment (vote sms...) ?
|
|
Non
|
|
|
38.
|
Combien d'heures par jour écoutes-tu la radio
en moyenne ?
|
|
Les jours
|
de classe : Non Le week-end : matin
|
|
39.
|
Quelles chaînes, quelles émissions de radio suis-tu
le plus souvent ?
|
|
Radio
|
freedom 97.400 ; NRJ 100.00 ou love FM 88.80
|
|
40.
|
La radio est pour toi un moyen de
|
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes mahorais-
comoriens
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
X
|
Surtout pour se distraire
|
|
Autre
|
chose :
|
41.
|
T'arrive t'il de participer à une émission
|
locale de radio et comment (appel téléphone, vote
sms...) ?:
|
|
Non
|
|
|
|
42.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des journaux
|
locaux (JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
X
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
43. Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
Magazines réunionnais : aucune
|
44. Avec quelle fréquence lis-tu des magazines locaux
réunionnais?
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
45. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
Non
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
186
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 5 : Salima (autoadministration en
présence de l'enquêteur)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
mahoraise
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
M'tsagamoujé (Mayotte)
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
: 17 ou 18 ans
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
X
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
5.
|
Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ? :
|
Le
|
Mayotte
: ma ville natale, mes origines aussi (Vacance)
fixe est très utilisé chez moi pour pouvoir
appelé la famille qui son à l'étrangé
|
|
6.
|
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
X
|
Oui
|
|
Non, pas vraiment
|
7.
|
Si oui, laquelle ? :
|
|
Les comoriens
ce fond plus remarqué que les mahorais. Les mahorais
sont plutôt renfermé
|
8.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
X
|
un peu des deux
|
9.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
Pour
|
certains créole ils fond que ignoré (raciste), se
moqué, agressive
|
10.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
|
Ils attendent
des jeunes mahorais-comoriens en général comme
des moins que rien (esclaves)
|
11.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
De bien
|
pouvoir travaillé et avoir un bon métier plus
tard
|
12.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
Que
|
leurs enfants réussissent dans la vie (pour pouvoir les
aidés un peu à la maison)
|
13.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
|
Plutôt des mahorais / comoriens
|
|
Plutôt des
créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
|
|
|
|
|
|
|
Autres origines :
|
|
Un peu de tout
|
|
|
14.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
en français
|
|
15.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
Avec
|
la famille malgache
|
16.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
Danse,
|
sport
|
17.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
|
|
18.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
X
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
X
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
19.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
X
|
Oui, un peu
|
|
Non, pas tellement
|
20.
|
Suivre la culture d'origine est-ce
|
|
un choix personnel
|
X
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
|
Les deux à la fois
|
|
Très important
|
|
Pas si important
|
|
|
21.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
X
|
de garder ton identité d'origine
|
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
22.
|
Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
Pouvoir
|
intégrer l'école de Police
|
23.
|
Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
à la Réunion
|
|
à Mayotte, aux Comores
|
X
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
24. Pourquoi ce choix géographique ?
|
|
En métropole j'ai plus de chance d'avoir un emploit car
y'a beaucoup de choix par rapport à la réunion.
|
187
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
25. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
Les parents sont là pour t'encouragé et non
t'influencé à faire ce que ta pas envie de faire
|
La communication entre jeunes :
|
26. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
X
|
Appel téléphonique
|
|
sms-mms
|
|
Messagerie Internet
|
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
27. Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou
les bonnes réponses) :
|
X
|
PC à la maison
|
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée
|
X
|
PC portable personnel
|
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
28.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet
|
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
X
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
X
|
Travail scolaire
|
|
Tchat, forums
|
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
29.
|
Les réseaux sociaux (facebook,
|
tweeter...) sont pour toi :
|
|
plutôt un moyen de communiquer jeunes
mahorais-comoriens
|
entre
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
X
|
les deux à la fois
|
30.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable
|
personnel ?
|
|
normal à touches
|
X
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
31.
|
Quelles utilisations fais-tu du téléphone portable
:
|
X
|
appel téléphonique
|
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
X
|
sms-mms
|
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
32. En quoi le téléphone portable te
|
permet-il de mieux t'intégrer à la Réunion
?
|
|
|
33. En quoi le téléphone portable te
|
permet-il de mieux garder tes racines et ta culture d'origine
?
|
|
|
34. Médias : Combien d'heures par
|
jour regardes-tu la télévision en
moyenne
|
Les jours de classe : 5 h jrs
|
Le week-end :
|
35. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de télévision suis-tu le plus souvent :
|
Journal de la Réunion, journal de Mayotte,
|
des séries
|
36. T'arrive t'il de participer à une
|
émission de télévision locale et comment
(vote sms...) ?
|
non
|
|
37. Combien d'heures par jour écoutes-tu
|
la radio en moyenne ?
jamais
|
Les jours de classe :
|
Le week-end :
|
38. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de radio suis-tu le plus souvent ?
|
Rien
|
|
39. La radio est pour toi un moyen
|
de
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes
mahorais-comoriens
|
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
X
|
Surtout pour se distraire
|
|
Autre chose :
|
40. T'arrive t'il de participer à une
|
émission locale de radio et comment (appel
téléphone, vote sms...) ?:
|
Non
|
|
41. Avec quelle fréquence lis-tu des
|
journaux locaux (JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
42.
|
Quels magazines locaux lis-tu
|
? :
|
|
|
Magazines
réunionnais : Rien
|
|
|
43.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des
|
magazines locaux réunionnais? Rien
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
44. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
Pourquoi les mahorais ou comorien ? Mais pas les créoles
?
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
|
188
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 6 : Mohamed (autoadministration en
présence de l'enquêteur)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
Malgache, Mahorais (une flèche indique qu'il faut
inverser l'ordre)
|
|
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
je suis né en France (comprendre : en
Métropole)
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
: Depuis 4 ans
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
X
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
5.
|
Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ? :
|
|
Mayotte
c'est ma famille donc j'en suis très proche.
|
|
6.
|
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
|
Oui
|
X
|
Non, pas vraiment
|
7.
|
Si oui, laquelle ? :
|
|
|
8.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
X
|
un peu des deux
|
9.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
|
Sa dépend
des gens mais certains créoles voient les mahorais comme
des sauvages
|
10.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
Je sais
|
pas vraiment, je dirais plus de respect
|
11.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
Un peu
|
plus de reconnaissance et aussi le respect
|
12.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
Je ne
|
sais pas
|
13.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
|
Plutôt des mahorais / comoriens
|
|
Plutôt des créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
|
Autres origines :
|
X
|
Un peu de tout
|
|
|
14.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
En Français
|
|
15.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
|
Le mahorais
avec les amis mahorais ou la famille
|
16.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
|
La musique
|
17.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
|
Un groupe
de musique
|
18.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
X
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
X
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
19.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
|
Oui, un peu
|
X
|
Non, pas tellement
|
20.
|
Suivre la culture d'origine est-ce
|
|
un choix personnel
|
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
|
Les deux à la fois
|
|
Très important
|
|
Pas si important
|
|
|
21.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
X
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
22.
|
Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
Aller
|
à l'armée de terre
|
23.
|
Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
|
à la Réunion
|
|
à Mayotte, aux Comores
|
X
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
189
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
24. Pourquoi ce choix géographique ?
|
Je trouve que découvrir des nouveaux horizons est
sympas.
|
25. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
Mes parents me mettent à fond dans mes projet
|
La communication entre jeunes :
|
26. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
X
|
Appel téléphonique
|
X
|
sms-mms
|
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
27. Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou
les bonnes réponses) :
|
|
PC à la maison
|
X
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée
|
|
PC portable personnel
|
X
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
28.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet
|
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
X
|
Travail scolaire
|
|
Tchat, forums
|
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
29.
|
Les réseaux sociaux (facebook,
|
tweeter...) sont pour toi :
|
|
plutôt un moyen de communiquer jeunes
mahorais-comoriens
|
entre
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
X
|
les deux à la fois
|
30.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable
|
personnel ?
|
|
normal à touches
|
X
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
31.
|
Quelles utilisations fais-tu du téléphone portable
:
|
X
|
appel téléphonique
|
X
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
32. En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux t'intégrer à la Réunion ?
|
Je communique mieux avec mes amis créoles
|
33. En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux garder tes racines et ta culture d'origine ?
|
J'appel de temps en temps ma famille qui se trouve à
Mayotte
|
34. Médias : Combien d'heures par jour
regardes-tu la télévision en moyenne
|
Les jours de classe : 1h Le week-end : 3h
|
35. Quelles chaînes, quelles émissions de
télévision suis-tu le plus souvent :
|
Mayotte 1er et antenne reunion
|
36. T'arrive t'il de participer à une émission de
télévision locale et comment (vote sms...) ?
|
Non, jamais
|
37. Combien d'heures par jour écoutes-tu la
radio en moyenne ?
|
Les jours de classe : jamais Le week-end : jamais
|
38. Quelles chaînes, quelles émissions de radio
suis-tu le plus souvent ?
|
aucune
|
39. La radio est pour toi un moyen de
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes mahorais-comoriens
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
|
Surtout pour se distraire
|
|
Autre chose :
|
40. T'arrive t'il de participer à une émission
locale de radio et comment (appel téléphone, vote sms...) ?:
|
|
41. Avec quelle fréquence lis-tu des journaux locaux
(JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
42.
|
Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
|
|
Magazines
réunionnais : aucun
|
Magazines mahorais/comoriens :
|
|
43.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des magazines locaux
réunionnais?
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
44. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
Cette étude me permet en quelque sorte de me vder et
donner mon avis sur des choses diverses concernant les mahorais
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
|
190
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 7 : Fatima (autoadministration en
présence de l'enquêteur)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
Mahoraise / Comorienne
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
Je suis née à la Réunion
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
: Depuis toujours (depuis que je suis née)
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
X
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
|
|
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
5.
|
Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ? :
|
De
|
bonne relation avec Mayotte et plutôt
éloigné avec les Comores
|
|
6.
|
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
X
|
Oui
|
|
Non, pas vraiment
|
7.
|
Si oui, laquelle ? :
|
La façon
|
de vivre n'est pas identique
|
8.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
X
|
plutôt mahorais/comorien
|
|
des deux
|
9.
|
A ton avis, comment les créoles
|
|
perçoivent-ils
les jeunes mahorais/comoriens ?
|
|
un peu
|
Certains
|
les perçoivent comme étant des étrangers,
des animaux, des sauvages et d'autres comme leurs frère, soeur
|
10.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
Certain
|
attendent que l'on partent car on les enahient, d'autres qu'on
s'unissent pour avoir un meilleur avenir ensemble.
|
11.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
|
Ils attendent
une meilleur intégration, que les portes s'ouvrent
à eux
|
12.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
|
Ils attendent
un meilleur avenir, une meilleur intégration
|
13.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
X
|
Plutôt des /
mahorais comoriens
|
|
Plutôt des
créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
|
|
|
|
|
|
|
Autres origines :
|
|
Un peu de tout
|
|
|
14.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
Français
|
|
15.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
Mahorais
|
avec les proches (mère, tante), français à
l'école, comorien avec les amis comoriens
|
16.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
Danse
|
traditionnelle, sortie
|
17.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
|
Association
des Unions des Etudiants et lycéens mahorais à la
Réunion, et groupe de danse traditionnelle
|
18.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
X
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
19.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
|
Oui, un peu
|
|
Non, pas tellement
|
20.
|
Quels autres éléments te permettent de garder ta
culture d'origine ?
|
|
|
21.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
X
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
22.
|
Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
|
Je voudrais
faire un BTS et peut-être même une licence
|
23.
|
Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
à la Réunion
|
|
à Mayotte, Comores
aux
|
|
en métropole
|
|
Ailleurs ?)
(où :
|
24.
|
Pourquoi ce choix géographique
|
|
?
|
|
|
|
|
|
Là bas je me sens chez moi, sans être jugée
ni critiquée
|
191
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
25. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
En rien, je fais mes propres choix, mes parents ne
m'influencent en rien. Au contraire, ils acceptent mes choix et appuie sur mes
décisions.
|
La communication entre jeunes :
|
26. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
X
|
Appel téléphonique
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
27. Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou
les bonnes réponses) :
|
X
|
PC à la maison
|
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée
|
X
|
PC portable personnel
|
X
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
28.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet
|
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Travail scolaire
|
|
Tchat, forums
|
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
29.
|
Les réseaux sociaux (facebook,
|
tweeter...) sont pour toi :
|
X
|
plutôt un moyen de communiquer jeunes
mahorais-comoriens
|
entre
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
|
les deux à la fois
|
30.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable
|
personnel ?
|
|
normal à touches
|
X
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
31.
|
Quelles utilisations fais-tu du
|
téléphone portable :
|
|
X
|
appel téléphonique
|
X
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
|
X
|
sms-mms
|
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
|
32.
|
En quoi le téléphone portable
|
te permet-il de mieux t'intégrer à la
Réunion ?
|
|
Sa me
|
permet de faire comme eux
|
|
|
33.
|
En quoi le téléphone portable
|
fix te permet-il de mieux garder tes racines et
ta culture d'origine ?
|
|
Cela
|
me permet de garder le contacte
|
sur tous ce qui se passe là-bas
|
|
34.
|
Médias : Combien d'heures par
|
jour regardes-tu la télévision en
moyenne
|
|
Les jours
|
de classe : 1h30
|
Le week-end : h24
|
|
35.
|
Quelles chaînes, quelles émissions
|
de télévision suis-tu le plus souvent :
|
|
Mayotte
|
1er, Réunion 1er, Antenne
|
Réunion, ORTC / série télénovela,
journal télévisé Mayotte / Réunion
|
|
36.
|
T'arrive t'il de participer à une
|
émission de télévision locale et comment
(vote sms...) ?
|
|
non
|
|
|
|
37.
|
Combien d'heures par jour écoutes-tu
|
la radio en moyenne ?
|
|
Les jours
|
de classe : 4h
|
Le week-end : 6h
|
|
38.
|
Quelles chaînes, quelles émissions
|
de radio suis-tu le plus souvent ?
|
|
Radio
|
freedom / la Radio mahoraise-comorienne
|
|
|
39.
|
La radio est pour toi un moyen
|
de
|
|
X
|
Partager des choses avec les jeunes mahorais-comoriens
|
autres
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
|
Surtout pour se distraire
|
|
Autre
|
chose :
|
40. T'arrive t'il de participer à une
|
émission locale de radio et comment (appel
téléphone, vote sms...) ?:
|
|
Non
|
|
|
41. Avec quelle fréquence lis-tu des
|
journaux locaux (JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
42. Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
Magazines réunionnais : Aucun
|
43. Avec quelle fréquence lis-tu des magazines locaux
réunionnais?
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
44. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
Je pense que c'est une bonne chose cette étude, cela
permet de donner mon avis et que peut-être grâce à cette
étude les choses changeront et que nous serons mieux intégrer
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
|
192
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 8 : Madi (autoadministration en présence
de l'enquêteur)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
Comoriens, Malgache
|
|
2. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion ? :
16 ans, depuis que je suis né
|
|
3. Comment te considères-tu :
|
X
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
|
|
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
4.
5.
|
Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ? :
Quelque vacances
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
|
Oui
|
X
|
Non, pas vraiment
|
6.
|
Si oui, laquelle ? :
|
|
|
7.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
X
|
un peu des deux
|
8.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
|
Ça depend
des personne moi je croit qu'ils me perçoivent comme une
bonne personne
|
9.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
|
Les créoles
attend moin de délinquance de la par des comoriens
|
10.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
Avoir
|
de condition vie meilleur et s'integre plus facile pour les
personne qui ne sont pas née à la Réunion
|
11.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
Je pense
|
qu'ils attendent que leurs enfants reussissent à la
Réunion
|
12.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
2
|
Plutôt des /
mahorais comoriens
|
1
|
Plutôt des
créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Autres origines : Arabe / Malbar / Malgache / chinois
|
|
13.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
créole / français
|
|
14.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
|
En anglais,
espagnol en cours
|
15.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
Football
|
|
16.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
Club
|
de foot
|
17.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
X
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
18.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
|
Oui, un peu
|
X
|
Non, pas tellement
|
19.
|
Quels autres éléments te permettent de garder ta
culture d'origine ?
|
|
|
20.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
|
les deux à la fois
|
X
|
autre chose (préciser): Je suis née à la
reunion (deja integré)
|
21. Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
BTS ou DCG (comptabilité)
|
22. Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
X
|
à la Réunion
|
|
à Mayotte, aux Comores
|
X
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
23. Pourquoi ce choix géographique ?
|
C'est plus facile pour communiquer et pour reussir
|
24. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
|
En rien
|
|
193
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La communication entre jeunes :
|
25. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
X
|
Appel téléphonique
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
26. Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou
les bonnes réponses) :
|
|
X
|
PC à la maison
|
X
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée
|
X
|
PC portable personnel
|
X
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
27.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet (cocher la ou les bonnes
réponses) :
|
|
X
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
X
|
Travail scolaire
|
X
|
Tchat, forums
|
X
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
28.
|
Les réseaux sociaux (facebook, tweeter...) sont pour toi
:
|
|
|
plutôt un moyen de communiquer entre jeunes
mahorais-comoriens
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
X
|
les deux à la fois
|
29.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable personnel ?
|
|
X
|
normal à touches
|
X
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas
|
tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
30.
|
Quelles utilisations fais-tu du téléphone portable
:
|
|
X
|
appel téléphonique
|
X
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles
|
?) :
|
31. En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux t'intégrer à la Réunion ?
|
|
Je me suis deja bien intégrer donc juste à
communiquer avec mes amis
|
|
32. En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux garder tes racines et ta culture
|
d'origine ?
|
En rien
|
|
33. Par quels moyens communiques-tu avec la famille et les amis
restés à Mayotte/Comores
|
|
|
Téléphone fixe
|
|
portable
|
|
Envoi de paquets
|
|
|
Autres :
|
|
Courrier postal
|
|
Internet
|
|
Par des amis qui font le voyage
|
|
|
|
34. Médias : Combien d'heures par jour
regardes-tu la télévision en moyenne
|
|
Les jours de classe : +/- 5 heures Le week-end : +/- 10heure
|
|
35. Quelles chaînes, quelles émissions de
télévision suis-tu le plus souvent :
|
|
Dysney XD, RTL9, W9
|
|
36. T'arrive t'il de participer à une émission de
télévision locale et comment (vote sms...)
|
?
|
Non, car ils arnaques
|
|
37. Combien d'heures par jour écoutes-tu la
radio en moyenne ?
|
|
Les jours de classe : 5-10 min Le week-end : 5-10
|
min
|
38. Quelles chaînes, quelles émissions de radio
suis-tu le plus souvent ?
|
|
Free dom
|
|
39. La radio est pour toi un moyen de
|
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes
mahorais-comoriens
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
X
|
Surtout distraire
|
pour se
|
|
Autre chose :
|
40. T'arrive t'il de participer à une émission
locale de radio et comment (appel téléphone,
|
vote sms...) ?:
|
Non
|
|
41. Avec quelle fréquence lis-tu des journaux locaux
(JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
X
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
42.
|
Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
|
|
Magazines
réunionnais : Avant mais
|
plus maintenant
|
43.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des magazines
|
locaux réunionnais?
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
X
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
44. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
Je pense que c'est dur voir ce que les personnes comoriens
attendent de l'ile de la Réunion Vu que je suis née ici
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
|
194
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 9 : Ousseni (autoadministration en
présence de l'enquêteur)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
Mahoraise, Comorienne
|
|
2. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion ? :
16 ans (né ici)
|
|
3. Comment te considères-tu :
|
X
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
4.
5.
|
Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ? :
Vacance
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
|
Oui
|
X
|
Non, pas vraiment
|
6.
|
Si oui, laquelle ? :
|
|
|
7.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
X
|
un peu des deux
|
8.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
Certains
|
comme de simple citoyen / D'autre comme des
délinquants
|
9.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
Que
|
les jeunes mahorais-comoriens s'intègrent et que ils
puissent être utile / Retourne dans leur pays
|
10.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
Avoir
|
des conditions de vie meilleur que dans leurs pays d'origine
|
11.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
Que
|
leurs enfants réussissent dans les études
|
12.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
X
|
Plutôt des mahorais / comoriens
|
X
|
Plutôt des créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
|
Autres
|
origines : Malgache, Arabe
|
|
13.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
Créole, français, mahorais
|
|
14.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
Arabe
|
-> Religion
|
15.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
Football
|
|
16.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
|
Association
Sportive
|
17.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
X
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
X
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
18.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
|
Oui, un peu
|
X
|
Non, pas tellement
|
19.
|
Quels autres éléments te permettent de garder ta
culture d'origine ?
|
|
|
20.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
|
les deux à la fois
|
X
|
autre chose (préciser): je suis déjà
intégrer
|
21. Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
BTS -> Comptable / Expert-comptable
|
22. Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
X
|
à la Réunion
|
|
à Mayotte, aux Comores
|
X
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
23. Pourquoi ce choix géographique ?
|
- Pays développé ; - Communication
adapté
|
24. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
|
EUH, En rien
|
195
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La communication entre jeunes :
|
25. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
X
|
Appel téléphonique
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
26. Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou
les bonnes réponses) :
|
X
|
PC à la maison
|
X
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée
|
X
|
PC portable personnel
|
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
27.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet (cocher la ou les bonnes
réponses) :
|
|
X
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
X
|
Travail scolaire
|
X
|
Tchat, forums
|
X
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
28.
|
Les réseaux sociaux (facebook, tweeter...) sont pour toi
:
|
|
plutôt un moyen de communiquer entre jeunes
mahorais-comoriens
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
X
|
les deux à la fois
|
29.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable personnel ?
|
X
|
normal à touches
|
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
30.
|
Quelles utilisations fais-tu du téléphone portable
:
|
X
|
appel téléphonique
|
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
X
|
sms-mms
|
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
31. En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux t'intégrer à la Réunion ?
|
Garder le contact avec les gens
|
32. En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux garder tes racines et ta culture d'origine ?
|
En Rien
|
33. Médias : Combien d'heures par jour
regardes-tu la télévision en moyenne
|
Les jours de classe : 5h Le week-end : 10h
|
34. Quelles chaînes, quelles émissions de
télévision suis-tu le plus souvent :
|
Canal +, Canal + Sport, TF1, chaîne Disney, W9,
Cinéma
|
35. T'arrive t'il de participer à une émission de
télévision locale et comment (vote sms...) ?
|
NON - (Arnaque)
|
36. Combien d'heures par jour écoutes-tu la
radio en moyenne ? 5-10 mn
|
Les jours de classe : 5 min Le week-end : 10 min
|
37. Quelles chaînes, quelles émissions de radio
suis-tu le plus souvent ?
|
Freedom
|
38. La radio est pour toi un moyen de
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes
mahorais-comoriens
|
X
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
X
|
Surtout pour se distraire
|
|
Autre chose :
|
|
39. T'arrive t'il de participer à une émission
locale de radio et comment (appel téléphone, vote sms...) ?:
|
|
|
Non
|
|
|
40. Avec quelle fréquence lis-tu des journaux locaux
(JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
X
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
|
41.
|
Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
|
|
|
Magazines
réunionnais : Visu auparavant
|
|
Magazines
|
mahorais/comoriens :
|
42.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des magazines
|
locaux réunionnais?
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
X
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
43. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
Il est difficile d'avoir des attentes de l'île de la
Réunion lorsque l'on a passé tout notre vie ici. (si on
était né ailleurs là on aurait pus porter notre avis)
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
|
196
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 10 : Ibrahim (autoadministration à
domicile)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
mahorais
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
Mayotte, Dzaoudzi
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
: 19 ans
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
X
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
|
|
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
5.
6.
|
Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ? :
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
|
Oui
|
X
|
Non, pas vraiment
|
7.
|
Si oui, laquelle ? : Langue
|
|
|
8.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
X
|
un peu des deux
|
9.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
Certain
|
créole sont raciste, mais le plus souvent il sont gentil
avec nous
|
10.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
Rien
|
en particulier
|
11.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
|
De meilleur
étude et une meilleur vie
|
12.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
|
La réussite
de leur enfant
|
13.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
|
Plutôt des /
mahorais comoriens
|
|
Plutôt des
créoles
|
X
|
Les 2 à égalité
|
|
|
|
|
|
|
|
Autres origines :
|
|
Un peu de tout
|
|
|
14.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
la langue qu'ils parlent
|
|
15.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
Mahorais
|
avec mes parent, et créole avec mes amis
réunionnais
|
16.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
Football,
|
ciné, jeux vidéo
|
17.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
AJBLR
|
(Association des Jeune de Bas La Rivière)
|
18.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
X
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
X
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
19.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
|
Oui, un peu
|
X
|
Non, pas tellement
|
20.
|
Quels autres éléments te permettent de garder ta
culture d'origine ?
|
|
|
21.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
X
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
22.
|
Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
Réussir
|
le BTS pour entrée dans la vie active
|
23.
|
Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
à la Réunion
|
X
|
à Mayotte, aux Comores
|
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
24. Pourquoi ce choix géographique ?
|
Ces mon îlet d'origine et tout ma famille se trouve la
bas
|
25. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
|
Mes parents on influence ces projet car ils ont deja construit
des maisons pour nous
|
197
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La communication entre jeunes :
|
26. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
|
Appel téléphonique
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
27. Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou
les bonnes réponses) :
|
X
|
PC à la maison
|
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
X
|
Avec les PC du lycée
|
X
|
PC portable personnel
|
X
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
28.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet
|
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
X
|
Travail scolaire
|
|
Tchat, forums
|
X
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
29.
|
Les réseaux sociaux (facebook,
|
tweeter...) sont pour toi :
|
|
plutôt un moyen de communiquer jeunes
mahorais-comoriens
|
entre
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
X
|
les deux à la fois
|
30.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable
|
personnel ?
|
|
normal à touches
|
X
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
31.
|
Quelles utilisations fais-tu du
|
téléphone portable :
|
|
X
|
appel téléphonique
|
X
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
|
X
|
sms-mms
|
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
|
32. En quoi le téléphone portable
|
te permet-il de mieux t'intégrer à la
Réunion ?
|
|
En rien car je l'achete avant tout pour
|
communique (amis, famille)
|
|
33. En quoi le téléphone portable
|
te permet-il de mieux garder tes racines et ta culture d'origine
?
|
|
Il me permet d'appel ma famille qui
|
se trouve à Mayotte
|
|
34. Médias : Combien d'heures par
|
jour regardes-tu la télévision en
moyenne
|
|
Les jours de classe :
|
1h30 Le week-end : 2h
|
|
35. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de télévision suis-tu le plus souvent :
|
|
Journal réunionnais / journal mahorais
|
/ documentair sur les animaux
|
|
36. T'arrive t'il de participer à une
|
émission de télévision locale et comment
(vote sms...) ?
|
|
non
|
|
|
37. Combien d'heures par jour écoutes-tu
|
la radio en moyenne ?
|
|
Les jours de classe : 0
|
Le week-end : 0
|
|
38. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de radio suis-tu le plus souvent ?
|
|
aucune
|
|
|
39. La radio est pour toi un moyen
|
de
|
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes
mahorais-comoriens
|
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
X
|
Surtout pour se distraire
|
|
Autre chose :
|
|
40. T'arrive t'il de participer à une
|
émission locale de radio et comment (appel
téléphone, vote sms...)
|
?:
|
|
Non
|
|
|
|
41. Avec quelle fréquence lis-tu des
|
journaux locaux (JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
|
42.
|
Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
|
Magazines
réunionnais : aucun
|
43.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des magazines locaux
réunionnais?
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
44. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
Je trouve qu'il n'y a rien à critique sur l'étude,
les question sont simple et facile à comprendre
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
|
198
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 11 : Saïd (autoadministration à
domicile)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
Mahorais
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
Kani-Kéli de Mayotte
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
: 12 ans
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
Les deux à la fois
|
X
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
5. Mayotte / les Comores ? Quelles relations gardes-tu avec
:
|
|
J'y vais régulièrement
|
|
La famille de
|
|
J'écoute leurs informations locales
|
X
|
J'appelle ou ils appellent régulièrement
|
|
Mayotte/ Comores vient à la Réunion
|
|
Autres échanges,
préciser :
|
6.
|
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
X
|
Oui
|
|
Non, pas vraiment
|
7.
|
Si oui, laquelle ? :
|
On n'a
|
pas le même language mais c'est tout
|
8.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
X
|
un peu des deux
|
9.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
Quelques
|
uns n'aimen pas et ne font pas la différence entre les
deux
|
10.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
/
|
|
11.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
Plus
|
large choix d'étude
|
12.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
|
|
13.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
|
Plutôt des /
mahorais comoriens
|
|
Plutôt des
créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
|
|
|
|
|
|
|
Autres origines :
|
|
Un peu de tout
|
|
|
14.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
français
|
|
15.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
Français
|
partout et tout le temps
|
16.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
|
Les loisirs
et les études
|
17.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
/
|
|
18.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
X
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
19.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
|
Oui, tout à fait
|
|
Oui, un peu
|
X
|
Non, pas tellement
|
20.
|
Quels autres éléments te permettent de garder ta
culture d'origine ?
|
/
|
|
21.
|
Suivre la culture d'origine est-ce
|
|
un choix personnel
|
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
|
Les deux à la fois
|
|
Très important
|
|
Pas si important
|
|
|
22.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
X
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
23.
|
Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
BTS
|
Bâtiment -> Architecte
|
24.
|
Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
à la Réunion
|
|
à Mayotte, aux Comores
|
X
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
25. Pourquoi ce choix géographique ?
|
|
199
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Plus large étendu de choix
|
26. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
Personne ne m'influence
|
La communication entre jeunes :
|
27. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
X
|
Appel téléphonique
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
28. Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou
les bonnes réponses) :
|
X
|
PC à la maison
|
X
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
X
|
Avec les PC du lycée
|
X
|
PC portable personnel
|
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
29.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet
|
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
X
|
Travail scolaire
|
X
|
Tchat, forums
|
X
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
30.
|
Les réseaux sociaux (facebook,
|
tweeter...) sont pour toi :
|
X
|
plutôt un moyen de communiquer jeunes mahoraiscomoriens
|
entre
/
avec amis
|
|
plutôt un moyen de
les
s'intégrer avec créoles
|
|
les deux à la fois
|
|
famille
|
|
|
|
|
|
31.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable
|
personnel ?
|
|
normal à touches
|
X
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
32.
|
Quelles utilisations fais-tu du téléphone portable
:
|
X
|
appel téléphonique
|
X
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
X
|
sms-mms
|
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
33.
|
En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux t'intégrer à la Réunion ?
|
/
|
|
34.
|
En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux garder tes racines et ta culture d'origine ?
|
Je peux
|
contacter ma famille que ce soit en métropol ou à
Mayotte
|
35.
|
Par quels moyens communiques-tu avec la famille et les amis
restés à Mayotte/Comores
|
X
|
Téléphone fixe
|
X
|
portable
|
X
|
Envoi de paquets
|
|
Autres :
|
|
X
|
Courrier postal
|
X
|
Internet
|
|
Par des amis qui font le voyage
|
|
|
|
36. Médias : Combien d'heures par jour
regardes-tu la télévision en moyenne
|
|
Les jours de classe : +/- 3heurs Le week-end : +/- 5 heurs
|
|
37. Quelles chaînes, quelles émissions de
télévision suis-tu le plus souvent :
|
|
Manga culte - série humoristique - film d'action -
reportage - JT
|
|
38. T'arrive t'il de participer à une émission de
télévision locale et comment (vote sms...) ?
|
|
non
|
|
39. Combien d'heures par jour écoutes-tu la
radio en moyenne ?
|
|
Les jours de classe : 1 heur Le week-end : 1 heur
|
|
40. Quelles chaînes, quelles émissions de radio
suis-tu le plus souvent ?
|
|
Skyrock, NRJ, Freedom
|
|
41. La radio est pour toi un moyen de
|
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes mahorais-comoriens
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
X
|
Surtout pour se distraire
|
|
Autre chose :
|
|
42. T'arrive t'il de participer à une émission
locale de radio et comment (appel téléphone, vote sms...) ?:
|
|
non
|
|
43. Avec quelle fréquence lis-tu des journaux locaux
(JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
X
|
Presque jamais
|
|
44.
|
Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
|
Magazines
réunionnais: /
|
Magazines mahorais/comoriens : /
|
45.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des magazines locaux
réunionnais?
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
46. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
Non
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
|
200
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 3 : Kaycha (administration par l'enquêteur
au cours de l'entretien))
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
Mahoraise
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
Mayotte
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
: Arrivée à l'âge de 3 ans, il y a 18 ans
(actuellement 21)
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
X
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
|
|
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
5.
|
Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ? :
le père fait des A/R sur Mayotte
|
X
|
J'y vais (pas trop)
régulièrement
|
X
|
La famille de
|
X
|
J'écoute leurs informations locales
|
X
|
J'appelle et ils appellent
régulièrement
|
|
Mayotte
vient à la Réunion
|
X
|
Autres échanges, préciser : Association
|
6.
|
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
|
|
Oui
|
X
|
Non, trop
pas vraiment
|
47.
|
Si oui, laquelle ? :
|
|
|
|
La langue.
L'association mahoraise n'est pas exclusive mais affinitaire
|
48.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie (cocher
la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
X
|
un peu des deux
|
49.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
Comme
|
des étrangers
|
50.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
|
Ne comprennent
pas la langue mahoraise cela les ennuie
|
51.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
Etre
|
plus intégrés, plus acceptés
|
52.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
|
Des raisons
financières, et donner de meilleures chances à
leurs enfants pour les études
|
53.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
1
|
Plutôt des mahorais / comoriens
|
2
|
Plutôt des créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
3
|
Autres origines : Malgaches
|
|
Un peu de tout
|
|
|
54.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
Mahorais, créole, français
|
|
55.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
|
|
56.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
|
Association
: soirées, danses traditionnelles, semaine culturelle
|
57.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
Union
|
des Etudiants et Elèves Mahorais de la Réunion
UEEMR
|
58.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
2
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
1
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
1
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
59.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ? (foulard sur les cheveux, col de chemise ouvert)
|
|
Oui, tout à fait
|
X
|
Oui, un peu
|
|
Non, pas tellement
|
60.
|
Quels autres éléments te permettent de garder ta
culture d'origine ?
|
|
Musique
mahoraise (danses)
|
61.
|
Suivre la culture d'origine est-ce
|
1
|
un choix personnel
|
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
|
Les deux à la fois
|
|
Très important
|
|
Pas si important
|
|
|
62.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
1
|
de t'intégrer à la Réunion
|
1
|
de garder ton identité d'origine
|
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
63.
|
Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
Licence
|
de droit, juriste d'entreprise
|
64.
|
Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
à la Réunion
|
X
|
à Mayotte, aux Comores
|
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
65.
|
Pourquoi ce choix géographique
|
|
?
|
|
|
|
|
201
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Retour aux sources
|
66. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
Elle voulait être architecte, ils l'ont incitée
à devenir juriste
|
La communication entre jeunes :
|
67. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
X
|
Appel téléphonique
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
68. Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou
les bonnes réponses) :
|
X
|
PC à la maison
|
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
X
|
Avec les PC du lycée
Université
|
X
|
PC portable personnel
|
X
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
69.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet (cocher la ou les bonnes
réponses) :
|
X
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
X
|
Travail scolaire
|
|
Tchat, forums
|
X
|
Recherches fun
« »
|
|
Autres(quelles ?)
:
|
70.
|
Les
réseaux sociaux (facebook, sont
|
|
tweeter...) toi
pour
:
|
|
|
X
|
plutôt un moyen de communiquer entre jeunes
mahorais-comoriens
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
|
|
les deux à la fois
|
71.
|
Disposes-tu d'un téléphone portable personnel ?
|
|
|
normal à touches
|
X
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé
|
(pas tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
72.
|
Quelles utilisations fais-tu du téléphone portable
:
|
|
X
|
téléphonique
appel
|
|
Internet
: messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
|
|
|
|
|
|
X
|
sms-mms
|
X
|
Internet : recherches (jeux)
|
|
Autres
|
(quelles ?) :
|
73. En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux t'intégrer à la Réunion ?
|
|
Pas
|
|
74. En quoi le téléphone portable te permet-il de
mieux garder tes racines et ta culture
|
d'origine ?
|
Oui, contact
|
|
75. Par quels moyens communiques-tu avec la famille et les amis
restés à Mayotte/Comores
|
|
|
Téléphone fixe
|
X
|
portable
|
X
|
Envoi de
|
|
Autres
:
|
|
|
|
|
|
|
paquets (affinitaire)
|
|
|
|
|
Courrier postal
|
|
Internet
|
|
Par des amis qui font le voyage
|
|
|
|
76. Médias : Combien d'heures par jour
regardes-tu la télévision en moyenne
|
|
Les jours de classe : Pas de TV à la Cité
Universitaire Le week-end : peu
|
|
77. Quelles chaînes, quelles émissions de
télévision suis-tu le plus souvent :
|
|
JT Réunion parfois
|
|
78. T'arrive t'il de participer à une émission de
télévision locale et comment (vote sms...) ?
|
|
Non
|
|
79. Combien d'heures par jour écoutes-tu la
radio en moyenne ? : seulement si évènements,
surtout à Mayotte
|
|
Les jours de classe : Le week-end :
|
|
80. Quelles chaînes, quelles émissions de radio
suis-tu le plus souvent ?
|
|
Freedom
|
|
81. La radio est pour toi un moyen de
|
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes mahorais-comoriens
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
|
Surtout pour se distraire
|
X
|
Autre chose : informations.
|
|
82.
|
T'arrive t'il de participer à une émission locale
de radio et comment (appel téléphone, vote sms...) ?:
|
|
Non
|
|
|
83.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des journaux locaux (JIR,
quotidien, autres) ? : jamais, mais abonnement à un journal
en
|
|
|
ligne mahorais « Zaléo » (informations,
non diasporique)
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
|
84.
|
Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
aucun
|
|
|
Magazines
réunionnais :
|
|
Magazines
|
mahorais/comoriens :
|
85.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des magazines
|
locaux réunionnais?
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
86. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
On pourrait être plus ouvertes, et eux nous accepter comme
on est
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
|
202
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaire 13 : Laymia (autoadministration en
présence de l'enquêteur)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de
|
la Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
|
n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit
simplement de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
Mahoraise
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
à Mayotte
|
|
|
87. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
: depuis (14 ans) l'âge de 6 ans
|
|
88. Comment te considères-tu :
|
X
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
|
Un peu tout cela sans vraie préférence
|
|
Autre chose :
|
89. Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ?
:
|
|
J'y vais régulièrement
|
X
|
La famille de
|
X
|
J'écoute leurs informations local
|
X
|
J'appelle ou ils appellent régulièrement
|
|
Mayotte/ Comores vient à la Réunion
|
|
Autres échanges, préciser :
|
90. A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
X Oui Non, pas vraiment
|
91. Si oui, laquelle ? :
|
Les relations entre les personnes
|
92. As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
plutôt créole plutôt mahorais/comorien X un
peu des deux
|
93. A ton avis, comment les créoles
perçoivent-ils les jeunes mahorais/comoriens ?
|
Comme des jeunes inférieurs à eux
|
94. Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
De partir
|
95. Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent
de la Réunion en général ?
|
Ils pensent plus à leurs études, mais certains
pas trop
|
96. Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
Une vie meilleur pour les enfants
|
97. Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
|
Plutôt des mahorais / comoriens
|
|
Plutôt des créoles
|
X
|
Les 2 à égalité
|
|
Autres origines :
|
|
Un peu de tout
|
|
|
98. En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
mahorais, créole, français
|
|
99. Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et
dans quels cas ? :
|
Le mahorais, c'est plutôt amusant de parler entre nous
|
100. Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
Association de danse culturel
|
101. De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse
...) fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
Culturel mahorais
|
102. Penses-tu que les activités des associations
permettent (cocher la ou les bonnes réponses) :
|
X
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
X
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
X
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
103. Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ?
|
Oui, tout à fait X Oui, un peu Non, pas tellement
|
104. Quels autres éléments te permettent de
garder ta culture d'origine ?
|
Très important
|
105. Suivre la culture d'origine est-ce
|
X
|
un choix personnel
|
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
|
Les deux à la
|
X
|
Très important
|
|
Pas si important
|
|
|
106.
|
Personnellement ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
X
|
de garder ton identité d'origine
|
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
107. Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
Un BTS gestion PME PMI
|
108. Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
|
X à la Réunion
|
X
|
à Mayotte, aux Comores
|
X en métropole Ailleurs (où ?) :
|
203
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
109. Pourquoi ce choix géographique ?
|
Pour (pas de suite)
|
110. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
C'est plutôt un choix personnel
|
La communication entre jeunes :
|
111. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
X
|
Contact direct
|
X
|
Appel téléphonique
|
X
|
sms-mms
|
|
Messagerie Internet
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
112.
|
Comment te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou les
bonnes réponses) :
|
|
PC à la maison
|
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée
|
X
|
PC portable personnel
|
|
Avec ton téléphone
|
|
Dans des lieux publics
|
113.
|
Quelles utilisations fais-tu d'Internet
|
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
|
Messagerie
|
X
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Travail scolaire
|
X
|
Tchat, forums
|
X
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
114.
|
Les réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
sont pour toi :
|
|
plutôt un moyen de communiquer mahorais-comoriens
|
entre jeunes
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
X
|
les deux à la fois
|
115. Disposes-tu d'un téléphone portable
|
personnel ?
|
X
|
normal à touches
|
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
116. Quelles utilisations fais-tu du téléphone
|
portable :
|
|
X
|
appel téléphonique
|
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
|
X
|
sms-mms
|
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
117. En quoi le téléphone portable te
permet-il
|
de mieux t'intégrer à la Réunion ?
|
De mieu rester en contact avec tout le
|
monde
|
118. En quoi le téléphone portable te
permet-il
|
de mieux garder tes racines et ta culture d'origine ?
|
Je peux communiquer avec des amis à
|
l'étranger
|
119. Par quels moyens communiques-tu
|
avec la famille et les amis restés à
Mayotte/Comores
|
X
|
Téléphone fixe
|
X
|
portable
|
|
Envoi de paquets
|
|
Autres :
|
|
Courrier postal
|
X
|
Internet
|
|
Par des amis qui font le voyage
|
|
|
120. Médias : Combien d'heures par
jour
|
regardes-tu la télévision en
moyenne
|
Les jours de classe : 3h
|
Le week-end : 4h
|
121. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de télévision suis-tu le plus souvent :
|
Mayotte 1ère - télé-comor
|
|
122. T'arrive t'il de participer à une
émission
|
de télévision locale et comment (vote sms...) ?
|
Non
|
|
123. Combien d'heures par jour écoutes-tu
|
la radio en moyenne ?
|
Les jours de classe : 2h
|
Le week-end : 4h
|
124. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de radio suis-tu le plus souvent ?
|
NRJ, FREEDOM
|
|
125. La radio est pour toi un moyen de
|
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes
mahorais-comoriens
|
|
X
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
|
Surtout pour se distraire
|
|
Autre chose : ....
|
126.
|
T'arrive t'il de participer à une émission
|
locale de radio et comment (appel
|
téléphone, vote sms...) ?:
|
Non
|
|
|
|
127.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des journaux
|
locaux (JIR, quotidien, autres) ?
|
:
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
X
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
128.
|
Quels magazines locaux lis-tu ? :
|
|
|
Magazines
réunionnais : X
|
|
Magazines mahorais/comoriens :
|
129.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des magazines
|
locaux réunionnais?
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
X
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
130. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou
remarques sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
Non
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
|
204
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Questionnaires 14 : Samia et 15 Mariama
(complétés par l'enquêteur au cours de l'entretien)
Bonjour, Nous réalisons une étude pour
l'Université de la Réunion, le thème est « les jeunes
mahorais-comoriens de la
|
Réunion et leurs moyens de communication
».
|
Ce questionnaire est anonyme (confidentiel), les réponses
sont personnelles, c'est ton avis, ta manière de voir les choses : il
n'y a
|
pas de bonne ou de mauvaise réponse, il s'agit simplement
de répondre ce que tu penses vraiment.
Dans chaque question comportant la mention mahorais/comorien,
barrer celle qui ne convient pas
|
1. Culture, mode de vie : quelles sont tes
origines? :
|
les 2 : Comorienne / Malgache
|
|
2. Où es-tu né(e) :
|
les 2 : ici (S a 18 ans, M a 17 ans)
|
|
3. Depuis combien de temps es-tu à la Réunion
?
|
: toujours
|
|
4. Comment te considères-tu :
|
M
|
d'abord Mahorais / Comorien d'abord
|
|
d'abord Créole
|
|
Les deux à la fois
|
|
Français d'abord
|
S
|
Un peu tout cela sans vraie
préférence
|
|
Autre chose :
|
5. Quelles relations gardes-tu avec Mayotte / les Comores ? :
voir entretien
|
|
J'y vais régulièrement
|
|
La famille de
|
|
J'écoute leurs informations locales
|
|
J'appelle ou ils appellent régulièrement
|
|
Mayotte/ Comores vient à la Réunion
|
|
Autres échanges,
préciser :
|
6.
|
A la Réunion, à ton avis y a t'il une grande
différence entre mahorais et comoriens ?
|
X
|
Oui
|
|
Non, pas vraiment
|
7.
|
Si oui, laquelle ? :
|
voir
|
entretien
|
8.
|
As-tu personnellement l'impression d'avoir un mode de vie
(cocher la bonne réponse) :
|
|
plutôt créole
|
|
plutôt mahorais/comorien
|
M S
|
un peu des deux
|
9.
|
A ton avis, comment les créoles perçoivent-ils les
jeunes mahorais/comoriens ?
|
voir
|
entretien
|
10.
|
Que penses-tu que les créoles attendent des jeunes
mahorais-comoriens en général ?
|
voir
|
entretien
|
11.
|
Que penses-tu que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général ?
|
voir
|
entretien
|
12.
|
Que penses-tu que les adultes mahorais-comoriens (parents,
entourage, communauté) attendent de la Réunion ?
|
voir
|
entretien
|
13.
|
Tes ami(e)s sont plutôt (barrer les réponses
fausses) :
|
|
Plutôt des mahorais / comoriens
|
S
|
Plutôt des créoles
|
|
Les 2 à égalité
|
|
Autres origines :
|
M
|
Un peu de tout
|
|
|
14.
|
En quelle langue communiques-tu avec tes amis en
général :
|
SM : créole, français
|
|
15.
|
Quelles autres langues utilises-tu dans ta vie courante, et dans
quels cas ? :
|
M : « français
|
S : aimerait
bien apprendre le comorien, mais ce n'est « pas
évident »
ma mère nous parle comorien de temps en temps, elle
aimerait bien qu'on lui réponde, mais nous c'est surtout
créole,
|
16.
|
Quelles activités partages-tu avec tes ami(e)s
principalement :
|
MS :
|
Sorties en ville
|
17.
|
De quels groupes (clubs, associations, groupe de danse ...)
fais-tu partie ? (en plus de ta famille et de ta classe) :
|
Aucun
|
|
18.
|
Penses-tu que les activités des associations permettent
(cocher la ou les bonnes réponses) :
|
|
De mieux s'intégrer à la Réunion
|
S
|
De maintenir la culture et les traditions d'origine
|
M
|
De mieux se retrouver entre jeunes mahorais/comoriens
|
|
Autre chose :
|
19.
|
Tes choix vestimentaires sont-ils influencés par ta
culture d'origine ? S : tresses plaquées, M : tissage et
bandeau
|
|
Oui, tout à fait
|
X
|
Oui, un peu
|
|
Non, pas tellement
|
20. Quels
|
autres éléments te permettent de garder ta culture
d'origine ?
|
|
Les parents,
la famille
|
21. Suivre
|
la culture d'origine est-ce : MS : « une
fierté » ; la religion c'est « très important
»
|
|
un choix personnel
|
|
pour faire plaisir aux parents, à l'entourage
|
|
Les deux à la fois
|
MS
|
important
|
|
Pas si important
|
|
|
|
22. Personnellement
ton choix est plutôt :
|
|
de t'intégrer à la Réunion
|
|
de garder ton identité d'origine
|
MS
|
les deux à la fois
|
|
autre chose (préciser):
|
23. Quels sont tes projets d'études, tes projets
professionnels :
|
|
S : BTS (AGPME), licence de commerce
|
205
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
M : BTS de Communication, travailler dans la presse
24. Penses-tu réaliser tes projets plutôt
|
S
|
à la Réunion
|
|
à Mayotte, aux Comores
|
M
|
en métropole
|
|
Ailleurs (où ?) :
|
25. Pourquoi ce choix géographique ?
|
S : les parents, la famille M : « plus de
possibilités »
|
26. En quoi tes parents et ton entourage influencent-ils tes
projets ?
|
S : « je veux rester avec mes parents, la famille me
manquerait trop » M : « ma mère veut que je reste encore 2 ans
»
|
La communication entre jeunes :
|
27. Par quels moyens communiques-tu avec tes amis ? (cocher la
ou les bonnes réponses) :
|
MS
|
Contact direct
|
NON
|
Appel téléphonique
|
MS
|
sms-mms
|
|
|
|
|
|
|
S
|
Messagerie Internet
|
MS
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
|
Autres (quels ?) :
|
|
28. Comment
te connectes-tu à Internet ? (cocher la ou les bonnes
réponses) :
|
MS
|
PC à la maison
|
S
|
Dans ton entourage (famille, amis)
|
|
Avec les PC du lycée
|
M
|
PC portable personnel
|
|
Avec ton téléphone : jamais
|
|
Dans des lieux publics
|
29. Quelles
|
utilisations fais-tu d'Internet (cocher la ou les bonnes
réponses) :
|
MS
|
Messagerie
|
MS
|
Réseaux sociaux (facebook, tweeter...)
|
MS
|
Travail scolaire
|
|
Tchat, forums
|
MS
|
Recherches « fun »
|
|
Autres(quelles ?) :
|
30. Les réseaux sociaux (facebook, tweeter...) sont pour
toi :
|
|
plutôt un moyen de communiquer entre jeunes
mahorais-comoriens
|
|
plutôt un moyen de s'intégrer avec les
créoles
|
|
les deux à la fois
|
31. Disposes-tu d'un téléphone portable personnel
?
|
|
normal à touches
|
MS
|
smartphone (écran tactile)
|
|
Partagé (pas tout le temps)
|
|
Pas de portable
|
32. Quelles utilisations fais-tu du téléphone
|
portable :
|
MS
|
appel téléphonique : « seulement
|
pour finir le crédit »
|
|
Internet : messagerie, réseaux sociaux (facebook...)
|
|
sms-mms
|
|
|
Internet : recherches
|
|
Autres (quelles ?) :
|
33. En quoi le téléphone portable te
|
permet-il de mieux t'intégrer à la Réunion
?
|
S : « oui, avant je n'étais pas joignable M :
« non, plutôt Facebook »
|
! » (elle n'a un poste que depuis 2 mois)
|
34. En quoi le téléphone portable te
|
permet-il de mieux garder tes racines et ta culture d'origine
?
|
Non
|
|
35. Par quels moyens communiques-tu
|
avec la famille et les amis restés à
Mayotte/Comores : voir entretien
|
|
Téléphone fixe
|
|
portable
|
|
|
Envoi de paquets
|
|
Autres :
|
|
|
Courrier postal
|
|
Internet
|
|
|
Par des amis qui font le voyage
|
|
|
|
36. Médias : Combien d'heures par
|
jour regardes-tu la télévision en
moyenne voir entretien
|
Les jours de classe :
|
Le week-end :
|
37. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de télévision suis-tu le plus souvent :
|
voir entretien
|
|
38. T'arrive t'il de participer à une
|
émission de télévision locale et comment
(vote sms...) ?
|
voir entretien
|
|
39. Combien d'heures par jour écoutes-tu
|
la radio en moyenne ? voir
entretien
|
Les jours de classe :
|
Le week-end :
|
40. Quelles chaînes, quelles émissions
|
de radio suis-tu le plus souvent ?
|
voir entretien
|
|
41. La radio est pour toi un moyen
|
de
|
|
Partager des choses avec les autres jeunes
mahorais-comoriens
|
|
|
Mieux connaître la culture créole ou
française
|
|
Surtout pour se distraire
|
|
Autre chose :
|
|
42.
|
T'arrive t'il de participer à une
|
émission locale de radio et comment (appel
téléphone, vote sms...) ?:
|
|
voir
|
entretien
|
|
|
43.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des
|
journaux locaux (JIR, quotidien, autres) ? :
|
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine
|
|
Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
44.
|
Quels magazines locaux lis-tu
|
? : voir entretien
|
|
Magazines
réunionnais :
|
|
Magazines mahorais/comoriens :
|
45.
|
Avec quelle fréquence lis-tu des
|
magazines locaux réunionnais? voir
entretien
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
|
En moyenne une fois par semaine Moins souvent
|
|
Presque jamais
|
46. Souhaites-tu faire des commentaires, critiques ou remarques
sur ce questionnaire ou cette étude?
|
|
voir entretien
|
Nous te remercions d'avoir bien voulu participer
à notre étude et te souhaitons une bonne journée
!
|
206
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Annexe 3 : notes de transcription des entretiens avec
les participants
Entretien n°1 : Salima (questionnaire n°5)
et Fatima (questionnaire n°7), réalisé le 01/03/2012
Situation : Elèves mahoraises en classe de première
STG gestion, élèves du rédacteur de l'étude.
Conditions de recueil des informations écrites : contact
direct enseignant-élèves au lycée, questionnaire rempli
sur place en présence de l'enquêteur, précisions et
commentaires au fil du questionnaire.
Entretien réalisé sur rendez-vous, dans une salle
réservée, lors de la pause méridienne, enregistrement
vocal.
Notes d'entretien :
Contacts avec le pays d'origine :
Appels au pays : téléphone fixe avec des
cartes
Abonnement Mayotte h24 illimité médiaserv, moins
cher, c'est une question de prix
Comores : carte prépayée
Webcam, Skype : implique possession d'un ordi : modernes plus
qu'anciens jeunes plutôt
que parents
Les deux : plutôt fixe car les gens appelés (France
par Internet, Mayotte par téléphone) ne
sont pas habitués à la technologie, plutôt
téléphone
S et F : cousines, cousins en France, Mayotte :
téléphone
Mayotte : équipés, mais très bas
débit, connexion très lente « bas de gamme » :
« 1 heure
pour afficher la page gmail là bas », pas de
haut débit
Pratiquantes de Facebook, Google (recherches), email
Site « Mayotte online » (S ne connaissait pas) comme un
tchat : Entre Mahorais se
rencontrer, faire connaissance, savoir comment eux vivent, si
c'est différent, pouvoir
discuter,
Les groupes (mahorais) sur facebook t'invitent, on peut en faire
partie
S : « Je connais pas le numéro du
département français » (signe de faible attachement
à l'île
qui est devenue département français en mars 2011,
avec le numéro 976, devenu un signe
identitaire pour de nombreux jeunes mahorais)
Mahorais solidaires entre eux : naturel et nécessaire
207
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
S : « Comme à la Réunion, ici c'est
dur, je ne sais pas, si tu ne connais pas déjà un groupe de
mahorais, tu ne vas pas aller vers eux » « pas de contact
rapproché, pas avec des gens (mahorais) qu'on ne connaît pas
», « Si c'est de la famille oui, à la Réunion, cela
marche comme cela »
F : « C'est comme à Mayotte : famille et
connaissances "c'est compliqué " »
Contacts avec la famille restée au pays
« C'est les réunionnais qui appellent tous les
jours »
« S'ils ont un problème, ils envoient un message,
on les rappelle de suite »
« On appelle « à la maison », ceux qui
n'y habitent pas y viennent pour discuter av les
réunionnais »
Appels sur les mobiles à Mayotte : « ça
dépend des réseaux, des perturbations, du climat »
Sms illimités Only de Mayotte vers Réunion Only
(pas SFR)
Le mobile : « On paye de notre poche, c'est cher
», sinon quand ils le peuvent « les parents
payent, sauf les grands qui payent eux-mêmes
»
Pas abonnement pour les jeunes : cartes suivant situation
familiale, qu'ils payent eux-mêmes ou
les parents
« Les abonnements des parents c'est pour eux
»
S : « Quand on est nombreux, c'est difficile de payer un
abonnement pour chacun » « si on a
besoin on utilise le téléphone des parents
(même le mobile) » « pour payer les jeunes font des
petits boulots (tressage de cheveux), ou s'ils ont une bourse
(BTS), ils payent eux-mêmes »
F : « Si parents sont aisés ils payent, il y en a
pas mal dans la communauté mahoraise »
S : « On est nombreux (famille étendue) on les a
récupérés ici -2 cousines et leur frère-
leur
mère à Mayotte paralysée (donc 5+3=8) et
ma mère ne travaille pas » « si on avait un grand
frère ce ne serait pas la même chose à la
maison » (pas de père)
F : « Cela change beaucoup : s'il n'y a pas de mari, le
grand frère assure le rôle de papa et
grand frère »
208
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
S : « On a des conflits fréquents avec ma
mère, serait différent s'il y avait un frère »
Identité culturelle
Langues : mahoraise, comorienne, malgache (correspondant aux
origines)
« On n'est pas si différents avec les malgaches
bof, pas trop »
S : « J'aime pas les Comoriens » (rires) mon
père c'est un Comorien, je ne connais pas la famille de mon père
» « on s'entend moins bien avec eux »
F : « Les Comoriens en général n'aiment
pas trop les Mahorais » « Comoriens et Mahorais ne s'entendent pas
vraiment » « la culture est proche mais il n'y a pas toujours entente
»
S : « Les Comoriens sont toujours là à
faire leurs petites manies, les Mahorais sont tranquilles » « ils se
font remarquer »
F : « Ca dépend des gens concernés
» « l'Association à la fac c'est des mahorais seuls »,
« chacun est de son côté, a sa propre culture, il y a
beaucoup de cultures différentes » « Mayotte avant la
décolonisation (1975 donc bien avant leur naissance) avait
déjà une culture différente »
S : « Les mahorais n'aiment pas les « petits
» comoriens « petits voleurs » c'est leur image à
Mayotte, ça vient ici » « les Comoriens sont des
immigrés à Mayotte »
F : « Les Comoriens ne sont pas français au
départ, ils le deviennent par mariage » S : «
Pourtant ils sont plus bruyants »
Stéréotypes : les immigrés sont des
« sous »citoyens (« petits »), moins valables que la
population du pays d'accueil, et ont intérêt à se faire
oublier. Chacun semble reproduire ce schéma pour celui qui est «
plus immigré que lui ».
TIC et médias
F : « TIC entre jeunes, phone avec Mayotte
»
S : La Tv « c'est "obligatoire", allumée tout
le temps : séries, journal » (elle regarde le journal
réunionnais et celui de Mayotte « comme la plupart des familles
» « c'est un moyen de communiquer pour les familles » et de
conflit « ma soeur faisait la gueule parce qu'elle voulait regarder une
série, ma mère le JT» « ma mère a une
télé dans sa chambre » « pour le Jt Mayotte il faut un
abonnement à canal Sat, l'abonnement c'est au salon, pas dans sa chambre
»
209
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
F : « Parfois le journal réunionnais parle de
Mayotte, ça fait plaisir » « ils en parlent bien, en
général les reportages sont faits par les journalistes de Mayotte
» « j'aime bien "100% Mayotte" (émission sur
l'île)
S : « Les Mahorais n'écoutent jamais la radio,
plus la tv : si une personne met une chaîne, tu es obligée de
regarder »
F : « On regarde le journal ensemble »
SF : Pas d'interactivité en tv, ni radio «
arnaque » « ils prennent tout ton crédit » SF :
Journal papier : « non, ni réunionnais, ni mahorais
»
F : « Ils suivent peu le journal sur le net puisqu'il y
a la tv : à 6h le matin, à 20h (après jt
réunionnais)"
S'il y a des chevauchements S : « on enregistre avec le
décodeur »
Internet : « Les jeunes n'ont pas leur propre page
(site ou blog), simplement ils tchattent » pas de
web 2
« C'est plutôt des échanges directs entre
connaissances »
F : « Il n'y a pas d'organisation pour l'immigration
à la Réunion, c'est de l'info directe, affinitaire par les
"Réunionnais" en vacances là bas »
S : « C'est entre jeunes »
Les contacts ne sont « Pas claniques : c'est la famille
»
Pas de magazines, jamais, S : « j'en ai
déjà vu un », F : « moi c'est quand je vais
chez le médecin » « Pas chez la coiffeuse, on se coiffe seul
ou en famille, entre copines »
Mouvements sociaux à la Réunion : pas
concernés, « ça ne changera rien » (plus
intéressées quand cela se passait à Mayotte)
Religion S : « normalement c'est important mais les
jeunes d'aujourd'hui ne respectent plus rien quoi »
F : « Cela dépend des jeunes, certains plus
d'autres moins, même à Mayotte » « Quand les jeunes
arrivent ils ne respectent plus les coutumes », « Mais les parents
sont toujours là, hein »
210
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
S : Malgré cela « les jeunes s'en foutent, ils
veulent faire comme les autres » « Pas par pression sociale, par
choix »
F : « Même le ramadan, il y a des gens qui ne
le font pas, même à Mayotte, certains jeunes ne le font pas »
S : Choquée
Les pratiques sont parfois différentes entre musulmans
mais ce n'est pas sensible Le choix de rester ou repartir
S : Arrivée petite, elle préfère rester
ici ou aller en Métropole « pas habituée au mode de vie
de Mayotte », elle est allée « deux fois là
bas seulement, là bas c'est la campagne, les bananes... » «
Mayotte c'est mon origine, mais pas mon projet, là bas je me sens dans
un autre pays "chez moi, c'est ici", ma mère veut y retourner, moi je
n'irai pas »
F: « Là bas, je connais, c'est
différent, c'est dur mais je vais m'en sortir, ça va aller, on
vit très bien là bas. » « Pas de problème avec
le mode de vie réunionnais, c'est plutôt mes racines, là
bas aussi, je suis chez moi, ma famille bien établie, non, ça va
»
211
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Entretien n°2 avec Ida (questionnaire
n°2) et Izati (questionnaire n°3), réalisé le 9/03/2012
Situation : Etudiantes mahoraises, en BTS, anciennes
élèves du rédacteur de la recherche.
Conditions de recueil des informations : contact pris via
facebook, envoi des questionnaires par courriel, retour par courriel et
complément d'informations lors de l'entretien, pour Ida, questionnaire
complété par l'enquêteur au cours de l'entretien pour
Izati.
Entretien réalisé dans l'appartement familial de
l'une des participantes, en présence de la famille dans un premier
temps, puis seulement en compagnie des plus jeunes enfants à la garde
des participantes. Pas d'enregistrement vocal.
Notes d'entretien avec Ida
Origine : Mahoraise, malgachophone (voir
préambule) Appels téléphoniques :
Fixe, appels sortants, abonnement illimité, tous les
soirs au même numéro (maison familiale, ceux qui souhaitent leur
parler viennent à la maison)
Téléphone portable, fréquemment,
abonnement illimité sur le poste personnel. Sms plus rarement
Pas d'appel Internet, la connexion est mauvaise,
problèmes de réseau
Envoi de colis par voie affinitaire. Pas de courrier ou colis
postaux, ni d'enregistrements.
Différence perçue entre mahorais et comoriens
à la Réunion : « oui, mais trop importante. La
différence est dans le comportement des jeunes. »
Elle n'a pas trop de relations avec les jeunes comoriens,
plutôt avec les mahorais Mode de vie à la fois créole et
mahorais
Perception ressentie des créoles envers les mahorais
: « ils nous voient d'un mauvais oeil, la plupart sont
réticents envers nous », « franchement, je ne sais pas »
ce qu'ils attendent de nous.
Attentes des jeunes mahorais de la Réunion : «
qu'ils soient mieux accueillis, qu'ils aient leur place dans cette
société »
212
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Attentes des adultes mahorais de la Réunion : «
qu'ils soient plus respectés, que les créoles reconnaissent
enfin leur nationalité, qui est française, qu'ils arrêtent
leurs préjugés ».
Pour favoriser l'intégration des jeunes mahorais «
par la langue (créole) ». Dans l'autre sens, « il faudrait
faire découvrir la culture (mahoraise) aux créoles »
Ses ami(e)s sont des mahorais et des créoles, à
égalité
La langue de communication avec ses amis est le créole.
Avec ses parents, le malgache (utilisé à Mayotte), le
créole avec ses frères et soeurs
Activités partagées avec ses ami(e)s : danser,
sortir entre copines, shopping
Activités associatives : Association culturelle LAYMIA
(créée par sa mère), pratique de danses traditionnelles
(Ida a expliqué ensuite qu'elle inventait, proposait et dirigeait les
chorégraphies pour les autres jeunes danseuses)
Les activités des associations permettent de maintenir
la culture et les traditions d'origine.
Ses choix vestimentaires ne sont pas influencés par la
culture d'origine, tenues similaires à celles des jeunes créoles
(mais son iconographie Facebook est majoritairement en costume traditionnel)
Notes d'entretien avec Izati
Origines : Comorienne, mahoraise, un peu malgache.
Née à la Réunion où elle a toujours vécu.
Père Anjouanais (Comores), mère biologique comorienne,
mère adoptive mahoraise et comorienne.
Nadia se considère d'abord mahoraise.
Relations avec Mayotte : S'y rend
régulièrement. Pas encore allée aux Comores. Appels
téléphoniques :
Fixe, appels sortants, abonnement illimité, tous les
jours, plusieurs appels ; parfois appel vers des cabines
téléphoniques.
Téléphone portable, fréquemment,
abonnement illimité sur le poste personnel, les parents ont le leur
213
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Skype parfois (rarement), avec ses oncles, la connexion est
mauvaise (bas débit à Mayotte)
Différence perçue entre mahorais et comoriens
à la Réunion : oui, la culture et la langue. Les mahorais et
les comoriens s'entendent mais restent chacun dans son groupe.
Les comoriens (non français) voudraient venir pour
obtenir de meilleures conditions de vie, les mahorais viennent pour faire des
études et repartir.
Mode de vie à la fois créole et
mahorais
Perception ressentie des créoles envers les mahorais
: cela dépend des gens.
En fin d'entretien, elle cite des réactions de
discrimination à l'emploi et pour la recherche de stages :
- Votre nom ?
- Myriam. (prénom « neutre »)
- Ah oui, très bien, Myriam comment ?
- D'Jaffar.
- Pas de stage actuellement.
Même cas évoqué pour son père lors
d'une recherche d'emploi : à la consonance du nom, il n'y avait plus
d'emploi disponible. (noms changés pour conserver l'anonymat)
Les langues de communication avec ses amis sont le
mahorais, le créole, ainsi que le français. (ces langues sont
pratiquées en famille également)
Activités associatives (Association culturelle
ALFALLAH, mahoro-comorienne) organisation d'événements culturels
mahorais, pratique de danses traditionnelles.
Pour elle les activités des associations permettent de
mieux se retrouver entre jeunes mahorais et maintenir la culture et les
traditions d'origine.
Ses choix vestimentaires ne sont pas influencés par la
culture d'origine (elle porte le foulard traditionnel, un jean, et
généralement une tenue toujours très « correcte
»).
Les autres éléments qui lui permettent de garder
sa culture d'origine sont la religion et la nourriture (plats traditionnels)
214
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Suivre la culture d'origine est un choix personnel,
très important
Son choix est plutôt de s'intégrer à la
Réunion tout en gardant son identité d'origine
Projets d'études, et projets professionnels : BTS, puis
retour à Mayotte pour travailler. Car elle « se sent plutôt
mahoraise »
Son entourage familial influence un peu ses projets mais ce
sont d'abord ses projets personnels
La communication entre jeunes :
Les moyens utilisés : contact direct, appel
téléphonique, sms-mms, réseaux sociaux -facebook-(pas de
messagerie Internet)
L'accès à Internet se fait par son ordinateur
portable personnel, le PC fixe de la maison, les PC du lycée seulement
pour le travail (pas de connexion avec son téléphone mobile).
L'utilisation d'Internet : Messagerie, réseaux sociaux
(facebook), pas trop pour le travail scolaire, pas de tchat ou de recherches
« fun »
Les réseaux sociaux (facebook) sont un moyen de
communiquer entre jeunes mahorais et aussi de s'intégrer avec les jeunes
créoles. Elle n'est pas une grande utilisatrice, son compte n'est pas
toujours actif.
Téléphone portable personnel de type «
smartphone » (écran tactile) plus un poste classique à
touches : appel téléphonique, sms-mms.
Le téléphone portable ne lui permet pas de mieux
s'intégrer à la Réunion, mais plutôt de garder ses
racines et sa culture d'origine en pratiquant la langue.
Médias :
Elle ne regarde « pas » la
télévision, sauf le JT Réunion, le JT
mahorais chaque jour, le JT français parfois, et une telenovela
Ne participe pas aux émissions « une fois la
petite a épuisé tout son crédit en une seule fois
» Elle écoute peu la radio : Freedom
dans la voiture
215
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Ne lit pas les journaux, ni locaux, ni mahorais Lit le
magazine télé Star-Top chaque semaine
Participation aux relais de Saint Denis (course
populaire dans le centre ville, au mois d'octobre 2010, par équipes de
10 relayeurs parcourant un total de 5 km) : Izati était capitaine d'une
équipe composée de mahorais(e)s et de jeunes créoles.
« J'ai d'abord contacté des jeunes mahorais, mais ce n'est pas
toujours facile de se répartir les tâches. Ibrahim (jeune mahorais
du même lycée, participant à la recherche) a recruté
ses amis du Bas de la Rivière, des créoles, pour compléter
l'équipe »
216
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Notes d'entretien n°3 : Kaycha (questionnaire
n°12, complété par l'enquêteur), le 10/03/2012
Situation : Etudiante en droit à l'Université de
la Réunion, résidente en cité universitaire, famille
à Saint Pierre.
Conditions de recueil des informations : Abordée
à la sortie de la bibliothèque universitaire, sans contact
préalable, Kaycha a aimablement accepté de participer à la
recherche et de répondre aux questions.
Entretien réalisé dans les locaux de la
bibliothèque universitaire, sans recours à l'enregistrement
(tombé en panne)
Origines :
Née à Mayotte, arrivée à la
Réunion à l'âge de 3 ans (actuellement 21 ans, donc 18 ans
à la Réunion), se considère d'abord Mahoraise.
Relations avec Mayotte : N'y va pas
régulièrement, son père habite Mayotte et fait de
fréquents allers-retours. Appels téléphoniques
fréquents (entrants et sortants), par le téléphone
portable.
Différence perçue entre Mahorais et Comoriens
à la Réunion : « pas très importante,
principalement la langue ». « Les activités associatives
sont pratiquées séparément, même si l'association
des jeunes mahorais peut accepter des membres de toutes origines, par exemple,
un Congolais »
Perception ressentie : « les Créoles
considèrent les Mahorais comme des étrangers, ils ne comprennent
pas notre langue, cela les ennuie, ils préféreraient qu'on ne
parle que créole. »
Ce que les jeunes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion en général, c'est d'être mieux
intégrés, plus acceptés.
Ce que les adultes mahorais-comoriens attendent de la
Réunion, c'est de meilleures conditions de vie pour eux et de meilleures
chances d'études pour leurs enfants. A Mayotte, il y a moins de
possibilités.
Ses ami(e)s sont plutôt des Mahorais, mais aussi des
Créoles, ainsi que des Malgaches
217
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Les langues de communication avec ses amis sont le mahorais,
le créole, ainsi que le français, en fonction de l'origine de
chacun
Activités partagées avec ses ami(e)s :
activités associatives (UEEMR, Union des étudiants et
élèves mahorais de la Réunion) organisation de
soirées et de la semaine culturelle mahoraise, pratique de danses
traditionnelles et soirées type discothèque.
Les activités des associations permettent de mieux se
retrouver entre jeunes mahorais, maintenir la culture et les traditions
d'origine, et dans une moindre mesure de mieux s'intégrer à la
Réunion
Les choix vestimentaires sont un peu influencés par la
culture d'origine : foulard traditionnel sur une tenue plus « jeune
créole » (chemisier col ouvert)
Les autres éléments qui lui permettent de garder
sa culture d'origine sont la musique et les danses traditionnelles
mahoraises.
Suivre la culture d'origine est un choix personnel
Son choix est de s'intégrer à la Réunion
tout en gardant son identité d'origine
Projets d'études, et projets professionnels : licence
de droit puis une carrière de juriste d'entreprise à Mayotte.
Ce choix géographique constitue un retour aux sources.
Sa famille en métropole aussi rêve d'un retour à Mayotte
« Ce sera très enrichissant pour nous et nous avons tant de
choses à construire à Mayotte »
Sa mère a influencé son projet en lui
conseillant le droit plutôt que l'architecture qui l'attirait dans un
premier temps.
La communication entre jeunes :
Les moyens utilisés : contact direct, appel
téléphonique, sms-mms, messagerie Internet Réseaux sociaux
(facebook).
L'accès à Internet se fait par son ordinateur
portable personnel, le téléphone portable, les postes de
l'Université. Il y a un PC fixe à la maison, mais elle ne
l'utilise pas, résidant en cité universitaire la semaine.
218
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
L'utilisation d'Internet : Messagerie, réseaux sociaux
(facebook), travail universitaire, recherches « fun ». Abonnement
à un e-journal mahorais « Zaleo ». Pas de fréquentation
de sites diasporiques « on s'entend bien avec tous les mahorais,
quelle que soit leur origine familiale ou géographique » ; «
pas nécessaire de communiquer avec des mahorais ailleurs dans le monde
»
Les réseaux sociaux (facebook) sont plutôt un moyen
de communiquer entre jeunes mahorais
Téléphone portable personnel de type «
smartphone » (écran tactile) : appel téléphonique,
sms-mms, téléchargements Internet (jeux)
Le téléphone portable ne lui permet pas de mieux
s'intégrer à la Réunion, mais plutôt de garder ses
racines et sa culture d'origine en gardant le contact.
Les moyens de communication avec la famille et les amis
restés à Mayotte : Téléphone portable
fréquemment en appels sortants et entrants, envoi de colis par voie
affinitaire. Pas de courrier ou colis postaux, ni d'enregistrements. Pas de
contacts via Internet ou skype.
Médias :
Elle ne regarde pas la
télévision, non disponible à la cité-U ;
parfois le JT réunionnais à la maison. Ne participe pas aux
émissions locales.
Elle écoute la radio en cas
d'évènements, particulièrement s'ils concernent Mayotte
(mouvements contre la vie chère). Dans ce cas, elle écoute les
informations sur Freedom. La radio est pour elle un moyen d'information
uniquement, ce qu'elle perçoit comme un moyen de partager des choses
avec les autres jeunes mahorais.
Ne lit pas les journaux, ni les magazines, ni locaux, ni
mahorais
Ce qu'il conviendrait d'améliorer : plus d'ouverture de
la part des mahorais, que les créoles acceptent les mahorais comme ils
sont.
Endogamie : sa famille en métropole a fait sa vie avec
des gens de métropole. Sa mère préfèrerait qu'elle
soit avec un mahorais « on aura plus de choses à partager
». A commencer par la religion, importante, mais plus pour les
parents que pour les jeunes. Eux sont plus partagés : certains pensent
que « faire sa vie avec un créole, pourquoi pas, mais il devra
faire la démarche de s'intégrer avec les mahorais » (se
convertir). Finalement « les créoles et les mahorais ne sont
pas si différents ».
219
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Notes d'entretien n°4 - Ali, étudiant
comorien (Grande Comore) le 10/03/2012
Abordé à la sortie de la bibliothèque
universitaire, Ali a aimablement accepté de participer à la
recherche et de répondre aux questions.
Ali est hors population étudiée, cet entretien
permet de préciser certains points de dissemblance
mahorais-comoriens.
Etudiant en Master de géographie, venu pour la
durée de ses études
Entretien réalisé dans les locaux de la
bibliothèque universitaire, sans recours à l'enregistrement
(tombé en panne)
Notes :
La différence entre Mahorais et Comoriens n'est
pas très importante, les cultures et notamment les langues sont
différentes.
La pratique religieuse est plus forte chez les comoriens que
chez les mahorais qui ne la respectent pas toujours « certains
mahorais mangent du jambon »
De la part de la population réunionnaise, il ressent un
racisme global envers mahorais et comoriens « ils ne font pas la
différence » ; « ils nous identifient par notre apparence
physique et se comportent de manière raciste et discriminatoire
»
Beaucoup de comoriens viennent à la Réunion pour
leurs études. Aux Comores le choix est moindre et il est avantageux
d'avoir un diplôme français, c'est valorisé.
Pour les comoriens les équivalences de diplôme ne
sont pas automatiques ni totales, il faut souvent repasser des matières
pour intégrer le cursus. Les étudiants comoriens se retrouvent
souvent en difficulté scolaire.
Leur objectif est d'éviter l'échec ; s'ils n'y
arrivent pas à la Réunion, ils vont tenter de réussir en
métropole. « Ils ne peuvent pas revenir en situation
d'échec, le retour doit se faire avec des éléments de
réussite ».
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Notes d'entretien n°5 - Samia (questionnaire
n°14) et Mariama (questionnaire 15) le 29/03/2012
Situation : Samia est une ancienne élève,
actuellement en classe de BTS au lycée de Bellepierre, Mariama est
élève en classe de terminale STG gestion, sans contact
préalable avec le rédacteur de la recherche, s'est jointe
à l'entretien pour accompagner son amie (situation plus rassurante et
« politiquement correcte » que de la laisser seule avec
l'enquêteur). Après 40 minutes d'entretien, les deux filles
(Comoriennes) ont été rejointes par une troisième
camarade (Mahoraise) partie au don du sang (le CTS était
présent au lycée ce jour).
Conditions de recueil des informations écrites :
questionnaires remplis par l'enquêteur, précisions et commentaires
au fil du questionnaire.
Entretien réalisé sur rendez-vous, dans une
salle réservée, lors de la pause méridienne, sans
enregistrement vocal.
Notes :
Les relations avec la famille restée au pays :
Samia : « Je suis partie aux Comores trois fois en 18
ans »
Mariama : « Moi deux fois aux Comores et trois à
Mada (dans la famille) »
S : « Les parents appellent souvent, tous les jours
ou presque. Ils sont toujours en contact, s'il se passe quelque chose »
« on appelle avec le fixe, le plus souvent, avec une carte »
»sinon avec le gsm Only » « ma mère appelle sa famille,
mon père appelle sa famille » « les cousins se
déplacent sur la maison de famille »
M : « Une fois on a envoyé des cartes postales
», « ma mère ne s'entend pas trop avec ses soeurs »,
« on appelle Mada de temps en temps, avec le gsm pas avec le fixe
»
Les appels sont généralement sortants, rarement
entrants « ils nous bippent pour qu'on les rappelle »
« On envoie des colis par les amis ou la famille, par la
poste non »
220
Différence entre Comoriens et Mahorais
221
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
M : « Il y a Mahorais et "Mahorais" » (fait les
guillements avec ses doigts aux côtés de sa tête) « on
ne s'entend pas trop à part deux, trois » « ils ne respectent
pas trop la religion »
S : « Depuis petite dans mon éducation, on me
dit que les Mahorais ne sont pas bien, heureusement que je ne suis pas
Mahoraise » »personne ne le dit mais on ne s'entend pas depuis
longtemps » « ils se la pètent depuis qu'ils sont
français »
M : « Ils sont vantards, ils se moquent » «
tout le monde n'est pas pareil, c'est la plupart » « tout le monde
dit que tout va bien » « c'est leur attitude » (accord
marqué par S) « c'est la même langue à peu
près, le mode de vie aussi »
Relations avec les Créoles
S : « En général, ça va, c'est
normal, parfois ils (les Créoles) sont racistes », « ça
dépend du quartier, il y a beaucoup de Mahorais dans le bas de la ville
(où elle habite), alors ça va »
M : « Moi je suis dans un quartier créole
(Moufia), c'est moins sympa, on a des réflexions "retourne ton pays"
» « pour les racistes, pas de noirs dans leur "nation", sur leur
territoire »
Ces derniers commentaires indiquent qu'au delà des
préjugés sur les Comoriens (et vice-versa), ils trouvent
préférable de faire partie du même quartier plutôt
que d'être « isolés » dans un quartier presque
exclusivement Créole.
Laymia (Mahoraise) qui vient juste d'arriver (et n'a pas
entendu les commentaires sur les Mahorais), a proposé de participer
également et complète son questionnaire. Elle intervient alors :
« parce que eux (les Créoles), ils ne sont pas noirs ; ils sont
cafres, mais pas noirs, je me marre, c'est n'importe quoi ! »
Attentes par rapport à la Réunion
S : « Attentes ? je suis née là !
»
M : « Qu'ils soient plus sympas, plus accueillants
»
S : La Réunion « c'est le rêve
américain, quitter la misère. Ceux qui viennent doivent aider la
famille restée là-bas » « l'attente pour les jeunes
c'est que l'école est une chance (de réussite) pour les
aider ensuite là-bas »
222
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
M : « Ils veulent qu'on réussisse parce qu'eux
n'ont pas pu » « eux ont du arrêter l'école tôt
pour aider la famille » « pour éviter aux filles de devoir se
marier par intérêt, ça arrive encore, même ici »
« nous on n'a pas de "fréquentations" : (on est) trop jeunes
»
TIC et pratiques médiatiques
Il n'y a pas de sites diasporiques à leur connaissance,
mais il y a une page Facebook de la Grande Comore : « seléani
».
S : « La
télé, beaucoup, une télé est
allumée en permanence » « on regarde des dessins
animés, et le JT national » « ni le JT réunionnais, ni
le comorien ; les parents oui » « on ne participe pas aux
émissions »
M : « Des séries, pas le JT, le week-end c'est
plutôt l'ordi, les réseaux sociaux » « une fois, j'ai
été interviewée par TV Comores avec mon association
»
La radio « parfois, si on n'a rien à
faire, mais c'est rare », « pour se distraire, pas pour participer
», pas de PQR réunionnaise, ni comorienne « y'en a ?
», pas non plus de magazines.
Leurs conclusions :
Laymia : « On ne calcule plus leurs critiques, peu
importe. Les Créoles sont comme ça, ils ont des arrières
pensées »
S: « En gros ça va, mais ils ont des jugements
trop rapides, pour eux on sera toujours des Comores ou des Mahorais, pas des
créoles », M : « et nos enfant le seront aussi.»
Et en cas de mariage avec un créole ? S : «
Mes parents trouvent que je suis trop jeune pour avoir un mec »,
et « quand ce sera le moment (ouuh, dans longtemps...) ils
n'imagineraient pas autre chose qu'un Comorien !»
M : « Mais entre Comoriens et Mahorais, la
différente est plus forte chez les anciens, beaucoup moins chez les
jeunes »
On a pu noter que dans de nombreuses familles, les origines
étaient mêlées, mais que le choix identitaire était
unique. Effet de la créolisation où chacun doit s'accommoder des
différences des autres dans un « vivre ensemble », ou
fréquentation (scolaire notamment) de l'autre groupe qu'on apprend
à connaître et démystifier, les divergences semblent moins
graves à la jeune génération migrante.
223
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Notes d'entretien n°6 : Ibrahim (questionnaire
n°10, complété auparavant), le 05/04/2012
Situation : ancien élève, Mahorais, actuellement en
classe de BTS. Le questionnaire lui avait été remis directement
en février, auto-administration à domicile. Il l'avait
retourné complété, rendu en main propre quelques jours
après.
Conditions de recueil des informations écrites : contact
direct au lycée, entretien complémentaire au questionnaire.
Entretien réalisé sur rendez-vous, dans une salle
réservée, lors de la pause méridienne, sans enregistrement
vocal.
Notes d'entretien :
Pratique des langues :
Ses ami(e)s sont mahorais et créoles, à
égalité. Les langues de communication avec ses amis « la
langue qu'ils parlent », « créole, avec mes amis
réunionnais, mahorais avec mes parents » (français non
mentionné) « Dans ma classe (de BTS) il n'y a que des
créoles, je parle donc créole, dans la cour je retrouve parfois
des amis avec qui je parle mahorais » « le créole est de plus
en plus présent, on le parle à la maison entre frères
» « les parents aiment bien qu'on parle français, cela leur
permet de pratiquer (eux parlent plutôt le mahorais) » « quand
on regarde les feuilletons avec ma mère, si elle ne comprend pas quelque
chose, on traduit » il pratique aussi « l'arabe pour la
religion »
Les relations avec Mayotte :
« Ma mère appelle souvent, tous les deux,
trois jours, sur le fixe comme sur le portable (elle a un abonnement pour
chacun) » « en général c'est nous qui appelons,
quelques fois c'est eux, surtout s'ils ont un problème : santé de
la grand-mère, ou besoin d'envoyer de l'argent »
« Les jeunes ont aussi un portable (commun) pour
appeler Mayotte, celui qui en a besoin le prend », « avec Internet,
c'est difficile pour Mayotte, avec Skype on appelle plutôt la famille en
France » « Skype ou Facebook, c'est plutôt les jeunes
»
« Avec la génération des parents, c'est
plus difficile, ils nous font la morale, ils nous disent de travailler à
l'école pour l'avenir » « entre jeunes on communique
plutôt par blagues »
« Un cousin (de Mayotte) fait ses études à
la fac, il habite chez nous »
224
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
« Quelques fois, on envoie des petits colis, comme du
linge pour les petits, par la famille ou les amis, pas par la poste
»
Différence perçue entre Mahorais et Comoriens
à la Réunion : non, pas vraiment, à part la langue.
« Depuis petit, j'ai des copains Comoriens, je vais chez eux, ils
viennent à la maison, pour nous ça ne fait pas de
différence »
Activités pratiquées avec les amis :
football, ciné, jeux vidéo. Il fait partie d'une association
sportive de son quartier (Bas de la Rivière). Quand il a fallu recruter
des coureurs pour les relais de Saint Denis, « j'ai demandé
à mes amis, de n'importe quelle origine » leur équipe,
mixte, motivée a remporté une coupe.
Pratiques médiatiques
«La télé n'est pas allumée en
permanence, on l'allume quand on veut voir quelque chose » (en plus
des JT regardés en famille) « ma mère c'est plutôt
les feuilletons, les telenovelas. Elle regarde aussi Bollywood : elle aime bien
le comportement des jeunes, toujours corrects, le respect des anciens, elle
retrouve certaines références musulmanes »
« Mon père regarde le foot, ou des films
»
Ce qu'il faudrait améliorer : « Quand il faut
demander des papiers, par exemple un extrait de naissance, c'est long et
compliqué, j'espère que ça va s'améliorer (avec la
départementalisation) » une autre dimension des relations
Réunion-Mayotte. Cela semble indiquer en tout cas qu'il trouve sa vie
à la Réunion tout à fait satisfaisante.
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