Introduction
L'usage de poisons dans la pêche est une pratique
courante, quand bien même la loi relative à l'institution d'un
Code de la Marine marchande en interdit formellement l'utilisation. La forte
demande en produits de pêche liée à la démographie
galopante en milieu littoral ces dernières années et le niveau de
chômage de plus en plus important dans la population des jeunes
expliquent le recours fréquent au poison dans la pêche. L'objectif
de cette pratique est d'accroître le volume des captures pour faire face
à la demande (Anoh, 2007).
C'est dans les eaux lagunaires de l'espace littoral et sur les
plans d'eau continentale que cette forme de pêche est observée. La
pêche par empoisonnement est efficace dans les milieux clos où les
eaux sont soumises à un faible brassage. C'est pourquoi elle est
quasiment inexistante en mer. La forte agitation et la grande étendue
des eaux marines rendent ce milieu impropre à la pratique de la
pêche par empoisonnement. Les produits toxiques qui s'y retrouvent et qui
causent malheureusement d'énormes dégâts, le sont le plus
souvent accidentellement et sont le fait d'autres usagers de l'espace maritime
(Anoh, 2007).
La planète est actuellement peuplée de plus de
sept milliards d'humains et cette explosion démographique ne cesse de
croître. La croissance de la population et revenue dans le monde entier
associé à l'évolution des préférences
alimentaires, stimulant un accroissement rapide de la demande de
protéines d'origine animales (viande, lait, oeufs, poissons, insectes et
autres). L'usage des tous ces piscicides n'est plus contrôlé
coutumièrement (Stauch, 1960).
De ce seul point de vue, la pêche a pour l'individu une
importance particulière telle qu'elle a motivé chez l'homme
sauvage, la recherche des végétaux propres à lui assurer,
par l'empoisonnement des cours d'eau, des pêches faciles, fructueuses et
sans risques. Le risque à courir paraît, en effet d'importance qui
consiste à manger un poisson intoxique, et partout, le fait est
là : les poissons capturés par ces procédés
sont dans la plupart des cas d'une innocuité absolue. (Kerharo et
al, 1960)
Il est certain qu'en raison de la grande quantité de
poissons récoltés, ces pêches coutumières
fournissent un apport notable en protéines animales, aux populations
riverains ainsi qu'à celle des villes à voisinant. Cependant,
malgré leur caractère traditionnel et leur efficacité, ces
actions peu contrôlées n'ont pas qu'un aspect
bénéfique. D'une part, les poissons pêchés par
empoisonnement se conservent mal ; leurs chairs se dégradent
rapidement et l'écoulement du produit de ces pêches sur les
marchés locaux ne peut pas toujours s'effectuer dans un bref
délai. Il en résulte que cette nourriture, consommée
souvent avariée loin du lieu de pêche, n'est pas sans risque pour
les consommateurs. D'autre part, les poisons végétaux, s'ils sont
administrés par voie orale, sont extrêmement toxiques, même
à dilution très faible et par simple contact pour les animaux
à sang froid. L'ensemble des organismes constituant les
écosystèmes dulçaquicoles est donc susceptible
d'être affecté du fait de la faible sélectivité de
ce produit. (Elouard et al. 1982 ; Stauch, 1960; Monod, 1928, Kerharo
et al., 1960).
Ce caractère remarquable d'être, d'une
façon générale, toxique par l'homme et les animaux
à sang chaud, devrait suffire pour faire prendre en considération
l'intérêt présenté par les drogues ichtyotoxiques
(Amakoe, 2011). Notre étude a pour objectif global de contribuer
à la lutte contre la pêche traditionnelle par empoisonnement des
cours d'eau. Ce travail vise donc à changer le système de
production paysanne, car comme l'affirment Whittemore et Elsley (1976):
«lorsqu'on veut insérer une information nouvelle dans le
système d'alimentation d'une population, l'un des principaux
problèmes est que, au lieu d'être une question de nutrition, c'est
le système de cette population qui est mis en cause par l'information.
Tout devient alors une question de système tandis qu'il s'agissait d'une
information qui touche essentiellement la nutrition et qui aurait pu
déboucher sur un développement riche de succès».
Cette zone n'a pas encore fait l'objet de suivi
régulier de l'utilisation des plantes ichtyotoxiques. Il est donc
difficile de montrer l'impact de cette application des ichtyotoxiques sur la
richesse aquatique. La question qui se pose alors est de savoir comment se
présente l'impact de l'application des plantes ichtyotoxiques sur la
richesse aquatique du milieu?
C'est pourquoi devant cette problématique, dans le
cadre de cette étude, nous allons présenter les méfaits
de l'application des plantes ichtyotoxiques par empoisonnement des cours d'eau
et leur impact sur la biodiversité aquatique. Pour répondre
à ces questions les hypothèses suivantes peuvent être
formulées :
ü Est-il vrai que ces plantes «Amblyogonocarpus
schweinfuthii Harms, Diospyros mweroensis et Luffa
cylindrica » sont-elles toxiques ?
ü Quel a été le taux de mortalité
des poissons à l'effet de chacune de ces plantes ?
ü Laquelle de ces trois plantes présente un taux
élevé de toxicité ?
ü Quels sont les comportements affichés par les
poissons après inoculation de la poudre ichtyotoxique ?
C'est dans l'optique de répondre aux questions ci-haut
et vérifier les hypothèses ci-dessus posées que nous avons
choisi pour thème : « d'étudier de la
toxicité des poudres des fruits des plantes ichtyotoxiques
« cas de Amblyogonocarpus schweinfuthii Harms, Diospyros
mweroensis et Luffa cylindrica » sur les Tilapias de la
Lukuga ».
Pour confirmer ces hypothèses il s'agira de comparer
spécifiquement l'ichtyo toxicité de ces plantes
(Amblyogonocarpus schweinfuthii Harms, Diospyros mweroensis et
Luffa cylindrica), de relever la dose létale de la plante qui
s'illustrera plus toxique en fonction du temps et de d'observer les
comportements affichés par les poissons après inoculation de la
poudre toxique.
Vivre dans un environnement sain et de lutter pour contribuer
à la protection de la nature constitue le principal enjeu de nombreuses
recherches scientifiques. Il intéresse aussi bien les organisations
paysannes que urbaines qui engagent aujourd'hui tant d'efforts pour remettre
l'environnement à l'état naturel. Cette présente
étude constitue un document qui pourrait aider la population
utilisatrice des plantes indigènes à protéger la
biodiversité aquatique.
A côté de l'introduction, de la conclusion et
recommandations, le présent travail s'articule autour de quatre
chapitres. Le premier chapitre est consacré à la revue de la
littérature. Le deuxième chapitre parle sur le milieu,
matériel et les méthodes. Le troisième chapitre est
consacré aux résultats. Le quatrième chapitre est
consacré à la discussion.
Chapitre 1. Revu de littérature
1.1. Historique
La notion des toxiques de pêche paraît aussi
vieille que les hommes. Elle est connue des peuplades les plus primitives du
monde et doit dater de l'époque où les hommes vivaient de la
simple cueillette des végétaux, des produits de la chasse et de
la pêche.
Pour (Chevalier, 1937) cette notion serait antérieure
à l'agriculture et remonterait peut être même au
paléolithique. L`homme préhistorique, simple récolteur de
végétaux, a dû apprendre à ses dépens la
reconnaissance des plantes toxiques. De l'application de ses expériences
à la capture des animaux il n'y avait qu'un pas, qui fut sans doute vite
franchi. La pêche est dans ses débuts, liée à la
chasse car tous les peuples primitifs considèrent la pêche comme
la chasse appliquée aux animaux aquatiques. Nous suivons, au cours des
âges préhistoriques, l'évolution de la pêche :
d'abord la simple capture à la main, puis la naissance du harpon
lancé vigoureusement d'un bras solide, l'homme s'est aperçu bien
vite que la force de pénétration de l'instrument et la
précision de l'oeil était insuffisante pour lui assurer la
capture du gibier ou du poisson. C'est à ce moment qu'il eut sans doute
recours aux plantes toxiques mettant ainsi à profit ses
expériences alimentaires (Gruvel, 1928) ayant trouvé les toxiques
de chasse, l'homme les applique à la pêche. Le problème
était plus complexe, car ce n'était plus un projectile, ni un
appât qu'il fallait empoisonner, mais une grande masse aqueuse,
d'où la nécessité de traiter le minimum de volume
d'eau.
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