1.3.4.Les principaux vecteurs du paludisme au Cameroun
Au Cameroun, cinq espèces sont
considérées comme vecteurs majeurs du paludisme. Il s'agit
d'An. gambiae s.s., An. arabiensis,An. funestus,An. nili etAn.
moucheti (Njan Nloga etal., 1993; Fontenille et Simard, 2004).
D'autres espèces telles que An. paludis, An. pharoensis, An.
hancocki, sont considérés comme des vecteurs d'importance
locale car présents juste dans quelques régions (Fontenille
etal., 2000; Antonio-Nkondjio etal., 2006). A ceux-ci
s'ajoute An. ovengensis, découverte récemment au Sud
Cameroun (Awono-Ambene etal., 2004).
Adapté de : Mouchet et Carnevale 1991
Figure 3 :Cycle biologique des
Anophèles
b
a
Source :
http://www.infoscience.fr/dossier/moustique/moustique_som.html
Figures 4 (a et b) :Anophèle
femelle à jeun (a) et Anophèle femelle gorgée (b)
1.3.4.1. Le complexe Anopheles gambiae
Initialement considéré comme étant une
seule espèce, An. gambiae s.l.est actuellement reconnu par tous
les biologistes comme étant un complexe d'espèces. Il regroupe en
son sein sept espèces bien définies dont la découverte a
commencé lors d'études sur la transmission de gènes de
résistance aux insecticides (Davidson, 1962 ; 1964) et dont les
croisements produisent des mâles stériles (White 1985 ; Hunt
et al., 1998).Ce sont :
- An. arabiensis Patton, 1904
- An. bwambae White, 1985
- An. gambiae sensu strictoGiles, 1902
- An. melasTheobald, 1903
- An. merus Doenitz, 1902
- An.quadriannulatus A Theobald, 1911
- An.quadriannulatus BHunt et al., 1998
(Mouchet et al.,2004).
Les espèces de ce complexe sont présentes dans
les régions de forêt dégradées ou de savanes humides
et occupent ainsi toute la ceinture équatoriale africaine.Au Cameroun,
on les retrouve dans toutes les régions (Fontenille et al.,
2000, Wondji et al., 2005).Les travaux de cytogénétique
de Colluzi et al., (1979) ont permis de montrer que ces espèces
sont génétiquement distinctes et caractérisées par
des inversions chromosomiques stables associées à des adaptations
aux conditions climatiques (aridité, température...).
Considérée comme « un des meilleurs,
sinon le meilleur vecteur du monde » (Mouchet et al., 2004),
An. gambiae s.s. est l'espèce la plus répandue de la
planète. Les larves se développent dans les collections d'eau
claires, peu profondes, ensoleillées et sans végétation.
Ce sont par exemple des empreintes de pas, des traces de pneus de voitures, des
flaques ou des rizières irriguées. Il a ainsi été
démontré par Muirhead-Thompson (1945) en Sierra Leone que si l'on
mettait de l'ombre sur un gîte de ponte, il n'était plus
utilisé par les femelles de An. gambiae (Mouchet et
al., 2004).Au sein de l'espèceAn. gambiae s.s., des
travaux de biologie moléculaire ont permis d'identifier deux formes
moléculaires : M et S (Della-Torréet al., 2000).
Elles sont associées aux différentes formes chromosomiques de
cette espèce et présentent probablement un isolement reproductif.
En effet, aucun hybride M/S n'a été retrouvé dans la
nature tant en Côte d'ivoire (Chandre et al., 1999)qu'au Burkina
(Della-Torréet al., 2005) et au Cameroun (Wondji et
al., 2005).C'est une espèce très anthropophile, avec des
indices sporozoïtiques en général supérieurs à
3%. En journée, ces insectes se posent dans des gîtes de repos qui
peuvent être soit des habitations (endophilie), soit sous des abris
extérieurs (exophilie) tel que les arbres et arbustes, les hangars
ouverts...
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