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Les rites d'investiture d'un chef coutumier comme espace communicationnel chez les Lega du territoire de Shabunda en RDC

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par Junior KYANGALUKA LUMPEMPE
Université pédagogique nationale de Kinshasa RDC - Graduat 2012
  

Disponible en mode multipage

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    Epigraphe

    « La culture est le miroir de tout un peuple, celui qui l'ignore met son peuple en péril »

    NKONGO NLOMBI Philippe, Anthropologie culturelle, L2, Géo, UPN, 2011

    Dédicace

    A mon aimable et tendre Père Alphonse KYANGALUKA LUMPEMPE, de qui nous sommes très fiers, pour nous avoir élevé selon les normes de la société et grâce à ses conseils et son soutien, nous sommes ce que nous sommes aujourd'hui,

    A ma tendre mère Brigitte AZAMA, pour son amour incomparable et irremplaçable. Nous saisissons cette opportunité pour vous dire que même si Dieu devait recréer le monde un million de fois, mon souhait le plus ardent serait de rester et de demeurer toujours votre fils,

    A vous mes chers frères et soeurs qui méritez notre considération : Lucie KYANGALUKA, Rosine KYANGALUKA, Jean Bosco KYANGALUKA, Sandra KYANGALUKA, Objet KYANGALUKA, Julie KYANGALUKA, Nicole KYANGALUKA, Joachim KYANGALUKA et Christian KYANGALUKA pour la fraternité et l'unité affiché.

    Je dédie ce travail

    Remerciements

    Nous voici à la fin du premier cycle des nos études de graduat à l'Université Pédagogique Nationale. A cette occasion nous tenons à remercier l'ensemble du corps académique et scientifique de l'Université Pédagogique Nationale, pour nous avoir formé et encadré depuis le premier graduat jusqu'à la fin de ce cycle, citons en particulier le professeur G.G. ELITE, le professeur Philippe NTONDA, le professeur Clémence KASINGA, le professeur Edouard TSHISUNGU, le professeur Albert TSHIBANGU, le C.T. Nicaise MANGOMA, l'Assistant Severin Bamany et tant d'autres.

    Nous tenons aussi à remercier de tout coeur, monsieur Philippe NKONGO NLOMBI qui, des mains de maître, nous a gratifié de son encadrement et de sa disponibilité durant notre recherche.

    Nous ne pouvons pas passer sous silence, sans remercier tous nos amis, compagnons et compagnes de lutte tels que : Christian KISUDI, Laschoni SOKI, Vanessa KAZADI, Raphaël MASSIRIKA, Papy ILUNGA, Arnaud TSHIJIBA, Marthe MULINDWA, Maryse TCHALA, Isaac KALENGA, Nancy MAKITA, Grace KAMAMBA, avec qui nous avons bravé pluie et soleil, vents, et brises légères à l'UPN notre caserne de savoir.

    A tous, nos sincères remerciements

    0. INTRODUCTION

    01. Problématique

    Le besoin de communiquer s'est toujours imposé à l'homme depuis son apparition sur terre. Ce dernier utilise divers moyens qui se sont distingués selon les époques composant son histoire. Nous citons entre autres : la parole, les gestes, les mimiques, les symboles, le silence etc.((*)1)

    Notre travail porte sur l'analyse de rites d'investiture d'un chef coutumier chez les Lega de Shabunda.

    Nous sommes partis du constat selon lequel il existe, chez plusieurs peuples d'Afrique et dans les clans composant diverses tribus de la République Démocratique du Congo, des Chefs traditionnels investis par leur communauté.

    Le problème auquel nous nous butons au départ est la méconnaissance des mécanismes de communication mise en oeuvre au cours de la cérémonie d'investiture d'un chef coutumier dans la société Lega. Ce problème s'inscrit dans l'axe de la recherche théorique étant donné la compréhension du phénomène soumis à notre étude. D'où, en abordant ce sujet, notre préoccupation est de répondre aux interrogations suivantes :

    - Existe-il une cérémonie d'investiture chez les Lega ?

    - Comment se déroule ladite cérémonie?

    - Quel message véhicule-t-on à travers ces rites ?

    Ce sont là les questions essentielles auxquelles nous allons tenter de répondre dans cette étude.

    02. Hypothèse

    Le système de communication dans une cérémonie rituelle repose sur des structures multimodales, multi codique et multi sémiotique((*)2).

    C'est ainsi qu'à l'instar des autres tribus de la République Démocratique du Congo, nous présumons que la cérémonie d'investiture de chef coutumier existe chez les Lega et se pratique selon la coutume. Ainsi ladite cérémonie véhicule de message approprié à travers les insignes. Ce travail fait état de ces rites et en analyse le contenu communicationnel.

    03. Choix et intérêt du sujet

    Le choix du présent sujet n'est pas un fait du hasard. C'est le résultat d'une ferme détermination de vouloir d'abord comprendre comment se passe réellement les rites d'investiture de chef coutumier chez les Lega. En outre l'engouement pour mener des recherches dans mon milieu d'origine et la curiosité scientifique de connaître les réalités du terroir sont pour nous une réelle motivation de nous imprégner des schémas de notre culture ancestrale.

    A ce niveau, ce travail va ajouter en nous un anneau dans notre savoir scientifique et celui des générations futures qui vont s'imprégner de cette étude.

    0.4. Méthodes et technique de recherche

    0.4.1 Méthodes

    Dans l'élaboration de cette réflexion, nous avons recouru à deux méthodes : La méthode historique et la méthode analytique. La première (historique) nous a permis de rassembler toute la documentation en rapport avec notre sujet, trier l'essentiel, le faire passer au crible de la critique historique pour le présenter de façon plus ou moins objective après l'analyse des faits. La seconde (analytique) nous a permis d'analyser les données en notre possession relatives en matière d'investiture de chef traditionnel.

    0.4.2 Technique

    Concernant les techniques, nous n'avons utilisé que la technique documentaire pour la simple raison que notre sujet renferme une documentation abondante. En outre, dans les sociétés à écriture, comme dans la nôtre, les données documentaires constituent le point de départ le plus sur et le plus commode de l'enquête sociologique en dehors de l'enquête sur terrain.

    Ainsi, comme il s'agit d'analyser les faits, notre réflexion couvre en toute logique la période qui va de l'époque précoloniale à nos jours.

    0.5. Difficultés rencontrées

    Nous avons rencontré deux difficultés majeures dans ce travail. La première est d'ordre familial Il s'agit là d'une difficulté de retrouver les membres de la famille qui ont vécu dans le village de Shabunda, pour qu'ils nous renseignent sur ce qui se passe réellement, lors de l'investiture d'un chef coutumier. La seconde est d'ordre matériel et financier.

    0.6. Délimitation de notre travail

    0.6.1 Dans le temps

    Notre sujet couvre une période allant de 1926 à 2009.

    Les années 1926 et 2009 répondent bien à cette délimitation pour la bonne raison que la première marque l'investiture du premier chef coutumier dans la collectivité des Wakabango I (en Collectivité secteur des Bakisi, l'événement analogue a eu lieu en 1928), tandis que la seconde correspond à l'investiture de l'actuel chef de collectivité chefferie des Wakabango I.

    0.6.2 Dans l'espace

    Comme notre réflexion ne concerne que le peuple lega, il va de soi que l'espace concerné est celui habité par les lega comme autochtones et propriétaires des terres. Il s'agit du territoire de Shabunda pris comme notre champ d'investigation.

    0.7. Division du travail

    Notre travail est subdivisé en trois chapitres.

    - Le premier est le cadre conceptuel et théorique,

    - Le deuxième renseigne sur les Lega dans le territoire de Shabunda,

    - Le troisième et dernier chapitre de notre réflexion donne des éclaircissements sur l'investiture d'un chef coutumier comme espace communicationnel chez les lega du territoire de Shabunda.

    Ces trois chapitres précédés par une introduction générale se clôturent par une conclusion.

    PREMIER CHAPITRE: CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

    Section 1 : Cadre théorique

    Dans ce premier chapitre, nous allons définir les concepts clés du présent travail, il s'agit des concepts ci-après:

    - La communication

    - Le rite

    - L'investiture

    - Le chef coutumier

    1.1. La communication

    La communication est définie, selon Éric Maigret, comme « l'action de communiquer », d'établir une relation avec autrui, de transmettre quelque chose à quelqu'un, l'ensemble des moyens et techniques permettant la diffusion d'un message auprès d'une audience plus ou moins vaste et hétérogène et l'action pour quelqu'un, une entreprise d'informer et de promouvoir son activité auprès du public, d'entretenir son image, par tout procédé médiatique((*)3).

    Le mot « communication » vient du latin «communicare» qui signifie «être en relation». 

    En effet, le Robert définit la communication comme « le fait d'établir une relation avec quelqu'un ou quelque chose »((*)4). «Communiquer» c'est faire connaitre quelque chose à quelqu'un, rendre commun à, transmettre quelque chose.

    Elle concerne aussi bien l'être humain (communication interpersonnelle, groupale...), l'animal, la plante (communication intra- ou inter- espèces) ou la machine (télécommunications, nouvelles technologies...), ainsi que leurs hybrides : homme-animal; hommes- technologies... C'est en fait, une science partagée par plusieurs disciplines qui ne répond pas à une définition unique.
    Et si tout le monde s'accorde pour la définir comme un processus, les points de vue divergent lorsqu'il s'agit de qualifier ce processus.

    Pour Ekambo Duasenge, le terme peut être compris comme le fait pour une personnalité, un organisme, une entreprise de se donner telle ou telle image vis-à-vis du public((*)5).

    La communication est un processus par lequel un émetteur transmet un message par un canal à un récepteur et produit des effets((*)6).

    Carl Hovland affirme que la communication est un processus par lequel un individu (communicateur-émetteur) transmet des stimuli en symboles verbaux à un autre individu (récepteur) en vue de modifier son comportement((*)7).

    Dr. Hesnenard dit de la communication qu'elle est un besoin qui constitue une condition première pour un être humain

    1.1.1. Principaux types de communication

    La science de la communication englobe un champ très vaste que l'on peut diviser en plusieurs niveaux((*)8). Chaque niveau englobe ceux qui se situent en dessous de lui. Selon Mc Quail, il existe une certaine prédominance de la recherche pour la communication de masse.

    Mais il existe, selon d'autres théories, un découpage en trois niveaux de communications fondamentales basées sur leur diffusion :

    a) Communication interpersonnelle((*)9)

    C'est la communication du type émetteur - message - receveur

    La communication interpersonnelle est fondée sur l' échange 1 émetteur - 1 récepteur.

    Entre humains, c'est la base de la vie en société. C'est là en général que la compréhension est la meilleure, mais le nombre de récepteurs est limité à une seule personne. La rétroaction est quasi systématique. Il y a notamment le téléphone, la conversation orale... Mais la communication n'est pas qu'orale. Elle est aussi non verbale.(voir plus bas).

    La communication passe donc aussi par le corps. Ainsi elle sera non verbale ou plutôt non verbalisée. La communication non verbale peut être para-verbale, c'est-à-dire qui accompagne la vocalisation. Ainsi lorsque le locuteur explique qu'il faut aller à droite et qu'il bouge sa main dans cette direction, c'est un cas de communication para verbale. Croiser les bras dans un signe de protection est aussi une communication non verbale. Mais ici ce sera pour dire que : « je me retranche derrière mes idées laissez-moi tranquille ». Mimiques et posture font partie de la communication. Des gestes risquent de faire passer un message comme plus fort, plus prononcé que ce que l'on dit. Le ton d'un message est aussi une forme de non-verbal. C'est cette base, le non-verbal, qui définit par exemple ce qu'on appelle le jeu d'un acteur, au théâtre.

    On dit parfois que la communication est holistique - c'est-à-dire qu'elle fait intervenir le tout de l'homme - pour souligner l'importance de l'environnement, des interférences environnementales dans la communication.

    Pour l'école de Palo Alto, « on ne peut pas ne pas communiquer ». Que l'on se taise ou que l'on parle, tout est communication. Nos gestes, notre posture, nos mimiques, notre façon d'être, notre façon de dire, notre façon de ne pas dire, toutes ces choses « parlent » à notre récepteur. La communication est aussi une forme de manipulation. En effet, nous communiquons souvent pour manipuler, modifier l'environnement ou le comportement d'autrui((*)10).

    Elle n'a été formalisée qu'aux cours des deux derniers siècles.

    b) Communication de masse

    Dans la Communication de masse un émetteur (ou un ensemble d'émetteurs liés entre eux) s'adresse à un ensemble de récepteurs disponibles plus ou moins bien ciblés. Là, la compréhension est considérée comme la moins bonne, car le bruit est fort, mais les récepteurs bien plus nombreux. Elle dispose rarement d'une rétroaction, ou alors très lente (on a vu des campagnes jugées agaçantes par des consommateurs, couches pour bébé par exemple, conduire à des baisses de ventes du produit vanté)((*)11).

    Ce type de communication émerge avec

    · la « massification » des sociétés : production, consommation, distribution dites « de masse »

    · la hausse du pouvoir d'achat

    · la généralisation de la vente en libre-service

    · l'intrusion entre le producteur et le consommateur de professionnels et d'enseignes de distribution.

    · les médias de masse ou « Mass-média » dont la radio et la télévision. L'absence de réponse possible en fait un outil idéal de la Propagande, ce que souligne à plusieurs reprises Georges Bernanos.

    En France, l' État lie significativement Culture et Communication en les confiant à un même ministère. .

    L'un des ouvrages considéré comme fondateur de la notion de « masse », bien que contestable sur son contenu et son objectivité, est « Psychologie des foules » (1895) du psychopathologue Gustave Le Bon. « La persuasion clandestine », ouvrage de Vance Packard, montre à ce sujet que la science de la manipulation était déjà bien avancée en 1957. « Retour au meilleur des mondes », d' Aldous Huxley, va dans le même sens((*)12).

    c) Communication de groupe((*)13)

    La communication de groupe part de plus d'un émetteur s'adressant à une catégorie d'individus bien définis, par un message (communication) ciblé sur leur compréhension et leur culture propre.

    C'est celle qui est apparue avec les formes modernes de culture, souvent axées sur la culture de masse ( société de consommation), dont la publicité ciblée est la plus récente et la plus manifeste.

    Les effets de la communication de groupe se situent entre ceux de la communication interpersonnelle et ceux de la communication de masse.

    La communication de groupe est aussi complexe et multiple car elle est liée à la taille du groupe, la fonction du groupe, et la personnalité des membres qui le compose.

    On peut également intégrer cette notion dans la communication interne à une entité. Les groupes peuvent alors être des catégories de personnels, des individus au sein d'un même service, etc.

    On peut aussi intégrer cette notion à une communication externe ciblée vers certains partenaires ou parties prenantes de l'entité((*)14).

    1.1.2. Modèles de communication

    De nombreux théoriciens de la communication ont cherché à conceptualiser « le processus de communication ». La liste présentée ci-après ne peut prétendre être exhaustive, tant les modèles sont nombreux et complémentaires. Nous allons seulement nous limiter aux modèles de Shannon et Weaver et de Jakobson.

    a) Modèle de Shannon et Weaver((*)15)

    Modèle de Shannon et Weaver

    Le modèle de Claude Shannon et Weaver désigne un modèle linéaire simple de la communication : cette dernière y est réduite à sa plus simple expression, la transmission d'un message. On peut résumer ce modèle en :

    « Un émetteur, grâce à un codage, envoie un message à un récepteur qui effectue le décodage dans un contexte perturbé de bruit. »

    Apparu dans Théorie mathématique de la communication ( 1948), ce schéma sert à deux mathématiciens Claude SHANNON (père entre autres de nombreux concepts informatiques modernes) et Warren Weaver (scientifique versé tant dans la vulgarisation que la direction de grands instituts), à illustrer le travail de mesure de l'information entrepris pendant la Seconde Guerre Mondiale par Claude SHANNON (ce dernier a été embauché par Weaver à l'Office of Scientific Research and Développent pour découvrir, dans le code ennemi, les parties chiffrées du signal au milieu du brouillage).

    À l'origine, les recherches de SHANNON ne concernent pas la communication, mais bien le renseignement militaire. C'est Weaver qui a "traduit" la notion de brouillage par celle de " bruit", la notion de signal par " message", la notion de codeur par "émetteur", la notion de décodeur par "récepteur"... Jusqu'à la fin de sa vie, Claude SHANNON se défendra contre la reprise du soi-disant modèle pour autre chose que des considérations mathématiques((*)15).

    Le modèle dit de SHANNON et WEAVER n'a en effet de prétention qu'illustrative. Mais il a souvent été pris au pied de la lettre, révélant alors la forte influence béhavioriste du modèle de Pavlov (stimulus-réponse).

    Ce modèle, malgré son immense popularité (on le trouve cité souvent comme "le modèle canonique de la communication"), ne s'applique pas à toutes les situations de communication et présente de très nombreux défauts :

    · et s'il y a plusieurs récepteurs ?

    · et si le message prend du temps pour leur parvenir ?

    · et si la réalité décrite n'existe pas ailleurs que chez le premier locuteur ?

    · et s'il y a plusieurs messages (au besoin contradictoires) qui sont prononcés en même temps?

    · et s'il y a un lapsus ?

    · et si sont mis en jeu des moyens de séduction, de menace ou de coercition ?

    · et si le message comporte des symboles nouveaux ou des jeux de mots ?

    - Signal

    Emetteur

    Canal

    Codage

    Décodage

    Récepteur

    Message : l'idée Que l'Emetteur veux transmettre l'idée que

    Veux transmettre l'idée qui

    Signe envoyé par l'Emetteur

    Tout moyen de véhiculer le message jusqu'à la cible message media, internet, vendeur

    La forme donnée par l'émetteur à l'idée à transmettre

    Bruit des signes qui parasitent le signal envoyé

    L'interprétation par le récepteur de signaux reçus

    Les composants du système de schéma Shannon et Weaver((*)16)

    Ce schéma de SHANNON et WEAVER a pour avantage de mettre en évidence, les facteurs perturbateurs de l'information qui sont appelés « bruits » c'est un modèle qui ne prend pas en compte le coté retro action de l'information.

    Pour SHANNON, l'information n'est pas l'objet de la transmission. Il s'agit d'une grandeur statique, abstraite qualifiant le message indépendamment de sa signification.

    b) Modèle de Jakobson((*)17)

    Cet autre modèle, fondé sur la linguistique, est proposé par Roman Jakobson ( 1896- 1982). Ce linguiste russe développe un point de vue centré non plus sur la transmission d'un message, mais sur le message lui-même, évitant ainsi les dangers d'instrumentalisation technique (voir sur ce point philosophie des réseaux).

    Canal

    Emetteur

    Code

    Message

    Contexte

    Récepteur

    Il est composé de six facteurs. À chacun de ces facteurs est liée une fonction du message, explicitée par Jakobson.

    1. Le destinateur, lié à la fonction expressive du message,

    2. Le message, lié à la fonction poétique du message,

    3. Le destinataire, lié à la fonction conative du message,

    4. Le contexte, l'ensemble des conditions ( économiques, sociales et environnementales principalement) extérieures aux messages et qui influence sa compréhension, lié à la fonction référentielle du message,

    5. Le code, symbolisme utilisé pour la transmission du message, lié à la fonction métalinguistique du message,

    6. Le contact, liaison physique, psychologique et sociologique entre émetteur et récepteur, lié à la fonction phatique du message.

    On notera l'apparition ou la réapparition des trois dernières notions ( contexte, code, contact) qui complètent énormément la vision d'ensemble sur ce qu'est une communication.

    Ces travaux sont à lier à l'impulsion linguistique de Ferdinand de Saussure, conceptuelle de Shannon et Weaver, et philosophique de John L. Austin((*)18).

    1.1.3. Les Fonctions de la communication((*)19)

    Les six facteurs ou éléments constitutifs du processus de la communication que nous avons examinés précédemment n'ont toujours pas la même importance dans la transmission des messages, ni les mêmes effets.

    Et partant du parallélisme ci-dessous décrit entre les éléments constitutifs du processus de la communication, JAKOBSON en cite ses six fonctions :

    - L'émetteur se rapporte à la fonction émotive,

    - Le récepteur se rapporte à la fonction conative,

    - Le canal est en rapporte avec la fonction phatique,

    - Le code est en rapport avec la fonction métalinguistique,

    - Le signal ou le message se rapporte à la fonction référentielle,

    - Le contexte se rapporte à la fonction poétique.

    Ainsi nous pouvons définir ces fonctions de la manière selon Roman JACOBSON

    1. La fonction émotive (expressive) est centrée sur le locuteur, Par elle le « Je » du locuteur exprime ce qu'il ressent à l'égard du message, iI donne ou veut donner l'expression de son émotion.

    2. La fonction conative (dénotative) oriente le message vers le destinataire. C'est en quelque sorte une invitation à agir, à répondre à une question, à exécuter un ordre. Les procédés linguistiques qui mettent la fonction conative de la communication en évidence sont particulièrement : l'impératif et l'apostrophe.

    3. La fonction phatique concerne le canal ou le contact dans le processus de la communication ; elle sert à veiller attentivement au bon fonctionnement du canal ou veille à établir et maintenir le contact. C'est encore à la conversation téléphonique que l'on pourra emprunter les exemples les plus clairs de la fonction phatique.

    4. La fonction métalinguistique est la mise en branle lorsque le locuteur éprouve le besoin de contrôler si son auditeur et lui utilisent le même code et lorsque ce code doit être explicite pour assurer le bon fonctionnement de la communication. Chaque fois qu'il faut que le langage serve à s'exprimer lui-même. Ainsi la grammaire dont le rôle est d'exprimer le fonctionnement de la communication est donc une métalangue.

    5. La fonction référentielle (ou conative)  met d'abord l'accent sur le contexte référentiel. Il est important que le locuteur et le récepteur parlent de la même chose, d'un même sujet de conversation afin de bien se comprendre.

    6. La fonction poétique met en évidence la valeur ou l'esthétique du message lui-même, non plus d'abord le message mais marier le beau ou l'agréable à l'utile.

    1.2. Rite

    Un rite est une structure initiatique très précise, composée de "degrés", ciselée au cours des siècles par de sages initiés.

    Selon l'encyclopédie Encarta, le rite est une cérémonie solennelle inscrite dans la vie sociale ou religieuse d'une collectivité((*)20).

    1.3. Investiture

    Etymologiquement, le mot « investiture » dérive du latin « investire », qui signifie revêtir, couvrir d'un vêtement, vêtir, habiller.

    L'investiture est l'acte de reconnaissance officielle par une autorité de l'attribution à une personne d'un pouvoir, d'un titre, d'une fonction ou d'une dignité. Elle a lieu, en général, au cours d'une cérémonie formelle dite cérémonie d'investiture.

    Au Moyen-âge, l'investiture désignait l'acte par lequel une personne était mise en possession d'un fief ou un bien ecclésiastique.

    1.4. Chef coutumier

    Un chef coutumier est un chef désigné selon la coutume et veillant à ce que celle-ci soit respectée et appliquée dans une société qui requit le système de la chefferie((*)21).

    1.4.1. Notions sur le chef coutumier

    Selon Iluba, un chef coutumier est un initié qui exerce un pouvoir mystico-religieux sur sa communauté((*)22). Il est également le notable placé à la tête d'une communauté et investi selon la tradition. Tous les notables membres du conseil coutumier sont déjà présents, on voit le griot, courir vers l'assistance, annonçant l'arrivée de l'incomparable chef coutumier.

    C'est le chef coutumier qui répartit les biens, il commande non seulement les hommes mais également les forces invisibles. C'est lui qui est autrement appelé chef traditionnel.

    DEUXIEME CHAPITRE: LES LEGA DANS LE TERRITOIRE DE SHABUNDA

    A travers ce chapitre, notre préoccupation est de localiser d'abord le peuple Lega ensuite de présenter la population et ses activités, son organisation socioculturelle et enfin de présenter son historique.

    Section 1 : Données géographiques et physiques

    1.1. Situation géographique et superficie

    Le territoire de Shabunda est situé entre 27° et 28°24' de longitude Est et entre 4° et 5° de latitude sud. Sa superficie est de 25 216 km², soit environ 40% de celle su Sud-Kivu, et équivaut pratiquement à celle du Rwanda. Sa population est actuellement estimée à 2.000.000 habitants, soit une densité moyenne de 24 habitants au km². Il faut noter que le territoire voisin « Shi »de Walungu est peuplée de 470 363 habitants avec une densité moyenne de 261 habitants au km². Le territoire de Shabunda est limité :

    - Au Nord, par les territoires de Punia et Walikale ;

    - Au Sud, par les territoires de Kasongo, Kabambare et Fizi ;

    - A l'Est, par les territoires de Mwenga, Walungu, Kabare et Kalehe ;

    - A l'Ouest, par le territoire de Pangi((*)23).

    1.2. Climat

    Le climat est du type équatorial. Il est caractérisé par une chaleur constante et une forte température moyenne d'au moins 25°C. Il pleut régulièrement toute l'année. L'humidité relative est si élevée qu'il est difficile de distinguer la courte saison sèche de la longue saison des pluies. La hauteur moyenne des pluies estimée à 1600 mm, diminue de l'Est à l'Ouest en raison du relief((*)24).

    1.3. Végétation

    La végétation répond au climat du type équatorial. Il s'agit de la forêt dense avec ses innombrables essences.

    1.3.1. Faune et Flore

    Les 2/3 du parc National de Kahuzi-Biega sont situés dans la collectivité des Bakisi, groupements Bamuguba Nord et Bamuguba sud. Mais, des espèces animales comme les gorilles de montagne, les éléphants, les singes dorés sont menacés  d'extinction par les bandes armées rwandaises qui s'y sont refugiés et massacrent impitoyablement des espèces protégées. Trois grottes sont répertoriées dans le Territoire de Shabunda : Ikozi, Itoba et Migele. Exploitées judicieusement, ces grottes pourraient relancer le tourisme dans le Territoire((*)25).

    1.4. Relief

    Le territoire de Shabunda connaît deux types de relief : le Malinga Ouest est une région de plateaux et des basses terres et Ntata Est qui est une région de haute altitude.

    Parmi les endroits de haute altitude citons : les monts Idoka, Kinkutu, Ikozi et Mutanga chez les Bakisi et les collines de Kanguli, Kalole, Mitumba, Ikanga et Kisongo chez les Wakabango I.

    1.5. Sol et sous sol

    Le territoire de Shabunda a un sol sablonneux très riche pour l'agriculture et contenant d'importantes richesses minières (or, cassitérite, Coltan...).

    Il regorge des minerais et des pierres précieuses. L'implantation pour exploitation des Sociétés minières depuis la colonisation. Telles que le CNKI, devenue la KIVU MINES à Nzovu, la COBELMIN à Lulingu et le PHIBRAKI à Mulumba.Toutes ces sociétés ont fusionné avec la MGL et la SYMETAIN dans la SOMINKI en 1975. Les principaux produits du sous-sol exploités sont :

    § La cassitérite ;

    § Le Wolframite ;

    § Le colombo-tantalite ou Coltan.

    § L'or alluvionnaire ;

    § L'améthyste.

    1.6. Hydrographie

    Les grandes rivières affluentes de Lualaba arrosent le territoire de Shabunda. Il s'agit des rivières Elila et Ulindi. La première coule de l'Est à l'Ouest. Ses principaux affluents sont : Simunambi, Lwimo et Kilombwe. La seconde coule également dans le même sens. Ses principaux affluents sont : Kindi et Lugulu. Ce dernier reçoit les eaux de Nduma sur la rive droite et de Lubimbe sur la rive gauche. La Lugulu constitue à elle seule un bassin au nord du territoire de Shabunda en raison de l'important réseau hydrographique qu'elle draine.

    1.1. 1.7. Carte du Territoire de Shabunda

    Section 2 : La population et ses activités

    2.1. La population

    La population Lega est estimée à 2.000.000 habitants((*)26). Ce sont pour la plupart de petits fermiers.

    Parmi leurs voisins les plus proches figurent les Bembe, Bindja, Zimba, Songola, Kumu, Shi et Nyanga.

    2.2. Les activités de la population((*)27)

    2.2.1 : L'agriculture

    Les Lega travaillent la terre en coupant les herbes et en abattant les arbres qui y poussent. Huit mois après, ces herbes et arbres sont brûlés et on procède tour à tour sur la même surface à la semence du riz, des arachides pour finir par piquer le manioc.

    Nous faisons remarquer que le maïs intervient peu dans l'alimentation des Lega. Aussi, il est semé en quantité minime dans le champ d'arachides. Quant aux bananes plantains, elles sont piquées dès le départ, sur le périmètre du champ.

    Les outils utilisés comprennent principalement : la hache, la pelle, la machette et la houe.

    2.2.2 : La chasse

    Elle est une activité des personnes adultes et quelques adolescents. On distingue la chasse au filet, à laquelle participent divers membres de famille composant un village et la chasse en groupe restreint utilisant comme armes la lance ou une arme à feu type calibre 12. Le produit de la chasse est ramené en famille pour y être distribué.

    2.2.3 : L'élevage

    Les Lega s'intéressent de manière artisanale à l'élevage des bovidés (chèvres, ovins), de la volaille (gallinacés, canards, pigeons). Les bovidés passent la nuit dans des étables appelées « mukumba».Une basse-cour est aménagée pour la volaille.

    2.2.4. La pêche

    Les Lega pratiquent la pêche à la ligne et la pêche au filet généralement dans des rivières peu profondes. Il faut retenir que les Lega craignent s'aventurer dans les grandes étendues d'eau ou des eaux profondes (contrairement au peuple « Bagenia » de la Province Orientale) et comptent un nombre minime de pêcheurs utilisant la pirogue pour opérer à une grande distance des berges. La pêche est ouverte aux personnes de tout âge.

    Section 3 : Organisation socioculturelle

    3.1. Organisation clanique des Lega

    La société des Balega est une société à castes où c'est elle qui exerce le pouvoir sociopolitique. La caste de Bwami est une société ésotérique hiérarchisée qui incarne le pouvoir social et politique des Balega.

    La caste de Bwami connaît une stratification de cinq degrés ou ce sont les castes supérieures qui dirigent la confédération. Les cinq stratifications du Bwami sont : 1°) Bwami, 2°) Kansilembo, 3°) Ngandu, 4°) yananio, 5°) Kindi. A partir du troisième grade, il existe un grade féminin correspondant à celui du grade masculin. (voir tableau ci-dessous).

    Grade

    Grade masculin

    Grade féminin

    1

    Mwami

     

    2

    Kansilembo

     

    3

    Ngandu

    Bombwa

    4

    Yananio

     

    Echelon1=musagi wa yananio

    Bulonda

    Echelon2=lutombo lwa yananio

    5

    Kindi

     

    Echelon 1=kyogo kya kindi

    Bunyamwa

    Echelon 2=musagi wa kindi

    Echelon 3= lutombo lwa kindi

    Si les deux dernières castes sont prestigieuses et honorifiques, la cinquième est éminemment politique, car elle est exigée pour la représentation d'une région dans la confédération de Balega

    A l'intérieur d'une caste, il peut y avoir encore une sous-stratification. Le Ngandu représentant une région dans la confédération des Balega est un poste stable de direction d'un conseil régional qui ne peut pas être isolé du conseil de la région. À ce titre, le Ngandu représentant une région n'exerce pas un pouvoir personnel mais collégial et représentatif.

    Si le territoire occupé par les Balega est appelé Bulega, l'entité politique des Balega est appelée la confédération de Balega car elle est personnalisée en tant que patrimoine commun de tous les clans de culture Balega((*)28).

    3.2. Le rôle du chef du clan

    De par ces critères, le rôle du chef du clan qui est aussi un chef coutumier était de protéger, de nourrir, d'encadrer, de contrôler, de diriger et de guider sa population. Le chef du clan était un rassembleur, un unificateur, un pacificateur etc.((*)29).

    Cependant, malgré ces attributs du chef du clan, la gestion du pouvoir était collégiale. Le chef n'en était que le garant. Toute décision importante nécessitait une réunion à huis clos, « KAKUNGU » de la part de la classe politique, ou une assemblée générale démocratique appelée « MUSANGANANO ». D'où, l'absence totale de la personnalisation du pouvoir((*)30).

    3.3. Le mariage chez les Lega

    Chez les lega, le mariage est un acte social qui occupe une place de choix dans la société. Il est ressenti comme un devoir à remplir par tout parent envers sa progéniture. Car cet acte non seulement consacre à cette dernière le statut de responsable, mais aussi ouvre la voie à une assurance sur la perpétuation de l'espèce familiale qui constitue le souci majeur pour les géniteurs. Le célibat est considéré comme une situation anormale.

    Chez les lega comme chez la plupart des peuples de la République Démocratique du Congo, l'engagement des familles passe avant celui des individus appelés à s'unir. Le choix d'un futur conjoint opéré par une famille dans une autre famille s'appuie sur les critères de moralité et de fécondité.

    Il faut noter que la décision finale pour qu'un parent marie un fils est conditionné par la capacité avérée de celui-ci à se prendre en charge.

    3.3.1. Période préparatoire

    Un membre de famille (généralement le père ou l'oncle) du jeune homme que l'on veut marier se rend auprès de la famille ciblée de la jeune fille pour demander la main de cette dernière. Une fois la demande acceptée, la période des fiançailles est ouverte.

    Le jeune pourra alors à sa guise se rendre au moment opportun en visite test auprès de la famille de sa fiancée. Cette visite est désignée sous le vocable « itendia ». Tout se sera bien passé si la réception se termine par un repas comprenant un coq sur pied égorgé à cette occasion.

    3.3.2. Le mariage

    Les deux familles se fixent un jour pour la cérémonie de la dot. La nomenclature des biens est communiqué à la belle famille et comprend obligatoirement

    1) Le «Musanga»:monnaie ancestrale constituée de pièces de coquille d'escargots et d'huitres en forme rectangulaire ou circulaire percées de trous en leurs milieux et entassées autour d'un fil passant par ces trous;

    2) Des billets de banque en monnaie nationale;

    3) Des caprinés (chèvres et/ou moutons sur pied)

    4) Du matériel pour l'agriculture et la chasse: hâches, machettes, houes, lances, fusil calibre 12...

    5) Des habits : pagnes, foulards, pantalons, chemises, costumes

    Suivant la tradition, les Lega se complaisent à n'établir aucune sorte de «facture» fixant le nombre des biens énumérés ci-dessus. Les quantités respectives à fournir constituent un test du dégré d'amour du fiancé envers sa future conjointe. Ce dégré est traduit par la hauteur des quantités de ces biens remis à la belle famille.

    Le jour»J» la belle famille se rend auprés de la famille prétendante pour la cérémonie du mariage coutumier. Après un bref échange , la famille prétendante étale et compte les biens. C'est en ce moment que la belle famille exprime sa satisfaction totale ou partielle sur la valeur de la dot.

    Dans ce dernier cas, la famille prétendante déclare la quantité ou valeur minimale souhaitée pour un type de bien donné et , généralement, si le prétendant ne peut immédiatement y rémédier, il recourt à l'expression: «Isonga muzinga, talikusilaga mu busi bumozi«. C'est qui veut dire littéralement : «la dot est comparable à un trou(béant) à remblayer, on ne peut y parvenir en en jour». Et, littérairement, «la valeur (significative ) de la dot est telle qu'on ne peut s'en acquiter en une seule échéance». En effet, au cours de sa vie professionelle, l'époux est appelé à faire à ses beaux frères des dons à valoir sur la dot.

    Aussitôt après, la belle famille emballe tous ces biens et rentre chez lui. Il n'y a aucune cérémonie de rejouissance organisée à cette occasion. La famille prétendante peut alors fixer le jour de sa convenance où la belle famille accompagnerait la jeune épouse au domicile de son mari.

    3.4. Les infrastructures culturelles

    3.4.1. Les écoles primaires et secondaires

    Le territoire de Shabunda organise à l'instar des autres territoires du pays deux types d'écoles :

    - Les écoles publiques créées à l'initiative de l'Etat et gérées directement par lui ou par les Eglises signataires de la convention scolaire du 26 février 1977.

    - Les écoles privées agréées créées à l'initiative privée et gérées par des personnes physiques ou morales appelées « Promoteurs».

    Les écoles publiques se groupent en 5 catégories :

    a) Ecoles Non Conventionnées gérées directement par l'Etat,

    b) Ecoles Conventionnées Catholiques gérées par l'Eglise Catholique pour le compte de l'Etat

    c) Ecoles Conventionnées Protestantes gérées par les communautés de l'Eglise Protestante pour le compte de l'Etat,

    d) Ecoles Conventionnées Kimbanguistes gérées par l'Eglise Kimbanguiste pour le compte de l'Etat,

    e) Ecoles conventionnées islamiques gérées par la Communauté Islamique de la RDC,

    Toutes les écoles non conventionnées, privées agréées et conventionnées se regroupent dans une entité administrative appelée

    « Sous Division » avec en tête un Chef de Sous- Division. C'est donc la Sous division de Shabunda pour le Territoire de Shabunda.

    3.4.2. Les infrastructures sanitaires (Hôpitaux)

    Le territoire de Shabunda, comprend les infrastructures sanitaires suivantes :

    1 Hôpital Territorial Général de Référence,

    2 Hôpitaux Généraux de Référence,

    13 Centres de santé et Centres de Santé de Référence, dont 7 fonctionnels et 6 qui font les activités PEV de routine et de la surveillance des Paralysies Flasques Aiguës (PFA).

    3.5. Les croyances

    a)Reconnaissance d'un être suprême

    Le peuple lega est animiste et croit en l'existence d'un être suprême : « Kinkunga ». En fait, il lui reconnaît une certaine trinité  :

    1) Kinkunga, qui serait l'équivalent de Dieu le Père. Dans la religion chrétienne. « Kinkunga » signifie littéralement « assembleur », littérairement « Créateur »

    2) Kalaga, l'équivalent de Jésus Christ. « Kalaga »=qui promet. Celui qui promet donne l'espoir à la personne qui est dans le besoin qui attend une solution à ses problèmes ou à la satisfaction de ses besoins.

    3) Mambi ma Kalaga l'équivalent du Saint- Esprit.

    Cette reconnaissance ne donne cependant lieu à aucun culte.

    b) Existence des démons Le démon appelé « Kaginga », intervient pour inspirer le mal ou créer la zizanie entre deux ou plusieurs personnes.

    c) Réincarnation

    Le peuple Lega croit en la réincarnation d'homme à homme. Un récit rapporte qu'un jour « Kinkunga » demanda au crapaud et au lézard ce qu'ils lui proposaient si un homme venait à mourir. Le crapaud lui répondit : « Wakwage wakwage, bantu tabekwida », ce qui veut dire : « Qu'importe si un homme meurt, nombreux sont ceux qui restent en vie » A la même question, le lézard répondit : « Andi muntu akwa, ntagyuka lingo » Ce qui veut dire : « si un homme venait à mourir, il faut qu'il revienne à la vie ». Dieu (Kinkunga) acquiesça à cette demande.

    C'est pourquoi, dans sa tradition, le peuple Lega s'abstient d'organiser un deuil à l'occasion d'un premier décès parmi les enfants d'une famille, car il est fermement convaincu qu'il pourra renaitre dans une quelconque famille du clan((*)31).

    d) Invocations (Mibiko)

    Lorsqu'il y a persistance des calamités ou des malheurs causés au clan par des personnes malveillantes identifiées ou non, la personne initiée du clan recourt à l'invocation pour arrêter les fléaux. A cet effet, il se rend dans la partie de la forêt où ont été enterrés la plupart des ancêtres. Il commence par décliner son identité en citant tous les noms de ses aïeux en mémoire. Il expose ensuite les problèmes qui se posent et sollicite leur intervention pour y mettre fin.

    Section 4 : Histoire du Territoire du Shabunda((*)32)

    4.1. Historique

    Les Balega est un peuple de la République Démocratique du Congo. Ils parlent la langue Kilega et habitent le pays Bulega. Ils sont estimés aujourd'hui à environ deux millions dispersés à l'intérieur des frontières congolaises. Le terme Ileka ou Kilega signifie aussi la tradition, la culture et la civilisation du peuple Lega. Avec la colonisation, le Bulega a été divisé en morceaux et attribués à plusieurs provinces du Centre-Est de la République démocratique du Congo : les territoires de Pangi et Punia (Baleka-Mituku) à la province du Maniema, les territoires de Shabunda, Mwenga et la région de Luntukulu dans territoire de Walungu à la province du Sud-Kivu, le territoire de Walikale à la province du Nord-Kivu et enfin le territoire de Ubundu dans le Tshopo à la province Orientale.

    Le Bulega précolonial était un vaste territoire qui constituait une Confédération à démocratie locale où les régions étaient des entités de référence. Les régions étaient des confédérations claniques unies par l'histoire et les référents identitaires sociopolitiques.

    Les Lega quittent l' Ouganda au cours du XVIIe siècle pour s'installer sur la rive ouest de la rivière Lualaba((*)33).

    Ils ont puisé un fort sentiment d'identité dans les conflits ethniques qui ont secoué le pays dans les années 1960 ( Crise congolaise)((*)34).

    Certains Lega vivaient au Rwanda jusqu'à l' éclatement de la guerre civile en 1994((*)35).

    Les renseignements recueillis auprès des Lega et les documents écrits témoignent d'un commun accord que le peuple Lega ne connaissait pas un chef suprême dans son organisation politique. Les Lega vivaient dans une société segmentaire dont le clan constituait l'unité politique. Les familles vivaient séparément tout en reconnaissant l'autorité de l'ancêtre ou chef du clan qui était pour la plupart de cas un Mwami((*)36).

    Un rapport de missionnaires blancs des années 50 reprend ce qui suit « les Balega ne connaissent pas un chef suprême, unique, puissant et divinisé, mais de sortes des roitelets qui dirigent leurs clans respectifs »((*)37).

    En effet, trois facteurs expliquent cette absence d'un chef suprême, unique, puissant et divinisé chez le peuple Lega :

    1. La forêt dense : la présence de la forêt dans la région habitée par les lega ne permettait pas de former des grandes agglomérations ;

    2. La culture Lega : de par sa culture le lega aime l'autonomie et l'indépendance. La conquête des autres peuples en vue de les dominer n'est pas dans sa culture. Un proverbe traduit ce souci d'autonomie et d'indépendance en ces termes : « Lukumbi ntingile mu lungo ».Ce qui signifie littéralement : « un tam-tam ne peut jamais entrer dans un autre ». Littérairement, cela revient à dire que tous les hommes sont égaux et chaque groupe humain est souverain et ne doit pas être englouti par un autre. Parlant de ce sentiment de liberté et d'indépendance, Benoit VERHAGEN écrit : « les Balega ont avant tout un besoin fondamental de se sentir libres. Chacun désire se libérer de toute empreinte (Contrainte ?) que quelqu'un d'autre voudrait exercer sur lui. Cela explique le processus de segmentation permanente de la société lega. Une fois marié, le fils tend à quitter son père pour se construire un village à lui à quelques mètres »((*)38).

    3. Le pouvoir de la divinité « Kimbilikiti »

    Kimbilikiti est respecté et craint par le peuple lega tout entier ; hommes, femmes et enfants lui sont soumis sans conditions et cela en tout temps et en toute circonstance. C'est lui le Chef suprême lega.

    4.2. Organisation sociopolitique

    La cohésion de la Confédération de Balega n'était pas liée à une unité de commandement ou une autorité personnalisée (roi ou empereur) mais une unité institutionnalisée à travers la structure du Bwami. Le Bwami est une institution sociopolitique de Balega autour de laquelle se structure toute la société. Les Bami (singulier : Mwami) sont les membres de la société ésotérique qui incarne le pouvoir social et politique de Balega((*)39)

    Tout individu ou groupe d'individus pouvait devenir Mulega, il suffisait de trouver accueil au sein d'une communauté familiale ou clanique Balega, adopter la langue Kilega et intégrer la tradition et la culture Kilega par la voie des initiations. Tout cela exige du temps ... C'est ainsi que plusieurs individus et groupes d'individus ont intégré la communauté de Balega et partagé ainsi le destin du peuple Balega.

    TROISIEME CHAPITRE : L'INVESTITURE DU CHEF COUTUMIER COMME ESPACE COMMUNICATIONNEL CHEZ LES LEGA DU TERRITOIRE DE SHABUNDA

    Section 1 : Avant l'investiture

    1.1. Désignation

    Pour accéder au pouvoir dans la société Lega traditionnelle, il n'y avait ni élection, ni désignation ou nomination. La communauté elle-même se soumettait progressivement à un individu au regard de ses qualités telles qu'observées dans sa vie quotidienne.

    Il s'agit des qualités ci-après :

    - La capacité de bien accueillir et de nourrir les membres de la famille ;

    - Un sens de partage éprouvé ;

    - Un esprit d'équité et un sens social bien développé ;

    - Le respect de la personne humaine, de tous les membres de la famille sans exception et l'obéissance aux personnes âgées et la classe dirigeante ;

    - La connaissance de la tradition et le respect des règles de la coutume dans son ensemble,

    - Les qualités morales, parfois physiques,

    - L'initiation au « Bwali », (= Circoncision) au « Mpunzu » (épreuves de souffrances multiples qu'on peut rencontrer dans la vie) et parfois au Bwami.

    L'initiation au Bwali amène à quitter le monde des non initiés appelés « basuli » jouissant de peu de considération en société et contient des enseignements primaires indispensables à l'accession au bwami qui est l'école de la sagesse lega.

    Toutes ces qualités traduisent le sens de responsabilité et ses exigences dont le chef doit avoir conscience dans l'exercice de ses fonctions((*)40).

    1.2. Rythme de sa vie vis-à-vis des autres membres de la tribu

    . Les Lega considèrent un Mwami comme un homme parfait de par son comportement exemplaire et son respect strict des règles sociales. C`est ainsi qu'un homme qui s'illustre par des actes indécents, sera obligé à devenir Mwami afin de subir une transformation l'amenant ainsi à devenir un modèle dans la société.

    « Les Lega peuvent contraindre (kwa magala=par force) certains hommes, coupables de transgressions à se faire initier pour les transformer en personnes nobles et bonnes »((*)41).

    On distingue deux types de transgressions :

    a) la violation des règles sociales désignées sous le vocable « Kitampo ».parmi lesquelles nous citons :

    - L'adultère avec la femme d'un kindi ;

    - Le meurtre, accidentel ou non, d'un mwami,

    - Le vol ou destruction d'objets du bwami.

    b) actes immoraux considérés comme  péché mortel « Katubu » parmi lesquels nous citons :

    - Parler des interdits;

    - Les injures ;

    - Le fait se soulager en public ;

    - se déshabiller et exhiber sa nudité en public ;

    - Porter atteinte à l'intégrité physique des parents;

    - L'inceste. 

    L'accession au pouvoir au sein de la communauté lega dépendait des mérites personnels d'un chacun et seule, la personne qui se distinguait quelle que soit son origine clanique pouvait accéder au pouvoir politique ou succéder au Chef décédé.

    Le successeur du chef décédé devrait être un rassembleur, condamné à ne faire que du bien. Telle est la tradition, la coutume lega en matière de la gestion du pouvoir politique.

    Il n'avait pas ni droits ni avantages particuliers sous forme de tribut. Bref, sa vie doit être au service de la communauté, et non l'inverse.

    Il importe à ce niveau de souligner que le mode d'accession au pouvoir et celui de succession ont subi une profonde modification à la suite de l'occupation arabe et européenne des territoires lega comme résumé ci-dessous :

    Pour l'occupation arabe, la pénétration des Arabes dans la région des « Balega » a été marquée par une cruauté sans pareille accompagnée de pillages de richesses et causant des pertes en vies humaines. A ce sujet, Willame écrit : « La conquête arabe ravagea l'Urega qui versa un tribut particulièrement lourd aux trafiquants »((*)42).

    Cet événement amena les chefs traditionnels et coutumiers protecteurs de leurs clans respectifs de s'abstenir de collaborer avec les conquérants, non seulement par crainte de perdre leur vie, mais aussi parce que le comportement de ces derniers venait perturber la culture de paix prônée et pratiquée par le peuple lega. Profitant de cette abstinence des chefs traditionnels, des personnes sans scrupule, mandatées ou pas par leurs clans respectifs, décidèrent à leur risque et péril de rencontrer les Arabisés et de collaborer avec eux dans leur sale besogne. Fort malheureusement, c'est parmi cette catégorie des personnes que l'autorité arabe désignait et investissait les chefs des clans appelés «  Banyampara » ou islamisés pour diriger leurs clans respectifs.

    On assiste alors à un véritable inversement du rôle du chef envers sa communauté. Le titre de « Sultani » dérivé du mot arabe « sultan » (= pouvoir), porté par l'Empereur turc et certains princes musulmans est conféré au chef du village. Dès lors, on lui doit des cadeaux sous forme de tributs. Désormais, le chef n'est plus un homme au service de la communauté, mais c'est l'inverse qui se produit.

    Concernant l'occupation européenne, après avoir chassé les Arabes, les autorités de l'Etat Indépendant du Congo, se sont référées à cette catégorie des chefs dits coutumiers pour organiser les toutes premières chefferies et désigner les chefs à la tête de celles-ci.

    Toutefois, c'est pendant l'époque coloniale que toutes les structures ancestrales seront détruites suite à la répartition et au regroupement des populations en chefferies et ce, de façon arbitraire et de manière superficielle. A ce sujet, Benoit Verhaegen écrit : « C'est surtout à partir des années 1930 que l'administration coloniale procédera en Urega au regroupement des villages et des clans et à des nouvelles répartitions territoriales en vue de former des unités politico-administratives plus grandes et facilement contrôlables. Il en résulte un profond bouleversement des structures et des relations claniques et familiales »((*)43).

    Section 2 : L'investiture proprement dite

    Pour parler de l'investiture d'un Chef politique Lega, il faudra évoquer deux périodes distinctes à savoir la période précoloniale et la période coloniale.

    Concernant la période précoloniale, il sied de préciser qu'il n'existait pas des cérémonies d'investitures d'un chef. Comme nous l'avons souligné dans les pages précédentes, du vivant du chef, son successeur était déjà pressenti à cause de son comportement envers les membres de la famille du clan. Son charisme faisait en sorte que tous les membres de la famille ou du clan se soumettent à lui et le considèrent comme leur représentant. C'est ainsi qu'à la mort du chef, ce dernier lui succédait automatiquement et cela sans cérémonie. Pour n'en citer qu'un exemple, à la mort du chef MOLIGI KASEKE en 1971, dans la collectivité de Wakabango I en territoire de Shabunda, sa succession par son fils MOLIGI MABANZE, n'avait pas fait l'objet d'une quelconque cérémonie d'investiture conformément à la coutume.

    Mais à l'époque coloniale, et avec les contacts des Lega avec le peuple de savane notamment les Bashi chez qui le Mwami est un roi que l'on vénère, les Lega ont commencé à abandonner leur coutume en cette matière en optant pour la cérémonie d'investiture du chef.

    Cette cérémonie est actuellement faite en présence de l'autorité territoriale((*)44).

    2.1. Rites de la cérémonie d'investiture (quand et comment)

    Du vivant, on présente son successeur, « Mutonge wa Kisi », qui présente les qualités énumérées ci-dessus. Ainsi, à la mort du chef, le « Mutonge wa Kisi » prend automatiquement la relève puisque accepté par la communauté dont il tire sa légitimité. La succession d'un chef décédé n'est pas un problème exclusif de sa famille ; car la personne remplissant les conditions requises peut ou ne pas appartenir à la famille du défunt.

    Les membres de la famille du chef se réunissent et choisissent le successeur du chef qu'ils présentent à un public composé des représentants de l'autorité territoriale, des groupements, des villages à travers un discours par lequel ils reconnaissent tous que c'est X qui succède à Y.

    Ainsi tous les membres du clan se réunissent devant la personne désignée, c'est la communauté qui lui octroie des insignes, des habits, et c'est elle qui le conduit dans sa chaise de guide((*)45).

    2.2. La tenue, les insignes et leurs significations

    2.2.1. La tenue

    On donne au chef un sac appelé « nsago» contenant des objets de toute nature. On y trouve des éléments végétaux, animaux, minéraux (feuilles, fibres, champignons, os, crânes, coquilles, griffes, cauris, quartz...), mais aussi des objets tels des petits masques (le plus souvent portés sur l'épaule comme insigne), des figurines, des cuillères, des mortiers, des sifflets... et des couvre-chefs comme nous les avons vu, généralement portées. Tout cela transmet un message ; ces objets ont une signification particulière.

    Nsago

    Parlons des Os et du crâne, cela s'explique par le fait que le chef communique avec le monde de l'au-delà, les feuilles, les champignons, désignent l'abondance. Si la communauté soufre d'un quelconque manque de nourriture ou d'aliments, le chef peut subvenir à leur besoin. Tous ces objets expliqués ou pas transmettent un message.

    Le collier porté autour du cou est composé de dents de léopard et symbolise la puissance qu'incarne ce félin.

    On lui donne aussi certaines figurines. Les figurines tiennent une place importante. Les petites figurines anthropomorphes (semblables à celle représentée ci-contre) ou zoomorphes, en os ou en ivoire, les « Kalimbangoma », ont un rôle protecteur. D'autres figurines en ivoire, les « Katimbitimbi », de petites dimensions (5-6 cm) et de forme phallique sont portées à la ceinture par la femme du Chef pour signifier aussi qu'elle serait la protectrice de son marie.

    Elles correspondent chacune à un aphorisme, illustrant un proverbe, un évènement précis. Toute a un nom particulier. Le chef doit les disposer selon un arrangement particulier et les interpréter, dégager leur signification morale.

    On lui donne aussi une coiffure masculine « nkumbu » ou « muzaba », en Fibres, cauris, poils d'éléphant, fragments de coquillages, perles((*)46).

    2.2.2. Les insignes et leurs significations((*)47)

    1. Ngobongobo

    Ce sont des pièces en cuivre attachées à la partie inférieure des jambes du chef traditionnel qui en se frottant, produisent un bruit de sonnette annonçant son arrivée ou son passage à distance.

    Ce signal concerne particulièrement l'épouse du chef, appelée à se mettre en ordre pour épargner son mari de toute attitude désagréable dans laquelle elle pourrait se trouver au moment.

    1. Muzaba wa ngandu

    Coiffure munie de la bande de peau tannée d'une chèvre ou du singe appelé «zogozogo». Dans la culture lega, on attribue au chef une coiffure avec signes distinctifs, pour montrer que le chef a un grand pouvoir d'arriver à repondre à plusieurs attentes de ses membres.

    2. Muzaba wa gyananio

    Coiffure du chef du rang gyananio, elle est ornée de perles et des coquilles de mollusques de la famille des porcelaines. Cette coiffure signifie qu'il est le surveillant de toute une communauté.

    3. Muzaba wa Kindi

    C'est un symbole correspond au grade suprême de la hiérarchie des Bami. La coiffure est munie d'une tête de rapace et de la partie extrême en poils de la queue d'éléphant.

    On observe aussi trois coiffures masculines nkumbu en Fibres, cauris, poils d'éléphant, fragments de coquillages et de perles.) A l'avant plan, une coiffure féminine muzombolo en fibres, cauris et plumes, de 170 mm d'hauteur.

    4. Masusa

    Chasse-mouche, fabriqué à l'aide des palmiers et rameaux, remis au chef coutumier, dont le but est de chasser les mauvais esprits qui peuvent déranger le clan.

    5. Musumbo (Canne)

    Bâton remis au chef du clan, pour signifier, qu'il est désormais le conducteur ou le dirigeant, d'un grand nombre de personnes. C'est grâce à ce bâton qu'il est réellement chef coutumier.

    Section 3 : Après l'investiture

    Il ya lieu de signaler que la cérémonie d'investiture chez les lega n'est pas suivi de chansons y afférentes. Cela s'explique par le fait que le peuple lega dans son esprit d'indépendance profondément ancrée lui en abhorre tout ce qui pourrait inspirer le culte de personnalité. La difficulté provient du fait que contrairement à d'autres peuples comme les Bashi, les lunda du Katanga, les Bakuba du Kasaï, les lega n'ont jamais connu de chefs héréditaires au départ.

    Le territoire de Shabunda connaît deux collectivités dont l'une est une collectivité secteur et l'autre est une collectivité-chefferie. Si pour la première citée le pouvoir du chef est exercé pour un mandat résultant d'un vote, il n'en est pas de même pour la seconde où le pouvoir est devenu héréditaire

    Les problèmes de gouvernance se posent moins dans le premier cas que dans le second, car la contestation se rumine dans les esprits de la population de la collectivité chefferie dont la tendance actuelle serait d'adopter comme type d'entité la collectivité secteur.

    3.1. Le discours d'investiture et la personne qui le prononce

    Ce discours est, en principe, prononcé par l'aîné de la famille s'il le peut ou par une personne mandatée parmi les membres de la famille. Tout compte fait, le fait d'exiger que le successeur du chef mort soit connu avant l'enterrement de celui-ci, n'est pas de la coutume Lega.

    3.2. Communication observée pendant l'investiture

    Nous allons relever dans cette investiture, les indices de la communication en tenant compte de l'impossibilité de ne pas communiquer et les niveaux de la communication : contenu et relation.

    1. L'impossibilité de ne pas communiquer

    Lors de l'investiture du chef, nous avons relevé plusieurs actes de communication notamment les rires, les cris, l'apport de certains objets tels que les masques, la chaise etc. et d'autres faits que nous n'avons pas relevés constituent une communication. Aussi, pendant la cérémonie, on pouvait être renseigné de l'endroit où se tenait cette dernière grâce aux sons des instruments traditionnels qu'on jouait pour la circonstance.

    Ces cris, ces applaudissements qui relèvent de la communication analogique étaient les moyens d'expressions de l'enthousiasme les plus utilisés dans cet espace.

    Il ya entre autre le refus d'adhérer aux différents échanges entre individu comme c'était le cas dans une partie de la cour, lors de l'investiture de l'actuelle chef, où nous avons remarqué un groupe de sages qui s'étaient retranchés de la foule ; ce comportement relève aussi de la communication. Nous avons constaté des comportements particuliers de la communication par les jeunes gens du village qui s'adonnaient aux bruits, aux amusements et à l'exhibition des danses obscènes.

    Etant donné que dans une interaction, tout comportement a la valeur d'un message, c'est-à-dire qu'il est une communication. Il suit qu'on ne peut pas ne pas communiquer qu'on veuille ou non. Ainsi, l'affirme Francis VONEYE, des personnes en présence communiquent toujours. Tout comportement y compris celui qui constitue l'indifférence((*)48).

    2. Niveaux de la communication : contenu et relation

    Une communication ne se borne pas à transmettre une information (contenu) mais induit en même temps un comportement (relation).

    Au cours de l'investiture, il arrive de fois que le sujet sur l'état dans lequel le chef coutumier est investi fait objet de viles altercations dans les conversations entre différents participants. Ceci influence même le comportement des uns et des autres.

    CONCLUSION

    Au commencement de notre recherche sur les « rites d'investiture d'un chef coutumier comme espace communicationnel chez les Lega », notre objectif était de connaître les différents moyens de communication qui structurent le système de communication dans l'investiture du chef coutumier chez les Lega.

    Nos questions spécifiques ont consisté à chercher les différentes modalités de communication qui structurent les systèmes de communication dans l'investiture du chef coutumier Lega.

    Comme dans toute démarche scientifique, dans ce travail nous nous sommes proposé de recourir à deux méthodes pour répondre à notre interrogation de base. Devant la masse des données récoltées, nous avons, avant tout procédé à l'historique de cette masse d'informations à notre possession avant de les analyser. A ces deux méthodes qui sont la méthode historique et analytique, nous avons adjoint l'observation et les entretiens avec plusieurs membres de la famille et de la société Lega pour faire ressortir un fait fondamental : le système de communication dans les cérémonies d'investiture repose sur des structures qui sont caractérisées par plusieurs codes, diverses modes de communications et une diversité des signes comme moyens de communication entre membre de la société, dans une situation bien déterminée.

    Nous avons les éléments du système de notre étude et nous avons ensuite énumérés les différentes interactions et les différents échanges qui se passent pendant l'investiture d'un chef Lega. Ceci était appuyé par une axiomatique de la communication de l'école de Palo Alto, qui se présente en quatre points dont deux points ont été exploités dans notre travail. Il s'agit de l'impossibilité de ne pas communiquer et le niveau de communication.

    En outre, l'investiture existe bel et bien dans la culture Lega, et cette investiture transmet un message que seuls, les membres de la communauté ou les initiés peuvent livrer. Cette cérémonie se déroule dans un espace visible, accessible dans lequel tout le monde peut assister ou participer.

    Par ailleurs, nous avons constaté que cette investiture a subi plusieurs modifications dans le mode de succession à cause des invasions (Arabe et Européenne) qu'a connu le peuple Lega vers les années 1830.

    Nous avouons que nous ne sommes pas arrivé à tout dire ou à tout expliquer, vue les circonstances et les difficultés de recherche, c'est pourquoi, nous demandons à nos lecteurs de nous compléter là ou nous n'avons pas clarifié.

    BIBLIOGRAPHIE

    I. Ouvrages

    1. Denis McQuail, Mass Communication Theory, Ed. Katamaran, Paris, 1987, Pp.22-23

    2. Maigret, E, Sociologie de la Communication et des Médias. Armand Colin. Paris 2003, Pp.58-60

    3. Shannon, C, et Weaver, W, Théorie mathématique de la communication, Dunod, Paris 1975, Pp.23-28

    4. VONEYE, F., Presse dans la Société Contemporaine, Paris, Armand Collin, 1945

    II. Articles

    1. BACQUART, J.B. « Léga », in L'Art tribal d'Afrique noire, Thames & Hudson, 2010, p. 148-151

    2. CHOQUET, J. « Histoire militaire du Congo » éd. Castaigne, Bruxelles, 1906, P.25

    3. DELHAISE, C, « Les Warega », collection des monographies, Bruxelles, 1909, P321

    4. DE SAINT MOULIN, L. « Histoire de l'organisation administrative du Zaïre » In Zaïre-Afrique N°261 (Janvier 1992)

    5. GABIN P., La Communication Etat de savoir éd. Sciences humaines, Paris, 1998, p.169

    6. GUIRAUD, P, «  La sémiologie », PUF, coll. «Que sais-je ?», Paris, 1971, P.25

    7. STUART OLSON, J «The Peoples of Africa»: An Ethnohistorical Dictionary, Greenwood Publishing Group, 1996, p. 331,

    8. VERHAGEN, la rébellion au Congo Maniema, Tome II, 1966, pp.25-28

    9. VUNDUAWE, T.M, « L'administration locale au Zaïre de 1885 à 1982 », Zaïre-Afrique, N°165 (mai1982)

    10. WILLAME J.C., les provinces du Congo, structure et fonctionnement : Kivu Central et Lomami, dans les cahiers Economiques et sociaux. 

    III. Cours

    1. EKAMBO, D, Théorie de la communication, cours inédits, troisième graduat, IFASIC, Kinshasa, 2008

    2. FUASA, T, Les moyens de communication audio visuelle, cours inédit, ABA, 2010, L1

    3. LEMA KUSA, Science de la communication, cours inédit, ABA, 2007, G2

    4. NKONGO NLOMBI, Ph, Information & Communication, cours inédit de 2ème Graduat, UPN/Kinshasa, 2010

    IV. Mémoires & TFC

    1. KAFUMBA, B, La collectivité de Wakabango I dans la zone de Shabunda (Kivu). Les considérations généalogiques et le conflit politique des origines à 1979, TFC, en Histoire et Sciences Sociales, UNAZA, ISP KISANGANI, 1979, Pp.6-12

    2. KALUME, D, « Le rôle de Mwami dans la société Lega », Travail de fin d'études en Géographie Histoire, ISP, Bunia, 1976, Pp.26-32

    3. MUNGANGA, M, « Evolution Administrative de la collectivité de Bakisi (Zone de Shabunda) », Mémoire de Licence en S.P.A, LUBUMBASHI, 1975, P.9

    4. MWANGA, K. « La rhétorique comme moyen de persuasion publicitaire », TFC, ABA/Kinshasa, 2010, p.5

    V. DICTIONNAIRES

    1. Dictionnaire didactique, Paris Edition N°4, 2005, P.423

    2. Dictionnaire français le Petit Larousse, p.264

    3. Dictionnaire le Robert, éd. Paris, 2004, P. 209

    4. Encyclopédie du Congo Belge, Tome II, pp. 1254-1855.

    5. Encyclopédie Encarta 2009

    WEBOGRAPHIE

    1. Htp://fr.wikipedia.org/wiki/rite - fin% C3% A9 revue

    2. http://frwikipediaorg/w iki/rites fin% C3% A9 roue

    3. http://wwwclimatic - Suisse.ch

    TABLE DES MATIERES

    EPIGRAPHE i

    DEDICACE II

    REMERCIEMENTS iii

    0. INTRODUCTION 1

    01. Problématique 1

    02. Hypothèse 2

    03. Choix et intérêt du sujet 2

    0.4. Méthodes et technique de recherche 3

    0.4.1 Méthodes 3

    0.4.2 Technique 3

    0.5. Difficultés rencontrées 3

    0.6. Délimitation de notre travail 4

    0.6.1 Dans le temps 4

    0.6.2 Dans l'espace 4

    0.7. Division du travail 4

    PREMIER CHAPITRE: CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 5

    Section 1 : Cadre théorique 5

    1.1. La communication 5

    1.2. Rite 16

    1.3. Investiture 16

    1.4. Chef coutumier 16

    DEUXIEME CHAPITRE: LES LEGA DANS LE TERRITOIRE DE SHABUNDA 18

    Section 1 : Données géographiques et physiques 18

    1.1. Situation géographique et superficie 18

    1.2. Climat 18

    1.3. Végétation 19

    1.3.1. Faune et Flore 19

    1.4. Relief 19

    1.5. Sol et sous sol 19

    1.6. Hydrographie 20

    1.7. Carte du Territoire de Shabunda 21

    Section 2 : La population et ses activités 22

    2.1. La population 22

    2.2. Les activités de la population 22

    Section 3 : Organisation socioculturelle 23

    3.1. Organisation clanique des Lega 23

    3.2. Le rôle du chef du clan 25

    3.3. Le mariage chez les Lega 25

    3.3.1. Période préparatoire 26

    3.3.2. Le mariage 26

    3.4. Les infrastructures culturelles 28

    3.5. Les croyances 29

    Section 4 : Histoire du Territoire du Shabunda 30

    4.1. Historique 30

    4.2. Organisation sociopolitique 33

    TROISIEME CHAPITRE : L'INVESTITURE DU CHEF COUTUMIER COMME ESPACE COMMUNICATIONNEL CHEZ LES LEGA DU TERRITOIRE DE SHABUNDA 34

    Section 1 : Avant l'investiture 34

    1.1. Désignation 34

    1.2. Rythme de sa vie vis-à-vis des autres membres de la tribu 35

    Section 2 : L'investiture proprement dite 38

    2.1. Rites de la cérémonie d'investiture (quand et comment) 39

    2.2. La tenue, les insignes et leurs significations 39

    Section 3 : Après l'investiture 43

    3.1. Le discours d'investiture et la personne qui le prononce 44

    3.2. Communication observée pendant l'investiture 44

    CONCLUSION 46

    BIBLIOGRAPHIE 48

    TABLE DES MATIERES 51

    * (1) ) MWANGA, K. « La rhétorique comme moyen de persuasion dans la communication publicitaire », TFC, ABA/Kinshasa, 2010, p.5

    * (2) Htp://fr.wikipedia.org/wiki/rite - fin% C3% A9 revue

    * (3) Éric Maigret. Sociologie de la Communication et des Médias. Armand Colin. Paris 2003, P.58

    * (4) Dictionnaire le Robert, éd. Paris, 2004, P. 209

    * (5) EKAMBO, D, Théorie de la communication, cours inédits, troisième graduat, IFASIC, Kinshasa, 2008

    * (6) Dictionnaire didactique, Paris Edition N°4, 2005, P.423

    * (7) EKAMBO, D. Op.cit.

    * (8) Denis Mc Quail, Mass Communication Theory, Ed. Katamaran, Paris, 1987, P.22

    * (9) http://frwikipediaorg/w iki/ fin% C3% A9 roue

    * (10) NKONGO NLOMBI, Ph, INFORMATION & COMMUNICATION, cours inédit de 2ème Graduat, UPN/Kinshasa, 2010

    * (11) HOULAN D, C., Cité par EKAMBO, J.C, Théories de la Communication, Cours de 3e graduat, IFASIC, 2010

    * (12) http://wwwclimatic - Suisse.ch

    * (13) GABIN P., La Communication Etat de savoir, éd. Sciences humaines, Paris, 1998, p.169

    * (14) Pierre Guiraud, «  La sémiologie », PUF, coll. «Que sais-je ?», Paris, 1971, P.25

    * (15) Claude Edwood Shannon et W Weaver, Théorie mathématique de la communication, Dunod, Paris 1975, P.23

    * (15) Claude Edwood SHANNON et W. WEAVER, Op.cit. p.52

    * (16) Claude Edwood Shannon et W Weaver, Idem. p.72

    * (17) FUASA TOMBISA, Les moyens de communication audio visuelle, cours inédit, ABA, 2010, L1

    * (18) LEMA KUSA, Science de la communication, cours inédit, ABA, 2007, G2

    * (19) Idem.

    * (20) Encyclopédie Encarta 2009

    * (21) Dictionnaire française le Petit Larousse, p.264

    * (22) http://wwwclimatic - Suisse.ch

    * (23) B. KAFUMBA, La collectivité de Wakabango I dans la zone de Shabunda (Kivu). Les considérations généalogiques et le conflit politique des origines à 1979, TFC, en Histoire et Sciences Sociales, UNAZA, ISP KISANGANI, 1979, P.6

    * (24) B. KAFUMBA, Op.cit, P.85

    * (25) Idem.

    * (26) Jean-Baptiste Bacquart, « Léga », in L'Art tribal d'Afrique noire, Thames & Hudson, 2010, p. 148-151

    * (27) James Stuart Olson, «The Peoples of Africa»: An Ethno historical Dictionary, Greenwood Publishing Group, 1996, p. 331

    * (28) D. KALUME, « Le rôle de Mwami dans la société Lega », Travail de fin d'études en Géographie Histoire, ISP, Bunia, 1976, P.26

    * (29) L. DE SAINT MOULIN, « Histoire de l'organisation administrative du Zaïre » In Zaïre-Afrique N°261 (Janvier 1992)

    * (30) T.M.VUNDUAWE, « L'administration locale au Zaïre de 1885 à 1982 », Zaïre-Afrique, N°165 (mai1982)

    * (31) T.M.VUNDUAWE, Op.cit.

    * (32) Encyclopédie du Congo Belge, Tome II, pp. 1254-1855.

    * (33) C, DELHAISE, « Les Warega », collection des monographies, Bruxelles, 1909, P321

    * (34) J. CHOQUET, « Histoire militaire du Congo » éd. Castaigne, Bruxelles, 1906, P.25

    * (35) J.CHOQUET, Idem, P.26

    * (36) M. MUNGANGA, « Evolution Administrative de la collectivité de Bakisi (Zone de Shabunda) », Mémoire de Licence en S.P.A, LUBUMBASHI, 1975, P.9

    * (37) M. MUNGANGA, Idem, P.10

    * (38) VERHAGEN, la rébellion au Congo Maniema, Tome II, 1966, p.25

    * (39) B. KAFUMBA, Op.cit, P.87

    * (40) B. KAFUMBA, Op.cit, P.88

    * (41) Idem.

    * (42) WILLAME J.C., les provinces du Congo, structure et fonctionnement : Kivu Central et Lomami, dans les cahiers Economiques et sociaux. 

    * (43) Verhaegen B, Op.cit.

    * (44) B. KAFUMBA, Op.cit,p.58

    * (45) B. KAFUMBA, Op.cit.

    * (46) DUMBO KALUME, le rôle du Mwami dans la société lega .Travail de fin d'études en Géographie-Histoire, ISP Bunia, 1976, p.26,

    * (47) Idem.

    * (48) VONEYE, F., Presse dans la Société Contemporaine, Paris, Armand Collin, 1945.






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