Les emprunts extérieurs du Rwanda et leurs implications sur la croissance économique du pays de 2006 à 2010( Télécharger le fichier original )par Jean KITAMPANGU MWANGU Institut de management Kigali - En vue de l'obtention du grade de licencié en gestion option finances 2012 |
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALELa plupart des pays en voie de développement sont confrontés à l'épineux problème lié au financement de leur économie. En effet, beaucoup de ces pays qui jadis fondaient leur économie sur l'exploitation de leurs matières premières se trouvent confrontés à une perturbation du système du marché, c'est-à-dire : les acheteurs voudraient se procurer lesdites matières premières à des prix qui ne leur permettent pas de maintenir l'exploitation de ces dernières. Par ailleurs, les finances internes de ces Etats connaissent régulièrement des déficits budgétaires. Pour combler ces déficits, deux solutions prioritaires à court terme sont envisagées : le recours aux dons et le recours aux emprunts extérieurs. Cependant si les dons sont consentis par les pays donateurs, principalement l'Occident, c'est souvent en deçà du seuil des montants sollicités pour équilibrer le déficit budgétaire. La voie qui reste pour combler les écarts est celle de recourir aux emprunts extérieurs du fait que le revenu intérieur brut de ces pays demeure toujours insatisfaisant. Mais il faut noter qu'il est un principe financier, tant dans le secteur public que privé, que l'endettement procure des avantages comme des inconvénients dans la situation financière de l'emprunteur. Il est ainsi soutenu que le recours à l'emprunt peut entraîner de la faillite pour les institutions emprunteuses si un certain niveau d'endettement requis pour conserver son indépendance financière n'est pas respecté. C'est dans ce cadre que François Coulomb, parlant de la revue de la littérature financière note : « selon l'approche traditionnelle antérieure, les gestionnaires s'accordaient sur l'idée d'une structure financière optimale comportant une certaine dose d'endettement ».1(*) Ceci est valable lorsque nous nous plaçons dans le contexte micro-économique, un aspect important de l'activité économique nationale et surtout que les entreprises contribuent, à travers leurs valeurs ajoutées créées, à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB). Pour leur part, Denis MORISSETTE et O'SHANGNESSY notent : « Il existe un niveau d'endettement au-delà duquel l'effet de levier financier devient excessif et prohibitif pour l'entreprise ».2(*) Enfin, JAMES C. Van Horne note qu'une société comportera plus ou moins de risques selon le montant de sa dette par rapport aux capitaux (structure du capital).3(*) Un autre aspect, celui de la dépendance ou de l'utilisation inefficace de la dette, est mis en exergue par différents auteurs. Bernard BERNIER note par exemple que «les prêts intergouvernementaux sont très souvent des prêts-liés car obligation est faite à l'emprunteur d'utiliser les capitaux dans le pays prêteur.»4(*) Abondant dans le même sens, William Westerly professeur à l'Université de New York et ancien collaborateur de la Banque mondiale, estime que la plus grande partie des aides apportées depuis cinquante ans ont été inefficaces. L'une des raisons serait le manque de contrôle sur les personnes chargées de gérer cette aide.5(*) Le rapport des Nations Unies souligne qu'il est difficile d'évaluer exactement l'effet de l'aide publique au développement sur l'amélioration de la situation dans les pays aidés. Les pays les moins avancés (PMA) ne disposent souvent pas des instruments statistiques permettant d'obtenir des indicateurs satisfaisants. Certains spécialistes remettent en cause l'aide publique au développement sous sa forme actuelle6(*) Enfin faisant presque la synthèse de la pensée de ces auteurs précédents, le rapport des Nations Unies ajoute que l'aide publique au développement fait l'objet de nombreux détournements, notamment dans les pays du système français de la Françafrique, où l'essentiel de ces fonds sert à l'enrichissement personnel des dictateurs présidents et à rembourser les dettes accumulées. La dette est un des principaux mécanismes par lesquels une nouvelle forme de colonisation s'opère au détriment des pays en développement. Pour cette raison, certains militent pour l' annulation de la dette des pays du tiers-monde, qu'ils considèrent comme étant une dette odieuse pour l'essentiel.7(*) Cependant, Albert KIKAYA insiste sur la contribution de dettes extérieures pour la relance de l'économie. Pour sa part, BIN MUSEME, dans sa thèse sur «la sortie des pays du sud de leur léthargie de sous développement » attribue la voie de solution par les emprunts en dépit du poids que cela constitue.8(*) Mais, il se pose alors la question de savoir dans quelle condition le recours aux emprunts extérieurs peut-il être bénéfique pour un pays en voie de développement. ? En terme beaucoup plus précis, l'on se demanderait en quoi consiste l'apport du recours à l'emprunt extérieur dans la croissance économique d'un pays en voie de développement. Telle est la question générale de cette recherche. La présente étude est donc un cas particulier appliqué au Rwanda, un pays d'Afrique subsaharienne et par là, un pays en voie de développement qui est aussi confronté à l'épineux problème de déficits budgétaires annuels au cours des années et qui a besoin d'améliorer sa croissance économique. Les résultats de plusieurs recherches indiquent actuellement que le Rwanda figure parmi les pays les plus pauvres de la planète. L'on comprend bien que la question relative aux stratégies d'amélioration de la croissance économique trouve plus sa place au niveau du Rwanda.9(*) 1.1. CHOIX ET INTERET DU SUJET1.1.1. CHOIX DU SUJETLe choix du sujet «les emprunts extérieurs du Rwanda et leurs implications sur la croissance économique du pays » veut éveiller une particulière attention sur le volume des emprunts contractés par le Rwanda et leur impact sur sa croissance économique. * 1 COULOMB F, Management des entreprises, les éditions Ellipses, Paris 2007, P250 * 2 MORISSETTE Denis et al. Décisions Financiers de l'entreprise. Investissement, financement et Politique de dividendes, Les éditions Source, Québec, Trois Rivières, 1989 * 3 JAMES C. Van Horne, Gestion et Politique financière, Edition Dunod, Paris, 1982, p 7 * 4 BERNIER, B et al., Macroéconomie, Tome1 2eme édition Dunod, Paris, 1975, p 223 * 6 Idem * 7 Idem * 8 BIN MUSEME, La sortie des pays du Sud de leur léthargie du sous-développement, PUK, Kinshasa, 2007, 123 * 9 Banque Mondiale, 2010 :234 |
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