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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Université Nanterre-Université Paris X -
UFR de Sciences Sociales et Administration (SSA) Master 1 Economie
et Société Année universitaire 2011/2012 Session de
juin 2012
Utilisation des réseaux sociaux dans la
sphère politique et médiatique :
L'exemple de l'élection présidentielle
Française 2012
Antoine GAMAIN
Mémoire de recherche conduit sous la direction de
: Christian LAVAL
Professeur de sociologie à l'université Paris
X-Nanterre
Remerciements: Nanterre-Université, Pierre des
MJS, ma maman, mes amis et Google®
Antoine GAMAIN
08 juillet 1987
Numéro étudiant Nanterre Université :
30009303 Numéro INE : 2598011117C
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Résumé:
L'arrivée des réseaux sociaux
représentés, en France, par Facebook et Twitter
a considérablement changé notre façon de communiquer.
Libres, instantanées et gratuits, ils permettent une
ouverture totale sur le monde et représentent aujourd'hui
l'avènement du web participatif.
L'élection de Barack Obama en 2008 est en grande partie
due à une stratégie web orientée vers les réseaux
sociaux.
Cette nouvelle technique de communication a excité la
curiosité des politiques et des médias français.
Les premiers y voient un nouveau lieu d'exposition permettant de
séduire de nouveaux électeurs, les seconds, une nouvelle source
d'information.
L'élection présidentielle 2012 accueille pour la
première fois cette variable technologique, qu'elle a été
le rôle des réseaux sociaux durant la campagne électorale
?
Mots clés: réseaux sociaux,
élection présidentielle 2012, e-militantisme, blog, médias
de
masse
Abstract:
The arrival of social networks represented in France by
Facebook and Twitter has considerably changed the way we
communicate.
Open, instantaneous and free, they allow a complete opening to
the world and represent the advent of participatory web.
The election of Barack Obama in 2008 is largely due to a web
strategy oriented on social networks.
This new communication technology has excited the curiosity of
politicians and the French media.
The first see a new exhibition space to attract new voters, the
latter, a new source of information
The 2012 presidential election open for the first time this new
technological variable, what was the role of social networks during the
election campaign?
Keywords: social networks, presidential election 2012,
e-activism, blog, mass media
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
GLOSSAIRE
Boule puante : Information circulant sur le net,
vraie ou fausse, ayant pour but de décrédibiliser un candidat.
p.43
Buzz : Faire le buzz. Stratégie de
marketing viral. Action de créer l'événement sur internet
pour ensuite être repris médiatiquement par les médias
traditionnels. p.50, p.51, p.52, p.53, p.54, p.55
E-militantisme : Action d'encourager
politiquement un candidat ou une cause. p.39, p.40, p.41, p.42
Followers : Propre à Twitter. Action de
suivre un utilisateur sur Twitter et de se tenir informé de son
actualité. p.16, p.32, p.33
Gamer : Individu passionné par l'univers
du jeu-vidéo. p.54
Geek : Individu passionné par l'univers
de l'informatique et des nouvelles technologies. p.54, p.41
Like : Propre à Facebook. Action visant
à montrer son soutient par rapport à un commentaire posté
sur Facebook. p.13, p.14, p.30, p.31, p.32, p.54
Microblogging : Propre à
Twitter. Technique de communication se rapportant aux blogs visant
à rédiger un billet en 140 caractères maximum. p.16, p.17,
p.18, p.47, p.49, p.50, p.58, p.62
Mur : Propre à Facebook. Interface de
l'utilisateur centralisant tout les messages postés par l'ensemble de
son propre réseau social. p.13
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Smartphone : Téléphone portable
nouvelle génération directement connecté à
l'internet. p.14
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Hashtag : Sujet tendance en Français.
Précédé d'un # sur Twitter, il permet de centraliser tous
les tweets par rapport à un mot ou un événement. p.18,
p.59, p.62
Tracting : Technique de communication de masse
visant à distribuer des tracts dans la rue ou dans les boites aux
lettres. p.37
Tweet : Commentaire publié sur Twitter,
il doit faire 140 caractères au maximum. p.16, p.32, p.33, p.57, p.61
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
SOMMAIRE
? Introduction 9
? Première partie :
Présentation générale des réseaux
sociaux
et utilisation faite par le politique ..14
1. Facebook : Principe d'utilisation et statistiques
d'utilisation : 14
a. Historique 14
b. Principe d'utilisation 15
c. Facebook en chiffres dans le monde et en France 16
d. Facebook : plus qu'un simple outil de communication 17
2. Twitter : Principe d'utilisation et
statistiques d'utilisation : 18
a. Historique 18
b. Principe d'utilisation et description d'un tweet
19
c. Twitter en chiffres dans le monde et en France 20
d. Twitter et le journalisme citoyen 21
3. La naissance de la communication politique par les
réseaux sociaux : 22
a. L'investiture démocrate et le duel Clinton/Obama
22
b. Une stratégie 2.0 22
c. Une nouvelle communication 23
d. Une stratégie marketing 24
e. Remise en cause des Mass médias 25
f. Conséquences 25
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
4. Liens entre les réseaux sociaux et la
sphère politique
dans le monde anglo-saxon, un état des lieux en mars
2010 : 26
a. Du web 1.0 au web 3.0 26
b. Utilisation par les politiques et la population 26
c. Exemples de démocratie représentative sur
Facebook 27
d. Banalisation du politique 27
e. Instrumentalisation des réseaux sociaux 27
f. Légitimité et consommation de l'information sur
internet 28
g. Les trois étapes de l'utilisation d'internet lors de
campagnes
électorales présidentielles en France 28
? Deuxième partie :
Les candidats à l'élection présidentielle
2012 actifs sur
les réseaux sociaux . 30
1. Présentation des candidats à
l'élection présidentielle 2012 et
30
présence sur Facebook :
a. Présence des candidats sur les réseaux
sociaux 31
b. Analyse de la popularité sur Facebook
32
c. Présence des candidats sur Twitter 34
2. Coûts d'une campagne électorale
présidentielle sur internet en France :
a. Budget total de la campagne présidentielle 2007
38
b. Budget de la campagne présidentielle 2007 internet
par candidat 38
c. Budget de la campagne présidentielle 2012 internet
des « principaux »
candidats 38
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
? Troisième partie :
De nouvelles formes de mobilisation politique 41
1. L'e-militantisme : 41
a. Tentative de définition 41
b. Un outil au service de la mobilisation 41
c. Entretien avec Pierre des MJS 43
d. Ethnographie d'un débat entre internautes au lendemain
du premier
tour 44
e. Les effets de l'e-militantisme sur l'abstention 45
2. Le blog et l'émergence du microblogging dans les
médias : 47
a. Tentative de définition 48
b. L'émergence du blog politique 49
c. Analyse sociologique du blog 49
d. Du blog au microblogging 50
3. Le buzz et le marketing viral : 52
a. Tentative de définition 52
b. Une stratégie calquée sur le marketing viral
52
c. Derrière les apparences, une communication
ciblée
et réfléchie : l'exemple des chats d'Eva Joly
53
d. Analyse du message politique 54
55
4. La course à l'innovation :
a. « Vos idées pour la France forte » 55
b. « En avant ! » 55
c. « Le Konami code » 56
d. De nouvelles stratégies de communications
difficiles à évaluer sur le scrutin final 57
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
? Quatrième partie :
Twitter réinvente le média politique
..59
59
1. Twitter : un nouvel outil au service du sondage :
a. Un débat d'entre-deux tours largement commenté
sur Twitter 59
b.
63
Un débat arbitré et évalué via
Twitter 60
2. Naissance d'un nouveau média :
a. Légitimité nouvelle et incorporation aux
médias traditionnels 63
b. #Radiolondres 64
? Conclusion : 66
? Bibliographie : 72
a. Livres 72
b. Articles 72
c. Site internet statistiques réseaux sociaux 74
d. Sondages et infographies 75
e. Blogs politiques 75
? Annexes : 76
a.
|
Annexe A : Statistiques évolution candidats Facebook
|
|
;
|
72
|
b.
|
Annexe B : Chiffres sur l'utilisation internet des jeunes
|
|
;
|
73
|
c.
|
Annexe C : Analyse web-série Mélenchon
|
|
;
|
75
|
d.
|
Annexe D : Ethnographie d'un débat sur Facebook
|
|
|
77
|
e.
|
Annexe E : Entretien avec Pierre des MJS
|
;;
|
|
85
|
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
INTRODUCTION :
2012 marque une étape importante pour la
démocratie française : c'est une année d'élection
présidentielle et législative.
Traditionnellement, les campagnes électorales
menées par les différents candidats s'appuient sur des
stratégies de communication visant à rallier le plus
d'électeurs à leur cause.
Cette année, la campagne présidentielle est
différente des autres : elle accueille une nouvelle variable issue
d'internet qui excite la curiosité des partis politiques et dont les
effets sont jusque là inconnus : l'arrivée des réseaux
sociaux virtuels symbolisés en France par Twitter et
Facebook.
Le début du XXIème siècle aura
été marqué par l'expansion d'internet et de sa propagation
dans les cultures occidentales.
Véritable outil de communication et de mémoire
collective, internet aura grandement participé au développement
économique et intellectuel du monde contemporain dans lequel nous vivons
et aura définitivement changé notre façon de communiquer
et d'échanger.
L'époque de la création d'internet (1967 avec
l'Arpanet) qui, à la base, permettait d'établir un réseau
de communication afin de servir les intérêts de la défense
Américaine est désormais bien loin.
Aujourd'hui, les sites internet sont de véritables
vitrines, aussi bien à usage commercial que politique, exposées
au monde entier. Désormais, l'information fait le tour de la terre en
une poignée de secondes.
Internet ne sert plus uniquement à faire ces achats ou
à télécharger de la musique. L'arrivée du web
2.0 ou web participatif dans les années 2000 a changé la
donne : l'internaute devient acteur et n'est plus spectateur sur la toile.
En 2012, il est impossible dans les civilisations
développées et équipées d'internet de ne pas avoir
connaissance des réseaux sociaux virtuels que représentent
Facebook ou twitter.
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Ces nouveaux modes de communication et de partage d'opinion
sont les plus élaborés qu'ait connus notre
société.
Ils ont modifié notre conception de la communication
publique et de la vie politique1. Dans un futur proche
l'humanité peut envisager le concept de cyber-citoyenneté dans un
système e-démocratique2.
Désormais, l'Histoire et la démocratie se jouent en
partie sur la toile.
L'essor des blogs au début années 2000, suivi de
l'éclosion de Facebook ou encore Twitter à la
fin de la décennie, ont permis à l'internaute de disposer
aujourd'hui d'un espace où les idées et les opinions
s'échangent.
Des manifestations y sont organisées, des
pétitions y circulent, des courants politiques en découlent
(Parti Pirate Suédois et Allemand) et internet est même devenu un
outil au service de la liberté (Printemps Arabe).
En 2008, les réseaux sociaux se sont invités
pour la première dans des élections présidentielles aux
Etats-Unis.
Barack Obama, alors outsider des primaires démocrates, a
gagné un pari risqué.
Le futur vainqueur de l'élection a misé une
grande partie de sa stratégie de campagne sur un nouveau média
alors en pleine explosion : les réseaux sociaux. En s'appuyant sur leurs
forces, il a réussit à faire pencher l'électorat de son
coté.
Son équipe de campagne s'en est servis comme outil
d'e-militantisme, de récolte de fond ou tout simplement pour communiquer
et débattre avec la masse électorale.
La campagne de l'ancien Sénateur de l'Illinois a
excité la curiosité des professionnels du marketing, de la
communication et de toute la sphère sociologico-politique.
Une riche littérature Anglo-Saxonne a largement
analysé et commenté la nouvelle force que représentent les
réseaux sociaux.
Désormais, dans les pays Nord-Américains de
nombreux investissements sont effectués par les équipes de
campagne pour pouvoir s'exposer sur ces réseaux virtuels et
séduire le plus d'électeurs possible.
1 Flichy Patrice, Internet et le débat
démocratique, Réseaux, 2008
2 Eudes Yves, la clicocratie, Le Monde
édition, 2009, p.16
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
L'exemple Obama et le phénomène de
société que représentent les réseaux sociaux
aujourd'hui en France poussent les candidats aux élections
présidentielles 2012 à les investir massivement.
La communication politique Française traditionnelle va
donc rentrer dans une nouvelle ère numérique.
L'élection ne se limitera donc pas seulement au
traditionnel meeting et apparition publique ; l'exemple américain a
montré que pour devenir président, il faut savoir dompter le
net.
Historiquement, plusieurs tentatives timides de
stratégies internet dites « participatives » ont
été mises en place lors des élections
Présidentielles Françaises de 2007. Le Parti socialiste avait
notamment mis en place le très coûteux Coopol, sorte de
réseau internet communautaire rassemblant uniquement les militants de la
rose où chacun était libre de donner son opinion. Cette
innovation s'est soldée par un échec mais l'équipe de
communication de la rue Solferino l'avait bien compris : pour gagner une
élection, internet représente une source de communication
à ne pas négliger.
Annoncée par de nombreux médias comme
numérique, l'élection 2012 a massivement investi internet.
Certains journalistes et analystes politiques pariant même sur un scrutin
pouvant se jouer sur Facebook et Twitter.
Le monde politique est-il en train d'assister à une
véritable révolution électorale ou assiste-il à une
illusion technologique : la révolution des réseaux sociaux
changent-elles la donne des élections 2012?
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
J'ai choisi ce sujet pour analyser les modifications
apportées par l'arrivée des réseaux sociaux dans la
sphère sociologico-politique en période d'élection
présidentielle. La création de connaissance est
l'objectif principal d'un mémoire : c'est pourquoi j'ai
décidé de traiter ce thème très peu abordé
jusqu'à présent et dont les conséquences en juin 2012 sont
encore difficilement identifiables.
L'analyse de cette campagne électorale sur les
réseaux sociaux est divisée en plusieurs points qui me semblent
essentiels.
Tout d'abord, il est important de comprendre pourquoi et
comment les partis politiques Français investissent les réseaux
sociaux.
Les équipes de communication agissent très
certainement par mimétisme aux élections américaines de
2008. Il est essentiel de prendre en compte les expériences
précédentes Anglo-Saxonne mêlant réseaux sociaux,
élections et démocratie pour comprendre les raisons de l'emploi
de telles stratégies en France.
L'objectif principal d'une bataille électorale est de
séduire le plus grand nombre d'électeurs en
particulier les jeunes et les abstentionnistes qui représentent une
réserve importante de voies3 4.
Pour parvenir à ce résultat, quels sont les
mécanismes mis en place par les équipes de campagne pour
réaliser ces objectifs ? Dans une stratégie internet, comment
parviennent-elles à se démarquer de la concurrence ? Y-a-il un
renouveau de l'action militante en France grâce aux ces nouveaux outils
numériques ?
Outre le changement en stratégie politique,
l'apparition des réseaux sociaux change-telle la main mise des
médias dits « traditionnels » lors des batailles
électorales ? Et si oui, pourquoi et comment ?
Aujourd'hui, le contenu des tweets postés par
les internautes est analysé par des instituts de sondage
spécialisés. Est-il possible grâce à ce
nouveau type de sondage d'avoir une approche plus moderne et virtuelle de
l'opinion publique?
3 Descoings Richard, « L'abstention chez les
jeunes mine notre démocratie », Challenges, avril 2010
4 Etude IFOP, « L'indice de participation au
premier tour de l'élection présidentielle, résultat
détaillée », le journal du dimanche, 21 mars
2012
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
De son côté Facebook semble jouer un
rôle important dans le débat politique entre
internautes. Pour comprendre la façon dont s'opèrent ces
interactions au sein ce nouvel espace d'échange, il faut en
réaliser une rapide ethnographie.
Un des nombreux intérêts de Facebook
réside en la présence nouvelle des candidats à la
présidentielle sur ce réseau.
Il semble essentiel d'analyser d'un point de vue
sociologico-politique leur apparition sur les réseaux sociaux. Ce
nouveau type de communication change-t-il le statut de l'homme politique et
favorise-t-il son rapprochement avec la population?
Le terrain de recherche pour mener à bien
ce travail se situe en grande partie sur la
toile.
Pour comprendre les concepts de stratégies
électorales basées sur internet, un éclairage sur
l'historique des précédentes campagnes numériques dans le
monde et leurs conséquences étaient primordiales. Sur ce point
là, la littérature sociologique Américaine reste
très fournie et est régulièrement mise à jour.
Une campagne électorale est en constante mutation : le
suivi quotidien des candidats à la présidentielle sur le terrain
physique et virtuel est indispensable pendant toute la durée de
l'élection.
L'étude technique et historique des réseaux
sociaux tels que Facebook et Twitter est nécessaire
pour comprendre et analyser ce phénomène de
société.
Des outils statistiques Facebook et Twitter (Semiocast,
Socialbakers,..) sont utiles pour donner une image d'ensemble de la population
virtuelle Française.
Pour parvenir à assimiler ces nouvelles
stratégies de communication, il a été nécessaire de
les mettre en relation avec des théories empruntées à la
sociologie politique (Bourdieu, Lazarsfeld, Elihu, Lagroye, Champagne,...).
Afin de mieux comprendre le phénomène
d'e-militantisme, il est utile d'effectuer des entretiens physiques avec des
militants présents sur le terrain. Mon entretien avec les jeunes du
Mouvement Jeunesse Socialiste (MJS) m'a permis d'avoir une meilleure
compréhension de ce nouveau type de propagande.
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
PREMIERE PARTIE :
Présentation des réseaux sociaux et
utilisation faite par le politique
1. Facebook : Principe d'utilisation et
statistiques
Facebook en trois chiffres (janvier
2012)5 :
? 800 millions d'utilisateurs dans le
monde ? 24 millions d'utilisateurs en France
? 6 millions d'entre eux ont entre 18 et 24
ans
a. Historique
Impossible de ne pas débuter ce mémoire sans
évoquer les spécificités techniques et les statistiques se
rapportant aux deux réseaux sociaux les plus populaires en France :
Facebook et Twitter.
Crée en février 2004 par 4 étudiants de
l'université d'Harvard (Etats-Unis), l'idée principale
émanant de Mark Zuckerberg (actuel PDG de Facebook), the Facebook
avait pour ambition de regrouper virtuellement les étudiants
présents sur le campus de Harvard. Son succès grandissant, il
s'est ensuite ouvert à l'ensemble de la population Américaine en
septembre 2006.
5
Socialbakers.com, «
infographie Facebook statistiques France »,
www.socialbakers.com,
janvier 2012,
www.socialbakers.com
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Très vite, le site connait un succès important et
devient un phénomène de société, c'est aujourd'hui
le réseau social virtuel le plus important au monde.
Depuis, l'activité de la firme de Palo Alto en Californie
s'est considérablement étendue, mais a gardé pour base ce
qui fait sa force initiale, un authentique réseau social où les
interactions entre les individus sont sans limites, gratuites et
instantanées.
La communication y est horizontale, les données soumises
par l'utilisateur au site peuvent être commentées, jugées
et partagées par tout le monde présent dans votre
réseau.
b. Principe d'utilisation
Pour accéder au site, il suffit de s'y inscrire, de
renseigner ses informations personnelles (date de naissance, lieu de naissance,
étude,...) et y ajouter des « amis ». L'utilisateur se
crée alors son propre réseau virtuel constitué de ses
relations plus ou moins proches et y décrit, si il le souhaite, ses
centres d'intérêts (politique, musique, littérature,
cinéma,...).
En renseignant ses centres d'intérêts,
l'utilisateur reçoit quotidiennement des feeds (nouvelles
actualités) sur son mur, il peut alors les commenter, les
« liker » (apprécier en Français) voir les
partager à l'ensemble de son réseau social virtuel.
Tout peut être partagé et mis à la vue de
tout le monde sur Facebook que ce soit un commentaire, une photo, une
vidéo ou un lien internet.
Les candidats à l'élection présidentielle
possèdent tous un compte Facebook cependant l'image qu'il
souhaite donner d'eux sur le réseau social diffère, les
investissements ne sont pas les mêmes, tous les comptes Facebook
ne sont pas nécessairement dirigés par les candidats
eux-mêmes mais par des agences de communication.
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Figure 1 : Message posté par Nicolas Sarkozy sur
Facebook
Les options permettent à l'utilisateur de commenter
l'information (« rédiger un commentaire »), de la partager
(« partager »), de l'apprécier via le bouton « j'aime
». Le 79 à droite montre le nombre d'utilisateur ayant
partagé cette information à des individus de leur propre
réseau.
c. Facebook en chiffres dans le monde et en France
En mars 2012, le site compte 900 millions de comptes actifs
dans le compte (à différencier des utilisateurs quotidiens) et
est en constante progression, plus de 37% d'inscriptions pour l'année
2011.
La révolution Smartphone y est également pour
quelque chose, plus de 350 millions d'individus se connectent grâce
à leur appareil nomade6.
La France est 9ème au rang des nations
Facebook, elle compte en février 2012 pas loin de 23,6 millions
d'inscrits soit environ un tiers de sa population7. Un
Français passe en moyenne 5 heures sur Facebook par mois soit plus que
sur Google (3 heures)8. Le réseau social est passé
6 Gérem, « les 20 statistiques de ce
début d'année 2012 », toutfacebook, le 27 janvier
2012,
www.toutfacebook.fr
7
Socialbakers.com, « Facebook
statistics by country »,
www.socialbakers.com,
le 9 février 2012,
www.socialbakers.com
8 Sanyas Nil, « les Français ont
passé 5h sur Facebook en décembre, loin devant Google »,
PC INpact, le 23 janvier 2012,
www.pcinpact.com/news/68491-francais-temps-facebook-google-microsoft.htm
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
de phénomène de société pour
finalement se fondre dans le quotidien des Français, au point
d'être comparé à une drogue9.
Dans l'imaginaire collectif, Facebook est
considéré comme un moyen de communication peu
évolué voir puéril appartenant exclusivement à la
génération Y hors des études ont montré que cela
était variable. (Annexe B)
En janvier 2012, Facebook concerne environ 50% des
18-34 ans mais touche également les classes plus « matures
»10.
d. Facebook : Plus qu'un simple outil de
communication
Etre en constante relation avec ses proches, partager,
commenter, se tenir au courant des choses que l'on apprécie, Facebook
est un moyen de communication sans limites.
Une des principales forces de Facebook réside
également dans sa base de données forte de 900 millions
d'utilisateurs à travers le monde.
En renseignant leur âge, opinion politique, lieu de
résidence, les utilisateurs fournissent des informations
précieuses aux institutions et aux partis politiques en campagne.
Ces derniers peuvent donc cibler plus facilement une
population.
Cette stratégie de segmentation a notamment servi pour
la campagne électorale 2008 de Barack Obama pour communiquer directement
avec certaines communautés (jeunes, asiatiques,...). Facebook
est alors passé d'outil de communication à outil de
promotion électorale.
Facebook s'inscrit également dans un rôle
similaire aux blogs et au microblogging.
Pendant le printemps Arabe de 2011, le réseau social a
constitué un moyen de revendication pour les révolutionnaires et
permis d'organiser la résistance contre les pouvoirs dictatoriaux en
place.
En contournant la censure et en montrant au monde entier la
situation dans les pays touchés par les révolutions, Facebook
a agit comme une véritable caisse de résonance.
La propagation d'internet à travers le monde ne pourra
qu'accroître ce pouvoir sans limite et sans censure.
9 « Symptômes de dépendance à Facebook
», ifigaro, le 18 juillet 2009
http://www.ifigaro.com/symptomes-de-dependance-a-facebook-499
10
Socialbakers.com, «
infographie Facebook statistiques France »,
www.socialbakers.com
, janvier 2012
http://www.socialbakers.com
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
2. Twitter : Principe d'utilisation et statistiques
d'utilisation
Twitter en trois chiffres (janvier
2012)11 :
? 383 millions d'utilisateurs dans le monde
? 3,3 millions d'utilisateurs en France
? 140 : le nombre de caractères maximum
contenus dans un tweet
a. Historique
Twitter fait partie de la grande famille des
réseaux sociaux, c'est un outil de communication dit de
microblogging, il est le successeur des blogs traditionnels des
années 2000.
Le concept est simple : l'internaute doit résumer une
pensée, un message, un sentiment en 140 caractères maximum.
Tout est résumé dans le slogan de l'entreprise :
« Que faites-vous ? Découvrez en temps réel ce qui se
passe partout dans le monde. Suivez vos passions ».
Ce système de communication a été
crée en mars 2006 par Jack Dorsey (soit deux ans après
Facebook). Comme pour son homologue, le succès a
été inattendu et immense au point de devenir, aux USA, un
média à part entière concurrent direct de la
télévision ou de la radio.
Twitter est un réseau social dit «
asymétrique », l'utilisateur délivre mais ne peut pas
commenter l'information. Il peut cependant la partager à ses
followers (son propre réseau social).
11 Etude Semiocast, « Une étude de
géolocalisation des utilisateurs de Twitter par Semiocast »,
sémiocast, le 1 janvier 2012,
http://semiocast.com/publications/2012_01_31_5_2_millions_d_utilisateurs_de_twitter_en_france?lg=fr
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Le système de communication se base sur le principe du
K.I.S.S (Keep It Simple Stupid), il s'agit d'une ligne directrice de
conception se rapportant à définir une idée, une
information de façon simple, rapide et efficace sans aucune fioriture
« la simplicité est la sophistication suprême ». Par ce
système, l'internaute est obligé d'être synthétique
et clair.
La simplicité, la disponibilité et
l'instantanéité font la force de Twitter:
Simplicité car le système de message est
basé sur le principe du K.I.S.S.
Disponibilité car l'information est disponible à
tous, sur tout support.
Instantanéité car l'outil évolue en temps
réel au fur et à mesure des tweets.
L'émergence de l'internet mobile et des
applications Twitter sur Ios et Androïd
(systèmes d'exploitations mobiles) a contribué à
rendre le microblogging encore plus instantanée, désormais
l'utilisateur peut twitter, retwitter ou lire des
tweets dès qu'il le désire. Ecrire un tweet prend 10
secondes la où la création de blog prend une heure et
nécessite un minimum de connaissances informatiques.
b. Principe d'utilisation et description d'un tweet
Twitter est en Français depuis octobre 2009 et
est en pleine expansion dans l'hexagone. Pour suivre, c'est-à-dire,
devenir followers d'un compte, il faut être abonné
à ce compte.
Le réseau social au petit oiseau bleu est cependant
grandement différent de Facebook, l'utilisateur ne peut pas
commenter directement l'information postée par un utilisateur qu'il suit
cependant il peut la partager en émettant un jugement dessus.
La possibilité d'envoyer des messages en privé
à seulement quelques abonnés est possible mais cela est à
l'encontre du principe de la plate forme : c'est un réseau
communautaire, toutes les informations doivent être accessibles par tout
le monde.
Voici l'exemple type d'un tweet posté par Francois
Hollande, le 7 février 2012 :
Figure 1 : Message tweeté par Francois
Hollande
- 20 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Parmi les options disponibles, l'utilisateur peut
répondre directement à François Hollande via «
Répondre », de partager à son réseau social
le tweet via « retweeter » , de classer
l'information dans ces favoris.
Le message contient l'information principale. Le hashtag
(#FH2012), sorte de mot clé, permet de regrouper les messages
autour de la campagne du candidat socialiste12.
Un bouton voir la photo permet de découvrir l'image se
rapportant au tweet.
c. Twitter en chiffres dans le monde et en France
Au 1er janvier 2012, on comptait 383 millions de
profils crées dont 108 millions aux Etats-Unis, 33 millions au
Brésil, 29 millions au Japon, 24 millions au Royaume-Uni et 20 millions
en Indonésie. En France, on compte 3,3 millions d'utilisateurs de
Twitter pour un total de 37,54 millions d'internaute13.
L'incertitude principale est la même que pour
Facebook, quelle est la part réelle de comptes actifs? Une
étude de Semiocast montre qu'environ la moitié des utilisateurs
français de Twitter sont réellement actifs (voir
infographie).
Les autres utilisateurs consultent seulement les
tweets et s'en servent comme média d'information virtuel.
Le nombre d'utilisateurs de Twitter est, certes peu
élevé, mais reste très populaire en France : 80% des
internautes avouaient connaître le réseau social en octobre
201014. En aout 2009, ils n'étaient que 28%15.
12 CMIC, « Qu'est-ce qu'un hashtag dans Twitter ?
»,
cmic.ch, mars 2009
http://www.cmic.ch/2009/03/27/quest-ce-quun-hashtag-dans-twitter/
13 Etude Semiocast, « Une étude de
géolocalisation des utilisateurs de Twitter par Semiocast »,
Semiocast, le 1 janvier 2012
http://semiocast.com/publications/2012_01_31_5_2_millions_d_utilisateurs_de_twitter_en_france?lg=fr
14 Etude IFOP, « observatoire IFOP des
réseaux sociaux - Vague 5 », IFOP, le 14 octobre 2010
http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=1279
15 Olivier Chicheportiche, « France : Twitter
de plus en plus connu mais reste très peu utilisé »,
ZDNet France, le 25 aout 2009
http://www.zdnet.fr/actualites/france-twitter-de-plus-en-plus-connu-mais-reste-tres-peu-utilise-39705147.htm
- 21 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
d. Twitter et le journalisme citoyen
Twitter gomme les principaux défauts des blogs
(surplus d'information, long à lire et à écrire, peu
centralisé).
Le site a aujourd'hui acquis une certaine
légitimité et s'apparente même parfois à du
journalisme citoyen notamment par rapport aux événements lors du
printemps Arabe. L'outil permet également de rajouter, en temps
réel, de la précision sur de l'information journalistique.
Les inscrits de Twitter peuvent alors contribuer
à la rendre plus précise. Un bon niveau en rédaction n'est
pas nécessaire, l'information doit simplement être claire et
précise, tout le monde peut apporter sa pierre à
l'édifice.
- 22 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
3. La naissance de la communication politique par les
réseaux sociaux: L'exemple de l'investiture démocrate aux
élections présidentielles américaines 2008
a. L'investiture démocrate et le duel
Clinton/Obama
Il est nécessaire d'évoquer ces deux
élections lorsque le sujet porte sur l'utilisation des réseaux
sociaux par le politique.
L'investiture démocrate de 2007 casse les
règles traditionnelles de la communication politique en accueillant une
nouvelle variable qui pèsera finalement sur le résultat du
scrutin : les réseaux sociaux.
Facebook, Twitter, Youtube sont les grands acteurs
de cette course à la maison blanche version 2008.
Dès le début des primaires démocrates,
Hillary Clinton, ex-première dame des Etats-Unis et sénatrice de
l'Etat de New-York est la grande favorite des médias de masse
traditionnel (la radio et les grands networks tels que CNN ou NBC), il
était alors difficile pour les experts politiques de penser que Barack
Obama avait une chance de remporter cette investiture.
b. Une stratégie 2.0
Le sénateur de l'Illinois décida alors, avec son
équipe de campagne, de bouleverser les codes de promotion
électoraux en misant une grande partie de sa campagne sur le net.
L'idée principale est de s'intéresser au concept
de resocialisation, sur internet tout le monde est à armes
égales, n'intéressant que très peu les mass médias,
Obama doit se consacrer aux réseaux sociaux, territoire virtuel encore
jamais sollicité par une élection présidentielle.
Très vite, Obama investit les réseaux sociaux
classiques mais également les réseaux sociaux ethniques
(BlackPlanet et AsianAve) et comprend rapidement que cet
outil de communication
- 23 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
a deux caractéristiques importantes : il permet de
récolter des fonds16 et permet de trouver de nouveaux
électeurs.
Très rapidement, un vent de fraicheur souffle sur la
politique Américaine et Barack Obama devient la superstar du net.
Quelques mois après le lancement de sa campagne, les journalistes
politiques en font le favori de l'investiture démocrate17.
c. Une nouvelle communication
Barack Obama se met en scène sur son profil Facebook et
casse avec l'idée préétablie de l'homme politique monarque
de Tocqueville qui est différent du citoyen.
Le candidat y décrit ses goûts musicaux, parle de
son amour pour le basketball ainsi que de ses livres
préférés. Ce procédé met l'homme politique
au même niveau hiérarchique que l'internaute : la communication
avec la population y est horizontale.
Son équipe de campagne a également basé
sa campagne sur la jeunesse. En 2008, les jeunes américains se
documentent à 50% sur le net pour des informations politiques18.
La génération milléniale
(génération internet et réseau sociaux)
représente, en 2010, la même part dans la population
américaine que les baby-boomers, cette génération
interagit via le web. (Annexe B)
Afin de pouvoir toucher et séduire une partie de cet
électorat, les partis politiques investissent la toile.
En s'appuyant sur les réseaux sociaux, le
sénateur de l'Illinois participait à la création de
débat entre le candidat et la population entrainant ainsi une
suppression de la barrière politico-hiérarchique.
Cette nouvelle proximité transforme la population en
émissaire du parti : elle diffuse les idées, les vidéos et
les points de vue.
La participation active des internautes les transforment en
acteurs centraux de l'action militante : c'est la naissance de
l'e-militantisme.
16 Ellen MC Girt, «The Brand Called Obama»,
Fastcompany.com, le 19
mars 2008
http://www.fastcompany.com/magazine/124/the-brand-called-obama.html
17 Catherine Holahan, « On the Web, Obama Is the
Clear Winner», business
week.com, le 5 mars 2008
http://www.businessweek.com/technology/content/mar2008/tc2008035_280573.htm
18 National Annenberg Election Survey of University of
Pennsylvannia, étude réalisée de janvier à mars
2008
- 24 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Ce coté new look aboutit à une
vedettisation de l'homme politique.
Les stars américaines entrent alors en campagne pour
parrainer Obama, un stratagème est alors mis en place : le
buzz. Le but de cet outil est de propager de façon virale (par
partage) une vidéo, une idée. La superproduction en l'honneur de
Barack Obama « yes we can »19 en est l'exemple
type : des acteurs, chanteurs, artistes américains reprennent un
célèbre discours de l'homme politique et en font une chanson.
Cette vidéo visionnée 23 millions de fois a
été produite par le chanteur Will I Am puis mise en ligne sur
Youtube20.
Ce buzz permis de mettre en évidence que le
candidat démocrate était soutenu par une vaste communauté
d'artistes. Devant ce phénomène, les mass médias
traditionnels ont repris l'information d'internet pour la transmettre à
l'ensemble des citoyens, le net devient donc une passerelle vers le grand
public.
d. Une stratégie marketing
Souffrant, à l'origine, d'un déficit de
popularité sur les médias traditionnels, la campagne de Barack
Obama est comparée par Keith Reinhard à une marque qui voudrait
s'imposer sur un marché concurrentiel, « Barack Obama a les trois
choses que vous attendez d'une marque : il est nouveau, attractif et
différent »21.
Cette stratégie 3.0 fait déjà
référence pour les experts du marketing qui y voient la recette
magique pour imposer un produit challenger face à une marque leader,
internet est un mécanisme de compensation, grâce à internet
les cartes sont redistribuées, tout le monde a sa chance.
19 Yes we can - Barack Obama music video,
www.youtube.com/watch?v=jjXyqcx-mYY
20 Fraser Matthew, Dutta Soumitra, « Barack Obama
and the Facebook Election »,
usnews.com, 19 Novembre 2008
http://www.usnews.com/opinion/articles/2008/11/19/barack-obama-and-the-facebook-election
21 Reinhard Keith,
Fastcompany.com, avril
2008
http://www.fastcompany.com/magazine/124/the-brand-called-obama.html
- 25 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
e. Remise en cause des Mass médias
Certes les médias traditionnels permettent une
exposition parfaite et visible par tous. Le public a une confiance aveugle en
eux cependant ils restent trop surchargés et contrôlés par
le pouvoir en place.
Internet échappe à ce contrôle : pas de
censure, pas de quotas de temps en période électorale.
Le grand avantage de ces réseaux sociaux réside
également dans la transmission des informations, le modèle des
mass médias est vertical, l'information ne peut y être
commentée par le citoyen. En revanche, le modèle des
réseaux sociaux permet un échange latéral plus direct et
interactif.
f. Conséquences
L'élection américaine 2008 est devenue un
exemple en matière de communication politique et marketing.
En investissant un nouvel espace virtuel, Barack Obama a
profité d'un facteur qui, a priori, n'existe plus aujourd'hui :
l'effet de surprise. En 2012, tous les partis politiques et candidats à
l'élection présidentielle Française dispose d'un site
officiel, d'un ou plusieurs comptes Facebook, Twitter ou
Youtube.
Outre les élections, le web social a également
modifié la démocratie traditionnelle anglo-saxonne
désormais les institutions et politiques se servent de ce moyen de
communication pour interagir directement avec les électeurs.
- 26 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
4. Liens entre les réseaux sociaux et la
sphère politique dans le monde anglo-saxon, un état des lieux en
mars 2010
a. Du Web 1.0 au web 3.0
Bien sur, les politiques n'ont pas attendu le succès
des élections présidentielles Américaines 2008 pour
utiliser internet afin de communiquer avec la population.
Dès la création du net, les premiers sites
internet dit « politiques » étaient de réelles vitrines
pour les partis. L'entrée dans le web 2.0 a ouvert la voie au blog et
à un nouveau concept de démocratie représentative.
L'apparition des médias sociaux et son éclosion
sur le continent nord-américain dans les années 2007-2008 a
permis aux institutions et aux sociologues de s'intéresser aux
conséquences de ces plateformes virtuelles sur la relation entre la
population et la sphère politique.
Une des premières études Francophone sur la
relation entre les réseaux sociaux et le politique a été
menée au Canada par Amanda Clark en mars 201022.
Ce document s'interesse aux nouvelles relations possibles
entre le politique et les internautes via internet et les réseaux
sociaux populaires aux Etats-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne
(Facebook, Twitter, Myspace, Flickr).
b. Utilisation par les politiques et la population
Les médias sociaux (Canada) ou réseaux sociaux
(France) offrent aux institutions politiques de nouvelles possibilités
d'interactions novatrices23.
L'utilisation faite par les politiques est très
variable, les réseaux sociaux permettent la diffusion de messages
politiques, de découvrir les domaines d'intérêts et les
besoins des
22 Clark Amanda, « Les médias sociaux.
4. Utilisations politiques et conséquences pour la démocratie
représentative », Bibliothèque du parlement,
étude générale, le 22 mars 2010
23 La notion de média social est définie
dans Dewing (2010) - Les médias sociaux - Introduction
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
électeurs, de recueillir des fonds, de constituer des
réseaux de soutient, de développer l'E-militantisme (envoie de
messages ciblés à son entourage pour soutenir un candidat) et de
constituer des bases de données pour les partis politiques.
De son coté, la société civile l'utilise
pour favoriser le débat politique avec les institutions, pour influencer
les décideurs et les gouvernements, demander des comptes aux
gouvernements, constituer des groupes soutiens afin de recueillir des fonds
pour des causes particulières (catastrophe humanitaire, ...) et enfin
pour encourager le débat publique, pour créer une sorte de
e-agora (politique publique sur le net).
c. Exemples de démocratie représentative sur
Facebook
De nombreux exemples au Canada montrent que les groupes de
soutient peuvent fonctionner et donc que les réseaux sociaux peuvent
peser sur les gouvernements.
Michael Geist, avocat, a réussit à former un
groupe de 90000 personnes via Facebook pour annuler le projet de loi
sur les droits d'auteur au canada24.
Le gouvernement Britannique sollicite
régulièrement les internautes via Facebook pour faire
participer les citoyens au débat politique public25.
Ces deux exemples montrent l'importance du rôle que
peuvent jouer les réseaux sociaux dans les démocraties. Ils
facilitent grandement l'intéraction par leur rapidité d'action
cependant comme toute nouveauté des avantages et limites sont mis en
exergue par Amanda Clark.
- 27 -
24 Geist Michael, « Critics misjudged the power
of digital advocacy », Toronto Star, 18 janvier 2010
http://www.thestar.com/business/article/751957--geist-critics-misjudged-the-power-of-digital-advocacy
25 Voir le site « e-Consultations » du
parlement du Royaume-Uni
- 28 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
d. La banalisation du politique
D'un point de vue général, les réseaux
sociaux peuvent favoriser un plus grand pluralisme dans le discours politique
pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, les médias traditionnels n'ont plus le
monopole de l'information, toutes les idées peuvent être
communiquées à la population via internet, internet
représente donc une nouvelle tribune politique.
Via les réseaux sociaux, l'homme politique semble plus
proche de la population, il se met en scène, on assiste à une
vedettisation de l'homme politique. Cela a pour effet le renforcement de la
confiance de la population envers les politiques26.
Cette nouvelle approche interactionniste pousse l'internaute
à s'intéresser à la politique et donc à ce qu'il
vote pour un candidat 2.027.
Derrière cette illusion de proximité
crée par le web 2.0, se cache d'autres réalités montrant
que les réseaux sociaux sont parfois instrumentalisés par les
politiques.
e. Instrumentalisation des réseaux sociaux
Plusieurs éléments tendent à cette
supposition :
Les moteurs de recherche peuvent être par exemple,
manipulés par les militants spécialisés en informatique
pour soutenir leur préférence politique.
Création d'un « fossé numérique
» volontaire ou involontaire par les politiques, tout le monde n'a pas
accès à internet, il y a donc une inégalité dans la
participation politique28.
26 Ferguson & Griffiths, 2006, p.367
27 Lazer David, « Online Town Hall Meetings
:Exploring Democracy in the 21st century », Congressional
Management Foundation, 2009
http://www.egov.vic.gov.au/focus-on-countries/north-and-south-america-and-the-caribbean/united-states/hashtags-and-issues-united-states/community-engagement-united-states/online-town-hall-meetings-exploring-democracy-in-the-21st-century-in-pdf-format-1228kb-.html
28 Dewing Michael, les médias sociaux - 2. Qui
les utilise ?, Bibliothèque du parlement, étude
générale, le 22 mars 2010
http://www.parl.gc.ca/Content/LOP/ResearchPublications/2010-05-f.pdf
- 29 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
L'individu non présent sur internet se sent donc
délaissé de la vie politique et aura tendance à moins
voter.
Il est donc dans l'intérêt pour le pouvoir en
place de conserver ce fossé afin de conserver l'écart de
voie29. Une autre étude démontre le constat suivant :
dans le futur plus les individus auront accès au web plus ils
participeront à la vie politique30.
f. Légitimité et consommation de l'information
sur internet
Présente de manière abondante sur le net,
l'internaute consomme énormément d'information : cela ne
contribue pas nécessairement à rendre l'information plus riche et
plus pertinente.
La qualité de la démocratie
représentative est donc touchée, le surplus d'information tue
l'information31. L'étude met en avant le questionnement
suivant : Internet est-il une source fiable d'information politique pour
l'individu?
En Février 2010, une étude met en avant que les
Canadiens pensent que Facebook a un impact minimal sur la
politique32.
g. Les trois étapes de l'utilisation d'internet
lors de campagnes électorales présidentielles en France
En France, la campagne présidentielle 2002 était la
première du nom à se servir du net : apparition du site web comme
vitrine du parti politique laissant l'électeur spectateur.
L'élection 2007 avait placé une partie de l'électorat
2.0 au centre de la campagne grâce au blog et à l'apparition
de l'e-militantisme.
29 Lusoli Wainer, Ward Stephen & Gibson Rachel,
« (Re) Connecting Politics? Parliament, the public and the internet
», Parliament Affairs, vol. 59, n°1, 2006
http://www.ingentaconnect.com/content/oup/parlij/2006/00000059/00000001/art00024
30 Di Gennaro Corinna & Dutton William, « The
internet and the public : Online and offline political participation in the UK
», Parliamentary affairs, 2006, vol.59, n°2
http://pa.oxfordjournals.org/content/59/2/299.short
31 Prior Markus, « News vs. Entertainment : How
Increasing Media Choice Widens Gaps in Political Knowledge and Turnout »,
American Journal of Political Science, vol. 49, n°3, 2005
http://www.jstor.org/discover/10.2307/3647733?uid=3738016&uid=2129&uid=2&uid=70&uid=4&sid=476989
88722147
32 Nanos Research, « Les Canadiens sont
divisés sur leurs impressions des groupes politiques facebook, plusieurs
indécis », Nanos, le 18 février 2010, p.2
http://www.nanosresearch.com/library/polls/POLNAT-W10-T413F.pdf
- 30 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
L'élection 2012 voit l'apparition des réseaux
sociaux qui étaient à leurs premiers balbutiements en 2007. Le
web social, fort de ces dizaines de millions d'utilisateurs en France peut
jouer un rôle dans la course à l'Elysées.
La campagne électorale suivra-t-elle les modèles
Anglo-saxon ou restera-t-elle conservatrice en se limitant à la
politique « classique » et aux médias traditionnels ?
- 31 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
DEUXIEME PARTIE :
Les candidats à l'élection
présidentielle sur
actifs 2012 les réseaux sociaux
1. Présentation des candidats à
l'élection présidentielle 2012 et présence sur
Facebook
a. Présence des candidats sur les réseaux
sociaux
Cette élection présidentielle Française
2012 se déroule en deux tours, le premier a lieu le 22 avril 2012 et le
second tour le 6 mai 2012. Elle met en scène dix candidats.
Il est important d'analyser leur présence et
popularité sur le réseau social Facebook et cela avant
même le début officiel de la campagne électorale.
Le tableau (tableau 1) ci-dessous
démontre la popularité des hommes politiques candidats à
l'élection présidentielle 2012. Cette popularité est
mesurée en nombre de « likers » (sympathisants en
Français).
L'internaute qui soutient un candidat ou qui souhaite se tenir
informer de son programme « like » le profil Facebook
de l'homme politique. Il s'agit d'un acte de semi-militantisme car en se
portant virtuellement sympathisant d'un candidat, l'internaute affirme ses
convictions politiques sur Facebook.
L'annexe A montre des statistiques plus
précises.
- 32 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
b. Analyse de la popularité sur Facebook
Premier constat : les partis politiques ont réussi en 6
mois à mobiliser les internautes. Au soir de la victoire de
François Hollande, ils sont presque deux fois plus à être
devenu des sympathisants politiques virtuels sur Facebook qu'en
décembre 2011.
Parmi les trois candidats ayant accru leur popularité
sur Facebook entre juillet 2011 et le 7 mai 2012, François
Hollande arrive premier (+2156%), Jean-Luc Mélenchon second (+1355%) et
Eva Joly troisième (+454%), Marine Le Pen arrive quatrième de ce
classement (+403%).
Ces évolutions montrent, entre autre, la
popularité virtuelle du candidat mais donne également une
idée sur le résultat de la campagne électorale internet
2012. Pendant plusieurs mois, les partis politiques se sont livrés une
véritable course au nombre de « likes ».
Plus l'évolution en nombre de sympathisants est
important plus les stratégies de communication misent en place par les
partis semblent avoir réussies.
Une réflexion sur les chiffres de la droite et de la
gauche est nécessaire. La droite avait jusqu'à octobre 2010 dix
fois plus de e-sympathisants que la gauche. Aujourd'hui, elle n'en
possède plus que le double, la fracture numérique se
rééquilibre33.
Jean-Luc Mélenchon (+2623%) et Marine Le Pen (+2111%)
sont dans le top 3 des candidats ayant conquis le plus de sympathisants
internautes depuis novembre 2010.
Ces chiffres montrent que les deux partis d'extrême
gauche (Front de Gauche) et d'extrême droite (Front National) cassent
avec l'image de partis dits « radicaux » : en ayant séduit un
grand nombre d'internautes, les deux partis semblent tournés vers
l'avenir.
La course à la popularité sur Facebook
avait été anticipée par les médias avant
même le début de la campagne électorale. Les partis
politiques ont donc réussi leur premier pari : récolter le plus
de sympathisants via le profil Facebook de leur candidat.
Cette anticipation des médias les à pousser
à envisager que le candidat qui se servirait le mieux des réseaux
sociaux aurait une chance supplémentaire pour se retrouver au second
tour.34
33 Louis Maurin, Patrick Savidan,
L'état des inégalités en France. Données et
analyses, Belin, 2008, Page 12
34 « Vers un duel Le Pen - Mélenchon au second tour
», 20 minutes online, le 16 janvier 2012
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
|
FB
novembre
2010
|
FB juillet
2011
|
FB 15 décembre
2011
|
FB 7 mai
2012
|
Extrème Gauche
|
|
|
|
|
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) Philippe Poutou (NPC)
|
NA NA
|
NA NA
|
NA
536
|
1202
5389
|
TOTAL
|
|
|
536
|
6591
|
Gauche
|
|
|
|
|
Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) Jacques Cheminade
(Solidarité et Progrès) François Hollande (PS)
Eva Joly (EELV)
François Bayrou (MoDEM)
|
4119 NA 2769 3015 10547
|
7974 NA 6674 5467 12909
|
13418 NA
24 400
12965
15706
|
108035 107
143 919
24799
31041
|
TOTAL
|
20450
|
33024
|
66489
|
307901
|
Droite
|
|
|
|
|
Nicolas Sarkozy (UMP)
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
|
340427
4972
|
441267
6375
|
488104
7938
|
647648
13011
|
TOTAL
|
345399
|
447642
|
496042
|
660659
|
Extrême droite
|
|
|
|
|
Marine Le Pen (FN)
|
3468
|
18148
|
26468
|
73205
|
TOTAL
|
3468
|
18148
|
26468
|
73205
|
TOTAL
|
369317
|
498814
|
589535
|
1048356
|
Tableau 1 : présence et popularité, en
nombre de « likes » des candidats à
l'élection présidentielle 2012
- 33 -
http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/Vers-un-duel-Le-Pen---Melenchon-au-2e-tour----10666345
- 34 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
c. Présence des candidats sur Twitter
Twitter, comme Facebook, permet à
l'internaute suivant le compte d'un candidat d'être proche de l'homme
politique et de se tenir informer des dernières actualités le
concernant. Le tableau 235 ci-dessous montre
l'évolution en followers des comptes Twitter des
différents candidats à l'élection
présidentielle.
Comme pour Facebook, l'évolution des
followers est très importante, en l'espace de 3 mois le nombre
total a plus que doublé.
François Hollande est cette fois-ci le candidat le plus
populaire sur Twitter à l'inverse de Nicolas Sarkozy qui est le
candidat le plus populaire sur Facebook.
Jean-Luc Mélenchon est le plus actif (6863
tweets postés), la plus belle progression revient à Philippe
Poutou qui a multiplié par 7 son nombre de followers.
Nom du candidat
|
Nombres de followers
Au 7 février 2012
|
Nombres de followers
Au 18 mai 2012
|
Tweets postés
Au 18 mai 2012
|
Nicolas Sarkozy
|
72389
|
242352
|
4101
|
François Hollande
|
137411
|
351435
|
4333
|
Marine Le Pen
|
32241
|
78236
|
1351
|
François Bayrou
|
68375
|
114536
|
607
|
Jean-Luc Mélenchon
|
16329
|
74367
|
6863
|
Eva Joly
|
38280
|
65294
|
1593
|
Nicolas Dupont-Aignan
|
12925
|
25173
|
2357
|
Philippe Poutou
|
1985
|
15034
|
235
|
Nathalie Arthaud
|
408
|
775
|
1
|
Jacques Cheminade
|
NA
|
2418
|
1187
|
Total
|
442334
|
969620
|
22628
|
Tableau 2 : Evolution en followers des comptes
Twitter des différents candidats à l'élection
présidentielle 2012
35 Chiffres recueillis manuellement sur
Twitter
- 35 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Beaucoup de candidats sont bavards sur les réseaux
sociaux. Cela leur permet d'entretenir une relation privilégiée
avec leurs followers et de les nourrir quotidiennement en information,
de les fidéliser.
Les candidats entretiennent cependant le mystère
concernant le réel rédacteur des tweets.
Ce mystère vise à maximiser ce qui est la base
de cette communication entre politique et l'internaute : l'illusion de
proximité36.
Candidats rédigeant en partie leurs propres tweets
:
Francois Bayrou, (
https://twitter.com/#!/bayrou)
ancien professeur de français, est un fervent supporter de
Twitter, comparant cela à de la « poésie ».
L'homme politique préfère adopter la
transparence, lorsque les tweets publiés sur son compte
proviennent de son équipe de campagne, ils sont signés d'un
« CM » pour community manager.
Depuis le début de la campagne, le député
des Pyrénées Atlantique assure être le seul des candidats
à la présidentielle à rédiger lui-même
ses tweets.
Le candidat centriste a déjà rencontré
Jack Dorsey (directeur général de la firme de Palo Alto). Les
deux hommes partagent la même opinion concernant l'utilisation par
certains politiques de Twitter. Pour eux, l'homme politique se doit de
jouer la transparence concernant leurs tweets et ne pas entretenir
l'illusion de proximité qui constitue une tromperie envers
l'internaute37.
En rédigeant ses propres tweets, Bayrou se
pose en homme du 21ème siècle, proche des nouvelles
technologies et ouvert à la culture numérique. Il se pose en
technophile.
Nicolas Sarkozy (
https://twitter.com/#!/NicolasSarkozy),
le candidat UMP adopte, en partie, la même stratégie que Francois
Bayrou : son compte est géré par son équipe de campagne et
ses tweets personnels sont signés d'un NS (« Ce compte est
piloté par mon équipe de campagne #NS2012 . Mes tweets
personnels seront signés - NS »). Pour Jacques
Cheminade (
https://twitter.com/#!/Cheminade2012),
le constat est le même, il signe ses tweets par un JC.
36 Yanoshevsky Galia, « Les réseaux sociaux et
l'échange entre l'homme politique et les internautes »,
Argumentation et analyse du discours, 2010
37 « Twitter est formidable, en ce qu'il nous oblige
à être concret, simple et direct »,
bayrou.fr, le 14 mars 2012
- 36 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Tous les candidats à la présidentielle 2012 sont
présents sur Twitter cependant beaucoup ne tweetent
pas eux-mêmes.
Ils délèguent cette tâche à des
agences spécialisées de communication.
Francois Hollande (
https://twitter.com/#!/fhollande)
s'est déjà fait surprendre en tweetant alors qu'il
était en plein discours lors d'une émission
télévisée sur France 2.
Le candidat socialiste ne rédige pas lui même ses
tweets, peu technophile, le candidat socialiste délègue cette
tâche à Ariane Vincent, chargée d'animation de son compte
twitter38
39.
Jean-Luc Mélenchon (
https://twitter.com/#!/melenchon2012)
adopte la même idéologie de la transparence que Francois Bayrou,
il est le seul des dix candidats à le stipuler dans l'intitulé de
son compte « JLM ne tweete pas en personne ».
Pour la candidate Frontiste Marine Le Pen
(
https://twitter.com/#!/mlp
officiel), très populaire sur Twitter, aucune information
ne confirme officiellement si elle est l'auteur de ses propres tweets.
Le constat est le même pour Eva Joly
(
https://twitter.com/#!/EvaJoly),
la candidate du parti Europe Ecologie Les Verts.
Candidats peu actifs sur Twitter :
Les deux candidats d'extrêmes gauches, Nathalie Arthaud
(seulement 1 tweet de rédiger) et Philippe Poutou (265 tweets) sont
très peu actifs sur le réseau social.
38 Deslandes Mathieu, « Primaires PS : des
campagnes web pas super modernes », rue 89, le 11 aout 2011
39 Bourmaud Francois-Xavier, « @fhollande, avatar
numérique de Francois Hollande », le Figaro, le 3
février 2012
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
d. Chiffres sur la fréquentation des sites
officiels de campagne
Les premiers chiffres d'audience des sites internet des candidats
à la présidentielle
sont globalement décevants40 par rapport
à des chiffres en constante évolution de popularité
sur les réseaux sociaux :
francoishollande.fr
660000 vues
lafranceforte.fr 337000 vues
bayrou.fr 220000 vues
marinelepen2012.fr 182000
vues
placeaupeuple2012.fr
135000 vues
La consultation de ces sites est variable selon les âges :
sur les 660000 visiteurs de
francoishollande.fr
environ deux tiers des visiteurs ont plus de 50 ans et seulement 10% ont
moins de 25 ans.
Le site « vitrine » s'adresserai donc à une
classe d'âge élevée tandis que, du fait de leur
nouveauté, les réseaux sociaux intéresseraient d'avantage
les classes d'âge jeune.
- 37 -
40 Martin Michel, « Web campagne 2012 : le
flop des clics », Electronlibre.info, le 30 mars 2012
http://electronlibre.info/spip.php?page=article&id_article=1592
- 38 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
2. Coûts d'une campagne électorale
présidentielle sur internet en France : 2007 et 2012
a. Budget total de la campagne présidentielle
2007
Les élections 2007 marquent l'apparition de
stratégies de communication basées sur internet, un budget est
alloué par chaque partis politiques, il représente 3% du total
des dépenses déclarés par les candidats à
l'élection présidentielle 2007.
Comparé aux méthodes traditionnelles tels que les
meetings ou au tracting, la communication par internet est globalement
bon marché.
|
Montant
|
%
|
Propagande
|
réunions publiques
|
31932892
|
42%
|
Propagande imprimée
|
14622429
|
19%
|
sites internet
|
2569986
|
3%
|
autres moyens de propagande
|
4073131
|
5%
|
études communication
|
2496176
|
3%
|
Sous-total
|
55694614
|
73%
|
Fonctionnement
|
frais de personnel
|
8834814
|
12%
|
permanences locaux -
téléphone - matériels - fournitures
|
5251426
|
7%
|
frais postaux et de
distribution
|
570725
|
1%
|
honoraires et frais divers
|
3780926
|
5%
|
frais de déplacements -
restauration - hôtellerie
|
2203028
|
3%
|
Sous-total
|
20640919
|
27%
|
Total
|
76335533
|
|
Tableau 1 : Récapitulatif des dépenses
déclarées par l'ensemble des candidats pour
l'élection présidentielle 2007 (en
euros)41
41 Commission nationale des comptes de campagne et des
financements politiques, dixième rapport d'activité,
séance du 26 mai 2008
- 39 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
b. Budget de la campagne présidentielle 2007 internet
par candidat
|
Montant
|
% du budget
|
Ségolène Royale (PS)
|
866 220
|
4
|
Francois Bayrou (MoDEM)
|
720 511
|
7
|
Nicolas Sarkozy (UMP)
|
675 571
|
3
|
Dominique Voynet (Les verts)
|
130 172
|
9
|
Jean-Marie Le Pen (FN)
|
29 741
|
0
|
Besancenot (NPA)
|
5 404
|
1
|
|
Tableau 2 : Budget internet par candidat
élection présidentielle 2007 (en euros)42
Il est important de s'intéresser au dépense par
candidat, Francois Bayrou est celui qui a le mieux anticipé la future
force d'internet en concentrant 7% de son budget tandis que Jean-Marie Le Pen
en a consacré un peu moins de 1%.
c. Budget de la campagne présidentielle 2012 internet
des « principaux » candidats
|
Montant 2012
|
Montant 2007
|
Evolution
|
Nicolas Sarkozy (UMP)
|
2 000 000
|
675 571
|
296%
|
Francois Hollande (PS)
|
1 800 000
|
866 220
|
208%
|
Francois Bayrou (MoDEM)
|
700 000
|
720 511
|
97%
|
Eva Joly (EELV)
|
200 000
|
130 172
|
154%
|
Marine Le Pen (FN)
|
180 000
|
29 741
|
605%
|
Jean-Luc Mélenchon (FDG)
|
100 000
|
-
|
-
|
Tableau 3 : Budget de campagne internet 2012 (en
euros)43
Le budget numérique pour l'élection 2012 a
explosé, Nicolas Sarkozy a triplé son investissement dans cette
course au numérique, François Hollande l'a, quant à lui,
doublé.
42 Commission nationale des comptes de campagne et des
financements politiques, dixième rapport d'activité,
CNCCFP, séance du 26 mai 2008
http://www.cnccfp.fr/docs/commission/cnccfp_activite_2007.pdf
43
Digimind.fr, « les chiffres
clés des net candidats », digimind.fr, le 26 janvier 2012
http://www.digimind.fr/actu/1073-presidentielles-2012-top-des-candidats-sur-internet-budget-audience-facebook-twitter.htm
- 40 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Seul Francois Bayrou a stabilisé son budget. Les candidats
d'extrême gauche (Jean-Luc Mélenchon) et d'extrême droite
(Marine Le Pen) tendent vers la modernité en investissant massivement
sur le net.
Il est difficile à l'aide ces chiffres de connaître
les sommes allouées spécifiquement à la communication pour
les réseaux sociaux.
Les partis politiques ont donc bien tous cet objectif commun :
s'imposer à tout prix sur
internet et les réseaux sociaux et cela pour trois raisons
principales:
? Séduire les internautes,
? Séduire les internautes abstentionnistes,
? Séduire les jeunes.
- 41 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
TROISIEME PARTIE :
De nouvelles formes de mobilisation
politique
1. L'e-militantisme
a. Tentative de définition
Internet est aujourd'hui un nouvel espace social sans
frontière, les partis politiques et les réseaux militants
(syndicats, écologistes, sympathisants,...) intègrent peu
à peu cette nouvelle sphère pour y transmettre leurs idées
et les répandre librement44.
Certes les politiques utilisent internet pour promouvoir leur
image, cependant cet outil a également permis la création d'un
véritable espace de mobilisation. Cet espace, bien que virtuel, sert
également de contre-pouvoir citoyen (parti pirate, les
anonymous, les hacktivistes).
L'e-militantisme représente toutes les
stratégies misent en place par les équipes de campagnes et
militants indépendants sur les réseaux sociaux pour
séduire et rassembler le plus d'électeurs.
Facebook et Twitter deviennent-ils des
outils symbolisant le renouveau du militantisme ?
b. Un outil au service de la mobilisation
La dynamique de mobilisation n'est possible que s'il existe
préalablement des réseaux de solidarité entre les
militants. Les liens sociaux connectant les groupes et permettant
l'éclosion d'un réseau social de mobilisation sont dit «
faibles » (Granovetter, 1973).
L'action collective dépend donc de l'existence de
réseaux sociaux, plus ils sont importants et structurés plus ils
possèderont une légitimité et auront une emprise sur le
système : Marx parlait de conscience collective.
44 Keck Margaret et Sikkink Kathryn, activists
beyond borders, Ithaca-London, Cornel University Press, 1998
http://www.gppi.net/fileadmin/gppi/Thorsten/Rezsikkinkmillennium.pdf
- 42 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
La communication ainsi que les outils qui s'y rapportent
conditionne la survie et la force d'un groupe.
Selon une étude quantitative faite aux Etats-Unis sur
les processus de recrutement effectués par divers mouvements sociaux
politiques et religieux, la puissance des réseaux sociaux est plus
importante que les campagnes médiatiques ou les apparitions en public
(Snow, Zurcher Jr. Ekland-Olson, 1980). La sollicitation des institutions
poussent l'individu à rejoindre une cause, il le fait rarement de
lui-même. Il est donc dans l'intérêt des partis politiques
de créer des stratégies pour développer leur cellule
militantiste.
L'éclosion de Facebook facilite donc
grandement le fonctionnement des groupes de mobilisation. D'un point de vue
purement technique, Facebook est un outil au service du militantisme
et de l'information dans la mesure où il permet, par internet, de
toucher directement et massivement l'électorat.
· Facilité à créer des
événements pour mobiliser les électeurs
· Le fonctionnement de Facebook est calqué
sur la théorie des liens faibles
· Absence de frontières
· Coût moindre pour les organisations
· Instantanée, gratuit, disponible
· Echange d'information (articles, sondages)
facilité
Le fondateur de Linkfluence (site de stratégie
de communication sur le web social) Guilhem Fouetillou pense que
l'e-militantisme est adapté aux réseaux sociaux
virtuels45.
Selon lui, ils poussent les partis à vouloir gagner la
« bataille des chiffres ».
La rapidité et le grand nombre d'utilisateurs de ces
plateformes permettent de créer un effet de masse tandis que le blog
diffuse une idée à un niveau inférieur d'audience sur
internet.
Pour Fouetillou, le plus important dans le web social n'est
pas l'idée mais le nombre d'individus qui vont consulter et partager
l'idée.
45 Untersinger Martin, « RIP, le blog politique
en état de mort clinique », Rue 89, le 8 mars 2012
http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/03/08/rip-le-blog-politique-en-etat-de-mort-clinique-229967
- 43 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
c. Entretien avec Pierre des MJS
Pour mesurer l'impact d'internet chez les militants, j'ai
décidé de me confronter directement au terrain en interviewant
Pierre en décembre 2011. Il milite au sein du mouvement des jeunesses
socialistes (MJS) et est en charge de la question économique au
siège du PS rue Solferino à Paris (Annexe E).
Pierre a 25 ans, il a toujours été de gauche,
ses parents aussi. Après un an d'étude dans le cinéma, il
décide de devenir militant et de s'inscrire au MJS en 2007. Il est
aujourd'hui étudiant-salarié-militant en quatrième
année de droit à l'université Paris-Descartes.
Selon lui internet et les réseaux sociaux font partis
du quotidien d'un militant, « c'est partager tel article sur Facebook,
tweeter tel événement » (ligne 228).
Cependant, il reste mesurer sur le pouvoir de ces nouvelles
techniques « c'est un facteur intéressant, après ce
n'est qu'un facteur, il ne va pas y avoir de recette miracle » (ligne
99). Pierre admet que ce moyen de communication est désormais important
dans une campagne électorale, « on active tous les leviers
[...] c'est évident qu'il y a des gens qui seront touchés par
internet » (ligne 100).
Pour lui, internet est « un nouvel espace de
socialisation » où « des informations circulent et
des opinions s'y forment » (ligne 109). Un « travail
politique » (ligne 111) est donc nécessaire.
Pierre revient ensuite sur le rôle du militant et de
l'e-militantiste : il doit être celui qui « tape »
(ligne 162) sur l'opposition ce qui permet, par exemple, au candidat
François Hollande de se dédouaner de cette tâche et de
garder une image propre.
Internet permet également la constitution de base de
données pour cibler un large panel de classes sociales : les
«étudiants » (ligne 167), les «
écologistes » (ligne 170) voir les « geeks
».
Il est nécessaire d'établir « une
stratégie propre à ces gens là » (ligne 177).
Autre communication numérique très peu
abordée lors de cette campagne électorale, l'envoie de
chaîne de SMS « à destination du public, à des
gens qu'on a rencontré, à des gens militants, [...], à
votre cercle proche » (ligne 191).
- 44 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Ces différentes techniques de communication tels que
l'envoie massif de message via des newsletters et des SMS permet aux militants
trois choses essentielles qui sont la base de l'e-militantisme «
développer notre communication et ne pas être dépendant
des médias dominants » (ligne 207) et « mobiliser les
gens » (ligne 206).
Lors de cet entretien, Pierre a insisté sur le besoin
de proximité que le militant devait créer avec
l'électorat.
Pour lui, les techniques traditionnelles comme par exemple le
porte à porte sont la base du militantisme « on peut y revenir, on
y trouve les mêmes personnes et donc on commence à tisser un lien
avec elle ».
Dans l'ensemble, Pierre a un avis tempéré sur le
pouvoir d'internet : internet ne révolutionnera pas le militantisme mais
il s'agit aujourd'hui d'une variable à prendre en compte.
d. Ethnographie d'un débat entre internautes au
lendemain du premier tour
Au lendemain du premier tour de l'élection
présidentielle 2012, énormément de messages commentant les
résultats étaient présents sur Facebook. Ils
contenaient l'humeur de l'internaute, parfois critique, parfois euphorique sur
le résultat du scrutin.
Il m'a semblé intéressant de procéder
à une rapide ethnographie (Annexe D) de ce type de
discussion : les utilisateurs interagissent en donnant tour à tour leur
point de vue donnant lieu à des joutes politiques tantôt
pro-Sarkozy, tantôt pro-Hollande par rapport à un statut
(commentaire) posté sur Facebook.
Il en est ressorti trois constatations :
La première demeure dans l'échange d'information
: les internautes donnent tour à tour leur point de vue en s'appuyant
sur des articles tirés d'internet pour confirmer leur dire.
Le second est que, globalement, les cybernautes ont conscience
que les articles venant de sources n'émanant pas de sites internet
médias traditionnels (Figaro.fr,
rue89.fr) sont souvent remis en cause dans
leur authenticité.
L'utilisateur prend les informations avec des pincettes car
très souvent la source n'est pas fiable et l'information qu'elle
contient soutient une cause politique (phénomène des boules
puantes de groupes d'e-militant).
- 45 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
La dernière, plus générale et
sociologique, met en avant la structure même de la discussion. Un
parallèle doit être fait avec les conversations de café du
commerce d'antan.
Cette position rejoint une théorie naissante :
aujourd'hui les médias de masse seraient à la fin d'un cycle du
à l'avènement du web participatif46.
Le point d'origine en serait la conversation de café
où l'échange d'information et de rumeur faisaient légions
à l'époque de pré-industrialisation des médias au
19ème siècle.
L'apparition des médias de masse auraient agis de
façon néfaste empêchant le débat entre les individus
et contribuant en partie à un contrôle social47.
Les réseaux sociaux sont donc un moyen de communication
d'expression libre pour l'internaute permettant un renouveau de la discussion
politique.
e. Les effets de l'e-militantisme sur l'abstention
L'objectif premier du militant virtuel est de séduire
le plus possible l'électorat.
Cet électorat vise, non seulement les internautes
votants et abstentionnistes, mais également les jeunes présents
en nombre sur les réseaux sociaux. En France, l'électorat
national est constitué de 43 millions d'individus.
L'abstentionnisme, est souvent mis en avant, notamment depuis
le premier tour de l'élection présidentielle 2002 en raison de
son record historique (28,4%) et des conséquences directes sur le second
tour (présence du Front National). Depuis, plusieurs campagnes de
sensibilisation sont mises en place pour lutter contre ce
phénomène anti-démocratique.
Pour les élections présidentielles 2012,
différentes polémiques ont vu le jour, le gouvernement
soutiendrait l'abstention pour conserver l'écart de voies qui le
maintiendrait au pouvoir48. Il est donc dans l'intérêt
de l'opposition d'inciter au vote49 50.
46 « The end of mass media : Coming full circle »,
The economist, 7 juillet 2011
http://www.economist.com/node/18904158?story_id=18904158&fsrc=rss
47 Herman Edward , Chomsky Noam , La Fabrication du consentement.
De la propagande médiatique en démocratie, Agone,
2008
48 Hermelin Ariane, « débat : le
gouvernement encourage-t-il l'abstention », newring,
décembre 2011
49 Gross Estelle, « L'inscription sur les listes
électorales, un enjeu pour les partis », Le nouvel
observateur, le 16 décembre 2011
50 Le nouvel observateur, « Bayrou appelle à
l'inscription sur les listes électorales sur Twitter », Le
nouvel observateur, le 29 décembre 2011
- 46 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Les réseaux sociaux, bien que facilitant la
mobilisation n'ont pas permis de faire baisser le taux d'abstention, il a
même augmenté par rapport à 2007 (Tableau
1).
Années
|
Premier tour
|
Second tour
|
200751
|
16,22
|
%
|
16,03
|
%
|
2012
|
19,66
|
%
|
20,52
|
%
|
Tableau 1 : Abstention au premier et second tour des
élections présidentielles 2007 et 2012
Les équipes de campagnes avaient également
l'ambition, via les réseaux sociaux, de toucher les jeunes qui
sont souvent stigmatisés par la société comme
abstentionnistes.
Les chiffres du Tableau B montrent ce constat :
la génération 1980, qui représente grosso-modo
les 20-30 ans, place les jeunes largement en dessus de la moyenne
nationale.
Génération
|
Élections présidentielles
2007
|
Élections présidentielles
2002
|
Taux de
participation au 1er tour
|
Taux de
participation au 2e tour
|
Taux de
participation au 1er tour
|
Taux de
participation au 2e tour
|
Génération 1920
|
76,8
|
78,2
|
73,0
|
79,8
|
Génération 1930
|
87,5
|
87,9
|
81,0
|
86,3
|
Génération 1940
|
91,0
|
90,8
|
79,7
|
86,4
|
Génération 1950
|
89,9
|
89,6
|
76,5
|
85,3
|
Génération 1960
|
87,4
|
88,1
|
72,3
|
81,6
|
Génération 1970
|
84,5
|
84,0
|
63,7
|
73,9
|
Génération 1980
|
80,9
|
79,8
|
68,4
|
78,1
|
Moyenne nationale
|
85,4
|
85,5
|
73,5
|
81,6
|
Tableau 2 : Participation en pourcentages aux
élections présidentielles de 2002 et 2007 par
génération52
Les e-militants et les équipes de campagnes ont donc
intérêt à cibler les jeunes.
Cette volonté de séduire les jeunes s'expliquent
également par la présence en masse des jeunes Français sur
internet53 (annexe C - Tableau 1) et sur les
réseaux sociaux54 (annexe C - Tableau 2).
51 Insee, « abstention aux élections
présidentielles depuis 1965 », Insee, le 1er
janvier 2012
http://www.tns-sofres.com/points-de-vue/7EB7E45F23E545629454F8FDF2A44E3F.aspx
52 Insee, enquête participation
électorale 2007, enquête participation électorale
2002-2004, mars 2008
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATSOS05525
53 Etude France Info.fr, « la France en chiffre :
internet »,
FranceInfo.fr,
décembre 2011
54
Socialbakers.com, «France
Facebook statistics»,
socialbakers.com, juillet
2011
http://www.socialbakers.com/facebook-statistics/france
- 47 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Aux Etats-Unis, internet est devenu le principal média
utilisé par les 18-29 ans, en 2010, 65% des moins de 30 ans ont
cité le web comme première source d'information55
(annexe C - Tableau 3).La génération Y a grandi
avec l'avènement des médias de masse, de l'internet, des blogs
puis plus récemment des réseaux sociaux56.
Le changement en communication politique apporté par ces
nouveaux outils technologiques rappelle l'arrivée de la
télévision qui avait marqué la génération
baby-boom (après guerre). La naissance du marketing politique mis en
place par le média télévision lors de la campagne
électorale Française de 1974 avait, en partie, influencée
le résultat final de l'élection57.
Cette nouvelle technique de communication avait permis
à Valéry Giscard d'Estaing de l'emporter de peu car plus efficace
à l'écran notamment lors du premier débat
télévisé d'entre- deux tours et le célèbre
« vous n'avez pas le monopole du coeur »58.
Les partis politiques ont un double objectif justifiant les
efforts consentis dans leur stratégie de communication politique. Ils
souhaitent séduire les jeunes en rentrant dans leur foyer via internet
et les intéresser à la politique.
Malgré une présence accrue sur les
réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Youtube, Dailymotion,
Flickr) des candidats pour les élections présidentielles
2012, un sondage IFOP du 21 mars 2012 met exergue que l'abstention chez les
jeunes demeurera tout de même élevée et supérieure
à la moyenne nationale (Tableau 3). Le taux de
participation est également en baisse par rapport à 2007 et est
semblable aux élections de 2002, il est donc possible de penser que les
réseaux sociaux n'influencent pas directement le taux d'abstention des
jeunes.
Age de
l'interviewée
|
Indice de
participation
|
Indice d'abstention
|
18 à 24 ans
|
53%
|
47%
|
25 à 34 ans
|
65%
|
35%
|
18 à 34 ans
|
60%
|
40%
|
Moyenne Nationale
|
71%
|
29%
|
Tableau 3 : Estimation de l'abstention des 18-34 ans au
1er tour des élections présidentielles
201259
55 Etude Pew Research center, « internet gains on
television as public's main news source », Mashable, janvier
2011
56 Rollot Olivier, « la génération
Y », PUF Paris, 2012
80),
57 Agnès Chauveau « L'homme politique et
la télévision », Vingtième Siècle. Revue
d'histoire, avril2003 (no
p. 89-100.
58 Azéma Jean-Pierre, « La campagne
présidentielle », François Mitterrand. Les années
de changement 19811984 in Paris, Perrin, 2001, p. 48-49
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
2. Le blog et l'émergence du microblogging dans
les médias
a. Tentative de définition
L'émergence du blog (abréviation de
weblog, carnet de bord internet en français) au début
des années 2000 casse avec l'image du web traditionnel et devient alors
un outil de communication à part entière.
Jusqu'à son arrivée, le web ne servait
qu'à rechercher et fournir informations jusque là établis
par des instances « traditionnelles » telles que les journaux, les
entreprises et les institutions, l'utilisateur restait passif et n'intervenait
pas.
Les premières plateformes blogs sont gratuites et restent
relativement simple d'utilisation pour l'internaute lambda, elles se
nomment Blogger (1999) ou Skyblog (2002) en France. La
naissance du web 2.0 ou participatif place l'internaute au centre de la toile,
il en devient l'acteur principal.
Thierry maillet invente deux termes pour définir cette
mutation de l'internet, le communic'acteur et la
communic'action60.
Le blog se décompose en deux phases bien distinctes, le
bloggeur prend la parole et ouvre le sujet de discussion en rédigeant un
billet. Les internautes donnent ensuite leur point de vue. Cette page web
dynamique est en constante mutation. Elle est régulièrement
enrichie de contenus multimédia, d'hyperliens et de textes.
Le débat porté permet la création d'une
véritable communauté virtuelle et du partage des idées.
Lors des élections présidentielles de 2007, les
partis politiques ainsi que leurs candidats tenaient tous leur propre blog
devenant ainsi un véritable outil de démocratie
participative61. Le phénomène était cependant
marginal en France et souffrait d'un manque de visibilité à
l'égard du grand public : il n'était que très peu repris
par les médias traditionnels.
59 IFOP, « l'indice de participation au
premier tour de l'élection présidentielle, résultats
détaillés », le journal du dimanche, 21 mars
2012
60 Thierry Maillet, Génération
Participation, M2 édition, 2008
61 Ruette-Guyot Emmanuelle, Leclerc Serge, Web 2.0 : la
communication Iter-active, Economica, 2009, page 49
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
b. L'émergence du blog politique
Très vite, les billets englobent un large spectre de
sujets, certains bloggeurs s'en servent comme journal intime tandis que
d'autres partagent leurs idées politiques.
Les blogs font aujourd'hui parti du quotidien des
Français et représentent une source d'information à ne pas
négliger.
Echappant à toute forme de censure, les blogs
permettent à l'individu d'échanger librement ses opinions, ils
incarnent en quelque sorte l'idéal de la liberté d'expression.
En 2005 par exemple, ils servaient de contre-pouvoir en
faveur du « non » lors du référendum sur le
traité européen à l'instar des médias de masse qui
préconisaient le « oui ».
De nombreux journalistes (Nicolas Vanbremeersch62,
Guy Birenbaum63) décident alors de publier leur propre
billet, certains rencontrent énormément de succès et sont
suivis par des milliers d'internautes.
c. Analyse sociologique du blog
Les bloggeurs de part leur influence grandissante, notamment
depuis le référendum de 2005, rappellent certaines
théories sociologico-politiques.
La théorie du leader d'opinion ou opinion
leadership en est une. Elle découle d'une branche de la sociologie
de la communication qui renvoi à analyser le comportement de l'individu
qui joue un rôle dans la transmission d'opinion64.
Paul Lazarsfeld et Elihu Katz sont à l'origine de ce
concept.
Lors des élections américaines de 1940, les deux
sociologues remarquent que le leader d'opinion n'est pas nécessairement
le candidat. Ils démontrent alors l'influence des médias et des
interactions sociales sur les comportements électoraux.
Ce concept casse avec l'idée de l'influence verticale
opérée par les classes dominantes sur la
société.
62
Vanb.typepad.com/versac/
63
Guybirenbaum.com
64 Dictionnaire de Sociologie, «
définition : leader d'opinion », Le Robert, octobre 1999,
p305
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
L'opinion se construit par palier de leader d'opinion, on peut
émettre l'hypothèse que les bloggeurs ou
e-influencer en font partis65 même si cela reste
relativement difficile à estimer.
Ecoutés et légitimés par l'audience, ils
agissent comme relais entre les médias traditionnels et la population et
rappelle l'analyse sociologique de Katz dans son ouvrage « two step
flow theory » (1973) 66.
La théorie à double étage, réfute
la légitimité acquise par les médias traditionnels
(radio). Cette théorie met en avant la force des médias faibles
qui sont aujourd'hui symbolisés par les blogs présents
désormais sur les réseaux sociaux.
Certains blogs ont un fort pouvoir de contestation certains
ironisant même sur le pouvoir en place (tourner à
droite67, la droite la plus bête du
monde68) et d'autres se sont spécialisés devenant
même des médias à part entière gratuits (Rue 89,
Mediapart).
Ces sites permettent une liberté d'expression totale
indépendante des médias traditionnels et permettent une
opposition au régime en place (Affaire Kadhafi-Sarkozy par
exemple69). Cette influence exercée par les blogs ne peut
permettre de gagner une élection cependant elle peut faire perdre
l'élection si l'affaire est trop importante. On peut aisément
imaginer les conséquences si Dominique Strauss Khan avait
été le candidat socialiste pour les élections 2012 (les
affaires du Sofitel de New-York, du Carlton de Lille ou Banon70).
d. Du blog au microblogging
La magnifique ascension des réseaux sociaux en France
et ces quelques 24 millions d'utilisateurs sur Facebook71
(chiffres mars 2012) et les 5,2 millions d'utilisateurs sur Twitter 72
(chiffres février 2012) ont permis aux blogs de changer de dimension et
de se démocratiser.
65 Magloire Laurent, « qui sont les leaders
d'opinion sur le web », Opinion Watch, 7 aout 2008
http://www.opinion-watch.com/qui-sont-les-leaders-d-opinion-sur-le-web/
66 Katz Elihu, The Two-Step Flow of Communication:
an up-to-date report of an Hypothesis, Marketing Classics, 1973, p.
175-193
67 Tournez-a-droite.over-blog.net/
68 Ladroitelaplusbetedumonde.typepad.fr/
69« Kadhafi-Sarkozy : Mediapart publie une note »,
Europe 1 avec l'AFP, 28 avril 2012
http://www.europe1.fr/Politique/Kadhafi-Sarkozy-Mediapart-publie-une-note-1059223/
70 Marc de Boni, « Sofitel,
Banon, Carlton : l'année où DSK a chuté », le
Figaro, le 15 mai 2012
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/05/14/01016-20120514ARTFIG00528-sofitel-banon-carlton-l-annee-o-dsk-a-chute.php
71
www.toutfacebook.fr/statitiques
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Désormais, les bloggeurs novices comme les plus influents
rédigent également leur billet sur les structures de
microblogging de Twitter.
Le grand nombre d'inscrits sur Facebook à permis
de démocratiser le blogging en le rendant plus simple
d'utilisation et surtout visible de tous : pas besoin d'être un ancien
journaliste pour ouvrir son blog politique.
Pour Christophe Carigano, les réseaux sociaux ne
créent pas forcément de l'information mais contribue à
« l'émergence d'un système d'attaque/défense
»73 donnant lieu à de véritables joutes
verbales sur les plateformes virtuelles entre politiques et/ou journalistes
politiques74. Certains politiques ont acquis une certaine
notoriété grâce aux outils de microblogging, Nadine
Morano75 est l'exemple le plus marquant depuis l'apparition de
Twitter.
La politique de l'instantané est désormais ce qui
fait la différence, le premier individu à lancer une information,
même non-vérifiée, accroît sa
légitimité sur le réseau social.
Les sites d'informations journalistiques (Le Monde, l'Equipe,...)
ouverts au grand public ont, suite au succès des blogs, peu à peu
intégrés à leurs structures une ouverture permettant aux
individus de commenter les articles.
Cette fonction a contribué à diriger les
internautes vers les médias internet traditionnels et à les
délaisser du blog qui manque parfois d'exposition sur la
toile.
Aujourd'hui, les blogs ont réussit leur pari : rendre
l'information plus libre et ouverte au débat.
Les réseaux sociaux permettent donc une amplification
considérable dans l'émission du message porté par le
bloggeur et cela au détriment de l'information qui, dans la course
à la rapidité, perd en consistance.
72 Provost Lauren, « Twitter : 5,2 millions
d'utilisateurs en France », HuffPost, le 31 janvier 2012
73 Untersinger Martin, « RIP, le blog
politique en état de mort clinique », Rue 89, le 8 mars
2012
http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/03/08/rip-le-blog-politique-en-etat-de-mort-clinique-229967
74« Clash entre Stéphane Guillon et
Nadine Morano sur Twitter », le
parisien.fr, le 09 avril 2012
http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/clash-entre-stephane-guillon-et-nadine-morano-sur-twitter-09-04-2012-1946593.php
75 Mandin Benoit, « Nadine Morano: sa nouvelle
gaffe sur Twitter »,
buzzmédias.com, le 5
février 2012
http://buzzmedias.net/2012/02/05/10641_nadine-morano-son-spa-eric-besson-sur-twitter/
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
3. Le buzz et le marketing viral
a. Tentative de définition
Le buzz est un procédé stratégique
de communication permettant de diffuser une information de façon virale
et exponentielle sur le net.
Cette technique est empruntée au « bouche à
oreille », l'internaute est le relais du message. Il permet donc de
toucher les internautes de façon indirecte plus facilement et
rapidement. Les partis politiques se servent du buzz pour multiplier
leur présence sur le web.
Cette méthode présente des similitudes avec les
stratégies de vente d'un produit : les équipes de campagnes
essaient de vendre à l'internaute un candidat.
b. Une stratégie calquée sur le marketing
viral
Cette stratégie de communication est la même que
celle basée sur le marketing viral,
dont voici les quatre piliers essentiels76:
? Connaissance de la cible visée : ne se concentrer que
sur un client à la fois en le fidélisant
pour garder une relation commerciale (Don Peppers, Rogers Martha,
1999),
? Jouer sur un ton décalé, sur l'humour,
? Travailler sur la curiosité du client pour lui donner
envie d'en savoir plus,
? Respecter l'internaute : absence de spam.
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76 Möec Christophe, « Marketing viral et
buzz », e-marketing.fr, 2011
- 53 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
c. Derrière les apparences, une communication
ciblée et réfléchie : l'exemple des chats d'Eva
Joly
Voici un exemple de ce nouveau type d'outil respectant,
à la lettre, les piliers présentés
précédemment : les chats d'Eva Joly. Totalisant début
avril 2012 environ 300000 vues sur le site, cette minisérie est un
succès sur la toile et a pour but principal de créer du buzz.
Cette série de vidéos présente sur le
site Dailymotion s'appuie sur le succès de vidéos
où des chats sont régulièrement mis en scène sur
internet (chat faisant du piano, jouant avec une pelote de laine par exemple).
Ce phénomène se nomme lolcats (traduction : chat
mort-de-rire)77.
Titres et résumés de ces vidéos
:
a. L'abstention fait peur aux chatons - Le
bond : un chat approche de la caméra et bondi lorsqu'il entend
Sarkozy.
b. L'abstention fait peur aux chatons - A voté
! : Un chat est mis dans une poubelle par une vielle dame.
c. L'abstention fait peur aux chatons -
Inscrivez-vous : des chats chantent entre eux « Marine
et Sarko ont pris la France d'assaut ».
d. L'abstention fait peur aux chatons - Je crois que
je ne vais pas aller voter : un chat
écoute un homme qui déclare ne pas vouloir aller
voter, le chat recule et fait les gros
yeux.
En toute fin de vidéo, le message final est diffusé
et est suivi de l'adresse Web du site EELV
ainsi que du logo du parti.
Les messages finaux sont les suivants :
a.
« L'abstention fait peur aux chats »
b. « Protégez les chatons, en 2012, glissez un
chaton dans l'urne »
c. « Si tu ne veux pas avoir peur en 2012, inscrit toi sur
les listes électorales »
d. « s'il le pouvait les chats iraient voter, pourquoi pas
vous »
77
RTL.fr, « 2012 : le "lobby des chatons"
roule pour Eva Joly »,
RTL.FR, 13 décembre 2011
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
d. Analyse du message politique
Après visionnage de ces quatre vidéos, la
constatation est simple : les quatre piliers du marketing sont amplement
respectés :
a. La cible visée est représentée par les
internautes.
b. Le ton est décalé : l'humour est
présent, les chats sont mignons et représentent l'image
même du buzz sur internet.
c. La curiosité : l'internaute doit attendre le
dernier moment de la vidéo pour entrevoir la chute et le message final
qui en découle.
d. Le respect de l'internaute : cette vidéo n'est pas
imposée par le parti politique lui-même mais par les internautes
qui la partage.
Le caractère bon enfant de cette vidéo cache en
réalité une stratégie marketing savamment organisée
et à moindre coût.
De plus, derrière le message, certes louable de
l'incitation au vote, le parti EELV cherche également à
conquérir de nouveaux électeurs.
Par leur grandeur, les réseaux sociaux ont
réellement permis d'amplifier ces nouvelles techniques de communication
basée sur la participation de l'internaute.
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
4. La course à l'innovation
a. « Vos idées pour la France forte »
Pour se démarquer de la concurrence, les
équipes de campagne ont rivalisé d'inventivité pour cette
élection 2012, en voici des exemples marquants. Le but final de la
créativité est de créer le plus de buzz pour
avoir une visibilité ensuite maximale sur les médias de masse.
L'UMP a crée une application intéractive sur
Facebook nommée « vos idées pour la France forte
». Chaque internaute publie une idée sur le réseau social,
celle qui obtient le plus de votes peut rencontrer le candidat UMP pour
influencer son programme78. Aucune information n'est disponible pour
savoir si un internaute a réellement rencontré Nicolas Sarkozy.
Pour les militants de gauche, il s'agit d'une manoeuvre de l'UMP pour gonfler
son capital de « likes » en s'appuyant sur un pseudo web
participatif.
b. « En avant ! »
De son côté, le Front de Gauche a
également innové en mettant en place la première
web-série électorale. La série nommée « en
marche » est constituée de 22 épisodes. Cette série a
rencontré un grand succès sur le net et a été
globalement saluée par les journalistes pour son inventivité.
Le concept est simple : Jean-Luc Mélenchon est suivi
lors de tous les événements marquants de sa campagne
présidentielle (Premier meeting, prise de la Bastille, salon de
l'agriculture,...)79.En s'appuyant sur le modèle du
feuilleton, cette stratégie novatrice, fidélise l'internaute
Voir le résumé et l'analyse de l'épisode
1 en annexe C.
78 Gouritin Thomas, « Sarkozy récolte vos
idées sur Facebook : une utilisation malsaine du 2.0 », Le
Nouvel Observateur, le 3 avril 2012
79 Vidéo disponible sur :
http://www.placeaupeuple2012.fr/ep-1-en-marche-le-premier-meeting-de-la-campagne/
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Jean-Luc Mélenchon a également pendant la campagne
électorale profiter d'un clic musical spécialement
dédié à sa cause intitulé « prend le pouvoir
sur moi Jean-Luc»80.
Ce clip ne servait pas, en réalité, les
intérêts du Front de gauche mais d'une société de
communication qui a profité de la popularité naissante du
candidat sur le web pour se faire connaître.
La vidéo, visionnée environ 1,3 million de fois, a
été le buzz de cette campagne électorale 2012 et a servi
de façon indirecte la cause du candidat d'extrême gauche
c. « Le Konami code »
Le Parti Socialiste avait été le premier a
lancé ce nouveau mode de communication politique spécialement
adressé aux geeks ou autres gamers (joueurs de jeux
vidéos), le MoDEM l'a amélioré.
Le principe d'un « Konami code » est simple : en
effectuant une série de manipulation à partir de son clavier sur
le site http://www.bayrou.fr/ (manipulation : haut, haut, bas, bas,
gauche, droite, gauche, droite, b, a), l'utilisateur peut débloquer une
partie cachée du site.
Le secret est resté entier jusqu'au moment ou un
internaute l'a découvert en fouillant sur le site.
Cette partie dévoile une animation jeux vidéo
façon arcade des années 80 présentant
François Bayrou en héros venu libérer la France.
Pour l'aider il sollicite les internautes : « L'heure
du combat final approche et le héros du Béarn sait qu'il ne peut
vaincre les sirènes des extrêmes seul. Il compte sur la sagesse de
son peuple pour l'aider dans cette épreuve ».
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80 Vidéo sur :
http://www.youtube.com/watch?v=1LMEvmVplxY
- 57 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Tableau 4 : Konami code caché sur le site de
François Bayrou
Ce concept original a réussi son pari, il a crée
le buzz dans la sphère internet et de l'informatique lui
permettant d'être repris par de nombreux médias81 et
également d'être cité par le prestigieux
Times82.
Grâce, en partie, à ce script caché
ensuite relayé sur les réseaux sociaux, François Bayrou a
effectué une campagne réussie dans la lignée de celle de
2007.
d. De nouvelles stratégies de communications difficiles
à évaluer sur le scrutin final
Les exemples ci-dessus ne représentent qu'un simple
échantillon des innovations mises en place pendant la campagne
électorale pour séduire la population.
Nul doute que la campagne présidentielle 2017 reprendra
les trois exemples cités et les améliorera : l'imagination
étant sans limite, il y a fort à parier que la marge de
progression technologique reste tout de même importante.
Il serait trop long, trop difficile, de répertorier
toutes les stratégies 2.0 agencées lors des élections
présidentielles 2012. Il est cependant possible que cette multitude de
choix déboussole finalement l'internaute.
Il est difficile d'évaluer la portée de telles
stratégies sur le choix final de l'électeur, les cybernautes
peuvent-ils réellement être influencés par la communication
politique par internet ?
81 Guillou Clément,
« Un « cheat code » sur le site de François
Bayrou », rue 89, le 16 avril 2012
http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/04/16/un-cheat-code-sur-le-site-de-francois-bayrou-231244
http://techland.time.com/2012/04/17/hey-politicians-this-is-how-you-get-the-gamer-vote/
82 Aamoth Doug, « Hey, Politicians: This Is How
You Get the Gamer Vote», Time, le 17 avril 2012
- 58 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Quatrième partie :
Twitter
réinvente le média politique
1. Twitter : Un nouvel outil au service du sondage
a. Un débat d'entre-deux tours largement
commenté sur Twitter
Très populaire tout au long de la campagne, le
réseau social de microblogging s'est notamment distingué lors de
la très attendue soirée du débat d'entre deux tours
télévisée entre Nicolas Sarkozy et François
Hollande.
Cet événement diffusé le 2 mai 2012 a
été suivi par pas moins de 17,79 millions de
téléspectateurs et est parvenu à affolé la
blogosphère.
Sur les deux heures cinquante minutes de débat pas
moins de 500000 tweets ont été publié sur
Twitter par plus de 90000 internautes : cela constitue un nouveau
record en termes de commentaires pour une émission
télévisée en France.
Le précédent record (250000 tweets) avait eu
lieu lors de l'émission « des paroles et des actes »
du 26 avril 2012 lors du débat interposé entre Nicolas Sarkozy et
François Hollande83. Ces deux records en l'espace d'une
semaine montrent, en premier lieu, que les émissions politiques
passionnent Twitter et qu'elles suscitent de très nombreuses
réactions.
- 59 -
83
http://www.replay-tv.net/replay-des-paroles-et-des-actes-26-avril-2012.html
- 60 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
b. Un débat arbitré et
évalué via Twitter
Les sondages d'opinion politique sont extrêmement
courants et populaires dans les démocraties. Le sondage classique
consiste à l'aide d'un échantillon représentatif de la
population, d'obtenir, par exemple, une estimation du pourcentage de vote ou de
dégager une opinion publique.
L'arrivée de Twitter marque une
évolution dans la sociologie politique en permettant de créer un
nouveau type d'opinion virtuelle basée sur l'analyse des
tweets postés.
En 2009, une équipe de chercheurs munichois a mis en
avant cette force insoupçonnée de Twitter : en analysant
100000 tweets, ils ont pu prédire avec précision le
résultat des élections fédérales allemandes du 27
septembre 2009.
Pour parvenir à un tel résultat, les chercheurs
ont simplement comptabilisé les tweets contenant le nom des
partis politique et les tweets se rapportant aux responsables
politiques Allemand et cela dans le mois précédant
l'élection84.
Les procédés traditionnels permettent de donner
la parole à l'opinion publique et de la faire transparaitre dans les
médias de masse. Ce type de sondage est souvent remis en cause par une
partie de la population qui doute de la partialité des médias
lors de leur publication.
Twitter étant indépendant des
médias de masse, il ne peut, en théorie, ne souffrir d'une
quelconque influence.
Les mécanismes de mesure ont souvent été
critiqués par les sociologues notamment par Pierre Bourdieu qui les
considère comme un artefact et comme peu sérieux
scientifiquement85.
Paul Champagne analysera dans les années 90 le pourquoi
d'une telle croyance au sondage de la part de la masse électorale. Il
mettra également en avant que l'homme politique ayant la meilleure
communication se trouve en général au plus haut dans les
sondages86.
L'arrivée des réseaux sociaux et de
différents organismes d'analyse de statistiques Facebook et
Twitter (Semiocast, Netscouade,...) changent la donne et permettent un
renouveau du sondage.
84 Barthélémy Pierre, «
Pouvait-on prédire l'issue de la présidentielle avec Twitter ?
», Le Monde, le 7 mai 2012
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/05/07/pouvait-on-predire-lissue-de-la-presidentielle-avec-twitter/
85 Bourdieu Pierre, « l'opinion publique n'existe
pas », les temps modernes, n°318, 1973, p.30
86 Agrikoliansky Eric, Champagne Patrick, Faire l'opinion. Le
nouveau jeu politique, Paris, Minuit, coll. "Le sens commun", 1990,
p.154
- 61 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
En analysant par hashtags (représentés
par un # sur Twitter, mot clé) et algorithmes les quelques
500000 tweets postés (Tableau 1), un vainqueur
virtuel ressort du débat (Tableau 2).
Tableau 1 : Flux de Tweets en fonction de
différents hashtags (mots clés, se rapportant
à une discussion, utilisés sur Twitter)
Tableau 2 : Indice de popularité des candidats
calculés par analyse des tweets lors du débat
télévisé de 2 mai 201287
Le tableau 1 détermine le flux de tweets
pour certains hashtags pour commenter le débat ainsi que
l'influence des e-militants de François Hollande (#VoteHollande) et de
Nicolas Sarkozy (#AvecSarkozy).
Le tableau 2 met en exergue les commentaires
positifs (en abscisse) par rapport à une échelle de temps
(durée du débat).
87 « Sarkozy-Hollande : 500.000 tweets pour les
départager », le nouvel Observateur, le 3 mai 2012
http://tempsreel.nouvelobs.com/election-presidentielle-2012/20120502.OBS9654/sarkozy-ou-hollande-qui-gagne-le-debat-l-analyse-sur-twitter.html
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
En analysant les deux tableaux, le candidat socialiste domine
virtuellement le débat et est massivement soutenu par les
équipes d'e-militants.
Vers 22 heures 45, heure de la séquence sur
l'immigration, Nicolas Sarkozy passe pour la première fois devant son
opposant (Tableau 2). Ce moment précis montre que le
président sortant rapporte le plus d'adhésion sur une des
questions centrales de cette élection présidentielle 2012.
Les résultats de ces deux courbes sont toutefois
à tempérer car Twitter, bien que média libre,
aurait une orientation plutôt à gauche. Premièrement,
François Hollande a largement plus de followers sur Twitter que Nicolas
Sarkozy (350000 contre 240000).
Ensuite, sur les réseaux sociaux, l'opinion basculerait
plutôt à gauche pour une raison qui semble essentielle : le
gouvernement étant de droite au moment des élections et le blog
représentant une source de pouvoir contestataire, il semblerait possible
que Twitter penche à gauche88.
Cette analyse donnerait donc un avantage au candidat
socialiste, l'impartialité serait donc en partie remise en cause.
Pour rééquilibrer les débats,
différentes cellules (la cellule « riposte » UMP par exemple)
ont été spécialement misent en place par les
équipes de campagne (Tableau 3). Elles ont pour
objectif d'attaquer les tweets de leurs opposants et permettent
d'appuyer leur candidat fétiche lors de certains
événements publics89 ou débats
télévisés.
Tableau 3 : Message posté par Eric Woerth
(cellule riposte UMP) lors du débat télévisé en
référence au « Moi, président » de
François Hollande
88 Doucet David, Lisarelli Diane « Twitter est-il
de droite ou de gauche », les Inrocks, le 24 mars 2012,
http://www.lesinrocks.com/2012/03/24/actualite/twitter-est-il-de-droite-ou-de-gauche-11618/
89 Berteloot Tristan,
« Vincennes vs Concorde : guerre des meetings et guerre du web
», le nouvel observateur, le 16 avril 2012
http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-la-bataille-du-web/20120416.OBS6283/vincennes-concorde-guerre-des-meetings-et-guerre-du-web.html
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
2. La naissance d'un nouveau média
a. Légitimité nouvelle et incorporation
aux médias traditionnels
Les courbes de Sémiocast ont été reprises
par de nombreux médias (Nouvel Observateur par exemple). Le
Twittoscope90 a également permis tout au long des
élections présidentielles d'analyser la popularité des
candidats sur le réseau de microblogging.
Aujourd'hui, une grande partie des médias
télévisuels et journalistiques reprennent les tweets.
Ils les analysent au cours de rubrique spécialement
dédiées pour modifiant du même coup le paysage audiovisuel
français (rubrique tweet-o-mètre de la nouvelle
édition surs Canal+ par exemple).
Les tweets ont également permis
d'égayer et d'ironiser sur une campagne électorale jugée
globalement décevante91 en commentant sur un ton
décalé les événements marquants (voir liste de
tweets remarquables92).
L'explosion des réseaux sociaux et leur incorporation
directe dans les médias traditionnels ne semble pas tirer à la
baisse les audiences télévisuelles (Tableau 4 et
Tableau 5).
|
2 mai 2012
|
2 mai 2007
|
2 mai 1995
|
2 8 avril 1988
|
5 mai 1981
|
Audiences
|
17,79
|
20,46
|
16,78
|
#177;30
|
#177;30
|
Tableau 4 : Audience (en millions de
téléspectateurs) des débats télévisés
d'entre deux- tours depuis 1981
|
2nd tour 2012
|
2nd tour 2007
|
2nd tour 2002
|
Audiences (toutes chaines comprises)
|
31,5
|
30,2
|
27,6
|
Tableau 5 : Pic d'audience (en millions de
téléspectateurs) lors des soirées
électorales télévisées de second
tour93
90
http://www.tns-sofres.com/twittoscope/
91 « Une campagne électorale décevante »,
le Figaro.fr, le 16 avril 2012
http://elections.lefigaro.fr/flash-presidentielle/2012/04/16/97006-20120416FILWWW00591-une-campagne-electorale-decevante.php
92 Liste des tweets remarquables sur :
http://www.minutebuzz.com/2012/05/03/le-debat-du-second-tour-vu-par-twitter/
93 « France 2 gagne la présidentielle face à
TF1 », l'expansion, le 7 mai 2012
http://lexpansion.lexpress.fr/election-presidentielle-2012/france-2-gagne-la-presidentielle-face-a-tf1_293607.html
- 64 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Il reste difficile à l'heure actuelle de savoir si la
montée des réseaux sociaux empiétera un jour sur les
sources traditionnelles d'information.
Aujourd'hui, Twitter est devenu un véritable
outil de complément d'information désormais
légitimé par la population et les médias de masse.
b. #Radiolondres
Twitter et internet se sont notamment
distingués quelques heures avant les premières estimations
officielles du scrutin électoral devant normalement être rendues
publiques à 20 heures pile.
En effet, dès 17 heures les sites internet de
médias Belges et Suisses étaient pris d'assaut par les
internautes Français et rapidement saturés. Ils permettaient de
connaître avec précision les premières estimations
concernant les résultats et cela pendant les deux tours des
élections présidentielles du 22 avril 2012 et du 3 mai 2012.
Selon une enquête BVA-Avanquest Software près
d'un Français sur deux connaissaient les résultats avant l'heure
officielle94.
Pour connaître les résultats, les Français
ont eu un choix relativement large : 66% sont passés par les
médias internet étrangers, 40% l'ont su grâce à leur
entourage et finalement 14% pas les réseaux sociaux.
Il s'agit d'un des événements internet les plus
frappants de cette élection présidentielle 2012. Comme pour les
révolutions Arabes de 2011, le réseau social a permis de
contourner la censure opérée par l'Etat et le conseil
supérieur de l'audiovisuel (CSA).
Cette défaillance dans le système institutionnel
Français, montre que l'Etat ne semble plus maîtriser ni
protéger les résultats électoraux.
Pour pouvoir librement divulguer les résultats sur la
Twittosphère sans payer d'amende (75000€ maximum), les internautes
ont mis en place un stratagème
94 AFP, « Présidentielle: près d'un
Français sur deux au courant du résultat avant 20h »,
France 24, le 12 mai 2012
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
C'est en rendant hommage à la « Radio Londres
» de juin 1944 que les internautes ont divulgué à travers le
hashtag #Radiolondres sur Twitter les résultats
à travers des messages codés remplis de
créativité95.
Cet exemple, bien qu'isolé, montre que pour les
prochaines élections, l'Etat devra prendre en compte ce nouveau type de
danger venu d'internet pouvant fausser le scrutin final d'une élection
(les bureaux de votes étant ouverts jusqu'à 20 heures dans les
grandes agglomérations).
95 Cimelière Olivier, « Radio Londres, sur
Twitter : tricherie ou vrai défi démocratique », Le
nouvel observateur, le 6 mai 2012
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/537774-presidentielle-radio-londres-sur-twitter-tricherie-ou-vrai-defi-democratique.html
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
CONCLUSION
Comme prévu par de nombreux analystes politiques,
l'élection présidentielle 2012 s'est mise en avant sur les
réseaux sociaux.
Après plusieurs mois de campagnes, il est possible de
tirer un premier bilan sur l'influence de ces nouveaux moyens de communication
en période électorale.
Ce bilan sera découpé en deux parties bien
distinctes, l'impact des réseaux sociaux sur les résultats finaux
du scrutin et l'impact sur le média politique.
Avec toute l'humilité que confèrent mon statut
d'étudiant-chercheur et le manque de données statistiques
à ce jour sur ce nouveau phénomène, il est tout de
même possible de s'avancer.
Pour débuter, il est intéressant de remarquer
les modifications au niveau des codes de promotion électoraux
apportés par ces nouveaux moyens de communication : la présence
inédite et massive des partis politiques et des candidats à
l'élection présidentielle 2012 sur internet et les réseaux
sociaux.
Cette conquête d'un nouvel espace virtuel répond
par mimétisme à l'élection Américaine de 2008.
Leurs objectifs principaux sont de séduire le maximum
d'internaute, de récolter des fonds et de promouvoir leurs programmes
électoraux.
Proche de l'amateurisme en 2007, la campagne internet 2012
marque donc la professionnalisation d'un marketing politique nouvelle
génération tournée vers le numérique et le
virtuel.
Excitées par la campagne victorieuse de Barack Obama, les
équipes de campagne imaginaient faire la différence sur le net :
un phénomène d'illusion technologique s'est installé.
Malheureusement, au vue des premiers chiffres sur l'abstentionnisme des
électeurs et plus particulièrement des jeunes, cette
stratégie 2.0 ne semble pas avoir eu l'impact espéré.
L'effet de surprise de la campagne Obama de 2008 ne s'est donc
pas produit en France.
Ce constat ne signifie aucunement que l'influence des
réseaux sociaux lors de cette élection présidentielle 2012
a été nulle.
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Aujourd'hui, un parti politique ne semble pas être en
mesure de gagner une élection grâce ce nouvel espace social
cependant il peut la perdre.
Il est difficile d'imaginer la tournure que cette campagne
aurait prise si Dominique Strauss-Kahn avait été candidat
socialiste. Le phénomène des « boules puantes »
auraient certainement mis à terre l'ancien directeur du fond
monétaire international (FMI).
Si les réseaux sociaux n'ont pas permis de faire
basculer l'électorat, les réseaux sociaux se sont affirmés
comme un puissant module complémentaire venant renforcer les
stratégies de communication politique existante.
Facebook, par exemple, est un outil au service du
militantisme politique d'un point de vue purement technologique et
sociologique.
Basés sur la force des liens faibles (Granovetter,
1973), les réseaux sociaux permettent, techniquement, une meilleure
organisation dans la mobilisation de masse (Sow, Zurcher, Jr Eklend-Olson,
1980). Ils facilitent également l'échange d'information tout en
restant peu coûteux par rapport aux techniques traditionnelles telles que
le tracting par exemple.
Théoriquement, ces nouveaux outils facilitent le
fonctionnement des groupes de mobilisation, le militantisme s'est donc
naturellement porté sur le web et les réseaux sociaux.
La naissance de l'e-militantisme permet donc un renouveau de
l'acte militant qui se différencie en deux groupes bien distincts :
- Les militants classiques des
partis politiques investissent le web via les réseaux sociaux et
développent l'idée d'un militantisme moderne, jeune et
résolument tourné vers les nouvelles technologies (Mouvement
Jeunesse Socialiste, Jeunes Populaires)
La communication y apparait tout de même de façon
latérale : l'information première émanant des partis
politiques qui la transmettent aux militants, pour les internautes.
- Un nouveau type de militantisme est apparu,
il est constitué de simples sympathisants internautes. Désormais,
plus besoin d'adhérer à un parti politique pour promouvoir son
candidat ou son parti fétiche. De ce fait, une libération de la
mobilisation et du débat politique se produit. Les e-militants expriment
et partagent librement leurs idées sur Facebook ou sur les
blogs de façon horizontale.
Le blog et le microblogging de Twitter permettent
également une démocratisation de la pensée politique.
Médiatisé pour la première fois pour le
traité Européen de 2005 puis délaissé
médiatiquement par la campagne électorale de 2007, le blog revit
notamment grâce au microblogging. Les
- 68 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
caractéristiques techniques de Twitter
permettent à cet outil de communication de devenir un outil
journalistique simple, instantané et accessible à tout le
monde.
Le nombre de followers de certains microbloggeurs
journalistes ou non-journalistes politiques détermine la
popularité, on peut légitimement les assimiler à des
leaders d'opinion du monde virtuel (Lazarsfeld, Katz, 1940 ; Katz, 1973).
Cette modification des codes en sociologie politique permet de
limiter l'influence des médias traditionnels ainsi que des candidats
à l'élection présidentielle sur la population.
Le microblogging prime par son instantanéité
permettant l'apparition de joutes politiques par tweets
interposés. La twittosphère devient alors une sorte
d'e-agora où politiques, journalistes et citoyens échangent
librement leurs idées.
Ce dernier point montre également que les politiques ne
sont plus désormais obligés de passer par les médias
traditionnels pour s'exprimer, Twitter est une passerelle directe pour
communiquer avec leurs homologues et la population.
L'e-militantisme et les blogs permettent donc de faciliter la
diffusion du message et du débat politique.
Les réseaux sociaux donnent l'illusion aux internautes
de participer de façon active à la politique. Profitant de cette
nouvelle tendance, les équipes de communication, s'inspirent de
stratégies empruntées au marketing pour faire participer
indirectement les internautes à la promotion de leur parti politique.
Le buzz, technique de marketing virale, est un outil
de communication permettant la transmission d'un message politique ou
commercial de façon indirecte en utilisant l'internaute comme relais du
message. Pour cette élection 2012, les équipes de campagnes se
sont lancées dans une course à l'innovation sans
précédent dans l'histoire de la communication politique pour se
distinguer de la concurrence et faire le plus de buzz.
En faisant participer l'internaute au débat, en le
plaçant au centre de l'élection, les partis politiques souhaitent
faire évoluer et corriger leur image du politicien décrit par
l'Abbé Sieyès (1789).
Pour se faire, ils se veulent plus proche de
l'électorat en jouant notamment sur l'illusion de proximité
(Yanoshevsky, 2010).
Cette illusion de proximité se retrouve sur
Facebook, en s'y installant, l'homme politique donne l'illusion
d'être proche et l'égal du citoyen. Le politique est alors
désacralisé, on assiste de ce fait à une vedettisation de
l'homme politique.
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Cette stratégie fidélise et renforce la
confiance que possède l'électeur envers le candidat (Clarks, 2010
: 4).
Même si il reste difficile de mesurer, avec certitude,
l'impact réel de ces nouvelles stratégies sur une élection
présidentielle et le scrutin final, internet et les réseaux
sociaux apparaissent clairement comme des méthodes
complémentaires de stratégies politiques venant renforcer les
anciennes.
Le second point important de cette campagne 2.0 se concentre
sur l'évolution du média politique.
Twitter a, par exemple, permis tout au long ces
élections d'apporter un regard neuf et détaché sur la
manière dont été traitée l'information politique en
2012.
L'outil de journalisme-citoyen qu'il représente
aujourd'hui n'est plus a présenté notamment depuis le printemps
Arabe. Les analyses de Tweets en direct font désormais parti
des émissions politiques permettant ainsi à chacun de s'exprimer.
Cette campagne aura permis à Twitter de devenir un média à
part entière légitimé par les mass médias.
Malgré un grand succès durant la campagne
2012, Twitter ne reste cependant qu'un module complémentaire
d'information, la télévision restant, largement, le média
de référence en France.
La deuxième nouveauté intervient au niveau de
l'analyse de la structure même des tweets publiés. En les
analysants sur un certain laps de temps (pendant une émission politique
par exemple), il est possible d'en déduire une opinion publique.
Souvent critiqués par la sociologie politique
(Bourdieu, 1973 ; Champagne, Agrikoliansky 1990), les sondages classiques
voient peut-être arriver aujourd'hui de nouveaux types de sondages
basés sur l'analyse des flux de messages et des hashtags.
Ces nouveaux sondages représentent-ils de
manière plus réaliste la population Française ? Quelles
sont véritablement les orientations politiques de ces réseaux
sociaux, sont-ils de gauche ou de droite, quelles sont les classes sociales qui
les utilisent ?
L'analyse du tweet a fait passer les réseaux
sociaux et les sondages dans une nouvelle ère, d'outil de communication
il est devenu outil de sondage.
Ce renouveau médiatique laisse cependant entrevoir des
points négatifs qui ébranlent désormais nos
institutions.
- 70 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
La libéralisation de l'information et l'absence de
censure sur internet ont permis à environ 50% des citoyens
français d'obtenir les premières estimations lors des deux tours
de l'élection présidentielle et cela avec trois heures d'avance
par rapport à l'heure légale.
Le résultat des élections est-il faussé par
ce simple fait ?
Ce dernier point soulève les limites du système
des réseaux sociaux sur les institutions déjà
pointé par de nombreux journalistes quelques semaines avant le premier
tour96.
L'Etat est-il dépassé par cette technologie et
surtout doit-il la légiférer?
L'internaute peut également y afficher virtuellement
ses convictions politiques librement : le prosélytisme politique virtuel
peut-il se révéler dangereux pour la vie sociale
réelle97 ?
Les réseaux sociaux ont un rôle important dans la
transmission d'information. Elle devient plus rapide, plus grande
malheureusement elle semble parfois perdre en qualité au profit de
l'instantanéité.
Ce sujet est à l'image d'internet, il est sans
frontière et difficile à cerner par son immensité et sa
complexité.
Ce mémoire « utilisation des réseaux
sociaux dans la sphère politique et médiatique »
apporte en définitif plus de questions que de réponses, il
représente le début d'une réflexion ouvrant la voie
à une nouvelle analyse sociologico-politique réticulaire
basée sur le virtuel.
Les politiques et les sociologues devront, dans le futur,
s'interroger sur la portée de telles technologies sur nos
sociétés, sur la démocratie en règle
générale et sur ce qu'elle deviendra dans les prochaines
années.
En 2010, Amanda Clark dans son analyse Anglo-saxonne des
réseaux sociaux (médias sociaux en Québécois)
mettait en avant dans sa conclusion le constat suivant « les
médias sociaux sont en voie de devenir rapidement des outils de
communication courants pour les personnalités et les institutions
politiques ainsi que pour les citoyens qu'ils servent
»98.
96 Bourdeau Thomas, « Des fuites sur les
réseaux sociaux peuvent-elles influencer », RFI.fr, le 17
avril 2012
http://www.rfi.fr/france/20120417-presidentielle-2012-twitter-facebook-sarkozy-melenchon-hollande-le-pen-cheminade-ips
97 MK Stray, « Pourquoi il faut arrêter
les statuts politiques sur Facebook ? »,
éteignezvotreordinateur.com,
le 29 avril 2012
http://www.eteignezvotreordinateur.com/pourquoi-il-faut-arreter-les-statuts-politiques-sur-facebook/
98 Clark Amanda, « Les médias sociaux. 4.
Utilisations politiques et conséquences pour la démocratie
représentative », Bibliothèque du parlement,
étude générale, le 22 mars 2010
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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Les réseaux sociaux sont effectivement en 2012 un outil
au service de la promotion électorale et du média politique
cependant la thèse de l'e-agora préconisée par
Clark me semble avoir été idéalisée.
Il est certes possible d'envisager un lien entre internet, la
démocratie et les institutions ainsi que la mise en place dans les
prochaines années d'une e-agora, sorte de plateforme virtuelle
spécialement dédiée à la démocratie, qui
serait gérée par les institutions afin d'être en relation
avec la population.
Deux ans après ce constat, très peu de concepts
se rapportant à la création d'une e-démocratie
gérée par les institutions ont vu le jour en France.
L'excitation technologique qui a suivi l'apparition du web participatif ne
s'est pas retranscrite au sein des institutions, la clicocratie
annoncée par Eudes (2009) n'a toujours pas vu le jour.
Il est donc difficile d'imaginer ce que représenteront
les réseaux sociaux dans le futur, seront-ils encore plus
présents dans nos sociétés, dans nos institutions ou
laisseront-ils place à un nouveau système de communication plus
élaboré qui reléguera les réseaux sociaux au rang
d'antiquité ?
D'un point de vue personnel, le travail et l'analyse que j'ai
portés tout au long de mon mémoire représentent une
expérience de recherche importante et inoubliable pour mon futur
universitaire et professionnel.
J'ai essayé, avec toute la modestie qui m'entoure et
cela malgré un sujet vaste et en constante mutation, d'ouvrir des pistes
de réflexion qui, je l'espère, seront étudiés dans
les prochaines années.
Malgré tout le travail accompli au cours de ces six
derniers mois, les réseaux sociaux demeurent toujours un mystère
et exercent une puissante fascination à mon égard.
Leur immensité et les milliards intéractions qui
s'y produisent représentent un champ de recherche
quasi-illimité.
Je souhaite, dans le futur, passer de la théorie
à la pratique en m'investissant professionnellement dans la
communication réticulaire marketing ou médiatique pour mettre en
pratique mes nouvelles connaissances acquises au cours de ce mémoire.
Initialement, je souhaitais enquêter sur l'utilisation des
réseaux sociaux à des fins électoraux en insistant sur les
nouvelles stratégies de communication misent en placent pour y parvenir.
J'ai finalement remarqué que le sujet traité était plus
profond qu'il n'en avait l'air. Il est surprenant de constater à tel
point les réseaux sociaux s'étaient imposés dans notre
société
- 72 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
sans faire de bruit. Cela a eu pour effet d'étendre mon
champ de recherche à la sphère médiatique.
D'un point de vue purement méthodologique, j'ai
essayé de construire un mémoire respectant les auteurs
cités, qui puisse être compris par tous avec l'ambition de le
rendre à la fois technique et pédagogique.
Je remercie chaleureusement mon directeur de mémoire
Christian Laval pour son savoir et sa gentillesse tout au long de ce travail.
J'espère avoir été le plus complet possible envers le jury
et les lecteurs et ainsi, avoir contribué, humblement, à la
recherche en sociologie.
- 73 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Bibliographie
a. Livres :
- Agrikoliansky Eric, Champagne Patrick, Faire l'opinion.
Le nouveau jeu politique, Paris,
Minuit, coll. Le sens commun, 1990
- Azéma Jean-Pierre, « La campagne
présidentielle », François Mitterrand. Les années
de
changement 1981-1984 in Paris, Perrin, 2001
- Eudes Yves, la clicocratie, Le Monde
édition, 2009
- Flichy Patrice, Internet et le débat
démocratique, Réseaux, 2008
- Flichy Patrice, La question de la technique dans les
recherches sur la communication, réseaux
CENT, 1997
- Fradin Andréa, Ledit Guillaume, Partis en ligne,
OWNI, 2012
- Herman Edward , Chomsky Noam , La Fabrication du
consentement. De la propagande
médiatique en démocratie, Agone,
2008
- Katz Elihu, The Two-Step Flow of Communication: an
up-to-date report of an Hypothesis,
Marketing Classics, 1973
- Keck Margaret et Sikkink Kathryn, activists beyond
borders, Ithaca-London, Cornel
University Press, 1998
- Lagroye Jacques, sociologie politique, presses
sciences po et Dalloz, 2006
- Maurin Louis, Patrick Savidan,
L'état des inégalités en France. Données et
analyses, Belin,
2008
- Maillet Thierry, Génération
Participation, M2 éditions, 2008
- Oberdorff Henri, la démocratie à
l'ère numérique, Presses Universitaires de Grenoble, 2010
- Ruette-Guyot Emmanuelle, Leclerc Serge, Web 2.0 : la
communication Iter-active,
Economica, 2009
c. Articles :
- « 160.000 voix gagnées par Hollande grâce
au porte-à-porte selon Moscovici »,
Libération.fr, le 27
avril 2012
- Aamoth Doug, « Hey, Politicians: This Is How You Get
the Gamer Vote», Time, le 17 avril 2012
- AFP, « Présidentielle: près d'un
Français sur deux au courant du résultat avant 20h »,
France 24, le 12 mai 2012
- Barthélémy Pierre, « Pouvait-on
prédire l'issue de la présidentielle avec Twitter ? », Le
Monde, le 7 mai 2012
- Bourdeau Thomas, « Des fuites sur les réseaux
sociaux peuvent-elles influencer »,
RFI.fr, le 17 avril 2012
- Bourdieu Pierre, « l'opinion publique n'existe pas
», les temps modernes, n°318, 1973, p.30
- Bourmaud François-Xavier, « @fhollande, avatar
numérique de Francois Hollande », le Figaro, le 3
février 2012
- Breton Philippe, « le langage de la séduction en
politique »,
LeMonde.fr, le 7 janvier
2007
- Buffel Adrian, « Comment conjurer l'abstention chez les
jeunes »,
francetv.fr, le 22 mars 2012 -
Chauveau Agnès, « L'homme politique et la télévision
», Vingtième Siècle. Revue d'histoire,
avril2003 (no 80), p. 89-100.
- Chicheportiche Olivier, « France : Twitter de plus en
plus connu mais reste très peu utilisé », ZDNet
France, le 25 aout 2009
- Clark Amanda, « Les médias sociaux. 4.
Utilisations politiques et conséquences pour la
démocratie représentative »,
Bibliothèque du parlement, étude générale,
le 22 mars 2010
- 74 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
- « Clash entre Stéphane Guillon et Nadine Morano sur
Twitter », le
parisien.fr, le 09 avril
2012
- « Commission nationale des comptes de campagne et des
financements politiques », dixième
rapport d'activité, séance du 26 mai
2008
- CMIC, « Qu'est-ce qu'un hashtag dans Twitter ? »,
cmic.ch, mars 2009
- Descoings Richard, « L'abstention chez les jeunes mine
notre démocratie », Challenges, avril
2010
- Deslandes Mathieu, « Primaires PS : des campagnes web pas
super moderne », rue 89, le 11
aout 2011
- Dewing Michael, « Les médias sociaux - Introduction
», Bibliothèque du parlement, étude
générale, 2010
- Di Gennaro Corinna & Dutton William, « The internet
and the public : Online and offline
political participation in the UK », Parliamentary
affairs, 2006, vol. 59, n°2
- Dictionnaire de Sociologie, « définition : leader
d'opinion », Le Robert, octobre 1999, p305
-
Digimind.fr, « les chiffres
clés des net candidats »,
digimind.fr, le 26 janvier
2012
- Ducas Marie-Claude, « Hommage à la
Génération X »,
infopress.com, le 9 juin
2010
- Etude IFOP, « Observatoire IFOP des réseaux sociaux
- Vague 5 », IFOP, le 14 octobre 2010
- Etude IFOP, « L'indice de participation au premier tour de
l'élection présidentielle, résultat
détaillée », le journal du dimanche, 21 mars
2012
- Etude France Info.fr, « la France en chiffre : internet
»,
FranceInfo.fr,
décembre 2011
- Etude Pew Research center, « Internet gains on television
as public's main news source »,
Mashable, janvier 2011
- Etude Semiocast, « Une étude de
géolocalisation des utilisateurs de Twitter »,
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TF1 », l'expansion, le 7 mai 2012
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sur Facebook : une utilisation malsaine du 2.0 »,
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site de François Bayrou », rue 89, le 16 avril 2012
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Europe 1 avec l'AFP, 28 avril 2012
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l'inscription sur les listes électorales sur Twitter »,
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- 75 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
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d'exception pour casser le printemps érable »,
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- Tesquet Olivier, « Tweetez pour moi »,
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- « The end of mass media : Coming full circle »,
The economist, le 7 juillet 2011
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électorale des jeunes : quels liens avec leur image
de la sphère politique ? », cahier de psychologie
politique, numéro 14, janvier 2009
- « Twitter est formidable, en ce qu'il nous oblige à
être concret, simple et direct »,
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14 mars 2012
- « Une campagne électorale décevante »,
le Figaro.fr, le 16 avril 2012
- Untersinger Martin, « RIP, le blog politique en
état de mort clinique », Rue 89, le 8 mars 2012
- « Vers un duel Le Pen - Mélenchon au second tour
», 20 minutes online, le 16 janvier 2012
- « Web 1.0 - Web 2.0 - Web 3.0 »,
www.atelier-informatique.org,
le 23 septembre 2008
- Yanoshevsky Galia, « Les réseaux sociaux et
l'échange entre l'homme politique et les
internautes », Argumentation et analyse du
discours, 2010
c. Site internet statistiques réseaux sociaux :
? Réseaux sociaux étudiés :
-
www.facebook.com
-
twitter.com
-
www.youtube.com
? Organismes statistiques internet :
-
www.socialbakers.com
- www.sémiocast/baromètre_politique
- www.toutfacebook.fr/
- www.digimind.fr/
- http://www.lanetscouade.com/
- 76 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
e. Sondages et infographie :
- Chicheportiche Olivier, « France : Twitter de plus en
plus connu mais reste très peu utilisé »,
ZDNet France, le 25 aout 2009
-
Digimind.fr, « Les chiffres
clés des net candidats »,
digimind.fr, le 26 janvier
2012
- Etude IFOP, « L'indice de participation au premier tour
de l'élection présidentielle, résultat
détaillée », le journal du dimanche,
21 mars 2012
- Etude IFOP, « Observatoire IFOP des réseaux
sociaux - Vague 5 »,
IFOP.fr le 14 octobre
2010
- Etude Pew Research center, « Internet gains on television
as public's main news source »,
Mashable, janvier 2011
- Etude Semiocast, « Une étude de
géolocalisation des utilisateurs de Twitter », Semiocast,
le 1
janvier 2012
- Insee, « abstention aux élections
présidentielles depuis 1965 », 1 janvier 2012
- Insee, enquête participation électorale 2007,
enquête participation électorale 2002-2004, mars
2008
-
Socialbakers.com, « Facebook
statistics by country »,
Socialbakers.com, 9
février 2012
-
Socialbakers.com, «
infographie Facebook statistiques France »,
Socialbakers.com,
janvier
2012
f. Blogs politiques :
-
Guybirenbaum.com
-
Vanb.typepad.com/versac/
- Tournez-a-droite.over-blog.net/
- Ladroitelaplusbetedumonde.typepad.fr/
-
fr.ulule.com/humourdroite/
g. Twitters politiques :
- Arthaud Nathalie:
https://twitter.com/#!/
Nathalie Arthaud
- Bayrou Francois :
https://twitter.com/#!/bayrou
- Cheminade Jacques :
https://twitter.com/#!/Cheminade2012
- Eva Joly :
https://twitter.com/#!/EvaJoly
- Hollande Francois :
https://twitter.com/#!/fhollande
- Le Pen Marine:
https://twitter.com/#!/mlp_officiel
- Mélenchon Jean-Luc :
https://twitter.com/#!/melenchon2012
- Nadine Morano :
https://twitter.com/#!/nadine_morano
- Poutou Philippe :
https://twitter.com/#!/
Philippe Poutou
- Sarkozy Nicolas :
https://twitter.com/#!/NicolasSarkozy
- 77 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
ANNEXES
Annexe A - Evolution (en nombre de likes) des comptes
Facebook des différents candidats à l'élection
présidentielle
Annexe B : Présence des jeunes sur internet et
les réseaux sociaux :
Tableau 1 : part des internautes en France par âge
se connectant quotidiennement au net99
Tableau 2 : Répartition par classe d'âge des
utilisateurs sur Facebook en juillet 2011100
99 Etude France Info.fr, « la France en chiffre :
internet »,
FranceInfo.fr,
décembre 2011
100
Socialbakers.com, «France
Facebook statistics»,
socialbakers.com, juillet
2011
http://www.socialbakers.com/facebook-statistics/france
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Tableau 3 : Consommation de média par classe
d'âge aux Etats-Unis101
- 79 -
101 Etude Pew Research center, « internet gains on
television as public's main news source », Mashable, janvier
2011
- 80 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
ANNEXE C : En avant !
Analyse de l'épisode 1 de « en avant », la
web-série de Jean-Luc Mélenchon « En avant »,
épisode 1 « le premier meeting de la campagne », du
19/11/2011 Nombre de vu le 15/12/2011 = 14000 vues sur Dailymotion Nombre
de vue au 22 mai 2012 = 20000 vues sur Dailymotion
Durée : 10 minutes
Générique :
Beaucoup de plan de foule de la CGT, images du QG de campagne
de JLM, JLM est représenté comme un leader devant la foule. Il a
l'air sérieux et déterminé.
Titre faisant penser à un épisode de « 24
heures chrono », les lieux aussi sont inscrits en bas de l'écran
facon « 24 heures chrono », ainsi que le nom des responsables.
Descriptif de l'épisode :
1 Préparatif
* -Premier plan, des militants s'affairent à
préparer le meeting. Présentation des responsables du front de
gauche, ils sont souriants.
-Second plan, JLM est entouré de ses responsables,
réunion, dernières recommandations. -Arrivé du public,
déjà en nombre, des militants font chauffer l'ambiance pour
préparer l'arrivée de JLM. JLM se prépare dans sa loge en
chantant une chanson tout en lisant son discours.
2 Le discours
-Arrivée de JLM, un peu à la manière d'un
sportif. Discours rythmé par de la musique de fond.
-JLM fait son discours, des « Mélenchon
président » sont entonnés par la foule.
- 81 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
3 Le flashback, défaite au primaire du
PS
-3 ans auparavant lors de la réunion
préparatoire du PS à Béthune, mise en scène du
réalisateur avec musique de fond triste. On y voit un JLM toujours aussi
combattant, il donne tout pour transmettre ses idées.
On entend ensuite JLM parler du PS et de son attachement
à ce parti. Il réitère ses revendications.
A la suite des primaires socialistes quatre jours plus tard,
il claque la porte du PS pour créer son propre parti « le front de
gauche », il semble plus fort.
4 Retour au discours
On revoit ensuite JLM prononcer la fin de son discours
Générique de fin
Dans le prochain épisode...
NB : J'ai ensuite regardé un deuxième
épisode, il y a un résumé au début des
épisodes précédents.
Lien :
http://www.dailymotion.com/video/xmfg86_ep-1-en-marche-le-premier-meeting-de-la-campagne_news?start=535#from=embediframe
>> Analyse :
Modèle de réalisation calqué sur les
séries Américaines, on y voit un JLM fidèle à
lui-même, revendicatif, abattu par sa défaite aux primaires
socialistes de 2007 mais qui est remonté pour parvenir à ses fins
en 2011, il semble encore plus fort.
On le voit très entouré et adulé par la
foule, il donne l'image d'un homme fort et simple à la fois.
Largement inspiré des séries US, JLM affirme
pourtant sur son blog que ce concept est nouveau est non pas copié
façon « aux-Etats-Unis-dans-la-campagne-d'Obama » et qu'il
souhaite mettre en place une nouvelle facon de communiquer.
Les internautes peuvent également commenter la
vidéo.
- 82 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Annexe D : Analyse d'un débat politique entre
internautes sur Facebook
1) Contexte
Analyse d'un débat entre internautes après le
1er tour des élections présidentielles 2012 du 22
avril 2012 sur le réseau social Facebook.
Les résultats du scrutin place Francois Hollande (PS)
en tête des suffrages suivis de près par Nicolas Sarkozy (UMP).
L'engouement médiatique de cet événement
pousse un très grand nombre de personnes à réagir et
à dévoiler leur opinion après ce premier tour.
D'eux-mêmes les internautes sont menés à commenter les
résultats du scrutin.
Cette analyse a pour but de montrer comment une discussion, un
débat s'articule sur un réseau social en
générale.
Ce type de débat est présent en masse sur les
réseaux sociaux et démontre l'intérêt certains de
certains jeunes non-militants pour la politique.
Très souvent, ce type de débat se crée
après des événements médiatiques très suivi
impliquant d'avoir une opinion.
Les commentaires sont ici divisés en deux partis, ceux
qui se disent anti-Sarkozy, ceux qui se disent anti-Hollande.
Ce statut posté le 23 avril 2012 est un exemple de
discussion « entre amis » présent sur les Facebook
:
- 83 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
2) Le débat
Première Partie du débat :
Le statut posé pas Matthias (« Quelqu'un
aurait le C.V. de Francois Hollande ? C'est pour me faire une idée sur
ces capacités à gérer un pays ... ») montre, par
son ironie, l'orientation politique de Matthias qui semble douter des
capacités de Francois Hollande à diriger un pays.
En publiant un tel profil, l'internaute cherche certainement
l'approbation des autres internautes mais aussi à susciter le
débat en invitant les sympathisants du candidat PS à
réagir. La question semble rhétorique et les points de suspension
à la fin du commentaire montrent une certaine déception à
l'annonce des résultats.
Il est soutenu par 8 personnes qui partagent cette opinion
(Chloé, Vincent et 6 autres personnes).
Profitant de cette ironie, Jean-Baptiste et Antoine en profite
pour répondre à la requête de Matthias en lui
suggérant la biographie du candidat PS.
Cette démarche leur permet d'afficher leur conviction
politique, les deux internautes semblent soutenir l'homme politique mis en
cause.
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Deuxième partie du débat :
Cette deuxième partie met en avant plusieurs
éléments nouveaux :
Lionel répond directement à Matthias cette
fois-ci sans ironie. Dans son commentaire, il montre un peu plus le fond de sa
pensée en s'attaquant à Nicolas Sarkozy et son attitude de
souverain monarque (« On demande pas à un président de
5eme république de gérer le pays tout seul comme a voulu le faire
M. Sarkozy Matthias »).
Son message est supporté par deux individus qui ne sont
pas encore rentrés dans le débat (Sus et Jo), les deux pouces
levés montrent ce soutient.
Très rapidement, un soutient de Matthias (Jessie)
arrive afin de rééquilibrer le débat.
Jessie répond aux sympathisants de Francois Hollande en
publiant une bibliographie sarcastique ayant pour but de critiquer la
carrière du candidat socialiste.
Cette longue tirade ou « devinette politique
» est très certainement
issue d'un groupe de militant UMP qui s'est répandue de
façon virale sur les réseaux
- 84 -
sociaux et qui est repris en masse par les anti-Hollande.
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Troisième partie du débat :
- 85 -
Le précédent message militant de Jessie à
eu pour effet d'inviter d'autres internautes à se joindre au
débat (Jean-Baptiste, Jo et Pierre). La dimension participative des
réseaux sociaux prend alors tout son sens.
La critique contenu dans le long
message de Jessie sur Francois Hollande rappelle selon
Jean-Baptiste et Jo les manoeuvres engagés plusieurs fois par l'UMP
(« Copé » et « Morano
») en termes de communication sarcastique.
Ces commentaires répondent de facon direct aux attaques
de Matthias et Jessie : les deux internautes (Jean-Baptiste et Jo) se
déclarent anti-Sarkozy.
Jo rappelle le bilan de la présidence de Nicolas
Sarkozy pour appuyer sa thèse de désir de changement («
J'aimerai avoir la même analyse de ces 5 ans de présidence,
juste pour rire »). Jessie répond timidement aux deux attaques
et étonnamment elle se montre en partie d'accord avec Jean-Baptiste et
Jo. Son acte anti-Hollande a perdu en intensité.
De son coté Pierre répond directement à
l'attaque de Jessie (@Jessie), en citant cette fois-ci une source : Le Figaro.
Avant de rentrer dans le débat, l'internaute s'est auparavant
documenté sur les informations fournis par Jessie.
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Quatrième partie :
et grossier.
Jo continue le débat en expliquant en dix lignes sa
conception de la gauche et de la droite.
Antoine est quand à lui plus direct dans son opinion en
citant Nicolas Sarkozy par un diminutif « Sarko » et en
répétant une phrase célèbre se rapportant à
l'homme politique (« casse toi pauv' con »).
Cette distinction entre les deux individus montrent que le
débat peut être long et argumenté comme rapide
- 86 -
Les sympathisants de Francois Hollande se soutiennent
également entre eux, chacune de leur intervention est
apprécié par l'un d'entre eux (symbolisé par le pouce
bleu, le chiffre désignant le nombre de personnes adhérant au
commentaire).
Matthias s'étonne finalement de la portée du
débat qu'il a lancé et s'en réjouit (« Quelle
surprise de voir autant de commentaires ! J'en suis très content
»).
L'acte qui se voulait anti-Hollande s'est transformé en
contre-offensive virtuelle des sympathisants de l'autre camp.
Il demande alors directement à certains intervenants
des explications pour comprendre le résonnement des débatteurs
(@Pierre, @Jessie, Dako).
- 87 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Cinquième partie :
Cette cinquième et dernière partie de la
conversation montre l'interrogation des internautes sur la transmission et le
bien fondé des informations circulant sur Facebook durant les
élections électorales
(« j'ai vu circuler cette chaîne (NDRL : la
devinette politique) fréquemment ces derniers jours mais plusieurs
fois se terminant par "source : Cour des Comptes" », «
l'article ne cite pas ses sources malgré un joli "Ces chiffres sont
officiels et prouvables »).
Les auteurs des informations publiées sont rarement les
vrais et proviennent souvent de stratégie établie par les groupes
d'e-militants. Ici, Pierre souligne cette faiblesse de Facebook « J'ai
donc tendance à prendre ces informations avec d'énormes pincettes
».
Le débat semble maintenant être retombé,
l'auteur principal Matthias décide de discuter de cela en vrai et non
pas en virtuel, Pierre continue de chercher l'exactitude des informations
postées dans le débat.
Le débat semble être clos mais se poursuit sur de
milliers d'autres comptes Facebook.
- 88 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
3) Analyse
Premier constat : les individus intervenants dans ce
débat ne cherchent pas à influencer le vote de la partie adverse
pour le second tour mais tende plutôt à légitimer leur
opinion politique.
Le fait de publier une impression sur Facebook est un appel
aux autres pour débattre politiquement et pour connaître les
opinions de son entourage virtuel.
Sur ce dernier point, le réseau social permet à
Matthias d'organiser un débat politique à la va-vite pour
rapidement récolter des points de vue sur les résultats du
scrutin du premier tour.
Dans ce débat Jessie et Jo ne se connaissent pas
physiquement cependant ils peuvent échanger leur point de vue en toute
liberté, le débat sur internet n'a pas de frontière. Cet
exemple d'interaction virtuelle montre la réelle force de Facebook en
matière d'ouverture au débat politique.
Dans cet espace microsociologique caractérisé
par le réseau social virtuel de Matthias différents aspects sont
à retenir.
Les individus discutent et respectent les opinions politiques
des uns et des autres. Ils ne cherchent pas à influencer le futur vote
de leur interlocuteur à l'inverse des groupes d'e-militantisme dont le
seul but est de rassembler des voies.
Les internautes sont soucieux de connaître les sources
des informations publiées lors du débat et souhaitent
échapper à la rumeur. Ils se soucient de la qualité des
renseignements circulant sur Facebook, beaucoup sont conscients que les
réseaux sociaux la détériorent.
Cette discussion ressemble étrangement aux conversations
de café du commerce d'antan. Cette position rejoint une théorie
naissante : aujourd'hui les médias de masse seraient à la fin
d'un cycle du à l'avènement du web participatif102. Le
point d'origine en serait la conversation de café où
l'échange d'information et de rumeur faisaient légions à
l'époque de pré-industrialisation des médias au
19ème siècle.
102 « The end of mass media : Coming full circle »,
The economist, le 7 juillet 2011
http://www.economist.com/node/18904158?story_id=18904158&fsrc=rss
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
L'apparition des médias de masse tels que la radio ou la
télévision ont agis de façon néfaste
empêchant le débat entre les individus et contribuant en partie
à un contrôle social103.
Les réseaux sociaux sont donc un moyen pour l'individu de
contourner cette propagande virale grâce à des technologies plus
libres venant d'internet.
- 89 -
103 Herman Edward , Chomsky Noam , La Fabrication du
consentement. De la propagande médiatique en démocratie,
Agone, 2008
Annexe E : entretien avec Pierre
Entretien avec Pierre le 08/12/2011 à 14h30
Siège du PS, locaux des MJS, rue Solferino à Paris. Le but de cet
entretien était de traiter différentes questions se rapportant au
5 militantisme.
Pierre, 25 ans est militant au MJS, il est en charge de
la question économique :
Début entretiens >> 00 minute 00 seconde
10 Antoine :
00'00
- Je m'intéresse à l'engagement des jeunes
militants socialistes, la communication, l'engagement,... ca te dérange
si j'enregistre ?
15 Pierre :
00'12
- Non, pas de soucis, avant je m'occupais de Paris, et c'est un
truc que j'ai fait souvent, et en plus souvent des gens de Nanterre donc je
vois tout à fait ce que c'est, en plus la, l'engagement et les jeunes,
c'est un truc que l'on voit souvent, la comme je suis un peu 20 nouveau dans
cette maison donc voila.
Antoine :
00'20
- Ca fait combien de temps que tu fais ça ?
25
Pierre :
00'25
- Que je suis aux jeunesses ? Ca fait à peu près
quatre ans, je me suis inscrit en 2007, oui donc sur les questions de
communication, si tu veux on pourra te mettre en rapport avec Antony Ali 30 qui
s'occupe de ca pour nous, nationalement et voila.
- 91 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
35
40
Antoine : 1'00
- Je suis allé à un bureau du PS, qui est dans
le 11ème au 32 rue Alexandre Dumas, je ne me rappelle plus
trop du nom du coordinateur.
Pierre :
1'10
- T'as du tomber sur Alexander GLOGOWSKI ?
Antoine : 1'13
45 - Oui, c'est ca. Jeudi dernier (le 02/12/2011)
Pierre :
1'15
- J'ai vu passer ca et je sais que ( ? 1 :12) de Paris à
ton contact mais je ne sais pas ce qui c'est
50 passé depuis mais tu voir avec les Parisiens, soit
ici ou à Antony (là où j'habite) après si
t'as quelques questions, je peux t'accorder un petit moment.
Antoine : 1'50
55 - Donc ca fait quatre ans que tu es ici, Pourquoi cet
engagement si tu as une réponse...
Pierre :
1'54
- Ben moi, j'ai toujours été de gauche et mes
parents ont toujours été de gauche sauf que le
60 déclic, en 2007, de l'engagement je me suis rendu
compte que y compris dans mes amis les plus proches, ils y avaient des gens qui
avaient voté Nicolas Sarkozy parce qu'il le trouvait plus
crédible que Ségolène Royale à l'époque et
face à ca je n'avais pas d'argument. Ca me révoltais et donc j'ai
voulu trouver à la fois des arguments et à la fois envie d'en
créer. Je me suis engagé pour changer la famille socialiste telle
que je la connaissais à l'époque et pour
65 qu'elle soit plus en phase avec la société et
que la prochaine fois on ne se retape pas Nicolas Sarkozy.
- 92 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Antoine : 2'30
70 - T'étais à quelle université à
l'époque ?
Pierre :
2'35
- Je n'étais pas à l'université,
j'étais metteur en scène à l'époque et
depuis je me suis réorienté 75 en droit un an après dans
la même continuité, dans l'idée de faire des choses de
facon concrète pas simplement par le théâtre, l'art,
etc....
Antoine :
2'55
80 - Du coup, maintenant, tu fais ca à temps plein
(militantisme) ?
Pierre :
2'58
- Ben la je suis en quatrième année de droit, je
travaille un peu à coté pour survivre à peu près
85 mais ca me prend beaucoup de temps ouais (le militantisme).
Antoine : Combien de temps surtout en période
présidentielle ?
Pierre :
3'09
90 - C'est difficile à estimer mais il est évident
que sur les deux derniers mois ca va être des jours de 8h à
minuit mais en tant normal c'est comme un travail, 40-50h par
semaines, qu'il faut aménager autour des études, des
petits boulots, etc....
95
100
Antoine :
14'30
- Penses tu qu'internet va redonner le gout pour les jeunes de
s'intéresser à la politique, penses-tu que c'est un facteur
intéressant ?
Pierre :
14'39
- 93 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
- C est un facteur intéressant, après ce
n'est qu'un facteur. Il ne va pas y avoir de recette miracle quelle
soit. C'est ce qui explique d'ailleurs que on active tous les leviers qu'ont
peut activer. C'est évident qu'il y a des gens qui seront touchés
par internet.
Je crois que c'était en 2009 pour les
européennes, une étude montrait à l'époque que 13%
de
105 la population s'était déterminé en
fonction de ce qu'elle avait vu sur internet, ce n'est
pas négligeable mais c'est pas la panacée donc ca veut dire
qu'il faut y être comme on le fait ailleurs dans la rue.
Et nous, on définit internet, parce que la question
s'était beaucoup posée pour les révolutions Arabes, est-ce
que c'était Twitter et Facebook qui avait fait la révolution ou
pas ?
110 Nous notre vision c'est dire que internet est un nouvel
espace de socialisation par conséquent comme tout espace il peut y avoir
des rapports de force qui s'y instaurent. Y a de la communication donc il y a
des informations qui circulent et y a des opinions qui se forment
donc faut faire un travail politique la dessus comme on fait ailleurs.
Et c'est ni mieux ni moins bien, c'est juste un nouvel espace.
115
Antoine :
15'48
- Je ne sais pas si tu as lu le 20 minutes d'aujourd'hui, il y a
un article qui montre internet risque de jouer un rôle important dans les
élections. J'ai vu que le Ps risquait d'investir 2 120 millions d'euros
sur la campagne internet, à l'époque Ségolène
Royale s'en servait pour atteindre les jeunes, est-ce que je me trompe ?
Pierre :
125 16'21
- Je ne peux pas bien te dire parce que moi je suis
arrivé après coup
[...]
18'30
- Sur Ségolène Royale, moi le sentiment que j'en
avais à l'époque est qu'elle parlait des
130 jeunes sans complètement les écouter. La
difficulté qu'il y avait eu à l'époque s'était le
fait, vu que SR était un objet extérieur au parti, ca avait
coloré toute la campagne. D'abord le fait qu'elle avait des
réseaux superposés au parti avec Désir d'avenir et y
compris chez les jeunes avec la Ségosphère qui doublait les
jeunes socialistes et ca posait le problème très concret de
- 94 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
où vont les financements, qui a le matériel, qui
maîtrise le message délivré dans la campagne
135 etc.
Antoine :
19'00
140 - Et la au niveau du financement ca se passe comment ?
Pierre :
19'06
- Ce qui se passe c'est que les jeunes socialistes ou bien
mènent leur campagne propre qui
145 sont des élections hors élections
présidentielles ca va rentrer dans nos comptes de campagne. Soit si
on parle de François Hollande ou d'autres ca rentrent dans les comptes
de campagne et ca se fait en lien avec l'équipe de Francois Hollande
avec le parti etc....
On est dans la phase où on se met en rapport on n'est pas
dans l'hypothèse d'il y a cinq ans maintenant dans la mesure où
les jeunes socialistes pilotent les jeunes avec François Hollande 150
donc il n'y a pas de doublette en terme d'organisation, c'est Thierry Marchal
Beck qui est en charge de l'animation jeunesse pour Francois Hollande...
[...]
155
160
Antoine :
22'00
- Quels sont tes moyens d'action pour la campagne ? En termes
de communication est-ce que c'est des tracts, l'affichage ?
Pierre :
22'04
- Ce qui est important c'est notre façon de
fonctionner, on définit la cible et c'est une vraie question est-ce que
on se concentre vraiment sur les jeunes ? C'est une campagne qu'on doit mener
et après on peut aussi éventuellement parler un peu plus à
nos ainés par exemple pour la critique de Nicolas Sarkozy, il
est bon que notre candidat ne soit pas celui qui va taper
165 et c'est important que ce soit nous les jeunes qui
portent le fer contre la droite et l'extrême droite.
- 95 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
Il y a en plus une thématique, les jeunes contre
l'extrême droite qui touche quelque chose dans la conscience du pays et
dans les médias, on peut être pertinent la dessus et après
la cible s'affine parler à ? C'est pas comme parler à un
étudiant, c'est pas parler comme à un jeune
170 actif, c'est pas comme parler quelqu'un qui est sorti de
tout ces cadres la et qui concernent quand même une centaine de milliers
de jeunes tous les ans et au-delà de ca c'est pas la même chose
que de parler à quelqu'un qui à une sensibilité
écologique...
[...]
23'30
175 On a aussi des sensibilités
Geek104, tout le monde s'est posé la question de
savoir comment parlait de ces gens qui luttent pour l'égalité
numérique et eux mêmes se définissent comme ca donc le
terme peu paraitre bizarre pour la plupart du public, le terme Geek
parle à ces gens donc on doit faire une stratégie
propre à ces gens là. On a ni les moyens, ni la
volonté d'ailleurs de trop individualisé le message mais disons
que par tribu, par classe d'âge, on peut
180 quand même un peu crée des messages un peu
différent et ensuite il faut trouver les bons canaux.
C'est pour ca que je dis en termes de moyen, par exemple,
internet et le tract, y en a pas un qui est meilleur que l'autre. La question
c'est comment on s'en sert et comment on fait pour que l'un et l'autre soit le
plus efficace. Donc on a un certain nombre d'outil, la newsletter,
185 l'envoie de SMS en direct probablement pour dire aller
voter...
Antoine :
24'36
- Ca va être juste pour les militants les SMS ?
190
Pierre :
24'40
- Ca va être à destination du public, à
des gens qu'on a rencontré, à des gens militants sur, voila, le
message à faire passer dans votre famille votre cercle proche.
195 Soit on fait par relais, soit on prend une base de
données et on envoie massivement comme on fait avec notre newsletter
interne.
Mais comme on a une stratégie où autour des
militants socialistes on essaye d'organiser la mobilisation de ce qu'on appelle
« les volontaires du changement », c'est-à-dire des gens
qui
104 Geek : Individu féru d'informatique
- 96 -
Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère
politique et médiatique : l'exemple de l'élection
présidentielle Française 2012
ne sont pas des membres de l'organisation mais des membres qui
sont plus que sympathisants
200 car ils ont envie de faire campagne pour faire gagner la
gauche et donc nous évidemment dans la mesure où nous, le
candidat du PS est celui qui indéniablement apparait celui qui va
être le candidat de la gauche, on a une force, une facilité du
candidat écologiste ou du front de gauche, c'est qu'on peut dire aux
gens de gauche que pour qu'elle gagne soutenait François Hollande
,etc....
205 Y a de fait une place pour un militantisme qui est, un
militantisme plus ponctuel ou qui est un militantisme moins partisan au sens
adhésion, prise de carte mais qui peut y conduire, ces gens la, on est
quand même en rapport avec eux. On a une base de données de leur
contact, de où ils militent, et ces gens là on va les mobiliser
et donc les contacter via newsletter, envoie de SMS, avec cette
idée que l'on veut développer notre communication et ne pas
être
210 dépendant des médias
dominants.
Même si les médias dominants sont utiles, Thierry
a fait peut être en 3 semaines au moins une demi douzaines d'interviews
souvent en débat avec Benjamin Lancar des jeunes populaires, on active
ce canal la mais on essaie aussi de toucher directement les gens pour pas subir
de biais dans le message qu'on veut délivrer entre nous ce qu'on raconte
et ce que les médias
215 répètent. On fait assez peu de tractages par
contre on a plutôt tendance à faire du porte à porte pour
toucher les gens.
C'est-à-dire aller frapper dans une résidence
universitaire, frapper aux portes et discuter avec les gens 5 minutes, leur
donner un tract mais le tract est un support, un instrument, ce qui est
important c'est le discours délivré par le militant et donc la
campagne de porte à porte permet
220 de cibler territorialement, évidemment c'est pas
pareil de faire du porte à porte dans une cité où il y a
beaucoup d'enfant d'immigrés où de le faire dans une cité
U où il n'y a que des étudiants ou dans un foyer où il y a
de jeunes travailleurs. Donc ca permet d'être plus efficace en plus comme
on peut y revenir on y trouve les mêmes personnes et donc on
commence à tisser un lien avec elle, ce n'est pas la même
chose que de faire une bouche de métro
225 n'importe où où les gens on ne les revoit
jamais, les gens prennent le tract mais il n'y a pas d'échange verbal
donc le tract est un support en lui-même faible, c'est le bon
prétexte pour discuter avec les gens
E...]
28'53
230 Ce qui fait après le quotidien du militant
c'est partager tel article sur Facebook, tweeter tel
événement, faire une diffusion de tract, du porte
à porte, etc.,... après il y a les meetings E...]
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