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L'expérience comme interprétation des faits dans la " théorie physique " de Pierre Duhem( Télécharger le fichier original )par Héritier Mbulu Université catholique du Congo - Gradué en philosophie 2010 |
II.3.2. L'utilité de la symbolisationDans son expérience, le physicien ne met pas en jeu la réalité en tant que telle ; il se construit un monde idéal et symbolique qu'il substitue à la réalité concrète. Or, comme le souligne J. C. Akenda : « Les symboles n'ont, aucune identité autonome. Ils ne s'approprient leur identité que dans leur référence à un autre élément qu'ils représentent »80(*). De son côté, P. Duhem pense que le résultat d'une expérience de physique sont des relations symboliques, des représentations schématiques et abstraites de la réalité concrète, puisque « les sciences physiques, pour résoudre le problème, ne vont pas faire usage de réalités sensibles, du soleil tel que nous le voyons briller dans le ciel, mais des symboles par lesquels les théories représentent ces réalités »81(*). Comment se réalise cette symbolisation ? En effet, cette symbolique se réalise dans une sphère purement théorique. Par exemple, pour étudier le mouvement du soleil, le physicien doit au préalable symboliser le soleil réel. C'est pourquoi même si le soleil n'a pas aussi une surface régulière et malgré les immenses protubérances que cette surface porte, le physicien le remplace par une sphère géométriquement parfaite. Cette réalité géométrique est un symbole par lequel on substitue la réalité sensible observée. Ainsi, pour effectuer une telle symbolisation, P. Duhem dit qu'« il faut effectuer des mesures compliquées, il faut faire coïncider les bords du soleil avec les fils d'un réticule muni d'un micromètre (...), il faut aussi développer des calculs longs et complexes dont la légitimité résulte des théories admises, de la théorie de l'aberration, de la théorie de la réfraction atmosphérique »82(*). Disons aussi que, pour étudier un certain gaz, P. Duhem montre qu'il faudrait d'abord créer une symbolisation saisissable au raisonnement mathématique et au calcul algébrique. Au-delà tout, ce schéma doit être apte à représenter aussi exactement que possible la réalité. Nous constatons que, les théories admises favorisent aussi la symbolisation dans l'expérience de Physique. Certes, l'utilité de la symbolisation consiste, en outre, dans le fait que l'usage des instruments dépend en grande partie de cette symbolisation, parce que pour interpréter les faits concrètement observés, il faudrait avoir une connaissance étendue des symboles abstraits qui ont conduits à l'élaboration de ces instruments. Il reste vrai que, dans la pensée duhémienne, la symbolisation permet d'obtenir, dans le résultat expérimental, un haut degré de concision, de précision, de perfection, de généralisation, et de prévision. Toutes ces qualités seront développées dans la section qui suit, en vue d'établir une nette distinction entre l'expérience de physique et le témoignage du sens commun. * 80 J. C. AKENDA, Epistémologie structuraliste et comparée. Tome I. Les sciences de la culture, p. 26. * 81 P. DUHEM, Ib., p. 256. * 82 P. DUHEM, La Théorie physique. Son objet-sa structure, p. 256. |
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