I.2. HISTORIQUE ET
EVOLUTION DU MICROCREDIT
Le microcrédit trouve ses antécédents
dans la pratique des prêts sur gage à toux faibles ou nuls des
Monts de piété, les tontines en pays émergeants, dans les
mutuelles de crédit agricole, les banques populaires
créées en Europe à la fin du XIXème
siècle.
En réalité, le terme microcrédit n'est
véritablement apparu qu'à la fin des années 1970 à
la suite de l'initiative du professeur Mohammad Yunus qui fonda la Grameen Bank
de Bangladesh. Loin de voir les femmes incapables d'obtenir des prêts
auprès des banques formelles pour l`exercice de leur petit commerce, le
professeur Muhammad Yunus se décida de prêter de sa propre poche
des petites sommes qui furent rapidement remboursées dans leur
intégralité. Par cette initiative, le but poursuivi par le
professeur Mohammad Yunus était de pouvoir aider les femmes exclues du
système financier formel à disposer des moyens leur permettant de
démarrer ou de développer leur petit commerce, et par
conséquent, réduire le taux de la pauvreté. C'est de cette
expérience qu'est née la Grameen Bank qui à ces jours
prête à des millions de pauvres qui remboursent sans
problème, l'intégralité des prêts consentis.
L'initiative du professeur Mohammad Yunus sur le
microcrédit lui a valu le prix Nobel de Paix en 2006, et a ouvert la
voie à des nombreuses autres expériences menées dans le
monde entier. Dans les années 1980, le secteur de microcrédit va
connaître un essor considérable. Les initiatives se multiplient en
Amérique Latine, en Afrique et partout dans le monde. Les institutions
accordant des crédits en milieu urbain ont ainsi commencé
à couvrir leurs frais sans subventions.
A la fin des années 1990, le microcrédit est
devenu un nouveau mot d'ordre des organisations non gouvernementales
spécialisées dans l'aide au développement et des
institutions de microcrédit. Le secteur de micro-finance a dès
lors connu une croissance régulière jusqu'à atteindre en
2007, 25 milliards de dollars pour l'ensemble des crédits relevant des
institutions de micro-finance (Muhammad Yunus 2007).
En RDC, l'histoire de la micro-finance date de la
période coloniale et peut se subdiviser en trois grandes
périodes, à savoir :
Ø De la période coloniale à
1970
Par le décret du 24 Mars 1956, le législateur a
organisé la création et le fonctionnement des
sociétés coopératives indigènes dont l'objet social
était de promouvoir, par la mise en oeuvre des principes de la
coopération, les intérêts économiques et sociaux de
leurs membres exclusivement. Cette période se caractérise par
l'absence de structure financière de proximité formelle
d'initiative privée agréée. Elle se caractérise
aussi par la création par le pouvoir colonial de la Caisse
d'épargne du Congo, institution de droit public, afin de collecter les
petites épargnes.
Ø De 1970 à 1990
Cette période est caractérisée par
l'émergence des coopératives d'épargne et de
crédit, en raison notamment de l'accessibilité des services
offerts aux membres et de leur implantation dans les milieux les plus
reculés, dépourvus de banques. Toutefois, faute d'un cadre
légal spécifique, ces coopératives d'épargne et de
crédit, continueront à se conformer aux dispositions du
décret de 1956, et de ce fait, seront désormais placées
sous la tutelle du ministère de développement rural.
Ø De 1990 à nos
jours
Cette période se caractérise par la
fragilité du système financier et particulièrement des
coopératives d'épargne et de crédit. En effet, cette
fragilité était due au contexte socio-économique et
politique difficile, caractérisé par les pillages,
l'hyperinflation, et l'instabilité politique qu'a connu le pays entre
les années 1990 et 1991.
Aujourd'hui, la plupart des coopératives
d'épargne et de crédit se sont regroupées en 15 centrales
et ont adhéré à des structures comme La coopérative
centrale d'épargne et de crédit, et la
confédération Nationale des coopératives
d'épargne et de crédit. En outre, on assiste depuis quelques
années, à un engouement des institutions de micro-finance qui
sont présentées comme les agents de développement et de
lutte contre la pauvreté.
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