3. 2. RÉSULTATS DES ENTRETIENS
Les résultats du questionnaire ne permettaient pas de
comprendre les raisons
Sous-jacentes vis-à-vis de la satisfaction. Nous avions
entrepris de mener auprès du personnel soignant des entretiens
semi-directifs dans le but de comprendre les causes profondes de leur
insatisfaction.
Ainsi, nous avons interrogé 40 personnels soignants en
utilisant le MSQ.
- Possibilité de faire des choses
différentes de temps à autre.
Le personnel soignant du CHRABF travail suivant un
système de roulement. Ce système est organisé comme
suit : P1 (présence au poste de 08 heures à 14h30), le
premier jour ; P2 (présence au poste de 14h à 18h30), le
deuxième jour et P3 (présence au poste de18h à 08h30 le
lendemain), le troisième jour. Après ces jours d'activité,
il leur est accordé deux jours de repos ; soient trois(3)
jours sur cinq(5). La majorité des soignants a répondu :"
qu'ils n'ont pas assez de temps pour faire des choses
différentes. "

- Possibilités d'utiliser ses capacités
et ses propres méthodes
Au cours des entretiens nous avons observé que la
majorité des soignants utilisent ses capacités et ses propres
méthodes. Une infirmière a déclaré : "Nous
recevons des cours de formation continues sur les soins et cela permet de
maintenir et d'améliorer la qualité des soins. "
Les Médecins aussi sont conscients du rôle du
perfectionnement. Un Médecin nous a confirmé que " les
séminaires de formation organisés par l'hôpital à
l'endroit des infirmiers sont importants car ils permettent le renforcement
des capacités de nos personnels soignants et de maintenir des
aptitudes et même d'en améliorer".

- Possibilités de prendre des décisions
de ses propres initiatives
La majorité des infirmiers disent qu'ils ne font
qu'exécuter les ordres des médecins et de la Directrice des
soins infirmiers et obstétrique.
La prise de décision en ce qui concerne les soins dans
le service est du ressort du Médecin. L'assurance de la qualité
des soins et de leur maintien est assurée par la DSIO. Les
infirmiers disent : "qu'ils n'ont pas des décisions
à prendre ils sont des exécutants. "

- Possibilités de rester occupé tout le
temps
La majorité des soignants disent satisfaits car ils
sont tout le temps occupés. Par contre d'autres se plaignent parce
qu'ils ne sont pas nourrit et il n'y a pas de pause déjeuner comme dans
d'autres services administratifs.

- Possibilités de travailler seul dans son
emploi
La majorité des soignants ne sont pas satisfaits de
travailler seul. Il arrive qu'un seul infirmier soit seul dans le service.
Quand la charge de travail est grande, les infirmiers se plaignent.
La mise en place de la CNAMGS augmente les consultations. Les
Médecins se plaignent de l'afflux quotidien du nombre des patients.

- Sentiment d'accomplissement
La plus part des soignants se sentent satisfaits en
l'occurrence les Médecins qui évoquent ce fort sentiment
ressentit par eux lorsqu' une personne venu gravement malade sort de
l'hôpital guérit.

- L'importance aux yeux des autres
La plupart des soignants disent qu'ils sont satisfaits de
leur importance aux yeux des autres et surtout auprès des malades.
Néanmoins, certains disent qu'il ya de hypocrisie entre collègue
qui manifestent de la fausse considération mais reconnaissent que cela
ne représente pas grand-chose. Ce qui est important c'est la
considération des parents des malades et des malades eux-mêmes
face aux soignants. L'un des soignants disait " j'ai souvent
bénéficié des largesses d'un de mes anciens patients assez
souvent pour sa reconnaissance, sa famille pour me remercier n'hésite
pas à me faire des cadeaux en nature."

- Manière du supérieur de diriger les
autres
Pour les soignants le supérieur représente le
Directeur Médical et le Directeur Général de
l'hôpital. La plupart dit n'être pas satisfait de la manière
de diriger du supérieur. " Au lieu d'avancer on constate que nous
reculons" a déclaré un médecin.
Pour les infirmiers, le supérieur est souvent
mentionné comme étant le major, le Médecin chef de
service, le surveillant, le Directeur médical, la Directrice des soins
infirmier et le Directeur général. La plupart des infirmiers
déclarent" notre Directeur dirige mal l'hôpital : il
manque les médicaments, nous ne savons pas ou va l'argent de
l'hôpital, on ne nous vaccine pas et nous sommes abandonné
à nous-mêmes."
Les relations entre les Médecins et la Direction
Général sont tendues et la menace de grève est à
l'ordre du jour.

- Entente entre les collègues
La moitié des soignants sont satisfaits de l'entente
des collègues entre eux. D'autres disent qu'ils ne sont pas satisfaits.
Il ya souvent des querelles entre personnel soignant dans les services. Un
Médecin a déclaré" qu'il est souvent rare de
voir les infirmiers s'exécuter facilement à un ordre. On est
souvent obliger d'hausser le ton pour la bonne marche du service. "

- Les compétences des supérieurs pour
prendre des décisions
La majorité de PS déclarent ne pas être
satisfaite de la compétence du supérieur hiérarchique dans
la prise des décisions.
Les soignants expliquent que l'hôpital traverse une
crise sans précédent. La gestion de l'hôpital est mal
définit. Tout le personnel se plaint de l'absence
répétée du Directeur Général. Les
décisions que le Directeur prend sont souvent opposées aux
attentes réelles des soignants. La mise en application du nouvel
Arrêté sur la répartition des quottes parts fait beaucoup
de mécontent. Une infirmière a déclaré :
"Nous ne savons pas pourquoi notre Directeur s'empresse pour la mise en
application de cet Arrêté. D'autres structures sanitaires
du genre n'ont pas encore appliquées cette mesure parce qu'il y a des
enjeux financiers opposés à notre rendement et attentes".

-Les conditions de travail
Dans beaucoup d'organisations, Les conditions de travail ont
souvent été évoquées quand il s'agit des
revendications sociales. Ainsi elles constituent un aspect qui détermine
la satisfaction des soignants au travail. Au cours des entretiens, les
soignants ont mentionnés majoritairement qu'ils sont insatisfaits. Une
infirmière a dit : ".il nous manque tout : Nous demandons
la couverture vaccinale depuis longtemps personne ne fait cas. A certains
moments il ya pénurie des médicaments avec rupture de stock et
cela nous empêche de bien travailler. Nous sommes obligés de
tout prescrire aux malades. Il nous manque même des gants, des blouses
et les seringues jetables".

-Application des règles et procédures
internes de l'hôpital
La plus part des PS sont insatisfaits de la manière
dont les règles et procédures internes de l'hôpital sont
mises en application. Le règlement intérieur n'est pas connu des
soignants. Le personnel soignant n'est pas respecté. Une
infirmière rapporte que : "Pour être consulté par
un Médecin, on est maltraité. Tu es exposé devant d'autres
patients et devant tes collègues infirmiers lors des consultations avec
un Médecin " Les Médecins privilégient les
patients qui payent directement la consultation par rapport aux assurés
de l'ACNAMGS.

-Les compliments
La plupart des PS déclarent satisfaits des compliments
de leurs supérieurs hiérarchiques.
Le personnel soignant interrogé a mentionné
qu'il n'a été complimenté que très rarement. Une
infirmière a dit " les compliments n'existent pas ici à
l'hôpital Amissa Bongo."
Par contre certains reconnaissent avoir été
complimentés seulement par les parents des patients.

-Possibilité d'aider les gens à
l'hôpital
Certains malades qui arrivent à l'hôpital ne
savent pas lire. Ils ont des problèmes parfois d'orientation. Le
personnel fournit un effort pour donner une information complète. Une
infirmière explique" Nous avons des toilettes ici en très bon
état pour les usagers, mais j'ai du interpeller un patient qui
s'apprêtait à faire des selles sur le gazon derrière le
bâtiment abritant les services de la médecine parce qu'il ne sait
pas lire et avait un déficit communicationnel."
Le personnel aide les patients. Il arrive qu'un malade manque
de seringue ou d'un médicament et constitue un problème que le
patient doit résoudre. Une infirmière a dit que" nous
sollicitons des autres malades de prêter le produit manquant et
aussitôt après le bénéficiaire remplace quand il
s'en achète."
La plupart des PS sont satisfaits de leur
possibilité d'aider les gens à l'hôpital.

-Possibilités de dire aux gens ce qu'il faut
faire
Cette facette de la satisfaction a permis de mettre à
nu un déficit communicationnel à l'hôpital Amissa Bongo.
Ce déficit est marquant parce qu'il n'y a pas de département
communication. Une organisation doit communiquer. A l'hôpital Amissa
Bongo chaque soignant agit en solitaire pour communiquer avec les visiteurs,
les malades et parents des malades.
La majorité est satisfaite de dire aux gents ce qu'il
faut faire. Un Médecin explique : " Médecin et
infirmiers essayons de communiquer, mais nous n'avons pas beaucoup de temps
pour cet aspect de management, nous avons beaucoup de choses à faire en
terme de soins, de consultation et visites aux malades. Nous faisons ce que
nous pouvons en essayant de bien le faire."

-L'avancement dans la carrière
Le personnel soignant est très insatisfaite de cette
facette de la satisfaction au travail. L'avancement qui statutairement est
automatique ne l'est que de nom. Un Médecin explique
«Je travail depuis 3 ans, je ne suis même pas
intégrée. Je ne perçois que le
présalaire."
Un infirmier déclare : "Si je ne faisais pas
un suivi personnalisé de mon dossier moi-même à la
Fonction Publique, je ne serais pas intégrée à ce jour."

-La rémunération
L'insatisfaction la plus importante est
déterminée par la rémunération. Les soignants
disent qu'ils sont très insatisfaits de cette facette. Ils estiment
qu'ils travaillent beaucoup plus qu'ils ne gagnent. Les primes, les quottes
parts ne sont pas à la hauteur des efforts fournis pour le travaille.
Avant, une nuit de garde payait 5000 F CFA. Avec la mise en
application ddes nouvelles dispositions administratives, une nuit de garde paye
1500 FCFA. Cette disposition n'encourage pas les soignants et contribue
plutôt à démotiver le personnel. Le personnel soignant
déclare que le prix des consultations est revu à la hausse
à cause de l'assurance maladie. Une consultation qui coutait 1000 FCFA
avant la mise en application de l'assurance maladie est désormais
à 3000 FCFA. Le corollaire de cette augmentation de ces consultations
devait être inéluctablement une augmentation sensible du revenu
des quottes parts. Il est plutôt constaté un rabais des gains.
Ces diminutions incompréhensibles des gains à
tous les niveaux et dans tous les services amènent les soignants
à ne recevoir en priorité que les malades effectuant les
payements directs des soins.
Cette attitude des soignants met en mal les assurés
sociaux et plombe ainsi les efforts du gouvernement dans l'atteinte des
objectifs du développement pour le millénaire.

-Possibilités de faire des choses qui ne sont
pas contraires à votre conscience
Les soignants ne comprennent pas pourquoi à
l'hôpital il manque les gants.
Le budget annuel de l'hôpital est de 1.000.000.000
reconductible tous les ans sans compter les payements directs. Beaucoup de
manquement sont observables. Le bloc opératoire manque parfois des
bavoirs et les équipes sont parfois limitées dans
l'accomplissement des activités. Il manque même la
Bétadine, les compresses et les seringues jetables.
Les infirmiers sont obligés d'utiliser un même
gant sur plusieurs malades. Un infirmier rapporte : " Nous ne pouvons
pas toucher les malades sans gants. Comme il en manque, on utilise le
même gant pour plusieurs malades. Mais parfois j'ai palpé des
malades sans les gants, je suis obligé pour sauver la vie du malade,
vraiment c'est contre ma conscience. "

- La stabilité de l'emploi
La stabilité est la facette de l'emploi qui satisfait
majoritaire tout le personnel soignant. Le personnel interrogé se sent
en sécurité vis-à-vis de la stabilité de
l'emploi.

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