UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES
DEPARTEMENT D'ECONOMIE AGRICOLE
B.P. 117 KINSHASA XI
Contribution à l'analyse de
la chaîne de valeurs des produits agroforestiers : Cas de Dacryodes
edulis (safou) dans le Bas-Congo et à Kinshasa
Par
Albert BIFUBIAMBOTE SALAMBIAKU
Gradué en Sciences Agronomiques
Mémoire présenté et défendu en vue
de l'obtention de grade d'Ingénieur Agronome.
Orientation : Economie Agricole
Directeur : Prof. Dr.
Ir. Apollinaire Biloso Moyene
TABLE
DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES
i
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
LISTE DES TABLEAUX
v
LISTE DES FIGURES
v
LISTE DES ABREVIATIONS
vi
RESUME
vii
INTRODUCTION
1
Problématique
1
Objectifs de l'étude
2
Hypothèses
2
Intérêt de l'étude
3
Délimitation de l'étude
3
Subdivision du travail
3
CHAPITRE 1 : CLARIFICATION CONCEPTUELLE, CADRE
THEORIQUE ET REVUE DE LA LITTÉRATURE
4
1.1. CLARIFICATION CONCEPTUELLE
4
1.1.1. Chaine de valeurs ou filière
4
1.1.2. Acteurs
5
1.1.3. Marché
5
1.2. CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
6
1.3. LA LITTÉRATURE SUR LE SAFOU
8
1.3.1. Taxonomie et description de
l'espèce
8
1.3.2. Usages de safou
8
1.3.3. Composition des fruits de safou
9
1.3.4. Commercialisation de Dacryodes
edulis
9
CHAPITRE 2 : APPROCHE METHODOLOGIQUE
11
2.1. CHOIX ET DESCRIPTION DE LA ZONE D'ETUDE
11
2.1.1. La province du Bas-Congo
11
2.1.2. La ville province de Kinshasa
14
2.2. OUTILS UTILISES POUR CETTE ETUDE
15
2.3. LES DONNEES COLLECTEES ET LEURS SOURCES
15
2.4. LA PRE-ENQUETE
17
2.5. L'ENQUETE PROPREMENT DITE
18
2.6. POPULATION DE L'ETUDE ET ECHANTILLONNAGE
18
2.6.1. Population de l'étude
18
2.6.2. Echantillonnage
18
2.6.3. Traitement et méthodes d'analyse des
données
19
2.7. LIMITE DE L'ETUDE
20
CHAPITRE 3 : PRESENTATION, ANALYSE ET
DISCUSSION DES RESULTATS
21
3.1. DESCRIPTION DE LA CHAINE DE VALEURS DU SAFOU
AU NIVEAU DE LA PRODUCTION
21
3.1.1. Profil des producteurs
21
3.1.2. Organisation de la production
21
3.1.3. Commercialisation
23
3.1.4. Formation du revenu des producteurs
25
3.1.5. Contraintes liées à la culture
des safou dans la province du Bas-Congo
28
3.2. DESCRIPTION DE LA CHAINE DE VALEUR DU SAFOU AU
NIVEAU DES COMMERÇANTS
28
3.2.1. Caractéristiques des
commerçants de safou
28
3.2.2. Relation entre commerçants
(Rapprochement entre acteurs)
30
3.2.3. Approvisionnement en safou
31
3.2.4. Moyen de transport, perte et facteurs qui
conditionnent la qualité du safou
32
3.2.5. Conditionnement et Emballage de safou
32
3.2.6. Les difficultés majeures liées
à la commercialisation de safou
34
3.2.7. Système d'information de
marché du safou
34
3.3. DESCRIPTION DES CONSOMMATEURS DE SAFOU
36
3.3.1. Profil des consommateurs de safou
36
3.3.2. Les différents facteurs
influençant la consommation du safou
38
3.3.3. Lieu d'approvisionnement des ménages
en safou
39
DISCUSSIONS
40
CONCLUSION
42
RECOMMANDATIONS
43
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
44
ANNEXES
47
DEDICACE
A nos chers parents,
SAMBIAKU KIVENO Tshive et BIEMUNSEKO BIAMBOTE Victorine ;
A tous nos frères et soeurs ;
REMERCIEMENTS
La rédaction du présent travail de fin
d'études n'est pas seulement le fruit de nos efforts mais aussi du
concours de nombreuses personnes qui sont intervenues de manière directe
ou indirecte.
Nous tenons, en premier lieu, à remercier très
sincèrement notre directeur de TFE, le Professeur Docteur
Ingénieur Apollinaire BILOSO MOYENE, pour avoir accepté de
diriger ce travail. Ses commentaires éclairés, ses judicieux
conseils, sa disponibilité, ses encouragements et sa rigueur nous ont
considérablement aidés à mener à terme ce travail
de recherche.
Nos remerciements vont également à notre
encadreur, le Master Claude AKALAKOU MAYIMBA pour nous avoir encadrés
tout au long de cette recherche. Grâce à ses remarques pertinentes
et au long travail de correction, notre travail d'analyse et de
rédaction a pu énormément progresser. Nous lui disons
merci pour sa générosité permanente.
A nos enseignants de l'Université de Kinshasa et ceux
particulièrement de la Faculté des Sciences Agronomiques, nous
adressons nos sincères remerciements pour la solide formation
d'ingénieur agronome que nous avons reçu d'eux.
Aussi nos vifs remerciements à la grande famille
SAMBIAKU, aux amis et camarades de la promotion (Fifi KUMUTIMA, Gauthier MADUA,
Daddy MENGA, Guelord NSUANDA, etc.) avec qui nous avons passé à
la fois des merveilleux et durs moments.
Un grand merci à tous les agriculteurs producteurs de
safou du Bas-Congo, les commerçants (grossistes et détaillants)
et les consommateurs de safou de la ville province de Kinshasa que nous avons
rencontrés et interviewés, qui nous ont tous accueilli avec
beaucoup d'hospitalité, d'enthousiasme, de gentillesse, et sans qui la
réalisation de ce travail aurait été impossible. Cette
recherche, à un certain niveau et d'une certaine manière, a
été le résultat d'une confiance et d'un travail collectif.
Que tous ceux qui l'ont fait avancer mais dont les noms n'y
sont pas repris ne se sentent pas oubliés. Qu'ils trouvent ici
l'expression de notre reconnaissance.
LISTE
DES TABLEAUX
7
12
19
24
26
27
27
28
31
33
33
34
35
35
36
37
38
38
39
39
10
11
14
24
25
29
29
31
33
36
37
38
38
Pages
Tableau 1 : Les méthodes d'analyse des
filières...............................................................
Tableau 4. Pluviométrie du Bas-Congo de
1998-2009........................................................
Tableau 3. Axes de base de l'étude après
diagnostic.........................................................
Tableau 4. Prix et coût moyen de safou chez les
producteurs..............................................
Tableau 5. Matériels pour la production
(récolte) des safou
..............................................
Tableau 6. Calcul du Prix de Revient par caisse de safou en
FC chez les producteurs............
Tableau 7. Calcul de la rentabilité en FC chez les
producteurs..........................................
Tableau 8: Age de commerçants
enquêtés.......................................................................
Tableau 9: quantité totale des safou vendue en
2009 par les commerçants............................
Tableau 10 : Les types d'emballages utilisés
par les commerçants de safou...........................
Tableau 11 : les produits facilitant le nettoyage des
emballages utilisés...............................
Tableau 12: les différentes unités
utilisées pour la vente de
safou.......................................
Tableau 13. Calcul du prix de revient par caisse en FC
chez les commerçants.......................
Tableau 14. Calcul des taux de rentabilité en FC
chez les commerçants...............................
Tableau 15 : Répartition des consommateurs
selon l'âge...................................................
Tableau 16 : Répartition des ménages
selon la profession.................................................
Tableau 17 : Les principaux consommateurs de safou
dans les ménages enquêtés..................
Tableau 18 : Critères permettant
d'apprécier la qualité du safou par les
consommateurs.........
Tableau 19: Le revenu mensuel des ménages
consommateurs du safou..............................
Tableau 20 : Dépenses allouées pour les
approvisionnements alimentaires chez les ménages
enquêtés....................................................................................................................
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Circuit de commercialisation de Dacryodes
edulis....................................................
Figure 2. Carte administrative de la province du Bas-Congo
.............................................
Fig.3. Carte de la ville province de
Kinshasa...................................................................
Figure 4. Différents moyens utilisé par les
producteurs pour avoir de l'information sur le prix de
safou......................................................................................................................
Figure 5. Contribution de revenu safou dans le revenu
global des producteurs......................
Figure 6. Répartition des commerçants du
safou selon le genre...........................................
Figure 7. Répartition des commerçants selon
le niveau d'étude...........................................
Figure 8. Quantité moyenne de safou achetée
par un commerçant pour un voyage.................
Figure 9. Différentes unités d'achat de
safou par les commerçants.......................................
Figure 10. Taille des ménages des consommateurs
enquêtés..............................................
Figure 11. Répartition des consommateurs du safou
selon la province d'origine....................
Figure 12. Différentes formes de consommation du
safou chez les personnes enquêtées...........
LISTE DES ABREVIATIONS
CDL/Nkolo : Centre de
Développement Local de Nkolo
CV: Coefficient de
Variation
DSCRP: Document des
Stratégies de Croissance et la Réduction de la
Pauvreté
FAO: Food and Agriculture
Organization of the United Nations
FC: Franc Congolais
ICRAF: WInstorld Agroforestry
Center
INERA: Institut Nationale
d'Etude et de Recherché Agronomique
INTERNET: International
Network
Kg: Kilogramme
PAF: Produit
Agroforestier
PFNL: Produit forestier non
ligneux
PNUD: Programme de Nations Unies
pour le Développement
RDC: République
Démocratique du Congo
SPSS: Statistical Package for Social
Science
RESUME
L'objectif principal de cette étude est d'analyser la
chaine de valeurs de safou afin de proposer des recommandations qui puissent
améliorer le fonctionnement de la filière. Pour ce faire, des
enquêtes ont été effectuées dans deux zones
d'étude (Bas-Congo et Kinshasa) auprès de 63 producteurs, 105
commerçants, 72 consommateurs qui ont respectivement constitué
notre population d'étude.
Il ressort de nos investigations que, la production de safou
est une émanation des hommes (84%), les femmes (69%) s'occupent
généralement de la commercialisation dudit produit surtout dans
la vente en détail et les hommes interviennent plus dans le vente en
gros. La pyramide des âges dénote que dans l'ensemble, l'âge
des vendeurs tout comme des producteurs varie entre 14 à 64 ans. La
consommation est une affaire de tous c'est-à-dire du plus petit au plus
vieux des ménages enquêtés. Cette étude a
relevée que, le safou est essentiellement produit pour le marché.
Les résultats de cette étude montrent que pour
la récolte et la vente de safou, les producteurs environnant
Mbanza-Ngungu investissent un capital moyen de 9333,3 FC soit 10,37 $ USD par
caisse. Avec deux niveaux de prix de vente respectivement 27451,6 FC (30,5$ US)
et 22548,4 FC (25,1$ US) (période d'abondance et période de
rareté), tel niveau d'investissement procure une marge
bénéficiaire nette par caisse respectivement de 18118,3 FC soit
20,1$ US et 13215,1 FC soit 14,7$ US par caisse si le produit est vendu sur
place c'est-à-dire au village même, ce qui représente 194,1
% et 141,6% de la rentabilité économique chez les producteurs de
safou.
Quant à la vente pour les commerçants, il
ressort de nos investigations qu'au niveau de Mbanza-Ngungu, Avec un
investissement respectivement de 35363 FC et 28962 FC par caisse, ils ont
réalisé une marge nette respectivement de 3887 FC et 419 FC
sachant que le prix de vente par caisse était respectivement 40000 FC et
30000 FC selon qu'on est pendant la période de rareté et
d'abondance. Quand aux commerçants de Kinshasa, ils ont vendue en 2010
une caisse de safou à 65000 FC et 55000 FC. Avec un investissement de
54563 FC et 46191 FC par caisse respectivement en période de
rareté et d'abondance, ils ont réalisé une marge nette de
8587 FC et 7701,5 FC.
Quant aux taux de rentabilité, il est respectivement de
10,99 % et 1,97 % par caisse (période de rareté et d'abondance)
chez les commerçants des marchés de Mbanza-Ngungu et, est
respectivement de 15,74% et 15,67% pour chez les commerçants de
Kinshasa.
INTRODUCTION
Problématique
Dans les pays en développement en général
et subsahariennes en particulier, l'autosuffisance alimentaire constitue une
des préoccupations majeures des gouvernements dans la mise en place des
plans de développement et des stratégies alimentaires (FAO,
1997).
Les statistiques socio-économiques des ces pays
renseignent des situations alarmantes. Malgré ces potentialités
la République Démocratique du Congo n'échappe pas à
cette réalité. Près de 80% de la population
sévissant avec moins d'un 1$ US par personne par jour. Le PIB par
habitant reste les plus bas de l'Afrique subsaharienne avec 100$ US contre 360
$ US en 1960, 38,2% de sa population se trouve en situation de malnutrition
aiguë (DSCRP, 2008). Il faut ajouter à cette épineuse
question d'alimentation, d'autres problèmes tels que l'insuffisance de
revenu, le taux de chômage élevé, etc.
Pour faire face à cette situation, la population a
développé des activités lucratives diversifiées
parmi lesquelles l'exploitation des produits forestiers non ligneux (PFNL)
capable de soutenir la sécurité alimentaire et de créer
des revenus à travers le marché de plus en plus prospère
(Biloso & Lejoly, 2006).
Plusieurs auteurs ont montré dans leurs travaux (Ndoye,
1995 ; Tabuna, 1999 ; Ndoye et Ruiz-Perez, 1999 ; Clark et Sunderland,
2004 ; FAO, 1999) que les PFNL revêtent une importance
considérable sur les plans nutritionnel, médical, et
socio-économique c'est-à-dire, ils permettent aux populations
rurales et urbaines de diversifier leurs sources de revenus, contribuant ainsi
à assurer la sécurité alimentaire et à
réduire leur niveau de pauvreté en créant des
activités qui génèrent des emplois surtout pour les femmes
et les minorités. Dans cette gamme des PFNL, on trouve un bon nombre des
produits agroforestiers (PAF) parmi lesquels figure en bonne place le safou
répandu en Afrique tropicale dans des plantations en association avec
d'autres cultures ou autour des cases.
Néanmoins, malgré cette importance visible des
PAF, la production et la chaine de commercialisation desdits produits souffrent
encore d'un fonctionnement inadapté et des problèmes
organisationnels qui réduisent la profitabilité de ce sous
secteurs. D'où, les acteurs de la filière font face à des
diverses contraintes relatives au manque d'information sur la situation du
marché (asymétrie de l'information), de bonnes infrastructures de
vente, de stockage et de transport.
Ce qui pousse parfois les producteurs à vendre leurs
produits à des prix inférieurs à ceux qu'ils auraient pu
obtenir s'ils les avaient transportés eux-mêmes vers des
marchés plus éloignés et plus lucratifs, même
après avoir déduit les frais de transport. Il existe encore un
grand écart entre le prix payé au producteur et le prix
payé par le consommateur final. La part du producteur dans le prix
payé par le consommateur devient moindre rendant ainsi sa marge
bénéficiaire faible.
Dans le premier cas, l'information reste très
dispersée, les acteurs ne disposent pas de toute les informations
nécessaires à un échange optimal et dans le second cas,
les acteurs sont inégalement informés. Il en découle donc
une inégalité dans les échanges.
Devant cette situation, chaque acteur prend des
stratégies qui le confortent. Très souvent, les
commerçants réduisent les quantités achetées et les
producteurs les quantités vendues. Par conséquent même les
recettes de l'Etat en prennent aussi le coup à travers les
déclarations erronées qui, par la suite diminuent les taxes
destinées au trésor public. Cette asymétrie d'information
peut être systémique.
Ainsi, cette défaillance du système
d'information ne peut aboutir qu'à des résultats
économiquement inefficaces et socialement injustes. C'est ainsi que
l'analyse approfondie de la chaîne de valeurs de safou a une importance
capitale pour déterminer la valeur du produit à chaque niveau de
la filière.
C'est sur cette toile de fond que l'analyse de la
filière safou tentera de répondre aux interrogations
suivantes :
- Qui sont les acteurs impliqués dans la filière
safou et comment sont-ils organisés ;
- A-qui profite le plus le bénéfice de la
commercialisation du safou ?
- Quelles sont les contraintes et opportunités pour
chaque groupe d'acteurs dans la filière safou ?
Objectifs de l'étude
L'objectif principal de cette étude est d'analyser la
chaine de valeurs de safou afin de proposer des recommandations qui puissent
améliorer le fonctionnement de la filière. A coté de cet
objectif principal se greffent d'autres objectifs spécifiques à
savoir :
1. Décrire le circuit de commercialisation du
safou ;
2. Identifier et repartir les acteurs opérant dans la
filière Dacryodes edulis en fonction de leur profil
social (genre, niveau d'étude, statut matrimonial, composition du
ménage, profession, ancienneté dans l'activité au sein de
la filière etc.) ;
3. Déterminer les contraintes et les
opportunités des acteurs de la filière, évaluer les
coûts supportés par chaque groupe d'acteurs au sein de la
filière ;
4. Estimer les marges bénéficiaires, le niveau
de rentabilité commerciale de vente de Dacryodes
edulis.
Hypothèses
1. Comme dans d'autres secteurs, l'exploitation des PAF
s'effectue aussi sur base de répartition de rôle. Les hommes
s'occuperaient beaucoup plus des travaux de la production et les femmes
seraient beaucoup plus intéressées à la commercialisation
du produit. Quant à la consommation du safou, il n'existerait pas de
catégories précises qui en consomment.
2. Parmi les acteurs opérant dans la filière
safou, les commerçants réaliseraient des marges
bénéficiaires aussi importantes que les producteurs. Ce constat
serait le même pour ce qui est du niveau de la rentabilité.
3. Les contraintes qui caractérisent chaque groupe
d'acteurs de la filière Dacryodes edulis seraient : le
manque de méthodes appropriées de conservation aggravée
par le manque d'infrastructure des transports adéquats, la
périssabilité du produit et les problèmes
d'asymétrie de l'information des marchés. Quant aux
opportunités, la production et la commercialisation de safou
constitueraient un moyen de génération de revenu aussi bien en
milieu rural qu'en milieu urbain pour les acteurs impliqués dans la
filière.
Intérêt de
l'étude
Du point de vue scientifique, l'intérêt de ce
travail est de mettre à la disposition des autres chercheurs les
informations de base pouvant aider à approfondir les analyses de la
chaîne de valeur des PAF et mettre aussi à la disposition des
acteurs de la filière, des partenaires public et privé de
développement un document de référence pour tout action
visant le développement de la filière.
De manière spécifique et
détaillée, cette étude permettra de mettre en
évidence :
- Les points forts et les points faibles du circuit de
commercialisation et, à partir de là, il pourrait être
aisé de définir les actions à mener pour renforcer les
aspects positifs et réduire, sinon faire disparaître les
contraintes ;
- Les acteurs qui interviennent directement mais aussi ceux
qui interviennent indirectement dans le circuit de commercialisation (leur
rôle, positionnement, genre) ;
- Les goulots d'étranglement et les opportunités
des marchés qui peuvent être exploités pour enfin
améliorer la filière safou.
Délimitation de
l'étude
Le présent travail porte sur l'analyse de la chaine de
valeur des PAF en général et du Dacryodes edulis (safou)
en particulier, dans la province du Bas-Congo et dans la ville province de
Kinshasa. Notre étude s'est réalisée durant la
période allant de Novembre 2010 à Février 2011.
Subdivision du travail
Outre l'introduction et la conclusion, ce travail est
subdivisé en trois chapitres. Le premier porte sur la clarification
conceptuelle, le cadre théorique de l'étude et la revue de la
littérature sur le Dacryodes edulis; Le
deuxième aborde l'approche méthodologique pour mener cette
étude, et enfin, le troisième chapitre porte sur la
présentation, l'interprétation et la discussion des
résultats.
CHAPITRE 1 : CLARIFICATION
CONCEPTUELLE, CADRE THEORIQUE ET REVUE DE LA LITTÉRATURE
Ce premier chapitre aborde successivement la clarification de
certains concepts pour la compréhension, le cadre théorique ainsi
que différentes recherches se rapportant à ce thème de
recherche.
1.1. CLARIFICATION
CONCEPTUELLE
Il apparait important dans ce point de procéder
à la définition de quelques concepts clés qui aideront
à la compréhension du sujet traité. Les concepts
clés qui seront définis dans cette partie sont : chaine de
valeur, filière, acteurs et marché.
1.1.1. Chaine de valeurs ou
filière
De nombreux auteurs ont tenté de définir le
concept « filière » qui apparaît sous
plusieurs dénominations. Ces appellations viennent du fait de
l'influence de langues de ces auteurs que sont le français et l'anglais.
C'est ainsi qu'on parle par exemple de « value Chain»,
« market Chain» pour faire référence à la
notion de chaine de valeurs.
Selon Kaplinsky et Morris (2001) cité par Nakuna
(2009), la chaine de valeur de l'anglais « value Chain »
décrit une large gamme d'activités qui sont nécessaires
pour amener un produit ou un service de sa conception, en passant par les
différentes phases de production, jusqu'au consommateur final.
Pour Dugue et al. (2006), « la filière
est un moyen abstrait de se représenter les différentes
étapes suivies par un produit donné du stade de la production au
stade de la consommation, en passant par la transformation, le transport, la
commercialisation ». Ces mêmes auteurs la définissent comme
étant l'ensemble des agents économiques qui contribuent
directement à la production puis à la transformation et à
l'acheminement jusqu'au marché de réalisation d'un même
produit.
Donc, la filière est premièrement
caractérisée par un produit, deuxièmement par une suite
d'opération technique (production, récolte, transport, stockage,
manutention, transformation pour l'alimentation ou l'industrie),
troisièmement d'opérateurs (producteurs, fournisseurs d'intrants
et de crédit, collecteurs, commerçants grossistes, transporteurs,
détaillants, industriels, restaurateurs, cuisinières,
ménagères) et d'échanges du produit
(passation de marchés, arrangements, accords, contrats entre ces
différents opérateurs permettant d'échanger le produit
avec une contrepartie monétaire ou en nature (travail, avance d'aliment
pour soudure, engrais, etc.).
La filière est enfin caractérisée par un
territoire national, parfois régional, correspondant
généralement aux zones de production et de commercialisation du
produit au sein d'un pays (Dugue et al., 2006).
Dans cette étude, nous allons considérer la
filière comme une suite d'opérations par lesquelles passent le
safou, de sa zone de production jusqu'aux différents marchés de
consommation.
1.1.2. Acteurs
En économie, les individus ou les groupes d'individus
qui interviennent dans la production, l'échange, la transformation ou la
consommation de produits sont appelés agents. Certains auteurs parlent
aussi d'acteurs économiques (Duteurtre et al., 2000).
Pour Dugue et al., (2006), plusieurs
catégories d'acteurs peuvent intervenir dans une filière et y
apporter des contributions aussi différentes les unes des autres. Il
peut y avoir des acteurs directs qui sont propriétaires du produit
à un moment donné dans la chaîne, ce sont les producteurs
et les commerçants ; les acteurs indirects qui interviennent dans
le processus de production en tant que prestataires de service ou sources de
financement ; les acteurs d'appui qui fournissent les accompagnement
techniques aux opérateurs des filières en matière de
formation, de conseil, d'information..., et l'Etat
Dans le cadre de cette étude, la notion d'acteurs va se
limiter aux acteurs directs. Ces derniers sont constitués des paysans
(producteurs) qui s'occupent directement de la production, des
commerçants qui disposent du safou à chaque étape de la
chaîne de commercialisation et des consommateurs.
1.1.3. Marché
La FAO (1997) définit le marché comme
étant la demande globale d'un produit fourni à un prix
donné, en un lieu et un moment désignés et suivant des
normes et conditions spécifiques. Commercialiser veut dire promouvoir
activement la mise au point, le lancement ou la vente d'un produit. On peut
grouper les marchés en deux catégories, les marchés des
biens de consommation et les marchés industriels. Les premiers
s'adressent aux individus et ménages qui achètent les produits
pour les consommer directement. Les deuxièmes ont pour clients des
industries et des institutions qui achètent les produits bruts pour les
transformer.
De nombreux produits peuvent être vendus sur les deux
marchés à la fois, soit directement aux clients qui les
consommeront immédiatement, soit à une usine qui les transformera
en d'autres produits.
La commercialisation fournit aux producteurs des avis sur les
biens à produire et aide les industries de transformation à
mettre au point le produit. Elle renseigne les consommateurs sur la
disponibilité de ce dernier, sa quantité, sa qualité, ses
prix, les services connexes et sa distribution. Elle utilise le produit, le
prix, la promotion et les circuits de distribution comme ensemble d'instruments
qui permettent d'atteindre les marchés, de satisfaire la
clientèle et de réaliser des bénéfices.
Dans ce travail, le marché sera considéré
comme le lieu où les acheteurs et les vendeurs se rencontrent pour
échanger le safou moyennant une contre partie qui est l'argent.
1.2. CADRE THEORIQUE DE
L'ETUDE
Cette étude sur l'analyse de la chaîne de valeurs
de safou repose essentiellement sur l'approche filière. L'approche
filière utilisée dans cette étude est basée sur les
travaux de Duteurtre et al. (2000). D'après ces auteurs,
l'approche filière est une méthode d'analyse technique et
économique des circuits commerciaux. Elle permet de mieux comprendre les
stratégies des acteurs, les mécanismes de structuration des prix,
d'identifier et de caractériser les contraintes.
C'est une approche relativement récente dans
l'étude économique. Elle est apparue dans la deuxième
moitié des années 70 dans les milieux d'économie agricole.
Initialement, elle était utilisée en France pour traiter des
problèmes d'économie industrielle. Ce concept d'analyse de
filière a été transposé dans le domaine agricole,
puis aux projets d'aide aux pays en développement (Terpend, 1997).
Malassis et Ghersi (1992) notent que la filière se
rapporte non seulement aux mécanismes d'ajustement des flux des facteurs
et des produits, mais également à l'ensemble des agents qui
concourent à la formation et au transfert des produits jusqu'au
consommateur final. Le tableau 1 ci-dessous illustre les méthodes
d'analyse des filières.
Tableau 1 : Les méthodes d'analyse des
filières
Phases
|
Objectifs
|
Méthode de collecte de l'information
|
1. Délimitation de la filière
|
· Identification des acteurs et des fonctions
· Estimation des prix et des quantités
· Construction du graphe de la filière
· Construction d'une carte des flux
|
· Bibliothèque
· Enquête préliminaires (entretiens ouverts)
|
2. Typologie des acteurs
|
· Analyse des stratégies
|
· Enquête systématique auprès d'un
échantillon d'acteurs
|
3. Analyse comptable
|
· Analyse des revenus et des marges
· Répartition de la valeur ajoutée et de
l'accumulation du capital
|
· Relevés des prix sur les marchés
· Etudes des comptabilités d'acteurs
|
4. Analyse de l'organisation
|
· Compréhension des relations entre acteurs et des
règles qui régissent ces relations
|
· Histoire de vie
· Entretiens ouverts auprès des personnes
ressources
|
Source : Duteurtre et al. (2000)
L'approche globale de l'analyse des filières
proposée par Duteurtre et al. (2000) s'articule autour des
points suivants :
1. La délimitation de la filière qui consiste
à définir l'objet d'étude et à en tracer les
principaux contours ;
2. la typologie des acteurs qui a pour objectif de comprendre
les stratégies des différents types d'acteurs de la
filière ;
3. l'analyse comptable qui étudie les différents
niveaux de prix dans la filière, ainsi que les marges et les profits des
acteurs commerciaux aux différents échelons des circuits.
L'analyse comptable de la filière comprend l'étude des prix des
produits, des coûts dans la filière, des comptes des agents et des
comptes de la filière ;
4. l'analyse de l'organisation de la filière qui essaie
de comprendre les relations entre acteurs et les règles qui
régissent ces relations.
La présente étude se propose de mettre
principalement l'accent sur la délimitation et l'analyse comptable de
la filière Dacryodes edulis.
1. La délimitation de la filière
Gassu (2002) relève que la filière que l'on
souhaite étudier revient à définir le(s) produit(s)
retenu(s), à déterminer sur le plan vertical (de la production
à la consommation) et horizontal (système de production, de
commercialisation et de consommation) l'étendue de la filière et
préciser les espaces géographiques et temporels sur lesquels la
filière doit être étudiée. La délimitation de
la filière va donc nécessiter l'identification des zones de
production et des lieux où se réalise la commercialisation.
Dans cette étude, la délimitation de la
filière permet d'identifier deux zones d'études le Bas-Congo
comme zone de production et Kinshasa comme zone de commercialisation, elle
permet ensuite d'identifier les acteurs et leurs fonctions (producteurs,
vendeurs et consommateurs de safou).
2. L'analyse comptable
L'analyse comptable de la filière comprend
l'étude des prix des produits, des coûts dans la filière,
des comptes des agents et des comptes de la filière (Duteurtre et
al., 2000). Selon ces mêmes auteurs, l'étude des comptes
des acteurs permet d'aborder les niveaux de rentabilité des diverses
activités liées au savoir-faire, aux techniques utilisées
et aux niveaux de prix, mais aussi aux revenus complémentaires obtenus
dans d'autres activités que celles qui concernent la filière
étudiée.
En effet, les comptes de la filière permettent de
suggérer des voies de diminution du prix final au consommateur,
d'évaluer la distribution des revenus dans la filière et
l'importance de la valeur ajoutée au plan national. Pour cela, on
étudie la formation des prix, des coûts et des marges aux
différents niveaux de la filière. A travers cette analyse,
l'étude de la répartition des excédents aux
différents échelons de la filière permet de connaitre les
principaux lieux d'accumulation du capital et de création de
richesse.
Dans le cadre de cette étude, l'analyse comptable
s'attarde sur la détermination des coûts et des marges de
commercialisation des acteurs de la filière Dacryodes
edulis. Ces marges se calculent à partir des prix
pratiqués par chacun des acteurs et des différentes charges
implicites et explicites supportées par ceux-ci.
1.3. LA LITTÉRATURE SUR LE
SAFOU
A travers ce point, nous mettrons l'accent sur la description
de l'espèce, sa composition, son importance ainsi que son
marché.
1.3.1. Taxonomie et description de
l'espèce
La dénomination scientifique du safoutier a fait
l'objet de nombreuses controverses. Plusieurs botanistes à
différentes époques ont décrit cette espèce sous
des noms scientifiques différents. Le genre Dacryodes
appartient à la famille des Burseraceae, ordre des Geraniales.
Récemment ré-classifiés, les Burseraceae se
trouvent dans l'ordre des Sapindales, classe des dicotylédones et
sous-classe des Rosidées (Raynal-Roques, 1994 ; Spichiger et
al., 2004).
Le safou est le fruit issu du safoutier. Celui-ci serait
originaire des forêts d'Afrique tropicale et équatoriale, plus
précisément du golfe de Guinée. L'origine
forestière du safou explique sa classification parmi les produits
agroforestiers (PAF) alimentaires à l'image des produits comme le
Njansang, la Cola acuminata, la mangue sauvage, etc.
La qualification du safou comme PAF, vient du fait
qu'aujourd'hui, il n'est presque plus récolté dans les
forêts. Il a été transféré au fil du temps
dans le monde agricole par les populations qui le consomment (Schreckenberg et
al., 2002). Ainsi, faisant dorénavant partie de la vie des
populations, il a vu sa production, sa transformation et sa commercialisation
bénéficier des savoir-faire traditionnels. Le safou est donc
aussi, un produit alimentaire traditionnel au même titre que les produits
vivriers comme la banane, le gombo, le manioc, le taro, etc.
Les fruits nommés « Nsafu » en RDC, sont
des drupes oblongues ressemblant assez bien à des prunes. Selon Mayele
(2007), leurs dimensions fluctuent très fort d'une variété
à l'autre ; leur longueur varie de 4 à 5 cm et de 8 à
9 cm ; et leur largeur de 2 à 3 cm et de 4 à 5 cm. A
maturité, les fruits de la plupart des variétés virent au
violet foncé ; quelques-unes deviennent jaunes tachetées de
mauve.
1.3.2. Usages de safou
Dans l'ensemble, les recettes culinaires à base de
safou varient peu dans toute la zone géographique de cette
espèce. Les fruits mûrs du safoutier constituent les seuls organes
comestibles de la plante. Ils sont consommés après cuisson
à l'eau chaude, à la braise ; rôtis à la
poêle ou sur plaque chauffante.
Quel que soit le mode de cuisson, le safou est consommé
à tout moment. Dans la même région, l'utilisation des
feuilles, des racines et écorces dans la pharmacopée
traditionnelle est la plus répandue. On déplore cependant un
manque de documentation et une certaine réticence des vieux
dépositaires du savoir-faire dans ce domaine à communiquer les
recettes thérapeutiques et les modes d'utilisation de ces organes.
En dehors des utilisations alimentaires et médicinales,
les troncs et les branches sont utilisés comme bois de chauffe, surtout
dans les zones de savane humide des hauts plateaux de l'Ouest et dans les zones
de savanes péri forestière.
1.3.4. Composition des fruits de
safou
L'essentiel des travaux menés sur la composition
chimique de l'huile de safou et sur ses propriétés physiques
(Ucciani et Busson, 1963 ; Tchendji et al., 1981 ; Umoti et
Okyi, 1987 et Silou, 1994), sont unanimes sur les possibilités et la
rentabilité d'une exploitation industrielle de l'huile de safou. Giacomo
(1982) estime à 7 tonnes par hectare le rendement en huile et compare ce
rendement aux 3 tonnes par hectare de l'huile de palme.
Umoti et Okyi (1987), cité par Kengué (2002),
ont pu démontrer dans leurs travaux que les fruits de Dacryodes
edulis sont riches en divers éléments minéraux
(le calcium, le magnésium, le potassium et le sodium) et en acides
aminés (protéines, lysine, histidine, phénylalanine,
leucine, isoleucine, thréonine, méthionine, valine et arginine).
La richesse en protéine et en matières grasses
des safou montre que ces fruits peuvent être utilisés dans les
industries agro-alimentaires pour la production des huiles et des biscuits.
(Busson 1965 ; Mbofung et al., 2002 ; Avane et al.,
2002) ont montré dans leurs travaux que le safou présente une
potentialité dans la fabrication des produits cosmétiques et
pharmaceutiques.
1.3.5. Commercialisation de
Dacryodes edulis
Le marché, atout majeur de l'écoulement des
produits, sert de courroie de transmission entre la production et la
consommation. Il permet d'établir des échanges et liens
socio-économiques entre les campagnes productrices et les villes
consommatrices des produits agricoles et forestiers tels que Dacryodes
edulis. Le marché est donc la condition sine qua non pour tout
développement qui se veut fiable et viable. On pourrait même dire
que la vie dans notre contexte de mondialisation, se résume en terme de
vente et d'achat ; personne ne produisant tout ce qui est
nécessaire pour sa survie.
Le fonctionnement d'une filière comme celle de
Dacryodes edulis, nécessite une analyse du circuit de
commercialisation, des prix, des revenus, des contraintes et des
opportunités.
La figure 1 ci-dessous illustre les différents flux
ainsi que les principaux acteurs impliqués dans la commercialisation de
Dacryodes edulis dans notre étude. Il en ressort que,
hormis la part allouée à l'autoconsommation, les producteurs
écoulent leurs produits de deux façons. La première
étant d'établir une liaison directe avec les acheteurs de la
ville de Kinshasa (commerçants et consommateurs). A ce stade, deux cas
sont possibles: soit les acheteurs se rendent eux-mêmes dans les villages
à la recherche du produit, soit les producteurs apportent leur
marchandise à Kinshasa. Le deuxième cas consiste pour les
consommateurs et/ou les entreprises jouant le rôle de structure de
liaison entre les zones de production et celles de grande consommation comme la
ville de Kinshasa.
Les grossistes opèrent de deux façons, ils
vendent leurs produits, soit aux détaillants, soit directement aux
consommateurs. Pour ce qui est de détaillants, ils sont
généralement des commerçants assez clairement
recensés dans les marchés. Ils vendent généralement
plus d'un produit ce qui explique leur stabilité. Les détaillants
stables, suivent le cycle saisonnier des cultures fruitières car ils
sont dans la plus part de cas spécialisés dans le commerce de
fruit. S'ils ne vendent pas le safou, ils vendent les oranges, les avocats, ou
tout autre fruit.
Marché
Don
Autoconsommation
Marché local
Kinshasa
Consommateurs
Grossistes
Détaillants stables
Détaillants ambulants
Grossistes
Consommateurs
PRODUCTEUR
Figure 1. Circuit de commercialisation de Dacryodes
edulis
Ce chapitre a porté sur la clarification conceptuelle,
au cadre théorique ainsi qu'à la revue de la littérature.
Nous aimerions ainsi aborder dans le chapitre suivant la méthodologie
que nous avons suivie dans cette recherche.
CHAPITRE 2 : APPROCHE
METHODOLOGIQUE
Ce second chapitre se focalise successivement sur le choix et
la description de la zone d'étude, les outils utilisés pour mener
cette recherche, les données et leurs sources, la
pré-enquête, l'enquête proprement dite, la population de
l'étude et l'échantillonnage, et en fin les limites de
l'étude.
2.1. CHOIX ET DESCRIPTION DE LA
ZONE D'ETUDE
Bien que le safou soit produit sur toute l'étendue du
territoire national, les données sur lesquelles la présente
étude est basée ont été collectées dans deux
provinces de la République Démocratique du Congo, à
savoir : la province du Bas-Congo et la ville province de Kinshasa. Etant
donné que nous avons mené une étude de filière,
celle-ci couvre trois groupes d'acteurs situés à trois principaux
niveaux de la chaine à savoir : Les producteurs (au Bas-Congo), les
commerçants (au Bas-Congo et à Kinshasa) et les consommateurs (au
Bas-Congo et à Kinshasa). Les figures 2 et 3 ci-dessous
présentent les sites de l'étude.
2.1.1.
La province du Bas-Congo
Située entre 4° et 6° de latitude Sud et
12° et 16° de longitude Est, la province du Bas-Congo est
limitée au Nord par la République du Congo, au Sud par l'Angola,
à l'Est par la ville province de Kinshasa et à l'Ouest par
l'océan Atlantique et l'enclave de Cabinda. Sa superficie est de 53.920
km², soit 2,3 % de la superficie de la République
Démocratique du Congo. C'est la plus petite province du pays
après la ville de Kinshasa. La figure 2 ci-dessous présente la
province du Bas-Congo administrativement.
Figure 2. Carte administrative de la province du
Bas-Congo
Administrativement, la province du Bas-Congo est
subdivisée en trois districts (Lukaya, Cataractes et Bas-Fleuve) et deux
villes (Boma et Matadi). Elle comprend 10 territoires ruraux et 55 secteurs.
Son chef lieu est Matadi.
2.1.1.1. Cadre physique (PNUD, 1998)
Le climat du Bas-Congo est du type tropical soudanais avec 4
mois de saison sèche et une saison de pluie intercalée par une
petite saison sèche entre janvier et février.
Le climat du Bas fleuve (hinterland côtier) est du type
steppique avec une irrégularité très élevée
des précipitations, tandis que celui des Cataractes et de Lukaya est de
type AW4 (4 mois de saison sèche). La température moyenne oscille
autour de 25°C (PNUD, 1998).
Tableau 2. Pluviométrie du Bas-Congo de
1998-2009
Année
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Pluviométrie (mm)
|
1643,3
|
1467,9
|
1341,7
|
1268,9
|
1014,4
|
1100,9
|
999,8
|
1075,3
|
1358,1
|
1185,8
|
850,3
|
1161,0
|
Source : station climatologique de l'INERA/LUKI
Depuis l'an 2001 jusqu'à nos jours, la
pluviométrie n'atteint pas 1200 mm, excepté en 2006. Pourtant, il
y a quelques décennies la pluviométrie variait entre 1800 mm et
1500 mm l'an. Ceci est sans doute une preuve du changement climatique dû
essentiellement à la déforestation très avancée
dans cette province.
A l'exception du Nord-Mayombe qui est drainé par le
shiloango, le Bas-Congo fait partie de l'immense bassin du fleuve Congo.
La végétation du Bas-Congo comprend trois types
de formations naturelles distinctes : l'hinterland côtier
caractérisé par une végétation de mangrove, le
district du Bas-Fleuve est recouvert par la forêt sur son étendue
alors que les districts des Cataractes et de la Lukaya lesquels, malgré
une forte pluviosité, correspondent à une région de savane
entrecoupée par les lambeaux de forêt.
Pauwels (1993) souligne que les sols du Bas-Congo sont
répartis selon quatre types à savoir :
- les sols sablonneux du type ferrasols : Boma, zone
accidenté bordant le fleuve jusqu'à Matadi. Sols médiocres
non propices à l'agriculture, mais plutôt à
l'élevage ;
- les sols argilo-sablonneux et argileux du type ferrasols
sur roche basique (Lukula, Tshela, Nord et Ouest de Sekebanza). Sol propice aux
cultures pérennes voire vivrières ;
- les sols argilo-sablonneux (Sud de Sekebanza, Sud-ouest de
Luozi, Mbanza-Ngungu, Madimba (vallée d'Inkisi). Sols fertiles et
indiqués pour les cultures vivrières ;
- les sols sablo-argileux avec taches argilo sablonneuses
(Nord-est de Luozi, Nord-ouest Mbanza-Ngungu et dans le district de la
Lukaya). Sols fragiles et faiblement fertiles.
L'hydrographie au Bas-Congo est dominée par le fleuve
Congo qui traverse la province et qui draine les eaux de plusieurs affluents.
Le Bas-Congo est une province à haut relief, renfermant entre Kinshasa
et Boma les monts de cristal de Bangu.
2.1.1.2. Cadre humain de la province du Bas-Congo
La population du Bas-Congo est estimée à
2.977.320 habitants soit 6,4 % de la population du pays. Elle compte 1.518.433
de femmes et 1.458.887 d'hommes. Sa population agricole est de 2.160.046 soit
72,5 % de la population totale. Le nombre de ménages agricoles est
estimé à 423.538. La pyramide d'âge est très
écrasée dont 59 % de la population a moins de 20 ans
d'âge, tandis que moins de 6 % de la population dépasse les 50 ans
(Ministère du Plan, 2005).
En ce qui concerne la productivité, le groupe le plus
productif situé entre 20 et 49 ans constitue 33 % de la population
totale du Bas-Congo. La densité démographique est relativement
élevée en comparaison avec celles des autres provinces du pays.
Elle est inégalement répartie entre les districts. Si la Lukaya a
une densité démographique estimée à 39 habitants
par Km², le territoire de Moanda a une densité démographique
estimée à 42 habitants par Km² et aux Cataractes la
densité démographique s'évalue à 52 habitants par
Km².
Sur le plan ethnographique, la province du Bas-Congo est
caractérisée par l'homogénéité ethnique
Kongo qui se répartit néanmoins en plusieurs groupes
possédant chacun certaines particularités (Ministère du
Plan, 2005).
Il existe au Bas-Congo quatre groupes
prépondérants que sont les Mayombe dans le Bas-Fleuve, les
Manianga et les Bandibu aux Cataractes ainsi que les Bantandu dans la Lukaya.
19 autres petits groupes ethniques tournent autour de ces 4 grands groupes
ethniques. Dans la structure sociale, les relations familiales de Bakongo
appartiennent à deux sphères différentes mais
étroitement associées :
- Le groupe paternel (Kitata), est un système de
filiation dans lequel chacun relève du lignage de son
père ;
- La matrilinéaire (Kingudi), est un système de
filiation dans lequel chacun relève du lignage de sa mère. Cela
signifie que la transmission, par héritage, de la
propriété, des noms de famille et titres passe par le lignage
féminin (Ministère du Plan, 2005).
Les Bakongo sont organisés en clans. Les clans de Base
sont NSAKU, MPANZU et NZINGA. Ces trois clans représentent la religion,
la science et la politique dans l'ancien Royaume du Kongo (Ministère du
Plan, 2005). La société Kongo est sédentaire et
très dynamique. Elle dispose des valeurs positives indéniables
telles que l'organisation, le sens de responsabilité, l'esprit de
travail, l'honnêteté, l'accueil, le pouvoir d'adaptation, la
gestion des biens communautaires.
2.1.2. La ville province de
Kinshasa
Capitale administrative de la République
Démocratique du Congo, la ville de Kinshasa est localisée entre 4
et 5° de latitude Sud et 15 et 16° 3' de longitude Est. Elle a pour
limites géographiques : la province du Bandundu au Nord-est, la
province du Bas-Congo au Sud, la République du Congo à l'Ouest.
Elle s'étend sur une superficie totale de 9.965 km²
(Ministère du plan 2005, De Saint Moulin 2005). Elle est
administrativement subdivisée en quatre districts et 24 communes.
Fig.3. Carte de la ville province de Kinshasa (De Saint
Moulin, 2005).
2.1.2.1. Cadre physique
Le climat de la province de Kinshasa est du type AW4 suivant
la classification de Koppen. C'est un climat tropical humide soudanéen
avec deux saisons, une saison sèche s'étendant sur quatre mois et
une saison des pluies de huit mois.
Le réseau hydrographique est composé de
rivières de diverses dimensions qui prennent sources principalement dans
les collines et coulent du sud vers le nord, baignent la plaine et se jettent
dans le fleuve Congo, notamment au niveau de pool Malebo (Ndembo, 2000).
Selon Crabbe (1980), les caractéristiques des sols de
la ville province de Kinshasa sont fonction de la structure
géomorphologique de l'endroit où l'on se trouve. De
manière générale, les sols de Kinshasa sont
constitués des sables fins (50 à 60%) avec des faibles teneurs en
argile (20%). Ce sont des hydro-xero-arenoferrals caractérisés
par la pauvreté minérale des horizons superficiels et une faible
teneur en matière organique.
Dans la subdivision phytogéographique de l'Afrique
tropicale la ville province de Kinshasa se situe dans la région
Guinéo-congolaise, domaine congolais, secteur du Bas-Congo (Pauwels,
1993; Lubini, 1997).
La végétation de la province de Kinshasa est
essentiellement faite de savanes, parsemées d'arbustes et des galeries
forestières. Suite à la pression urbanistique, elle se trouve
actuellement localisée dans la région des collines et sur le
plateau du Kwango (Lubini et al., 1997).
La plaine fluviale : sur cette plaine coexistent la savane
dégradée et la forêt inondée à
Cyperus papyrus. La végétation herbacée
est représentée par le Cyperus papyrus
sp., Nymphaea sp., Pennisetum sp.,
Hyparrhenia diplandra, Panicum maximum et
Loudetia simplex. La végétation arborée
est dominée par Manilkara sp., Berlinia
sp., Milletia drastica, Hymenocardia
acida et Anthocleista liebrechtsiana (Lebrun &
Gilbert, 1954; Pauwels, 1993).
Sur les collines subsistent des lambeaux forestiers, des
galeries et des jachères forestières. La strate herbacée
est dominée par Hyparrhenia sp. et Pennisetum
sp. alors que la strate arborée comprend le Milletia
laurentii, Xylopia sp., Marquesia
sp. et Erythrophleum sp (Compère, 1970). Sur
les plateaux, on trouve des savanes arbustives et les jachères
forestières. La végétation comprend Loudetia
arundiacea, Trachypogon tholonii,
Andropogon schirensis, Hyparrhenia
diplandra et Dialium sp. La végétation
arborée est dominée par Hymenocardia acida,
Faurea saligna, Milletia laurentii et
Albizzia sp. (Germain, 1965; Evrard, 1968; FAO, 1998).
2.1.2.2. Cadre humain de la ville province de
Kinshasa
Selon la Division urbaine de l'intérieur (Hôtel
de ville de Kinshasa) cité par Lelo (2008), la population de Kinshasa
est estimée à 5.260.000 habitants. En termes de projection
démographique, Kinshasa pourra s'insérer parmi les 30 plus
grosses agglomérations mondiales en 2015 avec une population avoisinant
12 millions d'habitants. Elle occupera le 28ème rang
après Paris.
A ces jours, la population de Kinshasa dépasse les huit
millions d'habitants avec une densité de plus de 800 habitants au
km². La population de Kinshasa est à 97,9% congolaise, les
ressortissants des pays limitrophes de la RDC représentent 1,5% de la
population, ceux des autres pays africains 0,5 % et ceux venant d'autres
continents avoisinent 0,1%. Cette population est surtout concentrée dans
la partie Est de la ville, c'est-à-dire le district de Tshangu, qui
comporte cinq communes (Kimbanseke, Masina, Maluku, N'djili et N'sele) avec une
population estimée à plus de 30,30 % et également la plus
pauvre de la ville.
2.2. OUTILS UTILISES POUR CETTE
ETUDE
En vue de bien mener nos investigations sur terrain, les
outils suivants ont été utilisés : Trois
questionnaires d'enquête ; Une calculatrice ; Des fournitures
de bureau ; Des Stylo, Des crayons, Un agrafeuse ; Des Papiers A4 et
un bloc note.
2.3. LES DONNEES COLLECTEES ET
LEURS SOURCES
Les données de cette étude ont été
recueillit à partir de deux sources. Il s'agit des sources secondaires
et primaires.
1) Les sources secondaires
Les sources secondaires (documentaires) qui ont
été consultées pour la réalisation de cette
étude sont constituées des bibliothèques physiques de
l'Université de Kinshasa, de l'ICRAF et la bibliothèque virtuelle
de la FAO. L'obtention des données a également été
faite à partir des informations disponibles en ligne sur INTERNET. Ces
sources secondaires nous ont permis d'avoir des données portant sur :
- la crise économique et ses conséquences dans
les exploitations agricoles, les orientations de la recherche sur les
PFNL ;
- les études sur la commercialisation des PFNL en
général et du safou en particulière, son importance, les
principaux acteurs qui y sont impliqués et la description de la zone
d'étude. Ces données ont aidé à la rédaction
du cadre théorique dans lequel cette étude s'insère, la
problématique qui la sous-tend et la revue de la littérature ;
- l'approche filière, qui a aidé à la
rédaction du cadre théorique de l'étude.
Ces données secondaires ont permis de poser les jalons
pour bien circonscrire cette étude de la filière
Dacryodes edulis, mais ont été
complétées par des données issues des sources
primaires.
2) Les sources primaires
La littérature ne nous fournissant pas toutes les
informations nécessaires à la résolution de notre
problème, nous avons eu recours à la collecte des données
primaires auprès des producteurs, commerçants et consommateurs de
safou dans la province de Bas-Congo et la ville province de Kinshasa.
Les sources primaires qui ont aidé à
réaliser la présente étude sont les enquêtes. En
fonction de la catégorisation d'acteurs (producteurs, commerçants
et consommateurs), trois types de questionnaires sélectifs par
catégorie d'acteurs ont été élaborés. D'une
manière générale, le but de ces différents
questionnaires était de :
- Ressortir les facteurs humains (contexte social,
capacité et potentiel humains, l'emploi, le genre), les facteurs
financiers et économiques (les coûts, les prix, les marges, le
circuit commercial), les facteurs techniques etc. ;
- Cerner les forces et les faiblesses dans la chaîne de
valeurs du safou ;
- Tester dans quelle mesure la connaissance de tous ces
facteurs peut aider à la mise en place des filières durables et
profitables dans les zones d'étude.
D'une manière un peu plus explicite, le questionnaire
pour les producteurs a été conçu pour relever les
éléments suivants :
- Le profil du producteur ;
- Les activités de la production des PAF ;
- Les moyens d'exploitation ;
- Les aspects de qualité ;
- La formation de prix ;
- La détermination du prix de revient ;
- Les contraintes et opportunités liés à
cette activité.
Du côté des commerçants, le questionnaire
y relatif a recherché les éléments suivants :
- Le profil du commerçant ;
- Les lieux d'approvisionnement en produits ;
- Les moyens de transport des produits ;
- Les aspects de qualité ;
- La formation de prix ;
- La détermination du prix de revient ;
- Les contraintes et opportunités.
Quant aux consommateurs, le questionnaire leur
administré a recherché les éléments suivants
:
- Le profil des consommateurs ;
- Les lieux d'approvisionnement en safou ;
- Les facteurs de qualité qui déterminent leur
choix ;
- La détermination du coût du safou dans les
dépenses alimentaires des ménages.
Les questionnaires étaient rédigés en
français mais les langues utilisées pour leur administration des
questionnaires étaient le «lingala», le «kikongo» et
le «français». L'utilisation des langues vernaculaire, dans
les marchés et surtout dans les villages ont facilité les
échanges, car la majorité des enquêtés ne
comprenaient pas le français ou avaient du mal à s'exprimer en
cette langue. Cette manière de procéder a contribué
à mettre les enquêtés en confiance.
2.4. LA PRE-ENQUETE
Avant d'organiser l'enquête proprement dite nous avons
procédé par une pré-enquête qui consistait à
la localisation et l'identification des sites de production et de vente de
Dacryodes edulis ; des ménages intermédiaires qui
interviennent dans ladite filière au niveau du Bas-Congo et à
Kinshasa.
Les questionnaires destinés aux commerçants et
consommateurs ont été testé respectivement aux divers
marchés de la ville province de Kinshasa et avant d'être
administrés. Ce test nous a permis de reformuler les questions mal
comprises par les répondants et de compléter les questions
manquantes. Le questionnaire destiné aux paysans producteurs a
été testé à Mbanza-Ngungu.
2.5. L'ENQUETE PROPREMENT DITE
Nous avons eu recourt à la méthode de sondage
par choix raisonné car, celle-ci permet de mener une étude sur
une partie de la population qui a les mêmes caractéristiques ou
qui exerce les mêmes activités. Le résultat obtenu peut
être extrapolé sur l'ensemble de la population (GRAWITZ, 2001).
Cette méthode s'applique à plusieurs domaines que l'on peut
distinguer d'après :
- l'objet de l'étude : étude de
consommation, d'opinion, audience de supports publicitaires ;
- l'unité statistique observée : le
producteur, le commerçant et le consommateur ;
- la technique d'échantillonnage :
aléatoire ou empirique ;
- la méthode d'observation utilisée :
observation directe ou indirecte ;
- le caractère occasionnel ou permanent de
l'étude.
La stratégie opérationnelle de collecte a
consisté à commencer l'étude auprès des
producteurs, afin de remonter la chaîne car, c'est auprès de ces
derniers qu'il a été possible d'identifier d'autres
interlocuteurs. Les producteurs nous ont donc aidés à identifier
les autres maillons concernés par la filière Dacryodes
edulis.
2.6. POPULATION DE L'ETUDE ET
ECHANTILLONNAGE
2.6.1. Population de
l'étude
La population de cette étude est constituée de
tous les acteurs directs (producteurs, commerçants et consommateurs) qui
s'occupent de la production, la commercialisation et la consommation du safou.
Pour conduire la présente étude, nous avons pu cibler des
producteurs dans les zones de production (mentionnées dans la
présentation de la zone d'étude). De l'amont en aval, les
commerçants engagés dans l'approvisionnement et la distribution
ont également constitué l'un des cibles de cette étude.
Ainsi nous avons interrogé :
- les paysans producteurs des localités rurales du
Bas-Congo;
- les commerçants qui assurent la collecte des produits
dans et aux alentours des villages de production ainsi que les grossistes et
les détaillants des marchés urbains qui sont
spécialisés dans la vente en gros ou en détail ;
- des ménages consommateurs du safou dans la ville
province de Kinshasa.
2.6.2. Echantillonnage
L'échantillonnage vient de l'échantillonner. Et
échantillonner, c'est choisir un nombre limité d'individus ou
d'évènements dont l'observation permet de tirer des conclusions
appréciables à la population entière à
l'intérieur de laquelle le choix a été fait.
En principe, la taille de l'échantillon de notre
étude devrait être déterminée par la loi de
Bernoulli. Si on considère les strates, Mbanza-Ngungu, Kimpese et
Kinshasa et les axes évoqués ci-dessus et si l'on se
réfère à la loi précitée, la taille de
l'échantillon de notre étude sur chaque axe dépasserait
1000 unités, ceci rendrait l'étude onéreuse et
fastidieuse.
Tableau 3. Axes de base de l'étude après
diagnostic
Filière
|
Axe (organisation Relai)
|
Association des producteurs
|
Safou
|
Kimpese-Luozi (CRAFOD)
|
- AVOPAC ; APDRI
|
Kimpese-Kassi
|
- JTFDR ;
|
Kimpese-Nkolo
|
- CLD/Nkolo ; UPK ; ADER
|
Pour pallier à cette difficulté, trois types
d'échantillonnages ont été réalisés. Il y a
l'échantillonnage des axes, des associations pour les producteurs et
celui des commerçants et consommateurs de safou. Comme le Bas-Congo est
reparti en zones urbaines et rurales, le choix des sites a été
fonction de la présence d'une association des producteurs des PAF sur
les axes retenus pour la présente étude.
En ce qui concerne les producteurs de Dacryodes edulis
dans le Bas-Congo, 3 associations ont été choisies par axe
et 7 producteurs par association, ce qui donne : 63 producteurs
enquêtés.
Donc, pour notre étude les sites urbains concernent les
villes de Mbanza-Ngungu, Kimpese dans le district de cataractes et Kisantu dans
le district de Lukaya tandis que les sites ruraux regroupent certains villages
de l'axe Mbanza-Ngungu-Gombe Matadi ; l'axe Inkisi- Mbanza-Ngungu, l'axe
Kisantu-Mayidi et l'axe Mbanza-Ngungu-Kimpese.
En ce qui concerne la commercialisation, étant
donné qu'il n'y avait pas de commerçants stables dans divers
marchés de transit du produit, tout commerçant rencontré
et qui a accepté de coopérer a été
interrogé. Nous avons interrogé 105 commerçants. Quant
à la consommation du safou, nous avons interrogé 75
consommateurs.
2.6.3. Traitement et
méthodes d'analyse des données
Les données collectées ont été
dépouillées manuellement. Elles ont ensuite été
classées en données quantitatives et qualitatives. Les
données qualitatives ont ensuite été codifiées et
introduites dans le logiciel SPSS à l'aide d'un masque de saisie. Les
données quantitatives ont été introduites dans le tableur
EXCEL. Puis ensuite exportées vers SPSS pour analyse. Nous avons recouru
à l'analyse statistique et socio-économique par estimation de
quelques ratios. Les marges brutes et les marges nettes sont utilisées
dans la présente étude comme des indicateurs de
rentabilité.
Pour donner un sens économique à ces marges,
nous avons calculé ce qu'elles représentent par rapport au prix
d'achat et au prix de vente. Les marges des producteurs et celles des
commerçants ont été calculées de la manière
suivante :
A) Marge brute et nette
Chez les commerçants les différents ratios ont
été calculés de la manière suivante : MB =
[PV- (PA+frais d'achat)], avec MB = marge brute ; PV = Prix de Vente, PA =
Prix d'Achat. Ou encore MB = RT-CT où MB= marge brute ; R=revenu et
CT= charge totale. Il sied de signaler que PA+frais d'achat = Coûts
d'Achat (CA)
Tandis que, chez les producteurs : la Marge
Brute (MB) = PV-PR. Or PR = CP+CD. Cela implique que MB=
PV- [CP+CD], avec PR : Prix de Revient ; CP : Coût de
production et CD : Coût de Distribution.
Marge Brute (MB) = PV- PR Avec : MB = Marge brute ;
PV = Prix de Vente, PR = Prix de Revient.
Marge Nette (MN) = MB - T, avec MB= Marge Brute et T=
taxe
PR = CP+CD avec PR : Prix de Revient ; CP :
Coût de production et CD : Coût de Distribution.
B) Prix de revient (PR) chez les commerçants
PR = CA+CD avec PR : Prix de Revient ; CA :
Coût d'Achat et CD : Coût de Distribution.
C) Taux de Rentabilité
R= Taux de Rentabilité économique; MN = Marge
Nette ; et PR= Prix de Revient
2.7. LIMITE DE L'ETUDE
La principale limite de l'étude est que les
données obtenues font appel à la mémoire des
enquêtés. Cette étude se base sur les déclarations
des enquêtés pourtant ces derniers ne tiennent pas une
comptabilité stricte. Ce qui pourrait expliquer la trop grande
variabilité dans les réponses, les informations obtenues peuvent
avoir été surestimées ou sous-estimées. Les
données sur la production ont été collectées
à une période légèrement recalée à la
période de récolte.
Une autre limite de cette étude est imputable au
caractère particulièrement hostile des commerçants. Ils
nous tenaient pour responsables de collecte de taxes. Le temps imparti à
cette étude et la période à laquelle elle s'est
déroulée ne nous ont pas permis de suivre pendant un temps
précis, un échantillon d'acteurs ; de manière à
confronter les résultats de cette phase et ceux qui proviendraient du
suivi.
En dépit de ces limites, les données ainsi
collectées dans cette étude ont fourni une base de données
fiable pour cette filière. Les résultats obtenus seront
présentés et discutés dans le chapitre 3.
CHAPITRE 3 : PRESENTATION,
ANALYSE ET DISCUSSION DES RESULTATS
Les résultats que nous présentons dans cette
partie viennent de l'étude menée auprès de : 63
producteurs de safou, repartis sur trois axes différents en partant de
Kimpese, considéré comme centre névralgique pour la
filière safou dans le Bas-Congo, il s'agissait des axes
Kassi-kolofuma, Kilueka et Lukala ; 105 commerçants de safou dans la
province du Bas-Congo(1) et la ville province de Kinshasa(2), (Soit 55
commerçants pour le site (1) et 50 commerçants pour le site
(2)) ; 75 consommateurs du safou (dont....dans le Bas-Congo et.... dans la
ville province de Kinshasa).
En termes de lieux de collecte des données proprement
dites, au Bas-Congo neuf endroits ont été retenus sur base de la
place qu'ils occupent dans la production de ce produit agroforestier. A
Kinshasa, l'enquête a été effectuée dans
différents marchés, parking et dépôt où sont
vendues les grandes quantités de safou. Cette enquête s'est
déroulée du 29 janvier au 23 février 2011.
3.1. DESCRIPTION DE LA CHAINE DE
VALEURS DU SAFOU AU NIVEAU DE LA PRODUCTION
3.1.1. Profil des producteurs
La production de safou est une activité
réalisée plus par les hommes (84%) que les femmes. C'est surtout
des personnes ayant dépassé la cinquantaine d'âge, suivies
de celles de la tranche de trente à cinquante ans d'âge qui s'y
intéressent.
A regarder leurs niveaux d'instruction, aucun d'entre eux, du
moins ceux qui ont été interrogés, n'a atteint le niveau
supérieur d'instruction. Plus de la moitié soit 53,2% ont
effectué les études secondaires, 33,9% ont juste le niveau
primaire et les autres n'ont pas d'éducation formelle.
Ces conditions ne les empêchent pas d'assumer des
responsabilités familiales, car la majorité des producteurs de
safou (74,2%) sont des chefs de ménage et ayant en moyenne quatre
à sept personnes à leur charge.
3.1.2. Organisation de la
production
Le safoutier est l'un des arbres dont la domestication
connaît un grand succès en milieu rural comme en milieu urbain. En
milieu rural, il est souvent planté dans les jardins de cases ou
directement en champs. Dans le premier cas, il procure un double avantage aux
planteurs : l'ombrage pendant les jours très ensoleillés et
les fruits qui restent avant tout le principal objectif de cette culture.
Dans les environs de Kimpese où cette étude a
été effectuée, plus de la moitié des producteurs
(53%) pratiquent cette culture près des habitations. Pour ceux qui la
font aux champs, la distance à parcourir peut atteindre les six
kilomètres.
La plupart des producteurs (96,8%) ont mis en place
eux-mêmes leurs plantations en procédant par des semis direct des
grains sélectionnés. Très rarement ils passent par les
pépinières et la transplantation. En termes de nombre de pieds
d'arbres, le record est tenu par 12,9% des producteurs, ceux-ci ont mis
déjà sur pied au moins cinquante arbres. Mais la grande tranche
des producteurs représentant 54,8% de l'échantillon a dans son
actif dix à trente arbres de safoutier. De tous ces arbres
plantés, la moyenne d'arbres déjà en production est de
trente arbres par producteur.
3.1.2.1. La récolte des fruits
La récolte des safou est une étape aussi
importante que, les producteurs devraient y apporter une touche
particulière. Elle influence souvent la qualité des fruits et par
conséquent, le prix de vente. La récolte des safou se fait
à la main libre pour les arbres dont la hauteur n'est pas importante, ou
alors, à l'aide d'un bâton après avoir grimpé sur
une branche de l'arbre. Même si ces deux méthodes ont
semblé être les seules possibilités à être
utilisées, les producteurs ne sont pas restés indifférents
lorsqu'il fallait réfléchir sur leurs désavantages. Il y a
eu heureusement six producteurs sur dix conscients du risque
d'altération de la qualité des fruits en utilisant un bâton
pour la cueillette. Les risques inhérents se rapportent à des
blessures des fruits mais aussi à la récolte des fruits non
mûrs.
Même si les pertes lors de la récolte sont
difficiles à quantifier, les productions obtenues au cours de
l'année 2009 ont étés satisfaisantes pour les producteurs.
Les rendements les plus élevés ont été
réalisés par très peu des producteurs (9,7%). Ceux-ci ont
pu récolter plus de vingt cinq caisses de 25 kg en moyenne par
récolte (le nombre de récoltes pour le safou varie souvent entre
trois et quatre par saison et par arbre dans cette région du Bas-Congo).
Les producteurs qui ont franchi la barre de dix caisses jusqu'au maximum vingt
cinq caisses ont été les plus nombreux, soit 45,1%. Ces deux
groupes réunis font un peu plus de la moitié de
l'échantillon des producteurs.
De cette production, la part réservée à
l'autoconsommation, y compris les dons, ne dépasse pas souvent les 15%
du rendement total. La plus grande part est orientée vers le
marché pour accroître le revenu.
3.1.2.2. Qualité des fruits
Il y a deux critères essentiels qui guident les
producteurs dans l'appréciation de la qualité de safou. D'abord
il y a le critère organoleptique, objectivement vérifiable par le
bon goût beurré, pour les safou de meilleure qualité. Par
contre, lorsque le goût tend vers un goût aigre, les fruits sont
moins appréciés et dits de mauvaise qualité. Ensuite, le
deuxième critère repose sur le calibre des fruits, sachant que
les petits fruits ne sont pas souvent appréciables. Le résultat
de cette auto-appréciation de la qualité des fruits par les
producteurs du Bas-Congo indique un grand degré de satisfaction, 91,9%
d'entre-eux sont satisfait de la qualité de leurs fruits. En revanche,
pour les producteurs, la principale piste de solution proposée pour
avoir les fruits de bonne qualité reste la sélection des
matériels de reproduction qui tient compte des ces deux critères
essentiels.
3.1.3. Commercialisation
3.1.3.1. Moyens de transport
Un des facteurs qui rend difficile la commercialisation des
safou est le manque de maîtrise des méthodes de conservation. Une
fois récoltés, les fruits de safou doivent de ce fait, être
consommés le plus rapidement possible, par exemple dans les quarante
huit heures qui suivent.
Malgré le degré de risque de
périssabilité que présente ce produit, un grand nombre des
producteurs du Bas-Congo (56,5%) préfèrent vendre leur safou aux
marchés urbains (ceux de Boma, Matadi et Kinshasa) ou aux marchés
de collecte les plus proches (marché de Kimpese). L'autre fraction est
composée de ceux qui peuvent vendre localement auprès des
commerçants ou des simples passants. La figure 1 a illustrée les
différents circuits de commercialisation de safou dans la zone
d'étude.
Lorsqu'il faut vendre au marché, les fruits sont
transportés par véhicule. Et pendant le transport, la
difficulté récurrente rencontrée par les
producteurs-vendeurs est dans la plupart des temps le problème de
pourriture des fruits. Le mauvais état des véhicules et des
routes occasionnent souvent des retards avant d'atteindre les marchés.
Les producteurs qui sont situés près de marché de collecte
transportent les caisses à pied, dans 61,3% des cas.
3.1.3.2. Conditionnement et prix de vente
Le conditionnement des fruits est fait souvent dans des
caisses en bois de 40 cm sur 30 cm environ, préparés de
manière à éviter un excès de chaleur interne par
les espacements des bois. Certains encore préfèrent
réemployer les filets d'emballage d'oignon de 25 kg. Quelques fois les
paniers peuvent être utilisés pour le conditionnement des
safou.
Ces trois types d'emballages représentent aussi les
unités de vente en gros. Mais dans tous les cas, les caisses sont
préférées aux deux autres types d'emballages. D'abord
à cause de la bonne aération qu'elles procurent, mais aussi pour
la rigidité, qui empêche toutes pressions sur les fruits
très fragiles par ailleurs. Ce risque est bien connu de tous les
producteurs.
La fixation de prix de safou, contrairement à d'autres
denrées alimentaires locales, est laissée à l'avantage des
producteurs. La majorité des producteurs (77,4%) en ont porté
témoignage. Mais il faut reconnaître que le prix réel
auquel le producteur vend sa production est obtenu après marchandage et
une fois de plus les facteurs déterminants de cette négociation
sont, le goût et le calibre des fruits. Sans oublier que le niveau de
l'offre globale de safou sur le marché joue également sur le prix
selon qu'il crée l'abondance ou la rareté.
Tableau 4. Prix et coût moyen de safou en
2010
Nature
|
Montant en FC
|
Prix bas moyen
|
22548,4
|
Prix élevé moyen
|
27451,6
|
Ecart
|
4903,2
|
Coût moyen de transport produit
|
2.354
|
Coût moyen de transport personne
|
4.350
|
Le tableau 4 renseigne que, en 2010, le prix le plus
élevé de la vente d'une caisse de safou était en moyenne
de 27451,6 FC (Maximum = 36000 FC et Minimum = 8000 FC). La dispersion des
prix autour de la moyenne semble être homogène entre les
producteurs dans des zones de production (CV = 24,2%).
Pour cette même période, le prix le plus bas de
la vente d'une caisse de safou était en moyenne de 22548,4 FC
(Maximum = 6000 FC et Minimum = 33000 FC). La dispersion des prix autour
de la moyenne semble être homogène entre les producteurs dans des
zones de production (CV = 26,8%).
Dans la structure des coûts, du moins de la
récolte à la vente, le coût de transport prend à lui
seul l'essentiel (70%) de tous les coûts possibles. Le coût de
transport moyen par unité transportée a été
d'environ 2.354 FC, le transport de l'individu (en dehors des produits) a
varié autour de 4.350FC.
Sur base de cette réalité, et considérant
que le rendement moyen de chaque producteur est de trente caisses, le profit
des producteurs-vendeurs serait intéressant en période
d'abondance aussi bien qu'en période de pénurie. L'estimation des
coûts de transport représente dans ce cas plus ou moins 30% du
prix de vente total en temps d'abondance et environ 10% en temps de
pénurie.
3.1.3.3. Système d'information des
marchés
Les producteurs de safou obtiennent l'information sur le prix
de vente des produits au marché par différents moyens (voir
figure 4). Certains de ces moyens fonctionnent depuis très longtemps,
mais l'important est de savoir ici si cette information leur parvienne en temps
réel et de manière régulière. C'est là un
autre point d'attention de l'ICRAF dans ce projet qui vise à
améliorer efficacement ce système d'information sur le
marché.
Figure 4. Différents moyens utilisé par les
producteurs pour avoir de l'information sur le prix de safou
La radio communautaire de Bangu installée à
Kimpese représente le moyen le plus usuel dans la diffusion de
l'information de prix des produits. Cependant les producteurs qui ne peuvent
accéder à l'information par ce canal, l'obtiennent par les moyens
des autres commerçants venants du marché ; aussi quelque
fois les producteurs peuvent aller chercher l'information au marché de
Kimpese ; ou encore directement par téléphone.
Le téléphone vient en dernière place non
pas parce qu'il est moins efficace mais surement à cause des frais
qu'occasionnent la communication ainsi que le problème d'énergie
pour le charge ; car 71% des producteurs disposent de cet outil de
communication mais ne l'utilise pas souvent à ce fin.
L'information sur le prix de vente reste avant tout la
première préoccupation des producteurs pendant la récolte.
Le coût de l'information pendant cette période pouvait facilement
atteindre 1000 FC par jour pour rechercher cette information.
3.1.4. Formation du revenu des
producteurs
De nombreuses études ont prouvé qu'en milieu
rural africain, il est rare que les producteurs vivent des revenus provenant
d'une seule activité. Le revenu global est donc souvent la
résultante de plusieurs petits revenus des activités
différentes, voire même de plusieurs contribuables.
Dans la région de Kimpese et environs, les producteurs
de safou n'échappent pas à cette réalité, 95,2%
d'entres-eux ont comme première source de revenu l'agriculture. La
figure 5 révèle la contribution du revenu de la vente du safou
dans le revenu global des producteurs.
Figure 5. Contribution de revenu safou dans le revenu global
des producteurs
La figure 5 ci-dessus nous renseigne que les revenus
provenant de la vente de safou contribuent jusqu'à 7/10 dans la
formation du revenu global des ménages des producteurs. Mais pour
nombreux d'entre-eux (27,4%), la contribution de revenu de safou est de 5/10
suivi de ceux dont la contribution est de 3,3/10 représentant 19,4% de
l'échantillon aussi ceux de 4/10 représentent 17,7%.
Pour maximiser les revenu provenant de la vente des safou, les
producteurs recherchent les marges les plus intéressantes, c'est ainsi
que 93,6% des producteurs préfèrent vendre eux-mêmes en
gros au marché de collecte ou en ville, que de vendre sur place au
village.
La main d'oeuvre employée dans cette activité
est la plupart des temps non payée, les producteurs travaillent avec les
personnes de leurs ménages. Dans 95% des cas, les producteurs se font
aider par leurs enfants, dans très peu des cas ce sont les autres
membres de famille ou les épouses des producteurs qui viennent à
la rescousse. Il arrive aussi que certains producteurs se retrouvent seuls pour
effectuer les différentes opérations.
Dans les activités productives lorsqu'on a à
faire aux acteurs qui n'ont pas de formation spécifique sur
l'activité, l'expertise est souvent fonction de l'expérience
(temps) accumulée par ces derniers. Dans la zone de Kimpese, 53% des
producteurs ont une expérience allant de dix à vingt ans dans
l'activité. Ensuite viennent ceux qui ont moins de dix ans dans
l'activité et en fin les plus expérimentés,
c'est-à-dire avec une expérience d'au delà de vingt cinq
ans, sont les moins nombreux. La corrélation entre l'ancienneté
dans la pratique et l'estimation de la quantité produite en 2009 est
significative (÷2= 589,2 ; r =0,405, p< 0,05).
Pour le calcul du prix de revient au niveau des producteurs,
les éléments constitutifs de coût de revient (Coût de
production, coût de transport, taxes, manutention, stockage, tracasserie
policière et hygiène) ont été estime à
l'unité de vente (caisse).
Tableau 5. Matériels pour la
production (récolte) des safou
Matériel
|
C. acquisition
|
Durée
|
Annuité
|
Production
|
Cout/caisse
|
Bassin
|
75000
|
2
|
37500
|
25
|
2500
|
Autres matériels
|
25000
|
-
|
-
|
-
|
1000
|
Machette
|
3000
|
3
|
1000
|
25
|
40
|
Caisses
|
62500
|
5
|
12500
|
25
|
2500
|
Bâche
|
10000
|
3
|
3333,3
|
25
|
133,3
|
Croché
|
1000
|
5
|
200
|
25
|
8
|
Coût du matériel
|
6333, 3 FC
|
Pour le camion, le prix du transport est de 800 FC par caisse
de safou transporté pour une distance moyenne de 5 km. Il est de 1000 FC
par caisse en cas d'une main d'oeuvre qui en a transporté à
pieds. Le coût de l'obtention de l'information sur le marché est
évalué à 1000 FC.
Il sied de signaler que le prix bas moyen (période
d'abondance) de vente de la caisse du safou dans différents villages est
de 22548,4 FC, tandis que le prix élevé moyen (période de
rareté) de vente du safou est de 27451,6 FC.
Tableau 6. Calcul du Prix de Revient par caisse de safou
en FC
Eléments constitutifs
|
Dans les villages
|
Au marché de Mbanza-Ngungu
|
Coût de production
|
6333,3
|
6333.3
|
Coût de transport
|
1000
|
1800
|
Taxe
|
0
|
100
|
Manutention
|
1000
|
500
|
Dépôt (stockage)
|
0
|
-
|
Télécommunication
|
1000
|
100
|
Contribution plateforme
|
0
|
500
|
Patente
|
-
|
-
|
Hygiène
|
-
|
250
|
Prix de revient en FC
|
9333,3
|
9583,3
|
Prix de revient en $US
|
10,37
|
10,65
|
Il ressort de nos investigations que le prix de revient d'une
caisse de safou est de 9333,3 FC soit 10,37$ US pour les producteurs qui sont
basé dans les villages environnant Kimpese et Mbanza-Ngungu tandis que
ceux qui sont au niveau de marché de Mbanza-Ngungu, une caisse de safou
revient à 9583,3 FC soit 10,65$ US. Le tableau 7 ci-dessous donne le
niveau de rentabilité économique pour la production d'une caisse
de safou.
Tableau 7. Calcul de la rentabilité en FC pour les
producteurs
Marché
|
Acteur
|
PV
|
PR
|
MB
|
MN
|
R (%)
|
Villages
|
Producteur
|
27451,6
|
9333,3
|
18118,3
|
18118,3
|
194,1
|
22548,4
|
9333,3
|
13215,1
|
13215,1
|
141,6
|
Mbanza-Ngungu
|
Producteur
|
35000
|
9583,3
|
25416,7
|
25316,7
|
264,2
|
30000
|
9583,3
|
20416,7
|
20316,7
|
212,0
|
Pour la récolte et la vente d'une caisse de safou chez
les producteurs environnant Kimpese et Mbanza-Ngungu, le capital moyen investi
est de 9333,3 FC soit 10,37$ US. Avec deux niveau de prix de vente
respectivement 27451,6 FC (30,5$ US) et 22548,4 FC (25,1$ US) (période
d'abondance et période de rareté), tel niveau d'investissement
procure une marge bénéficiaire nette par caisse vendu en cas de
non payement de la taxe s'élèvent respectivement à 18118,3
FC soit 20,1$ US et 13215,1 FC soit 14,7$ US par caisse si le produit est vendu
sur place c'est-à-dire au village même, ce qui représente
194,1 % et 141,6% de la rentabilité économique de la production
de safou dans cette zone d'étude.
En procédant par la vente groupée au niveau des
marchés de Mbanza-Ngungu, le niveau d'investissement diminue à
9583,3 FC soit 10,65 $ US; la marge bénéficiaire nette par caisse
s'élève respectivement à 25316,7 FC soit 28,1$ US et
20316,7 FC soit 22,6$ US par caisse selon qu'on est en période
d'abondance ou de rareté de safou dans les zones étudiés.
Ce qui représente 264,2 % et 212,0 % de la rentabilité
financière de la production dans les zones d'étude.
3.1.5. Contraintes liées
à la culture des safou dans la province du Bas-Congo
3.1.5.1. Contraintes liées à la
production
A la phase de la production, les difficultés majeures
liées à la culture de safou et proposées par les
producteurs de cette région sont, par ordre d'importance: (1) le
feu de brousse, danger le plus important pour cette culture, car souvent les
plantations ne sont pas entretenues ; (2) les fourmis qui rongent les
fruits à maturité ; (3) les difficultés liées
à la récolte ; (4) le vol ; (5) la chute des fruits et
(6) les autres parasites.
3.1.5.2. Contraintes liées à la vente
En ce qui concerne la vente, les principales contraintes
auxquelles se butent les producteurs-vendeurs sont le prix instable et non
satisfaisant de leur produits, le manque des moyens d'évacuation et dans
une certaine mesure les tracasseries policières et routières
perçues sous forme de différentes taxes
irrégulières.
Partant de tout ce qui précède, nous avons
constaté que l'avenir de la production de safou est prometteur. Le safou
autre fois préféré par les populations originaires des
zones de production, devient aujourd'hui apprécié même
au-delà des zones habituelles de cultures. Parmi les pistes de solution
pour une meilleure rentabilité, les producteurs ont émis les
voeux de voir cette filière être organisée. Toute la
démarche va dans le sens de la correction des difficultés ci-haut
citées. Il importe également dans cette recherche des solutions
de prendre en compte le souhait des producteurs d'accroitre la valeur
ajoutée du produit en procédant à la transformation des
fruits de Dacryodes edulis.
3.2. DESCRIPTION DE LA CHAINE DE
VALEUR DU SAFOU AU NIVEAU DES COMMERÇANTS
Les résultats que nous présentons dans cette
partie viennent de l'enquête menée auprès de 105
commerçants de safou dans la province du Bas-Congo(1) et la ville
province de Kinshasa(2). Cette enquête s'est déroulée du 29
janvier au 23 février 2011. Au Bas- Congo, la cité de Mbanza-
Ngungu et Kimpese ont constitué nos sites d'enquête. A Kinshasa,
l'enquête a été effectuée dans différents
marchés, parking et dépôts où sont vendues les
grandes quantités de safou.
3.2.1. Caractéristiques des
commerçants de safou
Tableau 8: Age de commerçants
enquêtés
|
Age
|
Minimum
|
14 ans
|
Moyenne
|
34 ans
|
Maximum
|
62 ans
|
Il résulte du tableau 8 que l'âge moyen de
l'ensemble des commerçants enquêtés est de 34 ans. Le
commerçant le plus jeune avait 14 ans d'âge et le plus vieux avait
64 ans d'âge.
Figure 6. Répartition des commerçants du safou
selon le genre
Il ressort de cette figure 6 que le commerce du safou est
pratiqué en grande majorité par les femmes soit 69 % que les
hommes soit 31%. Ce résultat se justifie par le fait que, ce sont des
femmes qui s'impliquent beaucoup plus dans la vente des produits agricoles tout
comme des PAF que les hommes. Ceci vient confirmer en quelque sorte
l'hypothèse de la répartition du travail le long de la chaine.
Figure 7. Répartition des commerçants selon le
niveau d'étude
La figure 7 ci-dessus révèle que dans
l'ensemble, tous les commerçants enquêtés ont au moins
reçu une éducation formelle. 59 % des commerçants
enquêtés ont atteint le niveau secondaire, 20 % ont
fréquenté le niveau primaire, 21 % ont franchi le niveau
supérieur. Dans l'ensemble 70% des commerçants ont un niveau
(secondaire) qui leur permet de lire et écrire. Ceci est un facteur
important si l'on doit envisager des initiatives en termes de renforcement des
capacités des acteurs par exemple.
S'agissant de la taille du ménage, il ressort de nos
investigations que le nombre de dépendants supportés par les
vendeurs de safou est variable. Il est de 4 membres en moyenne. Le minimum et
le maximum sont respectivement de 1 et 14 membres dépendant par
commerçant.
Pour ces mêmes ménages, 54,3 % ont comme source
principale de revenu le commerce (soit 57 ménages sur 105). D'autres,
soit 36 % des ménages enquêtés ont comme source principale
de revenu l'agriculture et 11,4 % ont comme source principale de revenu
l'emploi formel.
En ce qui concerne la catégorisation des
commerçants, il ressort de nos résultats que les
commerçants de safou dans les 2 provinces enquêtés sont
repartis en 3 catégories. 69,5 % sont détaillants, 14,3 % sont
des collecteurs-grossistes, 16,2 % des producteurs-grossistes
c'est-à-dire ils sont à la fois producteurs et grossistes, ils
s'occupent eux-mêmes de la vente en gros de leurs produits jusqu'aux
marché urbain.
En terme d'ancienneté, les résultats
révèlent que la majorité des commerçants (53%) ont
une expérience moyenne de 2 ans dans cette activité alors qu'il a
été trouvé que certains ménages
enquêtés avaient une expérience considérable allant
jusqu'au tour de 30 ans dans cette activité. Ce résultat montre
qu'au fil du temps, beaucoup de nouvelles personnes sont entrées dans la
filière Dacryodes edulis très récemment.
Comme pour tous les autres produits saisonniers, il ressort de
nos investigations que le commerce du safou ne se déroule pas toute
l'année en RDC. Cela se justifie par la nature périssable du
safou et le manque de maitrise des méthodes de transformation. La
période propice pour la commercialisation des safou se situe entre le
mois de Décembre et Avril, période de récolte.
Sur base de toutes ces contraintes, 92,4 % des
commerçants enquêtés commercent aussi d'autres produits
agroforestiers en dehors du safou, notamment, les mangues ; les
oranges ; les avocats ; les mangoustans ; l'huile de
palme ; les noix de coco ; le Makala et bien d'autres fruits et
légumes. Ces produits cités sont commercialisés lorsqu'il
y a la rareté de safou sur le marché et dans les zones de
production. Cette rareté se manifeste beaucoup du mois de Mai au mois de
Novembre.
3.2.2. Relation entre
commerçants (Rapprochement entre acteurs)
Il est vrai que l'esprit associatif offre beaucoup d'avantages
aux acteurs que lorsqu'ils travaillent individuellement. En cherchant à
savoir la manière dont les commerçants sont organisés,
nous avons remarqué que 67,6% des commerçants
enquêtés n'appartiennent pas à une association. Ils ont
évoqué entre autres raison de leur non appartenance : entre
autre le manque d'organisation des ces associations existantes, un moyen pour
éviter des problèmes avec des gens. D'autres par contre
préfèrent se concentrer à un nombre limité
d'activités.
Ceux qui ont adhéré à des associations
(soient 32,4%) exercent plusieurs activités, notamment celles
liées à l'assistance sociale ; à la vente des
PAF et à l'épargne.
Bien que les commerçants n'appartiennent pas tous
à une association, ils collaborent entre-eux. 81 % des
commerçants enquêtés entretiennent des relations
professionnelles entre- eux c'est-à-dire des relations basées
sur l'activité (entraide, échange d'information, etc.), 19 %
entretiennent des relations amicales.
3.2.3. Approvisionnement en
safou
A Kinshasa, les commerçants enquêtés
s'approvisionnent en safou dans les différents parkings, marchés
et dépôts, notamment, le marché Matadikibala ; rond
point Ngaba ; marché central et le marché de Kisenso.
Au Bas-Congo, les commerçants enquêtés
s'approvisionnent en safou dans différents villages situés sur
les axes qui débouchent sur les sites d'enquêtes. Notamment les
villages environnant Mbanza-Ngungu et Kimpese.
Le niveau de l'approvisionnement varie au cours d'une saison
selon qu'on est, au début de la période d'abondance ou à
la fin de la période. Lorsque la demande est forte, les
commerçants peuvent effectuer plusieurs rotations, dans le cas contraire
la fréquence d'approvisionnement devient moins régulière.
Figure 8. Quantité moyenne de safou achetée par
un commerçant pour un voyage
La figure 8 révèle que la quantité
moyenne des safou achetée pour l'ensemble des commerçants
enquêtés est variable pour chacun des commerçants
enquêtés. 85,7 % achètent une quantité comprise
entre 1 et 10 Bacs des safou par voyage. 11,4 % achètent une
quantité allant de 11 à 20 Bacs des safou par voyage. Ce
résultat se justifie par la disponibilité des safou dans les
zones d'approvisionnement et la capacité financière de chacun
d'eux. Le tableau 9 ci-dessous montre les quantités totales des safou
vendue en 2010 par les commerçants.
Tableau 9: Quantité totale des safou vendue
en 2010
|
Fréquence
|
%
|
1 à10 caisses
|
6
|
5,7
|
11 à 20 caisses
|
16
|
15,2
|
21 à 30 caisses
|
7
|
6,7
|
31 à 40 caisses
|
11
|
10,5
|
Plus de 40 caisses
|
65
|
61,9
|
Total
|
105
|
100
|
Il résulte de ce tableau 9 que la quantité
totale des safou vendue en 2010 dans les zones enquêtées est aussi
variable. 62% des commerçants enquêtés ont vendu plus de 40
Paniers des safou en 2009. 15 % ont vendu une quantité allant 11
à 20 Paniers des safou. Ce résultat démontre que la
proportion autoconsommée et les pertes subites par les
commerçants ne sont pas importantes.
3.2.4. Moyen de transport, perte
et facteurs qui conditionnent la qualité du safou
Les moyens de transport utilisés pour
l'approvisionnement en safou sont classés en ordres
d'importance comme suit : le véhicule (62%), les pieds (30%), le
vélo (7,5%). Ces moyens de transport correspondent à la
proximité ou non entre le lieu d'approvisionnement et le lieu de vente.
La durée de voyage entre le lieu d'approvisionnement et le lieu de vente
varie entre 1 heure et 5 heures.
Pendant le transport, la difficulté majeure
rencontrée par les commerçants est dans la plupart de cas les
moyens de transport. Cette difficulté entraine par la suite de pertes
dues aux mauvaises conditions de voyage (l'état des engins de transport
et l'état d'infrastructure routière, 96% de pertes). Les 4 % de
pertes sont celles dues au vol du produit. Le niveau de perte lors de
transport du safou du lieu d'approvisionnement au lieu de vente est
évalué entre 1 à 10% de l'ensemble de la quantité
approvisionnée par un commerçant.
En termes de qualité de safou, l'ensemble des
commerçants enquêtés exigent essentiellement en ordre
d'importance les éléments de qualités suivants : la
maturité, le goût et le calibre des fruits. Cela se justifie par
le fait que la qualité d'un produit est un facteur essentiel dans toute
décision d'achat. Avant de passer une commande, l'acheteur veut savoir
si le fournisseur est capable de fournir un produit qui répondra
à toutes ses exigences. Ces facteurs constituent les
éléments qui caractérisent le fond même du
marchandage sur le prix d'achat du safou.
3.2.5. Conditionnement, emballage
de vente de safou
Au niveau du conditionnement, les facteurs qui conditionnent
la qualité du safou sont de deux types. Premièrement, la bonne
aération de l'emballage et deuxièmement le moyen de transport.
Cela se justifie par le fait que, comme pour le conditionnement du safou on
utilise soit des caisses en bois, soit de filets d'emballage d'oignons de 25 Kg
et de fois on utilise des paniers. Une bonne aération de ces 3 types
d'emballages et les conditions de transport adéquat permettront
d'éviter des excès de chaleur interne. Ce dernier conduit au
ramollissement des fruits qui aussi engendre des pertes en terme même de
la présentation du produit.
Tableau 10 : Les types d'emballage utilisés
par les commerçants de safou
|
Fréquence
|
%
|
Caisse
|
52
|
49,5
|
Filets d'emballage d'oignon
|
25
|
23,8
|
Bassin
|
17
|
16,2
|
Sac en jute
|
11
|
10,5
|
Total
|
105
|
100
|
Il résulte de ce tableau 9 que 49,5% des
commerçants enquêtés utilisent principalement comme
emballage de transaction la caisse en bois. 23,8 % utilisent les sacs
d'emballages d'oignons de 25 Kg ; le bassin et le sac en jute sont
respectivement utilisés à 16,2% et 10,5%. Ce résultat se
justifie par le fait que ces emballages confèrent au safou une bonne
aération et protection lors du transport. Aussi, ces emballages sont
utilisés parce qu'ils constituent les unités de vente en gros.
Tableau 11 : Les produits facilitant le nettoyage
des emballages utilisés
|
Fréquence
|
%
|
Eau simplement
|
48
|
45,7
|
Eau + brosse
|
34
|
32,4
|
Epousseter
|
14
|
13,3
|
Séchage au soleil
|
9
|
8,6
|
Total
|
105
|
100
|
Il ressort de ce tableau 10 que pour nettoyer les emballages,
45,7% des commerçants enquêtés n'utilisent rien que de
l'eau simple, 32,4 % brossent avec de l'eau, 13,3% utilisent
l'épousseter et en fin 8% n'utilisent ni eau, ni brosse, ni
l'épousseter pour nettoyer leurs emballages, ils recourent au soleil
pour le sécher.
Figure 9. Différentes unités d'achat de safou
par commerçant
Il ressort de cette figure 9 que pour achater du safou,
l'ensemble des commerçants enquêtés font recours à
divers unités. De toutes ces unités, les caisses en bois, les
bacs en plastique, les paniers et les filets sont plus utilisés. Ces
mêmes unités sont également utilisées comme
emballage lors du transport par véhicule. Les bassins comme les sacs en
jute sont aussi utilisés, mais par un nombre réduit de
commerçants.
Tableau 12: Les différentes unités
utilisées pour la vente de safou
|
Fréquence
|
%
|
Bac
|
11
|
10,5
|
Bassin
|
1
|
1,0
|
Caisse
|
18
|
17,1
|
Panier
|
10
|
9,5
|
Filet
|
13
|
12,4
|
Sac
|
4
|
3,8
|
Tas
|
48
|
45,7
|
Total
|
105
|
100
|
Il ressort de ce tableau 11 que pour la vente du safou,
l'ensemble des commerçants enquêtés font aussi recours
à diverses unités comme il en est aussi le cas pour l'achat de
safou. 45,7% utilisent le tas comme unité de vente. Ceci se justifie par
le fait que plus de 69,5% des commerçants enquêtés sont
détaillants. L'utilisation de tas comme unité de vente par les
commerçants détaillant permet à tous consommateurs de se
procurer du safou.
3.2.6. Les difficultés
majeures liées à la commercialisation de safou
Comme d'autres produits agroforestiers, la commercialisation
des safou est aussi butée à un grand nombre des
difficultés. Les principales difficultés auxquelles les
commerçants de safou font face sont citées en ordre
d'importance :
- Les difficultés liées à
l'approvisionnement, c'est-à-dire le manque des moyens de transport pour
les commerçants d'atteindre le village de production (moyens et
état des routes) ;
- Les difficultés liées au conditionnement et
vente : souvent il est difficile de connaitre la quantité exacte en
termes de kg vendus ou achetés.
- Les difficultés liées à la
tracasserie : il ya une multiplicité des taxes et des
intermédiaires qui ne font que réduire la marge
bénéficiaire des commerçants.
3.2.7. Système
d'information de marché du safou
Les commerçants de safou obtiennent l'information sur
le prix de vente des produits au marché par différents moyens,
à savoir : par la voie orale à l'oreille, par observation et
par téléphone. Certains de ces moyens fonctionnent depuis
très longtemps, mais l'information sur le marché reste avant tout
la première préoccupation des commerçants pendant leurs
activités.
Il sied de signaler que 74,3 % des commerçants
enquêtés possèdent un téléphone personnel.
Pour ces commerçants, les téléphones les aident
énormément pour acquérir l'information sur le produit et
son marché dans 97,4 % de cas. Le coût d'appel pour avoir ces
informations est en moyen de 400 FC soit 0,45 $. Les autres les utilisent pour
d'autres types d'information soit 3,7%.
Pour le calcul du prix de revient chez les commerçants
des safou, les éléments constitutifs de coût de revient
(Prix d'achat, manutention, emballage, transport du produit, transport de
personne, Salongo, information, alimentation, stockage, tracasserie
policière et hygiène) ont été estimé au
poids moyen de l'unité de vente (caisses) respectivement chez les
commerçants enquêté dans le deux zones d'étude.
Tableau 13. Calcul du prix de revient par caisse en
FC
Eléments constitutifs
|
Montant en FC en période de rareté (prix
élevé)
|
Montant en FC en période de d'abondance (prix
bas)
|
Bas-Congo
|
Kinshasa
|
Bas-Congo
|
Kinshasa
|
Prix d'achat
|
30000
|
45000
|
25000
|
35000
|
Frais d'achat
|
1000
|
1500
|
1000
|
2115,6
|
Coût de transport
|
500
|
1000
|
0
|
400
|
Alimentation
|
1800
|
2700
|
1600
|
2000
|
Taxe
|
100
|
200
|
100
|
200
|
Manutention
|
1000
|
1000
|
500
|
1000
|
Dépôt (stockage)
|
0
|
500
|
0
|
300
|
Droit de la place
|
0
|
0
|
0
|
300
|
Police
|
0
|
200
|
0
|
12,9
|
Patente
|
0
|
600
|
0
|
600
|
Affaire économique
|
300
|
300
|
300
|
300
|
Porteur
|
300
|
1000
|
300
|
1000
|
Service d'agriculture
|
250
|
250
|
250
|
250
|
Salongo
|
12,9
|
12,9
|
12,9
|
12,9
|
Hygiène
|
100
|
300
|
100
|
300
|
Prix de revient en FC
|
35362,9
|
54562,9
|
28962,3
|
46190,6
|
Prix de revient en $US
|
37,29
|
55,4
|
30,42
|
49,9
|
Tableau 14. Calcul des taux de rentabilité en FC
Marché
|
Rubrique prix
|
PA
|
FA
|
PV
|
MB
|
CD
|
PR
|
MN
|
R (%)
|
Bas-Congo
|
Elevé
|
30000
|
3300
|
40000
|
4637
|
2063
|
35363
|
3887
|
10,99
|
Bas
|
25000
|
2600
|
30000
|
1037
|
14623
|
29063
|
287
|
1,45
|
Kinshasa
|
Elevé
|
45000
|
5200
|
65000
|
10437
|
43623
|
54563
|
8587
|
15,74
|
Bas
|
35000
|
4516
|
55000
|
9090
|
4276
|
46191
|
7240
|
15,67
|
Il ressort de nos investigations qu'au niveau de
Mbanza-Ngungu, les commerçants ont vendu en 2009 une caisse de safou
respectivement à 40000 FC et 30000 FC. Avec un investissement
respectivement de 35363 FC et 28962 FC par caisse, ils ont
réalisé une marge nette respectivement de 3887 FC et 419 FC.
Quand aux commerçants de Kinshasa, il ressort de nos
analyses que, ils ont vendu en 2010 une caisse de safou à 65000 FC et
55000 FC. Avec un investissement de 54563 FC et 46191 FC par caisse
respectivement en période de rareté et d'abondance. Ils ont
réalisé une marge nette de 8587 FC et 7701,5 FC. Quant à
la rentabilité générée par la vente safou, il
ressort de nos investigations que le taux de rentabilité est
respectivement de 10,99 % et 1,45 % par caisse (période de rareté
et d'abondance) chez les commerçants des marchés de Bas-Congo.
Tandis que pour chez les commerçants de Kinshasa, il est respectivement
de 15,74% et 15,67% selon qu'on est à la période de rareté
qu'à l'abondance de safou sur le marché.
En comparant les deux marchés, nous constatons ceux
qui suivent : les commerçants qui vendent le safou à
Kinshasa réalisent de marge nette très supérieure par
rapport à ceux de Mbanza-Ngungu. Et aussi le taux de rentabilité
d'une caisse de safou pour les commerçants de Kinshasa est de loin
supérieur par rapport à ceux qui commercent à
Mbanza-Ngungu et ses environs. L'approvisionnement au lieu même de vente
facilité le vendeur Kinois à faire un bon choix quand pour le
produit à acheté et minimiser plusieurs charges liées soit
au stockage, à la périssabilité du safou etc.
3.3. DESCRIPTION DES CONSOMMATEURS
DE SAFOU
3.3.1. Profil des consommateurs de
safou
La majorité des consommateurs enquêtés
sont des femmes soit 60% et 40% sont du genre masculin. Ce résultat peut
se justifié par le fait que ce sont des femmes qui s'occupent en
majorité de la cuisine de la maison et ont été
présentes au marché au moment de l'enquête.
Tableau 15 : Répartition des
répondants selon l'âge
|
Fréquence
|
%
|
15-29 ans
|
20
|
26,7
|
30-49 ans
|
43
|
57,3
|
50 ans
|
12
|
16
|
Total
|
75
|
100
|
Au regard de ce tableau 14, la majorité des
répondants interrogés ont l'âge compris entre 30 et 49 ans
(57,3%).
Figure 10. Taille des ménages des consommateurs
enquêtés
Il ressort de la figure 10 ci-dessus que, la taille des
ménages des personnes enquêtés est variable. 50,7 %
prennent en charge 6 à 9 personnes soit 38/75 ; 37,3 % prennent en
charge 2 à 5 enfants (28/75) et enfin 12% des commerçants
enquêtés prennent en charge plus de 10 personnes (9/75). Ces
résultats montrent qu'en dehors de leurs propres besoins, les
consommateurs de safou consacrent aussi un peu de moyens pour soutenir leurs
ménages.
Le tableau 16 ci-dessous renseigne que la majorité des
consommateurs sont des fonctionnaires et agriculteurs, soit respectivement
46,7% et 18,7%. Ce résultat peut se justifier par le fait que
l'enquête s'est déroulée dans le Bas-Congo (où on
trouve plus d'agriculteurs) et Kinshasa (plus de fonctionnaires).
Tableau 16 : Répartition des ménages
selon la profession
|
Fréquence
|
%
|
Fonctionnaire
|
35
|
46,7
|
Commerçant
|
7
|
9,3
|
Agriculteur
|
14
|
18,7
|
Chauffeur
|
3
|
4
|
Etudiant
|
2
|
2,7
|
Autres
|
14
|
18,7
|
Total
|
75
|
100
|
Figure 11. Répartition des consommateurs du safou
selon la province d'origine
La figure 11 ci-dessus renseigne que la majorité des
consommateurs de safou interrogés sont originaires de la province du
Bas-Congo, soit 76%. Ce résultat confirme en fait le principe qu'en
général, un ménage urbain conserve toujours le style
alimentaire de sa province d'origine, notamment pour ce qui est de la
consommation des aliments traditionnels de base. Pour ce, un ménage
urbain originaire d'une zone de production de safou le consommera de
façon naturelle.
Figure 12. Différentes formes de consommation du safou
chez les personnes enquêtées
La figure 12 ci-dessus montre que la consommation de safou
chez les ménages interrogés se fait de façon diverses. 52
% de nos répondants interrogés préfèrent consommer
le safou après trempage à l'eau chaude ; 36 %
préfèrent consommer le safou braisé.
Tableau 17 ci-dessous renseigne que les principaux
consommateurs de safou sont en grande partie les parents et les enfants sans
distinction dans les ménages interrogés soit 78,7 %.
Tableau 17 : Les principaux consommateurs de
safou dans les ménages enquêtés
|
Fréquence
|
%
|
Enfant
|
3
|
4
|
Parents
|
13
|
17,3
|
Les deux à la fois
|
59
|
78,7
|
Total
|
75
|
100
|
3.3.2. Les différents
facteurs influençant la consommation du safou
Quant aux facteurs qui influencent la consommation du safou,
les consommateurs interrogés ont évoqué plusieurs facteurs
en ordre d'importance, à savoir : les habitudes alimentaires
(53,4%) ; la proximité des consommateurs avec la zone de
récolte (21,3%) ; la connaissance des valeurs nutritives du safou
(13,3%) et en dernier lieu vient l'implication des consommateurs dans
l'activité (vente du safou) (12%).
Tableau 18 : Critères permettant
d'apprécier la qualité du safou chez les
consommateurs
|
Fréquence
|
%
|
Couleur et grosseur
|
25
|
33,3
|
Goût et grosseur
|
45
|
60
|
Couleur et maturité
|
5
|
6,7
|
Total
|
75
|
100
|
La qualité d'un produit alimentaire est une notion en
partie subjective puisque le principal instrument d'évaluation lors de
l'achat est souvent une simple appréciation visuelle. Le tableau 18
renseigne que, 60% des consommateurs interrogés apprécient la
qualité du safou par la grosseur et le goût ; 33,3%
l'apprécient par la couleur et la grosseur du fruit et 6,7% se
contentent de la couleur et la maturité du fruit pour apprécier
la qualité du safou consommé. On se rend compte que la grosseur,
la couleur, la maturité sont des facteurs moins objectifs, le goût
est souvent détecté après avoir acheté et
consommé.
Tableau 19: Le revenu mensuel des ménages
enquêtés
|
Fréquence
|
%
|
Moins de 50 $
|
26
|
34,7
|
51-100 $
|
22
|
29,3
|
101-150 $
|
12
|
16
|
Plus de 150 $
|
15
|
20
|
Total
|
75
|
100
|
Il ressort de ce tableau 18 que le revenu mensuel des
ménages enquêtés varie de moins de 50 $ à un montant
supérieur à 150 $. Nombreux des consommateurs
enquêtés (34,7%) possèdent un revenu inférieur
à 50$. Mais une bonne tranche 29,3% ont entre 51 et 100$ de revenu moyen
mensuel.
Tableau 20 : Dépenses allouées pour
les approvisionnements alimentaires chez les ménages
enquêtés
|
Dépense des approvisionnements alimentaires
|
Part allouée à la consommation des safou
|
Moyenne
|
115,29 $
|
6,7 $ (5,8 %)
|
Ecart-type
|
81,59 $
|
19,52 $ (23,92%)
|
Minimum
|
7 $
|
0,55 $ (7,9%)
|
Maximum
|
400 $
|
166,67 $ (41,67%)
|
Par rapport à l'approvisionnement et l'alimentation des
ménages enquêtés, le coût moyen mensuel
s'élève à 115,29 $ USD (Std. Dev. = 81,59 $ USD).
C'est-à-dire que l'écart dans la manière de
dépenser pour l'alimentation entre les ménages est de 81,59 $
USD. La part de dépense de safou est estimée à 5,8% dans
ce coût moyen mensuel de l'échantillon. Tandis que, la part
minimum et maximum allouées à la consommation du safou dans les
dépenses des approvisionnements alimentaires des consommateurs
enquêtés s'élèvent respectivement à 7,9% et
41,67%.
3.3.3. Lieu d'approvisionnement
des ménages en safou
Dans la ville de Kinshasa, les ménages ont
différentes sources de ravitaillement en Dacryodes
edulis, notamment, le marché de Matadikibala, de rond point
Ngaba, de Kisenso et le marché central.
DISCUSSIONS
La production et la vente du safou est fonction de la
répartition de rôle ente les hommes et les femmes le long de la
filière. On observe une dominance masculine dans la production
(84%) ; au niveau de la vente, on observe une dominance des
féminines (69%) dans le détail et les hommes eux interviennent
beaucoup lors de vente en gros (31%). Nos résultats confirment ceux de
Biloso et Lejoly (2006).
La pyramide des âges dénote que dans l'ensemble,
l'âge des vendeurs tout comme des producteurs varie entre 14 à 64
ans. Quant à la production, c'est surtout des personnes ayant
dépassé la cinquantaine d'âge qui s'y intéressent.
Ses résultats rejoignent ceux de Liengola (2001), Biloso et Lejoly
(2006) et Toirambe (2007) sur l'exploitation des PFNL en RDC. Notre
étude révèle aussi que la majorité des acteurs au
sein de la filière ont reçu une éducation formelle. Ce qui
est intéressant pour la transmission des innovations et les
concertations au sein de la filière safou.
Quant à l'ancienneté dans l'activité, nos
résultats révèlent que les enquêtés
interviewés exercent la vente tout comme la production des PAF en
générale et de Dacryodes edulis en particulier depuis
plus de 5 ans, et ont d'autres activités lucratives en dehors de la
vente et la production de safou. Ces résultats ne rejoignent pas les
conclusions de Biloso (2010) dans le cas de Gnetum africanum.
Nos résultats se justifié par le fait qu'en milieu
rural tout comme en milieu urbain, il est rare que les producteurs ou vendeurs
des produits saisonniers vivent du revenu provenant d'une seule
activité.
Cette étude relève que, le safou est
essentiellement produit pour le marché. Les résultats montrent
que 43,3% des paysans le destinent à la vente et 57,6% destinent ce
produit à la vente et à l'autoconsommation. Mais les
quantités consommées ne sont pas grandes car seules les safou
présentant les fissures lors de la récolte sont laissées
pour la consommation familiale. Au niveau des zones de production, deux
modalités de vente sont pratiquées : les ventes groupées
au village et dans le marché le plus proche, les ventes individuelles
dans les maisons, la vente dans les marchés ruraux et parfois dans les
marchés des villes.
Avec le prix bas moyen (période d'abondance) et
élevé moyen (période de rareté) de vente de la
caisse du safou respectivement de 22548,4 FC et de 27451,6 FC, les coûts
de revient respectivement de 9333,3 FC soit 10,65$ US; nos
résultats obtenus dénotent les marges nettes respectivement de
13215,1 FC et 18118,3 FC par caisse soit 14,7$ US et 20,1$ US pour les
producteurs-vendeurs du Bas-Congo selon qu'on est à la période
d'abondance ou de la rareté. En procédant par la vente
groupée au niveau des marchés de Mbanza-Ngungu, le niveau
d'investissement diminue à 9583,3 FC soit 10,65 $ US; la marge
bénéficiaire nette par caisse s'élève
respectivement à 25316,7 FC soit 28,1$ US et 20316,7 FC soit 22,6$ US
par caisse selon qu'on est en période d'abondance ou de rareté de
safou dans les zones étudiés. Ce qui représente 264,2 % et
212,0 % de la rentabilité financière de la production dans les
zones d'étude.
Le prix de vente à Kinshasa est relativement
supérieur par rapport au Bas-Congo, aussi bien pour le coût
d'acquisition compte tenu au payement d'un bon nombre de taxes et autres
perturbations socio-économique.
Il sied de signaler que les marges ainsi obtenues en 2010 sont
basses par rapport à celles de Biloso et Lejoly (2006). Toutefois, les
marges bénéficiaires dans le Bas-Congo sont inférieures
par rapport à Kinshasa. L'atomicité de vendeurs et des acheteurs,
le caractère principal du marché expliquent cet avantage.
Notre étude dénote que les taux de
rentabilité sont respectivement de 15,74 % et 15,67 % pour les
commerçants de Kinshasa tandis que pour ceux du Bas-Congo, le taux de
rentabilité sont respectivement de 10,99 % et 1,97 %. En comparant ce
taux de rentabilité de deux zones concernés par la
présente enquête, il s'avère que ce taux est
supérieur pour les vendeurs du marché de Kinshasa par rapport
à ceux du Bas-Congo, bien que leurs coûts semblent être
considérables.
Notre étude à aussi démontre que les
acteurs du système de production et du système de
commercialisation supportent plusieurs charges. Ces charges sont liées
aux différentes étapes de la production et de la
commercialisation des safou d'une part, et au coût d'opportunité
du temps mis par voyage, au transport, au taxes, au ticket de place, à
la manutention, à l'emballage, à la location de place, au
gardiennage et aux frais de téléphone d'autre part.
CONCLUSION
L'objectif principal de cette étude était
d'analyser la chaîne de valeurs de Dacryodes edulis et
d'estimer la rentabilité de chaque acteur intervenant dans la
filière afin de proposer des recommandations qui puissent
améliorer le fonctionnement de la filière. Pour ce faire, des
enquêtes ont été effectuées dans le deux zones
d'étude (Bas-Congo et Kinshasa) auprès de 63 producteurs, 105
commerçants, 72 consommateurs qui ont respectivement constitué
notre population d'étude.
Il est ressortit de notre que, la production et la vente de
safou sont parmi les activités les plus intenses respectivement dans le
Bas-Congo et la ville de Kinshasa ; tant les revenus qu'elle
génère sont important. Toutefois, se lancer dans cette
activité socio-économique n'est pas sans difficultés. A la
phase de la production, les difficultés majeures liées à
la culture de safou et proposées par les producteurs de cette
région sont, par ordre d'importance: (1) le feu de brousse, danger
le plus important pour cette culture, car souvent les plantations ne sont pas
entretenues ; (2) les fourmis qui rongent les fruits à
maturité ; (3) les difficultés liées à la
récolte ; (4) le vol ; (5) la chute des fruits et (6) les
autres parasites.
Quant à la commercialisation, dans les zones de
production : il pose encore un certain nombre de contraintes qui tendent
à tirer le potentiel de ce produit vers le bas. Les principales
contraintes auxquelles se butent les producteurs-vendeurs sont
l'instabilité de prix, le manque des moyens d'évacuation et dans
certaine mesure les tracasseries policière et routière sous forme
de différentes taxes irrégulières.
A Kinshasa, les principales difficultés auxquelles les
commerçants de safou font face sont soient liées à
l'approvisionnement, au conditionnement, à la vente et à la
tracasserie. Les commerçants rencontrent aussi de difficultés
particulières liées à la nature périssable du
produit surtout lorsque ce dernier est transporté sur de longue distance
caractérisés aux manques de techniques de conservations
adéquates.
Parmi
les pistes de solution pour une meilleure rentabilité de la chaîne
de valeurs, les producteurs comme les commerçants ont émis les
voeux de voir cette filière être organisée. Toute la
démarche va dans le sens de la correction des difficultés ci-haut
citées. Il importe également dans cette recherche des solutions,
de prendre en compte le souhait des producteurs d'accroître la valeur
ajoutée du produit en procédant à la conservation et
à la transformation des safou.
Partant de tout ce qui précède, nous avons
constaté que l'avenir de la production et la vente de safou est
prometteur. Le safou autre fois préféré par les
populations originaires des zones de production, devient aujourd'hui
apprécié même au-delà des zones habituelles de
cultures. Ceci est une opportunité pour les organismes de
développement de développer des stratégies de performance
des chaîne de valeur (renforcement de capacité des acteurs,
l'arbitrage du pouvoir public, développement des innovations, etc.); de
mettre en place un système d'information des marchés pour pouvoir
accroître effectivement les revenus des acteurs de la filière et
réduire leur niveau de pauvreté.
RECOMMANDATIONS
Dans le souci d'améliorer le fonctionnement de la
filière safou, quelques recommandations sont formulées à
la fin de cette étude. Elles s'adressent plus particulièrement
aux paysans, aux commerçants, aux organismes (internationaux et
nationaux) intervenant dans les zones d'études et à l'Etat.
Ainsi, nous suggérons :
Aux paysans
- De créer des groupes d'entraide afin de
réduire les coûts de récolte à l'unité et
d'augmenter les quantités produites ;
- De standardiser les unités de mesure, en
l'occurrence, la balance dans les points de collecte. Ceci pourra leur
permettre de décourager les commerçants véreux ;
- D'organiser des instances d'échange de connaissances
dans le but d'améliorer leurs techniques de production et de renforcer
les liens de collaboration ;
- D'organiser des ventes groupées pour augmenter leur
pouvoir de négociation.
Aux commerçants
- De mettre en place des associations pour acheter le safou
auprès des paysans organisés. Ce qui leur permettra de
réduire considérablement les coûts de commercialisation et
d'acheter de grandes quantités de safou à la fois ;
Aux organismes tant nationaux
qu'internationaux
- D'étendre les zones d'intervention pour une
réaction de masse au niveau des zones de production, afin que les
innovations introduites et les actions mises en oeuvre puissent efficacement
être répercutées au niveau des marchés ;
- De mettre encore plus d'accents sur la communication et le
marketing en mettant en place les systèmes d'information des
marchés ;
- De faire des relevés de prix sur les marchés
de façon continue pour mieux en apprécier l'évolution ;
A l'Etat
- D'améliorer les infrastructures routières en
zone rurale.
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ANNEXES
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