2.2 L'ACCES A L'EAU POTABLE AU QUARTIER PAYS-BAS
2.2.1 L'accès à diverses sources
d'approvisionnement
C'est l'une des caractéristiques des quartiers
précaires de Niamey. Recourir à plusieurs voies pour satisfaire
les besoins quotidiens du ménage en eau permet à ceux-ci d'avoir
de l'eau potable pour la boisson et de faire les autres tâches
domestiques avec l'eau du puits. Ainsi, 25,8 % des ménages
s'approvisionnent auprès des vendeurs d'eau et des puits, 16,7 %
à la BF et aux puits, 14,2 % directement au forage et aux puits, 4,2 %
à la BF et aux puits et enfin 0,8 % au forage et auprès des
vendeurs d'eau. Ces chiffres montrent à quel point le combat pour la
satisfaction des ménages est loin d'être une chose facile dans ce
quartier. L'essentiel c'est d'avoir de l'eau pour satisfaire ses besoins peu
importe sa provenance. Cependant, il faut noter que la plupart des
ménages utilisent l'eau du puits rien que pour les tâches
domestiques notamment la lessive, la vaisselle, et le bain comme le montre le
tableau n°1.
Tableau n°1 : Usages de l'eau de
puits
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49
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44
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Utilisation eau puits
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Nb. cit.
47
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Fréq.
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3
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Léssive
|
2
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27,4%
|
Vaisselle
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34
|
24,6%
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Bain
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179
|
26,3%
|
Arrosage
Abreuvage des animaux
Tous les usages de l'eau
TOTAL CIT.
Source : notre enquête
1,1%
19,0%
100%
Le tableau n°1 établi en fonction des citations,
montre que 27,4 % des ménages utilisent l'eau de puits pour la lessive,
24,6 % pour la vaisselle, 26,3 % pour leur bain quotidien ; 1,7 % pour
l'arrosage des arbres et des fleurs ; 1,1 % pour abreuver les animaux et enfin
19 % qui font tous leurs besoins en eau avec l'eau de puits. Ces
résultats reflètent l'ampleur de la pluralité des sources
d'approvisionnement en eau des ménages qui semble être une
règle des quartiers précaires de l'Afrique. A Bafoussam
(Cameroun), certains ménages pauvres s'approvisionnent auprès des
ouvrages alternatifs tels que les puits, la source ou soit directement dans les
cours d'eau. Beaucoup, d'ailleurs ont déclaré même qu'ils
ne s'alimentent jamais au
44
robinet. Avec des familles nombreuses, un ménage pauvre
ne peut couvrir des besoins en eau de tout le monde en achetant uniquement de
l'eau du réseau (MPAKAM H.G, 2007). Les habitants des quartiers
précaires développent les mêmes stratégies pour
faire face à leurs besoins en eau en général et celle
potable en particulier.
Au quartier Pays-Bas, les puits sont beaucoup utilisés
du fait certainement de la gratuité du service et leur
accessibilité ce qui n'est pas sans conséquence sur les
quantités d'eau potable consommées par personne et par jour.
2.2.2 Les quantités d'eau potable consommées
par personne et par jour
A l'image des points d'eau potable du quartier, les
quantités d'eau consommées par personne sont faibles du fait de
la pluralité des sources d'approvisionnement en eau.
Pour les besoins quotidiens en eau potable, l'OMS a
préconisé 20 L par personne et par jour pour la boisson et les
tâches d'hygiène. Au quartier Pays-bas, nos investigations
révèlent qu'en moyenne la quantité d'eau potable
consommée par personne et par jour est de 21 L. On peut vite conclure
qu'un habitant du quartier atteint la quantité d'eau potable moyenne
préconisée par l'OMS c'est-à-dire qu'il a un accès
moyen à l'eau potable. Cependant, cette valeur cache de très
fortes disparités au sein des ménages.
La figure n°1 montre que 15,8% des ménages
consomment moins de 10 L d'eau potable par personne et par jour et 28, 3% entre
10 et 20 litres. L'utilisation des puits explique cette faiblesse des
quantités d'eau potable consommées au niveau des ménages
qui s'approvisionnent aux points d'eau moderne rien que pour la boisson. Cette
affirmation se vérifie à travers HOWARD G. et BARTRAM J. (2003)
qui estiment qu'une consommation minimale de 4,5 litres par jour et par
personne est nécessaire à un adulte pour maintenir une bonne
hydratation. L'auteur estime que la valeur de 20 litres n'est atteinte que si
l'on tient compte de l'hygiène personnelle. La conséquence de
l'utilisation de faible quantité d'eau potable est l'exposition de
l'individu aux diarrhées.
C'est certainement ce qui a amené Motcho (1991)
à choisir comme un des indicateurs permettant de définir les
zones à risque (santé) de Niamey, la desserte en eau potable. Il
explique cela par le fait que l'eau conditionne l'hygiène de la
nutrition, de la vie familiale et collective car l'insuffisance d'une eau
potable pour la boisson est une cause importante de la propagation des maladies
diarrhéiques.
Il a été également démontré
que consommer des quantités d'eau potable ont plus d'impacts positifs
sur la prévention des diarrhées qu'avoir une eau de
qualité et à faible quantité.
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Figure n°1 : quantité d'eau potable
consommée par personne/jour (en litre)
30,00% 25,00% 20,00% 15,00% 10,00% 5,00% 0,00%
|
|
|
-10 10 à 20 20 à 40 30 à 40 40 à 50
50 à 60 60 et plus
|
Source : notre enquête
Les plus faibles quantités (moins de 10 L par personne
et par jour) sont enregistrées auprès des ménages qui
s'approvisionnent auprès des forages et des puits (35,5%) suivis de ceux
qui s'approvisionnent auprès des bornes fontaines et aux puits (25%) et
enfin ceux s'approvisionnant auprès des vendeurs d'eau et des puits
(19,4%). Ceux qui s'approvisionnent exclusivement auprès des BF et des
vendeurs d'eau font respectivement 11,8% et 6,3% ce qui vient encore renforcer
notre affirmation selon laquelle la pluralité des sources
d'approvisionnement est la cause de la faiblesse des quantités d'eau
potable consommées. La pluralité en elle seule ne saurait
expliquer cette situation.
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Figure n°2 : Quantité d'eau potable en
fonction de la source d'approvisionnement
26%
20%
6%
12%
36%
Borne fontaine Forage/Puits Garoua/Puits BF/Puits Garoua
Source : notre enquête
En effet, certains facteurs comme la distance peuvent
expliquer cette faiblesse des quantités d'eau potable consommées
au sein des ménages.
Nos investigations révèlent que presque la
moitié des ménages (42,1%) qui consomment moins de 10 L par
personne et par jour sont situés entre 120 et 160 mètres du point
d'eau moderne ; ceux situés entre 160 et 200 mètres
représentent 10,5% ; ils font la même proportion que ceux qui sont
situés entre 200 et 240 mètres. La distance peut avoir une
influence sur les quantités d'eau potable utilisées au niveau des
ménages mais il y'a une faible proportion (5,3%) de ménages
situés à moins de 40 mètres qui consomment moins de 10 L
d'eau potable par personne et par jour.
L'analyse en composante principale (figure n°3) montre
qu'il y'a une faible corrélation entre les variables quantité
d'eau potable et distance. Quand la corrélation est égale
à 0, on conclut que la corrélation entre les deux variables
étudiées est faible. Ici, le coefficient de corrélation
est égale à +0,014 d'où une très faible
corrélation. Même si la corrélation n'est pas synonyme de
causalité, nous concluons que la distance à elle seule ne saurait
expliquer cette faiblesse des quantités d'eau potable utilisées
par les ménages.
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Figure n°3 : Corrélation entre les
variables quantité eau potable et distance
Qté eau par pers/jour
11,00
Source : notre enquête
Cette faiblesse des quantités d'eau potable
consommée par personne et par jour apparaît comme un
dénominateur commun des quartiers précaires des villes
africaines.
30,80 Distance entre ménage et srce app eau
Au Burkina Faso plus précisément à
Ouagadougou, les résultats d'enquête de Kombasseré A.
(2007) ont montré que la quantité moyenne d'eau potable
consommée par personne et par jour est de 23,9 litres à Yamtanga.
Toujours à Ouagadougou, Dos Santos Stéphanie (2006) estime que la
consommation d'eau potable est moindre pour un ménage vivant en zone non
lotie s'approvisionnant aux sources collectives ou auprès d'un vendeur
d'eau comparativement à un autre ménage disposant du même
mode d'accès à l'eau mais vivant en zone lotie.
Les quartiers précaires de Niamey à travers
l'exemple de Pays-Bas, montrent que les quantités d'eau
consommées par personne et par jour sont légèrement au
dessus de la moyenne mais des très fortes disparités existent en
fonction du type d'approvisionnement en eau potable du ménage, des
distances parcourues mais certainement de plusieurs facteurs comme les
problèmes liés à l'approvisionnement en eau des
ménages.
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