Section2 : L'apport du tourisme au quartier et
à la qualité de vie
L'apport du tourisme au quartier change selon le quartier et
aussi selon la modalité. Mais en général (tableau 4), 65
considèrent que le tourisme n'avait aucun impact sur leur quartier, 48
trouvent que c'était un apport négatif, 43 estiment que c'est
positif, pour un nombre total de citations de 157.
Modalités de réponses
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Nombre de citation
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Pourcentage
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Non réponse
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1
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0.6%
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apport positif
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43
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27.4%
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apport négatif
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48
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30.6%
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aucun apport
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65
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41.4%
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Total
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157
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100%
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Tableau 4 : modalité de réponse à la
question : le quartier a-t-il connu des transformations positives ou
négatives après l'installation des activités
touristiques ?
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96% ont assuré que le développement remarquable
du tourisme dans leur quartier a été accompagné par
l'élévation du niveau de vie sans autant influencer ou avoir des
retombées positives sur le pouvoir d'achat (ce n'est que 25% qui ont
affirmé qu'il y a eu des retombés positives sur le pouvoir
d'achat).
Ce développement a eu aussi des impacts sur les prix
des services, tels les moyens de transport qui ont été
jugés trop chers par 57,3% et moyennement chers par 34,7%, alors que
juste 7,3% les trouvent pas chers. Pour les produits alimentaires, 29,3%
considèrent que c'est très cher - on m'évoque toujours
l'exemple des pommes de terre, le légume principal qui agrémente
les plats des Marocains et qui peut atteindre parfois 15 dirhams le kilo
(selon les dires des enquêtés), chose qui n'est pas à la
portée des familles nombreuses et pauvres -, aussi 37,3% trouvent que
c'est cher et 31,3% trouvent que c'est moyennement cher et ce n'est que 2% qui
les trouvent pas cher.
A propos des médecins, 66,7% déclarent que leurs
honoraires sont très élevés. 28,7% pensent que c'est
cher, alors qu'uniquement 4,7% jugent que c'est moyennement cher. Enfin
l'électricité et l'eau, - évaluées uniquement
à Douar Belaâguid, car les gens de l'autre douar n'ont pas
accès au réseau d'eau et d'électricité- ont aussi
jugé cher, à très cher par une grande majorité. Les
gens tiennent pour responsable de ces prix exorbitants à Marrakech, le
développement touristique qu'a connu la ville ces dernières
années.
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Graphe 5 : l'influence du tourisme sur le niveau de
vie
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Graphe 6 : l'impact du tourisme sur les prix des
services
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L'impact a aussi touché la sécurité des
quartiers, mais cette dernière diffère d'un quartier à
l'autre. 79% des habitants de Douar Belaâguid considèrent que
depuis la prospérité du secteur touristique, le quartier devient
plus rassuré contrairement aux habitants de Douar Moulay El Mahdi qui se
sentent moins sécurisés. Ce dernier, n'est pas implanté
dans une zone touristique, contrairement au premier, ce qui montre que les
zones touristiques sont plus sécurisées que les autres. Les gens
de Douar Moulay El Mahdi estiment n'avoir aucun contact avec les touristes dans
leur quartier contrairement à Douar Belaâguid dont 42,7% estiment
avoir un contact avec les touristes visitant les établissements
touristiques des alentours.
Pour ce qui est des équipements de base,
aéroport, gare ferroviaire et autoroute, une moyenne de 68% des gens
croient que leur présence et leur pérennité sont
liées surtout au développement touristique en me précisant
plusieurs fois que leur côté esthétique ne s'adresse qu'aux
touristes car en tant que citoyens, ils préfèrent voir leur
quartier goudronné et lié au réseau d'assainissement par
exemple, que de refaire la gare ou l'aéroport.
Ce développement a eu aussi des impacts parfois
positifs et parfois négatifs sur la qualité de vie à
Marrakech et surtout dans les quartiers enquêtés. Les gens de
douar Belaâguid, en majorité (70% en moyenne), trouvent que
l'apport positif était surtout au niveau du réseau
téléphonique, de la gestion du réseau
d'électricité et de l'élimination des déchets
solides et liquides, alors que pour la qualité de l'eau potable, les
gens sont partagés entre apport positif pour les gens qui trouvent que
la qualité de l'eau en ce qui concerne les équipements surtout a
connu une amélioration depuis l'installation des projets touristiques et
des gens qui voient que l'apport était plutôt négatif en
évoquant le goût de l'eau potable qui était bien meilleur
avant, ainsi que la surexploitation de nos réserves d'eau qui peut
aboutir à une catastrophe. Pour ce qui est de l'apport négatif,
c'était plutôt au niveau du bruit circulaire, de la qualité
de l'air, en précisant parfois les feux d'artifices de Chez Ali, et
aussi au niveau de l'embouteillage que les gens (une moyenne de 65%) ont
jugé comme parmi les effets négatifs du développement du
tourisme.
A Douar Moulay El Mahdi, un bidonville situé au centre
urbain de Marrakech, les gens n'ont accès ni au réseau
téléphonique, ni au réseau d'électricité, ni
à l'eau potable. En conséquence, on ne pouvait pas évaluer
la qualité des services qui font défaut. Pour ce qui reste, il y
avait presque une unanimité sur l'apport négatif du tourisme sur
tous les aspects de la qualité de vie évoqués dans le
questionnaire.
Enfin, pour la qualité des services de santé,
les gens des deux quartiers, avec un pourcentage de 76,7%, trouvent que c'est
très mauvais, plus 20,7 qui trouvent que c'est mauvais, m'expliquent que
c'est un secteur qui a été délaissé par l'Etat en
faveur des aménagements qui intéressent les touristes, et aussi
afin de pousser les gens à se diriger vers le secteur privé.
En parlant des aménagements, les gens
considèrent que le quartier a bénéficié de
quelques-uns, mais jugent encore que c'est plutôt important pour donner
une belle image aux touristes, qu'à servir l'intérêt des
citoyens. 60% trouvent que le développement touristique a
favorisé l'aménagement des espaces verts (un jardin à
l'entrée de Douar Belaâguid, plus quelques palmiers plantés
un peu partout), ainsi que 54% affirment l'aménagement des grandes
voies, alors qu'il y a parmi les autres qui m'ont précisé que la
route principale qui mène à Douar Belaâguid est là
depuis l'indépendance et n'a jamais été entretenue.
Enfin, pour le goudronnage et le pavage des rues et pour la peinture des murs
et l'entretien du paysage urbain, les gens des deux quartiers, en moyenne de
85%, déclarent que leur quartier n'a connu aucun aménagement.
Et en ce qui concerne la facilitation d'accès à
certains équipements de services, 70,7% trouvent que l'extension du
tourisme a facilité l'accès aux bus et au grand taxi. 57,5%
trouvent que cela a facilité l'accès au réseau
électrique et à l'eau potable, sans oublier que tout le quartier
de Douar Moulay el Mahdi n'a pas accès à l'eau et à
l'électricité ainsi que certains ménages à Douar
Belaâguid. Une moyenne de 68,3%, trouvent que les calèches, les
petits taxis ainsi que le réseau sanitaire restent inaccessible pour la
population locale et surtout celle pauvre. Et enfin, l'accès aux
services sociaux a été jugé inaccessible pour 90% des
enquêtés qui dénoncent le désengagement de l'Etat
dans la matière.
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