B) - AU SUJET DE LA FAMILLE NATURELLE
b.1) - profil social
Les cas des enfants en domesticité, que nous avons
étudiés, proviennent, en grande quantité, du milieu rural,
d'une famille pauvre, analphabète...Ce n'est pas par hasard !En
effet, la paysannerie haïtienne a toujours été sous
contrôle : d'abord des colons, des grands propriétaires et
des prêtres, puis de petits bourgeois politiciens, et enfin des
fonctionnaires locaux de la communauté internationale...
Dans le milieu rural, les gens ont souvent beaucoup
d'enfants. La procréation est valorisée : l'enfant est vu
comme une richesse, un don divin. Ils se mettent à croître et
à multiplier la terre.
Donc, la pratique de la domesticité a des fondements
sociaux, économiques, politiques et culturels : la pauvreté
endémique dans le milieu rural, les facteurs démographique et
migratoire ou le désir d'intégrer l'enfant dans le milieu urbain
pour un meilleur avenir, la problématique de l'accès à des
services de base dans le milieu paysan, les carences de mesures
institutionnelles...
b.2) - mode de perception sur la
domesticité
Les parents que nous avons interrogés sont un peu
conscients de la forte probabilité pour que leurs enfants respectifs
placés en domesticité soient abusés, mais ils se plaignent
de leurs difficultés économiques et du manque
d'opportunités qui existent pour un enfant élevé dans les
régions rurales. Par conséquent, ils se résignent.
Joseph, le 3e cas présenté, nous a
raconté qu'il a été voir sa mère pendant le mois de
décembre. Il en a profité pour dire à sa mère que
son plus beau cadeau de Noël serait de le retirer de cette maison de
placement. Et la mère a ainsi répondu : « c'est
une chance que tu as parmi ses autres enfants de vivre à la capitale qui
peut, dans bien des cas, t'offrir de meilleurs possibilités ».
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