Les maladies liées aux eaux stagnantes qu'on rencontre
au Sahel en général et au Niger en particulier sont très
nombreux. On peut citer par exemple la dracunculose (le ver de guinée),
le cholera, la bilharziose, etc. A Fonéko, on rencontre la
majorité de ces maladies hydriques. Le ver de guinée avant son
éradication dans le village il y a un peu plus d'une décennie,
chaque année la contamination était presque totale dans le
village. Selon le témoignage d'une personne interrogée il y avait
eu une année où même un chien avait contracté le ver
de guinée. A travers notre enquête, 90% de l'échantillon
ont répondu qu'ils connaissent des personnes qui ont souffert des
maladies causées par l'eau.
Ainsi, les maladies les plus citées par les personnes
interrogées sont la bilharziose 48,3%, qui est l'une des affections
parasitaires majeures qui touche le continent africain, on la retrouve au
niveau des fleuves, et retenus d'eau stagnantes. Le vecteur de cette maladie
est un ver vivant dans le système sanguin de l'hôte, les larves
développés dans l'eau pénètrent ainsi dans la peau
d'une personne en contact avec l'eau58. La bilharziose peut
entrainer des troubles du foie, des intestins et de la vessie.
Le ver de guinée ou dracunculose, ver d'Afrique ou
encore filariose de Médine (42%), est dû à un ver
appelé le dracunculus médinensis vivant dans les eaux stagnantes.
Les méthodes traditionnelles de traitement couramment utilisées
consistent à enrouler le ver sur un bâton et l'extraire ainsi de
la peau de la malade. C'est un processus lent et dure pendant plusieurs jours
voire des semaines. Il existe des médicaments pour traiter la
dracunculose, nous avons ainsi le thiabendazole, le métronidazole, le
mébendazole. En 1986, on a enregistré 3,5 millions de cas dans le
monde contre 25 000 en 2006. Au Niger, des vastes programmes ont
été déployés depuis 1991, lorsque les
autorités sanitaires ont constaté sa forte prévalence
(environ 33 000 cas dans 1700 villages). Actuellement le taux
d'éradication de la maladie est 99,99%.59
Les maux de ventre, selon les résultats de notre
enquête (40%) de personnes interrogées ont senti des maux de
tête après avoir consommé l'eau des mares.
Les dermatoses (1,7%), sont dues au contact entre la peau et
les eaux troubles contenant des particules qui peuvent mettre la personne
à gratter son corps.
Les effets urinaires ( 31,70%) sont dues à la
consommation des eaux insalubres provoquant des brûlures dans
l'urètre pendant la miction (au moment ou la personne malade urine ou
après la miction. Ces brûlures sont généralement
accentuées à l'extrémité du pénis ou sur
l'ensemble de l'urètre. Ces effets urinaires fonctionnent aussi par
vague avec des périodes de calme et des épisodes très
douloureux. Les jets
58 Hassane Issoufou Djamila, 2006.
59
http://www.afrique.avenir.org/2010/08/31/des
résultats -«
probants-»-sont-enregistrés-au-niger-dans-le-cadre-de-l'eraducation-du-ver-de-guinée
70
d'urine sont alors plus faibles qu'à la normale et il
faut parfois faire un effort conscient pour pouvoir uriner et ou sortir les
dernières gouttes d'urine. Dans certains cas extrêmes, ces
symptômes peuvent aboutir à une rétention d'urine.
Les infections urinaires (5%), elles sont dues par la
colonisation de l'urètre par des bactéries avec la consommation
des eaux insalubres. L'absence de traitement peut mener à des
complications sévères. Elles peuvent se soigner par des
antibiotiques.
Le cholera (26,70%), il est une toxi-infection
entérique, épidémique et contagieuse. Il est dû
à la bactérie vibrio cholerae ou bacille virgule. Il se
caractérise par des diarrhées brutales et très abondantes.
C'est une maladie qui tue facilement en l'absence de traitement dans les
quelques heures ou jours. Il a une épidémie récurrente,
pour l'éviter, il faut une éducation sanitaire
c'est-à-dire d'hygiène et d'assainissement.
La conjonctivite (3,30%), elle est due souvent à un
manque d'hygiène (milieu insalubre). La conjonctivite bactérienne
peut être provoquée par différents germes (staphilococcus,
streptococcus, haemophilius). Elle se caractérise par des
secrétions purulentes, inflammation de l'oeil et peut se traiter par
antibiothérapie locale. Ces maladies sont généralement
observées en saison sèche et en début de saison des
pluies. La saison sèche coïncide avec une période pendant
laquelle les eaux sont troubles avec l'assèchement des mares. Le
début de l'hivernage quant à lui se caractérise par le
transport et le dépôt des matériaux divers nuisibles pour
la santé dans les fonds des mares. Sur la figure, on constate que le
total des pourcentages des différentes maladies dépasse le cent
pour cent du fait qu'une même personne peut contracter plusieurs
maladies.
Fig 7. Les types de maladies hydriques
identifiées auprès de certaines personnes d'après les
personnes interrogées
Source : notre enquête
71
La moitié des enquêtés soit 50% ont
répondu qu'ils ont personnellement souffert des maladies hydriques.
Parmi ces maladies les plus fréquentes sont le ver de guinée
(23,3%), la bilharziose (15%) et les effets urinaires (10%) par contre le
cholera et la conjonctivite sont les moins fréquentes. Comme l'illustre
la figure suivante (figure.6)
Fig 8. Les types de maladies hydriques dont ont
été atteintes certaines personnes interrogées
Source : notre enquête
Toutes ces maladies sont imputables à la consommation
des eaux non potables. Lors de nos entretiens avec les personnes ressources ou
les agents techniques nous nous sommes adressés à l'infirmier du
village qui à confirmé l'existence de ces maladies hydriques sauf
le ver de guinée qui a été éradiqué dans la
localité depuis quelques années. Nous avons voulu avoir le
registre des maladies hydriques identifiées au CSI, mais il n'est pas
à jour et même s'il l'est ne peut pas refléter toute la
réalité du fait de la mentalité des populations rurales et
le manque des moyens financiers. En effet, en milieu rural et même en
ville, il est difficile qu'on se présente dans un centre de santé
par exemple pour des maux de ventre ou même d'autres maladies plus
dangereuses. Ainsi, seule la moitié des personnes interrogées a
répondu qu'elle se présente au niveau du centre de santé
intégré du village. Ces malades sont soit soignés sur
place ou orientés à Téra. Il nous a été
impossible d'avoir le coût des soins.