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Le déni de grossesse: revue de littérature ; essai de réflexion sur la prise en charge de patientes en déni.

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par Laure SAINTE-ROSE FANCHINE
Université de Nice Sophia Antipolis IAE - Diplôme d'état de sage-femme 2012
  

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6.5 DEVENIR DU COUPLE MERE-ENFANT : D'APRES UNE ETUDE DE L'AFRDG [17]

Lors du 3e colloque français sur le déni de grossesse, Isabelle Jordana, cadre de santé officiant pour l'Association Française pour la Reconnaissance du Déni de Grossesse, a présenté une étude menée sur les dix dernières années, basée sur une centaine de questionnaires remplis par des patientes ayant fait un déni, partiel ou total. L'enquête visait en particulier à évaluer leur vécu à long terme de leur déni, de leur prise en charge par le système de santé, et de leur situation actuelle vis-à-vis de leur entourage ou de l'enfant concerné.

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 83/89

6.5.1 Les dénis levés avant 6 mois, « moins traumatiques »

D'après les données recueillies, les dénis de grossesse levés avant 6 mois sont apparus comme les « moins traumatiques » : la révélation, source de choc et de panique, est cependant plutôt bien acceptée par la suite par la patiente comme par sa famille, dont la présence et le soutien permettraient une récupération plus facile. La relation mère-enfant s'établit de manière le plus souvent spontanée, dans les heures voire les jours qui viennent.

6.5.2 Les dénis levés après 6 mois

Les dénis de plus de 6 mois s'avèrent plus difficiles à accepter, et plus il est levé tard, plus le choc est grand : les cris et les pleurs sont majorés, la peur d'être quittée, traitée de folle ou de menteuse est plus marquée. Huit patientes sur dix acceptent pourtant la fin de la grossesse comme la majorité de leurs familles. Plus de la moitié de ces femmes tissent une relation mère-enfant dans les jours qui suivent la naissance. Une patiente sur dix avoue ne pas s'être remise de leur déni même des années après, et 20 à 30% d'entre elles cumulent les moyens de contraception dans la crainte de revivre pareille situation. Quelques-unes ont préféré « ne plus se souvenir de tout ça » et ont même coupé les ponts avec leur entourage.

6.5.3 Le déni total levé à l'accouchement

Il est synonyme d'après les réponses d'une très grande souffrance psychique, parfois encore d'actualité si la femme est livrée à elle-même dans sa reconstruction. Aucun abandon n'a été répertorié, même si un quart des interrogées confie qu'elles l'avaient envisagé. Le père, se sentant trahi et trompé, a parfois quitté le foyer familial. Une thérapie familiale peut être envisagée, et plus tard les explications données aux enfants du déni permettent souvent une croissance satisfaisante.

Dans les cas de déni total avec mort du nouveau-né, les questionnaires sont souvent revenus vierges, comme en signe d'une incapacité à se souvenir ou à en parler. Le déni semble être levé jusqu'à des mois voire des années après le drame, et l'intervention judiciaire ainsi que l'incarcération paraissent aggraver encore le traumatisme, contrairement à Blanche Massari qui avait observé l'intervention judiciaire comme ayant un rôle expiatoire et psychothérapeutique pour la patiente néonaticide.[28]

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 84/89

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