La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry( Télécharger le fichier original )par Ericbert TAMBOU Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011 |
Conclusion partielleCe premier chapitre nous a permis de situer l'humanisme de l'homme-dieu ou l'humanisme spiritualiste dans son contexte. Ce contexte est celui de l'Occident, notamment celui de la France du XXIe siècle, une France qui se dit laïque et par surcroit désenchantée où la révolution démocratique a permis à l'homme d'organiser lui-même son quotidien. Nous avons par la suite fait allusion à Nietzsche, qui est selon Luc Ferry celui qui accompagne par sa pensée le désenchantement du monde. Après Nietzsche, l'humanité aujourd'hui est comme sur une bicyclette : il faut rouler pour ne pas tomber, mais rouler vers quelle direction ? Dieu est mort, mais l'homme pas. Si Nietzsche a réveillé le monde en assénant qu'il fallait désormais « philosopher au marteau », Luc Ferry avance « qu'après un long désenchantement du monde, ce même monde, notre monde, est en train de se réenchanter. » Ne faut-il pas dès lors repenser l'idée de transcendance ? Il faut, pour qui est non croyant, apprendre à repenser l'humanisme moderne avec des figures inédites de la transcendance qui ne doivent rien aux sagesses antiques ni au christianisme encore moins au matérialisme. Telle est la tâche que s'assigne le second chapitre. CHAPITRE II : L'HUMANISME DE L'HOMME-DIEU : UN HUMANISME LAICIntroduction partielleLuc Ferry fait preuve d'une grande lucidité sur le besoin religieux de l'homme du XXIe siècle et surtout sur la forme que peut prendre cette «nouvelle religion''. Il faut à juste titre, pour notre société repenser une réflexion sur une nouvelle éthique humaniste qui réponde à la question du sens car après la mort des grandes utopies et le relatif retrait des religions, « la question du sens ne trouve plus le lieu où s'exprimer collectivement. »18(*) Pour affronter le destin, il ne suffira pas de nous inventer de nouvelles transcendances, pense Ferry, mais il y a place pour une spiritualité laïque qui oblige l'homme à se construire un humanisme à base de transcendance horizontale, centré sur l'homme. I. Principes du nouvel humanismeDans son livre L'homme-dieu ou le sens de la vie, Luc Ferry pense que l'homme ne peut vivre sans transcendance s'il veut donner un sens aux expériences de l'existence, de la souffrance, de la mort, de l'amour, du bien et du mal. Mais cette transcendance, et c'est là un fait nouveau, ne serait plus celle d'un dieu qui s'impose à nous, elle ne serait plus celle déduite d'une révélation, mais elle partirait de l'homme lui-même. L'humanisme de l'homme-dieu donne accès à une spiritualité laïque authentique, enracinée en l'homme. Luc Ferry va développer la question moderne du sens de la vie suivant un double processus : l'humanisation du divin et la divinisation de l'humain. 1. L'humanisation19(*) du divinSelon Luc Ferry, cette première étape du processus de l'humanisme spiritualiste montre qu'au cours des siècles, le contenu de la révélation chrétienne s'est humanisé. Le monde démocratique européen a été gagné par un vaste mouvement de sécularisation. A la place de Dieu, la conscience individuelle est devenue l'instance suprême du jugement moral : le jugement est vrai parce qu'il vient de la conscience. Pour Luc Ferry, « il semble que les croyants s'approprient sans cesse davantage le fond laïc constitué par la grande déclaration des droits de l'homme, et que ce soit sur cette base commune que vienne se greffer leur foi. »20(*) Il poursuit son propos en formulant que le respect de la personne humaine, le souci de l'autre, de sa dignité et de sa souffrance ne sont plus des principes dont le christianisme aurait le monopole. Il n'est pas besoin d'être chrétien pour adhérer à la philosophie des Droits de l'homme !! Avec l'humanisation du divin, la conscience du mal nous est ôtée. L'homme n'est plus responsable du mal. Mais cela pose une interrogation. Si la responsabilité du mal est ôtée à l'homme, comment ne serait-il pas déchargé de celle du bien ? Sans trancher le débat, Luc Ferry estime que le bien moral est inséparable de la possibilité du mal. Mais alors comment combattre la mal ? La voie que nous indique Luc Ferry est la divinisation de l'humain. * 18 Luc FERRY, L'homme-dieu ou le sens de la vie, Paris, Grasset, 1996, p. 19. * 19 On doit entendre par humanisation une relativisation positive du fini par la présence libératrice, en son sein, d'un vrai Infini, et non comme une dissolution négative réduisant l'Infini à la simple dialectique interne du fini. * 20 Ibid., p. 57-58. |
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