1 Conclusion
La revue de littérature sur l'évaluation
empirique de la relation entre le taux de change réel et ses
fondamentaux est prolixe. En effet, malgré les différentes
approches méthodologiques utilisées pour l'estimation de cette
relation, la tendance générale est qu'il existe une relation
significative entre le taux de change réel et ses fondamentaux.
Les objectifs de notre travail étant d'identifier les
fondamentaux qui expliquent les comportements du taux de change réel du
franc CFA dans l'UEMOA et d'estimer les degrés de mésalignements,
deux hypothèses ont été posées à cet effet.
Le premier affirme que les fondamentaux expliquent effectivement le
comportement du taux de change réel du franc CFA et la seconde suppose
que le franc CFA est actuellement surévalué.
Au terme de notre travail de recherche, les estimations
montrent que le taux de change réel du franc CFA est influencé
à l'équilibre par l'investissement, la balance commerciale,
l'ouverture commerciale et les dépenses gouvernementales à long
terme ; à court terme, seules la productivité et la balance
commerciale impactent sur le taux de change réel du franc CFA dans
l'UEMOA. Ce premier résultat confirme l'une de nos hypothèses de
base selon laquelle, le taux de change réel du franc CFA dans l'UEMOA
est expliqué par ses fondamentaux.
La vérification de la deuxième hypothèse,
qui est d'ailleurs confirmée, nous a conduits à estimer les
mésalignements du taux de change réel de 1984 à 2010. Ce
deuxième résultat montre que le niveau actuel du franc CFA est
surévalué à hauteur de 8,32%. Ce résultat relance
la question d'un nouvel ajustement de la parité entre l'euro et le franc
CFA. Comme solution, il s'agira d'examiner la position des réserves de
change du franc CFA dans l'UEMOA afin de prendre une décision de
dévaluation ou non. Notons cependant que la dévaluation n'est pas
une fin en soi, ce qui est fondamental c'est la capacité des
économies à réagir après une dévaluation.
Les leçons de la dévaluation de 1994 sont encore à
l'esprit car les effets attendus n'ont été que de très
court terme et les économies de la zone franc CFA replongèrent de
nouveau dans leur situation avant 1994. A cet effet, une solution consisterait
à renforcer la capacité productive du tissu industriel des pays
de l'union pour satisfaire une part importante de la demande domestique,
diversifier les exportations pour sortir du joug infernal de la
malédiction des matières premières afin d'améliorer
la balance commerciale et bénéficier des fruits de la
libéralisation commerciale dans un monde sans cesse globalisé.
Au-delà des questions de la dévaluation ou non,
il est non moins important de savoir si la monnaie d'héritage coloniale
et le régime de change fixe sont propices à la zone franc et
pouvant permettre à cette zone de faire face aux défis de
développement, de chômage et de réduction de la
pauvreté des populations.
|