PARAGRAPHE II : La méfiance dans les missions de
l'O.N.U
Le conseil de sécurité des Nations Unies, dans
ses missions de maintien de paix et de sécurités dans le monde, a
apporté son soutien dans des crises qui ont eu lieu en Afrique de
l'Ouest. Il s'agit entre autre dans des pays comme le Libéria, la Sierra
Léone et la Côte d'Ivoire. Dans beaucoup de cas dans la
Région, l'organe « universel »de paix s'est retranché
derrière des condamnations verbales. Même dans ces cas
cités, il a fallu beaucoup de retard avant qu'il ne prenne des
décisions résolues de règlement de la crise. Cela a
été le cas en Guinée avec les dérives des rebelles
venant du Libéria ou de la Sierra Léone. Pour des raisons parfois
diverses, les membres permanents du Conseil de Sécurité (C.S)
adoptent des positions différentes.
Pour ce qui était de la crise en Sierra Léone,
seul le Royaume-Uni et dans une moindre mesure la France, avait vu de ce
conflit un véritable enjeu. En dépit d'un discours volontiers,
moralisateur et donneur de leçons, les Etats Unis n'ont, à aucun
moment, apporté une aide significative à la résolution du
conflit59. Pour des considérations politiques, dans ce
conflit, les Etats Unis ont même à plusieurs reprises plutôt
compliqué le processus de décision, retardé le
déploiement de la mission d'observation des Nations Unies en Sierra
Léone
59 JEAN M. Châtaigne, « l'ONU dans la crise
en Sierra Léone, 2005.
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(M.O.N.U.S.I.L)60. Ils avaient même
provoqué le retrait des Nations Unies des contingents indiens et
jordaniens.
Des pays comme la Chine et la Russie avaient, elles aussi,
adopté des positions prudentes. En plus, même après les
résolutions, les missions sur le terrain connaissent des limites
latentes. Si nous prenons le cas de la Côte d'Ivoire, nous pouvons faire
ressortir un certain nombre de difficultés qui ont constitué des
obstacles à la mission du conseil de sécurité.
La réticence des responsables locaux d'agences
onusiennes envers le concept même de mission intégrée
était de mise. On note également le fait qu'il y avait peu
d'esprit d'équipe, un manque de discipline et de confidentialité
au sein même de l'O.N.U.C.I, en particulier parmi le personnel local. Le
manque de ressources financières, logistiques et humaines, notamment
pour permettre à la mission d'assurer sa propre sécurité
était aussi à l'ordre du jour. Les intérêts
divergents des acteurs extérieurs, tant au sein du Conseil de
sécurité que du G.T.I, ont brouillé la réponse de
la communauté internationale face à la crise, en particulier en
ce qui concerne les sanctions ciblées. Il est vrai qu'on serait bien en
peine de présenter un succès majeur enregistré par
l'O.N.U.C.I depuis sa création. De report en report, l'organisation des
élections, plus de deux ans après la date initialement
fixée, en est toujours à ses prémisses et on commence
à nouveau à douter de la faisabilité de la dernière
échéance promise par le gouvernement (Juin 2008). Le
désarmement des anciens combattants reste bloqué tant que la
confiance n'est pas revenue entre belligérants. L'intégration des
rebelles dans la nouvelle armée ivoirienne se heurte au refus du
président de nommer certains officiers supérieurs issus des
Forces nouvelles.
La lutte pour le pouvoir était toujours très
vive et semblait primé sur toute autre considération de bonne
gouvernance, d'État de droit, de meilleure répartition des
richesses ou de bien-être des populations. Tant qu'un compromis durable
ne sera pas trouvé entre tous les leaders politiques majeurs, il semble
peu probable que l'O.N.U.C.I puissent efficacement remplir le mandat que le
Conseil de sécurité lui a attribué. C'est pour toutes ces
raisons que la mission de l'O.N.U n'a pas très vite abouti au grand
bonheur des populations victimes de violences et autres.
Aujourd'hui, en l'an 2012, au Mali une rébellion sans
précédente divise le pays en deux. Le conseil de
sécurité, face à une telle crise politico-militaire,
devait s'investir par une
60 La Mission de l'ONU en Sierra Leone (UNAMSIL) fut
mise en place par la Résolution UN SC 1270, S / RES/ 1270 (1999), 22
octobre, 1999.
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résolution de retour définitif de la paix. Mais,
ce qu'on constate, c'est une organisation incapable ou même qui n'est pas
soucieuse du problème Malien. Notre inquiétude se situe sous
l'angle d'une institution internationale universellement reconnue et qui est
investie de défendre les problèmes de sécurité dans
le monde et qui, en réalité, se suffit à des
déclarations d'indignation. Ceci nous paraît inadmissible en tant
que citoyen du monde connaisseur des missions universelles de l'O.N.U.
De touts les façons, nous sommes convaincus que le
conseil de sécurité prendra ou influencera une mesure de
résolution du conflit Malien. Toutefois, en tant que défenseur
des droits de l'homme, on ne peut tolérer une intervention tardive face
à cette occupation irrégulière des combattants d'Ansardine
En Côte d'Ivoire aussi, nous avons fait le même constat avec une
guère civile sans merci entre populations du Nord et du Sud, entre
forces loyalistes et forces rebelles. Ceci aurait dû être
évité si le conseil de sécurité avait pris
résolument le problème à bras le corps.
En bref, on se demande même si l'O.N.U n'est pas une
organisation des grandes puissances et qui subit le dicta de celles-ci. Dans
toutes ses actions dans la région Ouest-africaine et ailleurs, on note
une certaine lenteur dans les résolutions et ceci est dû le plus
souvent à des intérêts partisans et
insoupçonnés que les grandes puissances mettent en avant en
ignorant les atrocités commises sur le terrain des affrontements sur la
population locale.
C'est donc pour nous, une institution de méfiance, de
doute, de prise de positions faites d'intérêts, de combines en
puissances et ceci, par le fait que l'organisation « universelle » de
la paix se cache toujours derrière un soi-disant véto ou encore
d'ingérence dans les affaires internes des Etats pour ne pas prendre, au
moment opportun, les résolutions de façon rapide et efficace. Si
nous observons de près, dans toutes ses interventions, soit en
Côte d'Ivoire, en Sierra Léone ou encore au Libéria, la
méfiance des Nations Unies pour adopter une résolution
d'intervention avait couté la vie à des centaines voire des
milliers de morts. C'est presque toujours, après que la situation
devienne chaotique, qu'elle décide d'intervenir. C'est ce que certains
qualifient de « médecins après la mort ».
L'institution mondiale de la paix connaît aussi
certaines limites du point de vue de la neutralité des missions de
l'O.N.U dans la zone Ouest-africaine.
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