3.5.- HABITAT DANS LE BASSIN VERSANT DE LA RIVIERE
N'DJILI
En plus des espaces lotis régulièrement qui
sont, du reste, urbanisés, on a constaté depuis 1960,
l'occupation anarchique des espaces restants : C'est ainsi qu'ont
été occupées les collines de l'Est et les berges Ouest. Le
lit majeur de la rivière N'Djili a été aussi occupé
dans les mêmes conditions. Les quartiers Malemba, Maziba, Ndanu et
Kingabwa entre autres sont situés dans les zones inondables de la
rivière N'Djili. Ce qui explique la fréquence très
élevée des inondations dans ces quartiers.
La construction des habitations sur les berges entraîne
un autre problème lié à la pollution : les eaux
usées domestiques, les eaux vannes, les excrétas humains à
l'état brut et d'une manière générale tous les
déchets solides et liquides sont rejetés directement dans l'eau.
Les latrines de la plupart des parcelles riveraines communiquent avec la
rivière soit directement soit indirectement à l'aide d'une
canalisation. Le cas de la rivière N'Djili n'est pas unique à
Kinshasa En effet, les travaux menés par Butshia (1996) sur la
rivière Funa dans la Commune de Makala et par Luboya (1997 et 1999) sur
les rivières Makelele et Yolo démontrent la réalité
de ce phénomène.
Le territoire situé dans les limites du bassin versant
de la rivière N'Djili présente des types d'habitat
différents selon les communes et le site.
3.5.1. HABITAT FORMEL
Dans l'habitat formel au niveau du bassin versant de la
rivière N'Djili, on rencontre différents types des logements
selon qu'il s'agit des zones résidentielles (Commune de Limete
dans sa partie industrielle et résidentielle) ou des cités
planifiées (quartier Salongo/Lemba, Matete et de N'Djili dans sa
partie planifiée).
Dans les cités planifiées les logements se
présentent de la manière suivante :
- Logements à deux niveaux de type résidentiel
avec salon et cuisine au rez-de-chaussée et 3 petites chambres à
l'étage sur une superficie de 52 m2 ;
- Logements à deux niveaux de type commercial avec une
boutique au rez-de-chaussée sur une superficie de 60
m2 ;
- Logements individuels à une chambre construits sur
une superficie de 32 m2.
3.5.2. HABITAT INFORMEL
L'habitat informel se situe dans les zones d'extension. On
distingue :
- Extension Ouest : N'Djili (extension), Commune de Mont
Ngafula ;
- Extension Est : Communes de Masina, Kisenso, Kimbanseke
ainsi
que les quartiers Livulu et Mbanza-Lemba à Lemba et
Kimbondo à Mont-Ngafula. A cette énumération, il convient
d'ajouter le quartier Kingabwa à Limete.
Dans les zones d'extension, l'habitat est très
diversifié et présente la caractéristique d'être
érigé par autoconstruction sans assistance des personnes
qualifiées. Cette situation aboutit à la construction des maisons
très fragiles qui ne résistent pas aux divers aléas
naturels. On rencontre la situation suivante :
1. Des maisons en matériaux durables et modernes,
très rares ;
2. Des maisons de niveau modeste ;
3. Des baraques construites en matériaux de
récupération : vieilles
tôles de réemploi, morceau de planche de bois de
divers types, de vieux tissus...
4. Des taudis des types divers (Photos 28, 29, 30 et
31) ;
5. Des cases construites en pisé comme au village
(Photo 12) ;
6. Des abris divers notamment des containers, des kiosques
voire des
campements qui abritent parfois des familles
nombreuses ;
Dans les zones à risques d'érosions, on
rencontre des maisons inachevées et des constructions
abandonnées. De nombreuses parcelles présentent une situation
particulière comprenant une partie habitée et l'autre
inondée et occupée par des plantes aquatiques ou semi -
aquatiques.
Comme on peut le constater, les problèmes
environnementaux observés dans le bassin versant de la rivière
N'Djili en un lieu donné dépendront du type d'habitat, du mode
d'occupation des terres, de la morphologie et de la position
géographique du site.
En effet, dans l'habitat formel, il s'agit essentiellement des
zones planifiées construites avant l'indépendance par l'O.C.A.
devenu plus tard O.N.L. Tout y était prévu : voirie,
égouts, canalisations pour l'évacuation des eaux usées et
pluviales, équipements sociaux...Il s'agira donc essentiellement ici des
problèmes liés à l'assainissement par suite de la
dégradation ou même de la destruction et du bouchage des
égouts et des canalisations d'évacuations d'eaux usées et
pluviales.
Dans l'habitat informel deux situations se rencontrent suivant
la topographie du lieu : plaine ou colline.
Au niveau de la plaine dans la terrasse alluviale, la
population a érigé des habitations dans les marécages et
même dans le lit majeur de la rivière N'Djili qui constitue des
zones inondables. C'est le cas des quartiers Ndanu et Madrandele à
Kingabwa ainsi que des quartiers Malemba et Maziba dans la commune de Matete.
Ces quartiers sont toujours humides même en saison sèche
étant donné que la nappe phréatique est très
superficielle. En saison de pluies, on y assiste à des
phénomènes d'inondation parfois catastrophiques.
Au niveau de la partie collinaire, la population a investi des
zones à pentes sensibles à l'érosion. La Commune de
Kisenso est un exemple éloquent de ce type de situations. En effet,
aujourd'hui, cette Commune se trouve dans une situation dramatique parce
qu'elle est profondément disséquée par de graves
érosions. Des milliers des tonnes de terres arrachées aux
collines de Kisenso par des érosions se déversent sur les
quartiers de Matete situés à la limite entre les deux
communes : quartiers Kinsako, Ngufu, Vitamine...
La ville évolue actuellement sans plan
d'aménagement et la population est pratiquement livrée à
elle - même. Dans certains cas, elle a occupé de manière
spontanée des sites réputés "non aedificandi" comme
à Kisenso. Dans d'autres cas, elle l'a fait avec la complicité
des agents ou parfois même des services officiels du Ministère
ayant les affaires foncières dans ses attributions. Les lotissements
sont décidés sans tenir compte des principes urbanistiques et de
la situation environnementale des lieux concernés.
En résumé, on peut dire que l'occupation des
terres dans les zones d'extension présente les caractéristiques
suivantes :
- Occupation spontanée et anarchique des terrains par
la population même sur des zones réputées « non
aedificandi » ;
- Régularisation de la situation par les
autorités politiques par des textes réglementaires ou
légaux ne tenant pas compte de la situation écologique et
environnementale des terrain ;
- Absence de viabilisation des sites et par conséquent
inexistence des infrastructures de base essentielles ;
- Autoconstruction sans l'assistance des personnes
qualifiées d'où l'extrême fragilité et la
vulnérabilité des constructions et des sites qui sont ainsi
frappés régulièrement par des catastrophes.
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