La remise en cause des frontières africaines. Cas de la RDC( Télécharger le fichier original )par Olivier DIEMBY MALENGA Université technologique Bel Campus à Kinshasa en RDC - Licence en relations internationales option politique internationale 2012 |
2.2. Les frontières EstPendant plus d'une décennie, l'Est de la RD Congo, principalement la région du Kivu, est en proie à des guerres récurrentes, menées ou provoquées par des prétendus mouvements rebelles congolais. Or, il est connu qu'un mouvement rebelle ne peut survivre s'il ne bénéficie du soutien de la population locale ou s'il ne dispose de bases arrières dans les pays voisins ou encore d'un appui extérieur. Ce qui est réel est que pour le cas de l'Est de la RD Congo, les mouvements rebelles ne bénéficient pas toujours de sympathie ni de soutien populaires, ce qui suppose qu'ils doivent leur survie aux divers appuis dont ils bénéficient de la part des pays voisins, le Rwanda en tête. La grande question à se poser ici est celle de comprendre la motivation de cet appui inconditionnel des pays voisins de la RD Congo à ces groupes armés. 2.3.1. Les voisins : l'ombre du Rwanda28(*)Le Rwanda est un acteur essentiel de la guerre du Kivu. Non seulement parce que la déstabilisation de l'Est de la RD Congo est la conséquence directe de ses problèmes internes (surpeuplement et exportation de ses violences intercommunautaires), mais aussi parce que Kigali essaie d'exercer un contrôle sur le Kivu, tant pour sa sécurité que pour s'approprier des terres et des ressources minières. L'Ouganda a aussi des visées hégémoniques sur le grand nord de la province, mais surtout concerné par le conflit de l'Ituri. La question de l'implication du Rwanda dans la guerre du Kivu fait toujours problème car elle n'est pas fortuite. Celle-ci s'inscrirait dans la réalisation d'un plan de conquête des espaces territoriaux à l'Est de la RD Congo. Le chevauchement d'identités ethniques transfrontalières et d'appartenances nationales dessine des configurations complexes et des statuts ambigus de certains groupes sociaux. Pour les adversaires de Nkunda, qui lui-même se revendique Congolais à part entière, il ne fait aucun doute qu'il est à la solde de KAGAME. L'engagement au début des années 1990 d'un grand nombre de Tutsis du Congo auprès du Front Patriotique Rwandais (FPR) et l'étroite collaboration entre le Rwanda et le Rassemblement Congolais pour la Démocratie, RCD, entre 1998-2002 ont créé des solidarités actives, au point qu'il est difficile de faire le partage entre ce qui est « congolais » et « rwandais » une ambivalence qui alimente l'hostilité des autres groupes ethniques du Kivu. En s'appuyant sur des réseaux transfrontaliers, familiaux, culturels, ou d'affaires, le Rwanda reste en tout cas un acteur omniprésent sur la scène économique, politique et militaire du Kivu. Son appui au Congrès National pour la Défense du Peuple, CNDP, sans être inconditionnel pour des raisons de stratégie politique propre à KAGAME, s'exerce sans doute moins dans le domaine militaire sauf peut-être dans la zone frontalière, que dans celui des services, télécommunication, système bancaire, facilités commerciales etc. Il se pourrait que le CNDP soit en train de se substituer au RCD comme acteur privilégié des relations avec le Rwanda. * 28 Roland Pourtier, « Le Kivu dans la guerre : acteurs et enjeux », in EchoGéo, 2009 |
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