EPIGRAPHE
La paix est un rêve
suspendu.
Kofi Annan
A nos parents DIEMBY Ngimbi Dominique et NSENGA Santu
Nathalie pour leur grand amour;
A ma très chère épouse, GONOKOSO Malay
Judith, pour son soutien sans précédent et mes chers fils DIEMBY
Olivier, DIEMBY Jesse et DIEMBY Adriano qui représentent tout pour
nous.
Je dédie ce travail.
IN MEMORIAM
A nos regrettés grand frère DIEMBY Masamuna
Tony, et très cher neveu MONSENGO Christian que le destin a
arraché très tôt à notre affection.
REMERCIEMENTS
Au seuil de ce travail, nous voulons nous acquitter d'un
agréable devoir, celui de remercie tous ceux qui, d'une manière
ou d'une autre nous ont été d'une certaine utilité.
Nous tenons à remercier très
particulièrement le Professeur Marcellin LUKAMA qui, malgré ses
multiples occupations, a bien voulu diriger ce travail. Ses remarques
avisées, sa rigueur scientifique nous ont été très
précieuses.
Notre sentiment de profonde gratitude s'adresse ensuite au
Chef de travaux NGILA Isung Romain qui a bien voulu rapporté nos
difficultés et suggestions et nous ne saurons lui en remercié
à suffisance.
Ainsi, nos vifs remerciements s'adressent ensuite au corps
professoral du Département des Relations Internationales pour leur
dévouement à la formation de l'élite de notre secteur. Ils
nous ont permis d'acquérir quelques outils intellectuels, ceux-là
même qui furent nécessaires à la réalisation de
cette étude.
Que nos soeurs et frères, DIEMBI NGIMBI Marie-Virginie,
Dr. DIEMBY Ndona Brigitte, trouvent ici notre sentiment de reconnaissance pour
leur soutien multiforme.
Nous ne tournerons cette page sans nos condisciples avec qui
nous avons partagé des moments de joie et de dur labeur Il s'agit
de : AMSINI Lumombo Didier, MBULA Kilimbalimba Blaise, etc.
Nous remercions également : DIEMBY Nsona Sylvie,
DIEMBY Samba Caroline, DIEMBY Nzila Mputu Laura, DIEMBY Nkanza, TUMBA Ntambwe
Patrick, Promesse BADIBANGA Tshamala, MAKELA Malenga Blaise, DIEMBY Simon pour
leur réconfort.
Que ceux qui nous ont soutenue et qui nous ont assistée
d'une manière ou d'une autre dont les noms ne figurent pas dans le
présent mémoire ne se sentent pas oubliés. Nous les
portons dans notre coeur et leur disons grandement merci.
LISTE D'ABREVIATIONS ET
SIGLES
ACOGENOKI
|
: Association Coopérative des Groupements
d'Eleveurs.
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|
du Nord-Kivu
|
AIC
|
: Association Internationale du Congo.
|
|
APR/RDF
|
: Armée Patriotique Rwandaise/Forces de la
Défense
du Rwanda.
|
|
CEEAC
|
: Communauté Economique des Etats d'Afrique
Centrale.
|
|
CEPGL
|
: Communauté Economique des Pays des Grands Lacs.
|
|
CNDP
|
: Congrès National pour la Défense du Peuple.
|
|
COLTAN
|
: Colombo-tantalite.
|
|
FARDC
|
: Forces Armées de la République
Démocratique du Congo.
|
|
FDLR
|
: Forces démocratiques pour la libération du
Rwanda.
|
|
FLEC
|
: Front de Libération de l'Enclave du Cabinda.
|
|
FPR
|
: Front Patriotique Rwandais.
|
|
ITIE
|
: Initiative pour la Transparence des Industries
Extractives.
|
LRA
|
: Lord Resistance Army (Armée de Résistance du
Seigneur).
|
MAGRIVI
|
: Mutuelle Agricole des Virunga.
|
MAÏ-MAÏ
|
: Terme général désignant des groupes
armés autochtones
fétichistes actifs au cours de guerres
localisées en RD Congo
|
|
|
Démocratique du Congo (RDC).
|
|
MIB
|
: Mission d'Immigration des Banyarwandas.
|
OI
|
: Organisation Internationale.
|
ONG
|
: Organisation Non-gouvernementale.
|
|
OUA/UA
|
: Organisation de l'Unité Africaine/Union Africaine.
|
PARECO
|
: Patriotes Résistants Congolais.
|
RCD
|
: Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
|
|
RFI
|
: Radio France Internationale.
|
|
SADC
|
: Southern African Development Community
|
|
|
(Communauté de développement d'Afrique
australe).
|
|
UPDF
|
: Uganda People's Defence Force/Force de Défense
du Peuple
Ougandais.
|
|
|
(Force de défense du peuple ougandais).
|
UTBC
|
: Université Technologique Bel Campus.
|
|
|
|
INTRODUCTION
1. PROBLEMATIQUE
La question des frontalières en Afrique, par tous les
développements géopolitiques qui s'y sont rattachent depuis les
indépendances, nécessitent à une vigilance permanente. En
effet, dès les premières années des indépendances
africaines, elle était à l'ordre du jour et constituait incarnait
déjà la pomme de discorde entre leaders africains. En 1963,
à la création de l'Organisation de l'Unité Africaine
(OUA), deux courants s'opposaient : le panafricanisme maximaliste et
minimaliste. Le premier considère que pour avoir une influence au niveau
mondial et maîtriser son propre destin, l'Afrique doit s'unir
politiquement, économiquement et militairement. Le chef de file de ce
mouvement soutenu par le groupe dit « de Casablanca » est
Kwame Nkrumah, l'initiateur de l'indépendance du Ghana. En face, l'autre
courant dit le groupe « de Monrovia ». Pour eux, l'effort
doit être mis d'abord sur la souveraineté des Etats et ce n'est
qu'après la consolidation des souverainetés nationales qu'une
coopération peut être envisagée. Visiblement, c'est ce
dernier courant qui va l'a emporté, parce que le principe
d'intangibilité des frontières fut consacré par l'OUA.
Bien que ce principe d'intangibilité
énoncé par l'Organisation de l'Unité Africaine se soit
imposé dans la majorité des cas, on constate des foyers de
tension voire des conflits liés aux frontières un peu partout en
Afrique, C'est le cas des conflits Lybie-Tchad au sujet de la bande
d'Aouzou ; Cameroun-Nigéria au sujet de Bakasi ; la
sécession du Biaffra (1967-1970) ; la tentative de reconquête
de l'Ogaden par la Somalie (1977-1978) ; les velléités
d'indépendantiste de l'île d'Anjouan de l'archipel des Comores en
1997, la question de l'enclave du Cabinda etc.
Cependant, il faut constater que ce principe
d'intangibilité de frontières a trouvé ses limites par
l'indépendance de l'Erythrée (1991) et celle du Soudan du Sud
(2011).
Dès lors, il convient de répondre aux questions
suivantes dans le cadre de ce travail :
- Quels sont les facteurs pouvant provoquer la remise en
question des frontières de la RD. Congo ?
- Comment ces frontières pourraient-elles
changer ?
2. HYPOTHESE
L'Afrique ayant été dépecée
à la conférence de Berlin de 1885 sans tenir compte de la
cartographie des empires et royaumes précoloniaux ni de la
volonté des autochtones, et sans avoir exploré
profondément le terrain. Les frontières des Etats africains, y
compris celle de la RD. Congo portaient ainsi les germes des conflits
dès leur origine. Ces Etats ont été créés
non pas pour exprimer la volonté des nations précoloniales, mais
pour satisfaire la cause colonialiste.
Les frontières de la RD. Congo pourraient ainsi
être à l'origine des conflits pouvant conduire soit à la
désintégration, soit à l'intégration, dans le
premier cas, ceci pourrait déboucher sur l'instabilité politique,
économique et sociale ; par contre le deuxième cas serait
bénéfique si maîtrisé.
En vue d'éviter toute modification de
frontières malheureusement par désintégration, il est
impérieux de conscientiser l'élite congolaise sur l'esprit
patriotique pour l'émergence du nationalisme. Une stratégie de
défense devrait également être pensée et mise en
oeuvre, avec comme centre de gravité une armée moderne, et
dissuasive, faute de quoi aucun facteur de puissance ne pourrait permettre
d'éviter des changements déstabilisants.
3. INTERET DU SUJET
La frontière, cette ligne qui marque la limite d'un
territoire, devient de plus en plus source de tensions évoluant souvent
vers des conflits armés. Il est donc utile qu'un étudiant
finaliste en relations internationales connaisse profondément la nature
et la fonction d'une frontière, d'autant plus que la frontière
devient un facteur de relation de coopération ou de conflit.
Aussi, la RD. Congo est un vaste pays avec neuf voisins. Il
est important de pénétrer la genèse des tracés de
ses frontières pour en comprendre les problèmes et les
opportunités qu'elles peuvent générer. Les
frontières de la RD. Congo seront pour demain un facteur de conflits,
mais aussi un facteur d'intégration. En vue d'envisager des
stratégies capable à pour faire face à ce défi, il
y a lieu d'étudier les frontières de ce pays.
4. METHODES ET TECHNIQUE
DE RECHERCHE
a. Méthode
Pour mener à bon port nos recherches, nous avons
recouru à la méthode historique et la méthode
analytique.
La méthode historique nous a permis d'explorer
l'histoire de la RD. Congo pour comprendre comment les frontières ont
été décidées et de quelle façon elles ont
évolué jusqu'à la configuration actuelle.
La méthode analytique a permis, à partir des
faits historiques et la configuration géostratégique actuelle, de
définir les menaces liées aux frontières et ainsi de
proposer des solutions acceptables à notre avis.
b. Technique
La technique documentaire a été
privilégiée tout au long de cette recherche. Elle a permis de
rassembler diverses données dans les ouvrages, revues, internet et
diverses autres sources documentaires diverses.
5. DELIMITATION
SPATIOTEMPORAIRE DU SUJET
L'Afrique est un vaste continent avec une superficie de
près de 30.520.630 km² et 54 pays ayant des multiples
frontières les uns avec les autres. Les tensions frontalières ont
diverses causes, si bien qu'il est impossible, dans un travail comme celui-ci
d'épuiser un immense dossier que celui-là ; raison pour
laquelle notre étude se limite à l'espace actuelle de la RD.
Congo. Elle partira de la période précoloniale, c'est dire de
1885 à nos jours.
6. PLAN SOMMAIRE
Outre l'introduction et la conclusion, ce travail se subdivise
en trois chapitres :
- Le premier chapitre qui définira les concepts clefs
du travail ;
- Le deuxième se consacrera à l'histoire des
frontières de la RD. Congo expliquent les différents changements
qu'elles ont connus jusqu'à l'indépendance.
- Le dernier scrutera la situation actuelle des
frontières de la RD. Congo, en présentant les différentes
tensions et crises générées par les frontières
depuis l'indépendance à nos jours, et essaie de définir
les menaces liées aux frontières pour enfin proposer des
solutions permettant d'y faire face.
CHAPITRE PREMIER :
GENERALITES SUR LES FRONTIERES
1. DEFINITION
Le dictionnaire Petit Larousse définit la
frontière comme étant une limite qui sépare deux
Etats.1(*) La
frontière est donc une limite de caractère international
établie en vertu d'un traité, d'une négociation, d'un
règlement juridictionnel ou arbitral et dont l'existence
matérielle sépare des espaces territoriaux voisins où
s'exercent des souverainetés distincts.2(*)
La frontière territoriale est aujourd'hui
considérée comme une ligne définie, marquant la
séparation entre deux territoires relevant de juridictions
différentes. La frontière est un objet juridique. Elle est la
configuration institutionnalisée de la partie d'espace où l'Etat
exerce son autorité souveraine territoriale, son contrôle effectif
et coercitif. Elle distingue des pouvoirs étatiques aux niveaux
géographiques et politiques (
limite
territoriale). Elle est constituée en droit par plusieurs
éléments cumulatifs et complémentaires. Les
frontières sont des intentions politiques, traduites en dispositions
juridiques, cartographiées sous la forme linéaire continue ou
discontinue, produites d'un processus technique de détermination,
inscrites matériellement et/ou projetées virtuellement dans le
milieu naturel, aux fonctions juridiques de différenciation territoriale
et étatique et dont les modalités d'application peuvent prendre
des formes particulières de contrôle et d'assujettissement.
Toutefois, la notion de frontière précise et
intangible, n'a pas toujours existé. Dans de nombreuses régions
et à des époques diverses, les limites de frontières
n'étaient pas définies avec précision.
La notion de frontière au sens actuel, qui
succède à celle de
confins, est associée
au développement de l'État moderne, tel qu'il s'est
développé en Europe à partir des XIIIe et
XIVe siècles. À cette époque, des pouvoirs
étatiques centraux se réaffirment. Le Prince impose des lois et
des impôts sur un territoire bien délimité. La notion prend
tout son sens avec l'apparition du
modèle
westphalien à partir de 1648. Progressivement, les progrès de
la cartographie permettent aux dirigeants de mieux prendre conscience de leur
territoire et de mieux le contrôler. L'idée prend une
intensité nouvelle avec la Révolution française: les
révolutionnaires veulent donner à la France un territoire
unifié et précisément la configuration, et supprimer
toutes les
enclaves et
exclaves qui
compliquent le dessin du territoire national. Le territoire national doit
être linéaire et les frontières intérieures
abolies.3(*)
L'idée de créer des limites précises,
permettant de clarifier les situations juridiques s'impose progressivement dans
les régions sous contrôle européen. Cependant, dans les
faits, la définition exacte de toutes les frontières nationales
ne se fait que sur le long terme : de nombreux États n'avaient toujours
pas fixé avec précision les limites de leur territoire à
la fin du XXe siècle.
Toute action, tout rapport à l'environnement, tout
mouvement dans l'espace impliquent la création ou la prise en compte des
limites auxquelles il n'est pas possible de se soustraire. On peut dès
lors considérer la limite comme étant la catégorie
générale englobant la notion de frontière au sens
où la limite présente les caractéristiques
suivantes :
- La limite est intentionnelle, elle procède d'une
volonté ;
- La limite est créatrice d'un ordre spatial et
temporel ;
- La limite est fondatrice de la différence, mais la
différence peut autant
- susciter la limite.
- Les limites constituent une information structurant un
territoire,
- information née du besoin de
différentiation.
2. FONCTIONS DE LA
FRONTIERE
Appliquée à la frontière, les
caractéristiques ci-dessus nous révèlent les quatre
fonctions suivantes4(*) :
2.1. La fonction de
traduction
La frontière est la traduction d'une intention, d'une
volonté, d'un pouvoir, d'un projet sociopolitique etc. Le
caractère volontaire de la frontière met en évidence le
fait que la frontière résulte toujours de la volonté
humaine. Bien sûr, le tracé d'une frontière se
réfère à des limites artificielles ou à des limites
naturelles. Mais, même dans ce dernier cas, l'attribution de la
qualité de frontière à l'un ou l'autre
élément géographique naturel est encore le fait de la
volonté humaine.
2.2. La fonction de
régulation
La frontière délimite un territoire. Par ce
fait même, elle régule les ressources politiques, sociales,
culturelles, économiques qui y sont disponibles. La frontière
régule au sens où elle est la recherche d'un certain ordre. La
constance des tracés frontaliers est en effet un élément
important de stabilité. A ce titre, elle serait le seul concept
politique, à caractère universel ayant l'approbation de la
majorité. En effet, la frontière a été et, en bien
des sens, demeure une institution politique de base : dans une
société moderne, aucune vie économique, politique ou
sociale régulée ne pourrait s'organiser sans elle.
A l'intérieur de ses frontières, l'Etat est
appréhendé comme une juridiction de souveraineté et la
doctrine wébérienne du monopole de la violence légitime de
l'Etat sur son territoire lui est tout aussi universellement reconnue. Ainsi,
la revendication de l'Etat moderne, d'être la source exclusive des
pouvoirs et des prérogatives de la Loi, ne peut se réaliser que
si ses frontières sont rendues imperméables à une
intrusion étrangère non souhaitée.
2.3. La fonction de
différenciation
La frontière marque la différence, elle lui
donne sens, elle la fonde. A ce titre, la frontière peut être
considérée comme le signe premier des relations
internationales.
2.4. La fonction de
relation
La frontière relie des entités
différentes. Cette relation peut être conflictuelle ou, au
contraire, il peut s'agir d'une relation d'échange, de
coopération. On peut la franchir pour aller faire la guerre ; on
peut mourir à vouloir la franchir ; mais on peut également
profiter des richesses de ce qui se trouve de l'autre côté etc.
Somme toute, la formule suivante condense bien l'essence de
la frontière : « il s'agit d'une paroi
d'équilibre, parfois bousculée, puis percée, entre des
organismes différenciés et produisant des poussées
inverses ».
3. FRONTIERES ET
CONFLITS
Selon HUYGHE F.B., « Pas de guerre sans
frontière, pas de frontière sans guerre».5(*)
À suivre son étymologie française,
«frontière» est un concept militaire. Apparu en 1213, pour
désigner une armée qui établit sa ligne de front, le mot
renvoie à la limitation entre deux États à partir de 1360.
Cette ligne invisible sert d'isobare entre puissances et volontés
politiques : elle en transcrit l'équilibre sur la carte. Et, suivant le
mot de Ratzel, la guerre consiste à promener sa frontière sur le
territoire de l'autre.6(*)
Les frontières peuvent, (à titre d'enjeu)
susciter des conflits, les empêcher tant qu'elles sont respectées
mais aussi les prouver. Leur viol- des hommes en armes faisant violence sur le
territoire étranger -constitue souvent le début des guerres
effectives.
En scrutant les missions traditionnelles et
spécifiques de toutes les armées du monde, celles qui consistent
à défendre l'intégrité territoriale, nul n'est
besoin de démontrer ici l'importance que joue la frontière pour
un Etat. Ce qui voudrait dire que l'atteinte à la frontière est
la source majeure des conflits interétatiques.
Les conflits ont, pour l'essentiel, trois sources profondes
:
- la lutte pour le contrôle des ressources ;
- la lutte pour le contrôle des espaces
géographiques ;
- la lutte pour la domination idéologique, ethnique
et/ou nationale.
3.1. La lutte pour les ressources
Au XXème siècle, comme depuis toujours, la
lutte pour les ressources a été la lutte primordiale,
essentielle, plus ou moins camouflée derrière les
légitimations idéologiques alors que l'objectif réel est
de contrôler des ressources en pétrole, diamants, uranium, eau
(exemples : le combat contre le communisme des Etats-Unis d'Amérique,
jusqu'à la disparition de l'union soviétique au début des
années 1990, ou encore le combat pour la victoire du communisme de cette
même Russie soviétique).
L'eau est devenue l'une des ressources fondamentales du
XXIème siècle, notamment à cause de la
prolifération démographique.
3.2. La lutte pour les espaces géographiques
Cette lutte est nécessaire pour pouvoir
contrôler l'accès aux ressources. C'est les cas pour les
principales routes maritimes tels que : le Détroit d'Ormuz,
Détroit de Malacca, Détroit de Bab-el-Mandab, Détroit de
Gibraltar, le canal de Suez, canal de Panama etc.
La lutte autour de certains espaces au Proche-Orient permet le
contrôle des ressources en eau : c'est le cas de l'occupation du Golan
qui permet à Israël de satisfaire le quart de ses besoins en eau et
le contrôle de la Cisjordanie de combler le tiers de ces mêmes.
3.3. La lutte pour l'hégémonie
idéologique, ethnique et/ou nationale
Cette lutte peut être réellement fondée
sur le sentiment d'appartenir à la même communauté
d'idées, de peuple, d'une même nation, donc sur une
identité collective, ressentie plus ou moins passionnément par
les membres d'un groupe social comme devant s'imposer aux autres parce
qu'étant la meilleure, parce qu'étant "choisie" par une
divinité quelconque par exemple. C'est notamment le point de vue des
intégristes, fondamentalistes religieux, de toutes les religions, sans
exception.
Mais très souvent la lutte idéologique,
ethnique et/ou nationale, camoufle en réalité des
intérêts tout à fait matériels. C'est par exemple le
cas des luttes interethniques qui servent les intérêts des
puissances qui souhaitent contrôler des territoires stratégiques
étrangers, comme par exemple la lutte qui oppose les anglo-saxons au
francophones en Afrique, notamment entre la Rwanda et la RD Congo ; entre
les Hutus et les Tusis.
4. AVIS DES
GEOPOLITOLOGUES
Dans son ouvrage fondamental Politische Geographie (1897),
Ratzel décrit l'Etat comme un être vivant qui naît, grandit,
atteint son plein développement, puis se dégrade et
meurt.7(*)L'Etat est
l'organisme vivant qui rassemble un peuple sur un sol, le caractère de
l'Etat se nourrissant de ce peuple et de ce sol. Mais pour lui, le peuple
étant un ensemble politique de groupes différenciés qui ne
sont liés "ni par la race ni par la langue" mais par le sol, la
politique des nationalités qui aboutit à l'indépendance de
l'Etat-Nation fondée sur l'existence d'une communauté
linguistique n'est pas acceptable.
L'Etat ainsi défini par le sol a besoin pour vivre
d'un espace, l'espace nourricier, le Lebensraum, l'espace vital. Pour le
conquérir et le garder, l'Etat est en conflit avec les autres Etats. Ces
conflits aboutissent à ce que les frontières sont fluctuantes
historiquement, et se modifient en fonction des rapports de puissance existant
entre les acteurs étatiques.
Pour Ratzel, l'expansionnisme Etatique n'est pas totalement
inéluctable, il est le fruit d'une politique volontariste reposant sur
les idées religieuses et nationales ainsi que sur les
représentations géographiques des populations. Mais, cependant,
la nécessité d'avoir un sol nourricier fait que l'expansion
relève d'une certaine logique, ce qui amène Ratzel à
formuler ce qui lui semble être les sept lois universelles de la
croissance étatique :
- La croissance territoriale des Etats accompagne le
développement de leur culture;
- Le territoire des Etats s'accroît en même temps
que leur puissance idéologique ou économique ;
- Les Etats s'étendent en annexant des entités
politiques de moindre envergure ;
- La frontière est un organe vivant qui
matérialise la limite territoriale de l'Etat ;
- L'expansion territoriale de l'Etat est une logique qui vise
à absorber des régions vitales pour lui ;
- L'Etat est porté à s'étendre lorsque
ses voisins sont moins viables que lui ;
- L'annexion des plus faibles a un effet cumulatif, les
annexions entraînant de nouvelles annexions.
- Les frontières ne sont pas intangibles, elles sont
l'enjeu d'un combat pour l'existence.
L'amiral américain Alfred T. Mahan a construit une
géopolitique destinée à justifier l'expansionnisme mondial
des Etats-Unis d'Amérique à une époque où le monde
est encore dominé par la Grande-Bretagne, un expansionnisme qui doit se
fonder sur la puissance maritime (sea power).
A cet effet, il préconise la politique
stratégique selon laquelle il faut : s'allier à la
Grande-Bretagne pour contrôler les mers; Contenir l'Allemagne sur le
continent européen et s'opposer à son développement
maritime et colonial ; associer les américains et les
européens pour combattre les ambitions des asiatiques et en particulier
surveiller de près le développement du Japon.8(*)
Les empires naissent, nous dit-il, et meurent, alors que les
civilisations survivent aux aléas politiques, sociaux,
économiques et même idéologiques pour en définitive
succomber à l'invasion de tiers. Huntington nous dit que pendant trois
mille ans les civilisations séparées par le temps et par l'espace
se sont ignorées. Puis la civilisation occidentale domina le monde
jusqu'au XXème siècle : Alors qu'en 1800, les Européens et
les anciennes colonies européennes d'Amérique dominaient 35% de
la surface du globe, elles en dominaient 67% en 1878 et 84% en 1914. Ce
pourcentage s'accrut encore dans les années 1920, lorsque la
Grande-Bretagne, la France et l'Italie se partagèrent les
dépouilles de l'empire turc.9(*)
Au XXème siècle, nous dit l'auteur, l'expansion
de l'occident s'est arrêtée, dont la puissance relative s'est mise
à décliner. Selon certains, nous dit-il, l'Occident triomphe
toujours, politiquement et économiquement. Les Etats-Unis,
désormais la seule superpuissance, ne déterminent-ils point avec
la Grande-Bretagne et la France les grandes orientations politiques et
militaires de la planète, et avec l'Allemagne et le Japon ses grandes
orientations économiques ?
Ancel pense que la géopolitique doit analyser les
relations existant entre les groupes humains et le territoire sur lequel ils
vivent et se développent, militairement, politiquement et
commercialement, à partir, certes, d'invariants géographiques -
les montagnes, les fleuves, le littoral, les déserts, les îles
mais sans que ces invariants soient des facteurs naturels absolus. Autrement
dit, pour Jacques Ancel la frontière est modelée,
fabriquée, par l'homme, plus que par la nature elle-même, et les
invariants naturels, qui évidemment existent bien, ne sont pas des
obstacles incontournables pour les politiques volontaristes. C'est donc la
volonté humaine qui compte, plus que la nature du sol ou
l'identité ethnique. La Nation relève d'un vouloir vivre
collectif et non de critères religieux, linguistiques, ethniques.
Pour Yves Lacoste la géopolitique n'a pas d'autre
objet que de décrire et d'expliquer les rivalités de pouvoirs
concernant pour l'essentiel les territoires. Des rivalités souvent
aujourd'hui fondées sur les représentations, les idées,
que se font les peuples de leurs Etats par rapport à leurs
territoires.
5. LES FRONTIERES A L'ERE
DE LA MONDIALISATION
Depuis les années 1970, les flux transfrontaliers de
personnes, de biens et de l'information ont atteint des niveaux tels que la
capacité des États à contrôler et réguler
leurs frontières et les activités exercées sur leur
territoire est remise en cause. Le milieu des années 1980 marqua un
tournant, des changements dramatiques s'opérèrent, mettant en
évidence de nouvelles perspectives sur la frontière et la police
des frontières. Le démantèlement des contrôles
frontaliers dans la CEE, contenus en germe dans les quatre libertés
définies par le traité de Rome de 1957 (liberté de
circulation des biens, des services, des capitaux et du travail) progressa
lentement jusqu'à l'Acte unique européen de 1986.
Après l'euphorie collective qui suivit la chute du Mur
de Berlin, des craintes apparurent, en partie véhiculées par les
gouvernements et les appareils d'État. L'accent fut mis sur la menace de
possibles mouvements migratoires massifs de populations, sur la
compétition économique , sur le contrôle de la
criminalité transfrontalière et de nouvelles routes pour le
trafic de stupéfiants, sur le risque d' extension à l'Ouest du
désordre politique avec l'afflux de réfugiés ou de groupes
terroristes étrangers dans l'Union européenne. Même si
Charles Kindelberger, dès 1969, exprimait un point de vue courant en
affirmant que : " en tant que simple unité économique,
l'État-Nation est bout de souffle ", des travaux récents tendent
à infirmer l'hypothèse qu'il y aurait désormais, à
un niveau mondial, une plus grande intégration économique que
dans la décennie précédant la Première Guerre
mondiale. Admettons, néanmoins, que les communications aériennes,
les systèmes de communication instantanés, les émissions
de télévision par satellite et les nouvelles technologies
militaires ont créé de nouvelles formes d'interdépendance,
qui ont réduit l'autonomie culturelle, économique, militaire et
politique des États.10(*)
La globalisation semble impliquer l'effacement de toutes les
frontières, et non pas seulement de celles de l'Europe. L'Europe ne peut
différer la globalisation de l'économie, mais les
frontières, en tant que lignes de défense culturelle, ont repris
de l'importance et sont considérées, notamment en France, comme
des instruments derrière lesquels une forme de protection contre des
forces externes pourrait s'organiser. Il y a bien sûr un
élément de construction mythique dans cette mise en avant des
angoisses sur les nouvelles menaces et la globalisation. Parfois, c'est un
phénomène conscient et délibéré en raison de
politiques particulières ou une stratégie visant à
défendre un groupe ou des intérêts sectoriels. Mais ce
phénomène résulte aussi, et surtout, d'une dynamique
politique liée à un problème particulier qui se traduit
par des effets pervers sociétaux et par une perte d'influence
internationale, comme c'est le cas avec le problème de l'immigration en
France et l'euroscepticisme en Grande-Bretagne.
Dans ces deux exemples, il y a une interaction dialectique
entre l'émergence de nouveaux facteurs environnementaux et une action
politique volontariste, dont les résultats sont imprévisibles. La
modification des frontières à l'intérieur de l'Union
européenne et le renforcement des frontières extérieures
posent ainsi de sérieux problèmes d'analyse. Bien que les
frontières puissent être analysées de la même
manière que les autres institutions, il a été
démontré que le rôle général des
frontières dans la vie politique contemporaine avait rarement
été analysé explicitement par les politistes. Ceci est en
partie dû au fait que les effets de la frontière sur le
comportement social et les valeurs des populations qu'elle délimite sont
difficiles à apprécier et à quantifier ; les
tentatives passées apparaissent limitées et donnent des
résultats évidents qui dérivent directement des postulats
sur lesquels elles sont basées. Plus significatives, sont les
divergences conceptuelles sur les frontières, rarement
explicitées, dans les études historiques et politiques. Certains
historiens et analystes politiques estiment que les caractéristiques et
les fonctions des frontières sont dépendantes de l'organisation
interne des sociétés et de la manière dont le pouvoir
politique s'exerce au coeur d'un pays.11(*)
Les débats entre néoréalistes,
pluralistes, libéraux, marxistes et théoriciens de
l'interdépendance en relations internationales proviennent de visions
différentes sur la nature de l'État ; les frontières
y sont généralement traitées comme un
épiphénomène dont le rôle et la fonction
dépendent des caractéristiques du centre de l'État. Pour
d'autres, les caractéristiques de la frontière exercent des
influences fondamentales sur la manière dont se développe une
société et sur les options politiques qui s'ouvrent à
elle. À leur manière, ils ont mis en évidence la
difficulté d'établir des hypothèses vérifiables
à partir d'observations générales, en raison du
degré des choix offerts aux décideurs d'une politique des
frontières. Lucien Febvre l'a exprimé en attaquant l'école
géopolitique allemande : " Il n'y a pas de nécessités
mais partout il y a des possibilités. " dans lesquelles l'intelligence
humaine et l'imagination jouent un rôle crucial en décidant des
fins assignées à un territoire12(*).
L'ouverture des frontières au sein de l'Union et la
relative fermeture au monde extérieur de la frontière externe
produira vraisemblablement le sens d'un espace commun en Europe, qui conduira
à une plus grande interpénétration sociale et politique
des pays du coeur de l'Union. Certains de ces effets peuvent apparaître
comme pervers en apparence le renforcement de la surveillance et du
contrôle des populations, l'adoption de standards répressifs par
les pays membres.
A la lumière de cette théorie, il faut
constater que la frontière est une création humaine : elle
ne peut donc pas être immuable. Elle est sujette à des
fluctuations et peut changer, en fonction de l'évolution de la
société.
CHAPITRE
DEUXIEME :
EVOLUTION HISTORIQUE DES
FRONTIERES DE LA RDC
1. PRESENTATION DE LA RD
CONGO
La République démocratique du Congo est le
quatrième pays le plus peuplé d'Afrique, derrière le
Nigéria, l'Egypte et l'Ethiopie.
De
1908 à
1960, cette ancienne
colonie était
appelée
Congo belge mais aussi
« Congo-Léopoldville » jusqu'en
1966, puis Congo-Kinshasa
jusqu'à la
zaïrianisation
de
1971 à
1997.
Le Congo est le deuxième plus vaste
pays d'
Afrique, derrière
l'Algérie. Le nord du pays est l'un des plus grands domaines de la
forêt
équatoriale au monde, l'est du pays borde le
grand rift
est-africain, domaine des montagnes, des collines, des
grands lacs
mais aussi des volcans. Le sud et le centre, domaine des savanes
arborées, forment un haut plateau riche en
minerais. À
l'extrême ouest, une quarantaine de kilomètres au nord de
l'embouchure du fleuve Congo s'étale une côte sur l'
océan
Atlantique.
Le pays partage ses frontières avec l'
enclave de
Cabinda (
Angola) et la
République
du Congo à l'ouest, la
République
centrafricaine et le
Soudan du Sud au nord,
l'
Ouganda, le
Rwanda, le
Burundi et la
Tanzanie à l'est, la
Zambie et l'
Angola au sud.
Plusieurs centaines d'ethnies de groupes
noirs africains
différents forment la population du pays. Son économie est
principalement du
secteur primaire (
agriculture et
exploitation minière). Le
français est sa
langue officielle
et quatre
langues bantoues (
kikongo,
lingala, tshi
luba,
swahili) sont des
langues
nationales.
La République démocratique du Congo
s'étend de l'Océan Atlantique au plateau de l'est et correspond
à la majeure partie du bassin du
fleuve Congo,
véritable épine dorsale du pays. C'est le 11e
État du monde par sa taille avec ses 2 345 409 km13(*).
Le fleuve
Congo donne au pays
son seul accès à l'
océan
Atlantique dans la ville portuaire de
Banana
(dans un étroit corridor sur la rive droite du fleuve traversant le
territoire de l'Angola, qui dispose de la rive gauche, et dont il crée
une petite enclave sur la côte atlantique entre le nord du fleuve et la
frontière de la république voisine du Congo).
En raison de sa grande superficie, de sa localisation au
centre de
l'Afrique, de ses énormes richesses naturelles et de son importante
population, la République démocratique du Congo est nominalement
l'un des « géants » de l'Afrique, avec le
Nigeria, l'
Égypte, et l'
Afrique du
Sud14(*). Elle est
traversée par l'
équateur
et connait d trois climats : le climat équatorial, le climat
tropical et le climat de montagne.
Le climat général du pays est chaud et humide
et la situation varie selon les provinces. La différence est due au fait
que l'Equateur traverse la totalité du territoire congolais. L'existence
d'un tel climat produit une végétation dense et régit les
activités agricoles de la population congolaise.15(*)
Provinces
de la République Démocratique du Congo
(Cfr. Annexe 1)
1. Bandundu
2. Bas-Congo
3.
Équateur
4.
Kasaï-Occidental
5.
Kasaï-Oriental
6. Katanga
7. Kinshasa
8. Maniema
9. Nord-Kivu
10.
Orientale
11. Sud-Kivu
2. LES TRACES FRONTALIERS
DE LA RD CONGO
2.1. Période
précoloniale
La RD. Congo dans sa forme actuelle n'a pas toujours
existé. Dans l'espace actuellement occupé par la RD. Congo, y
étaient établis des royaumes et empires, parmi lesquels les plus
importants sont l'empire Lunda, le royaume Kongo, le royaume kuba, l'empire
luba...
2.1.1. L'empire Lunda
L'empire Lunda est un empire africain occupant
l'actuel
Katanga, l'
Angola oriental et le
nord de la
Zambie. Il était
dirigé par un empereur ou une impératrice
(une numi) désigné par un conseil. Le
peuple
Lunda réside sur le territoire de l'ancien empire.
Selon la tradition, l'empire naquit en 600 avant J.C.
lorsqu'un groupe des populations issues de l'
empire
Luba dirigé par
Ilunga Tshibinda,
frère ou neveu (et donc rival) de l'empereur
Ilunga Kalala,
émigra vers l'ouest et arriva sur la terre de la
confédération Lunda ou Ba Lunda, située dans le
Kasaï supérieur
au sud-ouest du
Katanga. Il y épousa
la reine
Lueji (Rwej),
fille du roi Konde des Bungu, chef de la confédération, qui lui
remit le bracelet sacré rukan, insigne de royauté.
Leur fils Yao Nawedji (
1660 à
1675) prit le nom
de Mwant Yav (vénérable Yav), qui restera le
titre des souverains Lunda par la suite. Lueji, stérile dit-on, est la
mère symbolique de l'empire et c'est une femme nommée
Kamonga qui
fut la génitrice de l'héritier. Le premier Mwant Yav
étendit le royaume et nomma gouverneurs des chefs d'autres branches
lunda, dont celui de Kazembe (
Luapula, sud-est du
lac Moero), groupe promis
à une grande prospérité du fait de ses contacts
privilégiés avec les partenaires commerciaux de l'empire.
En
1789, l'explorateur
portugais
Francisco
Maria Cerdas avait visité l'empire Lunda et avait
rapporté en Europe la nouvelle des richesses minières de la
région.
2.1.2. L'empire Luba
Au
XVIe siècle,
les Balubas, un peuple venant du
Katanga, né de la
sécession d'un clan de l'ethnie Songhoy, migre vers le nord entre
la
rivière
Kasaï et le
lac Tanganyika. Les
Balubas vivaient alors dans les provinces actuelles du Kasai et le nord du
Katanga. Les Balubas s'organisèrent en chefferies indépendantes,
des sortes de tribus. Parmi les tribus les plus importantes on compte les
Bena Lulua, les Bena
Tshibanda, les Bena Mpuka, les Bena Mualaba, les Bena Mutombo, les Bena Luntu,
les Bakwanga ou encore les Bena Mukuna16(*).
A la tête de chaque chefferie se trouvait
un mulopwe, l'empereur de tous les Balubas ;
le kalamba n'avait quant à lui qu'un titre
symbolique. Le premier empereur des Balubas sera Kongolo, qui selon la
tradition serait aussi l'ancêtre des Basonges.
Nombreuses étaient les autres ethnies qui vivaient aux
côtés des Balubas (Basonge, Tetela, etc.), mais les Balubas les
dominèrent économiquement étant plus nombreux. Ainsi leur
langue, le kiluba, servait de langue interethnique. Si au Kasai l'organisation
politique ne dépassait pas le village, les Balubas du Katanga
regroupaient plusieurs villages sous l'autorité d'un seigneur, le
Kilolo. Des conflits armés opposèrent les Baluba à leurs
voisins mais il y a avait aussi des conflits entre différents
mulopwes.
2.1.3. Le royaume Kongo
Le royaume Kongo occupait à son apogée un
territoire s'étendant sur l'ouest du Congo démocratique, la
République
du Congo et l'
Angola. L'économie
s'appuyait sur l'agriculture (igname,huile de palme). Les relations entre les
bakongo et leurs voisins du nord-est,les batékés étaient
tantôt hostiles tantôt commerciales.
2.1.4. Le royaume kuba 17(*)
Le royaume Kuba se forma dans le Kasaï occidental. Ses
origines remonteraient au XVe siècle, mais il ne
prit réellement son essor
qu'au XVIIe siècle, sous le règne de Shamba
Bolongongo, appelé Shyam Mbula Ngoong par
Vansina (ou Shyam a
mbul a Ngoong). Ce souverain encouragea les nouvelles cultures; il aurait
introduit les cultures du maïs et du tabac. Il apprit à ses sujets
le tissage du raphia et la sculpture et institua un véritable service
militaire.
Le royaume des Bakuba est particulièrement
intéressant parce qu'il est le seul, dans cette région d'Afrique,
où les souverains avaient institué une charge de gardien des
traditions orales : le Moaridi. Par ailleurs, l'art de la sculpture et de
la décoration y a atteint un niveau remarquable.
À la fin du XVIIe siècle,
les Luba envahirent le royaume Kuba. Celui-ci perdura néanmoins
jusqu'à sa soumission par les Belges en 1904. Les Bakuba étaient
les populations congolaises les plus aptes à se défendre contre
les menées de la
force
publique avec les Baboa et les Babudje.
C'est donc dans cette configuration des royaumes et d'empires
que les premiers explorateurs européens trouveront l'espace actuellement
occupé par la RD. Congo.
2.2. De la constitution d'un
Etat et tracé des frontières
Dans son ouvrage intitulé " Histoire du ZAIRE, de
l'héritage ancien à l'âge contemporain", publié aux
éditions DUCULOT en 1997, le Professeur Isidore Ndaywel è Nziem
situe la première description officielle ou semi-officielle des
frontières de la RD Congo, ou zaïroises en date du 8 août
1884. Elle fut consignée dans la lettre que Léopold II fit
parvenir au Prince Bismarck, chancelier de l'Empire allemand. Dans celle-ci, le
futur Souverain de l'Etat Indépendant du Congo (EIC) donnait quelques
précisions cartographiques sur le Congo, incluant grosso modo les deux
tiers du futur Zaïre (RD Congo) : au nord, le quatrième
parallèle ; à l'est, le lac Tanganyika ; à
l'ouest, le fleuve Zaïre (Congo) et au sud, le sixième
parallèle. Ce sont ces frontières, sans commune mesure avec
l'occupation effective, que Bismarck reconnut à l'EIC, non sans
hésitation, pour ne pas faire trop de peine à ce roi philanthrope
(septembre 1884).18(*)
Mais peu après, le 24 décembre de la même
année exactement, le roi changea d'avis. Il établit un autre
tracé de son Congo, allant jusqu'au 6ème degré
de latitude sud, annexant le Katanga (Cfr. Annexe 2). Cette nouvelle carte, la
première qui soit digne d'intérêt, fut annexée
à la Déclaration de neutralité du 1er
août 1885. La raison de cette modification du dessin de la
frontière ne tient pas compte du Katanga. En effet, à
l'époque, nul ne se doutait des richesses qu'il contenait. En fait, pour
compenser la perte du Kwilu-Niari (à l'ouest), le roi trouva bon
d'annexer ce territoire au sud. Il le choisit en fonction du fleuve qui y prend
sa source. L'EIC étant chargé de la liberté de commerce
sur le fleuve, Léopold II pensait avoir le fleuve dans sa
totalité. Le nouveau tracé, supposé comprendre toute la
rive du Tanganyika, atteignait les lacs méridionaux, Moëro et
Bangwelo, et croisait la ligne de faîte Zaïre-Zambèze. Par un
heureux hasard, ce nouveau tracé fut à nouveau accepté par
l'Allemagne, peu préoccupée de ces questions ; la France
n'insista pas, en tant qu'héritière potentielle de toutes ces
possessions de l'EIC, et par méprise, n'y trouva aucun
inconvénient.
Mais les appétits annexionnistes de Léopold II
ne s'apaisèrent pas pour autant. Après le tracé de 1885,
son objectif fut d'atteindre le Haut-Zambèze, le lac Nyassa, le lac
Victoria, le Haut-Nil. Il y travailla au cours des années 1888-89.
Pour l'extension vers l'est, il pensa à des alliances
avec eux. Mais on ne parvint pas à s'entendre avec les Arabes. Tous les
efforts convergèrent alors vers le projet d'extension vers le Haut-Nil.
On reconnaît à présent le détail des actions qui
furent menées dans ce sens : l'expédition Van Kerkhoven en
1890 et l'occupation du Soudan méridional. En 1894, l'Angleterre,
reconnaissant les faits, conclut un traité par lequel elle accordait
à bail à l'EIC tout le bassin sud du Nil, dans le souci
d'écarter la France de cette région. Mais cette dernière
ne se laissa pas faire et fit pression pour que Léopold II renonce aux
bénéfices de cet accord et ne garde que le droit d'occuper la
partie la plus méridionale du bail, la fameuse enclave de Lado.
Léopold II ne désarma pas. Il organisa en 1896 la fameuse
expédition Dhanis. On sait maintenant qu'elle visait non seulement
à atteindre l'enclave de Lado, mais surtout à aller
au-delà, à dépasser la région où la France
interdisait toute occupation, c'est-à-dire le parallèle de
Fachoda en direction de Khartoum, et de planter le drapeau de l'EIC au bord du
Nil. Ceci n'était d'ailleurs pas définitif puisque,
au-delà de Khartoum, le roi pensait à l'Erythrée, qu'il
avait déjà proposé à l'Italie de lui céder
à bail. Parti des rives du Zaïre (Congo), cet empire aurait pu
s'étendre jusqu'à la mer Rouge. On sait comment ce grand
rêve s'acheva : l'expédition Dhanis fut anéantie par
la révolte. L'occupation de Lado ne subsista que jusque 1906 : par
un nouvel accord avec l'Angleterre, Léopold II acceptait que l'EIC se
retire de l'enclave de Lado après sa mort.19(*)
Les premières précisions cartographiques dignes
d'intérêt, figuraient d'une part dans la Déclaration de
neutralité notifiée le 1er août 1885 aux
puissances signataires de l'Acte général de Berlin et d'autre
part, dans la Déclaration complémentaire du 18 décembre
1894. En reportant sur une même carte les frontières
indiquées par les deux Déclarations, on ne peut s'empêcher
de faire les constats suivants : depuis 1894 jusqu'à nos jours, les
limites du pays sont demeurées stables, excepté quelques
rectifications dues aux opérations de bornage. Par contre, entre 1885 et
1894, elles ont connu des modifications énormes : le Zaïre (RD
Congo) a perdu, à l'ouest, au profit du Congo, le triangle rectangle
dont la pointe repose sur Lukolela au 1er degré de latitude
sud, l'un des côtés étant représenté par le
17ème méridien Est de Greenwich et l'autre par le
4ème parallèle de latitude nord, et dont
l'hypoténuse est constituée par le cours du Congo-Ubangi. En
revanche, il avait gagné plusieurs autres territoires. Au nord, il
reprenait à la République centrafricaine actuelle la large bande
d'Ubangi et de l'Uélé, s'étendant entre le
4ème parallèle de latitude nord, le cours de
l'Ubangi-Bomu et la crête du Congo-Nil ; à l'Est, il gagnait
la région aurifère de Kibali-Ituri comprise entre le
30ème méridien Est et la crête de partage des
eaux du Congo-Nil ; au sud, il s'était enrichi des territoires
immenses des Lunda-Cokwe, formés par la partie méridionale du
Kwango, du Kasaï et du Lualaba-ouest, descendant en dessous du
6ème degré de latitude sud.21(*)
Les changements ultérieurs furent minimes ; ils
firent l'objet de quelques autres conventions conclues entre l'EIC ou la
Belgique et les puissances voisines. Voici du reste un aperçu de toutes
les Conventions qui ont eu lieu depuis le début, c'est-à-dire
depuis celle conclue avec l'Allemagne le 8 novembre 1884 jusqu'à la
dernière, avec le Portugal le 22 juillet 1927.
La frontière avec les pays de l'Afrique
équatoriale française (Congo, Centrafricaine) a été
déterminée par la Convention de Paris du 5 février 1885
à laquelle participait Jules Ferry mais elle dut subir quelques
rectifications lors des Protocoles de Bruxelles du 29 avril 1887, et de Paris
du 14 août 1894, ainsi qu'au cours des Déclarations
échangées entre les deux gouvernements à Bruxelles le 23
décembre 1908. Celle avec le Cabinda a fait l'objet de la Convention du
14 février 1885 ;
S'agissant de la frontière orientale, il en a
été question pour la première fois dans la Convention du 8
novembre 1884 par laquelle l'Allemagne reconnaissait le pavillon de
l'Association Internationale du Congo (AIC) ; mais celle-ci a connu, elle
aussi, des modifications d'abord par la Déclaration de neutralité
du 1er avril 1885, ensuite par la Déclaration de Bruxelles du
18 décembre 1894 et enfin par les Conventions conclues avec chacune des
puissances voisines. Vis-à-vis du Rwanda-Urundi, possession allemande
qui deviendra territoire sous mandat belge, la fixation de la frontière
datait déjà de la Convention du 8 novembre 1884. Elle n'a connu
que des explications, des mises au point de détails, par exemple lors de
la Convention de Bruxelles du 11 août 1910, approuvée par la loi
belge du 4 juin 1911. Avec l'ancienne possession allemande de Tanganyika,
devenue depuis lors la Tanzanie, le tracé frontalier, facilité
par la présence du lac Tanganyika, n'a pas eu besoin d'être
déterminé de manière plus précise par une
Convention internationale. Celui-ci doit donc être
considéré comme la ligne médiane du lac. En revanche, pour
le territoire britannique de la Rhodésie du Nord, qui deviendra plus
tard la Zambie, le tracé frontalier fort sinueux a fait l'objet d'une
Convention signée à Bruxelles le 12 mai 1894. Avec le Portugal,
la situation n'a pas été facile : le litige frontalier a
fait l'objet d'une succession de dispositions ; d'abord la Convention de
Berlin du 14 février 1885, ensuite celle de Bruxelles du 25 mai 1891
déterminant les délimitations dans la région Lunda, puis
surtout celle de Saint-Paul-de-Luanda, du 22 juillet 1927, approuvée par
la loi du 12 janvier 1928 où l'on procéda par échange de
terres.22(*)
2.3. Le tracé
définitif des frontières de la RD Congo
Les frontières internationales actuelles de la RD
Congo sont les résultats des conventions, traités, accords,
protocoles et arrangements suivants (Cfr. Annexe 3) :
· 5 février 1885
L'EIC a abandonné la rive droite du Congo,
c'est-à-dire le bassin du Kwilu-Niari suivi du 29 avril 1885, pour la
rive droite de l'Ubangi. Ainsi, est définitivement fixée la
frontière occidentale sur l'Ubangi jusqu'au 4ème
parallèle nord, afin de permettre à la France d'avoir
accès à la vallée du Nil.
· 21 mai 1891
Signature d'un accord entre l'EIC et le Portugal, fixant la
frontière entre la RD Congo et l'Angola. Tous les territoires
situés entre les 6ème et 8ème
degrés de latitude Sud reviennent à l'EIC tandis que le Portugal
s'octroie ceux s'étendant entre le Kwango et le Kasaï depuis le
8ème degré de latitude Sud.
· 12 mai 1894
Est signée entre l'EIC et l'Angleterre la convention
fixant les frontières entre l'EIC et le Soudan, entre l'EIC et l'Ouganda
et entre l'EIC et la Tanzanie. En fait, cet accord concède à
Léopold II à "bail", le sud Soudan égyptien. Objet de
protestations généralisées de la part des puissances,
Léopold II se contente du traité anglo-congolais du 09 mai 1906,
abrogeant le bail sur le Bar el-ghazal de l'enclave de Lado sur le haut Nil. En
1910, Léopold II meurt et l'enclave est rendue au Soudan. Cette
convention concernait également la frontière entre l'EIC et la
Rhodésie du Nord (République de Zambie).
· 19 avril 1897
Signature entre l'EIC et la France du Protocole sur les
frontières entre l'EIC et l'Afrique Orientale Française
(République Centrafricaine).
· 10 mai 1910
Signature du protocole fixant les frontières orientales
de l'EIC avec l'Ouganda, le Rwanda et l'Urundi.
· 14 mai 1910
Signature à Bruxelles entre les
"délégués du Roi des Belges et ceux du gouvernement de
l'Empereur de l'Allemagne, Roi de Prusse, de l'arrangement en vue de la
fixation du tracé d'une frontière définitive entre la
colonie du Congo et le Protectorat allemand de l'Afrique Orientale au nord de
Tanganyika-Rwanda-Urundi".
· 16 mai 1910
Signature entre la Belgique et les autorités
anglo-soudanaises, de l'arrangement portant sur la remise de l'Enclave de Lado
au Soudan.
· 11 août 1910
Signature entre la Belgique et l'Allemagne de la convention
portant approbation de l'arrangement du 14 mai 1910.
· 14 juin 1911
Approbation, confirmation et ratification de la convention
ci-dessus par le Roi des Belges (Albert 1er). Signature à
Bruxelles, du Procès-verbal de l'échange des ratifications de
l'empereur de l'Allemagne, Roi de Prusse et du Roi des Belges sur la convention
conclue entre l'Allemagne et la Belgique, le 11 avril 1910, pour
déterminer les frontières du protectorat allemand de l'Afrique
orientale et de la colonie belge du Congo. Ces actes ont été
trouvés exacts et concordants et l'échange a été
opéré.
· 1926
Signature entre la Belgique et le Portugal du Traité
Saint-Paul de Luanda portant arrangement sur la frontière entre l'EIC et
l'Angola.
Comme on peut le constater, l'actuelle délimitation de
la frontière nationale requit donc un travail ardu et long. Elle fut le
fruit de nombreuses négociations nombreuses mais où n'entraient
nullement en ligne de compte les formations ethniques en place. C'est ainsi que
les anciennes entités politiques ont été
dispersées. L'ancien royaume du Kongo fut découpé entre
l'Angola, l'EIC et le Moyen-Congo ; l'empire Lunda entre l'Angola, l'EIC
et la Rhodésie du Nord ; l'empire Luba entre l'EIC et la
Rhodésie du Nord, le domaine des Bami se retrouve à la fois
à l'EIC et au Rwanda-Urundi ; les Zandé entre l'EIC et le
Soudan et l'Ubangi-Chari ; les Ngbandi entre l'Ubangi-Chari et l'EIC.
Que le tracé frontalier ait été
laborieux, cela est évident et il fallut toute l'adresse d'un
Léopold II pour y parvenir. Pour s'en convaincre, il suffit de se
rappeler par exemple comment s'est déroulée la
récupération de l'embouchure du fleuve, pour éviter que le
nouvel Etat soit étouffé par l'absence d'un
débouché à la mer. Le Portugal, pour faire
prévaloir ses droits sur cette embouchure avait eu recours à la
protection de l'Angleterre lors du traité anglo-portugais du 26
février 1884 qui interdisait à toutes les puissances
l'accès à celle-ci. Comment contourner cet écueil ?
Léopold II s'employa d'abord à faire reconnaître l'AIC par
la jeune grande puissance des USA. Ce qui fut fait en avril 1884. Ensuite il
offrit à la France le droit de préférence sur le
territoire congolais. Celle-ci accepta. Ce droit de préemption
signifiait que les territoires de l'AIC reviendraient automatiquement à
la France en cas de dissolution de cet organisme. L'Allemagne et l'Angleterre
se retrouvèrent devant un fait accompli. Pour ne pas avoir à
affronter la domination française dans le bassin du Congo, il fallait
adopter les positions de celle-ci et reconnaître l'AIC. Ce que fit
l'Angleterre le 16 décembre 1884. Le Portugal se retrouva isolé
et fut bien obligé de reconnaître l'EIC.23(*)
Parfois, les rivalités frontalières
suscitèrent des conflits armés par personnes interposées.
Les épisodes de guerre évoqués ont été pour
la plupart des batailles menées dans l'espoir d'élargir les
frontières au maximum. Certains conflits sont restés
célèbres dans l'histoire de la conquête coloniale à
cause de l'importance qu'ils ont eue pour la suite des
événements. Stanley et Savorgnan de Brazza ont donné le
ton dans la course qui les opposa pour l'occupation du Pool. Cette opposition
survit encore aujourd'hui dans la position concurrentielle et donc
conflictuelle de Brazzaville et de Kinshasa et les rapports tumultueux
qu'entretiennent ces deux métropoles. La cession du Kwilu-Niari aux
Français a rétréci considérablement l'espace
maritime de la RD Congo. Sans cet arrangement, le littoral de la RD Congo
aurait été plus long, rendant, par le fait même, possible
bien des réseaux d'échange.
L'occupation puis la perte de l'enclave de Lado (voir Cfr.
Annexe 4) dans le nord-est ont provoqué des réactions. Comme on
l'a vu, malgré l'échec de l'expédition Dhanis,
l'occupation du sud du Soudan se réalisa partiellement avec cette
enclave. Mais à la Convention du 9 mai 1906, on décida que toute
cette région devait être abandonnée au profit de
l'Angleterre ; celle-ci préféra ménager l'Egypte, qui
avait également quelque ambition sur cette région. On allait
évoluer vers le statut du Soudan anglo-égyptien.
L'évacuation de l'enclave et du Bahr el-Ghazal se fit en 190724(*). La grande conquête de
l'EIC ne demeura plus qu'un souvenir, avec un nom glorieux comme Redjaf, et la
victoire de Chaltin.25(*)
Il est donc clair qu'au début, la Conférence de
Berlin, étant partie sur des prémisses et des bases fausses,
définit des frontières arbitraires sans tenir compte d'aucune
structure locale, piégeant toutes les activités entre peuples de
même origine. Ce qui fait qu'il y eut des conflits un peu partout autour
des frontières de la RD Congo, entre autres ceux opposant les colons de
la Rhodésie du Nord et du Congo belge le long de la Luapula et du lac
Moero. Toutefois, de toutes les frontières de la RD Congo, celle du
sud-est et du nord du pays paraît être les limites officielles du
pays les moins contestées actuellement.
CHAPITRE
TROISIEME :
SITUATION ACTUELLE DES
FRONTIERES DE LA RDCONGO
1. FACTEURS A LA BASE DE LA
REMISE EN CAUSE DES FRONTIERES
On estime que 70 % des frontières africaines telles
qu'on les connaît aujourd'hui furent définies sans concertation
avec les populations concernées, entre la conférence de Berlin et
la fin de la première décennie du XXe siècle. Si ce
découpage colonial n'explique pas tous les problèmes actuels de
l'Afrique, il n'en reste pas moins vrai que les États africains ont
hérité de frontières marquées du sceau des
rivalités et des intérêts des anciennes puissances
coloniales.
Comme on peut le constater, ces frontières
héritées des colonisateurs traduisent les limites entre
différents Etats, et ne représentent aucunement les limites entre
les ethnies, les cultures et les langues. Tracées sans tenir compte des
réalités historico-culturelles, les frontières africaines
s'inscrivaient, dès l'origine, dans une perspective des conflits
inévitables à long terme.
Comme pour tous les Etats africains, les frontières de
la RD Congo n'échappent pas au sort hérité de la
colonisation. Ainsi, les facteurs qui suivent sont susceptibles de
créer des tensions pouvant dégénérer en
conflits:
1.1. Des ethnies à
cheval sur les frontières
Le tracé des frontières n'ayant pas tenu compte
des limites culturelles ou de certains groupes sociaux, des ethnies se
retrouvent à cheval sur les frontières, constituant ainsi une
minorité soit en RD Congo, soit dans le pays voisin. Les membres de ces
ethnies se retrouvent rattachés culturellement, mais aussi par le lien
de sang à une nation étrangère. Le problème se pose
à partir du moment où ces groupes de personnes ne sont pas
considérés par les autres ethnies comme des vrais citoyens du
pays. Des frustrations en ressortent et renforcent ainsi le sentiment des
minorités de se sentir beaucoup plus rattachées à une
nation étrangère qu'à leur propre pays. Le tribalisme peut
aller à l'extrême jusqu'à friser le racisme. Le
problème se complique lors des élections politiques ou tout autre
adversité politique : aussi une nationalité
étrangère est collée à un citoyen congolais parce
qu'il est tout simplement adversaire politique et a des liens de sang avec un
peuple étranger, ceci en vue de l'affaiblir.
1.2. Non entretien des bornes
frontalières
Le non-respect des mesures d'entretien des frontières
artificielles prévues par l'Acte de Berlin fait partie des facteurs
générateurs des conflits frontaliers.
En effet, il existe, en matière de contrôle des
bornes frontalières, un texte légal dans le protocole d'accord du
traité de Berlin de 1885. Ce texte stipule ce qui suit:
- chaque gouvernement prendra annuellement les mesures
nécessaires pour l'entretien de l'avenue longeant la polygonale
frontière dans la partie qui lui incombe pour que les bornes soient
conservées et au besoin réparées ;
- Une inspection commune de la ligne frontalière sera
faite tous les 10 ans, par les délégués des gouvernements
pour assurer l'entretien de la ligne frontalière et de la situation des
bornes26(*).
Le contrôle de frontières doit être
considéré comme une opération bilatérale devant
s'effectuer de concert avec le voisin d'une façon
régulière au moins une fois tous les 10 ans : vérification
de l'état de chaque borne frontière, dégagement d'un
couloir de 10 mètres séparant les deux Etats frontaliers,
construction et érection des bornes détruites. Tous ces travaux
ne peuvent s'effectuer qu'après négociations
préalables.
La réalité est que la RD Congo ne se soucie
guère de cette question. Les bornes frontalières n'ont pas
été contrôlées depuis l'indépendance, et les
avenues longeant les polygonales n'ont pas été entretenues.
Certaines bornes ont disparu avec le risque d'être
déplacées par le pays le voisin.
1.3. Irrédentisme
La considération des populations frontalières
comme des étrangers par les autres ethnies est une réalité
pour toutes les régions de la RD Congo. Cette attitude
ségrégationniste ne peut que frustrer les minorités
ethniques des contrées frontalières et les pousser soit à
réclamer l'indépendance, soit à chercher à se
rattacher à un pays voisin. Cela est une vraie menace à la
cohésion nationale et à l'intégrité des
frontières.
1.4. Découverte des matières premières
à la frontière commune
Depuis un certain temps, la RD Congo se trouve
confrontée à des divergences de vues avec certains de ses
voisins. Et si, l'on n'y prend pas garde, elle risque de devenir source de
conflits armés dans un proche avenir. Il s'agit entre autres de ce que
l'on qualifie de zone d'intérêt commun.
La logique commande qu'une zone destinée à
être d'intérêt commun soit située à cheval
entre deux ou plusieurs Etats. La géologie méprisant des
frontières tracées par l'homme, fait qu'un gisement minier ou
pétrolier puisse se situer en lisière de deux ou plusieurs Etats.
C'est dans ce contexte que se négocient les accords qui
définissent les modalités d'exploitation en commun des richesses
ainsi localisées.
C'est le contentieux existant aujourd'hui entre la RD Congo
et l'Angola au sujet de l'exploitation du pétrole off-shore dans
l'océan Atlantique, entre la RD Congo et l'Ouganda pour l'exploitation
du pétrole du graben Albertine, entre la RD Congo et le Rwanda pour
l'exploitation du gaz méthane du lac Kivu.
L'exploitation commune des richesses dans ces zones
pourraient être des sources de conflit les années à venir,
si les accords signés sont dénoncés ou carrément
intentionnellement ignorés par l'une des parties.
1.5. Pressions démographiques
Comme les vents, les mouvements migratoires vont des hautes
pressions vers les basses pressions, ici démographiques : le
surpeuplement du voisin l'oblige à déverser son trop plein vers
les voisinages à basse densité. Les mouvements migratoires,
provoqués par les pressions démographiques, finissent par
engendrer des différends fonciers et susciter les questions de
nationalité entre les autochtones et les populations issues de
l'immigration. Ces difficultés de cohabitation se rencontrent souvent
chez les populations frontalières et très vite, tournent aux
problèmes identitaires avec des revendications pouvant avoir des
incidences sur les frontières nationales.
1.6. Mauvaise gouvernance
Elle est tenue responsable de manque de capacités
humaines dans les domaines de la santé, de l'éducation, de
l'environnement, de l'alimentation, de la gestion publique, de la culture, de
la gestion des ressources humaines et financières et des infrastructures
sociales et routières. Une gouvernance fondée sur le
népotisme et qui marginalise un groupe de la société en
lui faisant perdre son intégration sociale, est susceptible d'engendrer
des frustrations sociales à la base des revendications
séparatistes ou de l'autonomie.
1.7. Intégration
Dans le cas d'une intégration sous-régionale ou
régionale, il est évident que les flux transfrontaliers des
personnes, des biens et d'informations remettent en cause la capacité
des Etats à contrôler, réguler leurs frontières et
les activités exercées sur leurs territoires respectifs. Dans la
mesure où l'intégration politique et économique vise le
démantèlement des contrôles frontaliers et préconise
la libre circulation des biens, des personnes, des services, des capitaux. Ce
qui fait qu'une fois au sein d'une union, les frontières de la RD Congo
ne seront plus les mêmes d'autant plus que la suppression des
barrières frontalières et le démantèlement des
frontières sont des préalables à toute intégration.
Notons tout de même que ceci ferait le moindre mal à l'Etat que
tout autre de modification de frontière à l'exception de son
expansion.
2. ETAT DE LIEUX DES
FRONTIERES DE LA RD CONGO
En principe, à ce jour, la RD Congo n'a pas de compte
à rendre concernant ses frontières. Tous les litiges ont
été soldés avant le 30 juin 1960, date de son
indépendance.
Cependant, l'éléphant aux pieds d'argile qu'est
devenue la RD Congo, ou mieux le ventre mou du continent, continue à
recevoir des coups venant de ses voisins de la sous-région et
d'organisations venant d'ailleurs. Chacun cherche à prendre le
contrôle d'une portion du territoire congolais. D'abord à l'Est
où le Rwanda et quelques autres pays voisins ne font pas de
mystère sur leur projet visant à redessiner la carte
géographique de l'Afrique (Cfr. Annexe 5). Des guerres de
« libération-occupation » se sont
succédé au Kivu dans le but de réaliser ce macabre projet.
D'aucuns ont parlé de la balkanisation de la RD Congo.
Les flux entre la RD Congo et les pays de l'Est étant
importants, il n'y a pas d'inconvénients que les Congolais de l'Est
soient attachés aux pays de l'Afrique orientale. Et ces habitudes
transactionnelles ne doivent pas constituer un motif pour justifier l'annexion
de cette partie de la RD Congo à un pays de l'Est, le Rwanda en
l'occurrence, même si culturellement les populations frontalières
sont très rapprochées.
Profitant des faiblesses de la RD Congo, tous les conflits
internes des pays voisins sont exportés en territoire congolais. La
rivalité Tutsi-Hutu « made in Rwanda and Burundi » a
maintenant comme terrain de confrontation la RD Congo avec tous les effets
collatéraux qu'elle entraîne. Les rebelles ougandais, soudanais,
Mbororo, interhamwe rwandais, burundais, voire angolais de l'enclave de
Cabinda, non seulement qu'ils utilisent le territoire congolais comme base
arrière de leur propre gré, ils exploitent
systématiquement en toute quiétude toutes les ressources
naturelles du milieu à leur portée.
Toutes les milices de l'Est, allant du CNDP de Laurent NKUNDA
aux divers groupes maï-maï, sont des créations de
l'étranger dont les soi-disant leaders congolais ne sont que simples
représentants. Dans cette confusion, se mêlent les firmes
industrielles occidentales à la recherche des minerais dont le coltan
qui sert essentiellement dans la fabrication des systèmes
électroniques comme les ordinateurs, ou les consoles de jeu
vidéo.
Le scénario de l'Est fait le bonheur de tous les
acteurs impliqués : groupes armés, ONG, OI, pays voisins et
certains congolais inconscients, pendant que le peuple congolais, dans sa
majorité, vit l'équivalent d'un « 11
septembre » au quotidien et ce, depuis plus d'une
décennie.
Des Congolais créés de toute pièce
apparaissent à l'Est pour revendiquer soit une portion de territoire,
soit un poste ministériel, soit un grade élevé au sein de
l'armée, comme si l'accès à certains postes de
responsabilité était limité à une certaine
catégorie de Congolais ou interdit à d'autres.
Comme pour prouver que l'intégrité des
frontières de la RD Congo est menacée d'être mise à
mal par ses voisins, même son allié l'Angola ne lui veut pas que
du bien. A l'instar des autres nations ennemies, ce dernier n'a pas
hésité un seul instant à avancer des revendications
territoriales sur des terres congolaises de Kahemba (v, jusqu'à faire
franchir sa police des frontières occuper des localités de cette
contrée (Cfr. Annexe 6). Les enquêtes menées à ce
sujet n'ont jamais apporté la lumière tant attendue. Et à
ce jour, nul ne peut confirmer si les policiers angolais ne reviendraient plus
jamais faire flotter le drapeau de leur pays sur le sol congolais de Kahemba.
Lors des rencontres en commission mixte, la question a
toujours été évitée afin de ne point empoisonner
les relations existant entre les deux pays. Pire, des eaux territoriales
congolaises sont occupées par l'Angola. Publiquement, il se constate que
des exploitations pétrolières, fleurons de cette industrie pour
l'Angola, sont situées en RD Congo. D'ailleurs, dans les milieux
diplomatiques, il est reconnu que la RD Congo, dans sa situation actuelle, ne
pourra pas reprendre cette manne pétrolière des mains du puissant
voisin l'Angola. C'est donc par voie diplomatique que la question pourrait
trouver de réponse au regard de la volonté affichée de
s'en référer aux anciens colonisateurs pour connaître les
vraies limites frontalières séparant les deux pays. La RD Congo
s'y emploierait déjà, mais le succès n'est pas garanti.
En plus d'un Rwanda ambitieux, de l'Angola, voire de
l'Ouganda qui avait déplacé la borne frontalière en un
moment, le Sud Soudan lui aussi, allègue des prétentions
territoriales sur la RD Congo. Déjà, lors de l'opération
conjointe menée par les FARDC et l'armée ougandaise (UPDF) contre
la LRA, l'armée du Sud Soudan affirmait opérer « sur le
territoire soudanais », alors qu'elle se trouvait sur le sol
congolais. Personne ne fit attention à cette déclaration. En
2010, à Morobu, en territoire soudanais, les Soudanais ont
officiellement revendiqué la légitimité sur cette partie
du village de Kimba. Curieusement, ces revendications des officiels
étaient précédées par l'occupation des rebelles de
l'ex SPLA. La construction d'un bureau administratif démontre la
préméditation de l'opération de la part des
autorités soudanaises. Pendant ce temps, la partie soudanaise
«exige des pourparlers entre les vieux sages des villages frontaliers de
ces deux pays pour décanter cette situation».27(*)
Dans la Province Orientale, la situation des Mbororo semble
être jetée dans les oubliettes par les autorités
congolaises comme si leur présence ne constituait aucune menace pour la
Nation. Pourtant, les voisins ennemis de la RD Congo, dans leur quête
d'hégémonie en territoire congolais, créent des conflits
en RD Congo dans le but de repousser au plus loin les populations
congolaises, afin de disposer à leur guise des espaces
dépeuplés.
2.1. Les frontières
Nord
Comme pour l'ensemble du territoire national, les
frontières nord de la RD Congo ne sont non seulement poreuses et en
proie à des violations massives de la part des mouvements rebelles
étrangers et d'éleveurs mbororo, elles sont menacées vers
le Nord-est, du côté du Sud Soudan dont les prétentions
territoriales sur certains villages congolais ne sont pas à prouver. A
côté de la malignité du voisin Sud Soudan, il faut
également relever les visées expansionnistes de l'Ouganda sur la
partie Nord-est du territoire congolais.
Les facteurs susceptibles de mettre en mal les
frontières nord de la RD Congo sont : le déséquilibre
de puissance, la mauvaise gouvernance, la convoitise des ressources naturelles
par les voisins, le non entretien des bornes frontalières.
2.2. Les frontières
Est
Pendant plus d'une décennie, l'Est de la RD Congo,
principalement la région du Kivu, est en proie à des guerres
récurrentes, menées ou provoquées par des prétendus
mouvements rebelles congolais. Or, il est connu qu'un mouvement rebelle ne peut
survivre s'il ne bénéficie du soutien de la population locale ou
s'il ne dispose de bases arrières dans les pays voisins ou encore d'un
appui extérieur. Ce qui est réel est que pour le cas de l'Est de
la RD Congo, les mouvements rebelles ne bénéficient pas toujours
de sympathie ni de soutien populaires, ce qui suppose qu'ils doivent leur
survie aux divers appuis dont ils bénéficient de la part des pays
voisins, le Rwanda en tête. La grande question à se poser ici est
celle de comprendre la motivation de cet appui inconditionnel des pays voisins
de la RD Congo à ces groupes armés.
Le Rwanda est un acteur essentiel de la guerre du Kivu. Non
seulement parce que la déstabilisation de l'Est de la RD Congo est la
conséquence directe de ses problèmes internes (surpeuplement et
exportation de ses violences intercommunautaires), mais aussi parce que Kigali
essaie d'exercer un contrôle sur le Kivu, tant pour sa
sécurité que pour s'approprier des terres et des ressources
minières. L'Ouganda a aussi des visées
hégémoniques sur le grand nord de la province, mais surtout
concerné par le conflit de l'Ituri.
La question de l'implication du Rwanda dans la guerre du Kivu
fait toujours problème car elle n'est pas fortuite. Celle-ci
s'inscrirait dans la réalisation d'un plan de conquête des espaces
territoriaux à l'Est de la RD Congo. Le chevauchement d'identités
ethniques transfrontalières et d'appartenances nationales dessine des
configurations complexes et des statuts ambigus de certains groupes sociaux.
Pour les adversaires de Nkunda, qui lui-même se
revendique Congolais à part entière, il ne fait aucun doute qu'il
est à la solde de KAGAME. L'engagement au début des années
1990 d'un grand nombre de Tutsis du Congo auprès du Front Patriotique
Rwandais (FPR) et l'étroite collaboration entre le Rwanda et le
Rassemblement Congolais pour la Démocratie, RCD, entre 1998-2002 ont
créé des solidarités actives, au point qu'il est difficile
de faire le partage entre ce qui est « congolais » et
« rwandais » une ambivalence qui alimente
l'hostilité des autres groupes ethniques du Kivu. En s'appuyant sur des
réseaux transfrontaliers, familiaux, culturels, ou d'affaires, le Rwanda
reste en tout cas un acteur omniprésent sur la scène
économique, politique et militaire du Kivu. Son appui au Congrès
National pour la Défense du Peuple, CNDP, sans être inconditionnel
pour des raisons de stratégie politique propre à KAGAME, s'exerce
sans doute moins dans le domaine militaire sauf peut-être dans la zone
frontalière, que dans celui des services,
télécommunication, système bancaire, facilités
commerciales etc. Il se pourrait que le CNDP soit en train de se substituer au
RCD comme acteur privilégié des relations avec le Rwanda.
La guerre du Kivu est une guerre africaine. Loin est le temps
où les mercenaires des années 1960 avaient fait du Congo le
terrain de leurs aventures. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue qu'aucun
des belligérants ne possède d'usine d'armement et que la guerre
par conséquent est alimentée par le commerce mondialisé et
généralement illicite des armes, munitions et autres
équipements militaires . Les systèmes de
télécommunication, en particulier le téléphone
portable, qui jouent un rôle essentiel dans des guerres de mouvement sont
contrôlés par des groupes internationaux. Le Rwanda constitue un
proche et efficace relais logistique pour les rebelles
tutsi29(*).
Si les grandes puissances nord-américaines,
européennes et aujourd'hui asiatiques jouent un rôle incontestable
en amont du conflit en fournissant les armes, elles exercent une action
décisive en aval car ce sont elles qui achètent les produits
miniers et financent donc indirectement les groupes armés
illégaux qui contrôlent la production. Ce cercle vicieux est
dénoncé depuis des années sans beaucoup d'effet, quand
bien même quelques entreprises européennes impliquées dans
le commerce des métaux ont cessé leurs activités au Congo
sous la pression d'ONG internationales comme Global Witness30(*). La mise en application du
processus de Kimberley concernant le diamant ou de l'Initiative pour la
Transparence des Industries Extractives (ITIE) suppose au préalable la
pacification des zones minières et la normalisation de l'exploitation.
On en est très loin, les grandes puissances se souciant finalement peu
de ce qui se passe dans les forêts recluses du Kivu.
Dans la mille-feuille d'identités, trois grandes
strates d'antagonismes peuvent être identifiées (Cfr. Annexe
7)
2.3.3.1.
Autochtones/étrangers
Le Kivu a longtemps été une terre d'accueil
pour les migrants originaires du Rwanda. Moins peuplé que celui-ci, il
lui a servi d'exutoire démographique : les migrations
spontanées ou organisées par l'administration coloniale belge
dans le cadre de la Mission d'Immigration des Banyarwandas (MIB) mise en place
en 1937, ont drainé des flux de migrants estimés à
200 000 pour la période coloniale et 100 000 pour la
première décennie d'indépendance. Bien qu'il n'y ait pas
eu de recensement démographique depuis 1984 et que les comptages
ethniques soient l'objet de manipulations, il est avéré que les
territoires de Rutshuru et du Masisi sont majoritairement peuplés de
rwandophones. Dans le Bwisho (au nord-est de Rutshuru) jadis dépendant
du royaume du Rwanda leur présence a des racines anciennes. Au Masisi la
migration n'a pris toute son importance qu'à partir du mandat belge.
Les populations réputées
« autochtones », c'est-à-dire installées
avant l'arrivée des migrants rwandais, se sont senti progressivement
dépossédées de leurs prérogatives foncières
et des droits symboliques qui s'y rattachent. Les tensions se sont
cristallisées autour du foncier et de la question de la
nationalité. La révision en 1981 dans un sens restrictif des
critères permettant de se revendiquer comme Congolais (à
l'époque Zaïrois) a privé des dizaines de milliers de
Banyarwanda de la nationalité congolaise31(*), envenimant les relations intercommunautaires. A
partir de 1990, les perspectives d'un retour à une démocratie
électorale ont renforcé la crainte des autochtones, là
où ils sont aujourd'hui minoritaires, de passer sous la coupe de ceux
qu'ils considèrent encore souvent comme étrangers. A Kinshasa, la
Conférence Nationale avait d'ailleurs fermé ses portes aux
rwandophones sous prétexte de « nationalité
douteuse ». C'est dans ce contexte que les tensions interethniques
à Masisi ont dégénéré en 1993 en violences
armées opposant les autochtones (principalement les Hunde) et les
Banyarwanda (Tutsi et Hutu) ; elles ont provoqué plusieurs milliers
de morts. Aujourd'hui les tensions sont à nouveau exacerbées, la
guerre ayant tendance à bipolariser les antagonismes entre les
Banyarwanda tutsis et les groupes ethniques autochtones du Nord-Kivu
récemment regroupés dans le « G7 » (Nande,
Hunde, Kuymu, Nyanga, Tembo, Kano, Mbuti)32(*).
2.3.3.2.
Hutu/Tutsi
Au début de l'année 1994, il avait
été mis un terme aux massacres du Masisi grâce notamment
à l'intervention des autorités coutumières. Quelques mois
plus tard une catastrophe d'une tout autre ampleur s'abattait sur le
Kivu : le déferlement massif des Hutu rwandais fuyant leur pays
devant l'avancée victorieuse de l'Armée Patriotique Rwandaise
(APR). La guerre du Rwanda, sur fond d'exaspération des haines entre
Hutu et Tutsi jusqu'au paroxysme du génocide de 1994, étendit
alors ses métastases au Kivu. L'installation durable de plus d'un
million de Hutu dans des camps de réfugiés situés à
proximité de la frontière rwandaise33(*) contribua à
déstabiliser une région déjà fragile,
réactivant l'hostilité des autochtones envers les Banyarwanda,
mais surtout envers les Tutsi congolais, lesquels ne cachaient pas leurs
sympathies pour le nouveau régime de Kigali. Plusieurs milliers d'entre
eux avaient d'ailleurs rejoint les rangs de l'Armée Patriotique
Rwandaise. Beaucoup participèrent à l'opération militaire
initiée par le Rwanda pour éliminer les camps de
réfugiés du Kivu. Ils servirent de couverture à
l'offensive de l'automne 1996 et firent le lit de l'AFDL34(*) de Laurent
Désiré Kabila. Ils prirent part à la destruction des camps
et aux massacres massifs de Hutu qui l'ont accompagnée. Si les
rescapés Hutu qui forment aujourd'hui l'ossature du Front
Démocratique pour la Libération du Rwanda (FDLR) ont pu maintenir
leur présence au Kivu, c'est avec la complicité de certaines
autorités locales hostiles aux Tutsi. Cette hostilité recouvre
souvent des rivalités économiques, comme c'est par exemple le cas
parmi les Nande de Butembo et de Béni dont les grands commerçants
sont en concurrence avec les Tutsi. On assiste ainsi à des
recompositions des antagonismes ethniques, les autochtones pouvant se
rapprocher des Banyarwanda hutu dans des alliances de circonstance contre les
Tutsi.
2.3.3.3.
Kivutiens/Congolais
Dans le kaléidoscope changeant des identités,
la géographie joue aussi sa partition. Eloignés de plus de
1 500 km à vol d'oiseau de la capitale, le Nord et le Sud-Kivu
entretiennent peu de relations économiques avec l'ouest du Congo. Les
échanges sont tournés vers l'Afrique de l'Est et l'Océan
Indien. La guerre civile a, par la force des choses, renforcé les
tendances centrifuges d'une périphérie coupée de
l'hinterland congolais. Les programmes de reconstruction des infrastructures de
communication ne sont pas suffisamment avancés pour que le Kivu soit
à nouveau ancré à l'espace économique congolais.
Pendant les années de gouvernement RCD, l'est du Congo a
expérimenté une autonomie de gestion qui a conforté le
sentiment « kivutien ». Le rétablissement d'une
administration centralisée à partir de 2003 s'est très
vite heurté à des résistances envers la lointaine
bureaucratie de Kinshasa qui paralyse plutôt qu'elle ne favorise la
gestion des affaires locales. La décentralisation, inscrite dans la
nouvelle Constitution promulguée en 2006, accorde de larges
prérogatives aux entités décentralisées, mais elle
n'est pas encore effective et se heurte à la question de la
répartition des recettes fiscales dont 40 % doivent en principe
revenir aux provinces. En attendant, un rejet commun des tracasseries de
l'administration centrale conforte l'identité kivutienne. L'attachement
au « pays » et une communauté régionale
d'intérêts économiques pourraient transcender les clivages
ethniques et solidariser les habitants du Kivu dans leur revendication d'une
reconnaissance de leur spécificité à l'intérieur du
Congo. À condition bien sûr que les armes se taisent.
A ces trois couples dialectiques on pourrait en ajouter un
quatrième si l'on ne craignait pas d'apporter de l'eau au moulin d'une
certaine paranoïa concernant la francophonie : en Afrique centrale,
le Kivu en représente le bastion avancé, aux frontières
d'une anglophonie qui progresse dans les espaces disputés des Grands
Lacs. Au Rwanda, jusqu'alors majoritairement francophone, le groupe minoritaire
qui a conquis le pouvoir par les armes est constitué de Tutsis
anglophones (conséquence de leur long séjour dans les camps de
réfugiés en Tanzanie puis en Ouganda). Paul KAGAME se refuse
généralement à s'exprimer en français. En octobre
2008, Laurent Nkunda, interrogé sur Radio France Internationale, RFI,
s'est exprimé en anglais, alors qu'il est parfaitement
francophone : est-ce un signe d'allégeance au pouvoir
tutsi-anglophone qui règne à Kigali ?35(*)
Le Kivu, à l'instar de l'ensemble de la RD Congo, est
l'illustration exemplaire de la « malédiction des
matières premières » dénoncée par maintes
ONG. La guerre, l'exploitation des ressources naturelles et la corruption
s'auto entretiennent. Le secteur minier du Kivu a été
dominé par la production de cassitérite, jusqu'à
l'effondrement du marché de l'étain en 1985. Un brutal regain
d'activité minière a suivi l'explosion de la demande mondiale de
tantale36(*) à la
fin des années 1990. Ce métal se trouve en effet en abondance
dans le sous-sol du Kivu (dans la région sous le contrôle du M23),
sous la forme d'un minerai composite, la colombo-tantalite, en
abrégé coltan, Il se trouve que la fièvre du
coltan a correspondu à la période d'occupation du Kivu par les
militaires rwandais et ougandais, période durant laquelle toutes les
ressources naturelles, bois, or, coltan ont fait l'objet d'un pillage
systématique, dénoncé à partir de 2001 par un
groupe d'experts mandatés par l'ONU37(*).
L'économie minière est très
réactive au marché mondial. Les cours du tantale dont le Kivu
n'est au demeurant qu'un petit producteur en comparaison notamment de
l'Australie, se sont effondrés après l'éclatement de la
bulle spéculative en 2000. En revanche, le minerai d'étain est
aujourd'hui fortement réévalué. Les
« creuseurs », les négociants et les comptoirs
d'achat, acteurs locaux d'une activité essentiellement artisanale
s'adaptent aux évolutions d'un marché dominé par quelques
grands courtiers internationaux et industriels nord-américains,
européens et asiatiques. Pour Global Witness, « la situation
actuelle dans l'est de la RD Congo illustre le fait que l'on ne s'attaque pas,
à l'échelle internationale, aux liens entre le conflit
armé et le commerce mondial des ressources
naturelles ».38(*)
L'économie minière s'articule
étroitement avec la guerre et l'insécurité. Tous les
acteurs du conflit participent au pillage des ressources, soit pour financer
l'achat d'armes, soit pour des raisons d'enrichissement personnel. Le premier
groupe d'experts de l'ONU avait déjà mis en évidence le
fait que l'exploitation des ressources naturelles, de moyen de financement
du conflit en était devenue la finalité, et donc la cause de sa
perpétuation. Les rapports, jusqu'au plus récent, remis le 12
décembre 2008 au Conseil de Sécurité, ne sont rendus que
partiellement publics car la dénonciation nominale des acteurs,
notamment des proches du chef de l'Etat, est politiquement délicate.
Mais ils sont suffisamment explicites pour confirmer que l'on est toujours dans
le même schéma d'exploitation illicite qui au fond satisfait tous
les acteurs. Une enquête réalisée en juillet-août
2008 par Global Witness aboutit aux mêmes conclusions : tous les
groupes militaires sont impliqués dans l'exploitation illicite des
ressources minières.
Le dernier rapport du groupe d'experts donne des
précisions quant au partage de facto des territoires miniers entre les
groupes armés illégaux, mais aussi les militaires des Forces
Armées de la RD Congo, FARDC. Les FDLR détiennent les positions
les plus importantes ; ils comptent parmi eux de grands commerçants qui
négocient avec les comptoirs de vente ayant pignon sur rue, y compris au
Rwanda39(*). Plusieurs
brigades des FARDC ne sont pas en reste et tirent profit de l'exploitation
minière, conjointement avec les FDLR ou le PARECO. Pour ne donner qu'un
exemple, les FDLR contrôlent l'exploitation minière artisanale
dans le parc national de Kahuzi Biega ; la production est
évacuée par l'aérodrome de Lulingu sous contrôle
d'une brigade des FARDC. Les acheteurs à Goma et Bukavu sont
parfaitement au fait de la provenance de ces minerais (cassitérite,
coltan), d'autant plus qu'ils préfinancent souvent les négociants
qui, eux, sont au contact direct des groupes armés contrôlant la
production. L'opacité des réseaux de commercialisation arrange
beaucoup de monde. Les circuits de l'or sont particulièrement opaques,
les activités illégales profitant aux groupes armés, aux
commerçants, aux transporteurs, aux douaniers, etc. avant que l'or
s'envole pour Doubaï, désormais sa destination de
prédilection.
Dans un contexte d'anomie généralisée,
la seule loi qui prévale sur le terrain est celle de la kalachnikov.
Mais si le conflit perdure, c'est en grande partie parce que beaucoup d'acteurs
extérieurs y trouvent leur intérêt. Pour le Rwanda, la
perpétuation de la confusion au Kivu favorise son entreprise de
peuplement, ses positions économiques dans la commercialisation des
ressources minières et son influence politique. Pour les multinationales
et plus généralement toutes les entreprises mondialisées,
les productions extraites du sous-sol du Kivu par une multitude de creuseurs
misérables sont une aubaine car mises sur le marché à vil
prix, elles permettent des bénéfices considérables tout au
long d'une chaîne de commercialisation où les activités
réputées licites frelatent sans vergogne avec le monde obscur de
l'illicite.
Les questions identitaires, les ambitions politiques,
l'exploitation des ressources naturelles n'explicitent que partiellement un
conflit qui renvoie en dernière instance à des causes beaucoup
plus profondes.
Les guerres de la région des Grands Lacs peuvent en
effet s'analyser comme des violences du trop-plein. Les petits espaces du
Rwanda et du Burundi, corsetés depuis la colonisation par des
frontières rigides, sont pris au piège d'une nasse
démographique. La forte baisse de la mortalité amorcée
pendant la colonisation n'a pas été suivie par une baisse
significative de la fécondité : celle-ci est encore proche
de 6 enfants par femme au Rwanda, 6 à 8 au Burundi. Le taux de
croissance approche les 3% par an conduisant à un doublement de la
population en 25 ans. Or, avec près de 10 millions d'habitants au Rwanda
en 2008 la densité atteint déjà 380 hab. /km2,
ce qui est beaucoup pour un pays rural à près de 90 %.
Chaque famille paysanne ne dispose plus en moyenne que de 40 ares de terre
à cultiver. Qu'en sera-t-il demain ? La question n'est plus
seulement de savoir comment vivront dans une génération
20 millions de Rwandais, mais également de savoir où ils
vivront.
À la manière des vents, les mouvements
migratoires vont des hautes pressions vers les basses pressions ; il est
question ici des pressions démographiques : la migration vers
l'ouest, vers les terres moins peuplées du Kivu, s'inscrit dans l'ordre
des choses à long termes. Elle n'a pas posé de problème
tant qu'il y eut d'abondantes disponibilités foncières. Ce n'est
plus le cas, même si l'acuité des problèmes est
inégale du fait d'une répartition différenciée des
densités : en quelques décennies, la saturation
foncière a complètement changé la donne, multipliant les
conflits pour la terre, dressant les autochtones contre les étrangers
dans un contexte juridique confus où droits coutumiers et droit moderne
incarné par l'Etat se chevauchent40(*). Circonstance aggravante, les migrants tutsi sont
principalement des éleveurs qui ont besoin de vastes étendues
pour leurs troupeaux. Ils ont trouvé des conditions idéales pour
leur activité dans les pâturages d'altitude, mais la constitution
de grands domaines d'élevage réduit d'autant les terres de
culture. La question foncière constitue le fondement
socioéconomique structurel des conflits du Kivu, lieu d'une
véritable « conquête foncière »
liée à une immigration mal contrôlée depuis les
indépendances. La création du vaste parc national des Virunga
sous l'administration belge a en outre soustrait 780 000 hectares
à l'activité agro-pastorale, au coeur de la zone la plus
peuplée du Nord Kivu. Celle de Kahuzi Biega 600 000 ha au Sud
Kivu.
Pendant la guerre civile, les troupeaux ont beaucoup souffert
de la présence de militaires, quels qu'ils soient. Seuls quelques grands
ranches protégés par des milices armées ont pu sauver une
partie du cheptel. Après des années de décapitalisation,
les éleveurs reconstituent leur troupeau : des convois de camions
chargés de bovins provenant du Rwanda en direction du
Masisi restaurent les patrimoines des Tutsi - réactivant par
là même l'hostilité des agriculteurs autochtones qui
s'estiment privés des terres nécessaires pour eux-mêmes et
pour leurs enfants. Les restrictions au pacage imposées au Rwanda
renforcent cette migration bovine. Selon le rapport des experts, des
transactions foncières ont lieu dans les zones contrôlées
par le CNDP : bénéficiaires, des hommes d'affaires proches
des rebelles, et des officiers. Les violences récurrentes entre Maï
Maï et Tutsi ont pour principal fondement cette compétition pour
une terre de plus en plus rare et donc disputée : elles ne sont pas
prêtes de s'arrêter.
La question foncière, principale cause des violences
interethniques, ne date pas d'aujourd'hui, mais elle n'a cessé de
s'aggraver au rythme d'une croissance démographique qui fait de la terre
l'enjeu central des conflits sociaux. Les mutuelles agricoles apparues
après l'indépendance eurent d'emblée une forte
identité ethnique. L'ACOGENOKI, Association coopérative des
groupements d'éleveurs du Nord-Kivu était à dominante
tutsi, tandis que la MAGRIVI, Mutuelle agricole des Virunga (Nord-Kivu)
représentait les intérêts des agriculteurs hutu. On mesure
à travers ces mutuelles l'articulation étroite entre enjeux
fonciers et crispations identitaires dans un contexte de pression
démographique critique. La situation devient chaque année plus
insoutenable dans ce petit espace saturé d'Afrique centrale où la
guerre semble s'être substituée aux famines comme
régulateur démographique. La dernière grande famine, en
1943-1944, aurait fait selon certaines sources un million de victimes au
Ruanda-Urundi, dont plus de la moitié au Rwanda pour une population de
l'ordre de 2 millions de personnes. Si ces chiffres étaient exacts,
cela représenterait une énorme saignée d'environ 25 %
de la population41(*).
Sans une politique de population résolue portant sur
l'organisation des flux migratoires et surtout sur les moyens de ralentir la
croissance démographique dans ces hautes terres africaines qui comptent
parmi les plus prolifiques du monde, il n'y a aucun espoir d'apaisement durable
des tensions et de disparition des terribles violences périodiques qui
rythment l'histoire des Grands Lacs depuis quelques décennies. Quand on
connaît les effets d'inertie démographique, on ne peut que
s'inquiéter de l'absence des questions de population dans les
initiatives visant à restaurer la paix dans la région. Les sommes
faramineuses dépensées sans résultat tangible par l'ONU
seraient plus utiles si elles étaient consacrées au
développement socio-économique et à la résolution
de cette question cruciale qui conditionne toutes les autres. Les politiques
actuelles, qu'elles soient nationales ou portées par des acteurs
internationaux, restent malheureusement à courte vue, car elles ne vont
pas au fond en ignorant le lien étroit entre guerre et
démographie.
En définitive, les menaces des frontières de
l'Est sont d'ordre divers : l'irrédentisme, les problèmes
identitaires, la mauvaise gouvernance, la convoitise des ressources naturelles
par les voisins, la recherche des grands bénéfices par les
multinationales, les pressions démographiques des pays voisins, le non
entretien des bornes frontalières.
2.5.1. Les frontières
sud
Celles-ci ne sont pas non plus épargnées,
surtout de la part du puissant voisin l'Angola avec lequel la RD Congo partage
une longue frontière commune d'environ 2469 Km. Lors de l'agression
Rwanda-Ouganda-burundaise, l'Angola a activement pris part aux
côtés des forces alliées de la SADC à la rescousse
de la RD Congo. Cependant, cette intervention armée pour assister la RD
Congo en détresse a permis à l'Angola de découvrir toutes
les faiblesses de son allié, les lieux et domaines de
vulnérabilité de ce dernier. Ce qui fait que depuis belle
lurette, l'Angola n'a cessé de se livrer ostensiblement à
l'occupation de certaines localités en territoire congolais, voire
même de l'espace maritime congolais où il a érigé
ses usines extractives de pétrole. Grosso modo, les frontières
sud également courent comme celles de l'est à la fois les risques
d'irrédentisme, de mauvaise gouvernance, de la convoitise des ressources
naturelles et du non entretien des bornes frontalières.
2.5.2. Les frontières ouest
La frontière ouest avec l'enclave de Cabinda subit la
loi de l'Angola. Sous prétexte de poursuivre et mâter les
résistances des séparatistes du Front de Libération de
l'Enclave de Cabinda (FLEC), soupçonnés de posséder des
bases arrières en RD Congo, les forces armées angolaises
envahissent de manière répétée les villages
frontaliers et répriment indistinctement tous les jeunes actifs
autochtones.
Les 1544Km de frontière ouest avec le
Congo-Brazzaville sont en grande partie liquides et posent moins de
problème. En dépit de quelques escarmouches mineures, la partie
terrestre de cette frontière souffre de la mauvaise gouvernance, de
l'irrédentisme, des problèmes identitaires et du non entretien
des bornes frontalières.
3. GESTION DES MENACES ET
PERSPECTIVES
3.1. Gestion des menaces
Les frontières de la RD Congo sont de plus en plus
menacées par ses voisins. Cette multiplication des conflits frontaliers
se justifie par ce que l'on pourrait dire, en paraphrasant un proverbe latin,
« Africanus africani lupus».
La RD Congo est objectivement entourée de
prédateurs qui profitent de la faiblesse actuelle de l'Etat congolais.
Mais il incombe au leadership congolais de travailler immédiatement pour
doter le Congo d'un appareil défensif efficace et de gérer au
mieux les intérêts de l'Etat congolais.
Récemment le Financial Times a publié un
article où des chercheurs américaines font une analyse sans
pitié des faiblesses de l'Etat congolais et leur jugement est sans
ménagement : ils arrivent à la conclusion que l'Etat congolais
est une fiction et qu'il n'existe pas...Il est possible de mettre en exergue
les faiblesses de l'actuelle gouvernance du Congo mais il est impossible -
même à ces chercheurs « négationnistes anglo-saxons
» - de nier une donnée de fond : le peuple congolais existe bel et
bien42(*).
L'affaiblissement de l'Etat congolais est dû à
la mauvaise gestion des intérêts du peuple congolais, à la
mauvaise gestion des richesses du pays et à l'oubli de ses vraies
potentialités. Les Congolais les plus avertis savent que leur pays est
menacé mais il est encore possible de refonder un appareil
étatique fonctionnel et efficace : il faudra passer par la mise en place
immédiate du premier noyau de l'armée républicaine capable
d'assurer la défense extérieure de la RD Congo ; par des reformes
structurelles de la justice, de l'administration et par une diplomatie qui ne
laisse pas apparaître éternellement la RD Congo comme un Etat sous
tutelle se pliant systématiquement au bon vouloir de ses voisins, au
détriment de ses intérêts vitaux.
Regardons ce qui se passe au sein des institutions
représentatives nationales : les fondations de la démocratie sont
écrasées par les violations systématiques de l'Etat de
droit. Les principes de la séparation des pouvoirs, de la
responsabilité politique de l'exécutif devant le
législatif, du contrôle ne sont respectés et les sanctions
face aux dysfonctionnements évidents de l'exécutif ne sont jamais
prises, rendant chaque jour plus avancée l'entropie d'un Etat congolais
à l'abandon.
3.2. Perspectives
Proposer une solution pour la gestion de ces tensions aux
frontières revient à aborder la problématique des
frontières de la RD Congo sous l'angle sécuritaire. Il ne s'agit
pas de se limiter à l'aspect militaire de la question, mais à
proposer une combinaison harmonieuse de tous les facteurs de puissance.
La géostratégie de la RD Congo doit ainsi
prendre en compte la géostratégie mondiale,
particulièrement celle des grandes puissances, tout en tenant compte de
celles de ses neuf voisins, ainsi que certaines résolutions des conflits
régionaux et sous-régionaux, en vue de défendre ses
intérêts vitaux et essentiels pour sa propre survie. La
sécurité des frontières n'est qu'une petite composante de
cette stratégie. La RD Congo pourrait mener cette stratégie de
manière indirecte à travers sa diplomatie, et de manière
directe par les moyens militaires.
C'est la raison pour laquelle nous croyons que, pour
être en mesure de gérer les tensions aux frontières, il est
impérieux de renforcer la cohésion nationale, de reformer
l'administration territoriale, d'adopter une diplomatie active en plus de la
politique de bon voisinage et de mettre sur pieds une armée moderne et
forte.
3.1.1. Renforcement de la
cohésion nationale.
Le tribalisme allant jusqu'à l'extrême
c'est-à-dire le racisme, est un danger réel pouvant influencer la
modification de nos frontières, suite à la revendication de
l'indépendance par des minorités opprimées, ou à
leur rattachement à un pays voisin. Une politique de tolérance
zéro doit être adoptée concernant le tribalisme, et le
dénigrement sur des bases ethniques. Les bases de l'édification
d'une cohésion nationale seront ainsi lancées, faute de quoi,
certains congolais se sentiront toujours exclus et opprimés, et donc
n'auront plus aucun intérêt à appartenir à la nation
« congolaise ».
3.1.2. Administration
territoriale qui fonctionne
Les conflits les plus probables entre la RD Congo et ses
voisins les années à venir seront liés aux
frontières, à l'exploitation des richesses des zones
d'intérêt commun et aux populations.
Une administration du territoire fonctionnelle aura la
maîtrise de la population (nombre et mouvement), entretiendra les zones
neutres aux frontières et réparera les bornes détruites.
Ces travaux pourtant de routine élimineront, sans aucun doute, certains
germes de conflits liés aux frontières et à la
population.
Le processus de réforme de l'administration publique
doit être mis en route de toute urgence, car l'exercice de
l'autorité de l'Etat sur tout le territoire ne peut se
concrétiser qu'à travers une administration adéquate,
capable de fournir des indices de crises probables et permettant ainsi leur
gestion anticipative.
3.1.3. Diplomatie
active
Sans chercher à aborder le domaine très vaste
de la diplomatie, nous allons limiter notre proposition à la
représentation du pays dans différentes institutions
régionales et internationales, en plus de sa politique de bon voisinage.
En tant que membre de la SADC, de la CEEAC, de la CEPGL, de la COMESA, de l'UA
et de l'ONU, la RD Congo doit profiter de ces tribunes pour défendre ses
intérêts, notamment le règlement des conflits frontaliers.
La diplomatie serait efficace dans ces instances si la RD Congo arrête
d'y être sous représentée, comme c'est le cas
actuellement.
L'intervention des pays de la SADC dans la guerre de 1998 en
RD Congo lui a évité la balkanisation, et a
démontré à suffisance qu'une diplomatie active peut
contrer des stratégies raffinées et bien distillées par
les puissants de ce monde.
En effet, la RD Congo censée contribuer
financièrement au fonctionnement des différentes institutions
auxquelles elle appartient ; a le droit d'y être
représentée équitablement par rapport aux autres pays.
Malheureusement, le pays n'a pas apparemment encore développé de
stratégie pour s'afficher valablement dans ces institutions.
Il faut prendre conscience du fait que c'est à
l'intérieur de ces institutions que le pays tissera des alliances
nécessaires pour la défense de ses intérêts, mais
aussi pour faire entendre sa voix. Il est donc impérieux de s'y faire
représenter utilement.
3.1.4. Une armée
moderne et forte
La sécurité et la défense d'une nation
conditionnent son développement. Aucune stratégie de
développement économique et social n'est possible sans un minimum
de paix. Aucune stabilité politique n'est envisageable pour un pays
africain s'il n'a pas une Armée capable de faire face aux menaces
souvent liées à la gestion des frontières communes.
Nécessairement, la RD Congo devra moderniser son
armée si elle veut garantir sa souveraineté et son
indépendance vis-à-vis de ses voisins, surtout pour le maintien
de ses frontières héritées de la décolonisation.
Cette armée sera effective quand le pays se sera
doté d'un concept d'emploi de forces, d'une doctrine, d'une armée
organisée et entraînée en cohérence avec son concept
d'emploi et sa doctrine. C'est un travail qui s'étalera sur un long
terme.
C'est une armée forte et moderne qui est la clé
de voûte de notre système de défense et donc son centre de
gravité. Il faut donc la reformer le plus vite possible et lui doter de
tous les textes nécessaires pour son organisation, son
entraînement et son engagement. Sans cette armée, aucune
diplomatie, aucune mesure de défense et sécurité ne peut
tenir la route. Car, la diplomatie repose sur la puissance des canons.
CONCLUSION
Ce travail démontre que la configuration de la RD
Congo dans sa forme actuelle est une conséquence des plusieurs
conventions et traités signés entre les représentants de
Léopold II et d'une part les chefs africains, et d'autre part les
représentants des puissances coloniales. Pour avoir sa dimension
actuelle, le Congo a gagné des territoires et en a perdu d'autres, car
les délimitations proposées à la conférence de
Berlin avaient beaucoup de lacunes sur le plan géographique. Le
tracé de ces frontières n'a pas coïncidé avec les
limites ethnico-culturelles.
Ces frontières ainsi tracées, se
révèlent porter des germes de conflit. Des ethnies se retrouvent
à cheval sur les frontières, créant ainsi des
minorités qui souvent sont victimes de discrimination et d'oppression.
Aussi, le gouvernement congolais ne montre pas le souci d'entretenir les
bornes frontalières et le couloir frontalier, ce qui peut insister les
pays voisins de contester les tracés des frontières, les bornes
ayant disparu. Avec l'indépendance du Sud-Soudan qui met à mal le
principe d'intangibilité des frontières héritées de
la colonisation, il faut craindre un réveil d'irrédentisme de la
part des pays voisins qui peuvent revendiquer des portions de territoire
gagné par l'EIC à travers diverses conventions, traités et
protocoles, surtout que les voisins sont persuadés que la RD Congo a
négligé l'entretien de son armée. La découverte des
matières premières à la frontière sera aussi source
de conflit frontalier avec les pays voisins.
Pour faire face à ces défis, la
géostratégie de la RD Congo devra nécessairement tenir
compte de la géostratégie mondiale c'est-à-dire celle des
grandes puissances, mais aussi de celles de ses neuf voisins. La RD Congo devra
à la fois développer une stratégie indirecte à
travers sa diplomatie, et une stratégie directe par son armée.
Les grandes lignes de la stratégie que nous proposons sont le
renforcement de la cohésion nationale, la réforme de
l'administration, une diplomatie active et la réforme de
l'armée.
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
1. BERTRAND, M., La fin de l'ordre militaire, Presses de
Sciences Politiques, Paris ,1996.
2. CHAUPRADE, A., et THUAL, F., Dictionnaire de
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humaine, Paris, A. Colin, 1922.
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monde géopolitique, Paris, Fayod, édition
révisée, 1991.
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Démocratique du Congo, mon beau pays, 2ème
édition revue, Médiaspaul, 2008.
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guerre du Kivu », in L'Afrique des Grands Lacs,
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2. DELORT, L., « Frontières d'Etat, rêve
des Nations » in Défense Nationale n°8-9.
3. GAY, J.F., « Penser la frontière »
in Quaderni n°27.
4. Kanundowi, K., et Mubabinge, B., « Conception
Bantu de l'Autorité. Suivie de Baluba: Bumfumu ne
Bulongolodi » in
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Munich - Kinshasa, 1994.
5. LEJEUNE, R., « Problématique du
contrôle des frontières » in Cahiers de la
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tribalisme actuel en Afrique noire » in Cahiers d'Etudes Africaines,
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au Kivu » in Politique africaine, n° 41, mars 1991.
8. Roland Pourtier, « Le Kivu dans la guerre : acteurs et
enjeux », in
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9. VINCK, H., « Dialectologie Mongo : Etat de la
question » in Annales Aequatoria n°5, 1984.
III. DOCUMENTATION D'INFORMATION
1. Encyclopédie Encarta 2009.
2. Petit Larousse Illustré, dictionnaire de langue
française, édition 2010.
3. Sciences et Société n°37, 1996.
IV. TRAVAUX ET AUTRES PUBLICATIONS
1. Global Witness, Le pillage des ressources reste le
moteur du conflit dans l'est du Congo, 1/11/2008.
2. Tallon Fabrice, Données de base sur la
population : Rwanda, CEPED, décembre 1991.
3. NOTES DES COURS
LUKAMA, M., La géopolitique, notes de cours, UTBC, L1,
RI, Kinshasa, 2011, inédit
V. WEBLIOGRAPHIE
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Avril 2012.
2.
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le 30 Avril 2012.
3.
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5.
http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?, Après le
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mai 2012.
6.
http://echogeo.revues.org/, consulté le 16 mai 2012.
7.
http://globalwitness.org/, consulté le 18 mai 2012.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE
i
REMERCIEMENTS
iv
LISTE D'ABREVIATIONS ET SIGLES
v
INTRODUCTION
1
1. PROBLEMATIQUE
1
2. HYPOTHESE
2
3. INTERET DU SUJET
2
4. METHODES ET TECHNIQUE DE RECHERCHE
3
5. DELIMITATION SPATIOTEMPORAIRE DU
SUJET
3
6. PLAN SOMMAIRE
4
CHAPITRE PREMIER : GENERALITES SUR LES
FRONTIERES
5
1. DEFINITION
5
2. FONCTIONS DE LA FRONTIERE
6
2.1. La fonction de traduction
7
2.2. La fonction de régulation
7
2.3. La fonction de
différenciation
7
2.4. La fonction de relation
8
2. FRONTIERES ET CONFLITS
8
3. AVIS DES GEOPOLITOLOGUES
10
4. LES FRONTIERES A L'ERE DE LA
MONDIALISATION
12
CHAPITRE DEUXIEME :
16
EVOLUTION HISTORIQUE DES FRONTIERES DE LA RDC
16
1. PRESENTATION DE LA RD CONGO
16
2. LES TRACES FRONTALIERS DE LA RD CONGO
18
2.1. Période précoloniale
18
2.1.1. L'empire Lunda
18
2.1.2. L'empire Luba
19
2.1.3. Le royaume
Kongo
19
2.1.4. Le royaume kuba
19
2.2. De la constitution d'un Etat et
tracé des frontières
20
2.3. Le tracé définitif des
frontières de la RD Congo
24
CHAPITRE TROISIEME :
28
SITUATION ACTUELLE DES FRONTIERES DE LA RDCONGO
28
1. FACTEURS A LA BASE DE LA REMISE EN CAUSE
DES FRONTIERES
28
1.1. Des ethnies à cheval sur les
frontières
28
1.2. Non entretien des bornes
frontalières
29
1.3. Mauvaise gouvernance
31
1.4. Intégration
31
2. ETAT DE LIEUX DES FRONTIERES DE LA RD
CONGO
31
2.2. Les frontières Nord
34
2.3. Les frontières Est
34
2.3.1. Les voisins : l'ombre du
Rwanda
35
2.3.2. Les acteurs non-africains
36
2.3.3. L'imbroglio identitaire : la
dimension ethnique
37
2.3.3.1.
Autochtones/étrangers
37
2.3.3.2. Hutu/Tutsi
38
2.3.3.3.
Kivutiens/Congolais
39
2.4. L'exploitation illicite des ressources
minières : une curée généralisée
40
2.5. La bombe démographique et le
noeud gordien du foncier
42
2.5.1. Les frontières
sud
45
2.5.2. Les frontières
ouest
45
3. GESTION DES MENACES ET PERSPECTIVES
45
3.1. Gestion des menaces
45
3.1.1. Renforcement de la
cohésion nationale.
47
3.1.2. Administration
territoriale qui fonctionne
47
3.1.3. Diplomatie
active
48
3.1.4. Une armée moderne
et forte
49
CONCLUSION
50
BIBLIOGRAPHIE
51
TABLE DES MATIERES
54
ANNEXE : CARTES
56
ANNEXE : CARTES
ANNEXE 1
Cartographie du découpage provincial de la RD
Congo
Source : www. wikipédia.org
ANNEXE 2
Cartographie de la Botte du Katanga
(Formée par la rivière Luapula et la ligne de
partage des eaux Congo-Zambèze
et la route qui traverse)
Source: wikipedia.org/wiki/Fichier Congo Pedicle Map.
ANNEXE 3
Carte illustrant les territoires gagnés par
l'EIC
et ceux perdus après 1885.
Source : LUKAMA, M., La géopolitique, notes de
cours, UTBC, L1, RI, Kinshasa, 2011, inédit
ANNEXE 4
Cartographie de l'enclave du Lado de
l'EIC
Actuellement Central Equatoria, Province du Sud Soudan) (
Source :
http://en.wikipedia.org/wiki/Central_Equatoria
District de l'Ituri, Province Orientale, RDC
Central Equatoria, Soudan du Sud (Ex Enclave du Lado sous le Roi
des Belges Léopold II)
ANNEXE 5
Carte illustratif des frontières
naturelles de la RD
Enclave du LADO sous l'EIC
C
Source: Microsoft corporation Encarta 2009,
consulté le 15 mai 2012.
Région de l'Est de la RDC frontalière au Rwanda,
Ouganda et Burundi
(Zone de conflits armés)
ANNEXE 6
Présentation de la Première
organisation de l'EIC en 1888
Source : LUKAMA, M., La géopolitique, notes de
cours, UTBC, L1, RI, Kinshasa, 2011, inédit
ANNEXE 7
Groupes Ethniques du Congo Kinshasa au XXe
siècle
Territoire du Kivu ayant tendance de bipolarisation entre les
antagonismes, les Banyarwanda tutsi et les groupes ethniques autochtones du
Nord-Kivu récemment regroupés dans le « G7 »
(Nande, Hunde, Kuymu, Nyanga, Tembo, Kano, Mbuti).
Source : LUKAMA, M., La géopolitique, notes de
cours, UTBC, L1, RI, Kinshasa, 2011, inédit
* 1 Dictionnaire Petit Larousse
illustré 2011
* 2 Encyclopédie Encarta
2009
* 3
« Frontière », in
http://
fr.wikipedia.org/wiki/Frontière, consulté
le 30 Avril 2012
* 4 «Conflits »
in
http://www.conflits.org/index2270.html,
consulté le 30 Avril 2012
* 5 HUYGHE F.B., «The
impurity of war», in International Review of the Red Cross, Vol.
91, n° 873, Mars 2009
* 6 Idem
* 7 JAQUIER, B., L'analyse
géopolitique in « EHL-FORUM n° 5, février
2005 », Ecole Hôtelière de Lausanne., p 25-34
* 8 JAQUIER, B., Op.
cit.
* 9 JAQUIER, B., Op.
cit
* 10 DELORT, L., "
Frontières d'Etat, rêve des Nations", Défense Nationale,
n°8-9, pp.117-124.
* 11 LEJEUNE, R.,
"Problématique du contrôle des frontières", Cahiers de la
sécurité intérieure, n°19,pp.34-45.
* 12 FEBVRE,L.,La terre et
l'évolution humaine, Paris, AColin,1922,p.14.
* 13
http://fr.wikipedia.org/wiki/,
consulté le 16 mai 2012.
* 14
http://fr.wikipedia.org/wiki/,
consulté le 16 mai 2012.
* 15 WAWA,R.,et alii,La
République Démocratique du Congo, mon beau
pays,2ème édition revue,Médiaspaul,2008,p.6
* 16 Kanundowi Kabongo &
Mubabinge Bilolo, "Conception Bantu de l'Autorité. Suivie de Baluba:
Bumfumu ne Bulongolodi",
Publications Universitaires Africaines, Munich
- Kinshasa, 1994
* 17
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Congo_précolonial(RDC),
consulté le 25 Mai 2012
* 18 NDAYWEL,I., Histoire du
Zaïre, de l'héritage ancien à l'âge
contemporain,éd.Duculot,Louvain-la-Neuve,1997,p.312.
* 1920 NDAYWEL, I., Op.
cit., p.313.
* 21 JENTGEN, cité par
NDAYWEL, I., Op. cit., p.314.
* 22 JENTGEN, cité par
NDAYWEL, I., Op. cit., p.314.
* 23 Banning, E., cité
par NDAYWEL, I., Op. cit., p .315.
* 24
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Central_Equatoria_Map.svg
* 25 F.B., cité par
NDAYWEL, I., Op. cit., p.315.
* 26
http://www.dgm.cd/frontieresrdc.php,
consulté le 28 juillet 2011.
* 27 BIENVENU
MARIE BAKUMANYA, « Après le Rwanda et l'Angola, le Soudan
veut des espaces en RDC », In Potentiel, Edition 4900 du Samedi
06 Février 2010.
* 28 Roland
Pourtier, « Le Kivu dans la guerre : acteurs et enjeux », in
EchoGéo, 2009
* 29 Roland Pourtier,
Op.cit.
* 30 Idem.
* 31 Pabanel J.P.,
« La question de la nationalité au Kivu », in
Politique africaine, n° 41, mars 1991, pp.43-44.
* 32 Roland Pourtier,
Op.cit.
* 33 Idem.
* 34 Ibidem.
* 35 Roland Pourtier,
Op.cit.
* 36 De Failly Didier,
« Coltan : pour comprendre... », In L'Afrique des
Grands Lacs, annuaire 2000-2001.
* 37 Idem.
* 38 Global Witness,
Le pillage des ressources reste le moteur du conflit dans l'est du
Congo, Ier novembre 2008.
* 39 Roland
Pourtier, Op.cit.
* 40 Roland
Pourtier, Op.cit.
* 41Tallon Fabrice.,
Données de base sur la population : Rwanda, CEPED,
décembre 1991.
* 42 MARCEL L,
« Le Potentiel : Cinq questions à Eugène Diomi
Ndongala » in
http://www.congoforum.be/fr/interviewsdetail.asp?
, consulté le 17 mai 2012.