2.1.2.2. Quelques caractéristiques de la
micro-finance
Selon Avocèvou (2003), les activités de la
micro-finance sont caractérisées par:
+ le faible montant des crédits et épargnes;
+ les crédits successifs de montant croissant en
fonction de la régularité des remboursements;
+ le court terme des opérations d'épargne et de
crédit;
+ les formes de garanties spécifiques telles que la
caution solidaire et l'épargne préalable obligatoire;
+ le suivi du crédit favorisé par la
proximité physique des IMF installées dans l'environnement de vie
des populations, et par la proximité sociale (dirigeants d'IMF et
emprunteurs évoluent dans le même milieu social, surtout au niveau
des Services Financiers Décentralisés Informels: SFDI).
Cependant, la micro-finance existait et existe encore dans nos
sociétés africaines. Elle revêt plusieurs formes: groupes
d'entraide, initiatives de tontines, usure, etc. Ces derniers
représentent les formes les plus traditionnelles d'octroi de
crédit et de mobilisation d'épargne.
La micro-finance telle qu'elle se présente aujourd'hui
comporte trois volets essentiels: le micro-crédit, la
micro-épargne et la micro-assurance (Messan, 2003). Les services les
plus
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Léonie KOUMASSA : Thèse d'Ingénieur
Agronome, Décembre 2007
Contribution de la micro-finance à l'adoption de nouveaux
paquets technologiques de production de riz dans le département des
Collines
connus et les plus pratiqués sont les
micro-crédits et micro-épargnes. Les micro-assurances ne sont
apparues que depuis quelques années et de ce fait sont très peu
connues surtout de la clientèle (Dakpogan, 2003).
Le micro-crédit est le service de crédit offert
par les IMF à une clientèle pauvre généralement
exclue du système bancaire traditionnel. Ce prêt de faible montant
renouvelable est destiné aux petits travailleurs indépendants
pour les fonds de roulement ou la mise en place de petites activités
(Ledgerwood, 1999). Les destinataires du micro-crédit sont donc en
général des personnes qui ont besoin d'un capital pour le petit
commerce, l'achat d'une vache ou le payement des frais d'écolage des
enfants (Messan, 2003). Fermand (1999) cité par Atingla (2004) affirme
que le micro-crédit est étroitement lié à
l'activité des travailleurs du secteur informel. Il est donc local et
proche des gens. Quelques fois seulement, il est lié à
l'épargne, en particulier en Afrique.
En ce qui concerne le volet micro-épargne, on a en
effet longtemps pensé que les pauvres sont incapables d'épargner,
mais cette conception est de plus en plus contestée aussi bien par les
professionnels de la micro-finance, que par les clients eux-mêmes. La
plupart des institutions de micro-finance (IMF) ou des services financiers
décentralisés (SFD) ont tout d'abord mis en avant l'aspect
micro-crédit, mais le volet épargne est aujourd'hui
valorisé par la majorité des institutions de micro-finance
(Vincent, 1994). Il répond à une forte demande des clients qui
souhaitent sécuriser leurs bénéfices tout en les
valorisant, s'assurer contre d'éventuels imprévus et se donner
les moyens de futurs investissements. L'importance que les populations
accordent à l'épargne est confirmée par les nombreux
moyens ingénieux et quelques fois coûteux qu'ils utilisent pour
épargner autrement en gardant de petits montants cachés à
la maison. Ces moyens sont entre autres, l'achat de biens qui peuvent
être revendus en cas d'urgence (tôle ondulée, animaux
d'élevage, bijoux), la participation à des initiatives locales
comme des fonds de funérailles ou encore l'échange des
prêts entre familles amies, sans oublier les tontines. Toutefois, ces
mécanismes répondent rarement aux besoins des pauvres de
façon économique, commode et sure. Si l'on donne au pauvre la
possibilité d'épargner de manière sure et accessible, on
s'aperçoit que sa capacité d'épargne est remarquable. En
outre,
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Léonie KOUMASSA : Thèse d'Ingénieur
Agronome, Décembre 2007
Contribution de la micro-finance à l'adoption de nouveaux
paquets technologiques de production de riz dans le département des
Collines
la demande de l'épargne assure aux organismes de micro
finance une durabilité et des moyens d'actions renouvelées. Comme
le Groupe Consultatif d'Assistance aux Plus Pauvres (GCAPP) l'a
souligné, le plus grand défi de la micro-finance est
d'étendre l'offre de services d'épargne aux plus pauvres, parce
que d'une part, cela offre aux épargnants un service essentiel et
d'autre part, contribue à l'autonomie de l'IMF et à
l'élargissement de son marché.
L'assurance quant à elle permet encore mieux que
l'épargne d'éviter des périodes de sous consommation de
produits essentiels (Messan, 2003). En outre, elle donne aux pauvres un
sentiment de sécurité qui leur permet d'adopter des
stratégies visant à maximiser leur revenu. Le taux de
remboursement étant lié à la rentabilité des
investissements, l'assurance peut être un complément très
utile à un programme de crédit. En effet, pour l'IMF, à
mesure que le montant moyen de prêts accordés augmente, il devient
de plus en plus risqué de prêter car, si le rendement de
l'investissement est moins élevé que prévu, l'emprunteur
ne pourra pas assurer le service de sa dette avec son revenu ordinaire. Les
bénéfices issus de la distribution de produits d'assurance
peuvent contribuer à préserver la rentabilité de
l'institution même lorsque le risque de défaillance
s'accroît. Donc, la mise au point de produits d'assurance aide à
accroître à long terme, la rentabilité de l'institution et
protège les clients contre les chocs économiques
déstabilisateurs.
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