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Politique environnementale et développement durable en Côte d'Ivoire

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par Brou Alexis KOMENAN
Université catholique de l'Afrique de l'ouest- Unité universtaire d'Abidjan ( Côte d'Ivoire) - Maà®trise 2009
  

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B. Les courants environnementalistes

Face à des gouvernements et des acteurs privés qui, ayant une vision faible ou diffuse de l'impact de leur activité sur le cycle vital des espaces territoriaux, ont souvent du mal à se départir du vieux modèle économique né des cendres des deux guerres mondiales, les organisations de conservation et de promotion de la nature et du cadre de vie s'efforcent de se doter de moyens conséquents en vue de combler cette faille et infléchir le cours des événements. Peu écoutées au départ du fait de l'incontournabilité des rapports de force, locaux ou transnationaux, et des intérêts immatures des uns et des autres, elles finissent, particulièrement dans les pays industrialisés, à s'intégrer à la dynamique politique ambiante et, à force de sensibilisation, d'interpellation et de pression, à se hisser au rang de nécessaires partenaires des acteurs publics et privés pour la santé, l'équilibre d'un système sociopolitique orienté vers un projet de société aussi mûr que possible. De véritables politiques publiques sont ainsi élaborées dans le cadre de la protection de l'environnement et de la prise en compte des besoins sociaux par ces structures dont le financement annuel, se chiffrant en moyenne pour un organisme donné entre 50 et 100 millions de dollars27(*), provient essentiellement des donations privées et aussi des souscriptions, des cotisations de leurs adhérents, tous unis en cela pour un idéal responsable. On peut citer le World Wildlife Fund for Nature (WWF), la Croix Verte internationale (Green Cross International), The Nature Conservancy, Greenpeace entre autres. D'autres associations témoignent de l'évolution des mentalités en faveur d'un développement qui serait basé sur des investissements préservés de la myopie du profit égoïste. Tel le Novethic, responsabilité sociale des entreprises et investissement éthique, basé en France.

Le continent africain n'est pas resté en marge de cette progression numérique et politique des ONG, en particulier les ONG environnementales même si l'état de culture politique et les rapports de force y sont plus délicats. Pourtant, l'Afrique en quête de mieux-être se prête comme un terreau favorable au binôme réflexion-action sur les meilleures voies du développement. L'une des plus connues est le Green Belt Movement, fondé par Wangari Maathai au Kenya. Parce que cette femme, modèle pour tous ceux qui se préoccupent du bien-être de la nature et des hommes, « défie régulièrement les dirigeants politiques corrompus, elle a souvent reçu des coups et des menaces28(*). » Afrique Nature International travaille pour la conservation de la nature à l'échelle du continent. Francis Lauginie, ancien président-fondateur de la section ivoirienne de cette ONG publie, en partenariat avec les structures de conservation ivoiriennes un remarquable ouvrage intitulé Conservation de la nature et aires protégées en Côte d'Ivoire. Ce livre de 668 pages, paru en 2007 se positionne comme une étude capitale aux mains des personnes soucieuses d'un véritable développement du pays.

Parler de société civile internationale engagée dans des politiques d'environnement profitables à tous - l'Humanité et la Nature - reviendrait-il à en limiter la qualification aux ONG et à ceux qui s'y distinguent ? Non, car ce serait malencontreusement ignorer la prise en compte - débutée - des préoccupations écologiques par les autres acteurs cités parallèlement aux ONG dans les pages précédentes, des grands groupes industriels aux médias en passant par des individus à l'action déterminante. Bien des efforts restent à accomplir, il convient de le reconnaître, mais les premières tentatives sont pour le moins louables. Pourtant, il est un domaine fondamental qui se présente comme une amorce clé du succès du plaidoyer environnementaliste : l'éthique environnementale, qui surgit des profondeurs de l'homme, de son rapport à la nature, aux autres êtres vivants, à son cadre de vie. Et il est justement observé une implication de plus en plus importante de ces forces dans le processus. En réalité, on retrouve la « Mère Nature » ou la « Mère terrestre » à défendre et à préserver, « la Création de Dieu » à promouvoir. Il sera question plus loin de l'importance de ce paradigme qui constitue, à n'en point douter, la pierre d'angle du processus salutaire dans lequel doit s'engager l'humanité, processus mené par les écologistes.

Ces divers cadres de concertation passés en revue témoignent de l'esprit dans lequel aspirent à s'engager les Etats, du moins les plus éclairés et les plus volontaires d'entre eux, en vue du bien-être de la planète, qui est indissociable du bien-être des populations. Le patron de l'action politique environnementale au plan international, bien qu'un peu à l'étroit, est progressivement esquissé : protection et promotion des eaux, des sols, du climat, des espèces vivantes, de l'homme ; gestion responsable et appropriée des ressources énergétiques ainsi que des déchets existants et surtout, orientation progressive vers une économie en harmonie avec la Nature.

* 27 Edward O. WILSON, L'avenir de la vie, éditions du Seuil, 2003, p. 214.

* 28 Lester R. BROWN, op. cit.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote