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Politique environnementale et développement durable en Côte d'Ivoire

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par Brou Alexis KOMENAN
Université catholique de l'Afrique de l'ouest- Unité universtaire d'Abidjan ( Côte d'Ivoire) - Maà®trise 2009
  

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B. L'état de la faune

Le nombre d'espèces animales sauvages en Côte d'Ivoire est évalué à environ 120 espèces de poissons d'eau douce56(*), 83 espèces d'amphibiens, 117 espèces de reptiles, 710 espèces d'oiseaux et 232 espèces de mammifères57(*). L'inventaire de la faune ne pouvant être véritablement exhaustif58(*), la prise en compte des nombreux représentants de la faune marine ainsi que des milliers, sinon des centaines de milliers de représentants de la microfaune, ne pourra se faire ici59(*).

Les animaux jouent un rôle écologique et économique inestimable : fertilisation des sols, dispersion des graines, pollinisation, production d'aliments, et ont donc un impact aussi crucial que les autres éléments naturels dans le développement durable. « A la seule condition de maintenir, en l'état, les types de milieux qui permettent leur propre survie. »60(*)

La diminution drastique des habitats naturels dont il a déjà été question, associée à une chasse et un piégeage atteignant des sommets, pratiqués indifféremment dans les zones libres et les espaces protégés, suffit à réduire considérablement les effectifs et à menacer sérieusement de nombreuses espèces61(*). Ainsi, ce sont au moins 45 espèces animales qui sont en danger de disparition dans le pays62(*). La situation s'est sans doute dégradée avec la crise militaro-civile déclenchée le 19 septembre 2002. En 2003, 60% des habitats de la faune se trouvent en zone de guerre. Le fait de guerre a fait fuir une part importante de la faune nationale vers les pays voisins63(*). Pourtant, des efforts de protection des effectifs et des habitats, voire de leur restauration, existent : mesures institutionnelles, classification de parcs et réserves, projets de classification en cours, création de corridors biologiques64(*).

Au total, le potentiel floristique et faunique de la Côte d'Ivoire, riche en diversité biologique, est fortement dégradé par le déboisement, corollaire de l'impressionnant accroissement des besoins humains en espace et de l'exploitation irrationnelle du sol. La situation politiquement difficile à contrôler, engendrée par la guerre, avec son lot d'insouciance écologique manifestée par une pression plus accrue sur la biosphère aussi bien en zone gouvernementale qu'en zone sous contrôle des Forces Nouvelles65(*), n'a fait qu'empirer les choses.

Le déboisement est principalement dû à la croissance démographique incontrôlée d'une part, ainsi qu'à l'agriculture et à l'exploitation forestière d'autre part. Or, l'agriculture, depuis le dépassement du système de la chasse et de la cueillette, est la base de la vie humaine. Par conséquent d'un développement durable. En Côte d'Ivoire, l'impact de l'activité agricole est double : recul de la biosphère, pourtant sa base et sa nécessaire collaboratrice, du fait de l'extension des terres utilisées ; dégradation des sols, du fait de la gestion inappropriée de ces terres et des techniques culturales destructrices. Par là, l'agriculture ivoirienne sape lentement ses propres bases. Les terres disponibles se réduisent en même temps que la demande s'accroît66(*). Il est pourtant possible d'adopter un modèle agricole en harmonie avec la nature et par conséquent profitable aux populations. Un recadrage s'impose.

Par ailleurs, faire l'état des lieux des milieux anthropiques se révèle d'un intérêt certain, en corrélation avec celui des milieux naturels.

* 56 Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire, 1978. Grand Dictionnaire encyclopédique de la Côte d'Ivoire, 1986.

* 57 Francis LAUGINIE, Conservation de la nature et aires protégées en Côte d'Ivoire, op. cit.

* 58 L'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire, op. cit., vol.1.

* 59 A propos de la microfaune L'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire conclut de façon assez éloquente : « Il s'en faut naturellement de beaucoup pour que ces animaux, et même seulement les plus abondants, soient tous connus. » Vol.1, p. 230.

* 60 Francis LAUGINIE, op. cit.

* 61 Voir L'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire, Le Grand Dictionnaire encyclopédique de la Côte d'Ivoire. Se référer aussi à l'ouvrage  Conservation de la nature et aires protégées en Côte d'Ivoire de Francis LAUGINIE, qui contient en outre une importante bibliographie rassemblant les nombreuses études sur la question.

* 62 Kadio AHOSSANE, op. cit.

* 63 La Côte d'Ivoire en chiffres, édition 2007, op.cit.

* 64 Agenda SODEFOR/GTZ, 2004.

* 65 Forces Nouvelles : appellation donnée par ses membres au groupe d'insurgés formé à partir de la fusion du MPCI (Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire), du MPIGO (Mouvement Patriotique Ivoirien du Grand Ouest) et du MJP (Mouvement pour la Justice et la Paix). Ce groupe occupe la moitié nord du territoire ivoirien depuis la tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002.

* 66 Kadio AHOSSANE, op. cit. ; La Côte d'Ivoire en chiffres, édition 2007, op. cit. ; L'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire, 1978.

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